Exploitant: PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES. Forme pharmaceutique : comprimĂ© sĂ©cable Classification ATC : V03AB21 – Iodure de potassium Code CIS : 68268275 MĂ©dicament autorisĂ© du 24 janvier 1997 au 1 juillet 2012 Indications thĂ©rapeutiques. PrĂ©vention de l'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroĂŻde en cas de possibilitĂ© de Iodure de potassium pca est un mĂ©dicament sous forme de comprimĂ© sĂ©cable 10 Ă  base de Iodure de potassium 130 mg.Autorisation de mise sur le marchĂ© le 24/01/1997 par PHARMACIE CENTRALE ARMEES et retirĂ© du marchĂ© le 12/10/2011. Ce mĂ©dicament n’est pas remboursĂ© par la sĂ©curitĂ© sociale. À propos Principes actifs Iodure de potassium Excipients Lactose CarboxymĂ©thylamidon Huile vĂ©gĂ©tale Classification ATC divers tous autres mĂ©dicaments tous autres mĂ©dicaments antidotes potassium iodure Statut Ce mĂ©dicament a Ă©tĂ© autorisĂ© sur le marchĂ© entre le 24/01/1997 et le 12/10/2011. Indications pourquoi le prendre? Indications d’utilisation PrĂ©vention de l'accumulation d'iode radioactif Indications thĂ©rapeutiques PrĂ©vention de l'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroĂŻde en cas de possibilitĂ© de contamination par des radioĂ©lĂ©ments Ă©mis accidentellement par une installation nuclĂ©aire. Ce mĂ©dicament ne devra ĂȘtre pris que sur instruction formelle des autoritĂ©s compĂ©tentes. Contre indications pourquoi ne pas le prendre ? En l'Ă©tat actuel des connaissances, en dehors de quelques pathologies immunologiques prĂ©existantes rarissimes dermatites herpĂ©tiformes ou des vascularites hypocomplĂ©mentaires, il n'y a pas de contre-indication Ă  l'administration d'iodure de potassium, notamment aux enfants et adolescents jusqu'Ă  20 ans et aux femmes enceintes. Posologie et mode d'administration Remarques prĂ©liminaires Pour entraĂźner une rĂ©duction de plus de 90% de la fixation de l'iode radioactif, les doses nĂ©cessaires sont - dans la rĂ©gion oĂč l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  30 mg d'iode, - dans les rĂ©gions oĂč il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 Ă  100 mg d'iode. Pour ĂȘtre pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dĂšs l'alerte donnĂ©e, au mieux avant la propagation du nuage radioactif. Le degrĂ© de protection est de 80% aprĂšs 2 heures et de 40% aprĂšs 8 heures suivant le dĂ©but de la contamination dans les rĂ©gions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les rĂ©gions carencĂ©es en iode. La durĂ©e du traitement est limitĂ©e Ă  une prise unique Ă  prendre dĂšs l'alerte donnĂ©e, sur instruction des autoritĂ©s compĂ©tentes. En fonction de la cinĂ©tique de l'accident, une deuxiĂšme prise peut se justifier. Il est cependant souhaitable d'en exclure la femme enceinte et l'enfant de moins d'un mois qui devront par consĂ©quence faire l'objet d'une Ă©vacuation prioritaire de la zone contaminĂ©e. Pour le suivi des populations ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© du traitement par iodure de potassium Pharmacie centrale des armĂ©es 130 mg, comprimĂ© sĂ©cable une surveillance clinique par le mĂ©decin traitant est recommandĂ©e. AprĂšs administration chez le nouveau-nĂ© un dosage sanguin des hormones thyroĂŻdiennes TSH devra ĂȘtre pratiquĂ© deux semaines aprĂšs administration. - l'Ă©mission radioactive peut ĂȘtre prolongĂ©e et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'Ă©vacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global dĂ©fini au niveau ministĂ©riel. - une contamination retardĂ©e est possible par les aliments selon le schĂ©ma pĂąturage→lait→viande Posologie usuelle Des remarques prĂ©citĂ©es dĂ©coule le protocole d'administration, en conformitĂ© avec les recommandations faites par l'OMS en 1989. Enfant de > 12 ans et adulte Dosage unique quelle que soit la rĂ©gion, 130 mg d'iodure de potassium en 1 prise unique soit un comprimĂ©, Ă  dissoudre dans une boisson eau, lait ou jus de fruit. ENFANT de 36 mois Ă  12 ans 1 prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit 1/2 comprimĂ©, Ă  dissoudre dans une boisson lait ou jus de fruits. NOURRISSON de 1 Ă  36 mois 1 prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit 1/4 de comprimĂ©, Ă  dissoudre dans une boisson biberon de lait ou de jus de fruits par exemple. Le dosage pour les nouveau-nĂ©s < 1 mois est de 16 mg d'iodure de potassium AprĂšs dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut ĂȘtre conservĂ©e et doit ĂȘtre prise immĂ©diatement. La dissolution du mĂ©dicament dans du lait ou dans du jus de fruit permet de diminuer le goĂ»t mĂ©tallique passager qui peut-ĂȘtre ressenti aux posologies prĂ©conisĂ©es. ComprimĂ© rond blanc biconvexe quadrisĂ©cable. Mises en garde et prĂ©cautions d'emploi Mises en garde Le traitement doit ĂȘtre pris dĂšs l'alerte donnĂ©e, l'efficacitĂ© Ă©tant trĂšs diminuĂ©e si l'administration est dĂ©butĂ©e aprĂšs la radiocontamination. PrĂ©cautions d'emploi Le risque carcinogĂ©nĂ©tique de la contamination de la thyroĂŻde par l'iode radioactif est tel que la protection par l'iodure de potassium est d'autant plus indispensable que les sujets sont plus jeunes. C'est pourquoi la population cible de la distribution d'iode est constituĂ©e, en prioritĂ©, de tous les sujets de moins de 40 ans. Chez les sujets porteurs de goitres anciens, surtout s'il s'agit de goitres volumineux ou autonomes prĂ©toxiques », Ă  TSH freinĂ©e, l'administration d'une quantitĂ© forte d'iodure, mĂȘme en dose unique, peut induire une hyperthyroĂŻdie. L'administration d'iode Ă  raison de 100 mg/24 h pendant 15 jours ne provoque pas de dĂ©sordre hormonal sĂ©rieux chez des sujets normaux. Il est recommandĂ© de consulter un mĂ©decin aussitĂŽt que possible aprĂšs la prise d'iodure dans les situations suivantes - Femmes enceintes et enfants Ă  naĂźtre exposĂ©s au-delĂ  de la 12iĂšme semaine de gestation production thyroĂŻdienne foetale propre surveillance Ă©chographique du foetus jusqu'Ă  la fin de la grossesse puis suivi du nouveau-nĂ© avec recherche de goitre, contrĂŽle de la fonction thyroĂŻdienne dosage TSH, T4 libre - Nourrissons exposĂ©s de moins de 1 an, femmes allaitant contrĂŽle de la fonction thyroĂŻdienne dosage TSH, T4 libre devra ĂȘtre pratiquĂ© 2 semaines aprĂšs administration et si, hypothyroĂŻdie, traitement par hormone thyroĂŻdienne - Sujets porteurs de goitre ancien, d'un antĂ©cĂ©dent ou d'une pathologie thyroĂŻdienne Ă©volutive surveillance clinique par leur mĂ©decin traitant. Il n'existe pas de vĂ©ritable allergie Ă  l'iode sous forme d'iodure de potassium. En cas de phĂ©nomĂšnes allergiques antĂ©rieurs lors de l'injection de produits de contraste radiologique, d'application de dĂ©sinfectant iodĂ© sur la peau ou de la consommation de poissons, de crustacĂ©s ou de mollusques, un avis mĂ©dical est souhaitable, sans attendre qu'une alerte ne soit donnĂ©e par les autoritĂ©s. En l'Ă©tat actuel des connaissances, seules deux contre-indications Ă  la prise d'iodure de potassium existent ; il s'agit de maladies auto-immunes excessivement rares voir rubrique Contre-indications. Dans la population cible de jeunes nourrissons, enfants et jeunes de moins de 20 ans, il convient d'Ă©valuer le rapport bĂ©nĂ©fice/risque de la prise de ce mĂ©dicament du fait des risques graves de l'absence de protection de la glande thyroĂŻde en cas de contamination radioactive. Grossesse et allaitement Grossesse Les femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'Ăąge de la grossesse, dans le but de prĂ©server la thyroĂŻde de la mĂšre et, Ă  partir du deuxiĂšme trimestre, celle du foetus qui commence Ă  concentrer l'iode Ă  partir de la 10Ăšme-12Ăšme semaine. Au cours du troisiĂšme trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroĂŻdienne du foetus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance Ă©chographique du foetus jusquĂ  la fin de la grossesse puis un suivi thyroĂŻdien doivent ĂȘtre effectuĂ©s. Allaitement L'iodure est concentrĂ© dans le lait. Le traitement des mĂšres allaitantes doit ĂȘtre le plus court possible, ce qui ne soulĂšve pas de problĂšme dans le cas d'une administration unique. Interactions avec d'autres mĂ©dicaments et autres formes d'interactions Association nĂ©cessitant des prĂ©cautions d'emploi + Antiacides Diminution de l'absorption digestive de l'iodure de potassium. DiffĂ©rer la prise des antiacides d'au moins 2 heures. Effets indĂ©sirables Les effets indĂ©sirables extra-thyroĂŻdiens de l'iodure sont rares pour les plus bĂ©nins et exceptionnels pour les plus sĂ©vĂšres. L'Ă©tude rĂ©alisĂ©e en Pologne, de l'administration de 100 mg d'iodure Ă  plus de 12000 enfants et 5000 adultes a fait apparaĂźtre la survenue de troubles digestifs vomissements, diarrhĂ©e, douleurs gastriques dans 0,12 Ă  2,38% des cas et d'Ă©ruptions cutanĂ©es bĂ©nignes dans environ 1% des cas Nauman J., Wolff J., Amer J Med 94 524-532, 1993. Les incidents et accidents possibles d'hypersensibilitĂ© Ă  l'iode sont - parotidite ; - lĂ©sions cutanĂ©es hĂ©morragiques ; - rĂ©actions de type fiĂšvre, arthralgies ; - oedĂšme de Quincke, dyspnĂ©e. En dehors de deux cas d'insuffisance respiratoire aigĂŒe survenue chez deux adultes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive et allergique connues Ă  l'iode, ces manifestations exceptionnelles risque infĂ©rieur Ă  1/1 million n'ont pas Ă©tĂ© observĂ©es dans l'Ă©tude mentionnĂ©e ci-dessus. Selon cette Ă©tude, le risque d'incidents mĂ©dicalement significatifs mais non sĂ©rieux est, en cas d'administration d'une dose unique d'iodure, de 0,2%. AprĂšs une seule prise, de la fiĂšvre, des douleurs articulaires, des Ă©ruptions cutanĂ©es transitoires et spontanĂ©ment rĂ©gressives ont Ă©tĂ© observĂ©es. Il n'est pas dĂ©montrĂ© que ces manifestations soient liĂ©es Ă  la prise d'iodure de potassium. Effets thyroĂŻdiens AprĂšs administration prolongĂ©e d'iode, les taux de triiodothyronine T3 et de thyroxine T4 diminuent significativement mais restent dans les limites de la normale. Le taux de TSH augmente significativement mais reste dans les limites de la normale. Les effets indĂ©sirables thyroĂŻdiens possibles aprĂšs surcharge iodĂ©e incluent l'hyperthyroĂŻdie et le goitre Ă  l'iode par blocage de l'hormonosynthĂšse. Dans l'Ă©tude polonaise Nauman J., Wolff J., ibid., aucun effet indĂ©sirable thyroĂŻdien, en dehors d'une gĂȘne douloureuse thyroĂŻdienne dans 0,08 % des cas, n'a Ă©tĂ© observĂ© chez 774 adultes ayant reçu une dose ou plus de 100 mg d'iodure, y compris chez les adultes porteurs de goitre nodulaire. En revanche, 0,37 % des 3 214 nouveau-nĂ©s ayant reçu de l'iodure au 2e jour de vie ont prĂ©sentĂ© une Ă©lĂ©vation transitoire de TSH circulante, normalisĂ©e Ă  16 Ă  20 jours. PropriĂ©tĂ©s pharmacologiques ANTIDOTES Iodure de potassium V autres La saturation de la thyroĂŻde en iode non radioactif Ă©vite la fixation d'iode radioactif sur la thyroĂŻde qui pourrait provoquer l'apparition de troubles tardifs - hypothyroĂŻdie secondaire, - nodules ou cancers de la thyroĂŻde. Absorption L'iodure libĂ©rĂ© par le comprimĂ© est rĂ©sorbĂ© dans le tube digestif. Distribution En dehors de la pĂ©riode postprandiale et pour un apport alimentaire de 70 Ă  100 ”g, l'iodurĂ©mie est infĂ©rieure Ă  0,20 ”/100 ml. L'iodure circulant est concentrĂ© par la thyroĂŻde et les reins. MĂ©tabolisme La clairance rĂ©nale est de 35 ml/minute ; elle est indĂ©pendante de l'apport iodĂ©. La clairance thyroĂŻdienne de l'iode est corrĂ©lĂ©e directement Ă  l'Ă©tat fonctionnel de la glande et inversement Ă  son contenu en iode, habituellement comprise entre 10 et 35 ml/minutes, elle peut dĂ©passer 2000 ml/min en cas d'hyperstimulation. La muqueuse gastrique et les glandes salivaires captent Ă©galement l'iodure mais le sĂ©crĂštent aussitĂŽt. L'iodure est captĂ© au pĂŽle basal des cellules thyroĂŻdiennes Ă©tape limitante du mĂ©tabolisme intrathyroĂŻdien de l'iode sous la dĂ©pendance d'un transporteur spĂ©cifique pompe Ă  iodure » avec - transport compĂ©titif avec les ions thiocyanate, perchlorate et pertechnetate - inhibition par les inhibiteurs de la Na/k ATPase. L'iodure est incorporĂ© Ă  la thyroglobuline pour conduire Ă  la tĂ©tra et triiodothyronine aprĂšs son oxydation en iode. Elimination L'iodure est Ă©liminĂ© rapidement avec une clairance rĂ©nale Ă  35 ml/min indĂ©pendamment de l'apport iodĂ© et une demi-vie de 6 heures environ. Au bout de 48 Ă  72 heures, la majeure partie de l'iode non organifiĂ©e sera Ă©liminĂ©. Par ailleurs, une faible partie des 100 mg d'iode sera fixĂ©e par la thyroĂŻde et organifiĂ©e, pour suivre par la suite le lent mĂ©tabolisme des hormones thyroĂŻdiennes qui subissent des dĂ©siodations sĂ©quentielles redonnant des ions iodures. DurĂ©e et prĂ©cautions particuliĂšres de conservation DurĂ©e de conservation 7 particuliĂšres de conservation Les comprimĂ©s d'IODE PCA changent de couleur en cas de mauvaise conservation ne pas absorber un comprimĂ© qui serait devenu faciliter la prise chez l'enfant et le nourrisson, on peut dissoudre la fraction de comprimĂ© dans une boisson, mais il ne faut pas conserver la solution ainsi obtenue qui doit ĂȘtre absorbĂ©e extemporanĂ©ment. 10 comprimĂ©s sous plaquette thermoformĂ©e Aluminium/Aluminium. MĂ©dicaments similaires Avenoc, tube avec canule de 30 g Avenoc, suppositoire, boĂźte de 10 B o p, comprimĂ© enrobĂ©, boĂźte de 1 flacon de 60 Baudry, boĂźte de 70 g Billerol, tube de 45 Cardiocalm, comprimĂ© enrobĂ©, boĂźte de 40 Choleodoron, flacon de 30 ml Diabene, flacon de 30 ml Digestodoron, solution buvable en gouttes, flacon + compte-gouttes de 30 ml Dissolvurol 0,25 pour cent, solution buvable en gouttes, flacon + seringue pour administration orale de 45 ml Endhometrol, ovule, boĂźte de 6 Fenugrene, comprimĂ© enrobĂ©, boĂźte de 1 tube de 50 Gastrocynesine, comprimĂ©, boĂźte de 60 Homeogene 9, comprimĂ©, boĂźte de 60 Homeovox, boĂźte de 60 Aujourdhui, la pharmacie centrale des armĂ©es est le fabricant historique des comprimĂ©s d’iode en France. Le laboratoire Serb dispose Ă©galement d’une AMM depuis le mois de novembre 2021. Si la situation le nĂ©cessitait, les stocks de l’État permettraient une distribution de comprimĂ©s Ă  l’ensemble de la population. PrĂ©vention del'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroĂŻde en cas de possibilitĂ© de contamination par des radioĂ©lĂ©ments Ă©mis accidentellement par une installation mĂ©dicament ne devra ĂȘtre pris que sur instruction formelle des autoritĂ©s de l'accumulation d'iode radioactifRemarques prĂ©liminaires Pour entraĂźner une rĂ©duction de plus de 90 % de la fixation de l'iode radioactif, les doses nĂ©cessaires sont Dans la rĂ©gion oĂč l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  30 mg d'iode, Dans les rĂ©gions oĂč il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 Ă  100 mg d' ĂȘtre pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dĂšs rĂ©ception des instructions des autoritĂ©s compĂ©tentes, au mieux avant la propagation du nuage radioactif. Le degrĂ© de protection est de 80% aprĂšs 2 heures et de 40% aprĂšs 8 heures suivant le dĂ©but de la contamination dans les rĂ©gions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les rĂ©gions carencĂ©es en durĂ©e du traitement peut varier d'une prise unique Ă  une prise quotidienne rĂ©itĂ©rĂ©e pendant 7 jours maximum selon la cinĂ©tique et les caractĂ©ristiques de l'accident. Il est cependant souhaitable d'exclure la prise rĂ©itĂ©rĂ©e d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par consĂ©quence faire l'objet d'une Ă©vacuation prioritaire de la zone prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autoritĂ©s le suivi des populations ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© du traitement par iodure de potassium Pharmacie Centrale des ArmĂ©es 65 mg, comprimĂ© sĂ©cable une surveillance clinique par le mĂ©decin traitant est administration chez le nouveau-nĂ© un dosage sanguin des hormones thyroĂŻdiennes TSH devra ĂȘtre pratiquĂ© deux semaines aprĂšs radioactive peut-ĂȘtre prolongĂ©e et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'Ă©vacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global dĂ©fini au niveau contamination retardĂ©e est possible par les aliments, selon le schĂ©ma pĂąturage → lait → viandePosologieDes remarques prĂ©citĂ©es dĂ©coulent le protocole d'administration, dont les modalitĂ©s seront dĂ©finies par les autoritĂ©s de > 12 ans et adulte Une prise de 130 mg d'iodure de potassium par jour rĂ©itĂ©rĂ©e pendant 7 jours, soit 2 comprimĂ©s Ă  65 mg par jour pendant 7 jours, sauf instructions contraires des autoritĂ©s comprimĂ©s peuvent ĂȘtre dissous dans une boisson eau, lait ou jus de fruit.Population pĂ©diatriqueENFANT de 36 mois Ă  12 ansUne prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit 1 comprimĂ© pouvant ĂȘtre dissous dans une boisson lait ou jus de fruit.NOURRISSON de 1 Ă  36 moisUne prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit œ comprimĂ© pouvant ĂȘtre dissous dans une boisson biberon de lait ou jus de fruit par exemple.NOUVEAU-NES < 1 moisUne prise unique de 16 mg d'iodure de potassium, soit ÂŒ de comprimĂ©, pouvant ĂȘtre dissous dans une boisson biberon de lait.Il est souhaitable d'exclure la prise rĂ©itĂ©rĂ©e d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par consĂ©quence faire l'objet d'une Ă©vacuation prioritaire de la zone d'administrationEn cas de dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut ĂȘtre conservĂ©e et doit ĂȘtre prise dissolution du mĂ©dicament dans du lait ou dans du jus de fruit permet de diminuer le goĂ»t mĂ©tallique passager qui peut ĂȘtre ressenti aux posologies effets indĂ©sirables extra-thyroĂŻdiens de l'iodure sont rares pour les plus bĂ©nins et exceptionnels pour les plus sĂ©vĂšres. L'Ă©tude, rĂ©alisĂ©e en Pologne, de l'administration de 100 mg d'iodure Ă  plus de 12 000 enfants et 5 000 adultes a fait apparaĂźtre la survenue de troubles digestifs vomissements, diarrhĂ©e, douleurs gastriques dans 0,12 Ă  2,38 % des cas et d'Ă©ruptions cutanĂ©es bĂ©nignes dans environ 1 % des cas Nauman J., Wolff J., Amer J Med 94 524-532, 1993.Les incidents et accidents possibles d'hypersensibilitĂ© Ă  l'iode sont parotidite ;lĂ©sions cutanĂ©es hĂ©morragiques ;rĂ©action de type fiĂšvre, arthralgies ;oedĂšme de Quincke, dehors de deux cas d'insuffisance respiratoire aiguĂ« survenue chez deux adultes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive et allergiques connus Ă  l'iode, ces manifestations exceptionnelles risque infĂ©rieur Ă  1/1 million n'ont pas Ă©tĂ© observĂ©es dans l'Ă©tude mentionnĂ©e ci-dessus. Selon cette Ă©tude, le risque d'incidents mĂ©dicalement significatifs mais non sĂ©rieux est, en cas d'administration d'une dose unique d'iodure, de 0,2 %.AprĂšs une seule prise, de la fiĂšvre, des douleurs articulaires, des Ă©ruptions cutanĂ©es transitoires et spontanĂ©ment rĂ©gressives ont Ă©tĂ© observĂ©es. Il n'est pas dĂ©montrĂ© que ces manifestations soient liĂ©es Ă  la prise d'iodure de thyroĂŻdiens AprĂšs administration prolongĂ©e d'iode, les taux de triiodothyronine T3 et de thyroxine T4 diminuent significativement mais restent dans les limites de la normale. Le taux de TSH augmente significativement mais reste dans les limites de la effets indĂ©sirables thyroĂŻdiens possibles aprĂšs surcharge iodĂ©e incluent l'hyperthyroĂŻdie et le goitre Ă  l'iode par blocage de l' l'Ă©tude polonaise Nauman J, Wolff J., Ibid., aucun effet indĂ©sirable thyroĂŻdien, en dehors d'une gĂȘne douloureuse thyroĂŻdienne dans 0,08 % des cas, n'a Ă©tĂ© observĂ© chez 774 adultes ayant reçu une dose ou plus de 100 mg d'iodure, y compris chez les adultes porteurs de goitre revanche, 0,37 % des 3 214 nouveau-nĂ©s ayant reçu de l'iodure au 2Ăšme jour de vie ont prĂ©sentĂ© une Ă©lĂ©vation transitoire de TSH circulante, normalisĂ©e Ă  16 Ă  20 des effets indĂ©sirables suspectĂ©sLa dĂ©claration des effets indĂ©sirables suspectĂ©s aprĂšs autorisation du mĂ©dicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bĂ©nĂ©fice/risque du mĂ©dicament. Les professionnels de santĂ© dĂ©clarent tout effet indĂ©sirable suspectĂ© via le systĂšme national de dĂ©claration Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© ANSM et rĂ©seau des Centres RĂ©gionaux de Pharmacovigilance - Site internet digestifsVomissementDiarrhĂ©eDouleur gastriqueEruption cutanĂ©eHypersensibilitĂ©ParotiditeLĂ©sion cutanĂ©e hĂ©morragiqueFiĂšvreArthralgieOedĂšme de QuinckeDyspnĂ©eInsuffisance respiratoire aiguĂ«Diminution de la T3Diminution de la T4ElĂ©vation de TSHHyperthyroĂŻdieGoitre Ă  l'iodeGĂȘne douloureuse thyroĂŻdienneContre-indicationsHypersensibilitĂ© Ă  l'iodure de potassium ou Ă  l'un des excipients mentionnĂ©s Ă  la rubrique Liste des l'Ă©tat actuel des connaissances, en dehors de quelques pathologies immunologiques prĂ©existantes rarissimes dermatites herpĂ©tiformes ou des vascularites hypocomplĂ©mentaires il n'y a pas de contre-indication Ă  l'administration d'iodure de potassium, notamment aux enfants et adolescents jusqu'Ă  20 ans et aux femmes enceintes. LISTEDermatite herpĂ©tiformeVascularite hypocomplĂ©mentaireMises en garde spĂ©ciales et prĂ©cautions d'emploiMises en gardeLe traitement doit ĂȘtre pris dĂšs rĂ©ception des instructions des autoritĂ©s compĂ©tentes, l'efficacitĂ© Ă©tant trĂšs diminuĂ©e si l'administration est dĂ©butĂ©e aprĂšs la d'emploiLe risque carcinogĂ©nĂ©tique de la contamination de la thyroĂŻde par l'iode radioactif est tel que la protection par l'iodure de potassium est d'autant plus indispensable que les sujets sont plus jeunes. C'est pourquoi la population cible de la distribution d'iode est constituĂ©e, en prioritĂ©, de tous les sujets de moins de 40 les sujets porteurs de goitres anciens, surtout s'il s'agit de goitres volumineux ou autonomes prĂ©toxiques », Ă  TSH freinĂ©e, l'administration d'une quantitĂ© forte d'iodure, mĂȘme en dose unique, peut induire une d'iode Ă  raison de 100 mg/24 h pendant 15 jours ne provoque pas de dĂ©sordre hormonal sĂ©rieux chez les sujets est recommandĂ© de consulter un mĂ©decin aussitĂŽt que possible aprĂšs la prise d'iodure de potassium dans les situations suivantes Femmes enceintes et enfants Ă  naĂźtre exposĂ©s au-delĂ  de la 12Ăšme semaine de gestation production thyroĂŻdienne foetale propre surveillance Ă©chographique du foetus jusqu'Ă  la fin de la grossesse puis suivi du nouveau-nĂ© avec recherche de goitre, contrĂŽle de la fonction thyroĂŻdienne dosage TSH, T4 libreNourrissons exposĂ©s de moins de 1 an, femmes allaitant contrĂŽle de la fonction thyroĂŻdienne dosage TSH, T4 libre devra ĂȘtre pratiquĂ© 2 semaines aprĂšs administration et si, hypothyroĂŻdie, traitement par hormone thyroĂŻdienneSujets porteurs de goitre ancien, d'un antĂ©cĂ©dent ou d'une pathologie thyroĂŻdienne Ă©volutive surveillance clinique par leur mĂ©decin n'existe pas de vĂ©ritable allergie Ă  l'iode sous forme d'iodure de cas de phĂ©nomĂšnes allergiques antĂ©rieurs lors de l'injection de produits de contraste radiologique, d'application de dĂ©sinfectant iodĂ© sur la peau ou de la consommation de poissons, de crustacĂ©s ou de mollusques, un avis mĂ©dical est souhaitable sans attendre qu'une instruction de prise ne soit donnĂ©e par les autoritĂ©s. En l'Ă©tat actuel des connaissances, seules deux contre-indications Ă  la prise d'iodure de potassium existent ; il s'agit de maladies auto-immunes excessivement rares voir rubrique Contre-indications. Dans la population cible de jeunes nourrissons, enfants et jeunes de moins de 20 ans, il convient d'Ă©valuer le rapport bĂ©nĂ©fice/risque de la prise de ce mĂ©dicament du fait des risques graves de l'absence de protection de la glande thyroĂŻde en cas de contamination radioactive. LISTEGoitreGrossesseNouveau-nĂ© de mĂšre traitĂ©eAllaitementAntĂ©cĂ©dent de pathologie thyroĂŻdiennePathologie thyroĂŻdiennePatient de moins de 20 ansInteractions avec d'autres mĂ©dicaments et autres formes d'interactionsAssociations faisant l'objet de prĂ©cautions d'emploi+ AntiacidesDiminution de l'absorption digestive de l'iodure de potassium. DiffĂ©rer la prise des antiacides d'au moins deux donnĂ©e n'est disponible Ă  ce sur l'aptitude Ă  conduire des vĂ©hicules et Ă  utiliser des machinesSans femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'Ăąge de la grossesse, dans le but de prĂ©server la thyroĂŻde de la mĂšre et, Ă  partir du deuxiĂšme trimestre, celle du foetus qui commence Ă  concentrer l'iode Ă  partir de la 10Ăšme-12Ăšme cours du troisiĂšme trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroĂŻdienne du foetus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance Ă©chographique du foetus jusqu'Ă  la fin de la grossesse puis un suivi thyroĂŻdien doivent ĂȘtre de potassium est concentrĂ© dans le lait. Le traitement des mĂšres allaitant doit ĂȘtre le plus court possible, ce qui ne soulĂšve pas de problĂšme dans le cas d'une administration unique. DurĂ©e de conservation 10 ansPrĂ©cautions particuliĂšres de conservation A conserver dans l'emballage extĂ©rieur d'origine, Ă  l'abri de l'humiditĂ©, Ă  une tempĂ©rature ne dĂ©passant pas 25° ComprimĂ© sĂ©cableDosage 65 mgContenance 650 mg ou 10 comprimĂ©sLaboratoire Titulaire PHARMACIE CENTRALE DES HOPITAUX UPHARMA Laboratoire Exploitant PHARMACIE CENTRALE DES HOPITAUX UPHARMA Forme pharmaceutiqueComprimĂ© sĂ©cableComprimĂ© blanc, rond, quadrisĂ©cableComposition exprimĂ©e par ComprimĂ©Principes Actifs Iodure de potassium 65 mg Excipients Silice colloĂŻdale anhydreCoton huile hydrogĂ©nĂ©eCellulose microcristalline Trouvezrapidement le mĂ©dicament contenant la substance IODURE DE POTASSIUM. Mise Ă  jour 2022. RĂ©pertoire des mĂ©dicaments. Trouver un mĂ©dicament; MĂ©dicaments par gĂ©nĂ©riques; MĂ©dicaments par substances; Substance : IODURE DE POTASSIUM Retrouvez tous les mĂ©dicaments qui reprennent cette substance . SUPPLIVEN.
Ă©tablissement pharmaceutique militaire français EncyclopĂ©die Un article de WikipĂ©dia, l'encyclopĂ©die libre Pharmacie centrale des armĂ©es Insigne de la Pharmacie centrale des armĂ©es. CrĂ©ation 1792 Pays France Type Établissement pharmaceutique militaire Fait partie de Service de santĂ© des armĂ©es Garnison Chanteau Loiret Ancienne dĂ©nomination Magasin gĂ©nĂ©ral des pharmacies Commandant PHC François Caire-Maurisier depuis 2015 modifier La Pharmacie centrale des armĂ©es PCA est un Ă©tablissement pharmaceutique militaire français rattachĂ© au Service de santĂ© des armĂ©es. Elle a pour mission principale de dĂ©velopper, produire et stocker des mĂ©dicaments de protection contre les risques nuclĂ©aires, radiologiques, biologiques et chimiques, tant pour les Forces armĂ©es que pour la population civile. Histoire La Pharmacie centrale des armĂ©es, créée entre 1792 et 1794, s'appelle Ă  l'origine le Magasin gĂ©nĂ©ral des pharmacies ». Elle prend ensuite les noms successifs de Magasin gĂ©nĂ©ral des mĂ©dicaments et du laboratoire des pharmacies », Pharmacie centrale du Service de santĂ© militaire » et Pharmacie centrale de l'armĂ©e ». Elle adopte son nom actuel de Pharmacie centrale des armĂ©es » en 1973[1],[2],[3],[4],[5]. InstallĂ©e Ă  sa crĂ©ation au sein de l'École militaire, Ă  Paris, elle a pour premier pharmacien en chef le chimiste JĂ©rĂŽme DizĂ©. En 1903, elle dĂ©mĂ©nage aux Invalides, puis s'installe au fort de Vanves en 1931. Ce n'est qu'en 1971 qu'elle s'Ă©tablit sur un site dĂ©diĂ© le camp militaire d'OrlĂ©ans-Chanteau, dans le Loiret[1],[2],[3],[6],[7]. Missions La Pharmacie centrale des armĂ©es est chargĂ©e de produire trois types de solutions[4],[8] des antidotes contre les risques nuclĂ©aires, radiologiques, biologiques et chimiques NRBC ; des dispositifs de mĂ©decine d'urgence utilisables en environment hostile, composant la trousse individuelle du combattant » ; des mĂ©dicaments amĂ©liorant la vigilance des soldats. BoĂźte de comprimĂ©s d'iodure de potassium 130 mg fabriquĂ©s par la Pharmacie centrale des armĂ©es. Si les deux derniĂšres missions sont exclusivement d'ordre militaire, la production d'antidotes NRBC sert aussi Ă  la protection de la population civile. Ainsi, la PCA dĂ©tient notamment le monopole de fabrication d'iodure de potassium, mĂ©dicament utilisĂ© en cas de contamination radioactive et distribuĂ© prĂ©ventivement aux civils vivant Ă  proximitĂ© des centrales nuclĂ©aires[2],[6]. En amont, la Pharmacie centrale des armĂ©es assure des activitĂ©s de recherche et dĂ©veloppement, Ă  la fois galĂ©nique et technique, l'usage militaire nĂ©cessitant des modes spĂ©cifiques d'administration et de conditionnement des mĂ©dicaments[2]. Enfin, elle est chargĂ©e de maintenir d'importants stocks de sĂ©curitĂ© d'antidotes NRBC. Le renouvellement rĂ©gulier de ces stocks conduit Ă  ce que la plupart des 30 Ă  40 millions de comprimĂ©s produits chaque annĂ©e soient finalement dĂ©truits aprĂšs pĂ©remption[9],[10]. En plus de ses missions pour l'État français, la PCA fournit certains pays Ă©trangers ainsi que la centrale d'achat de l'OTAN[6],[10]. Organisation La Pharmacie centrale des armĂ©es dĂ©pend de la Direction des approvisionnements en produits de santĂ© des armĂ©es DAPSA, elle-mĂȘme rattachĂ©e Ă  la direction centrale du Service de santĂ© des armĂ©es DCSSA. L'Ă©tablissement peut nĂ©anmoins ĂȘtre rĂ©quisitionnĂ© par le ministĂšre chargĂ© de la SantĂ© en cas d'urgence[7],[10]. En 2019, l'usine de 4 000 m2 18 000 m2 de surface dĂ©veloppĂ©e emploie 124 personnes, dont une grande majoritĂ© de fonctionnaires civils[3],[10]. Pour garantir la souverainetĂ© de sa production, et aprĂšs avoir connu plusieurs situations de pĂ©nurie, la Pharmacie centrale des armĂ©es dĂ©cide de revoir en profondeur son circuit d'approvisionnement en matiĂšres premiĂšres alors qu'en 2013, elle se fournissait Ă  80 % en dehors de l'Europe, le rapport s'inverse en 2019[10]. Depuis 2015, la Pharmacie centrale des armĂ©es est commandĂ©e par le pharmacien en chef François Caire-Maurisier. RĂ©compense En 2005, la Pharmacie centrale des armĂ©es reçoit le prix Galien de la recherche pharmaceutique pour l'Ineurope, un dispositif d'auto-injection prĂ©rempli que les soldats s'administreront sur ordre des autoritĂ©s en cas d'attentat terrestre chimique ». Issu de dix annĂ©es de dĂ©veloppement, il contient une trithĂ©rapie agissant comme antidote contre les neurotoxiques organophosphorĂ©s de guerre, comme le sarin, le soman, le tabun ou le VX[2],[6],[11],[12]. RĂ©fĂ©rences ↑ a et b JĂ©rĂŽme DizĂ©, pharmacien en chef du premier Magasin gĂ©nĂ©ral des pharmacies », dans Revue d'histoire de la pharmacie, 1965 lire en ligne, p. 411-418. ↑ a b c d et e L'usine militaire d'antidotes », sur 1er septembre 2011. ↑ a b et c Les apports de la pharmacie centrale des armĂ©es face au risque terroriste NRBC », Service de santĂ© des armĂ©es,‎ mars 2017 lire en ligne. ↑ a et b La Pharmacie centrale des armĂ©es de l'approvisionnement de mĂ©dicaments simples Ă  la fabrication de formes innovantes adaptĂ©es aux besoins opĂ©rationnels », Service de santĂ© des armĂ©es,‎ mars 2018 lire en ligne. ↑ Le premier pharmacien-chef de la pharmacie centrale de l'armĂ©e JĂ©rĂŽme DizĂ© », Revue d'histoire de la pharmacie,‎ 1949 lire en ligne. ↑ a b c et d Dans les coulisses de la Pharmacie des armĂ©es », sur 31 mars 2018. ↑ a et b Coronavirus un site militaire du Loiret en 1Ăšre ligne pour approvisionner l'hĂŽpital de campagne de Mulhouse », sur 20 mars 2020. ↑ Le sauvetage au combat, au service du blessĂ© de guerre », ASNOM,‎ dĂ©cembre 2014 lire en ligne. ↑ La Ministre des ArmĂ©es Florence Parly en visite Ă  la Pharmacie Centrale des ArmĂ©es Ă  Chanteau », sur 31 janvier 2020. ↑ a b c d et e PlongĂ©e dans la fabrique Ă  antidotes de l’armĂ©e française », sur 26 aoĂ»t 2019. ↑ Prix Galien France – Les laurĂ©ats » [PDF], sur ↑ Protection NRBC », sur 13 septembre 2016. Lien externe L'Ă©volution stratĂ©gique de la pharmacie centrale des armĂ©es », sur 22 juin 2016.
InformationsgĂ©nĂ©rales. Notice complĂšte. Laboratoire PHARMACIE CENTRALE DES ARMÉES. Marque IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES. Code CIP 3400939220659. Type de prix Prix libre. Substance (s) active (s) iodure de potassium. Voir dans la base de donnĂ©es publique des mĂ©dicaments.
Économie portfolio Le PCA fabrique, prĂšs d’OrlĂ©ans, des boĂźtes de comprimĂ©s et des unitĂ©s injectables, pour le compte de la dĂ©fense et du ministĂšre de la santĂ©. A la Pharmacie centrale des armĂ©es PCA, prĂšs d’OrlĂ©ans, une opĂ©ratrice manipule la poudre qui servira Ă  fabriquer des comprimĂ©s d’iodure de potassium . Ce mĂ©dicament est utilisĂ© pour prĂ©venir les intoxications en cas d’accident ou d’attaque nuclĂ©aire. Simone Perolari/Pour Le Monde La Pharmacie centrale des armĂ©es fabrique de l’iodure de potassium destinĂ© aux stocks de sĂ©curitĂ© de la France et aux campagnes de distribution Ă  proximitĂ© des centrales nuclĂ©aires. Simone Perolari/Pour Le Monde En 2018, la Pharmacie centrale des armĂ©es produira 33 millions de comprimĂ©s d’iodure de potassium. Simone Perolari/Pour Le Monde Un opĂ©rateur contrĂŽle la qualitĂ© des comprimĂ©s d’iodure de potassium. Simone Perolari/Pour Le Monde Les cartons destinĂ©s aux stocks de sĂ©curitĂ© de la France sont entreposĂ©s sur des palettes. Sur 12 m de hauteur, la Pharmacie centrale des armĂ©es garde les principes actifs qui entrent dans la composition de ses mĂ©dicaments. Ils sont achetĂ©s dans le monde entier. Simone Perolari/Pour Le Monde Une opĂ©ratrice de la Pharmacie centrale des armĂ©es contrĂŽle une ampoule de morphine. Cette opĂ©ration de mirage » permet de dĂ©tecter d’éventuelles impuretĂ©s. Simone Perolari/Pour Le Monde Un dispositif d’auto-injection et un capuchon anti-choc sont ajustĂ©s sur des ampoules de morphine. Cette invention permet aux combattants de soulager leur douleur en attendant les secours. Simone Perolari/Pour Le Monde Ces dispositifs d’auto-injection de morphine ont changĂ© la donne pour les combattants blessĂ©s. La maĂźtrise de la douleur rĂ©duit le risque d’aggravation de leur Ă©tat de santĂ© en attendant les Ă©quipes mĂ©dicales. Simone Perolari/Pour Le Monde Ce stĂ©rilisateur permet Ă  la Pharmacie centrale des armĂ©es de prĂ©parer le matĂ©riel destinĂ© aux Ă©quipes mĂ©dicales sur le terrain. Simone Perolari/Pour Le Monde Le laboratoire de la Pharmacie centrale des armĂ©es effectue de nombreux tests pour garantir la qualitĂ© de la fabrication et la stabilitĂ© des formulations, y compris dans des conditions extrĂȘmes. Simone Perolari/Pour Le Monde La Pharmacie centrale des armĂ©es PCA, situĂ©e Ă  Chanteau Loiret, est un Ă©tablissement unique en Europe qui dĂ©veloppe et fabrique des mĂ©dicaments destinĂ©s Ă  protĂ©ger militaires et civils contre les risques nuclĂ©aires, radiologiques, biologiques, et chimiques. Chaque annĂ©e, en moyenne 3 millions de boĂźtes de comprimĂ©s et 500 000 unitĂ©s injectables y sont fabriquĂ©es sur dix lignes de production pour le compte de l’armĂ©e et du ministĂšre de la santĂ©. ChloĂ© Hecketsweiler Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
rhea 1481971 Les 7.000 liquidateurs russes qui se sont portĂ©s volontaires pour crĂ©er le sarcophage en bĂ©ton couvrant le cƓur du rĂ©acteur en fusion de la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl, ne

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Leseffets indésirables extra-thyroïdiens de l'iodure sont rares pour les plus bénins et exceptionnels pour les plus sévÚres. L'étude réalisée en Pologne, de l'administration de 100 mg d'iodure à plus de 12000 enfants et 5000 adultes a fait apparaßtre la survenue de troubles digestifs (vomissements, diarrhée, douleurs gastriques) dans 0,12 à 2,38% des cas et

Carte d'identitĂ© du conditionnement du mĂ©dicamentIndications thĂ©rapeutiquesPrĂ©vention de l'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroĂŻde en cas de possibilitĂ© de contamination par des radioĂ©lĂ©ments Ă©mis accidentellement par une installation mĂ©dicament ne devra ĂȘtre pris que sur instruction formelle des autoritĂ©s du prix Il n'y a pas d'historique de prix pour ce conditionnement de mĂ©dicament. Evolution de la consommation Il n'y a pas d'historique de consommation pour ce conditionnement. DerniĂšre mise Ă  jour des donnĂ©es 28 juillet 2020

DescomprimĂ©s d'iodure de potassium 65 mg ont Ă©tĂ© distribuĂ©s pour la premiĂšre fois sur tout le territoire de la ConfĂ©dĂ©ration dans la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990. Dans la zone 1 (rayon d'env. 5 km autour d'une centrale nuclĂ©aire), oĂč quelque 80 000 per-sonnes habitent ou travaillent, la distribution a Ă©tĂ© effectuĂ©e jusqu'au niveau des mĂ©nages et des entreprises.

IIW» sscas 11, 11É issSb’Stf’- m'y *^-' [»>y ‱y ‱‱‱ *‱ /i, ĂŒ*- ÂŁ4*' > .‱**** ; VV * PTTi , *.'*B L *J* -T-VS 2 O //ĂźidĂ fwfco-tef nuentcĂżea&f e/e &?i 'ou en. DISTRIBUTION DES PRIX POUR L’ANNÉE i8l. PRIX Dc-C'/ 'iu*t+Âc**f DĂ©cernĂ© Ăą M. Odol'y ^ 4 sur le VĂ©suve. La matiĂšre lavique coulait par une ouver- ture situĂ©e Ă  environ cent yards au-dessous du cratĂšre ; elle formait un courant de 5 Ă  6 pieds de diamĂštre et tombait brusquement dans uu gouffre d’environ 4o pieds ; lĂ  , elle se perdait dans une sorte de pont de lave refroidie, pour reparaĂźtre 6o Ăč ^o yards plus bas. A la sortie de la bouche ignivome , elle Ă©tait presque d’un rouge blanc, sa surface paraissait dans une grande agitation, de forts bouillonnemens jaillissaient et produisaient , en Ă©clatant, une fumĂ©e blanche ; plus loin , Ă  1 endroit ou elle sortait de dessous le pont, elle n’était plus que rouge. L’incandescence, dit sir H. Davy, 11 e paraissait certainement pas plus vive lorsque la lave Ă©tait exposĂ©e Ă  l’air, et elle ne brĂ»lait pas avec plus d’intensitĂ© quand on l’élevait dans l’air, au moyen d’une cuillĂšre de fer. Je mis cependant ce fait Ă  1 abri de toute contestation, en jetant une petite quantitĂ© de lave fondue dans une bouteille de verre, pourvue d’un bouchon usĂ© Ă  l’emeri, et contenant au fond du sable silicieux ; je la fermai sur- le-champ , et j’examinai l’air a mon retour une mesure de cet air, melĂ©e avec une mesure de gaz nitreux, donna exactement le mĂȘme degrĂ© de diminution qu’une mesure d’air commun , qui, sur la montagne, avait Ă©tĂ© renfermĂ© dans une autre bouteille. Je jetai sur la surface de la lave du nitre en masse et en poudre. Quand ce sel fut fondu, il y eut une petite augmentation d’intensitĂ© dans l’incandescence de la lave; mais cette augmentation Ă©tait trop lĂ©gĂšre pour qu’on pĂ»t l’attribuer Ă  une quantitĂ© notable d’une substance combustible pure. En faisant cette expĂ©rience sur une portion de lave ramassĂ©e dans la cuillĂšre , il me parut que le dĂ©gagement de chaleur Ă©tait en partie le rĂ©sultat de la peroxidalion du protoxide de fer, et de la combinaison de 1 alcali du nitre avec la base terreuse de la lave ; car, a l’endroit °n le nitre s’était fondu , la couleur avait passĂ© de l’olive au brun. La vĂ©ritĂ© de cette conclusion Ă©tait encore Ă©tablie par cette circonstance , que le chlorate de potasse rĂ©pandu sur la lave n’augmentait pas son degrĂ© d’incandescence autant que le faisait le nitre. Lorsqu’une baguette de bois Ă©tait introduite dans une portion de la lave, de maniĂšre qu’elle y laissĂąt un peu de matiĂšre charbonneuse Ă  la surface, on voyait le nitre ou le chlorate de potasse rĂ©pandu sur cette matiĂšre lui faire jeter un un grand Ă©clat. De la lave fondue fut versĂ©e dans de l’eau, et une bouteille remplie d’eau placĂ©e au-dessus pour recevoir les gaz qui se dĂ©gageaient. On n’en obtint ainsi qu’une trĂšs-petite quantitĂ©, et l’analyse que j’en fis Ă  mon retour me prouva que c’était de l’air commun, un peu moins pur que l’air qui se dĂ©gage de l’eau par l’ébullition. Un fil de cuivre de — de pouce de diamĂštre et un fil d’argent de yj, introduits dans la lave, prĂšs de sa source, se fondirent instantanĂ©ment. Une baguette de fer de de pouce avec un fil de fer d’environ ~ de pouce de diamĂštre, ayant Ă©tĂ© tenus pendant cinq minutes dans le remous du courant de lave , ne fondirent pas. Ils ne donnĂšrent aucune odeur perceptible d’hydrogĂšne sulfurĂ© lorsqu’ils furent soumis Ă  l’action de l’acide muriatique. Un entonnoir de fer- blanc , rempli d’eau froide, fut tenu dans la fumĂ©e qui s’échappait avec tant d’impĂ©tuositĂ© de la bouche du cratĂšre Ă  travers laquelle la lave coulait. Un fluide s’y condensa immĂ©diatement il avait un goĂ»t acide et subastringent ; il ne prĂ©cipitait pas le muriate de baryte, mais trĂšs-abondamment, au contraire , le nitrate d’argent ; il rendait enfin le prussiate triple de potasse d’un bleu intense. Quand le mĂȘme entonnoir fut tenu dans les vapeurs blanches, au-dessus de la lave, Ă  l’endroit oĂč elle s’introduisait sous le pont, aucun fluide ne s’y prĂ©cipita ; mais il fut enduit d’une poudre blanche qui avait le goĂ»t et les qualitĂ©s chimiques du sel commun, et c’était en effet cette substance absolument pure. Une bouteille d’eau contenant environ trois quarts de pinte , ayant un col long et Ă©troit, fut vidĂ©e prĂ©cisĂ©- 1 — 5 — ment dans l’ouverture oĂč les vapeurs, pressant la lave, la faisaient sortir. La bouteille fut bouchĂ©e immĂ©diatement aprĂšs. ^ a ' r , examinĂ© Ă  mon retour, ne me donna aucune absorption av ec la solution de potasse il ne contenait donc aucune proportion apprĂ©ciable d'acide carbonique. Je trouvai, du reste , qu’il Ă©tait composĂ© de g parties d’oxigĂšne et de 91 d’azote. La vapeur qui s’échappait de l’ouverture n’exhalait pas la moindre odeur d’acide sulfureux ; les vapeurs d’acide muriatique n’étaient pas assez fortes pour ĂȘtre dĂ©sagrĂ©ables... De l’argent pur et du platine ayant Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  l’action de la lave fondue, ne changĂšrent nullement de couleur. » Ces expĂ©riences, rĂ©pĂ©tĂ©es Ă  des Ă©poques diffĂ©rentes , donnĂšrent toujours les mĂȘmes rĂ©sultats. Elles prouvent donc qu’au moment oĂč la lave est en contact avec l’air, il ne se manifeste aucun phĂ©nomĂšne de combustion ou d’oxidation , par consĂ©quent que les substances rejetĂ©es par le cratĂšre et qui sont tenues en fusion par la chaleur, sortent dans l’état oĂč elles se montrent plus tard lors de leur refroidissement complet. Un autre fait important, c’est la connaissance de la nature de ces fumĂ©es blanches qui sortent en si grande quantitĂ© de l’intĂ©rieur de la lave en fusion, et qui diminuent Ă  mesure qu’elle se refroidit et devient pĂąteuse. Ces fumĂ©es ou vapeurs, qu’on croyait formĂ©es en grande partie de vapeur aqueuse, sont composĂ©es le plus ordinairement, comme l’a vu sir H. Davy, de chlorure de sodium , pur ou mĂȘlĂ© de chlorure de fer ; quelquefois avec les sels prĂ©cĂ©dens il y a plus ou moins de sulfate de soude , de sulfate de potasse , de chlorure de potassium, plus rarement de 1 oxide de cuivre. On y avait dĂ©jĂ  reconnu des sulfate et hydrochlorate d’ammoniaque. Ces sels varient en quantitĂ© les uns par rapport aux autres ; tantĂŽt ils sont seuls, d autrefois ils sont reunis tous ensemble dans les mĂȘmes vapeurs. Ce sont ces vapeurs qui, par leur condensation, forment ces incrustations , ces dĂ©pĂŽts de matiĂšres salines qui sc trouvent Ă  l’entour des cratĂšres et des lieux oĂč ont coulĂ© les ruisseaux de laves, ainsi que sur les parois des fissures ou de la croĂ»te du courant refroidi. Les sublimations de chlorure de sodium sont quelquefois si abondantes, que M. Davy trouva , le 6 janvier 1820 , au bord du petit cratĂšre qui vomissait alors de la vapeur d’eau , une masse non aggrĂ©gĂ©e de ce sel, colorĂ© par le chlorure de fer, dans laquelle le pied s’enfoncait Ă  quelque profondeur. Dans une cavitĂ© de roches voisines de la bouche qui avait vomi la lave, le 5 dĂ©cembre 181 g, et qui Ă©taient couvertes de substances salines, blanches, jaunes et rougeĂątres , il trouva un grand cristal colorĂ© lĂ©gĂšrement en pourpre c’était du sel marin mĂȘlĂ© Ă  une trĂšs-petite proportion de muriate de cobalt. C’est la premiĂšre fois, Ă  ma connaissance, qu’on signale l’existence de ce dernier sel dans les produits des volcans en activitĂ©. Enfin , une troisiĂšme consĂ©quence des expĂ©riences de M. Davy, c’est que le soufre n’existe pas dans les laves, ou du moins ne s’y rencontre pas constamment, comme quelques auteurs l’ont avancĂ© sans avoir fait aucune recherche relative Ă  ce sujet. Nous arrivons Ă  la seconde partie du mĂ©moire de sir H. Davy, c’est-Ă -dire Ă  la partie hypothĂ©tique. Ce chimiste, envisageant que les feux des volcans se prĂ©sentent et cessent avec tous les phĂ©nomĂšnes qui indiquent une action chimique intense , que des phĂ©nomĂšnes d’une telle grandeur exigent l’action d’une masse immense de matiĂšre, enfin, que les produits qui en rĂ©sultent sont des mĂ©langes d’oxides et de terres dans un Ă©tat de fusion et de vive incandescence, de l’eau et de substances salines, telles que la mer et l’air pourraient en fournir, l’auteur, disons- nous, prĂ©tend que rien n’est plus naturel que de regarder les Ă©ruptions volcaniques comme le rĂ©sultat de l’action de l’eau de la mer et de l’air sur les mĂ©taux des terres et des alcalis. Pour rĂ©pondre Ă  cette objection, que si l’oxidation de ces mĂ©taux Ă©tait la vĂ©ritable cause de ces Ă©ruptions, on devrait trouver quelquefois dans la matiĂšre lavique quelques-uns de ces mĂ©taux jf — 7 — non oxides, et au moins que la combustion devrait s’augmenter au moment oĂč les matĂ©riaux passent dans l’atmosphĂšre ; il fait observer que tout prouve que le sol sur lequel reposent les vol- c ans renferme d’immenses cavitĂ©s souterraines, et que c’est dans ces cavitĂ©s,oĂč l’air et l’eau de la mer peuvent penetrer sur les substances actives , ? long-tems avant que celles-ci atteignent la surface extĂ©rieure , que s’opĂšrent les rĂ©actions qui donnent naissance aux inflammations volcaniques. Le tonnerre souterrain entendu Ă  de si grandes distances sous le VĂ©suve, la dĂ©pendance mutuelle des phĂ©nomĂšnes que prĂ©sentent cette montagne et la solfatare de Pouzzoles, dĂ©pendance qui est telle , que lorsque la premiĂšre est en activitĂ©, l’autre est dans un repos parlait, et vice versa, dĂ©pendance enfin qui ne peut avoir lieu qu’à l’aide d’une communication souterraine, sont autant de dĂ©monstrations de l’existence de remplies de substances aĂ©riformes. Quant Ă  la communication des eaux de la mer avec le foyer des volcans, elle est Ă©tablie par cette circonstance que presque tous les grands volcans du monde sont peu Ă©loignĂ©s de la mer, et que lorsque le contraire a lieu, comme on le remarque dans l’AmĂ©rique mĂ©ridionale , de grands lacs souterrains se rendent dans leurs abĂźmes , puisque , d’aprĂšs AI. de Humboldt, quelques-uns de ces volcans rejettent des poissons au moment de leurs Ă©ruptions. Telles sont en rĂ©sumĂ© les idĂ©es de sir II. Davy sur un sujet qui a donnĂ© dĂ©jĂ  lieu Ă  tant de controverses. Nous nous permettrons d’examiner si ces idĂ©es sont elles-mĂȘmes Ă  l’abri de toute objection, si cette thĂ©orie, en un mot, est en rapport avec les faits observĂ©s jusqu’ici dans ces grandes catastrophes pĂ©riodiques. Tt d’abord, est-il bien dĂ©montrĂ© que la mer communique avec les foyers volcaniques ? De tout tems les naturalistes ont attachĂ© une grande importance Ă  cette situation des volcans prĂšs de la mer ou dans les Ăźles. Il est difficile de donner une raison bien satisfaisante de ce fait, et il l’est encore plus de se rendre compte de la maniĂšre dont cette communication peut avoir lieu. Tout atteste que les filtrations de la mer avancent fort peu dans- l’intĂ©rieur des terres, et en gĂ©nĂ©ral, tout ce qu’on a dit Ă  cet Ă©gard est exagĂ©rĂ©. S’il Ă©tait vrai, d’ailleurs, que cette communication des eaux de la mer avec les volcans fĂ»t une des causes de leurs Ă©ruptions, comment expliquer le repos actuel de certains d’entre eux, quoique toujours placĂ©s dans les mĂȘmes circonstances. Les Ăźles d’ischia, de Ponce, de Procida, sont toujours entourĂ©es de la mer ; les bases des cratĂšres d’Averne, de Gauro, d’Astroni, etc., sont encore baignĂ©es par elle, et cependant tous ces lieux ne donnent aujourd’hui aucun signe d’action. Dira-t-on que les canaux souterrains par lesquels les eaux s’introduisent dans les abĂźmes volcaniques sont fermĂ©s actuellement , ou que les masses de mĂ©taux alcalins et terreux qui existaient sous ces localitĂ©s diffĂ©rentes sont Ă©puisĂ©es? Il serait plus que dilficile de concevoir de telles raisons. D’ailleurs , un grand nombre de volcans sont situĂ©s dans l’intĂ©rieur des continens ; nous citerons, par exemple, ceux de la chaĂźne des Andes de Quito, le Sanguay, le Pichincha, le Cotopaxi, etc . Quels moyens de communication peut-on supposer Ă  des distances de plus de 4° lieues ? Il est vrai qu’on supplĂ©e aux eaux de la mer par de grands lacs souterrains dont l’existence est attestĂ©e par d’immenses Ă©ruptions boueuses, de grandes inondations, et surtout par ces prennadillas pimelodes cyclopum, qui sont rejetĂ©s quelquefois en quantitĂ© innombrable. Mais bien des circonstances Ă©tablissent que ces lacs n’ont aucune communication avec le foyer mĂȘme des Ă©ruptions. Beaucoup de ces poissons sont encore vivans au moment de. leur apparition Ă  l’air presque tous d’ailleurs sont dans un tel Ă©tat d’intĂ©gritĂ©, malgrĂ© la grande mollesse de leur chair, qu’on ne peut admettre qu’ils aient Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  l’action de la chaleur. Les eaux rejetĂ©es avec eux sont ordinairement froides. — 9 — Il est facile d’expliquer ces faits surprenans, dont nous devons la premiĂšre connaissance Ă  M. deHumboldt. Pendant l’intervalle qui sĂ©pare chaque Ă©ruption et cet intervalle est souvent de plus d’un siĂšcle, le cratĂšre de ces volcans se ferme de maniĂšre que le fond offre bientĂŽt une vĂ©ritable plaine , comme cela se prĂ©sente ordinairement au VĂ©suve et sur presque tous les volcans plus rapprochĂ©s de nos observations. Cette plaine se convertit peu de tems aprĂšs en un lac, et cela d’autant plus facilement, que loin d’ĂȘtre , comme nos volcans d’Europe , de petites monta— guĂ©s isolĂ©es , ces volcans forment une chaĂźne non interrompue , de sorte que non seulement les eaux pluviales peuvent se rassembler dans la profonde cavitĂ© des cratĂšres restee froide , mais encore que les autres provenant de rĂ©ceptacles Ă©loignĂ©s peuvent y arriver par des canaux souterrains. Les poissons qui se trouvent dans ces rĂ©ceptacles suivent les eaux dans ce nouveau lac et s’y multiplient. Lorsque ces volcans s’enflamment ou qu’il se manifeste quelque mouvement intestin dans leurs entrailles, le premier effet qui en rĂ©sulte nĂ©cessairement c’est la rupture, le soulĂšvement de la voĂ»te qui ferme le cratĂšre, et la projection au loin de toutes les matiĂšres qui forment cette voĂ»te ; la premiĂšre de toutes qui est alors vomie par le volcan est l’eau du lac, placĂ© immĂ©diatement au-dessus du lieu d’oĂč part l’éruption. Il reste donc bien probable que cette communication de la mer ou des lacs souterrains avec le foyer des volcans est tout—a—fait chimĂ©rique . Au reste, en l’admettant, il serait tout aussi difficile d’expliquer certains faits dans la discussion desquels nous allons entrer. Une des consĂ©quences les plus importantes de l’action de l’eau sur les mĂ©taux alcalins et terreux serait la production d’une Ă©norme quantitĂ© d’hydrogĂšne et, par suite de la combustion de ce gaz au contact de l’air, le dĂ©gagement par le cratĂšre des volcans d’une masse prodigieuse de vapeurs aqueuses. On remarque, en effet, dans toutes les Ă©ruptions, d’abondantes vapeurs d’eau. Mais on conçoit difficilement que tout l’hydrogĂšne rendu — 10 — libre soit brĂ»lĂ©, car quelque grandes qu’on suppose les cavitĂ©s souterraines que sir H. Davy admet sous les montagnes ignivomes , il est plus que probable qu’il ne s’y trouve pas une quantitĂ© d’air assez considĂ©rable pour operer la combustion du volume Ă©norme d’hydrogĂšne qui a dĂ» se dĂ©gager. D’ailleurs , il est impossible, en supposant que les deux gaz soient dans les proportions convenables , qu’une partie de l’hydrogĂšne n’échappe Ă  l’inflammation , entraĂźnĂ©e par les vapeurs aqueuses, les gaz acides et les sublimations salines qui ont lieu dans le mĂȘme moment. D’aprĂšs cela, on devrait trouver parmi les produits aĂ©riformes qui sortent des cratĂšres une quantitĂ© d’hydrogĂšne assez forte , eu Ă©gard aux masses produites. Or, les observations prouvent que le dĂ©gagement de ce gaz est trĂšs-rare dans les Ă©ruptions. On pourrait supposer alors que ce gaz, au moment oĂč il va sortir des abĂźmes volcaniques, se combine avec quelque autre corps combustible. De tous les composĂ©s hydrogĂ©nĂ©s que nous connaissons , on ne remarque dans les lieux volcaniques que des sels ammoniacaux, quelquefois de l’hydrogĂšne sulfurĂ© et toujours de l’acide hydro— chlorique. Les sels ammoniacaux dont la base proviendrait de la combinaison de l’hydrogĂšne avec l’azote de l’air dĂ©composĂ©, et l’hydrogĂšne sulfurĂ© sont en trop petite quantitĂ© pour qu’on puisse calculer sur une grande absorption d’hydrogĂšne par ces composĂ©s. Ce serait donc avec le chlore que la presque totalitĂ© de l’hydrogĂšne s’unirait ; mais alors on serait forcĂ© d’admettre que les mĂ©taux sont en partie Ă  l’état de chlorures dans l’intĂ©rieur de la terre , comme d’ailleurs quelques chimistes l’ont avancĂ©. D’abord , dans cette supposition, la quantitĂ© d’acide hydrochlorique produit devrait ĂȘtre considĂ©rable. Il n’en est pas ainsi cependant. Tous les naturalistes qui ont observĂ© les phĂ©nomĂšnes volcaniques sur place ont bien reconnu qu’au moment des Ă©ruptions il y avait production de cet acide, mais aucun d’eux n’a avancĂ© que ce fĂ»t dans des proportions extraordinaires. En outre, les chlo- _ 11 — rures mĂ©talliques des deux premiĂšres sections, mis en contact avec l’eau Ă  une tempĂ©rature Ă©levĂ©e, s’y unissent avec force , ma s ne la dĂ©composent pas il n’y a que le chlorure de fer qui PrĂ©sente ce fait ; en sorte que d’aprĂšs cela il n’y aurait, de tous tas oxides qu’on trouve dans les laves, que le fer qui pĂ»t ĂȘtre primitivement Ă  l’état de chlorure. On trouve dans les environs des bouches enflammĂ©es un assez grand nombre de chlorures mĂ©talliques ces composĂ©s, bien loin de prĂ©exister aux Ă©ruptions , se forment au contraire sous nos yeux par la reaction de 1 acide hydrochlorique libre sur les roches volcaniques. Il est vrai que M. Davy a reconnu, comme nous l’avons dit plus haut, que les fumĂ©es blanches que dĂ©gagent les laves en fusion sont composĂ©es en grande partie de chlorure de sodium et d’un peu de chlorures de potassium et de fer ; mais la quantitĂ© de ces chlorures est si faible par rapport Ă  la masse des matiĂšres rejetĂ©es , qu’on ne peut supposer qu’ils existent en proportions bien considĂ©rables dans l’intĂ©rieur des volcans ; d’ailleurs ils devraient former la plus grande partie de la matiĂšre lavique, oĂč l’on n’en rencontre que des traces. De cette discussion, il rĂ©sulte qu’il est loin d’ĂȘtre dĂ©montrĂ© rigoureusement que l’eau joue dans les rĂ©actions volcaniques le rĂŽle que sir H. Davy lui attribue. Une autre consĂ©quence de la thĂ©orie du chimiste anglais , c’est que les parties intĂ©rieures du globe auraient une pesanteur spĂ©cifique trĂšs-faible, puisqu’on sait, en effet, que les mĂ©taux terreux et alcalins sont gĂ©nĂ©ralement plus lĂ©gers que l’eau. Or, cette grande lĂ©gĂšretĂ© est contraire Ă  toutes les opinions et a toutes les expĂ©riences des physiciens, qui s’accordent gĂ©nĂ©ralement Ă  attribuer aux roches internes de notre planĂšte une densitĂ© supĂ©rieure Ă  celle des terres et des roches qui composent sa superficie. On peut Ă©tablir, d’aprĂšs les calculs de Clairaut, Boscowich, de Laplace, Maskeline et les expĂ©riences de Caven— dish, en prenant un terme moyen, que la densite du noyau interne de la terre , comparĂ©e Ă  celle de l’eau, est dans le rapport — 12 — de 5 Ă  l ; par consĂ©quent ou ne peut admettre que ce noyau soit formĂ© par des substances dont la pesanteur spĂ©cifique est infĂ©rieure Ă  celle de l’eau. D’aprĂšs tous ces faits, tous ces raisonnemens dont nous pourrions encore augmenter la liste, il nous paraĂźt Ă©vident que la thĂ©orie ingĂ©nieuse de sir H. Davy est insuffisante pour l’explication de ces phĂ©nomĂšnes naturels dont la grandeur et la pĂ©riodicitĂ© ont quelque chose de si surprenant. Les travaux rĂ©cens des gĂ©ologues les plus cĂ©lĂšbres tendent Ă  prouver que les phĂ©nomĂšnes volcaniques se rattachent immĂ©diatement Ă  l’état de fusion et d’incandescence du noyau interne du globe ; aussi leur explication n’offre-t-elle plus de grandes difficultĂ©s. L’hypothĂšse de la chaleur centrale, contestĂ©e d’abord si vivement par le plus grand nombre des naturalistes, repose maintenant sur un si grand nombre de faits avĂ©rĂ©s , recueillis par des hommes d’opinions si diffĂ©rentes, dans des contrĂ©es si Ă©loignĂ©es les unes des autres et dans des circonstances si variĂ©es , qu’il est bien difficile de la combattre aujourd’hui avec succĂšs '. Tel est presque toujours le sort des grandes vĂ©ritĂ©s, tant morales que naturelles aprĂšs avoir provoquĂ© les dĂ©dains , souvent les sarcasmes et les persĂ©cutions de l’esprit de parti caries sciences , malheureusement, n’en sont pas Ă  l’abri, elles finissent constamment, mais au bout d’un tems plus ou moins long, par triompher mĂȘme des plus exagĂ©rĂ©s, et souvent, tel qui s’est montrĂ© le plus difficile Ă  convaincre , devient un des plus ardens enthousiastes de ce que naguĂšre il repoussait avec tant d’opiniĂątretĂ©. 4 Sir H. Davy , Ă  la fin de on mĂ©moire, avoue lui-mĂȘme que cette hypothĂšse a pour elle de grandes probabilitĂ©s. EXTRAIT D’UN MÉMOIRE DE MM. IIENRY FILS ET PLISSON, SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ POUR EXTRAIRE LA MORPHINE DE L'OPIUM, SANS L’EMPLOI DE L’LACOOL . Dans le teins mĂȘme oĂč nous nous occupions du mode d’extraction qui a fait le sujet de cette lecture, M. Girardin, Ă©lĂšve interne de la pharmacie centrale, et dĂ©jĂ  connu par plusieur g ouvrages fort estimĂ©s, s’occupait Ă©galement de recherches semblables aux nĂŽtres. Yoici le procĂ©dĂ© qu’il propose pour extraire la morphine, procĂ©dĂ© qu’il annonce lui- avoir fourni des produits plus abondans que les moyens suivis jusqu’à ce jour. » On Ă©puise l’opium du commerce Ă  l’aide de 1 eau pure, et, ' Journal de Pharmacie et del Sciences accessoires, t. 14, p. *4G , annĂ©e 1SJS. — 14 — aprĂšs avoir concentrĂ© convenablement les liqueurs, on les prĂ©cipite par un lĂ©ger excĂšs d’ammoniaque liquide. Le prĂ©cipitĂ© sĂ©chĂ© est lavĂ© au moyen d’un peu d’alcool faible, puis traitĂ© par l’acide sulfurique jusqu’à ce que tout soit dissous. On fdtre, on dĂ©compose par l’ammoniaque, et l’on traite par l’éther sulfurique le prĂ©cipitĂ© sĂ©chĂ© prĂ©alablement. Dissous alors dans l’alcool, il donne de la morphine pure, et avec les acides des sels bien cristallisĂ©s. » Ce procĂ©dĂ©, comme on peut le voir, a quelque rapport avec le nĂŽtre, et plus encore avec ceux de MM. Sertuerner et Hottot. En rĂ©pĂ©tant le procĂ©dĂ© indiquĂ© par ce dernier auteur, M. Girar- din, persuadĂ© que le caoutchouc, prĂ©cipitĂ© en premier lieu par une petite quantitĂ© d’ammoniaque , devait retenir une certaine proportion de morphine, analysa ce prĂ©tendu caoutchouc, elle trouva composĂ©, sur i oo parties , de narcotine , 4 parties ; morphine, 10 ; matiĂšre rĂ©sineuse et matiĂšre colorante, 86 parties. On perd donc une assez grande proportion de morphine, en suivant le procĂ©dĂ© de M. llottot. » La matiĂšre rĂ©sineuse poisseuse que l’ammoniaque prĂ©cipite est Ă  peine soluble dans les acides faibles. Cette propriĂ©tĂ© a Ă©tĂ© mise Ă  profit par M. Girardin, et par son procĂ©dĂ© on obtient nĂ©cessairement toute la morphine entraĂźnĂ©e par la rĂ©sine que M. llottot rejette comme inutile. Or, comme le procĂ©dĂ© de M. llottot est, de tous ceux suivis jusqu’à prĂ©sent, celui qui fournit le plus de morphine, on conçoit facilement la supĂ©rioritĂ© de celui indique par M. Girardin. n 9&©S3© &S> ISOTE lĂ»t LE FERROCYANURE ROUGE de potassium *. M. Bcrzelius, dans son ouvrage intitulĂ© de l’Analyse des corps inorganiques, indique au nombre des reactifs qu on doit employer dans l’examen des eaux minĂ©rales, un sel dont il n’a pas encore Ă©tĂ© fait mention en France, le fcrrocyanure rouge de potassium. Le traducteur de l’ouvrage que je viens de citer donne, dans une note, quelques renseignemens sur ce nouveau produit, et nous apprend que c’est Ă  M. GmĂ©lin qu’on en doit la decouverte. Il a pour caractĂšre principal d’indiquer les sels de fer proloxidĂ© , les prĂ©cipitant en vert ou en bleu, suivant leur proportion dans une liqueur; de ne pas prĂ©cipiter, au contraire, les sels de fer peroxidĂ©, et d’ĂȘtre enfin beaucoup plus sensible que le ferrocya- nure de potassium jaune; il forme, en outre, avec plusieurs dissolutions mĂ©talliques, des prĂ©cipitĂ©s tout-Ă -fait diffĂ©rons, pour la couleur, Je ceux obtenus par le moyen du prussiate ordinaire. M. Henry, dĂ©sirant vĂ©rifier des faits aussi curieux, me chargea * Luc Ă  l'AcadĂ©mie royale de mĂ©decine, section 14, p» S 0 j 1 annĂ©e 1828 . Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires* — 16 — de prĂ©parer ce sel en assez grande quantitĂ© pour qu’on pĂ»t en faire usage dĂ©sormais dansles laboratoires delĂ  pharmacie centrale. J’ai donc agi sur 25 o grammes de matiĂšre, et j’ai suivi le procĂ©dĂ© donnĂ© par M. Gmelin. Ce procĂ©dĂ© consiste Ă  faire passer dans une dissolution de prussiate ferrugineux de potasse un courant de chlore, jusqu’à ce que la liqueur ne prĂ©cipite plus les sels de fer peroxidĂ©, Ă  la filtrer, puis Ă  l’abandonner Ă  elle-mĂȘme dans un vase Ă  parois Ă©levĂ©es. On doit obtenir, par cette Ă©vaporation lente , des aiguilles d’une couleur jaune rougeĂątre et d’un Ă©clat mĂ©tallique ; en dissolvant ces cristaux, et abandonnant de nouveau la liqueur Ă  elle—mĂȘme, il doit se dĂ©poser des cristaux transparens, souvent assez volumineux, d’une forme compliquĂ©e et d’une couleur rubis. Suivant le traducteur deM. Berzelius , il ne faut pas beaucoup de chlore pour arriver au point que la dissolution de ferrocyanure de potassium ordinaire ne prĂ©cipite plus les sels de fer au maximum, et il assure qu’on voit trĂšs-bien Ă  la lueur d’une chandelle quand l’opĂ©ration est terminĂ©e , parce que la liqueur, qui paraĂźt d’abord verdĂątre , devient rouge. En exĂ©cutant le procĂ©dĂ© que je viens d’indiquer, j’ai reconnu que l’opĂ©ration Ă©tait beaucoup plus longue que le traducteur anonyme ne l’indique , puisqu’en agissant sur 25 o grammes de sel, j’ai Ă©tĂ© obligĂ© de soutenir pendant plus de deux heures le courant de chlore ; ensuite, s’il est bien vrai que la dissolution, de jaunĂątre qu’elle est, passe au rouge . il n’est pas aussi facile qu’il le dit de s’assurer qu’elle a acquis cette couleur, car elle prend une teinte si foncĂ©e, qu’elle paraĂźt noire, et qu’il est presque impossible , mĂȘme en en plaçant une trĂšs- petite quantitĂ© entre l’Ɠil et la lumiĂšre, de saisir au juste la nuance qu’elle a rĂ©ellement. Le meilleur indice que l’opĂ©ration est terminĂ©e , c’est lorsque la solution ne prĂ©cipite plus les sels de fer au maximum. En effet, pour peu qu’il reste mĂȘlĂ© avec le ferrocya— nure rouge un peu de ferrocyanure jaune, la liqueur forme un prĂ©cipitĂ© bleu avec les sels de peroxide de fer. — 17 — L’évaporation spontanĂ©e de la liqueur ne donne des cristaux qu’au bout de plusieurs mois ; il est donc prĂ©fĂ©rable d’évaporer a Ulle douce chaleur jusqu’à rĂ©duction des deux tiers, et d’abandonner ensuite au repos dans un lieu lĂ©gĂšrement chauffĂ©. On voit bientĂŽt le sel grimper sur les parois du vase et former des plaques noirĂątres, couvertes en tous sens de petites aiguilles jaunes disposĂ©es en rosaces. Par une seconde cristallisation, on obtient des aiguilles trĂšs-dĂ©liĂ©es , groupĂ©es en houppes ; les unes assez grandes, les autres si petites et si serrĂ©es que l’ensemble reprĂ©sente assez bien ces petites masses de bryum qui tapissent certaines pierres. Les aiguilles sont d’une couleur rouge de rubis, transparentes, offrant un Ă©clat trĂšs-vif ; regardĂ©es surtout sous un certain angle de rĂ©flexion , elles prĂ©sentent Ă  l’oeil le plus bel effet , et qu’une description ne pourrait rendre ; elles m’ont paru ĂȘtre des octaĂšdres trĂšs-alongĂ©s. Je n’ai pu obtenir, par plusieurs cristallisations , de ces gros cristaux dont parle le traducteur dĂš Y Analyse inorganique. Ce joli sel, dans lequel, suivant M. Berzelius, le fer renferme une fois et demie autant de cyanogĂšne que le ferrocyanure de potassium ordinaire , se dissout, comme je m’en suis assurĂ© , dans deux fois son poids d’eau froide, et dans moins de son poids d’eau bouillante. Il est dit, dans la note dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ© , que l’eau froide n’en dissout qu’un trente-huitiĂšme. L’alcool Ă  33° ne le dissout pas sensiblement ; aussi l’acool absolu le prĂ©cipite-t-il de sa dissolution aqueuse , sous forme de poudre jaunĂątre. Sa saveur est lĂ©gĂšrement savonneuse ; il est sans action sur le tournesol ; mais il verdit lĂ©gĂšrement le sirop de violettes. Sa dissolution concentrĂ©e, vue eu masse, est presque noire, tant sa couleur est foncĂ©e ; mais en la mettant dans un tube trĂšs-mince et Ă©troit, et regardant Ă  travers , elle paraĂźt transparente et d un rouge verdĂątre. IJne trĂšs-petite quantitĂ© colore en vert une assez grande proportion d’eau. J’ai voulu m’assurer de la sensibilitĂ© de ce rĂ©actif pour les sels — 18 — de fer, comparĂ© Ă  celle du ferrocyanure jaune, qui, jusqu’à ce jour, passait pour ĂȘtre le plus certain dans ce cas. J’ai reconnu que le papier imprĂ©gnĂ© de ferrocyanure rouge et sĂ©chĂ© dĂ©cĂšle, d’une maniĂšre trĂšs-sensible, en produisant une teinte verte dans la liqueur, i grain de protosulfate de fer dissous dans 5 kilogrammes d’eau distillĂ©e, tandis que le ferrocyanure jaune n’indique la mĂȘme quantitĂ© de fer que dans i kilogramme d’eau. Le premier fait donc reconnaĂźtre trĂšs-aisĂ©ment de fer proto- xidĂ© , tandis que le second n’en dĂ©montre que , 8 ^ 0O . En outre celui-ci forme les mĂȘmes rĂ©actions avec le peroxide de fer, tandis .que l’autre n’en forme aucun avec ce dernier corps. Le ferrocyanure rouge de potassium est donc un des rĂ©actifs les plus prĂ©cieux, et les chimistes en apprĂ©cieront surtout l’excellence dans l’analyse des substances minĂ©rales , des pierres , etc., puisqu’ils pourront, par son moyen , s’assurer de suite Ă  quel Ă©tat d’oxidation se trouve le fer quelles peuvent contenir ; on sait, en effet, que rien n’est plus difficile , dans ce genre d’analyse, que de dĂ©terminer rigoureusement ce point important, et que jamais on n’est certain de ne pas commettre d’erreur , en fĂ©partissant, Ă  l’aide de calculs, l’oxigĂšne sur les diffĂ©rens Ă©lĂ©mens du minĂ©ral. Si la chimie possĂ©dait beaucoup de rĂ©actifs aussi sensibles que le ferrocyanure rouge de potassium et l ’acide carbazotique, proposĂ© par M. Liebig pour reconnaĂźtre les sels de potasse, ses progrĂšs seraient encore bien plus rapides, et les rĂ©sultats acquerraient une certitude pour ainsi dire mathĂ©matique. Le teins ne m’a pas encore permis de faire une Ă©tude plus approfondie du sel dont je viens de vous entretenir; mais dĂšs que j’aurai obtenu des rĂ©sultats intĂ©ressans, j’aurai l’honneur d’en faire part Ă  la section. ANALYSE DU DOMITE LÉGER DU PUY-DE-DÔME >. Le nom de domite a Ă©tĂ© donnĂ©, comme on sait, par M. LĂ©opold De Buch, au trachyte terreux, qui forme toute la partie du Puy-de-DĂŽme qui est Ă  dĂ©couvert, et qui se retrouve, non seulement sur quelques autres puys de l’Auvergne, mais encore dans diverses localitĂ©s de l’Europe , comme Ă  Raubschlossel, prĂšs de Weinheim, dans le Bergstrass, aux Ăźles Ponces, etc. Les caractĂšres de cette roche sont assez connus pour que je me dispense de les reproduire ici il n’en est pas de mĂȘme de sa composition chimique. En effet, Ă  l’exception d’une analyse, publiĂ©e par , du domite du grandSarcoujr, dont les caractĂšres s’éloignent de ceux du domite des autres puys felspathiques de l’Auvergne et n’est un fait remarquable que cette roche diffĂšre dans chacun de ses gisemens; analyse qui, par consĂ©quent, ne P eut Pas s’appliquer aux diverses variĂ©tĂ©s de domite, rien n a ete entrepris pour constater la nature des principes constituans de celles-ci. Un travail de ce genre cependant ne serait peut-etre pas 1 ^Kra m .i aamiinj4malesd , jiulll!vr „,atH^'Lra>ll, t. l,p. 417, et par *trait dans \r. Journal de Pharmacie, X. * tv , p. 601 , annĂ©e 1828 J et dans le Bulletin des Sctrnees naturelles et de GĂ©ologie DoFcmssac , t. iv, p. St , n r ' Sh, annĂ©e 162$. sans utilitĂ© pour la gĂ©ognosie ; car, Ă  l’aide des rĂ©sultats auxquels il conduirait, on pourrait sans doute arriver Ă  la connaissance des agens qui ont agi sur cette roche pendant et aprĂšs sa formation , et qui lui ont fait prendre l’aspect et les propriĂ©tĂ©s qu’elle prĂ©sente actuellement. C’est par suite de ces idĂ©es, et Ă  la sollicitation de mon ami M. Lecoq, professeur d’histoire naturelle Ă  Clermont-Ferrand, que je me suis livrĂ© Ă  des recherches analytiques sur le domite. Mon intention est de soumettre Ă  l’examen les principales variĂ©tĂ©s minĂ©ralogiques et gĂ©ognostiques de cette roche pour le moment, je me borne Ă  faire connaĂźtre les rĂ©sultats que j’ai obtenus avec le domite blanchĂątre et lĂ©ger du Puy- de-DĂŽme . Ce domite a une couleur blanc sale , tirant sur le jaunĂątre ; des taches rougeĂątres , assez rares, se font remarquer Ă  sa surface ; sa texture est grenue ; sa cassure terreuse ; son odeur et sa saveur nulles. L’échantillon sur lequel j’ai opĂ©rĂ© Ă©tait homogĂšne dans toutes ses parties ; sa pĂąte n’était entremĂȘlĂ©e d’aucune des substances qui s’y montrent ordinairement comme principes accessoires et accidentels. On pouvait donc le regarder comme pur, dans l’acception qu’on doit donner Ă  ce mot, relativement aux roches adĂ©logĂšnes. AprĂšs m’ĂȘtre assurĂ©, par une analyse qualitative, de la composition chimique de cette roche, j’ai procĂ©dĂ© Ă  la recherche des proportions dans lesquelles se trouvent les diffĂ©rentes substances qui y sont reunies. Je ne donnerai pas les dĂ©tails de l’analyse approximative ; je me bornerai Ă  citer les principes constitutifs de cette pierre ; ce sont La silice. L’alumine. La chaux. La magnĂ©sie. L’oxide de fer. L’oxide de manganĂšse. La potasse. Une matiĂšre organique. Pour constater la prĂ©sence de la matiĂšre organique qui se trouve dans le domite, j’ai Ă©tĂ© obligĂ©, vu sa faible proportion, — 21 — d’avoir recours Ă  un agent qui, pour l’ordinaire, n’est employĂ©- que dans l’analyse vĂ©gĂ©tale. J’ai traitĂ© le domite pulvĂ©risĂ© , par d e l alcool Ă  36 degrĂ©s, Ă  plusieurs reprises. Ce liquide, aprĂšs Vln gt-q ua tre heures d’action, ne paraissait nullement colorĂ©. Par 1 e vaporation , cependant, il a pris une couleur fauve, et a laisse un rĂ©sidu exlractiforme , d’un jaune brun, ayant une saveur lĂ©gĂšrement amĂšre , et dĂ©gageant, par son contact avec la potasse caustique, une odeur d’ammoniaque trĂšs-prononcĂ©e. Ce rĂ©sidu, d ailleurs, Ă©tait en trĂšs-petite quantitĂ©. L absence d’odeur et de saveur dans ce domite, m’indiquait dĂ©jĂ  qu’il ne renfermait pas, comme celui de Sarcouy , de 1 acide hydrochlorique engagĂ© entre ses interstices ; j’ai voulu neanmoins m’en assurer d’une maniĂšre plus positive ; pour cela , j’en ai calcinĂ© une certaine quantitĂ© dans un petit tube de verre , disposĂ© de maniĂšre Ă  ce qu’on puisse recueillir les matiĂšres volatiles ; il ne s’est dĂ©gagĂ© ni gaz ni liquide acide ; la poudre a pris seulement une lĂ©gĂšre teinte rosĂątre. De l’eau distillĂ©e , mise Ă  bouillir sur cette substance pendant quelques minutes, n’avait acquis aucune saveur ; elle Ă©tait sans action sur les couleurs vĂ©gĂ©tales , et ne prĂ©cipitait par aucun rĂ©actif. Ces simples essais ont suffi pour me prouver l’absence complĂšte d’acide hydrochlorique libre dans le domite du Puy-de-DĂŽme. CalcinĂ© pendant une heure environ, il ne perd pas sensibles ment de son poids. Analyse quantimiioe. Dans une premiĂšre opĂ©ration, j’ai cherche le poids ^ terreux et mĂ©talliques, et dans une seconde, c ^ . Cette mĂ©thode , quoiqu’un peu plus ^ ; Qn egt blen celle qui consiste Ă  ne faire qu une seule op plus certain des rĂ©sultats obtenus. 1. Recherche des oxides terreux et mĂ©talliques. J’ai pris cinq 22 — grammes de domite pulvĂ©risĂ© et sĂ©chĂ© Ă  la tempĂ©rature de ioo degrĂ©s , jusqu’à ce qu’il ne perdĂźt plus rien de son poids ; je les ai calcinĂ©s dans un creuset d’argent, avec trente grammes de potasse caustique pure. La matiĂšre fondue a Ă©tĂ© traitĂ©e par l’acide hydrochlorique pur, en faisant usage de tous les soins convenables en pareil cas elle s’y est dissoute en totalitĂ©. La dissolution acide a Ă©tĂ© Ă©vaporĂ©e jusqu’à siccitĂ© sur un feu doux , et dans la crainte que la chaleur n’ait Ă©tĂ© portĂ©e trop loin, et de maniĂšre Ă  dĂ©composer en partie les hydrochlorates terreux, j’ai arrosĂ© la masse dessĂ©chĂ©e avec un peu d’acide hydrochlorique ; puis, aprĂšs quelque tems de contact, j’ai traitĂ© par une grande quantitĂ© d’eau distillĂ©e, qui a Ă©tĂ© renouvelĂ©e jusqu’à ce que la portion insoluble ne parĂ»t plus diminuer sensiblement. Celle-ci, placĂ©e alors sur un filtre de papier Joseph, a d’abord Ă©tĂ© lavĂ©e avec de l’eau distillĂ©e, ensuite avec de l’eau ammoniacale, pour en sĂ©parer le chlorure d’argent qui s’y trouvait par suite de la calcination dans un creuset d’argent, puis avec de l’eau distillĂ©e , jusqu’à ce que celle-ci en sortĂźt insipide, et fĂ»t sans action sur les papiers reactifs. Le filtre fut alors mis Ă  sĂ©cher, puis calcinĂ© dans un creuset d’argent pendant plusieurs heures. Le rĂ©sidu Ă©tait blanc, lĂ©ger, insipide, insoluble dans les acides ; c’était de la silice son poids , dĂ©duction faite des cendres fournies par le filtre dont la quantitĂ© m’était connue d’avance par une expĂ©rience faite sur un filtre tirĂ© de la mĂȘme feuille de papier, Ă©quivaut Ă  2 grammes 55o. Les eaux de lavage de la silice, Ă©tant rĂ©unies Ă  la solution saline , contenant tous les hydrochlorates, j’y ai versĂ© du sous- carbonate de potasse en dissolution jusqu’à cessation de prĂ©cipitĂ©, et jusqu’à ce que l’hydrogĂšne sulfurĂ© ne produisĂźt plus rien dans la liqueur. Le prĂ©cipite, sĂ©parĂ© de la liqueur surnageante, lavĂ© , puis sĂ©chĂ©, a Ă©tĂ© mis Ă  bouillir avec de la potasse caustique pendant l’espace de i5 Ă  20 minutes, pour en sĂ©parer l’alumine. Au bout de ce tems, j’ai filtrĂ©, lavĂ© le rĂ©sidu insoluble , puis saturĂ© — 23 exactement la liqueur alcaline avec l’aeide hydroclilorique. L’alumine s’est bientĂŽt dĂ©posĂ©e sous forme de poudre blanche, qui, re çue sur un fdtre, lavĂ©e et calcinĂ©e, pesait i gramme 20. Le prĂ©cipitĂ© duquel l’alumine avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e , contenait la c haux, la magnĂ©sie, les oxides de fer et de manganĂšse. J’ai commencĂ© par le calciner ; puis, pour en isoler les deux premiers oxides, je l’ai traitĂ© par l’acide acĂ©tique, qui les a dissous sans toucher au fer ni au manganĂšse. Ceux-ci ont Ă©tĂ© lavĂ©s avec soin , et les eaux de lavage rĂ©unies Ă  la dissolution acide. J’ai Ă©vaporĂ© celle-ci Ă  siccitĂ© , puis j’ai transformĂ© les acĂ©tates en sulfates , en les mettant digĂ©rer, Ă  une douce chaleur, avec un lĂ©ger excĂšs d’acide sulfurique. Pour avoir ces sulfates de chaux et de magnĂ©sie Ă  l’état neutre , je les ai calcinĂ©s lĂ©gĂšrement dans un creuset de platine avec une trĂšs-petite quantitĂ© de carbonate d’ammoniaque leur poids Ă©tait de 1 gramme 4° ‱ Afin d’isoler ces deux sels l’un de l’autre, j’ai suivi le procĂ©dĂ© indique par M. R. Phillips , c’est-Ă -dire que j’ai lessivĂ© la masse saline avec une dissolution saturĂ©e de sulfate de chaux, qui a dissous le sulfate de niagnesie, sans toucher au sulfate de chaux. Celui-ci , convenablement dessĂ©chĂ©, pesait o gramme 25, qui, retranchĂ©s de 1 gramme 40 , poids des deux sulfates , laissaient 1 gramme 15 pour le sulfate de magnĂ©sie enlevĂ© par la dissolution de sulfate de chaux. Ces 0,25 de sulfate de chaux reprĂ©sentent 0,1 o3 de chaux caustique, puisque ce sel est formĂ©, sur 100 parties, de 58 ,d’acide, et de 4i,53 de base. Les i,i 5 de sulfate de magnĂ©sie reprĂ©sentent o,3gi de magnĂ©sie pure, 100 parties de ce sel contenant 65,98 d’acide, et 34,02 de base. Pour sĂ©parer le fer du manganĂšse, j’avais Ă  choisir entre beaucoup de procĂ©dĂ©s je me suis arrĂȘtĂ© Ă  celui que M. Quesne- v ille fils a proposĂ© dans ces derniers tems, et qui a reçu 1 approbation de M. Yauquelin. AprĂšs avoir dissous le mĂ©lange des deux oxides dans de l’acide hydroclilorique pur, et avoir rendu la dissolution aussi neutre que possible, Ă  l’aide de l’ammoniaque, — 24 — j’y versai un excĂšs d’arseniate de potasse, qui occasionna aussitĂŽt la formation d’un prĂ©cipitĂ© jaunĂątre. Ce prĂ©cipitĂ© fut lavĂ© sur un fdtre, puis dessĂ©chĂ© Ă  une tempĂ©rature de roo degrĂ©s centigrades; il pesait, dans cet Ă©tat, i,34- La liqueur contenant l’ar- seniate de manganĂšse fut traitĂ©e par la potasse caustique, qui en sĂ©para l’oxide de manganĂšse, lequel, lavĂ© et sĂ©chĂ©, pesait o,o32. M. Qucsneville prescrit de calciner l’arseniate de fer, et de compter le rĂ©sidu comme peroxide de fer. Je me suis assurĂ© que, par une calcination mĂȘme trĂšs-prolongĂ©e, l’arseniate de fer n’est pas transformĂ© en totalitĂ© en peroxide. J’ai calcinĂ©, par exemple, ioo parties de ce sel ; elles ont perdu 27 , 5 . La thĂ©orie indiquait 68,84, puisque ces 100 parties sont formĂ©es de 68,84 d’acide et de 3i,l6 de base Tables de Berzelius . Cette partie du procĂ©dĂ© de M. Quesneville est donc fautive. J’ai calculĂ© le peroxide de fer, d’aprĂšs le poids de l’arseniate obtenu. Or, d’aprĂšs la composition citĂ©e plus haut, les 1 ,34 d’arseniate que j’ai obtenus reprĂ©sentent 0 , 417 ,544 £»£} ;ÂŁ>{ÂŁ} g 3 ÂŁ $ÂŁÂŁ S ÂŁS} 3>ÂŁ>S} et qui ; comme on l’a trop malheureusement observĂ© dans Quelques hĂŽpitaux de Paris , les conduit presque toujours dans la tombe. Enfin, il est probable que, par la propagation de ces ingĂ©nieuses machines, nous verrions encore cesser chez les artisans dont nous parlons ces maladies si graves connues sous le nom d anĂ©vrismes du cƓur, qui en font pĂ©rir un grand nombre, et dont 1 unique source se trouve encore dans les efforts rĂ©pĂ©tĂ©s des muscles de la poitrine, qui meuvent les bras pendant leur travail, et aussi dans les troubles physiologiques que ce genre d’exercice apporte dans les fonctions de la respiration et de la circulation, qui sont si Ă©troitement liĂ©es. Enfin , une derniĂšre considĂ©ration qui doit surtout fixer 1 attention des maĂźtres boulangers , et qui sans doute fera plus d effet sur eux que celles que nous venons d’exposer relativement Ă  leur santĂ© , a trait Ă  l’économie qu’apportera l’emploi des pĂ©trins mĂ©caniques. L’expĂ©rience dĂ©montre que, par le pĂ©trissage Ă  la main , l’ouvrier perd deux livres de farine par sac , perte qu il n es t pas en son pouvoir d’empĂȘcher, puisqu’il opĂšre son me- lange au milieu d’un air sec et chaud , que les mouvemens qu il ^it sans cesse agitent plus ou moins, ce qui disperse une certaine quantitĂ© de farine sur les corps environnans. Il faut encore tenir compte de la perte qui a lieu sur la pĂąte, soit par dĂ©faut de soins, soit par toute autre cause. Il rĂ©sulte de lĂ  une perte totale de deux kilogrammes par sac de farine , perte enorme qui se reproduit continuellement, et qui est entiĂšrement supportĂ©e par le boulanger. Ces donnĂ©es ne sauraient ĂȘtre taxĂ©es d inexactitude ou d’exagĂ©ration de notre part, puisque nous les devons Ă  un boulanger q „i, depuis quelque tems, a renoncĂ© Ă  l’ancienne mĂ©thode pour f ;v i re usa „ . \’un pĂ©trin mĂ©canique de Lasgorseix — 42 — Ces considĂ©rations, Messieurs, sont du plus haut intĂ©rĂȘt, et votre commission a cru devoir les exposer avec tout le dĂ©veloppement qu’elles nĂ©cessitent. En les livrant aux mĂ©ditations du public, elle espĂšre qu’elles produiront les heureux rĂ©sultats qu’elle en attend , savoir de vaincre les rĂ©pugnances que manifeste la masse des boulangers pour les pĂ©trins mĂ©caniques, et surtout d’engager les consommateurs Ă  exiger de ceux-ci l’emploi de machines qui permettent de prĂ©parer le pain avec plus d’économie , de promptitude, de soins et de propretĂ© 1 . Il y a long-tems que l’usage des pĂ©trins mĂ©caniques aurait pu 1 AprĂšs avoir envisagĂ©, sous tous les rapports , les avantages comparatifs des diffĂ©rens pĂ©trins mĂ©caniques et du pĂ©trissage Ă  bras, il nous resterait Ă  examiner la question la plus intĂ©ressante pour les boulangeries , celle qui est relative a la dĂ©pense premiĂšre qu’occasionnera l’emploi des machines dont nous venons de parler. Malheureusement nous n’avons pas Ă  notre disposition tous les Ă©lĂ©mena nĂ©cessaires pour traiter Ă  fond ce point important. Nous nous bornerons Ă  reproduire ici les prix qui sont indiquĂ©s sur les prospectus des deux compagnies qui sont possesseurs du PĂ©trin et du PĂ©trisseur mĂ©caniques . Dimensions et prix des mĂ©caniques dits Ă  la Lasgorseix. Pour 900 Ă  1000 liv. , de pĂąte, y compris les levains. 13 p. 1/3 2000 fr SOO Ă  900 id. id. 12 1/2 1750 700 Ă  800 id. id. 11 1/2 1500 600 Ă  700 id. Ăźd. 10 1/2 1350 500 Ăą 600 id. id. 8 1/2 1200 400 Ă  450 id. id. S 1/2 1000 300 Ă  350 id. id. 7 1/2 800 200 Ăą 250 id. id. 6 » 600 50 Ă  120 id. id. 4 1/2 500 Prix des PĂ©trisseurs de MM. Cavallier } FrĂšre et Compagnie. Pour 1000 liv. de pĂąte Ă  la fois. 1800 fr. SOO.. 600. 1200 ISO. 500 Un pĂ©trisseur mĂ©canique , de deux pieds et demi de largeur, d’un pied et demi de profondeur et d’une longueur de six pieds, fabrique 600 livres de pĂąte. On voit, d’aprĂšs ces proportions , que les pĂ©trisseurs occupent beaucoup moins d’espace que les pĂ©trins Ă  la Lasgorseix. 11 est Ă  dĂ©sirer que les prix de ces utiles machines baissent beaucoup au-dessous de ceux auxquels elles sont cotĂ©es actuellement, autrement il est Ă  craindre que bien des boulangers ne reculent devant une mise de fonds qui leur paraĂźtra sans doute trop forte. La concurrence , il est probable , amĂšnera ce rĂ©sultat. Nou6 savons pertinemment que MM. Cavallier et C ia ont dĂ©jĂ  livrĂ© plusieurs machines Ă  des prix inferieurs Ă  ceux qui sont cotes sur leur prospectus. — 43 — ÂŁ l, ' e ai lo P lĂ© , puisque dĂ©jĂ  , en 1810, M. Lambert, boulanger de Paris, prĂ©sentait Ă  la SociĂ©tĂ© d’encouragement une machine de son invention , propre Ă  opĂ©rer le pĂ©trissage , et qui remporta le proposĂ© par cette utile SociĂ©tĂ©. Des expĂ©riences faites Ă  P -s, Ă  Rouen, Ă  Lyon et Ă  Amiens, constatĂšrent les avantages lue cette machine simple et ingĂ©nieuse devait apporter dans 1 art du boulanger ; mais les plaintes et les menaces mĂȘme des garçons boulangers en arrĂȘtĂšrent de suite l’emploi. EspĂ©rons que ces arti- sans, mieux Ă©clairĂ©s , ne s’opposeront point aujourd hui a la propagation des nouveaux pĂ©trins mĂ©caniques offerts au public. Le soin de leur santĂ© leur ouvrira sans doute les yeux, et fera taire les injustes prĂ©ventions qu’ils pourraient nourrir contre toute innovation dans leur art. En terminant ce rapport, dont la longueur est suffisamment motivĂ©e par l’importance de la question qui y a donnĂ© lieu, votre commission vous propose, Messieurs , par mon organe, de remercier MM. Cavallier, FrĂšre et C e , pour lui avoir procurĂ© l’occasion de voir fonctionner leur pĂ©trisseur mĂ©canique, d accorder votre approbation Ă  l’emploi de cette intĂ©ressante machine, et d’envoyer Ă  ses inventeurs une copie de ce rapport , comme un tĂ©moignage de sa satisfaction. Fait Ă  Rouen , le 23 dĂ©cembre 1829. SignĂ© J. Girardin , Rapporteur. Du isuc , PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ© VAgnciillui e. L’abbĂ© Gossier, Chanoine honoraire. Aug. Le Pasquier. PoĂŒCHET , D .-M. La SociĂ©tĂ© d’Agriculturc, considĂ©rant que la question traitĂ©e dans ce rapport rentre essentiellement dans le domaine de ses travaux habituels , et qu’elle intĂ©resse au plus haut degrĂ© la population tout entiĂšre, dĂ©cide/Ă  l’unanimitĂ©, que le prĂ©sent rapport sera insĂ©rĂ© dans le Bulletin trimestriel de ses travaux, et qu’il sera, en outre, imprimĂ© Ă  part, Ă  ses frais, Ă  un assez grand nombre d’exemplaires 1 pour ĂȘtre distribuĂ© aux autoritĂ©s, aux sociĂ©tĂ©s savantes, Ă  tous les maires des communes du dĂ©partement , afin de rĂ©pandre promptement dans le public la connaissance des nouveaux procĂ©dĂ©s mĂ©caniques proposĂ©s , dans ces derniers tems, pour la fabricatiou du pain. ‱ Dobuc , PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ©. Goube , SecrĂ©taire perpĂ©tuel. 1 U co a etc imprimĂ© 800. NOTE SCR LES MOYENS D’EXTRAIRE L ACIDE CITRIQUE DES GROSEILLES Dans les ateliers de teinture et d’impression sur toiles , on consomme une grande quantitĂ© d’acide citrique. Cette substance est malheureusement d’un prix fort Ă©levĂ©, ce qui provient de ce que n »us sommes obligĂ©s de tirer de l’étranger, et principalement du midi de l’Europe, les matĂ©riaux desquels on l’extrait. Cette cherte l’acide citrique est la seule cause qui empĂȘche son emploi pour Ce rtaines opĂ©rations dĂ©licates dans lesquelles il prĂ©sente un grand avantage sur les autres acides. Le jus de citron, dont on fait usage habituellement, en place de l’acide citrique pur qu’il contient, Ă  cause de son plus bas prix , offre tant d’inconvĂ©niens, soit aux fournisseurs, soit aux consommateurs, qu’il serait bien a souhai- ter qu’on pĂ»t trouver les moyens de ne plus y avoir recours. Non seulement ce suc , qui arrive, dans des tonneaux, du pays oĂč on 1 obtient, est susceptible de s’altĂ©rer assez fortement par suite de la grande quantitĂ© de mucilage qu’il renferme, mais encore il est presque constamment sophistiquĂ© dans le commerce ; ce qui est Luc i 1, SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du departement de la Seine-InfĂ©rieure, le tt 1880 > ' e t Michaux, vulgairement appelĂ© par la plupart des habi- tans des environs de Rouen, gadier, gadelicr, et ses fruits gades et gadelles, est un arbrisseau de un Ă  deux mĂštres de hau- teur, droit, multitige et trĂšs-rameux, qui croĂźt naturellement dans l AmĂ©rique borĂ©ale, dans plusieurs contrĂ©es de l’Europe, et notamment dans les vallĂ©es du Jura et des Rasses-Alpes ; il est cul- t>ve maintenant dans presque tous les jardins. Il fleurit en mars, avril ou mai, suivant le climat. La rĂ©colte des fruits se fait en juillet ou en aoĂ»t. Ces fruits sont de petites baies globuleuses, d’un rouge vif ou blanches, disposĂ©es en grappes. La variĂ©tĂ© blanche a des fruits moins acides et plus sucrĂ©s. Ce petit arbrisseau se plaĂźt davantage dans les parties septentrionales de la France; il prospĂšre dans toute espĂšce de sol, exceptĂ© pourtant dans les terres blanches ou trĂšs-calcaires, oĂč il languit et se couvre presque toujours de lichens et de mousses ; il exige peu de soin pour sa culture. Il se multiplie d’éclats de racines, de boutures ou de marcottes. La maniĂšre la plus simple et la plus commode pour le multiplier consiste a dĂ©tacher les hges nouvelles de la souche principale, en mĂ©nageant les racines, et Ă  les replanter avec soin. Il est'prudent de commencer cette opĂ©ration dĂšs que les feuilles sont tombĂ©es en automne et dĂšs que le bois est mĂ»r ; leur reprise est plus assurĂ©e que dans * es plantations tardives. Il faut supprimer, chaque annĂ©e, les hois morts et quelque peu de branches inutiles. Les fruits qui viennent sur les jeunes pousses sont plus beaux ; on doit abattre tous les bois vieux de trois ans. Le peu de mots suffit pour montrer combien la culture du groseiller est facile et peu coĂ»teuse. Il devra prospĂ©rer trĂšs-hieu dans toutes les parties de notre dĂ©partement. On pourra le faire — 50 — venir clans tous les terrains incultes, sur le bord des chemins, des fosses, dans les haies, etc. Les cultivateurs qui exploiteront ce genre de culture, dans l’intention de vendre leur rĂ©colte aux fabricans d’acide citrique, devront, de prĂ©fĂ©rence, multiplier le groseiller rouge , puisque, comme nous l’avons dit prĂ©cĂ©demment , les fruits de cette espĂšce sont beaucoup plus acides que ceux de la variĂ©tĂ© blanche. * / NOTE SUR L’INVENTION DE RÉDUIRE LA PAILLE EN FARINE'. Tous les journaux ont annoncĂ©, il y a quelques mois, que le hasard avait fait dĂ©couvrir Ă  un meunier du dĂ©partement de la Cote—d’Or le moyen de convertir la paille en une farine d’une assez bonne qualitĂ©. Il paraĂźt que l’antĂ©rioritĂ© de cette dĂ©couverte intĂ©ressante doit ĂȘtre attribuĂ©e Ă  M. MaĂźtre, fondateur de 1 Ă©tablissement d’agriculture de Vilotte, prĂšs ChĂątillon. Depuis an an, cet babile agronome a reconnu la possibilitĂ© de rĂ©duire en farine, non seulement la paille de blĂ© et celle des autres grains, mais encore le foin et les tiges de trĂšfle, de luzerne, de sainfoin, etc. Il emploie la farine qui provient de ces dernieres plantes Ă  la nourriture des brebis et des agneaux. M. MaĂźtre fait achever, en ce moment, au centre de ses bergeries, une usine qui sera uniquement consacrĂ©e Ă  cette nouvelle industrie- InsĂ©rĂ© dans l 'Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d’Agriculture du dĂ©partement de l ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© ANALYSE d’un CERCUEIL ROMAIN EN PLOMB On a dĂ©couvert Ă  Rouen , dans la rue Saint-Gervais, un cercueil romain en plomb , qui a cinq pieds de longueur sur treize pouces et demi de largeur et onze pouces et demi de hauteur. Il Ă©tait Ă  trois pieds et demi de profondeur, et avait la tĂšte tournĂ©e an Nord. On a trouvĂ© dans ce cercueil deux petites mĂ©dailles de TĂ©tricus ce qui ferait remonter l’inhumation Ă  la deuxiĂšme moitiĂ© du in e siĂšcle de notre Ăšre, les ossemens d’un mort et les dĂ©bris de deux petits gobelets en verre blanc, ciselĂ©s sur la panse ; 1 un Ă©tait placĂ© auprĂšs de la tĂȘte, l’autre entre les os des cuisses. En examinant les os et le peu de grandeur du cercueil, il y a lieu de croire que ce tombeau Ă©tait celui d’une femme, ĂągĂ©e d’environ quatre-vingts ans. Le mĂ©tal qui formait ce cercueil, ayant Ă©tĂ© dĂ©gagĂ© de la croĂ»te blanche terreuse qui en recouvrait les deux faces , a ete analyse parles procĂ©dĂ©s connus. Il a Ă©tĂ© trouvĂ© composĂ©, sur cent parties cn P°ßds, de Plomb. W> 90 Etain. 100,00 Revue Normande , 1er vol. — 1S51 , p. 487 et 648. ©S©©©©©© NOTE SUR UN FAIT DE MÉDECINE LÉGALE, PAR MM. MORIN ET GIRARDIN ChargĂ©s par M. le juge d’instruction de Rouen de procĂ©der Ă  l’examen chimique des matiĂšres contenues dans l’estomac et les intestins d’un homme mort subitement dans la nuit du 1 3 au i4 juillet i83o, avec des circonstances qui pouvaient faire croire Ă  un empoisonnement, nous expĂ©rimentĂąmes avec le soin le plus minutieux, non seulement sur les matiĂšres contenues dans les viscĂšres, mais encore sur ces viscĂšres eux-mĂȘmes. Nous ne pĂ»mes dĂ©couvrir aucune trace de poison, soit de nature minĂ©rale, soit de nature vĂ©gĂ©tale ; aussi les conclusions de notre rapport furent- elles que l’homme, dont la mort subite avait Ă©veillĂ© les soupçons de l’autoritĂ©, n’avait point Ă©tĂ© empoisonnĂ©. En faisant des expĂ©riences pour rechercher dans les matiĂšres suspectes la prĂ©sence de l’arsenic, ou plutĂŽt de ses prĂ©parations, nous eĂ»mes l’occasion de constater un fait assez curieux, et qui, au premier abord, nous causa quelque embarras. 1 Lue Ă  la SociĂ©tĂ© de mĂ©decine de Rouen, en dĂ©cembre 1830. InsĂ©rĂ©e dans le Journal de Chimie mĂ©dicale > t. vi . p. 818, annĂ©e 4830 , et dans la Revue Normande, publiĂ©e par >1. De Caumonl, U* volnmr, -Ăźr partie, janvier 1831, p. 1S7. — 55 — ^ OUs avions Ă©vaporĂ© jusqu’à siccitĂ© une portion des matiĂšres P°ur la projeter dans du nitrate de potasse tenu en fusion. Le verre c °ule sur un marbre, puis dissous dans l’eau distillĂ©e. La li- ^ Ueur Ăź prĂ©alablement rendue neutre et essayĂ©e par le nitrate d’ar- b en t et les autres rĂ©actifs qui servent Ă  dĂ©celer la prĂ©sence des al> seniates, donna des rĂ©sultats nĂ©gatifs. Le sulfate de cuivre seul Se com {>orta avec elle d’une maniĂšre insolite ; il produisit un prĂ©- Cl pitĂ© assez abondant, d’un trĂšs-beau vert, tout-Ă -fait semblable au vert de SchĂšele arsenite de cuivre. Un pareil rĂ©sultat devait nous surprendre Ă©trangement, puisque nous avions acquis la preuve, par les autres rĂ©actifs , que la liqueur ne contenait pas un atome de prĂ©paration arsenicale. Mais, en admettant l’infidĂ©litĂ© de ces premiers rĂ©actifs , et la plus grande sensibilitĂ© du sulfate de cuivre, on aurait dĂ» obtenir un prĂ©cipitĂ© d’un bleu pĂąle, et non vert ; car, par le procĂ©dĂ© de fusion avec le nitre, il ne pouvait y avoir dans la liqueur que de l’arseniate, et non de 1 arsenite de potasse. Le prĂ©cipite vert disparaissait presque complĂštement par l’addition d une grande quantitĂ© d’eau ; chauffĂ© sur les charbons ar- dens, il ne rĂ©pandait aucune vapeur blanche, n’exhalait aucune odeur alliacĂ©e ce n’était donc pas du vert de SchĂšele. Il importait de reconnaĂźtre sa nature et les circonstances qui avaient donnĂ© lieu Ă  sa formation, Ă  cause de cette grande res— ser nblance avec l’arsenite de cuivre. La premiĂšre chose Ă  faire Ă©tait de nous assurer de la puretĂ© de nos rĂ©actifs. Le sulfate de cuivre employĂ© Ă©tait parfaitement pur ; quant au nitrate de potasse il t'enfermait une quantitĂ© assez notable de chlorure. Ayant mĂȘlĂ© es solutions de ces deux sels, le prĂ©cipitĂ© vert se produisit comme prĂ©cĂ©demment. En employant du sel de nitre provenant d’un aUtre laboratoire, et qui ne renfermait pas de chlorure, il n’y eut aucun prĂ©cipitĂ© ; mais en ajoutant Ă  la solution de ce nitrate pur " ne eertaine proportion de chlorure de potassium ou de sodium, 1 instant il acquĂ©rait la propriĂ©tĂ© de former un prĂ©cipitĂ© vert avec le sulfate de cuivre. Ces essais nous Ă©clairĂšrent aussitĂŽj sur la nature de ce prĂ©cipitĂ© ; ce devait ĂȘtre du deutochlorure de cuivre. L’analyse confirma nos prĂ©visions. On sait, en effet, que ce sel donne une dissolution verte. Mais pourquoi, puisque ce sel est trĂšs—soluble, se prĂ©sentait-il, dans nos expĂ©riences, sous la forme de flocons , et se dĂ©posait-il promptement Ă  la maniĂšre d’un sel insoluble? Nous expliquons ce fait par la concentration des liqueurs dont nous nous servions 1 . Le sel de nitre dont nous avions d’abord fait usage , et qui contenait du chlorure de sodium, provenait du laboratoire de l’école de chimie. Il Ă©tait en cristaux prismatiques blancs, et prĂ©sentait, en un mot, tous les autres caractĂšres physiques du salpĂȘtre bien raffinĂ©. Divers Ă©chantillons de ce sel, pris dans d’autres laboratoires et chez des droguistes, ne nous offrirent aucune trace de chlorure ; aussi ne prĂ©cipitaient-ils pas en vert par les sels de cuivre. Puisque les sels de nitre raffinĂ©s du commerce contiennent quelquefois tant de chlorure de sodium, comme on vient de le voir, il importe aux chimistes et aux pharmaciens qui peuvent remplir les fonctions d’experts dans les affaires mĂ©dico-lĂ©gales, de ne les employer qn’aprĂšs les avoir essayĂ©s , surtout lorsqu’il s’agira de rechercher la prĂ©sence de l’arsenic dans des matiĂšres suspectes. Il serait mĂȘme prĂ©fĂ©rable , pour Ă©viter toute erreur, de prĂ©parer, pour les expĂ©riences de ce genre, du nitrate de potasse de toutes piĂšces, en faisant usage de potasse Ă  l’alcool bien pure, et d’acide nitrique rectifie. Nous avons pense que la connaissance du fait curieux que nous 1 M. Guibourt s’est trompĂ© en avançant, dans une note qu'il a placĂ©e Ă  la suite de notre observation Journal de chimie mĂ©dicale, t. 6 , que ce prĂ©cipitĂ© Ă©tait dĂ» non seulement Ă  la prĂ©sence du chlorure de sodium dans le nitre et Ă  la concentration des liqueurs, .mais encore au carbonate alcalin provenant de l’action de la matiĂšre organique sur le nitrate. Il ne s’est pas rappelĂ©, en rĂ©digeant sa note, que nous avions pris le soin de rendre notre liqueur aussi neutre que possible, avant d’y ajouter du cuivre , et que, par consĂ©quent, elle ne pouvait rrnfermer le carbonate alcalin. — 57 — 1 110115 rapporter, pourrait intĂ©resser toutes les personnes qui CCU P ent de mĂ©decine lĂ©gale. Il fera sentir la nĂ©cessitĂ© d’ap- . er imiq Ue . J’acceptai la proposition de l’autoritĂ© municipale avec ^ autant plus de plaisir, que, depuis long-tems, je cherchai» 1 occasion de m’assurer si.', comme on le pense generalement, les cloches anciennes renferment des mĂ©taux prĂ©cieux, mĂ©taux l u i auraient Ă©tĂ© ajoutĂ©s par les fondeurs, dans l’intention d embellir leur son. M. Deleau, architecte ordinaire delĂ  ville, eut la complaisance de me conduire au beffroi de la Grosse-Horloge , et de mettre Ă  ina disposition plusieurs grammes du mĂ©tal qu’il fit enlever aux parois de ce grand corps sonore. Je fus accompagnĂ©, dans cette visite au beffroi, par nos honorables confrĂšres MM. Licquet, Auguste Le PrĂ©vost et Ballin. Ce dernier acadĂ©micien vous a rendu eompte S dans la sĂ©ance du 23 avril i83o , des rĂ©sultats de cette exploration archĂ©ologique, qui lui a fourni 1 occasion de relever, avec exactitude , l’inscription du bas de 1 escalier de ce beffroi, que les historiens de la ville de Rouen u ont rapportĂ©e qu’imparfaitement, et celle de la cloche d’argent fiui paraĂźt n’avoir Ă©tĂ© citĂ©e par aucun d’eux. D’aprĂšs l’inscription qui se voit sur le listel de cette cloche, il est bien Ă©vident aujourd’hui que celle-ci n’est pas la mĂȘme que la cloche nommĂ©e Rembol, dont Charles YI gratifia deux de ses panetiers, pour punir les Rouennais d’une insurrection qui Ă©clata en 1 3go. H en rĂ©sulte que toutes les hypothĂšses qu on a successivement Ă©mises sur l’origine du nom de cloche tfaigent, hypothĂšses faites dans l’opinion que notre cloche actuelle est le Rembol de cette Ă©poque, sont sans aucun fondement 1 . f'oir, Ă  1, page 3SS d „ p rĂ©cis de lg5 0, l’analjse du travail de M. Ballin , qui a mi. ”»'* de tonte discussion a de savoir si la cloche dite argent est l’ancienne '“"me qorlq,,,, lms lc pr ,'tendaient. 11 a ividemment ^ue cette ancienne cloche — 60 Quoi qu’il en soit, voici les dimensions de cette cloche. Je dois ces renseignement, ainsi que la figure que j’ai l’honneur de mettre sous vos yeux, Ă  l’obligeance de M. Deleau. Elle a trois pieds trois pouces de hauteur Ă  partir de l’ouverture infĂ©rieure jusqu’à la naissance des anses qui surmontent le cerveau ou partie supĂ©rieure. Sa plus grande largeur est de quatre pieds. Le cerveau a un diamĂštre intĂ©rieur de deux pieds quatre pouces six lignes. Les parois , dont l’épaisseur est de trois pouces trois lignes Ă  l’ouverture infĂ©rieure, rĂ©gion oĂč frappe le battant, n’ont plus qu’un pouce une ligne au cerveau. Son battant a deux pieds onze pouces de longueur ; il est en fer, et suspendu Ă  une forte laniĂšre en cuir. n'existe plus , et que celle qui est actuellement dans le beffroi te nomme le Rouçel, nom qu’elle porte inscrit en toutes lettres sur le listel. Voici , au reste , cette inscription , telle que M. Ballin l’a dĂ©couverte et nous l’a communiquĂ©e Inscription, sur une plaque de cuivre, placĂ©e au-dessus de la porte du bas de Vescalier du beffroi de la Grosse—Horloge Ă  Rouen. ce qui me dispense d’entrer dans aucun dĂ©tail Ă  cet egard , je n’ai reconnu dans cet alliage que du cuivre, de VĂ©tain , dans des proportions trĂšs-rapprochĂ©es de celles du mĂ©tal des cloches actuelles, plus un peu de zinc et de fer. Voici, au reste, les rĂ©sultats numĂ©riques de mon analyse. Sur cent parties en poids, le mĂ©tal de la cloche d argent se compose de Cuivre.. . .. Etain. 26 Zinc. 1 > 80 Fer. W 100,00 Les cloches françaises modernes sont gĂ©nĂ©ralement formĂ©es d’un alliage composĂ© de Cuivre. 78 Étain. 22 Parfois on y trouve des mĂ©taux Ă©trangers, tels que fer, zinc, plomh, etc., en quantitĂ©s variables. Ces mĂ©taux n’ont d autre objet reconnu que celui de diminuer le prix de 1 alliage , c est à—dire d’augmenter les bĂ©nĂ©fices des fondeurs. On voit, par cette comparaison, qu’il n’y a pas une tres-grande diffĂ©rence, sous le rapport de la nature chimique , entre la cloche du Beffroi de Rouen et les cloches modernes. Le fer et le zinc que j’ai trouvĂ©s dans la premiĂšre sont en si faible proportion , fu on doit les considĂ©rer comme accidentels Ă  sa composition. — 62 — Ils proviennent, sans aucun doute, du cuivre dont le fondeur a fait usage ; car le cuivre du commerce est rarement exempt de ces deux mĂ©taux. On ne peut supposer que le zinc ait Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă  dessein, puisque ce mĂ©tal a Ă©tĂ© indiquĂ© pour la premiĂšre fois par Paracelse, qui mourut en i54i , et que la cloche du Beffroi paraĂźt ĂȘtre bien antĂ©rieure Ă  cette Ă©poque. D’ailleurs, ce n’est guĂšre que depuis un siĂšcle que le zinc est devenu trĂšs—commun et qu’on a commencĂ© Ă  l’employer dans les arts. D’un autre cĂŽtĂ©, on sait que le cuivre gris, une des espĂšces minĂ©ralogiques du cuivre le plus abondamment rĂ©pandues et exploitĂ©es, est toujours accompagnĂ© de sulfure de zinc, et que presque toutes' les autres espĂšces de la mĂȘme famille sont mĂ©langĂ©es de sulfure de fer, notamment le cuivre pyriteux, qui est une combinaison, Ă  proportions Ă©gales , de sulfure de cuivre et de sulfure de fer. U n’est donc pas Ă©tonnant que le cuivre du commerce renferme ordinairement de petites quantitĂ©s de ces deux mĂ©taux Ă©trangers , et que , par suite on en trouve dans les objets fabriquĂ©s avec le premier. La cloche du Beffroi, d’aprĂšs mon analyse , ne contient donc pas un seul atome d’argent, et il est trĂšs-vraisemblable que les autres cloches coulĂ©es Ă  cette Ă©poque et antĂ©rieurement n’en renferment pas davantage. Cependant, il est bien constant que , lors de la fonte de ces corps sonores, on introduisait une assez grande quantitĂ© de ce mĂ©tal prĂ©cieux dans le bain, dans l’intention de leur communiquer un son clair et pur ; et cette croyance, sur l’utilitĂ© de l’argent dans cette circonstance , s’est perpĂ©tuĂ©e jusqu’à nos jours, car elle fait encore partie de ces nombreux prĂ©jugĂ©s qui circulent dans tous les rangs de la sociĂ©tĂ©. Comment se fait-il donc que l’analyse chimique ne nous dĂ©montre pas plus de traces d’argent dans les cloches anciennes, oĂč l’on en ajoutait, que dans les cloches modernes oĂč l’on n’en met pas ? La cause de cette singularitĂ© doit exciter vivement votre curiositĂ©, Messieurs; l’explication que je vais en donner, Va la satisfaire complĂštement, tout en taisant naĂźtre votre admiration pour l’adresse merveilleuse des fondeurs de cette Ă©poque. V°us connaissez tous, Messieurs, l’ancien usage de bĂ©nir les c l°ches et de leur donner un parrain. Alors, comme aujourd’hui, ^ es personnes de haut rang ou distinguĂ©es par leur piĂ©tĂ©, recherchaient avec empressement l’honneur de tenir les cloches sur les fonts baptismaux; mais, non contentes de cette distinction, elles voulaient donner des marques de leur gĂ©nĂ©rositĂ© ou de leur dĂ©votion , en offrant Ă  la paroisse la quantitĂ© d’argent nĂ©cessaire Ă  embellir, comme on le croyait et comme le faisaient entendre les fondeurs, le son de la cloche. Toutes les dames de l’endroit s’empressaient de s’associer Ă  cette Ɠuvre de vanitĂ© plutĂŽt que de vraie dĂ©votion, en ajoutant quelques piĂšces de leur argenterie ; çn sorte que , souvent, une immense quantitĂ© d’argent travaillĂ© Ă©tait apportĂ© dans l’atelier oĂč devait s’opĂ©rer la fonte de l’alliage. Les donateurs et parrains Ă©taient invitĂ©s Ă  plonger dans le lour, et de leurs propres mains, l’argent qu’ils consacraient Ă  cette opĂ©ration ; nĂ©anmoins , malgrĂ© la publicitĂ© donnĂ©e Ă  la fonte des cloches, il ne s’y trouvait pas plus d’argent aprĂšs leur confection qu’il n’y en avait dans les mĂ©taux employĂ©s par les fondeurs. Voici comment ces derniers , tout aussi habiles que leurs successeurs , savaient profiter d’une erreur qui les enrichissait. Le trou ouvert sur le haut du fourneau, et destinĂ© Ă  l’introduction de l’argent, Ă©tait pratiquĂ© directement au-dessus du foyer, et cette partie du fourneau Ă  rĂ©verbĂšre, comme le savent toutes les personnes qui ont visitĂ© les ateliers dans lesquels on travaille les mĂ©taux, est sĂ©parĂ©e de la sole du four sur laquelle les matiĂšres sont mises en fusion. Il rĂ©sultait de la disposition de ce trou, qui servait aussi Ă  l’introduction du combustible, que la totalitĂ© de l’argent que l’on y projetait, au lieu d’ĂȘtre introduite dans le bain de bronze liquĂ©fiĂ©, tombait directement dans le foyer, coulait et allait ensuite se rassembler dans le fond du cendrier, d’oĂč — 64 — le fondeur s’empressait de le retirer une fois la eĂ©rĂ©monie terminĂ©e et l’atelier dĂ©sert. Tous voyez, Messieurs , que les fondeurs anciens, plus instruits et plus fins que leurs concitoyens, savaient exploiter adroitement leur crĂ©dulitĂ©, et mettaient en pratique ce vieil adage qui sera sans doute applicable Ă  tous les tems Vulgus vult decipi, decipiatur ! Il n’est donc pas Ă©tonnant que les clocbes anciennes n’offrent pas plus d’argent dans leur composition que celles fabriquĂ©es de nos jours. Leur timbre, quoi qu’on en dise, n’est pas plus beau que celui de ces derniĂšres, et si quelqu’un avait quelques droits de se plaindre de l’abolition d’une coutume aussi inutile que coĂ»teuse , ce ne serait assurĂ©ment que les fondeurs de notre epoque. Pour en revenir Ă  notre cloche d’argent, je ne crois pas que la petite diffĂ©rence qu’elle prĂ©sente, dans les rapports du cuivre et de l’étain avec les autres cloches , influe sur la nature du son clair et retentissant qu’elle rĂ©pand. Celui-ci doit tenir plus vraisemblablement Ă  sa forme et Ă  l’état d’homogĂ©nĂ©itĂ© de ses parties. Le surnom de cloche d’argent donnĂ© au Rouvel renfermĂ© dans le Beffroi, a fait naĂźtre bien des suppositions plus ou moins hasardĂ©es, et il embarrasse encore beaucoup nos antiquaires. Notre estimable confrĂšre M. Ballin dit, dans sa notice que je vous ai rappelee en commençant, qu’on peut l’attribuer, soit au son argentin qu’il rend lorsqu’on le met en volĂ©e, soit Ă  quelque circonstance analogue Ă  celle qui a fait appeler tour de beurre l’une des tours de la CathĂ©drale. Cette derniĂšre hypothĂšse est plus vraisemblable que la premiĂšre ; mais ne pourrait-on pas trouver l’origine de cette dĂ©nomination dans ce qui a pu se passer au moment de la fabrication de cette cloche ? Un tocsin , destinĂ©, comme le Rouvel, Ă  servir dans toutes les circonstances solennelles, a dĂ» ĂȘtre fondu et coulĂ© avec une grande pompe. Les — 65 — bourgeois les plus distinguĂ©s de la ville ont dĂ» briguer l’honneur de contribuer Ă  la beautĂ© de sou timbre ; et si, lors de la fonte des cloches ordinaires de paroisse, les parrains et les fidĂšles faisaient don de grosses sommes d’argent, il est permis de sup- P°ser, avec q ue lq lie apparence de raison, que les prĂ©sens offerts a X Ă©cfievins de la ville pour embellir le son du JĂŻaiivel, ont Ă©tĂ© magnifiques et considĂ©rables. Ne serait-ce pas alors Ă  cause de cette grande quantitĂ© d’argent qu’on supposait avoir entre dans ha prĂ©paration de l’alliage, tandis qu’il passait dans la cassette du tondeur, que le nom de cloche d’argent aura Ă©tĂ© donne a ce grand corps sonore ? Cette opinion ne me semble pas denuee de toute vraisemblance cependant , Messieurs , je la soumets a votre sagacitĂ© , et ne la soutiens qu’avec la dĂ©fiance que mon peu de lumiĂšres en fait d’archĂ©ologie doit m’inspirer. NOTE SUR LE NOIR ANIMAL PROVENANT DES RAFFINERIES, CONSIDÉRÉ COMME ENGRAIS \ Depuis quelques annĂ©es, on a introduit dans les campagnes l’emploi d’un nouvel engrais, le charbon animal provenant des raffineries. Les uns ont vantĂ© avec engouement sa grande Ă©nergie ; d’autres l’ont dĂ©prĂ©ciĂ© avec autant de chaleur ; et les uns et les autres, appuyĂ©s par l’expĂ©rience, avaient raison. Il est facile d’expliquer cette dissidence d’opinions. Il en est du noir animal comme de tous les amendemens et stimulans usitĂ©s en agriculture ; chacun d’eux, Ă©minemment utile sur certains sols, est sur d’autres nuisible ou au moins d’un effet nul ; favorable Ă  certaines plantes, il produit l’effet contraire sur d’autres. Le tout est de reconnaĂźtre les circonstances dans lesquelles il peut agir de la maniĂšre la plus avantageuse. Or, c’est ce qu’on n’a pas fait Ă  l’égard du noir animal. Au moment oĂč l’on vint Ă  prĂ©coniser son emploi, on voulut s’en servir dans tous les cas possibles ; de lĂ  1 Lue Ă  la SociĂ©tĂ© centrale d’Agviculture du dĂ©partement de fa Seine-Infcrietire, le 24 fĂ©vrier 1831. InsĂ©rĂ© dans Y Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© d'Agriculture , t. G , p. 211. — 67 — vinrent ces rĂ©ussites et ces dĂ©sappointemens annoncĂ©s avec grand hruit de tous cĂŽtĂ©s. ^ e XpĂ©rience a dĂ©montrĂ©, plus tard, que c’est surtout sur les terres froides ou argileuses que l’emploi du noir animal est utile, et que c’est principalement sur les plantes qui admettent l’azote dans leur composition, telles que les colzas et autres crucifĂšres, qu il produit les effets les plus avantageux. Le charbon animal, en imprimant une activitĂ© extraordinaire au premier dĂ©veloppement de ces plantes , les soustrait aux ravages des insectes , qui dĂ©vorent les semis et forcent souvent Ă  les recommencer plusieurs fois. Cette activitĂ© se prolonge pendant tout le cours delĂ  vĂ©gĂ©tation, et les produits qu’on obtient sont plus beaux et beaucoup plus abondans que lorsqu’on n’emploie pas ce stimulant Ă©nergique. Le noir animal n’agit cependant pas toujours de la mĂȘme maniĂšre, alors mĂȘme qu’on l’emploie dans les mĂȘmes sols et dans des circonstances Ă©gales. Les autres engrais ou stimulans, d’ailleurs, offrent la mĂȘme anomalie. Il faut en chercher la cause dans la nature mĂȘme de l’engrais, qui peut varier et lui donner par suite des propriĂ©tĂ©s bien diffĂ©rentes. C’est ainsi que le noir animal, par exemple, prĂ©sente des caractĂšres diffĂ©rens avant et aprĂšs son emploi dans la dĂ©coloration des sucres ; sa propriĂ©tĂ© fertilisante n’est plus la mĂȘme. Tandis qu’aprĂšs avoir servi au travail du sucre, il la possĂšde Ă  un haut degrĂ© ; avant son emploi dans les raffineries, il ne peut tout au plus ĂȘtre considĂ©rĂ© que comme un amendement mĂ©canique ou divisant. C’est qu en effet 'f y a une grande diffĂ©rence de composition entre ces deux especes de noir. Le premier contient, outre le carbone et le phosphate de chaux qui le constituent essentiellement, comme le deuxiĂšme, l’albumine du sang de bƓuf qui a ete employĂ© a la clarification du sucre, plus les impuretĂ©s contenues dans le sucre, e t aussi une certaine proportion de ce dernier corps , que les lavages qu’on lui fait subir n’enlĂšvent jamais totalement. C’est Ă  — 68 la prĂ©sence de ces diffĂ©rentes matiĂšres Ă©trangĂšres que ce noir doit les qualitĂ©s fertilisantes qu’il possĂšde. Mais on remarque encore une grande diversitĂ© d’action dans le mĂȘme noir sortant des raffineries , suivant qu’on l’emploie rĂ©cent, c’est-Ă -dire immĂ©diatement aprĂšs son usage dans les raffineries, ou bien aprĂšs l’avoir laissĂ© un certain tems exposĂ© Ă  l’air, Ă  l’eau , et autres agens qui tendent Ă  le dĂ©pouiller des matiĂšres Ă©trangĂšres qu’il retient engagĂ©es clans ses interstices. M. Hectot, pharmacien Ă  .Nantes, s’est assurĂ©, par plusieurs expĂ©riences, que du noir, soumis depuis six mois aux intempĂ©ries de l’atmosphĂšre, ne renfermait plus aucune des substances contenues dans le noir rĂ©cent Communication sur le noir animal , par M. Hectot, pharmacien ; Annales de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique de Nantes et du dĂ©partement de la Loire—InfĂ©rieure, 3 e livraison, i83o. Il suit de lĂ  que les cultivateurs ne doivent employer, comme engrais, que le noir sorti rĂ©cemment des raffineries; mais, comme il n’est pas toujours facile d’observer cette condition, M. Hectot a cherche un moyen de conserver Ă  ce noir toutes ses propriĂ©tĂ©s pendant un tems plus ou moins long. Il a reconnu qne la chaux eflleurie, mĂ©langĂ©e au noir en pĂąte , dans la proportion d’une barrique sur trois, remplit ce but. Un pareil mĂ©lange, cpii peut facilement se dessĂ©cher au contact de l’air, a donnĂ©, au bout de six mois , un engrais qui n’avait rien perdu de ses qualitĂ©s. Ce mĂ©lange n’exhale aucune odeur dĂ©sagrĂ©able , si ce n’est celle du sucre caramĂ©lisĂ© , et cela seulement les premiers jours de sa confection*. La chaux ne saurait nuire ; elle convient trĂšs-bien , au contraire, dans les terres oĂč le noir fait merveille. Il y a encore une circonstance qui peut faire varier les qualitĂ©s du noir, c’est sa sophistication avec des matiĂšres inertes, telles que des rĂ©sidus de forge, de la poussiĂšre de tourbe, de la suie de cheminĂ©e, etc. Cette sophistication a lieu quelquefois dans le commerce. Tl est important de pouvoir la reconnaĂźtre. On — 69 — pourra, j e crois, y arriver en suivant le procĂ©dĂ© suivant , qui est fondĂ© sur ce que les matiĂšres prĂ©cĂ©dentes, qu’on ajoute au noir > ne renferment pas les sels de chaux phosphate et carbone, qui sont propres Ă  ce dernier. Lors donc qu’on voudra reconnaĂźtre si du noir est falsifiĂ©, on prendra une once de ce noir et une once de noir sur la qualitĂ© duquel on n’aura aucun doute. On les dĂ©layera sĂ©parĂ©ment dans une petite quantitĂ© d’eau, et on y ajoutera, par portions, de l’acide hydrochlorique ordinaire. Lorsque l’effervescence occasionnĂ©e par la dĂ©composition du carbonate de chaux sera tel minĂ©e , on s’assurera que les liqueurs sont trĂšs-acides, et on les laissera en digestion pendant douze heures. A cette epoque , on Ă©tendra d’eau, on jetera les charbons sur des toiles, et on les lavera avec de l’eau bouillante aiguisĂ©e avec i/io'. d’acide lavages seront continuĂ©s jusqu’à ce que l’eau acidulĂ© cesse de prĂ©cipiter en blanc par quelques gouttes d ammoniaque. Alors on rĂ©unira toutes ces eaux de lavage, et, dan» chacune des deux liqueurs, on versera assez d’ammoniaque pour saturer tout l’acide libre. On recueillera les prĂ©cipitĂ©s blancs sur des filtres de papier joseph tarĂ©s, et on les fera dessĂ©cher dans une Ă©tuve. Leur poids respectif, aprĂšs la dessiccation, indiquera les quantitĂ©s de sels de chaux que chacun de ces noirs renfermait, et, par la diffĂ©rence, on estimera la proportion de matiĂšres Ă©trangĂšres ajoutĂ©es au noir suspectĂ©. Cette Ă©preuve, comme on voit, est trĂšs-facile, et aussi exacte que possible ; en effet, moins un noir donnera de prĂ©cipitĂ© blanc par l’ammoniaque, plus il renfermera de matiĂšres Ă©trangĂšres, et vice versa 1 ‱ La pins grande consommation du noir animal en agriculture a , .. . .. ,, C „ que les agncultem-s pourront tn indiquant c, procĂ©dĂ©, nous »».» JL^f, exige encore umicerUme 1 ecuter eux-n&uc, ; car, quoique 1res- simple et ae 1 . mois comm il existe ni 71* , 1 , n . I s %.inpi'Csscrontdeleiirctitutues,enap- agriculteurs pourront avoir recours a ccs derniers qu 1 . ;. , , .,, t noirs auon soupçonnerait o avoir ete laltiues.. plvquanl notre procĂ©dĂ© analytique .11 examen » n lieu dans les dĂ©partemens de Maine-et-Loil'e, de la Loire-InfĂ©rieure et de la VendĂ©e. Les raffineries de Paris et d’OrlĂ©ans expĂ©dient dans ees contrĂ©es, par la Loire, presque tout le charbon qui a servi Ă  la dĂ©coloration du sucre. Nantes en reçoit, en outre, de grandes quantitĂ©s de Bordeaux, du Havre, de Rouen, de Marseille, de Russie, d’Angleterre et d’Italie. L’efficacitĂ© de cette substance est si gĂ©nĂ©ralement reconnue dans les trois dĂ©partemens citĂ©s, que, quelles que soient les quantitĂ©s de charbon qui arrivent, elles suffisent Ă  peine aux demandes ; aussi le prix s’en est-il Ă©levĂ© rapidement de i franc Ă  5 et 7 francs l’hectolitre. Nous avons cru devoir attirer l’attention des cultivateurs nor- ‱ mands sur un engrais qui rend de si grands services aux agriculteurs de l’Ouest de la France. Nous serons satisfaits si cette note peut les engager Ă  tenter quelques essais sur l’emploi du noir dans les divers sols de notre dĂ©partement, et Ă  tirer parti d’une matiĂšre aussi commune , si les expĂ©riences entreprises lui sont favorables. ADDITION A LA NOTE PRÉCÉDENTE. Dep uis la communication de la note prĂ©cĂ©dente Ă  la SociĂ©tĂ© d’agriculture, j’ai lu, dans le 22 e . cahier du Cultivateur avril i83i , un article de M. O. Leclerc sur le mĂȘme sujet. Cet article donnant de nouveaux dĂ©tails sur l’emploi et l’importance du noir animal, je m’empresse de le faire connaĂźtre aux cultivateurs de ce dĂ©partement, persuadĂ© que l’autoritĂ© d’un aussi habile agronome sera pins efficace que la mienne, pour les convaincre des services qu’ils peuvent retirer de l’usage de ce prĂ©cieux engrais. Depuis quelques annĂ©es, dit M. O. Leclerc, le noir a Ă©tĂ© si bien apprĂ©ciĂ© dans la grande culture, des demandes si considĂ©rables en ont Ă©tĂ© faites, qu’on est allĂ©, Ă  grands frais, le — 71 — chercher, , iOÎI p us seulement en France, mais sur divers points Je j’pi _ Ur °pe. Il rĂ©sulte de relevĂ© exacts que cent soixante-treize ^ vires, chargĂ©s en partie de cette substance, sont arrivĂ©s Ă  j an * es dans le courant de 1828. Voici un aperçu approximatif e la quantitĂ© de noir que cette seule ville reçoit de la France et e l’etranger De Paris. De Marseille. D’OrlĂ©ans. De Saint-PĂ©tersbourg De Hambourg »... De Stockholm .... De Copenhague . . . De Dantzick. D’Anvers. De Garni. En total, environ .... 121,000 hectolitres. 40,000 hectolitres. 20,000 15 Ă  20,000 15,000 10 Ă  12,000 4,000 4,000 6,000 » Un tel aperçu est plutĂŽt au-dessous qu’au—dessus de la vĂ©ritĂ© 1 . Je dois ajouter que PaimbƓuf est devenu un second lieu de dĂ©pĂŽt, qui approvisionne en noir animal une grande partie de la VendĂ©e. » L’hectolitre de noir, dans l’état de dessiccation convenable, tel qu’on le livre au commerce et Ă  l’agriculture, pĂšse de 98 Ăč 102 kilogrammes. L’hectolitre valait Ă  Nantes, en 1828, 1 francs ; ce prix est descendu, en 1829, Ă  6 francs 5o centimes- ” Cet engrais est employĂ©, Ă  ma connaissance, avec succĂšs, non seulement dans les dĂ©partemens de la Loire-InfĂ©rieure, de la VendĂ©e et des Deux-SĂšvres, mais fort avant dans ceux de la Vienne et de Maine-et-Loire. Il est d’une activitĂ© si grande, qu’on ne le rĂ©pand sur la terre qu’à la volĂ©e , dans une proportion qui n’excĂšde pas beaucoup, en certains cas, celle de la Un de, mes amis , bien CDllrant dn commerce de Sanies, m’a assure que le noir* “ounal y fi B , lr a; t annuellement pour prĂšs d’un million. — 72 — semence mais, selon les localitĂ©s, la nature du sol et celle du noir lui-mĂȘme, cette proportion est loin d’ĂȘtre fixe. » Dans notre Bocage , m’écrit M. Marchegay de Lousigny, dĂ©putĂ© de la VendĂ©e, depuis plusieurs annĂ©es, les engrais et les amendemens anciennement usitĂ©s, tels que les fumiers d’étables, les terres des jardins, des cours et de dĂ©molitions , la cendre de marais provenant de la combustion de fumiers dessĂ©chĂ©s et destinĂ©s Ă  remplacer le bois de chauffage, ont Ă©tĂ© plus recherchĂ©s, mieux et plus abondamment employĂ©s ; mais les besoins et l’émulation augmentant sans cesse, il a fallu recourir Ă  d’autres moyens. La chaux seule, ou mĂȘlĂ©e Ă  des terres de jardin, a Ă©tĂ©, depuis i8of, frĂ©quemment substituĂ©e Ă  tout engrais sur les terrains de landes et les fonds argileux cultivĂ©s , soit en blĂ©, soit en fourrages verts. Plus tard, la chaux elle-mĂȘme paraissant insuffisante, on a gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© pour les terres molles ou trop fortes , sur fonds schisteux, l’usage du noir de radinerie , dont l’effet a d’abord paru surprenant. » Cet engrais nouveau est actuellement tellement recherchĂ© , que bientĂŽt on ne pourra plus suffire aux demandes qui en sont faĂźtes dans tout le Bocage vendĂ©en. Il ne faut cependant l’employer, ajoute M. Marchegay, qu’en trĂšs-petite quantitĂ© Ă  peine a quintaux, c’est-Ă -dire 100 kilogrammes ou 1 hectolitre par arpent de Paris ; par consĂ©quent moins de 3 hectolitres par hectare, quantitĂ© beaucoup moindre, comme on voit, que celle de la poudrette, qu’on devrait employer en pareil cas. » Le noir animal ne convient pas Ă©galement Ă  toutes les terres. On a remarquĂ© que, dans les sols peu profonds , naturellement secs et prĂ©coces , il ne produit pas, Ă  beaucoup prĂšs, d’aussi bons effets que sur les terrains argileux , frais ou un peu froids ; aussi, lorsqu’on l’emploie sur les terres dites Ă  seigle , ce qui est rare , n’est-ce qu’en trĂšs-petite quantitĂ© ; dans les terres fortes et humides , au contraire , on peut en mettre davantage. » Aux environs do OhĂ lonncs—sur—Loire , Ă  quelques lieues d ’ A W, on rĂ©pand cet engrais dans la proportion de i demi Ă  2 doubles dĂ©calitres par boisselĂ©e de 10 perches de pieds , ou d’environ 66 centiares 65 centiares g5o ; ce qui Ă©quivaut a Qu 4 hectolitres par arpent du pays , de 65 ares g5 centiares. " Plus avant, vers l’Ouest, dans la direction de Bourbon- VendĂ©e , il est des localitĂ©s oĂč l’on fait usage du noir en quantitĂ© plus considĂ©rable. Pour le froment, on en met i'isq 5 barriques de 3o veltes, g Ă  n hectolitres par bectaie vnĂȘme davantage. Cet engrais n’est pas toujours employĂ© se^ on le mĂȘle quelquefois , en diverses proportions , a des fumic d’étables , pour les terres dĂ©jĂ  soumises d’ancienne date Ă  la culture , ou Ă  de la terre de jardin et des cendres de marais poui les landes nouvellement dĂ©frichĂ©es. * Les rĂ©sidus de radinerie , sans nul mĂ©lange , conviennent particuliĂšrement aux choux, aux raves , aux betteraves et autres cultures dĂ©signĂ©es sous le nom de verU Sur i hectare conve nablement fumĂ© , on plante environ 8,ooo pieds de choux , on sĂšme environ 65,ooo raves relies , qui deviennent grosses chacune comme une bouteille ordinaire, et pĂšsent, terme moyen , une livre et demie. On sĂšme i o,ooo betteraves ; elles pĂšsent communĂ©ment deux livres et demie. J’ai entendu parler de divers lĂ©gumes, et notamment le choux, dont les racines, lors de la plantation, avaient etc mouillĂ©es , puis trempĂ©es dans du noir, et qui Ă©taient venus remarquablement beaux. ” Il est important d’ajouter qu’on a obtenu recem rĂ©sultats trĂšs-avantageux de l’emploi de cette substance sur des prairies basses et marĂ©cageuses. " Comme la poudrette , une fois desseche et mis Ă  1 abri de l’humiditĂ©, cet engrais peut se conserver sans Ă©prouver aucune ou presque aucune fermentation. L’avenue d’un chateau situe dans lĂ© voisinage de Saint-PĂ©tersbourg, avait etc, de lort ancienne date , exhaussĂ©e avec du noir animal ; le propriĂ©taire actuel s’eu Ă©tant aperçu l’annĂ©e derniĂšre, se hĂąta de faire dĂ©foncer ce prĂ©cieux terrain. L’engrais qui en est provenu n’a pas paru diffĂ©rer de celui qui Ă©tait sorti plus rĂ©cemment des raffineries. A Nantes, on estime moins le noir de Russie que celui des autres parties de l’Europe , parce que , m’a-t-on dit, le charbon d’os employĂ© dans ce pays est plus dur et en plus gros fragmens ; ce ce qui l’empĂȘche de se pĂ©nĂ©trer aussi bien du sang de bƓuf et des sirops. » Quelques cultivateurs se sont lassĂ©s de l’emploi du noir animal. Cela doit tenir Ă  diverses causes. La premiĂšre, peut-ĂȘtre, c’est qu’ils ne l’auront pas employĂ© avec discernement. Je viens de le dire , les rĂ©sidus de radinerie ne conviennent pas Ă©galement Ă  toutes les terres, et sans doute, pour en obtenir constamment un bon effet, il faut les alterner, sur les mĂȘmes champs, avec d’autres fumiers. La seconde cause , c’est que, comme toutes les substances fermentescibles d’une grande et prompte Ă©nergie, celle-ci ne peut guĂšre agir sensiblement que pour une rĂ©colte. Elle ne fait pas le fond de la terre, disent avec raison nos paysans. Enfin , malheureusement , des marchands sans honneur sont parvenus Ă  falsifier le noir, en le mĂ©langeant avec des terres noirĂątres qui altĂšrent considĂ©rablement sa qualitĂ© sans changer son aspect. Cependant, le dĂ©bit augmente annuellement, au lieu de diminuer; c’est la preuve la moins Ă©quivoque de la bontĂ© de cet engrais. Il a dĂ©jĂ  rendu d’importans services Ă  l’agriculture des dĂ©partemens que j’ai citĂ©s. LĂ  , presque partout, malgrĂ© l’augmentation progressive du nombre des bestiaux , dans chaque mĂ©tairie bien dirigĂ©e, les fumiers sont en trop petite quantitĂ©. C’est Ă  cette cause , plus encore qu’au manque de bras et de machines propres Ă  les remplacer , qu’il faut attribuer la multiplicitĂ© des jachĂšres qu’on remarque encore avec peine dans une grande partie de l’Ouest ; mais ces jachĂšres deviennent de moins en moins nombreuses. Si la culture du trĂšfle , l’introduction plus rĂ©cente de divers autres fourrages et celle de la betterave ont puissamment contribuĂ© Ă  — 75 — ces amĂ©liorations, je ne doute pas que le noir animal et la cliaiix,^ dont l’usage s’étend de plus en plus , n’y aient aussi contribue pour leu r bonne part. Dans le voisinage des villes, es unners man quent rarement; mais , au fond des campagnes, il en est au- tre ment ; l es f ra is de transport sont Ă©normes. Un engrais qui, comme le noir animal, sous un petit volume et un P° lds Pℱ considĂ©rable , contient beaucoup de parties nutritives , une acquisition vraiment prĂ©cieuse. » M. Charles Cesbron, du dĂ©partement de Maine-et-Loire , Ă©crit ce qui suit aux rĂ©dacteurs du Cultivateur mĂȘme cahier, page 178 Dans le canton que j’habite, on a obtenu des rĂ©sultats extrĂȘmement avantageux de l’emploi du noir animal. Il a enrichi plusieurs cultivateurs, qui d’abord ne voulaient pas en faire usage, et par suite la valeur des fermes a presque double. Les te , ainsi fumĂ©es ont donnĂ© de plus belles rĂ©coltĂ©s et des pĂąturages bien plus aboudans que lorsqu’on y mettait seulement du fumier, de la chaux ou des terreaux. Des piĂšces de seigle , amendĂ©es pour la troisiĂšme fois avec le noir animal, ont donnĂ© douze Ă  seize pour un , et des grains d’une excellente qualitĂ©. » NOTE SUE LA DÉCOCTION MERCURIELLE DITE EAU DES NÈGRES', ADRESSÉE A LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE ROUEN, EN JUIN 1830 *. De tout tems, les mĂ©decins et les pharmacologistes ont prĂ©tendu que l’eau, en bouillant pendant plusieurs heures sur U mercure coulant, acquĂ©rait une propriĂ©tĂ© anthelmintique trĂšs- prononcĂ©e aussi ont-ils recommandĂ© l’emploi de cette prĂ©paration dans le traitement des maladies vermineuses des enfans- Boerhaave, Lentilius, d’Andry, Baglivi, Pomet, etc., etc., oĂŻd soutenu cette opinion et contribuĂ© Ă  la rĂ©pandre. LĂ©mery fils; cependant, et Boerhaave lui-mĂȘme, avaient reconnu qu’en faisan 1 bouillir pendant un grand nombre de fois des quantitĂ©s d’eau trĂšs- 1 C’est le nom que Eourcroyj dans ses cours , donnait Ă  cette prĂ©paration employĂ©e da* 1 * les colonies comme anli -syphilitique et vermifuge. * Lue a l’Acadcmic royale des sciences de Rouen , en 1855. Inscrce dans le Journal de Chimie mĂ©dicale t. 1 , p. ĂŒS" , aimĂ©e i XS". _ 77 — sidĂ©rables suv un poids dĂ©terminĂ© de mercure, ce u ' , Perdait aucunement de son poids ; ce qui engagea c P renu mettre en d „ute la vertu attribuĂ©e Ă  la dĂ©coctmn e Quelques mĂ©decins allĂšrent encore plus loin que 1» >-ut, puisqu’ils supposeront en outre Ă  cette dec-cU»» de. t ,ro P ne laissa aucun rĂ©sidu. — 79 — lame de cuivre bien dĂ©capĂ©e resta plongĂ©e pendant quelques j°urs dans ce liquide ; elle ne perdit ni son Ă©clat, ni sa couleur. la 'arreau aimantĂ© ne prĂ©senta Ă©galement aucun phĂ©nomĂšne. ^ es reactifs suivans f au de chaux, SuTr m ° r,iari ’ lc ’ Chlorure de sodium, Chromate de potasse, Iodure de potassium, Acide gallique, Teinture de noix de galle , Dissolution de gĂ©latine, etc. fure de potassium, Chlore liquide , CyanoFerrure de potassium, Cyanure de potassium, n y occasionnĂšrent aucune coloration ou prĂ©cipitĂ© quelconq ^ Il en fut de mĂȘme d’un courant de gaz hydrogĂšne sulfure que 1 y fis passer pendant plus de deux heures. Voulant reconnaĂźtre si les sels contenus habituellement dans l’eau de riviĂšre pourraient avoir quelque influence sur l’oxidation du mĂ©tal, et dĂ©terminer la formation d’un composĂ© mercuriel quelconque, j’ai employĂ©, pour de nouvelles expĂ©riences, de l’eau de Seine, et mĂȘme une eau plus riche en matiĂšres solides que celle-ci, l’eau d’un puits ; mais, dans l’un et l’autre cas, les rĂ©sultats que j’ai obtenus ont Ă©tĂ© entiĂšrement conformes aux precedens. 3° Le mercure sur lequel je fis les essais que je viens de relater, Ă©tait pur. J’ai rĂ©pĂ©tĂ© les mĂȘmes opĂ©rations avec du mercure tenant en dissolution quelques centiĂšmes de mĂ©taux etrangers, du plomb, du bismuth, de l’étain, dans la supposition que ces mĂ©taux pourraient faciliter l’action de l’eau sur lui, ou peut-ĂȘtre se dissoudre eux-mĂȘmes, et communiquer alors Ă  l’eau des propriĂ©tĂ©s particuliĂšres que Y on aurait attribuĂ©es Ă  la prĂ©sence du mercure. Toutes mes tentatives pour retrouver dans l’eau la moindre trace, mercure, soit des autres mĂ©taux, ont Ă©tĂ© infructueuses. . _ 4“ Depuis l’époque oĂč ces essais ont Ă©tĂ© terminĂ©s, la chimie analytique s’est enrichie de plusieurs moyens ingĂ©nieux propres a dĂ©montrer la prĂ©sence du mercure, ou plutĂŽt de ses composes, dans un liquide quelconque. Parmi ces moyens, celui indiquĂ© par M. James Smittson, et perfectionnĂ© par le professeur Orfila, est un des plus simples et des plus certains. Ce procĂ©dĂ©, comme l’on sait, consiste dans l’emploi d’une petite pile Ă©lectrique faite avec un anneau d’or, recouvert d’une feuille d’étain roulĂ©e en spirale, appareil que l’on plonge dans la liqueur oĂč l’on soupçonne la prĂ©- rence d’un composĂ© mercuriel, aprĂšs y avoir prĂ©alablement ajoutĂ© quelques gouttes d’acide bydrocblorique. Dans le cas oĂč il y en existe quelques traces, l’anneau d'or preqd une couleur d’un blanc grisĂątre qu’il ne perd pas par le contact de l’acide hydrochlorique pur et concentrĂ© ; et chauffĂ© dans un petit tube de verre effilĂ© Ă  la lampe, il laisse dĂ©gager des vapeurs mercurielles qui ne tardent pas Ă  se condenser, dans le haut du tube, sous la forme de petites gouttelettes brillantes. J’ai eu le dĂ©sir de soumettre Ă  cette Ă©preuve infaillible la dĂ©coction mercurielle ; mais je n’ai pas Ă©tĂ© plus heureux que prĂ©cĂ©demment, tandis qu’en agissant sur de l’eau dans laquelle j’avais dissous d’avance un quart de grain de sublimĂ© corrosif, j’ai obtenu les rĂ©sultats annoncĂ©s par les deux chimistes citĂ©s plus haut. Il rĂ©sulte donc de ces recherches que l’eau pure ou chargĂ©e de sels n’a pas la propriĂ©tĂ© de dissoudre, mĂȘme par un contact prolongĂ© Ă  la tempĂ©rature de ioo°, un atome de mercure ; qu’il ne se trouve dans ces circonstances aucune trace d’oxide de mercure qui resterait en simple suspension, ainsi que Grew, citĂ© par Kla- proth, l’a prĂ©tendu ; enfin, que la dĂ©coction mercurielle ne possĂšde aucune saveur particuliĂšre, comme tant d’auteurs l’ont avancĂ©. Et qu’on n’argue pas, contre ces rĂ©sultats, que si les rĂ©actifs n’ont pu faire dĂ©couvrir la prĂ©sence du mercure dans l’eau, cela tient uniquement Ă  ce qu’ils ne sont pas assez sensibles, assez puis- sans. L’analyse chimique est portĂ©e maintenant Ă  un tel point de prĂ©cision, surtout en ce qui regarde les substances minĂ©rales, qu’un pareil doute doit paraĂźtre une hĂ©rĂ©sie aux yeux des praticiens habiles qui s’occupent spĂ©cialement de cette partie de la science. LĂ  oĂč les rĂ©actifs ne peuvent dĂ©celer aucune trace d’une — 81 MatiĂšre en dissolution ou en suspension, on peut afhrmer avec assurance qu’il ne s’y en trouve pas, en effet, quelque degrĂ© de lisibilitĂ© qu’on suppose Ă  la matiĂšre. Maintenant, un corps qui ne cĂšde rien Ă  l’eau peut-dlui faire guĂ©rir une saveur prononcĂ©e? Il est difficile d’admettre cette °Pnio n ; et puisque je n’ai pu, dans quelque circonstance que ce s °it, obtenir une eau douĂ©e d’une saveur mercurielle sensible , 11 est—il pas plus raisonnable de supposer que ceux qui ont avancĂ© Un tel fait se sont laissĂ© imposer par des idĂ©es prĂ©conçues, et sur- t°ut par l’autoritĂ© des doctes Ă©crivains qui, les premiers , ont propagĂ© celte assertion. Ce ne serait pas assurĂ©ment le premier exemple oĂč l’on aurait vu des hommes graves et consciencieux croire, sur la foi des autres, Ă  l’existence de faits qui n’existaient que dans leur imagination. D’aprĂšs tout ce qui prĂ©cĂšde , il me paraĂźt impossible de croire aux propriĂ©tĂ©s curatives de la dĂ©coction mercurielle. La raison se refuse Ă  admettre qu’un corps puisse acquĂ©rir des vertus mĂ©dicinales par son simple contact avec un autre, surtout lorsque ce contact n’est suivi d’aucune action chimique qui modifie la nature de l’un ou de l’autre. Le tĂ©moignage des anciens ne doit pas nous en imposer dans ce cas ; car on sait avec quelle facilitĂ© ils ajoutaient foi aux suppositions les plus extraordinaires, Ă  une Ă©poque surtout oĂč une expĂ©rimentation sĂ©vĂšre Ă©tait rarement appelĂ©e a rectifier les Ă©carts de l’imagination. Que si des praticiens cĂ©lĂ©brĂ©s de nos jours ont adoptĂ© aveuglĂ©ment les croyances erronĂ©es de leurs devanciers, cela prouve seulement combien est puissant 1 empire des prĂ©jugĂ©s, et quelle difficultĂ© on Ă©prouve Ă  les dĂ©raciner. Je serai satisfait si j’ai pu contribuer Ă  en dĂ©truire un seul, et si, par mes expĂ©riences, j’ai fait disparaĂźtre Ă  jamais de nos ouvrages une erreur accrĂ©ditĂ©e depuis tant de siĂšcles. Lorsque M. J. Girardin a lu cette note Ă  l’AcadĂ©mie royale des sciences de Rouen , en i833 , M- Des Alleurs , secrĂ©taire 6 — 82 — perpĂ©tuel de la classe des sciences , a confirmĂ©, par des observations mĂ©dicales pratiques , les conclusions de M. Girardin . Voici ce que M. Des Alleurs a imprimĂ©, Ă  cet Ă©gard , dans son rapport gĂ©nĂ©ral de 1 833 1 Parmi les faits citĂ©s qui ont prouvĂ© l'inefficacitĂ© de l’eau mercurielle, par les effets nĂ©gatifs de cette eau , employĂ©e en abondance, soit extĂ©rieurement, soit intĂ©rieurement, le suivant paraĂźtra surtout concluant M. B., atteint d’une affection syphilitique , rendue Ă©vidente par des signes non Ă©quivoques, usa pendant long—teins , d’aprĂšs les conseils d’un empirique , de l’eau mercurielle , intĂ©rieurement et extĂ©rieurement. Nulle amĂ©lioration dans la maladie et nul symptĂŽme spĂ©cial de l’action mercurielle ne se manifestĂšrent ; le mal empira beaucoup ; soumis enfin, par nous, Ă  un traitement mĂ©thodique et prudent, que commandait la constitution nerveuse et l’irritabilitĂ© extrĂȘme du malade, la salivation se manifesta constamment, malgrĂ© toutes les prĂ©cautions que j’eus soin de prendre , soit que je fisse usage , Ă  l’intĂ©rieur, du deutochlorure de mercure , soit que je fisse pratiquer des frictions. Je fus donc obligĂ© de renoncer Ă  ces moyens, et la guĂ©rison ne fut obtenue que par l’usage des prĂ©parations sudorifiques. Si l’eau mercurielle eĂ»t contenu du mercure en solution , peut-on penser que la salivation n’eĂ»t pas eu lieu , surtout aprĂšs l’usage immodĂ©rĂ© que le malade en faisait, une pinte Ă©dulcorĂ©e par jour ? * Voir le PrĂ©cis de VAcadĂ©mie de Rouen , pour 1835 , p. 3". NOTE SUR L’EMPLOI DES OS BROYÉS OU PULVÉRISÉS COMME ENGRAIS Dans la plus grande partie de l’Allemagne, dans toute la Grande-Bretagne, en Auvergne , etc., les os pulvĂ©risĂ©s ou simplement broyĂ©s sont employĂ©s comme engrais depuis un assez grand nombre d’annĂ©es, et les cultivateurs de ces pays leur attribuent une grande puissance fertilisante. Dans d’autres pays, au contraire, l’opinion opposĂ©e est gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue, et plusieurs agronomes trĂšs-habiles la partagent ; je citerai, entr autres, M. De Dombasle et M. Wrede , propriĂ©taire hessois. Ce dernier assure avoir employĂ© 4° a 5o,ooo livres de poudre d os, sans en obtenir aucun rĂ©sultat bien marquĂ© , et il prĂ©tend q d J a exa “ gĂ©ration dans ce qui a Ă©tĂ© dit sur leur facultĂ© fertilisante. Au milieu de ces faits et assertions contradictoires, il est assez difficile, comme on voit, d’asseoir un jugement certain. Cependant, si l’ou fait attention que les fermiers anglais sont trop 1 WrĂ© dan. le e des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale i’agriculture de la Seine- InfĂ©rieure , p. 398 , annĂ©e 1851 , et n" 61 , janvier 1832 , du Recueil industriel, "facturier, agricole et commercial, publiĂ© pat M - Dc Mauleon > P' 58 C annĂ©e . — 84 — Ă©clairĂ©s sur leurs vĂ©ritables intĂ©rĂȘts pour adopter aveuglĂ©ment une pratique dont l’expĂ©rience n’a pas sanctionnĂ© l’utilitĂ© ; si l’on rĂ©flĂ©chit que cette pratique est gĂ©nĂ©ralement suivie dans les trois royaumes, puisque l’importation des os est devenue un objet de ^ commerce important en Angleterre, au point que le Danemarck lui en vend seul pour i 5 o h 200 mille rixdalers annuellement, et que des vaisseaux anglais vont faire , chaque annĂ©e , des char- gemens considĂ©rables d’os dans le nord de l’Allemagne, on sera tout naturellement portĂ© Ă  penser que la divergence d’opinions qui existe entre les diffĂ©rens agronomes sur l’opportunitĂ© ou l’inutilitĂ© de l’emploi des os comme engrais, dĂ©pend, ou de ce que les expĂ©rimentateurs n’ont pas suivi la mĂȘme maniĂšre d’opĂ©rer, ou plutĂŽt que l’effet des os varie suivant la nature des sols auxquels on les applique. Cette explication nous semble d’autant plus rationnelle, que la thĂ©orie est favorable Ă  la pratique des cultivateurs anglais, badois, wurtembergeois, flamands et auvergnats. Comment, en effet, supposer qu’une matiĂšre qui renferme 4 ° pour 100 de substances organiques soit inerte, lorsqu’elle est placĂ©e dans les circonstances favorables Ă  sa dĂ©composition ? On pourrait objecter que la grande cohĂ©sion ou la duretĂ© excessive des os, qui 11e leur permet pas de se ramollir, mĂȘme dans l’eau chaude, est un obstacle assez grand pour empĂȘcher leur putrĂ©faction, et par consĂ©quent la dispersion de leurs principes actifs dans le sol ; mais cette objection, toute spĂ©cieuse, n’aura aucun poids pour ceux qui ont observĂ© ce qui se passe dans les os rĂ©pandus sur les champs et soumis Ă  l’influence rĂ©pĂ©tĂ©e de l’air, de l’humiditĂ© et de la chaleur. On sait, en effet, qu’au bout d’un certain tems, ces os deviennent jaunes par suite de l’exsudation de la graisse qu’ils renferment, puis que peu-Ă -peu ils blanchissent et finissent par ne plus consister qu’en un squelette terreux , friable et tout-Ă -fait semblable Ă  celui qui reste aprĂšs leur calcination Ă  l’air libre. Toute la matiĂšre animale a donc disparu, lentement Ă  la vĂ©ritĂ©, mais enfin elle a subi complĂštement les effets de la — 85 — dĂ©composition putride ; la cohĂ©sion qui unit les particules des os n’a l'ait que retarder cette altĂ©ration , mais ne l’a pas empechee. La pratique , d’ailleurs, n’a-t-elle pas dĂ©montrĂ© depuis long- q U e d’autres substances aussi denses que les os, comme les c ornes, les ongles , les poils , sont d excellens engrais et qu el e abandonnent aux plantes une nourriture convenable , peu Ă  peu et suivant leurs besoins , au fur et Ă  mesure qu elles deviennent solubles, sans mĂȘme donner aucun signe de fermentation? La thĂ©orie nous conduit donc Ă ^accorder foi et croyance au rĂ©sultats que les cultivateurs anglais et allemands prĂ©tendent obtenir. Exposons maintenant ces rĂ©sultats et les piincipes qui les rĂ©gissent. Si nous consultons le rapport de la commission d’enquĂȘte instituĂ©e, en 1828, par l’association agricole de Doncaster, pour rĂ©unir tous les faits relatifs Ă  l’emploi des os comme engrais, traiter ce sujet h fond et dissiper tous les doutes, rapport que nous a fait connaĂźtre le chevalier Masclet, dans un excellent mĂ©moire insĂ©rĂ© dans le n° 34 , 3“ sĂ©rie, tome VI, page 3 o des Annales de Vagriculture française, nous apprenons que le colonel Saint-LĂ©ger est le premier qui ait tentĂ©, en 1 7 y 5 , a Warms— vrorth Yorksbire, l’emploi des os comme engrais. Le progrĂšs en a Ă©tĂ© lent, parce qu’on se bornait Ă  jeter sur le terrain les os grossiĂšrement coucassĂ©s et en trop grande quantitĂ© ; il n y » guere que i 5 Ă  16 ans qu’on en a reconnu les bons effets , depuis qu on a imaginĂ© de les broyer ou de les rĂ©duire en poudre. Dans cet Ă©tat, ils conviennent Ă©minemment aux terrains secs et sablonneux, aux sols calcaires et crayeux, aux terrains lĂ©gers et aux fonds tourbeux ; ils ne produisent aucun effet dans les terrains argileux, humides ou compactes. On peut encore les employer avec beau coup d avantage pour les prairies naturelles et artificielles, pour les terres arables que l’on destine aux turneps et aux pommes de terre. Tous les os peuvent ĂȘtre indiffĂ©remment employĂ©s. Dans — 86 — l’Allemagne, on donne la prĂ©fĂ©rence aux os Ăźle bƓuf, de cochon et de veau , parce qu’ils contiennent une plus grande quantitĂ© de substance animale que les autres. Il vaut mieux les broyer en morceaux de quatre pouces de diamĂštre pour les terres arables, et les pulvĂ©riser totalement pour les prairies. On doit les semer Ă  la volĂ©e et avant la graine, exceptĂ© dans les cultures intermĂ©diaires oĂč la semence et l’engrais se rĂ©pandent ensemble. La quantitĂ© Ă  employer est de vingt-cinq boisseaux d’os en poudre par acre ; de quarante, s’ils sont concassĂ©s ; mais cette proportion doit s’accroĂźtre suivant que le terrain est plus ou moins apauvri. Les os prĂ©alablemment exposĂ©s Ă  l’air durant deux ou trois mois, se pulvĂ©risent facilement. Ceux qui sont encore revĂȘtus de chair semblent fournir moins d’engrais que ceux qui sont entiĂšrement dĂ©charnĂ©s. Il est bon de les faire fermenter en tas avant de les broyer, parce que leur dĂ©composition dans la terre est plus prompte. Cet engrais conserve sa vertu fertilisante pendant fort long- tcms pendant quatre ans dans les terres arables, et plus long- tems encore sur les prairies; il conserve toute sa force sur un terrain sec, dans les tems de sĂ©cheresse, lorsque le fumier ordinaire perd une grande partie de la sienne. On fait aussi d’exeellens compĂŽts en mĂȘlant des os broyĂ©s avec d’autres fumiers ; et, pour y parvenir, il est bon de laisser ces compĂŽts exposes Ă  l’air dans des excavations dont le fond est pavĂ©. Nous dĂ©sirerions beaucoup que chaque ferme renfermĂąt deux fosses de ce genre, que l’on remplirait alternativement de dĂ©tritus de toutes espĂšces ; on y verserait les eaux grasses ; on y ferait arriver, Ă  l’aide de rigoles, l’urine des Ă©tables et des Ă©curies, qu’on laisse perdre ; on emploĂźrait les produits de l’une et l’autre fosses alternativement, de sorte que tous les ans le cultivateur disposerait d’un tas plus ou moins considĂ©rable d’excellent fumier dont la prĂ©paration ne l’aurait entraĂźnĂ© dans aucuns frais. Les machines que l’on er e pour broyer les os sont, ou des — 87 — Seules verticales en pierre dure , du poids de 4 Ă  b,ooo livres , tournant dans une auge horizontale de ‱forme circulaire, ou bien ^ e s espĂšces de laminoirs dont les cylindres sont en fonte dure et armĂ©s de dents qui, en tournant en sens contraire avec des Vl, esses diffĂ©rentes, pulvĂ©risent assez promptement les os. Suivant M. Molard , l’établissement de ces moulins est dispendieux, et ils ne peuvent convenir qu’à de grandes exploitations. Dans le Lincolnsbire, l’Yorksbire et les comtĂ©s voisins, dans l’East et AJid’Lothian et autres parties de l’Ecosse, on broie les os Ă  1 aide de manĂšges, de cours d’eau, de machines Ă  vapeur et meme de moulins Ă  vent dans quelques bonnes expositions. Dans d’autres parties de la Grande-Bretagne , on adapte simplement des cylindres Ă  la machine Ă  battre les grains , qui se trouve dans presque toutes les fermes, et qui est encore si rare dans les nĂŽtres. M. Anderson, de Dundee, a fait Ă©tablir un moulin Ă  broyer les os, qui est mis en mouvement par une machine Ă  vapeur de la force de douze chevaux, et qui suffit Ă  peine, par un travail continu, Ă  la fourniture des districts environnons. Ce moulin paraĂźt rĂ©unir une grande partie des avantages que doivent possĂ©der ces appareils ; aussi la SociĂ©tĂ© de la Haute-Ecosse a-t-elle decerne un prix Ă  son auteur. On trouve la description et la gravure de cette machine dans Y Agriculteur manufacturier de AI. Dubrunfaut t. Il, n° 'j, octobre i83o, p. 38 . Le bulletin delĂ  SociĂ©tĂ© d’encouragement, de septembre 1826 , contient un rapport de M. Molard, sur une machine employĂ©e Ă  Thiers Puy-de-DĂŽme , pour rĂ©duire les os en poudre par le moyen du rĂąpage. Un grand cylindre creux en acier, en forme de virole , d’nn pied de diamĂštre sur autant de largeur, dont la surlace extĂ©rieure est fortement piquĂ©e comme une rĂąpe Ă  bois, est fixĂ© concentriquement sur l’extrĂ©mitĂ© d’un arbre de moulin avec lequel il tourne. Au-dessous de cette rĂąpe est une forte piĂšce de Lois, au travers de laquelle existe un trou carrĂ© qui sert de trĂ©mie a "x os qu’on veut broyer, et qu’on presse Ă  volontĂ© entre le — 88 tambour-rĂąpe, Ă  l’aide d’un pressoir ou d’un levier chargĂ© d’un poids. Tant que les dents sont neuves, la quantitĂ© d’os contenue dans la trĂ©mie, c’est-Ă -dire environ un pied cube , est rĂ©duite en poudre dans l’espace de deux Ă  trois minutes. Cette machine est peu dispendieuse et trĂšs-facile Ă  construire. Elle donne une poudre d’os assez grossiĂšre, qui est grasse au toucher, sent le fromage et donne de l’ammoniaque lorsqu’on la mĂ©lange avec de la chaux. Elle contient sur ioo parties, aprĂšs la dessiccation, 43 parties 86 de matiĂšre animale combustible, et 56, 1 4 de substances terreuses. Les habitans de Thiers ont, depuis un tems immĂ©morial, l’habitude de rĂ©duire en poudre les rĂ©sidus des os employĂ©s dans leurs fabriques de coutelleries , et d’en former un excellent engrais pour leurs terres. On voit, dit le chevalier Masclet, » que ce n’est pas aux Anglais que nous aurions eu la premiĂšre » obligation de cette utile dĂ©couverte , si nous n’étions si souvent » les derniers Ă  soupçonner l’existence de celles qui nous appar- » tiennent, et qui sont de si vieille date qu’elles ont, depuis » long-tems , cessĂ© d’en porter le nom. » Annales de VAgriculture française, t. VI, 3' sĂ©rie , p. 43. Un riche propriĂ©taire des environs de Strasbourg a fait Ă©tablir chez lui un moulin et un tamisage mus par eau , pour rĂ©duire les os en poudre. Cette poudre est trĂšs-fine, car, passĂ©e au tamis, elle contient peu de morceaux de la grosseur d’un pois. Ce propriĂ©taire ajoute du salpĂȘtre Ă  cette poudre d’os, dans la proportion d’environ io pour ioo, ce qui prĂ©vient une trĂšs-prompte fermentation , et lui donne plus d’efficacitĂ© comme engrais. Il vend 16 fr. les i oo kilogrammes de cette poudre ainsi prĂ©parĂ©e. Agric. manufact., loc. cit., page 47 ‱ Dans les cantons anglais oĂč l’on a adoptĂ© l’engrais des os, la rĂ©colte des turneps a dĂ©cuplĂ© leur volume est quatre ou cinq fois plus considĂ©rable, et les rĂ©coltes suivantes , soit en cĂ©rĂ©ales, soit en graines, ont gagnĂ© dans la mĂȘme proportion. On en doit conclure que si cet usage Ă©tait suivi dans notre pays, il accroĂźtrait __ 89 — considĂ©rablement le nombre des bestiaux , et consĂ©quemment la liasse des viandes de boucherie. Un engrais d’un transport si ^ ac ile, si Ă©minemment propre Ă  la culture en rayons, dont les P r °priĂ©tĂ©s fertilisantes sont si gĂ©nĂ©ralement applicables, n’est-il P as un vĂ©ritable trĂ©sor pour les fermiers qui, rĂ©sidant dans l’in- terieur du pays et Ă  une grande distance des villes, se trouvent dans l’impossibilitĂ© de se procurer des engrais d’un poids et d un volume considĂ©rables? On sait ce qu’il en coĂ»te, meme de la distance d’un mille , pour transporter 6, 8 ou t o charges de gros fumiers par acre de terre. L’usage de l’engrais animal procure Une grande Ă©conomie de travail, Ă  l’époque de l’annĂ©e ou elle a le pl us de prix. Il suflit de rappeler, pour la faire apprĂ©cier, qu’une charge de 120 boisseaux d’os broyĂ©s Ă©quivaut Ă  4o ou 5o charges de fumier de ferme, dont chacune est celle d’une voiture attelĂ©e de trois chevaux. » C’est ainsi que s’exprime un des propriĂ©taires cultivateurs qui ont rĂ©pondu Ă  l’appel de l’association agricole de Doncaster. Si, en Angleterre, en Ecosse, oĂč les routes sont si bien entretenues, et ou, par consĂ©quent, les moyens de transport sont plus faciles et moins que chez nous, on trouve un tel avantage dans la substitution des os pulvĂ©risĂ©s aux engrais ordinaires , jugez, Messieurs, quels bĂ©nĂ©fices nos cultivateurs retireraient en imitant nos voisins d’outre-mer? Aussi nous joindrons nos efforts a eeux de MM. Molard, D’Arcet, le chevalier Masclet, Dubrun- ‱aut, Payen, etc., pour les engager Ă  tirer parti d’une substance qu’ils ont, de tout tems, considĂ©rĂ©e au moins comme inutile , et qu’ils peuvent se procurer Ă  si bas prix. Pourquoi les ouvriers des villes, dans leurs momens de loisir, pourquoi les enfans, qu’on laisse inoccupĂ©s , ne s’occuperaient-ils pas Ă  ramasser les os qu’on jette dans les rues , et Ă  les broyer Ă  l’aide de simples cylindres, pour en vendre la poudre aux cultivateurs et aux jardiniers ? Cette occupation , simple accessoire des travaux halriuels vaudrait bien la sale divagation des chiffonniers dont 90 — nos rues sont remplies ! Nos artistes mĂ©caniciens feraient aussi une chose utile en inventant et Ă©tablissant Ă  bas prix des cylindres propres Ă  broyer les os. On objectera peut-ĂȘtre que si nous consacrons ainsi Ă  l’engrais des terres une grande partie des os qui proviennent de nos viandes de boucherie, nous porterons un prĂ©judice trĂšs-sensible Ă  nos fabriques de noir animal, et par suite .Ă  celles de sucre indigĂšne. Mais qu’on se rassure, la quantitĂ© d’os fournie par l’abattage de nos bestiaux est plus que suffisante pour entretenir la fabrication du noir animal et des os broyĂ©s , mĂȘme en supposant ces deux genres d’industrie portĂ©s Ă  leur plus haut pĂ©riode. Les fabriques de noir animal n’absorberont pas plus du quart des os que peut produire la France, lorsque les sucreries indigĂšnes seront en assez grande quantitĂ© pour suffire Ă  notre consommation moyenne de sucre de betteraves. Dans l’étal actuel des choses, le dĂ©partement de la Seine , pour prendre un exemple, consomme annuellement 48,000,000 kilogrammes de viande , Ă©quivalant Ă  environ 12,000,000 kilogrammes d’os. Il s’en perd plus de la moitiĂ©, car on ne ramasse, pour les fabriques de noir et de sel ammoniac, que 5 , 8 oo,ooo kilogrammes d’os environ Ă  l’état humide. VoilĂ  donc pour un seul dĂ©partement 6,200,000 kilogrammes d’os qui restent sans emploi. Qu’on ajoute Ă  cette quantitĂ© tous les os provenant des animaux morts de maladie, tous ceux qui peuvent provenir des cimetiĂšres que l’on vide, des catacombes que l’on dĂ©truit aprĂšs des siĂšcles d’existence , nous arriverons Ă  un chiffre Ă©norme , et nous acquerrons par lĂ  la certitude que, sans nuire aux diverses industries qui font usage des os, on pourra verser sur les terres en culture une masse considĂ©rable d’os broyĂ©s ou pulvĂ©risĂ©s. D’ailleurs, l’importation n’est-elle pas lĂ , en supposant que nos ressources soient trop faibles sous ce rapport ? et 11e peut-on pas encore, comme le propose M. Masclet, tirer parti, pour le mĂȘme usage, de cette immense quantitĂ© d’écailles d’huĂźtres, de moules et autres coquillages que nous fournissent les — 91 — deux mers qui baignent nos cĂŽtes? TSe doit-on pas espĂ©rer aussi 4 Ue notre rĂ©gime diĂ©tĂ©tique s’amĂ©liorera, et que , par consĂ©quent , en mangeant plus de viande, nous rĂ©colterons plus d’os? "^errons-nous long-tems encore, dit l’habile agronome que j’ai C1 *e tout-Ă -l’heure, l’habitant de l’Angleterre employer, terme m °yen , pour sa nourriture, une quantitĂ© de substance animale Presque double de celle que la France fournit Ă  chacun de ses babitans ? » Rassurons—nous donc sur ce prĂ©tendu prĂ©judice q u apporterait Ă  notre industrie manufacturiĂšre l’emploi des os en agriculture. Il ne me reste plus, Messieurs , pour terminer tout ce qui est relatif Ă  l’usage des os comme engrais, qu’à vous indiquer leur mode d’action dans cette circonstance. M. D’Arcet s’est occupĂ© de cette question toute thĂ©orique. Je ne puis mieux faire que de vous rapporter les propres paroles de ce chimiste distinguĂ©. Je pense, dit-il, que lorsqu’on emploie les os comme engrais, la graisse qu’ils contiennent, liquĂ©fiĂ©e par la chaleur du soleil, est en partie absorbĂ©e par la terre ; que les os, ainsi dĂ©graissĂ©s mĂ©caniquement, deviennent plus facilement attaquables par l’action combinĂ©e de l’air et de l’eau ; que les rĂ©actions chimiques ont alors lieu ; qu’une partie de la graisse et de la gĂ©latine contenues os se convertit en ammoniaque; que cette ammoniaque dans les A ' 1 saponifie une autre portion de gĂ©latine, la rend soluble dans 1 eau de pluie, qui, entraĂźnant cette espĂšce de savon , le rĂ©pand sur la terre, oĂč il agit comme engrais. Les mĂȘmes causes ramĂšnent les mĂȘmes effets, tant qu’il reste de la graisse et de la gĂ©latine dans les os ; mais cette action devient d’autant plus lente , qu elle a lieu sur des os plus compactes, plus Ă©pais ou plus vieux c’est parce q ue l es os n’éprouvent ainsi qu’une dĂ©composition pres- qu’insensible , et parce qu’ils contiennent, terme moyen , jusqu’à 4o pour ioo de matiĂšre animale, qu’ils forment un engrais si durable, et dont les effets sont si surs et si constans C’est probablement ainsi qu’agissent une foule d’autres engrais, tels que la — 92 — corne, les poils, les vieux cuirs, les dĂ©bris d’animaux, etc. » Annales de chimie et de physique, tome XVI, page 36 1 , annĂ©e 1821. Telles sont, Messieurs, les diverses considĂ©rations que j’ai cru devoir vous prĂ©senter sur l’emploi des os en agriculture. Je dĂ©sire beaucoup qu’elles aient assez de poids pour engager les cultivateurs de notre dĂ©partement Ă  introduire ce nouvel engrais dans leur pratique journaliĂšre. Si mes avis produisaient un tel rĂ©sultat, je n’aurais qu’à me fĂ©liciter d’avoir rĂ©digĂ© cette note. BONBONS COLORÉS PAR DES SUBSTANCES VÉNÉNEUSE. proposition faite a cet Ă©gard AU CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE DU DÉïARTt>l*N T m * ‱ Messieurs, A diffĂ©rentes reprises, l’attention publique a Ă©tĂ© NeĂŒlĂ©ej^des poursuites dirigĂ©es contre des confiseurs qui avaient n stances des matiĂšres sucrĂ©es qu’ils avaient colorĂ©es avec effets vĂ©nĂ©neuses, dont sans doute ils ne connaissaien P . j meurtriers. Des condamnations repetees, tan 2° La loi du 16-24 aoĂ»t I 79 ° > 3 ° La loi du 32 juillet 1791 ; 4 ° Le code du 3 brumaire an IV; 5 ° L’ordonnance de police du 10 dĂ©cembre l 83 t o ; 6* Les articles 319 et 320 du code pĂ©nal ; Avons ordonnĂ© et ordonnons ce qui suit Art. _ Il est expressĂ©ment dĂ©fendu de se servir, pour peindre ou colorier les bonbons, dragĂ©es , pastilles, et en gĂ©nĂ©ral toute espĂšce de sucreries ou de pĂątisseries, ainsi que pour colorier les liqueurs de table, d’aucune substance minĂ©rale, et notamment des substances suivantes 101 i° Le vert de ScheĂšle, le vert de Sclrweinfurt ou vert d’Allemagne, violent poison contenant du cuivre et de l’arsenic ; 2° Le jaune de chrome ou chrĂŽmate de plomb ; 3 ° Le vermillon ou cinabre, appelĂ© encore sulfure de mercure ; 4 ° L’orpiment ou sulfure jaune d’arsenic ; 5 ° Le minium ou oxide rouge de plomb ; 6° Le rĂ©algar ou sulfure rouge d’arsenic ; 7° Le bleu de montagne ou cendre bleue cuivrĂ©e ou azur de cuivre, qui est un carbonate de cuivre ; 8° Les cendres bleues en pĂąte ou carbonate de cuivre artificiel ; 9° Le jaune de Naples, contenant des oxides de plomb et d’antimoine ; io° Le smalt ou verre d’azur colorĂ© par l’oxide de cobalt; 11° Le vert-de-gris ou sous-acĂ©tate de cuivre. Le bleu de Prusse ou de Berlin peut ĂȘtre employĂ© sans inconvĂ©nient. On ne devra faire usage, pour colorier les bonbons, liqueurs, etc., que de substances vĂ©gĂ©tales, Ă  l’exception de la gomme-gutte et de l’orseille. Art. 2. — Il est dĂ©fendu de mettre dans les liqueurs des feuilles d’or ou d’argent faux ; les liquoristes ne devront employer pour cet usage que des feuilles d’or et d’argent fin. Art. 3 . — Il est dĂ©fendu d’envelopper ou de couler des sucreries dans des papiers bleus, lissĂ©s ou coloriĂ©s avec des substances minĂ©rales, attendu que les enfans ont l’habitude de les porter a leur bouche, ce qui peut occasionner de graves accidens. Art. 4- — Les confiseurs , Ă©piciers, liquoristes, et en general tous les marchands qui vendent des sucreries et liqueurs coloriĂ©es, devront les livrer enveloppĂ©es dans des papiers qui porteront des Ă©tiquettes indiquant leur nom , profession et demeure. Art. 5 . — Il est encore expressĂ©ment dĂ©fendu aux distillateurs ou liquoristes d’employer le sucre de saturne ou acetate de plomb pour clarifier leurs liqueurs, cette substance Ă©tant un violent poison. — 102 — Art. 6. — Les fabricans et marchands seront personnellement responsables des accidens occasionnĂ©s par les produits qu’ils auront fabriquĂ©s ou vendus. Art. 7. — Il sera fait des visites chez les fabricans et dĂ©tail— lans , Ă  l’elfet de constater si les -dispositions prescrites par la prĂ©sente ordonnance sont observĂ©es. Les membres du conseil central et des comitĂ©s secondaires de salubritĂ© sont chargĂ©s de cette surveillance. Art. 8. — Les contraventions seront poursuivies conformĂ©ment Ă  la loi, devant les tribunaux compĂ©tens. Le prĂ©fet du dĂ©partement, Telles sont, Messieurs, les mesures que votre commission vous propose de soumettre Ă  l’approbation de M. le prĂ©fet. Dans le cas oĂč elles seraient adoptĂ©es, elle croit que le conseil central devrait nommer une commission permanente de trois membres, qui aurait, dans ses attributions, la visite des ateliers des fabricans de bonbons et de liqueurs; les visites pourraient ĂȘtre faites un mois avant l’époque du jour de l’an, et quelques jours aprĂšs le premier janvier. Yotre commission est persuadĂ©e qu’en mettant en pratique le mode de surveillance qu’elle indique, et en publiant l’ordonnance ci-dessus, la vente des bonbons vĂ©nĂ©neux nese renouvellera plus. Fait en sĂ©ance, Ă  Rouen, dans le sein de la commission, le 1 " octobre i83i. SignĂ© J. Girardin , rapporteur, P. Alexandre. Vingtrinier. CONSIDERATIONS TOXICOLOGIQUES SUR L’EMPLOI DU SUCRE DANS LES EMPOISONNEMENS PAR L’ACÉTATE DE CUIVRE. THÈSE PRÉSENTÉE ET SOUTENUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, LB 25 AOUT 1832, PAR M. P. POSTEL, D. M. P., ANCIEN ÉLEVB DES 80P1TADK DB RODER. Extrait communiquĂ© par M. J. Girardin 1 . On peut dire que l’empoisonnement par les prĂ©parations cuivreuses est un des plus communs et des plus importansĂ  connaĂźtre. Aussi, de tout tems, les mĂ©decins et les chimistes ont-ils portĂ© leur attention sur les moyens capables de dĂ©cĂ©ler la prĂ©sence de ces poisons, et sur ceux de prĂ©venir leurs terribles ravages sur l’économie animale. Parmi les moyens conseillĂ©s pour combattre les accidens qu’occasionnent les prĂ©parations cuivreuses, moyens qui ont variĂ© suivant les Ă©poques de la science oĂč ils ont Ă©tĂ© proposĂ©s , on peut citer les boissons mucilagineuses conseillĂ©es par 1 InsĂ©rĂ© dans les Annales d'hygiĂšne publique et de mĂ©decine lĂ©gale t t. 10, l » o part., p. Î07. — 104 — FodĂ©rĂ© ; les sulfures hydrogĂ©nĂ©s de potasse, de soude, de chaux, proposĂ©s par Navier ; la teinture de noix de galle, prĂ©conisĂ©e par Chansarel ; les huiles essentielles, conseillĂ©es par Migault ; plus rĂ©cemment la limaille de fer, par MM. Milne Edwards et Dumas ; la poudre de charbon, par M. Bertrand. Mais il n’est aucune de ces substances qui ait joui aussi long-tems que le sucre de canne de la qualification de contre-poison des prĂ©parations cuivreuses. Marcellin Duval l’avait confirmĂ©e par ses expĂ©riences sur l’homme et les animaux, et M. Orfila lui-mĂȘme l’avait consacrĂ©e dans la premiĂšre Ă©dition de sa Toxicologie. Enfin, diverses observations rapportĂ©es par M. Guersent dans le Dictionnaire des Sciences mĂ©dicales annĂ©e i8i 3, semblaient avoir mis hors de doute que le sucre soit solide, soit liquide, produit les rĂ©sultats les plus heureux dans ces circonstances. Plus tard , M. Orfila, en examinant de nouveau l’action chimique que le sucre exerce sur l’acĂ©tate de cuivre, vit qu’il le dĂ©compose rapidement Ă  la tempĂ©rature de l’eau bouillante, et qu’il le transforme en protoxide de cuivre d’un jaune orangĂ© et en acide acĂ©tique qui se dĂ©gage. A la mĂȘme Ă©poque, M. Vogel dĂ©montrait, dans un MĂ©moire prĂ©sentĂ© Ă  l’Institut, que le sucre n’exerce d’action chimique sur le vert-de-gris qu’autant que ces deux substances se trouvent en contact Ă  la tempĂ©rature de l’ébullition ; que, dans ce cas, il se sĂ©pare du protoxide de cuivre , et qu’il reste encore du cuivre dans la dissolution colorĂ©e en brun , que l’ammoniaque ne peut faire dĂ©couvrir, mais que le ferrocya- nate de potasse prĂ©cipitĂ© en brun. Suivant le mĂȘme chimiste , le sucre de lait, l’amidon, la mĂ©lasse, le miel, la manne, etc. , partagent jusqu’à un certain point cette propriĂ©tĂ© dĂ©composante. Ces diverses observations ne permettaient pas de concevoir comment le sucre pouvait agir comme contre-poison dans les empoi- sonnemens par les sels de cuivre, puisqu’il ne dĂ©compose ni le verdet, ni le vert-de-gris, Ă  la tempĂ©rature de l’estomac. M. Orfila, aprĂšs une nouvelle sĂ©rie d’experiences sur les animaux, conclut — 105 que le sucre n’exerce aucune action chimique sur le vert-de-gris qui a Ă©tĂ© introduit dans l’estomac ; qu’il ne l’empĂȘche pas d’agir comme caustique, et , par consĂ©quent, qu’il n’est pas contrepoison, mais qu’il est utile pour calmer l’irritation dĂ©veloppĂ©e par ce poison, lorsque celui-ci a Ă©tĂ© prĂ©alablement expulsĂ© par le vomissement ; puis, de concert avec M. Bertrand, il proposa l’albumine comme moyen efficace d’arrĂȘter les ravages de ce poison, se fondant sur la propriĂ©tĂ© qu’elle possĂšde de prĂ©cipiter le cuivre de sa dissolution Ă  l’état d’oxide, de se combiner avec ce dernier en donnant naissance Ă  un composĂ© insoluble, et, par consĂ©quent, sans action sur l’économie animale. Les choses en Ă©taient Ă  ce point, lorsque M. Postel, nommĂ©, en i83o, prĂ©parateur du cours de mĂ©decine lĂ©gale professĂ© par M. Blanche, Ă  l’Ecole secondaire de Rouen, fut chargĂ©, par cet habile mĂ©decin, de renouveler les expĂ©riences ayant pour but de dĂ©terminer quel Ă©tait le spĂ©cifique le plus certain contre les prĂ©parations cuivreuses. Le sucre et l’albumine furent tour—à—tour essayĂ©s; les autres moyens furent nĂ©gligĂ©s, soit parce que leur emploi u’est pas toujours facile, soit parce que, dans beaucoup de cas , il serait impossible de se les procurer, tandis que ces derniers se trouvent l’un et l’autre dans toutes les localitĂ©s. ExpĂ©riences. Deux chiens, de taille et de force Ă -peu-prĂšs Ă©gales, furent choisis Ă  cet effet. On porta dans l’estomac de l’un d’eux, au moyen de la sonde Ɠsophagienne, un gros de vert-de- gris dĂ©layĂ© dans quatre onces d’eau. La mĂȘme dose de vert-de- gris et d’eau fut injectĂ©e dans l’estomac de l’autre, et par le meme moyen. Quelques instans aprĂšs l’injection du poison, ces deux animaux se plaignirent, et eurent un vomissement et une selle lĂ©gĂšrement colorĂ©e en bleu. On introduisit alors dans 1 estomac de ces animaux , toujours au moyen de la sonde et Ă  diverses reprises, chez l’un une grande quantitĂ© d’albumine, chez 1 autre nne grande quantitĂ© d’eau saturĂ©e de cassonade. AprĂšs quelques vomissemens et quelques selles, ces animaux parurent assez Iran— — 106 — quilles ils burent de l’eau mise Ă  leur disposition ; on les abandonna. Celui auquel l’albumine avait Ă©tĂ© administrĂ©e, succomba dans la nuit. A l’ouverture du cadavre, le canal digestif et particuliĂšrement l’estornac furent trouvĂ©s fortement enflammĂ©s ; l’estomac prĂ©sentait quelques lĂ©gĂšres ulcĂ©rations. — L’autre animal se rĂ©tablit en peu de jours. Cette expĂ©rience, renouvelĂ©e quelques jours aprĂšs, donna le mĂȘme rĂ©sultat. TentĂ©e une troisiĂšme fois, on obtint un effet opposĂ©. Ce fut l’animal auquel le sucre avait Ă©tĂ© administrĂ© qui succomba, et chez lequel on remarqua à—peu—prĂšs les mĂȘmes altĂ©rations que chez les deux prĂ©cĂ©dens. Il rĂ©sulte des expĂ©riences ci-dessus et de quelques autres qui prĂ©sentĂšrent les mĂȘmes circonstances, que si on laisse aux animaux empoisonnĂ©s par les prĂ©parations cuivreuses la facilitĂ© de vomir , et qu’on leur administre du sucre ou de l’albumine, le terme moyen de la mortalitĂ©, pour ceux auxquels on administre le sucre, est d’un tiers, et pour ceux auxquels on donne l’albumine, de deux tiers. Frappe de ce rĂ©sultat, tout oppose Ă  celui que les expĂ©riences de M. Orfila avaient dĂ» faire espĂ©rer, M. Postel chercha quelle pouvait en ĂȘtre la cause, et si le sucre n’avait rĂ©ellement d’action chimique sur le vert-de-gris qu’à la tempĂ©rature de l’ébullition, ainsi que l’annonçaient MM. Yogel et Orfila. Il fit plusieurs mĂ©langes de vert-de—gris , de sucre ou de cassonade, qu’il exposa Ă  une tempĂ©rature de 3o° Ă  36° centigr. A peine les deux substances Ă©taient-elles en contact Ă  cette tempĂ©rature, qu’il remarqua une altĂ©ration sensible de couleur ; et, quelques instans aprĂšs, plusieurs points d’un jaune rougeĂątre. BientĂŽt le mĂ©lange prit cette teinte presque uniforme, et on trouva, au fond des capsules, une poudre de mĂȘme couleur. Cette expĂ©rience, rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois de suite, sous les yeux de M. Blanche, a constamment donnĂ© les mĂȘmes rĂ©sultats. Les expĂ©riences suivantes corroborent les faits prĂ©cĂ©dens l" expĂ©rience. Si l’on expose clans un bain de sable , dont la tempĂ©rature est portĂ©e Ă  36° centigr., un mĂ©lange de vert-de- gris , de sucre ou de cassonade , les phĂ©nomĂšnes annoncĂ©s ci- dessus ont constamment lieu ; si, au lieu de vert-de—gris, on se sert de verdet cristallisĂ©, les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes s’observent encore ; cependant, le prĂ©cipitĂ© est d’une couleur rouge beaucoup plus foncĂ©e. 2 ° expĂ©rience. Si l’on met du vert-de-gris en contact avec le sucre ou la cassonade, Ă  la tempĂ©rature ordinaire, les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes s’observent, mais avec beaucoup moins de rapiditĂ©, et le rĂ©sultat se fait attendre plus long—tems. 3* expĂ©rience. Si l’on prend une dissolution de verdet dans l’eau distillĂ©e , et que l’on y ajoute une certaine quantitĂ© de sirop de sucre bien clarifiĂ©, on remarque, en agissant toujours Ă  la tempĂ©rature ordinaire, que la liqueur perd sa couleur bleue, et qu’elle passe au vert. Quelques instans aprĂšs, elle se trouble, et l’on aperçoit un prĂ©cipitĂ© peu abondant, floconneux, qui, bientĂŽt, augmente et vient se dĂ©poser au fond de la fiole. Ce prĂ©cipitĂ© est d’un rouge loncĂ©. — En ajoutant de nouvelles quantitĂ©s de sirop , on finit par dĂ©colorer presque entiĂšrement la solution employĂ©e, et il est assez probable qu’avec une suffisante quantitĂ© de matiĂšre sucrĂ©e, on arriverait Ă  une dĂ©coloration complĂšte. Il restait Ă  dĂ©terminer si le prĂ©cipitĂ© qui se formait dans ces deux cas Ă©tait semblable Ă  celui que MM. Vogel et Orfila ont obtenu. M. Girardin, professeur de chimie Ă  Rouen, s’est chargĂ© d analyser les divers prĂ©cipitĂ©s obtenus par M. Postel, et il les a trouvĂ©s formĂ©s de protoxide de cuivre. Il a communiquĂ©, en outre, a ce mĂ©decin une observation trĂšs-curieuse, que nous rapportons lc i textuellement " Un de mes Ă©lĂšves , chargĂ© par moi d’extraire le sucre de dia- * betes de l’urine d’un malade, traitĂ© Ă  l’HĂŽtel—Dieu de Rouen, “ en i83a , pour cette maladie, laissa sĂ©journer, faute d’attention, pendant prĂšs d’un mois, dans une bassine en cuivre jaune, le — 108 » sirop trĂšs-Ă©pais qu’il avait obtenu. Au bout de ce tems, le sirop » Ă©tait devenu d’un brun sombre , il avait acquis une saveur dĂ©s- » agrĂ©able, et perdu la propriĂ©tĂ© de cristalliser. Ne pouvant en » isoler du sucre cristallisĂ©, nous le convertĂźmes en alcool. La » bassine dans laquelle ce sirop avait Ă©tĂ© conservĂ© Ă©tait couverte » de vert-de-gris. En enlevant le sirop, qui avait acquis, par son » long sĂ©jour Ă  l’air, la consistance d’une mĂ©lasse trĂšs-Ă©paisse, » nous remarquĂąmes une quantitĂ© notable d’une poudre rougeĂątre » c’était du protoxide de cuivre ; et, en traitant cette mĂ©lasse par » l’alcool bouillant, dans l’espoir de la purifier, nous vĂźmes se » dĂ©poser, au fond du ballon en verre, dans lequel se faisait l’cx- » pĂ©rience, une proportion trĂšs-sensible de cuivre mĂ©tallique. » Il rĂ©sulte de cette observation que le sucre de diabĂštes rĂ©agit » Ă  la tempĂ©rature ordinaire sur le vert-de-gris, d’une maniĂšre » trĂšs-marquĂ©e ; mais au bout d’un tems plus ou moins long, puis- » qu’il en prĂ©cipite du protoxide de cuivre, et qu’à la chaleur de » l’ébullition cette action devient Ă©nergique, puisque l’on isole » du cuivre mĂ©tallique. Cette observation a Ă©tĂ© faite dans mon > laboratoire, au mois de mars de cette annĂ©e. — Depuis, j’ai re- » connu qu’à la tempĂ©rature ordinaire, le vert-de-gris et le verdet » cristallisĂ©, dĂ©layĂ©s ou dissous dans l’eau Ă  laquelle on ajoute du » sucre de canne, Ă©taient dĂ©composĂ©s par ce dernier. Au bout de » dix Ă  douze heures de contact, la rĂ©action commence la disso- » lotion perd un peu de sa couleur, et laisse dĂ©poser tantĂŽt une ‱‱ poudre jaune , tantĂŽt une poudre rouge, dont la quantitĂ© va » sans cesse en augmentant. La dĂ©composition des sels cuivreux » n’est complĂšte qu’au bout de plusieurs semaines la poudre » dĂ©composĂ©e est du protoxide de cuivre plus ou moins divisĂ©. » Je vais continuer ces essais, qui me paraissent assez curieux ? » envisagĂ©s surtout sous le point de vue de la mĂ©decine lĂ©gale. ” M. Orfila a constamment remarquĂ© que lorsque la dose de ver' det cristallisĂ©, introduit dans l’estomac , Ă©tait plus forte que 12 Ă  1 grains , les animaux pĂ©rissaient en moins de trois quarts d’heure ; que rarement ils pouvaient rĂ©sister pendant une heure Ă  l’action violente du poison. Les rĂ©sultats obtenus par l’emploi du sucre sur les animaux auxquels on laisse la facilitĂ© de vomir, l’action de ce dernier sur les prĂ©parations cuivreuses, engagĂšrent M. Postel Ă  administrer ce poison, en liant l’Ɠsophage et en empĂȘchant le vomissement. i re expĂ©rience. Il injecta dans l’estomac d’une chienne de taille et de force moyennes 3o grains de verdet cristallisĂ©, dissous dans 2 onces d’eau ; peu de tems aprĂšs, 4 onces de cassonade dĂ©layĂ©es dans 4 onces d’eau ; l’Ɠsophage fut liĂ©. L’animal resta vingt minutes sans manifester rien d’insolite ; il fit ensuite de violens efforts pour vomir; il eut deux selles faiblement colorĂ©es en bleu ; il ne poussa aucun cri, aucune plainte. Deux heures aprĂšs l’injection du poison, l’animal paraissait abattu, et ne faisait aucun effort pour vomir. Il succomba trois heures aprĂšs l’opĂ©ration. L’autopsie , faite quinze heures aprĂšs la mort, offre les altĂ©rations suivantes La rigiditĂ© cadavĂ©rique est trĂšs-prononcĂ©e l’Ɠsophage, jusqu’à une certaine distance de la ligature, prĂ©sente les symptĂŽmes de l’inflammation la plus violente, sans aucune autre altĂ©ration. L’estomac renferme une assez grande quantitĂ© de liquide ayant une teinte verte trĂšs-prononcĂ©e, et ne prĂ©sente que quelques lĂ©gĂšres traces d’inflammation prĂšs l’orifice cardiaque. Vers son grand cul- de-sac, il y a des marbrures grisĂątres. La muqueuse, un peu Ă©paissie , s’enlĂšve avec assez de facilitĂ© le reste du canal digestif n’offre aucune altĂ©ration ; il est Ă  l’état normal. La trachĂ©e-artĂšre et les bronches ne prĂ©sentent rien de particulier. Les poumons sont engouĂ©s , le cƓur plein de sang caillĂ©. La matrice , renfermant le Iruit de la conception , prĂ©sente un liquide fortement colore en bleu ; les placentas se dĂ©chirent avec facilite et offrent la mĂȘme c °uleur. — 110 — 2 “ expĂ©rience. Peu aprĂšs, M. Postel injecta dans l’estomac d’un chien de meme taille et de mĂȘme force, une dose Ă©gale de verdet dissous dans la mĂȘme quantitĂ© d’eau , et 4 blancs d’Ɠufs dĂ©layĂ©s dans 3 onces d’eau. L’Ɠsophage fut liĂ©. L’animal eut aussi de frĂ©quentes envies de vomir et quelques selles moins colorĂ©es en bleu que dans l’observation prĂ©cĂ©dente. La mort se fit attendre plus de tems que dans l’observation prĂ©citĂ©e. Il ne succomba que cinq jours aprĂšs l’injection du poison. L’autopsie, pratiquĂ©e douze heures aprĂšs la mort, prĂ©sente les altĂ©rations suivantes Ɠsophage rouge et enflammĂ©, estomac renfermant des substances alimentaires teintes en vert, grand cul-de-sac offrant une rougeur considĂ©rable, muqueuse Ă©paissie et s’enlevant avec facilitĂ© ; l’autre portion de l’estomac n’offrant aucune altĂ©ration notable ; intestins Ă  l’etat normal, thorax contenant dans sa cavitĂ© un liquide aqueux assez abondant ; sĂ©reuse recouverte d’une couche albumineuse , analogue aux pseudo-membranes ; poumons fortement enflammĂ©s, gorgĂ©s de sang et se dĂ©chirant avec facilitĂ© ; cƓur renfermant des caillots de sang trĂšs-remarquables par leur consistance ferme. Toutefois , dit M. Postel, je dois mentionner que je remarquai que les substances liquides ou solides contenues dans l’estomac de ces animaux dĂ©celĂšrent Ă  l’analyse la prĂ©sence, facile Ă  reconnaĂźtre , des sels cuivreux, ainsi que je m’en assurai au moyen de l’ammoniaque , du phosphore et de l’hydrocyanate de potasse. — Je dĂ©couvris encore, par les mĂȘmes moyens , que les eaux de l’amnios de la chienne Ă  laquelle j’avais administrĂ© du sucre, contenaient Ă©galement du cuivre, mais en trĂšs-petite quantitĂ©. De ces faits, il rĂ©sulte I e Que le sucre dĂ©composĂ© le verdet et le vert-de-gris, non seulement Ă  la tempĂ©rature de l’ébullition, comme on l’a annoncĂ©, mais encore Ă  la tempĂ©rature ordinaire ; que cette dĂ©composition est plus ou moins rapide, selon la concentration des liquides, et que, dans l’un ou l’autre cas, les sels sont rĂ©duits Ă  l’état de protoxide decuivre ; 2 ° Qu’il exerce une action analogue dans l’estomac, puisque les animaux auxquels on l’administre rĂ©sistent un laps detems beaucoup plus considĂ©rable que dans les cas contraires, et que les altĂ©rations observĂ©es aprĂšs la mort sont loin d’ĂȘtre en rapport avec celles que l’on trouve ordinairement aprĂšs les empoisonnemens causĂ©s par les prĂ©parations cuivreuses ; 3° Que les altĂ©rations observĂ©es aprĂšs son action et celle de l’albumine sont Ă  peu prĂšs les mĂȘmes ; 4° Qu’en consĂ©quence, on doit le ranger parmi les antidotes du vert-de-gris et du verdet, puisqu’il les dĂ©compose, non seulement a la tempĂ©rature habituelle de l’estomac , mais mĂȘme Ă  la tempĂ©rature ordinaire; que, d’autre part, il compte un plus grand nombre de succĂšs. 96000909$0060000QOOa09Ô9U90009OQOOOO009000e0090e069009 RAPPORT SUR LA CULTURE DE LA BETTERAVE A SUCRE ‱ DANS LES ENVIRONS DE FÉCAMP, bt nt LA FABRIQUE DE SUCRE INDIGÈNE QUI "VIENT D*Y ETRE ÉTABUB , PAR MM. DUBUC ET GIRARDIN, RAPPORTEUR ; PrĂ©sentĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© centrale d’Agriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure » le 18 octobre 1852 *. Messieurs , ' Dans le courant de cette annĂ©e, une commission , composĂ©e de MM. Justin, Leprevost, vĂ©tĂ©rinaire, Leroy et Girardin, chargĂ©s par vous de visiter les belles exploitations de plusieurs de nos correspondans du pays de Caux , se rendit en dernier lieu Ă  FĂ©camp pour examiner la culture de la betterave que M. Dargent a introduite dans cette localitĂ©, ainsi que la nouvelle fabrique de sucre indigĂšne elevĂ©e , au commencement de i83i , 1 InsĂ©rĂ© dans P Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d’agriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure t t. 7 , cahier de la sĂ©ance publique, p. 50, annĂ©e 1832. — 115 — j>ar M. Collos , habile rafTineur. Lors du passage de la commission , ce dernier Ă©tablissement Ă©tait inactif, par suite du manque de matiĂšres premiĂšres, la saison n’étant point encore assez avancĂ©e. Les propriĂ©taires de la fabrique engagĂšrent vivement vos commissaires Ă  assister aux 'travaux qui devaient reprendre dans les premiers jours du mois d’octobre. Vous nous avez invites , Messieurs , Ă  remplir les engagemens pris par votre premiĂšre commission. En consĂ©quence, nous nous sommes transportĂ©s le 8 de ce mois Ă  FĂ©camp ; nous avons examinĂ© avec soin les manipulations suivies par MM. Collos fils, et, aprĂšs nous ĂȘtre formĂ© une idĂ©e avantageuse de la bontĂ© des procĂ©dĂ©s adoptes , nous avons pu rĂ©diger le rapport que nous venons vous offrir aujourd’hui. Par la mĂȘme occasion , nous avons visitĂ© la belle ferme de M. Dargent, vu avec intĂ©rĂȘt ses nombreux champs de betteraves, et nous nous empressons de tĂ©moigner ici Ă  cet honorable confrĂšre, ainsi qu’à M.’ Germain , notre correspondant, qui a bien voulu nous guider dans nos observations, les tĂ©moignages de notre reconnaissance pour les soins qu’ils ont pris de nous faire connaĂźtre les richesses agricoles et industrielles du pays qu’ils habitent. Lorsqu’eu 1747, Messieurs , le cĂ©lĂšbre Margraff, chimiste de Berlin , eut dĂ©couvert l’existence , dans la racine de betterave, d’un sucre cristallisable , identiquement semblable Ă  celui de la canne amĂ©ricaine, on Ă©tait loin de s’attendre Ă  voir ce fait curieux recevoir une application aussi Ă©tendue que celle qu’il a obtenue de nos jours. NĂ©gligĂ© pendant quarante ans , il dut aux soins d’Achard, autre chimiste de Berlin , de fixer de nouveau l’attention des savans, et particuliĂšrement des chimistes de France, qui, les premiers, s’empressĂšrent de rĂ©pĂ©ter eux- mĂȘmes les expĂ©riences si intĂ©ressantes d’Achard et de son illustre prĂ©dĂ©cesseur , en opĂ©rant, de 1786 Ă  1787 , sous le ministĂšre de M. le baron de Breteuil, sur des betteraves ordinaires rĂ©coltĂ©es dans les environs de Paris; L’homme de gĂ©nie 8 — 114 — qui , quelques annĂ©es aprĂšs, vint s’asseoir sur les dĂ©bris du trĂŽne de Louis XYI, et sut si rapidement tirer le pays de l’état de marasme dans lequel l’avaient plongĂ© des intrigans et des gens sans moyens, entrevit d’un seul coup-d’Ɠil les avantages que pouvaient offrir Ă  la France la culture de la betterave et son exploitation comme matiĂšre saccharifĂšre, et, dĂšs ce moment, faisant usage de son autoritĂ© et de l’influence qu’il avait acquise sur ses concitoyens , il donna tous ses soins Ă  l’établissement de sucreries indigĂšnes, qui, bientĂŽt s’élevĂšrent de toutes parts et travaillĂšrent avec un succĂšs vraiment prodigieux. C’est Ă  partir de 1812 que ce grand mouvement industriel se manifesta, soutenu par les circonstances politiques, c’est-Ă -dire le blocus continental, qui privait la France de la jouissance des sucres de ses colonies. — Alors l’Angleterre, se reposant sur les immenses avantages de sa position, tournait en dĂ©rision nos efforts , et s’abaissait jusqu’au point de poursuivre de ses ineptes plaisanteries les hommes de cƓur qui, souffrĂąnt des privations de leurs concitoyens, s’efforcaient de les adoucir en crĂ©ant une industrie qui devait fournir Ă  leurs besoins une denrĂ©e devenue , par suite de l’habitude, un aliment de premiĂšre nĂ©cessitĂ©. Elle ne pouvait prĂ©voir, cette orgueilleuse rivale , que, malgrĂ© tant d’obstacles Ă  renverser, tant de prĂ©jugĂ©s Ă  dĂ©truire , cette industrie, encore dans l’enfance, deviendrait, dans une tems si rapprochĂ©, un sujet de crainte et de jalousie pour elle, un sujet d’admiration et de reconnaissance pour nous. En effet, les Ă©vĂ©nemens dĂ©sastreux de 1814 et de i 8 i 5 , qui semblaient devoir anĂ©antir les fabriques de sucre indigĂšne, ne firent que suspendre momentanĂ©ment l’élan qu’elles avaient reçu ; et bientĂŽt, au milieu de l’encombrement des sucres Ă©trangers tombĂ©s Ă  vil prix, on ne vit pas sans Ă©tonnement la vie reparaĂźtre dans ces fabriques , et leurs produits augmenter chaque jour en quantitĂ© et en beautĂ©. C’est qu’il y a, dans l’industrie dont nous parlons, un autre avantage cjue la production du sucre ; — 115 — c’est que ce genre de fabrication prĂ©sente , pour notre agriculture, des ressources nouvelles si fĂ©condes en grands rĂ©sultats, qu’il est intimement liĂ© actuellement Ă  ses progrĂšs, et est devenu une annexe indispensable des exploitations rurales sagement conduites. Et il faut bien qu’il en soit ainsi, car comment expliquer autrement le rapide essor de cette industrie qui date Ă  peine de quelques annĂ©es ? En moins de dix ans, plus de deux cents fabriques ont Ă©tĂ© mises en activitĂ©. En 1828 , celles existantes livraient dĂ©jĂ  Ă  la consommation trois millions de kilogrammes de sucre; en i83o , elles en ont fourni dix millions. Les prĂ©visions de gens bien au fait de la matiĂšre font entrevoir que si cette fabrication suit la marche progressive qu’elle a dĂ©jĂ  parcourue ; si les circonstances favorables qui protĂšgent aujourd’hui les producteurs se maintiennent, et si rien ne vient alarmer la confiance des capitalistes disposĂ©s Ă  se livrer Ă  ce genre d’entreprise, le terme de cinq annĂ©es suffira pour que la production du sucre indigĂšne Ă©quivale Ă  la consommation annuelle de toute la France. Vous voyez, Messieurs, que les fabriques de sucre de betteraves ont devant elles un long avenir de prospĂ©ritĂ© , et que rien ne saurait plus maintenant faire rĂ©trograder cette industrie, si favorable au pays, non seulement parce qu’elle occupe des milliers de bras qui, sans elle, resteraient inactifs, mais parce qu’elle ouvre un nouveau dĂ©bouchĂ© aux productions de notre sol. La culture de la betterave prĂ©sente, pour l’agriculture, des avantages immenses que nous ne ferons qu’indiquer, parce que dĂ©jĂ  ds sont devenus manifestes pour la plupart des cultivateurs habiles. Comme plante pivotante et sarclĂ©e, elle entre parfaitement en assolement avec les plantes annuelles et avec toutes celles qui sont considĂ©rĂ©es comme Ă©puisantes ; par consĂ©quent, elle doit concourir puissamment Ă  l’abolition des jachĂšres, encore jugĂ©es utiles cependant par quelques agriculteurs. Sa culture est trĂšs-facile ; elle n’éprouve que peu d’inconvĂ©niens des vicissitudes des sai— 116 — sons ; elle n’effrite pas le sol qui la nourrit ; elle le rend, au contraire ^ trĂšs-meuble, propre Ă  recevoir le blĂ© avant l’hiver, en n’employant qu’un seul labour aprĂšs sa rĂ©colte , et quelques hersages avant les semailles. Les feuilles abondantes et de grande taille , conviennent parfaitement aux bestiaux, et offrent un excellent fourrage vert, qui concourt puissamment Ă  leur engraissement. La racine elle-mĂȘme, trĂšs-recherchĂ©e par les animaux, devient d’un grand secours dans les momens de l’annĂ©e oĂč les autres fourrages manquent, et elle jouit de propriĂ©tĂ©s nutritives bien plus prononcĂ©es que la plupart des autres substances alimentaires ordinairement employĂ©es. Sa pulpe, dĂ©pouillĂ©e par la presse du suc qu’elle renferme, et qui sert Ă  l’extraction du sucre, es 1 Ă©galement trĂšs—propre Ă  l’engraissement des bestiaux, en leur fournissant une nourriture qui est tout Ă  la fois saine et abondante ; aussi sa vente , dans les environs des fabriques , se fait- elle avec avantage. La multiplication du bĂ©tail est donc nĂ©ces— » sairement une consĂ©quence de l’extension donnĂ©e Ă  une racine » dont l’exploitation et la consommation se font pendant tout » l’hiver, et peuvent se prolonger jusqu’aux Ă©poques les plusdif- » ficiles du printems ; et comme les rĂ©sultats agissent les uns sur » les autres, il doit s’ensuivre que lĂ  oĂč les bestiaux peuvent ĂȘtre » multipliĂ©s, la culture gĂ©nĂ©rale doit nĂ©cessairement ĂȘtre amĂ©- » liorĂ©e par suite de la production d’une beaucoup plus grande >‱ quantitĂ© d’engrais ». » Les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes ont Ă©tĂ© justement apprĂ©ciĂ©es de tout tems par vous, Messieurs ; aussi avez-vous fait tous vos efforts pour acclimater la culture de la betterave dans notre dĂ©partement. Vos archives renferment une foule de mĂ©moires sur cette intĂ©ressante question , et vin prix, que vous allez dĂ©cerner cette annĂ©e Ă  un correspondant qui a dignement rĂ©pondu Ă  votre appel, 4 Programme d'un prix pour rĂ©tablissement de sucreries de betteraves sur des exploitations rurales, proposĂ© par la SociĂ©tĂ© d’encouragement pour l’industrie nationale, pour l’annĂ©e 1S3S. est lĂ  pour confirmer nos assertions. Ce n’est donc pas sans un vif interet que vous avez vu un honorable industriel, secondĂ© par un habile cultivateur, le mĂȘme que vous allez rĂ©compenser, M. Dar- gent enfin , Ă©leverune fabrique desucreindigĂšne Ă  FĂ©camp. Yous vous ĂȘtes empressĂ©s d’entrer en correspondance avec M. Collos , qui, le premier, a rĂ©alisĂ© dans notre dĂ©partement les espĂ©rances que vous aviez conçues depuis long-tems. Dans le courant de cet Ă©tĂ© , ce fabricant vous a envoyĂ©, par l’entremise de M. Germain, qui vous a si puissamment secondĂ©, un Ă©chantillon de ses produits , et vous avez pu vous convaincre de son habiletĂ© dans le genre de fabrication qu’il a Ă©tabli. La visite que nous avons faite rĂ©cemment chez lui nous a confirmĂ©s dans la bonne opinion que nous nous Ă©tions formĂ©e de son talent. Malheureusement ce n’est plus lui que nous avons trouvĂ© Ă  la tĂȘte de l’établissement naissant . Une mort prĂ©maturĂ©e, occasionnĂ©e par les effets de la cruelle maladie qui a promenĂ© sa faulx sur nos tĂȘtes, il y a quelques mois, l’a enlevĂ© au moment oĂč sa prĂ©sence Ă©tait si utile Ă  la rĂ©ussite de ses projets. Mais il a laissĂ© deux fils pourvus d’une bonne et solide instruction industrielle, et ces jeunes gens estimables , imbus des idĂ©es saines de leur pĂšre , pĂ©nĂ©trĂ©s des mĂȘmes intentions, se sont livrĂ©s avec toute l’ardeur de leur Ăąge aux travaux pĂ©nibles de la fabrication, qu’ils continuent avec un zĂšle et une sagacitĂ© qui doivent leur attirer la considĂ©ration et l’intĂ©rĂȘt de tous les amis de l’agriculture et de l’industrie. Ce sont donc MM". Collos fils qui nous ont fait les honneurs de leur Ă©tablissement avec toute la franchise et l’empressement que nous aurions pu attendre de leur respectable pĂšre. Nous espĂ©rons que les dĂ©tails dans lesquels nous allons entrer sur leur exploitation vous feront partager les senti— mens d’estime qu’ils nous ont insiprĂ©s], et vous dĂ©termineront Ă  leur accorder des marques de votre satisfaction. Ce n’est que depuis quelques annĂ©es seulement que la culture de la betterave a Ă©tĂ© entreprise sur une grande echelle aux environs Ăźle FĂ©camp, par M. Dargent, noire correspondant*. Aucun autre cultivateur, jusqu’en 1 83 1 , ne l’avait imite ; mais depuis qu’on a vu le parti avantageux qu’il retirait de cette culture, soit pour la nourriture des bestiaux, soit en vendant Ă  MM. Collos, pour ĂȘtre exploitĂ©es, les racines obtenues, les fermiers voisins ont enfin renoncĂ© Ă  leurs prĂ©ventions contre elle, ou surmontĂ© leur insouciance , et leurs champs se couvrent actuellement de cette plante prĂ©cieuse. M. Collos, en fondant son Ă©tablissement, se reposait sur M. Dargent pour avoir des racines, car lui ne cultive pas la betterave, ou du moins n’en cultive que fort peu. L’annĂ©e derniĂšre , les rĂ©coltes de M. Dargent ont seules entretenu sa fabrique ; cette annĂ©e, d’autres fermiers concourent Ă  son approvisionnement, mais dans un rapport bien moins grand que notre correspondant. D’autres propriĂ©taires entreront bientĂŽt dans la liqe , en sorte que tout fait prĂ©sumer que, d’ici Ă  peu, la production des racines dĂ©passera la proportion que MM. Collos pourront exploiter dans la saison favorable. On peut donc dire que si la culture de la betterave se popularise dans cette partie du dĂ©partement, ce rĂ©sultat sera entiĂšrement dĂ» Ă  l’exemple de M. Dargent et Ă  l’existence de la sucrerie de MM. Collos. Sous ce rapport, comme vous le voyez, Messieurs, cet Ă©tablissement aura rendu un immense service Ă  l’agriculture de notre pays. Nous devons aller au-devant d’une rĂ©flexion qui se prĂ©sente peut-ĂȘtre en ce moment Ă  l’esprit de quelques personnes. MM. Collos Ă©tant tributaires des fermiers qui les entourent pour la fourniture des betteraves, on pourrait craindre que, du moment oĂč ces derniers renonceraient, par quelque motif que ce soit, Ă  la culture de cette plante, la fabrication de sucre se trouvĂąt * C’est en 1820 qoe M. Dargent commença Ă  cultiver la betterave en lignes il fut si satisfait de son produit, que, depuis cette Ă©poque, il en a constamment cultivĂ© chaque annĂ©e nn Ă  deux hectares. En 1829, il en lit une plus grande quantitĂ©, et depuis, stimulĂ© par le prix proposĂ© par la SociĂ©tĂ© , en 1830, il a donnĂ© de plus grands dĂ©veloppemens encore Ă  cette importante culture, comme nous allons le dire plut bas. — 119 — arrĂȘtĂ©e. Une fabrique placĂ©e dans de telles conditions peut-elle ĂȘtre assurĂ©e d’un long avenir? Sans doute , ce cas supposĂ© pourrait se prĂ©senter, si les fermiers n’avaient pas autant d’intĂ©rĂȘt qu’ils en ont Ă  cultiver et Ă  vendre leurs racines. Que ceux d’entr’eux qui n’ont point encore adoptĂ© ce genre de culture restent dans leur insouciance Ă  cet Ă©gard, cela peut ĂȘtre ; mais que ceux qui, dĂ©jĂ  , en ont retirĂ© de grands bĂ©nĂ©fices , les abandonnent de gaĂźtĂ© de cƓur lorsque rien ne les y pousse, c’est ce qui ne saurait ĂȘtre , c’est ce qui n’aura pas lieu aussi les craintes que vous pourriez avoir sur l’avenir de la fabrique de MM. Collos doivent se dissiper devant les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Avant de vous parler, Messieurs , des moyens que nous avons vu employer pour extraire de la betterave le sucre qu’elle contient , il est convenable de vous donner quelques renseignemens sur cette plante elle-mĂȘme, sur la maniĂšre dont on la cultive et dont on la rĂ©colte, afin de vous faire part de quelques observations que nous avons Ă©tĂ© Ă  mĂȘme de faire Ă  ce sujet en visitant la ferme de M. Dargent. La variĂ©tĂ© de betterave cultivĂ©e par notre confrĂšre , le principal fournisseur, comme nous l’avons dit, de la fabrique de MM. Collos, est la betterave blanche de SilĂ©sie, qui est alongĂ©e , fusiforme, Ă  pĂ©tiole blanc, chair blanche et collet vert. C’est celle que l’on prĂ©fĂšre gĂ©nĂ©ralement pour l’extraction du sucre , parce qu’elle est plus riche que toute autre en principe sucrĂ©, et qu’elle est aussi d’un travail et d’une conservation plus faciles. C’est du t er au 20 avril que M. Dargent la sĂšme. Il a donnĂ© la prĂ©fĂ©rence a la mĂ©thode des semailles en lignes, avec Ă©claircissemens et repiquages intercalĂ©s. Son exploitation se compose, outre trois hectares qu’il cultive en luzerne, et environ seize hectares de pĂąturages , dont la plus grande partie est en coteaux, de trente- trois hectares de terres labourables qu’il cultive en trois soles, de la maniĂšre suivante 1-20 — I ro Soie 2“ Soie 3° Sole . . BlĂ© 11 hectares. I Avoine avec trĂšfle ... 5 hect. 50 I » Seigle. 70 >11 Carottes ....... .. i 20 Pommes de terre-, . . . >* 58, TrĂšfle. . . 5 50 j ! 11 Betteraves. . . 5 50 hectares. hectares. Comme on le voit, cet habile cultivateur a supprimĂ© entiĂšrement les jachĂšres, et il a mĂȘme un hectare de betterave repiquĂ©e aprĂšs trĂšfle incarnat, ce qui donne, pour cette partie du terrain, deux rĂ©coltes dans la mĂȘme annĂ©e. D’aprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, M. Dargent a donc ensemencĂ© en betteraves huit hectares cinquante ares. Yoici le compte de culture qu’il a adressĂ© tout rĂ©cemment Ă  votre commission des prix. Compte rendu Ă  la SociĂ©tĂ© d y agriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure par M. Dargent , cultivateur-propriĂ©taire » demeurant en la commune de Saint-lĂ©onard, canton de FĂšcamp , membre correspondant de ladite SociĂ©tĂ© , sur les frais de culture, d'exploitation , et les bĂ©nĂ©fices obtenus de huit hectares cinquante ares de terre qu’il a ensemencĂ©e en betteraves en lignes , en 1831, DEPENSE OU DÉBIT DU COMPTE. Loyers et impositions Ă  S0 francs l'hectare par Fr. c. annĂ©e.... 680 » Frais gĂ©nĂ©raux. 300 47 Labours et menues cul- tures prĂ©paratoires.... 40S 1,190 Frais de cemaillc et vepi- 72 25 Achat de la graine. M Binages avec la boue a 13S 10 Sarclage , 289 journĂ©es de femme. 2S9 » Frais de dĂ©plantage, dĂ©- collelage et chargement des voitures . G93 * Transport Ă  la fabrique Ă  une lirĂče de distance . 1,5S3 92 S,227 74 PRODUIT OU CRÉDIT DU COMPTE. 460,000 kilogrammes de betteraves dĂ©colletĂ©es et Fr. C. lavĂ©es, vendues et livrĂ©es k M. Collos, fabricant de sucre, an prix de 32 francs les 1,000 kilogrammes. 14,720 2*000 kilogrammes de betteraves conservĂ©es pour porter graine, portĂ©es au mĂȘme prix.. 64 A dĂ©duire les dĂ©penses. . 14,784 5,227 74 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice... 9,556 26 — 121 En rĂ©duisant Ă  l’hectare les dĂ©penses et les produits , nous trouverons les rĂ©sultats suivons DÉBIT. CRÉDIT. Fr. C. Fr. C. Loyers et impositions. . . 80 * 54, ÂŁ]de Fras gĂ©nĂ©raux. 33 53 betteraves, Ă  32ÂŁfrancs Labours et menues cul- les 1 jOOOjjkilogrammes. 1,739 32 titres prĂ©paratoires.... 43 * AdĂ©duire la dĂ©pense. .,. 615 03 Frais de repiquage et se- maille. S SO Achat de la graine. 6 ‱ Binages avec la houe a cheval.. 13 60 Sarclages , 34 journĂ©es de femme. 34 Frais de dĂ©plantage, dĂ©- colletage et chargement des voitures.. 81 53 Transport a la fabrique. . 165 05 615 03 Observations. i° Les frais gĂ©nĂ©raux se composent l° de l’intĂ©rĂȘt du capital employĂ© Ă  l’exploitation ; 2 ° des frais d’administration ; 3° des dĂ©penses de mĂ©nage ; 4° le l’entretien du mobilier de la ferme , 5° enfin de l’entretien des chemins ; 2 ° M. Dargent ne fait figurer ici, pour la dĂ©pense d’engrais , que la partie qui est prĂ©sumĂ©e avoir Ă©tĂ© consommĂ©e par la rĂ©coltĂ©, c’est-Ă -dire la moitiĂ© de la valeur totale, l’autre moitiĂ© Ă©tant supportĂ©e, partie par la rĂ©colte qui a prĂ©cĂ©dĂ©, et partie par la rĂ©colte qui a suivi ; 3° Pour faire connaĂźtre tout le produit des huit hectares cinquante ares de terres ensemencĂ©es en betteraves en lignes, en l83l , M. Dargent dit que, dans deux hectares cinquante ares du susdit terrain ensemencĂ© en betteraves , il avait aussi seme 4 kilogrammes graines de carottes, qui ont produit 63,ooo kilogrammes de carottes, qu’il a employĂ©s Ă  la nourriture de ses bestiaux, et portĂ©s .Ă  leur compte, Ă  raison de 32 francs les i,ooo kilogrammes. 2,016 fr. » — 122 — DÉPENSE OU DÉBIT DU COMPTE. Achat de la graine. 31 fr. 24 c. Frais de scmaille. 6 » Frais de dĂ©plantage, dĂ©colletage , chargement des voitures et transport au magasin. . 120 » 157 24 PRODUIT OU CREDIT DU COMPTE. 63,000 kilogrammes de carottes, Ă  32 francs les 1000 kilogrammes... 2,016 fr. » c. A dĂ©duire, la dĂ©pense comme ci-dessus. 157 24 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice. 1,858 76 Nota. La dĂ©pense ou dĂ©bit du compte des carottes ne comprend que les frais d’achat de graine et de rĂ©colte ; tous les autres frais ayant Ă©tĂ© portĂ©s au compte des betteraves, comme Ă©tant la culture principale. Ajoutant ces 63,000 kilogrammes carottes aux 460,000 kilogrammes betteraves, cela donne, pour les 8 hectares 50 ares de terres ensemencĂ©es, tant en betteraves qu’en carottes, un produit total de 523,000 kilogrammes Ă  32 francs les 1000 kilogrammes. 16,800 fr. >» c. A dĂ©duire, les dĂ©penses, comme d’autre part, Pour les betteraves. 5,227 fr. 74 c. ^ ^34 Pour les carottes. 157 24 J * DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice . . . Ou par hectare, DÉBIT. . . . 11,415 02 Frais, comme d’autre part . 59 CRÉDIT. 61,765 kilogrammes de betteraves et carottes, Ă  32 francs les 1000 kilogrammes. 1,976 48 A dĂ©duire, les dĂ©penses , comme ci-dessus. 633 59 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice.. 1,342 89 2e Nota. Les six hectares de terres ensemencĂ©es en betteraves seules ont produit. . 366,000 kil. Ou par hectare... 61,000 — 123 — Les Jeux hectares cinquante ares Je terres ensemencees en betteraves et carottes ont produit En betteraves. . . En carottes . , . . Ou par hectare, En betteraves. . . En carottes. . . . 63,2“! ,M '° 00 1,L 3B,m bi. j 63>600 ki , Comme on le voit, les betteraves et les carottes ensemble ont produit 2,600 kilogrammes de plus par hectare que les betteraves seules. Il rĂ©sulte de ce compte de revient, qu’un hectare a produit 54,358 kilogrammes de betteraves , pour le prix de 6i5 francs o3 centimes , ce qui porte le prix des 5oo kilogrammes Ă  5 francs 65 centimes. Or, comme jusqu’ici la quantitĂ© la plus forte de racines qu’on ait obtenue d’un hectare est de 3j,5oo kilogrammes , et que la dĂ©pense la plus faible pour cette culture s’est Ă©levĂ©e Ă  6 francs 25 centimes r , vous voyez , Messieurs, que M. Dar- gent a dĂ©passĂ© de beaucoup les plus beaux rĂ©sultats connus. L’hectare de terre cultivĂ© en betteraves, par la mĂ©thode des semailles en lignes, lui a donc rapportĂ© un bĂ©nĂ©fice de 1,124 francs 2g centimes. Ce qui frappe d’abord, c’est l’énorme diffĂ©rence de produits en racines qui existe entre la culture de M. Dargent et celle des autres producteurs. Cela tient-il Ă  la localitĂ©, Ă  l’excellence des terres ou atix soins apportĂ©s dans le mode de culture ? Nous pensons que c’est plutĂŽt Ă  cette derniĂšre circonstance qu’il faut attribuer la fertilitĂ© du sol, dans le cas dont il s’agit, car les terres consacrĂ©es, par M. Dargent, Ă  la betterave, ne sont nullement supĂ©rieures Ă  celles des autres dĂ©partemens adonnĂ©s Ă  ce genre d’exploitation. Ses terres sont gĂ©nĂ©ralement argilo-siliceuses et peu profondes quelques parties , placĂ©es sur des pentes, sont * Voir, comme objet de comparaison, le Tableau des comptes de culture de betteraves de dixproprĂ©taireSf Ă©tablis pour un hectare de terre f insĂ©rĂ© dans l’ouvrage de M. Dubrunfaut, Sup Ăź > ^/- de fabriquer le sucre de betteraves . — i vol. ui-8°. — PĂ vis, 1S25, — 124 — fort maigres toutes, situĂ©es sur la falaise qui est Ă  l’est du port de FĂ©camp , sont Ă  chaque instant bouleversĂ©es par de violens orages, qui font varier continuellement l’épaisseur de la terre vĂ©gĂ©tale '. M. Dargent croit que les beaux produits qu’il obtient depuis quelques annĂ©es , sont entiĂšrement dus Ă  l’emploi d’instrumens perfectionnĂ©s, notamment de la houe Ă  cheval, qu’il a singuliĂšrement amĂ©liorĂ©e. L’usage de cette houe a rĂ©duit les frais de sarclage aux trois quarts de ce qu’ils Ă©taient auparavant, et il lui procure l’immense avantage de dĂ©truire complĂštement , quant on l’emploie dans la saison favorable, le chiendent et la gernette qui infectent ses champs. La rĂ©colte des racines commence habituellement dans les derniers jours d’octobre. Cette annĂ©e, pour complaire Ă  MM. Collos, qui dĂ©siraient ouvrir leur campagne dĂšs les premiers jours de ce mois , M. Dargent a devancĂ© l’époque ordinaire ; aussi ses betteraves Ă©taient-elles moins grosses que celles de l’annĂ©e derniĂšre ; moins mures, elles devaient ĂȘtre aussi moins chargĂ©es de sucre , % car la plus grande proportion de ce principe ne paraĂźt qu’au moment mĂȘme de la parfaite maturitĂ©, comme on en acquiert la preuve en pesant, Ă  l’aide de l’arĂ©omĂštre, le jus qu’elles fournissent ; il est d’autant plus dense que la vĂ©gĂ©tation est plus avancĂ©e. II y a donc perte pour le cultivateur et le fabricant, toutes les fois qu’on fait trop promptement la rĂ©colte des betteraves ; pour le * Voici les rĂ©sultats de l’analyse des terres Ă  betteraves de M. Dargent, faite par M. Dubuc » l’un de nous. 1000 grammes sont composes de ; Sable calcaire micacĂ©, trĂšs-tĂ©nu.. , . . Alumine, encore un peu colorĂ©e en jaune. Oxide de fer brun. Chlorure de calcium. Humus ou matiĂšre organique. Eau interposĂ©e... Chlorure de traces. Gr. 800,00 64,00 2,00 1,00 0,65 152,00 699,65 On y trouve, parfois , des petits grains de carbonate calcaire , mais on doit les considĂ©rer comme accessoires Ă  la composition du sol, et nullement comme parties essentielles. — 125 — premier, parce que les racines sont moins pesantes ; pour le second , parce qu’elles ont une moins grande richesse saccharine. Une croyance adoptĂ©e en principe par tous les fabricans de sucre, c’est que, toutes choses Ă©gales d’ailleurs, les moyennes racines , Ă  quelque variĂ©tĂ© qu’elles appartiennent, arrivĂ©es Ă  maturitĂ© parfaite , sont toujours prĂ©fĂ©rables aux grosses i° parce qu’elles sont constamment plus riches en principe sucrĂ©; 2 ° qu’elles sont, par consĂ©quent, moins aqueuses; 3° qu’elles sont plus faciles Ă  conserver; et 4° qu’enfin elles prĂ©sentent toujours moins de difficultĂ©s dans le travail. L’intĂ©rĂȘt du fabricant, par ces raisons, est en opposition avec l’intĂ©rĂȘt du cultivateur , qui doit chercher Ă  obtenir de son fonds le plus de produit possible, ce qui a lieu en favorisant une forte vĂ©gĂ©tation. MM. Collos ont tenu jusqu’ici Ă  ce que M. Dargent ne leur livrĂąt que des racines du poids de trois Ă  quatre livres seulement. Sans cette circonstance, M. Dargent eĂ»t obtenu encore un plus beau produit des huit hectares cinquante ares ensemencĂ©s en betteraves. — Il ne nous est pas encore bien dĂ©montrĂ©, malgrĂ© l’opinion si gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue, que les moyennes racines soient plus riches en sucre que les grosses, et nous avons par devers nous un fait qui nous autorise, en quelque sorte, Ă  rester dans nos doutes jusqu’à de nouveaux essais. Voici ce fait l’annĂ©e derniĂšre, M. Dargent engagea M. Collos pĂšre Ă  traiter sĂ©parĂ©ment deux parties Ă©gales de betteraves, l’une composĂ©e de petites racines, l’autre de racines assez grosses. M. Collos retira de ces deux lots des quantitĂ©s Ă©gales de sucre. Nous dĂ©sirons que cette expĂ©rience soit repĂ©tĂ©e un certain nombre de fois , pour que cette question fort ^portante soit enfin rĂ©solue '. 1 M. Pelouze , jeune chimiste fort instruit, rĂ©pĂ©titeur Ă  l’Ecole polytechnique , a publiĂ© tout rĂ©cemment des Recherches chimiques sur la betterave , qui oĂ»rent un grand IntĂ©rĂȘt sous tous les rapports. Il a reconnu que les petites betteraves sont toujours plus sucrĂ©es que les grosses , mais il pense que les quantitĂ©s de sucre qu’elles contiennent sont loin de compenser ce qu’elles ont de moins en poids. Il applique ces observations a toute espece de betteraves. Celles qui atteignent un poids de douie a quinxe livres et sonl i suivant M. Pelouse, celles qui renferment, Ă  poids Ă©gaux , le moins de sucre. Il en a — 126 — Il paraĂźt constant que les semailles en lignes, avec Ă©claircis- semens et repiquages intercalĂ©s, donnent un produit gĂ©nĂ©ralement plus avantageux, soit en poids , soit en richesse saccharine, que les semailles Ă  la volĂ©e, dont le plus grand nombre des cultivateurs fait usage. Nous avons Ă©tĂ© Ă  mĂȘme d’observer que les betteraves repiquĂ©es sont constamment moins volumineuses, plus arrondies, plus chargĂ©es de radicules que les betteraves non soumises au repiquage, et que, jamais, elles ne sortent de terre comme celle -ci. Les premiĂšres sont presque toujours napiformes, les autres fusiformes. Le dĂ©plantage des racines s’opĂšre , chez M. Dargent, avec une fourche que l’ouvrier enfonce presque verticalement dans le sol, et avec laquelle il soulĂšve la terre qui enveloppe la racine et la dĂ©tache. Il la saisit ensuite par les pĂ©tioles , la secoue pour en faire tomber la terre adhĂ©rente, et la couche sur place dans une direction horizontale au sillon. Le dĂ©plantage du champ Ă©tant terminĂ©, chaque ouvrier, muni d’un large couteau, passe dans chaque ligne et enlĂšve d’un seul coup le collet avec les pĂ©tioles. M. Dargent prĂ©fĂšre ce mode de dĂ©colletage Ă  celui qui est suivi dans beaucoup d’endroits, et qui consiste dans l’emploi d’une bĂȘche tranchante que les ouvriers enfoncent dans la tĂȘte de la racine. Lorsque les betteraves ont subi cette opĂ©ration , elles sont portĂ©es Ă  la fabrique, et, pendant ce tems, on laisse entrer dans le champ les moutons et les vaches, qui mangent avec aviditĂ© le collet et les feuilles demeurĂ©s sur place 1 . Quand la fabrique est alimentĂ©e de racines pour un certain tems , ou qu’il veut en conserver pour la nourriture de ses bestiaux pendant l’hiver, M. Dargent les emmagasine dans examinĂ© plusieurs , dont une pesant environ 8 kilog,, contenait G,8 pour OjO de sucre, c’est- Ă -dire plus d’une livre. Ann. de chim. et de physiq., t. 47, p. 409, aoĂ»t 1832. — E* Agriculteur manufacturier , t. 3, p. 294. 1 Ces parties vertes, abandonnĂ©es sur le sol, comme engrais , sont considĂ©rĂ©es gĂ©nĂ©ralement comme remplaçant une bonne demi-fumure. — 127 — une fosse creusĂ©e dans un terrain Ă©levĂ©, plus sableux qu’argileux, situĂ© dans la cour de sa ferme, Ă  peu de distance des Ă©tables et Ă©curies. Cette fosse ou espĂšce de silo , dont les murs ne sont revĂȘtus d’aucune maçonnerie , et qui reprĂ©sente un carrĂ© parfait, est recouverte , Ă  partir du sol, d’un toit en chaume fort Ă©pais, et ne prĂ©sente^ que trois ouvertures , la porte et deux petites croisĂ©es placĂ©es en regard presque Ă  la base du toit, une au nord et l’autre au sud, et qu’on bouche avec des paillassons pendant l’hiver. Cette fosse, qui est toujours parfaitement sĂšche, sert Ă  conserver toutes les racines fouragĂšres , betteraves, pommes de terre, carottes, etc. ; elle remplit parfaitement son but, et il nous semble que les agriculteurs devraient en faire usage , de prĂ©fĂ©rence Ă  toute autre construction. Nous la recommandons Ă  leur attention. Des champs de M. Dargent, transportons-nous maintenant Ă  la fabrique de MM. Collos , pour voir ce que vont devenir les betteraves qui y ont Ă©tĂ© portĂ©es. Cette fabrique est situĂ©e Ă  une lieue de distance environ de la ferme que nous quittons , sur la foute de FĂ©camp Ă  Rouen. Cet Ă©loignement est une circonstance fĂącheuse, parce que le transport des racines devient assez coĂ»teux, mais il a Ă©tĂ© commandĂ© par la force des choses ; lĂ  existe une chute d’eau fort belle, qui sert de moteur Ă  la rĂąpe , et cet avantage n’eĂ»t pu se rencontrer dans aucune autre partie de la V lle , au moins au rapport de MM. Collos. La fabrique est Ă©tablie dans un vaste bĂątiment Ă  deux Ă©tages , comprenant t° Au rez-de-chaussĂ©e, l’atelier de la rĂąpe et des presses, et le local oĂč se trouve la machine Ă  vapeur ; 2° Au premier Ă©tage, ou plutĂŽt Ă  l’entresol, l’atelier de dĂ©fĂ©cation , de concentration et de cuite ; 3° Au deuxiĂšme , l’empli des formes et la purgerie ; 4° Dans une cave peu profonde , bien claire et aeree, 1 atelier des filtres et des rĂ©servoirs Ă  jus et sirops. — 128 — A mesure que les betteraves arrivent des champs , des femmes les empilent les unes sur les autres dans une partie de l’atelier aux presses. RĂ©coltĂ©es par un temps sec, elles n’ont que peu de terre adhĂ©rente Ă  leur surface; nĂ©anmoins, avant que d’en extraire le jus, un ouvrier les lave dans un grand baquet Ă  moitiĂ© rempli d’eau, en les frottant avec un balai. — On ne fait point ici, comme dans beaucoup d’autres fabriques, prĂ©cĂ©der le lavage de l’opĂ©ration dĂ©signĂ©e sous le nom de nettoyage, et qui consiste Ă  sĂ©parer de la racine les parties vertes du collet qui pourraient encore y rester, les radicules et le chevelu , les parties malsaines, et enfin la terre et les pierres qui y sont attachĂ©es. Il nous semble que cette opĂ©ration est avantageuse, sous ce rapport que les radicules dont sont assez abondamment pourvues les betteraves, Ă©tant une fois enlevĂ©es, ne fatiguent point inutilement la rĂąpe , comme nous avons cru le remarquer. — Le mode de lavage suivi chez MM. Collos est, suivant nous, assez imparfait, et il y aurait, Ă  cet Ă©gard, quelques amĂ©liorations Ă  introduire dans leur Ă©tablissement. Nous avons engagĂ© ces messieurs Ă  adopter l’emploi d’un appareil Ă  laver, analogue Ă  celui qu’on met en usage dans les fĂ©culeries pour nettoyer les pommes de terre. — A mesure que le laveur a traitĂ© un certain nombre de racines, il les jette dans des paniers, oĂč des enfans viennent les prendre pour les donner Ă  l’ouvrier chargĂ© de les prĂ©senter devant la rĂąpe, qui les rĂ©duit en pulpe. La rĂąpe Ă©tant placĂ©e tout Ă  cĂŽtĂ© du lavoir, le travail s’enchaĂźne bien sans perte de tems. La rĂąpe adoptĂ©e est celle de M. Thierry ; elle est mise en mouvement par une roue hydraulique de la force de quatre chevaux. Elle rĂ©duit en pulpe quinze cents kilogrammes de betteraves par heure, en exigeant pour son service deux enfans et un homme. — Le travail de cette rĂąpe est loin d’ĂȘtre parfait; la pulpe, assez bien divisĂ©e , prĂ©sente cependant un assez grand nombre de portions intactes de racines, qui sont ainsi perdues au dĂ©triment — 129 — de la fabrication. Nous avons fortement engagĂ© MM. Collos Ă  prendre un autre systĂšme de rĂąpe , soit celle de M. Molard soit plutĂŽt encore celle de M. Odobbel, qui fonctionne avec une force de cjuatre chevaux c’est celle dont MM. Collos peuvent disposer et deux ouvriers, et expĂ©die quatre mille kilogrammes de betteraves dans une heure. Nous avons appelĂ© d’autant plus sĂ©rieusement leur attention sur ce point, que la perfection du rĂąpage est de la plus haute importance , puisque de la mĂȘme quantitĂ© de racines on peut souvent extraire, Ă  l’aide d’une bonne rĂąpe, un dixiĂšme plus de jus qu’en faisant usage d’un instrument moins parfait. La pulpe obtenue est soumise Ă  la presse, dans des sacs de toile, entre lesquels on intercalle des claies en osier. Les sacs passent d’abord sous une presse Ă  vis, puis sous une presse hydraulique d’un effet de cent cinquante mille kilogrammes. Le jus est conduit par une rigole en bois dans un vaste rĂ©servoir placĂ© dans la cave. Au sortir de la presse, soit au commencement , soit Ă  la fin de l’extraction, il marque sept degrĂ©s Ă  l’arĂ©omĂštre. Nous devons avertir ici que la densitĂ© du jus varie beaucoup suivant une foule de circonstances. Les presses expriment deux mille de pulpe Ă  l’heure, et celle-ci fournit de soixante- quinze Ă  quatre-vingt pour cent de jus ; c’est beaucoup plus que ce qu’on retire habituellement dans la plupart des fabriques. La betterave, comme toutes les racines, renferme un assez grand nombre de principes immĂ©diats, et c’est leur prĂ©sence qui rend l’extraction de son sucre si laborieuse. D’aprĂšs les Analyses qui en ont Ă©tĂ© faites par ATM. Payen et Dubrunfaut, elle admet dans sa composition, outre la matiĂšre ligneuse et une grande quantitĂ© d’eau, jusqu’à vingt-deux substances de nature orga- n *que et inorganique. Nous rapporterons ici, pour les personnes qui ne connaĂźtraient P ! >s les analyses faites par MAJ. Payen et Duhriinlant, les rĂ©sultats °btenus par ces deux chimistes. y — 130 — COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BETTERAVE. D’APRES M. PAYEN. 1° Eau, de 85 environ Ă  90 centiĂšmes . 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes de 11 Ă  6 . 3° Sucre incristallisable. Il est probable que ce sucre ne prĂ©existe pas dans la racine, mais qu’il est le rĂ©sultat d’une altĂ©ration du sucre cristallisable. 4° Albumine. 5° Acide pectique . 6° Ligneux de 1 centiĂšme Ă  15 centiĂšme 1 /2 . 7 Substance azotĂ©e, analogue Ă  l’os- mazome. 8° MatiĂšres colorantes rouge, jaune et brune. Cette derniĂšre rĂ©sulte d’une modification par l’air d’une substance trĂšs-altĂ©rable. 9° Substance aromatique, offrant une odeur analogue Ă  celle de la vanille. 10° MatiĂšres grasses, l’une fluide Ă  10°, l’autre consistante Ă  cette tempĂ©rature. 11° Malates acides dĂ©potasse, d y ammoniaque et de chaux. 12° Chlorure de potassium. 13° Nitrates de potasse et de chaux. 14 Oxalate de chaux. 15° Phosphate de chaux . D’APRES M. DUBRUNFAUT. I ° Eau. 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes. 3° Sucre liquide ou incristallisable. 4 Albumine vĂ©gĂ©tale colorĂ©e. 5° GelĂ©e ou acide pectique. 6° Parenchyme ligneux. 7 MatiĂšre azotĂ©e noire, dĂ©terminant la dĂ©composition du sucre en glaireux. 8° Un ou deux principes colorons , jaune et rouge. 9° RĂ©sine verte amĂšre. 10° MatiĂšre grasse solide Ă  la tempĂ©rature ordinaire. 11° Huile fixe. 12 MatiĂšre gommeuse. 13° Acide libre dont la nature n’a pas Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e. Il se dĂ©velopp e dans les conserves et prĂ©serve la racine coupĂ©e de l’altĂ©ration q UI se manifeste dans la racine fraĂźche» par une couleur noire. 14° Oxalate d’ammoniaque. 15° Oxalate de potasse. 16* Chlorophylle, ou matiĂšre colorante verte. 17° Huile essentielle 9 principe de l’odeur vireusc des betteraves. 18° Sulfate de chaux, silice , soufre . I-a betterave renferme donc environ 14 centiĂšmes de substance sĂšche et 86 d'eau. Sur ces 14 centiĂšmes, il y en a trois Ă  quatre de ligneux; le reste comprend tous les autres matĂ©riaux ci-dessus inuiquĂ©s. Bulletin de la SociĂ©tĂ© philomatique efjBullctin de la SociĂ©tĂ© d’encouragement , pour 1825, numĂ©ro d'aoĂ»t. 16° Oxalate de chaux . 1/° Huile essentielle. 18° Hydrochlorate d*ammoniaque. 19’ Sulfate et phosphate de chaux. 20” Silice. 21° Alumine. 22° Traces d'oxides de fer et de manganĂšse. 23° Traces de soufre. Ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© faites sur des betteraves qui avaient six mois de garde. Dans des racines non mĂ»res, M. Du- brunfaut n’a plus trouvĂ© d’oxalates ‱ solubles. Tissai d'analyse de la betterave , etc., insĂ©rĂ© dans V Art de fabriquer le sucre de betteraves, par M. Du- brunfaut, p. 535. M. Pelouze, dans ses Recherches chimiques sur la betterave, infirme les rĂ©sultats obtenus par MM. Payen et Dubrunfaut. Pelouze a constatĂ© qu’il n’y a pas le sucre incristallisable ou liquide dans la betterave , et que, consĂ©quemment, ce sucre, dont ia prĂ©sence est si prĂ©judiciable au fabricant, est toujours produit Pendant l’altĂ©ration de cette racine Ă  l’air , et pendant le travail trĂšs-long auquel on la soumet. A l’aide d’un moyen fort exact P°ur dĂ©terminer la richesse saccharine des betteraves, moyen 'lui consiste Ă  transformer le sucre qu’elles renferment en alcool, ct Ă  dĂ©terminer la force de ce dernier corps au moyen de l’alcoo- UiĂštre centĂ©simal , M. Pelouze a aussi reconnu que les diffĂ©rentes v ariĂ©tĂ©s de betteraves, ainsi que les mĂȘmes variĂ©tĂ©s provenant *^ e P a ys lifTĂ©rens , contiennent, Ă  peu de chose prĂšs, la meme 'luantitĂ© de sucre, c’est-Ă -dire environ dix pour cent de leur P°ids. Annales de chimie et de physique, t. 4-7’ P - 4°9 - — Agriculteur manufacturier, t. 3, p. ag4- — 132 — M. Germain, habile pharmacien de FĂ©camp , a reconnu, Ă  la suite d’expĂ©riences analytiques faites sur des betteraves cultivĂ©es dans les environs de cette ville, Ă  plus ou moins de distance du bord de la mer i° Que ces racines rĂ©cemment rĂ©coltĂ©es contiennent les dix onziĂšmes de leur poids d’eau de vĂ©gĂ©tation ; 2 ° Que le suc fourni par le collet paraĂźt ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement moins dense, quoique quelquefois plus colorĂ© que celui produit par la partie infĂ©rieure ; ‱ 3° Que, comme dans la canne Ă  sucre , le sommet des racines est moins riche en sucre que la partie infĂ©rieure ; 4° Que les betteraves, non loin des bords de la mer, renferment du sel marin chlorure de sodium en quantitĂ© notable, principalement dans le collet. Nous avons constatĂ© tout rĂ©cemment que les feuilles de betteraves rĂ©coltĂ©es chez M. Dargent contiennent aussi une proportion trĂšs-sensible de sel marin, accompagnĂ© d’albumine et d’une matiĂšre mucoso-sucrce , ce qui explique pourquoi elles sont mangĂ©es avec tant d’aviditĂ© par les bestiaux. La proportion de matiĂšre ligneuse qui sert de soutien aux dif- fĂ©rens matĂ©riaux constitutifs dont il vient d’ĂȘtre question, ne dĂ©passe pas trois Ă  quatre centiĂšmes de la racine, d’aprĂšs M. Payen *. Toutes les autres racines et fruits charnus sont dans le mĂȘme cas. 11 suit de lĂ  que la pulpe exprimĂ©e , et qui ne donne plus de jus , renferme encore une assez grande quantitĂ© de matiĂšre organique utile. GĂ©nĂ©ralement, dans les fabriques, cent parties de pulpe ne rendent que soixante-dix parties de suc. Il y a donc trente pour cent de rĂ©sidu, dans lequel se trouvent encore l r j,5 de suc, et 2,7 de sucre pur, qui sont ainsi perdus pour la fabrication. MM. Collos retirent de cent kilogrammes de 1 M. ClĂ©ment, d’aprĂšs des expĂ©riences qui datent de 1816 , n’admet que 1 Ă  1,5 tiĂšme de matiĂšre ligneuse dans la betterave. Annales de chimie et de physique, t* l » J. 173. — 133 — betteraves soixante-quinze Ă  quatre-vingts parties de jus la- pulpe rejetĂ©e contient donc encore de vingt-deux Ă  dix—sept pour cent de matiĂšre liquide organique; c’est ce qui explique comment elle sert avec tant d’avantages Ă  la nourriture des bestiaux. Si donc nous possĂ©dions des moyens Ă©conomiques assez parfaits , nous pourrions retirer des betteraves, comme des pommes , une bien plus grande proportion de jus que celle qu’on extrait habituellement, et n’avoir pour rĂ©sidu qu’une quantitĂ© excessivement petite de marc. Mais il est malheureusement des bornes Ă  la division mĂ©canique ; et, quoique la pratique et la thĂ©orie indiquent qu’il y ait encore de grands perfectionnemens Ă  apporter aux rĂąpes et aux presses, cependant il ne laut pas prĂ©tendre Ă  dĂ©passer certaines limites, car alors la force qu’il faudrait dĂ©ployer pour obtenir un supplĂ©ment de jus coĂ»terait plus que la valeur mĂȘme de ce supplĂ©ment. Des donnĂ©es prĂ©cĂ©dentes on peut conclure que, dans les fabriques, on perd journellement le quart des betteraves que l’on travaille, indĂ©pendamment du sucre incristallisable qui se produit pendant le courant de la fabrication. C’est vers les moyens de rĂ©duire de plus en plus cette perte enorme que tous les efforts des industriels doivent ĂȘtre dirigĂ©s. MM. De Dombasle, Demesmay, Harpignies et Blanquet, etc., ont, dans ces derniers tems, imaginĂ© de nouveaux procĂ©dĂ©s pour l’extraction du jus de betteraves, qui permettent, Ă  ce qu’il paraĂźt, d’obtenir jusqu’à quatre-vingt-dix pour cent de suc r . En raison de la composition compliquĂ©e du jus de betteraves , *1 est impossible de songer Ă  retirer le sucre de ce liquide , sans employer des moyens propres Ă  isoler, autant que possible, les substances qui empĂȘcheraient sa cristallisation. C’est lĂ  le but de premiĂšre opĂ©ration qu’on lui fait subir, et qui est, sanscontre- l f ^facturier, t. 3 , p. i43, 171 , SG7 ; — t. 4 , p. l - 20 . — Dictionnaire technolo- t- 20, p. I7 4. — 134 — tion dĂ©pend le succĂšs des opĂ©rations ultĂ©rieures. Cette opĂ©ration principale porte le nom de dĂ©fĂ©cation, dans les ateliers. Elle consiste Ă  introduire dans le jus une matiĂšre capable de prĂ©cipiter, aussi parfaitement'que possible, sous forme solide, les substances Ă©trangĂšres au sucre. On l’exĂ©cute de trois maniĂšres diffĂ©rentes, qui ont reçu chacune une dĂ©nomination particuliĂšre. L’une consiste Ă  traiter le jus parla chaux seulement, comme cela se pratique aux colonies pour le suc de la canne aussi est- elle connue sous le nom de procĂ©dĂ© des colonies. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© par Hermstaedt il est encore employĂ© dans plusieurs fabriques , malgrĂ© ses inconvĂ©niens. Une autre consiste Ă  verser dans le jus, aussitĂŽt aprĂšs son extraction , une certaine quantitĂ© d’acide sulfurique ; puis Ă  neutraliser cet acide par la chaux, lorsque son effet utile a ete rempli. C’est lĂ  le procĂ©dĂ© d'Achard, que trĂšs-peu de fabricans emploient de nos jours. Enfin, une troisiĂšme mĂ©thode , inverse de la seconde, consiste Ă  dĂ©fĂ©quer d’abord le suc au moyen de la chaux en excĂšs, et Ă  saturer ensuite celle-ci par l’acide sulfurique. Ce procĂ©dĂ©, imaginĂ© en France, et recommandĂ© par MM. Chaptal, Mathieu de Doni- basle, etc., est connu sous le nom de procĂ©dĂ© français. C’est celui qui est gĂ©nĂ©ralement suivi ; c’est aussi celui que MM. Collos ont adoptĂ©. La dĂ©fĂ©cation , chez ces fabricans, s’opĂšre dans une chaudiĂšre en cuivre, et sur quatre hectolitres de suc Ă  la fois. Celui-ci est amenĂ© dans cette chaudiĂšre par une pompe on le chauffe Ă  l’aide de la vapeur d’eau, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus j tenir la main ; puis on y introduit de la chaux, prĂ©alablement Ă©teinte et rĂ©duite en bouillie trĂšs—claire aprĂšs qu’il a jetĂ© quelques bouillons, on laisse reposer pendant quelque teins, et on le tait Ă©couler sur les filtres. La quantitĂ© de chaux varie singu- liĂšrement, suivant la nature du jus, depuis trois cents jusqu- 1 — 135 — six cents grammes et plus par chaque hectolitre. Peu de teins aprĂšs l’addition de la chaux, ou voit se former, Ă  la surface du liquide, des Ă©cumes trĂšs—épaisses, qui sont produites par la coagulation de l’albumine, laquelle entraĂźne la plupart des matiĂšres qui troublaient la transparence du jus. Dans ces Ă©cumes se trouvent encore bon nombre des autres matĂ©riaux de la betterave, que l’action de la chaux a rendus insolubles. Avant de les jeter, on les soumet Ă  l’action d’une presse .Ă  levier et poids successifs, dans des sacs de toilef-pour en extraire tout le jus qu’elles retiennent entre leurs molĂ©cules. Les filtres employĂ©s chez MM. Collos , pour sĂ©parer le liquide dĂ©fĂ©quĂ© de ces Ă©cumes , sont fort simples et bien plus commodes que ceux que nous avions vu employer jusqu’ici dans les fabriques. Ils consistent dans de grandes caisses rectangulaires en bois, dans lesquelles on dispose, perpendiculairement Ă  leurs parois , et les unes Ă  cĂŽtĂ© des autres, cinq Ă  six claies, recouvertes d’une toile qui serpente autour d’elles ; ces claies multiplient, par consĂ©quent, la surface de celle-ci ; aussi Ă  peine le jus arrive-t-il de la chaudiĂšre de dĂ©fĂ©cation , qu’il passe aussitĂŽt Ă  travers les mailles de la toile, en laissant sur elle toutes les ecumes. Il se rĂ©unit ensuite dans un rĂ©servoir en cuivre, d’oĂč une pompe l’amĂšne dans les chaudiĂšres de concentration. Ces chaudiĂšres, placĂ©es dans le mĂȘme atelier que la chaudiĂšre Ă  dĂ©fĂ©cation, sont Ă©chauffĂ©es Ă  la vapeur, comme celle d’ailleurs oĂč se termine la cuite. La machine Ă  vapeur, qui fournit ainsi au service de tout l’atelier, est de la force de six chevaux. Les chaudiĂšres de concentration sont des cuves rectangulaires en cuivre, au fond desquelles se trouve un certain nombre de petits conduits cylindriques de mĂȘme nature, dans lesquels arrive la vapeur d’eau qui sert Ă  l’échaulfement du jus clarifie. Ces conduits peuvent ĂȘtre fermĂ©s Ă  volontĂ©, en sorte qu on peut cessej- a l’instant mĂȘme l’évaporation. C’est dans ces chaudiĂšres qu’a lieu l’addition de l’acide sulfu- — 136 — rique, et de le cuire jusqu’au point oĂč il peut cristalliser , de le dĂ©barrasser des alcalis sans cela ils rĂ©agissent sur le sucre, l’altĂšrent en partie et le rendent incrislallisable. C’est pour obvier Ă  ccs incon- vĂ©niens qu’on y ajoute l’acide sulfurique Ă©tendu. .Mais si on met cet acide, soit peu de teins aprĂšs l’addition de la chaux, ainsi que le pratique M. Dubrunfaut, soit immĂ©diatement aprĂšs la filtration du jus, comme le recommandent MAI. De Dombasle et Chaptal, il est bien Ă©vident qu’il faudra employer une plus grande proportion de cet acide , que si on ne l’introduit que lorsque le suc a dĂ©jĂ  subi une certaine concentration , parce qu’alors l’ammoniaque libre aura ele chassĂ©e par la chaleur. On Ă©vite encore par-lĂ  la formation d’un sulfate d’ammoniaque, qui, restant dans le jus, se transforme, pendant l’évaporation, en sulfate acide , qui est toujours nuisible au sirop , en modifiant la nature du sucre cristallisable ; l’expĂ©rience a , en elfet, dĂ©montrĂ© que les acides ont la singuliĂšre propriĂ©tĂ© de changer le sucre cristal- lisable de la canne ou de la betterave, en un sucre analogue Ă  celui du raisin , c’est-Ă -dire en sucre qui ne peut cristalliser qu’en petits grains. D’aprĂšs ces considĂ©rations, MM. Collos ont donc bien fait de suivre la mĂ©thode de M. ClĂ©mandot. Mais, tout en y restant lidĂšle, il ne faut pas qu’on pense que la proportion d’acide Ă  ajouter dans le suc concentrĂ© Ă  douze degrĂ©s soit toujours la mĂȘme. Elle varie beaucoup d’une campagne Ă  une autre , et souvent dans le courant d’une mĂȘme campagne, parce que les betteraves ne renferment pas constamment la mĂȘme quantitĂ© de sels alcalins. Ainsi, les betteraves excrues dans des terres fortement fumĂ©es, contiennent beaucoup plus de sels de potasse et de sels ammoniacaux que celles qui croissent dans des terrains anciennement fumĂ©s. C’est donc au fabricant Ă  tenir note de ces circonstances. Cette annĂ©e, les betteraves exploitĂ©es par MM. Collos Ă©taient trĂšs-riclies en sels de potasse ; aussi ont-ils Ă©tĂ© obligĂ©s d’employer plus d’acide que l’annĂ©e derniĂšre , pour saturer leur jus dĂ©fĂ©quĂ©. Le sulfate de chaux, formĂ© par la neutralisation du jus, se dĂ©pose , pendant son Ă©vaporation , sur les conduits cylindriques Ă  vapeur ; mais, Ă  chaque concentration, MM. Collos ont soin de faire nettoyer parfaitement leur chaudiĂšre. Lorsque le jus a Ă©tĂ© concentrĂ© jusqu’à vingt-huit degrĂ©s du pĂšse-sirops de BaumĂ©, >1 prend le nom de sirop , et on le fait alors Ă©couler dans la chaudiĂšre de clarification. La clarification a pour but d’enlever au sirop les matiĂšres qui troublent sa limpiditĂ© ou qui le colorent. Cette opĂ©ration s’exĂ©cute l’aide de substances ou d’agens qu’on appelle agens clarifians, e t qui sont le sang, le lait, les blancs d’oeufs et le noir animal, dont ^ rflet principal est la dĂ©coloration des liquides. Chez MM. Col - ^ 0s , la clarification s’opĂšre dans une chaudiĂšre a feu nu, au m°y en j u no ; r animal et du sang de bƓuf, employĂ©s dans les Proportions de cinq kilogrammes de noir et d’un litre de sang par rliaque hectolitre de sirop. Celui-ci, Ă©tant bien clair, est filtrĂ© — 138 — de la mĂȘme maniĂšre que le jus dĂ©fĂ©quĂ©, puis conduit dans un rĂ©servoir en cuivre, nommĂ© avale-tout, qui est assez grand pour contenir tout le sirop prĂ©parĂ© chaque jour. Dans cet Ă©tat, ce sirop n’esf point assez concentrĂ© pour fournir des cristaux il faut en chasser l’eau surabondante ; c’est pourquoi on le soumet Ă  l’opĂ©ration de la cuite, qui se pratique dans une chaudiĂšre chauffĂ©e par la vapeur, et tout-Ă -fait semblable Ă  celles oĂč l’on opĂšre la concentration. La cuite est terminĂ©e, c’est-Ă -dire que le sirop est bon Ă  mettre dans les formes, quand il marque quatre-vingt-dix degrĂ©s au thermomĂštre de RĂ©aumur. Les ouvriers reconnaissent ce terme Ă  l’aide de signes particuliers qu’il est inutile de dĂ©crire ici. De la chaudiĂšre de cuite, le sirop est portĂ© dans un vase en cuivre, placĂ© dans l’atelier dĂ©signĂ© sous le nom d 'Empli des formes, et quand, aprĂšs un certain teins de refroidissement, on aperçoit un commencement de cristallisation sur les parois et au fond du chaudron, on le coule dans des formes tout-Ă -fait analogues Ă  celles qui servent dans les raffineries. A partir de ce moment, toutes les opĂ©rations que 1 on fait subir au sucre de betteraves sont identiquement semblables Ă  celles que l’on pratique pour les sucres de cannes; aussi nous dispenserons-nous de les indiquer. Si nous sommes entrĂ©s dans de si grands dĂ©tails sur les travaux que nous avons vu exĂ©cuter dans les ateliers de MM. Collos , c’est que nous avons pensĂ© que peu de personnes avaient eu l’occasion de visiter des sucreries de betteraves, et qu’alors il leur serait agrĂ©able d’avoir une idĂ©e prĂ©cise des opĂ©rations nombreuses auxquelles ou est oblige de recourir pour obtenir le sucre , celte substance que presque tout le monde mange sans savoir ce qu’e lie a coĂ»tĂ© de tems et de peine pour ĂȘtre amenĂ©e Ă  l’état de puretĂ© sous lequel on la vend. Nous n’avons fait, au reste, qu’effleurer le sujet ; mais nous avons dĂ» restreindre les considĂ©rations qu’il pouvait nous offrir, dans la crainte de fatiguer votre attention- Nous vous ferons remarquer, Messieurs, que l’adoption , p iU 139 — MM. Collos, du systĂšme de chauffage Ă  la vapeur, leur prĂ©sente de trĂšs-grands avantages pour la cĂ©lĂ©ritĂ© et la rĂ©ussite des opĂ©rations ju’ils exĂ©cutent. Dans la plupart des autres fabriques, tout se fait Ă  feu nu , dĂ©fĂ©cation , concentration, cuite ; tantĂŽt dans des chaudiĂšres Ă  demeure dans les fourneaux ; tantĂŽt, et c’est le cas le plus ordinaire , dans des vases mobiles qu’on appelle chaudiĂšres Ă  bascules. Quelques soins que l’on apporte Ă  bien conduire le travail , dans ces sortes de chaudiĂšres, il est difficile d’éviter certains inconvĂ©niens forts graves, et entre autres, la caramĂ©lisation des sirops. Ils ne se prĂ©sentent jamais dans celles qui sont chauffĂ©es au moyen de la vapeur d’eau. Nous ne croyons pas devoir rendre publics les comptes de fabrication qui nous ont Ă©tĂ© donnĂ©s par MM. Collos. Cette rĂ©serve nous est commandĂ©e par un sentiment que vous saurez apprĂ©cier. Mais nous dirons que les rĂ©sultats qu’ils obtiennent sont trĂšs-satisfai— sans, et, Ă  peu de chose prĂšs, les mĂȘmes que ceux rĂ©alisĂ©s par les meilleures fabriques en activitĂ© depuis longues annĂ©es i. Ces Messieurs travaillent journellement trente mille livres de betteraves, et ils comptent traiter, dans une campagne de cent jours, trois millions de livres de ces racines. Nous ajouterons qu’exploitant depuis long-tems une radinerie de sucre de cannes, qui marche concurremment avec leur fabrique de sucre indigĂšne, ces industriels sont dans des conditions plus favorables que la plupart des autres fabricans qui ne prĂ©parent que le sucre brut. Les bĂ©nĂ©fices que font MM. Collos, dans leur nouvelle entreprise, sont susceptibles de s’accroĂźtre d’une maniĂšre notable , lorsqu’ils pourront tirer un parti plus avantageux des pulpes et des rĂ©sidus de mĂ©lasse. A cet Ă©gard, nous vous demanderons la permission d’entrer dans quelques dĂ©veloppemens. La pulpe de betteraves, qui, au sortir des presses, contient ^ CO La betterave contient depuis Ă  peu prĂšs 6 jusqu’à H pour 0/0 de sucre crĂźstallisable. fabrique, on n’en obtient guĂšre plus de 2 l/2 a 5 pour 0/U. 11 est facile de voir par lĂ  *1 ,, 1 industrie prĂ©sente encore beaucoup de marge et qu’elle commande de nouveaux cU'oils. — 140 — encore une portion de principes nutritifs qui n’est pas Ă  dĂ©daigner, est, comme nous l’avons dit, une trĂšs-bonne nourriture pour le gros bĂ©tail. Vingt-cinq kilogrammes suffisent Ă  la consommation journaliĂšre d’un bƓuf, et cinq kilogrammes Ă  celle d’un mouton. Dans les environs de toutes les fabriques, les fermiers l’achĂštent habituellement au prix de quinze francs les mille kilogrammes. A FĂ©camp, l’usage n’en Ă©tant pas encore gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandu , l’écoulement de cette pulpe n’est pas aussi facile ; mais, lorsque ses bons effets auront Ă©tĂ© reconnus par tous les cultivateurs, le dĂ©bit en sera beaucoup plus lucratif Afin d’éviter la perte de celle qu’ils ne peuvent vendre, nous pensons que ces Messieurs devraient suivre l’exemple deMM. Blanquet et Hamoir, fabricans, Ă  Famars, prĂšs Valenciennes, qui font dessĂ©cher la pulpe sur la plate-forme d’une touraille semblable Ă  celle dont se servent les brasseurs pour dessĂ©cher les grains germes. Dans cet Ă©tat de siceitĂ©, elle se conserve indĂ©finiment. Ce mode est prĂ©fĂ©rable Ă  celui qui a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© par M. Mathieu De Dombasle, et qui consiste Ă  l’enfouir dans des silos creusĂ©s dans un sol argileux et compacte, parce qu’elle n’éprouve pas, comme dans cette derniĂšre circonstance, une fermentation acide qui dĂ©truit une partie de ses principes nutritifs. Cette dessiccation a, d’ailleurs, un autre avantage, c’est de faire perdre Ă  la pulpe une matiĂšre Ăącre , volatile , contenue primitivement dans la betterave, et qui paraĂźt exercer une action purgative sur les animaux qui s’en nourrissent Ă  l’état frais. Nous croyons devoir conseiller ici aux cultivateurs, qui donnent cette pulpe aux bestiaux, de lui faire subir une demi-cuisson, qui aura pour rĂ©sultat de la rendre plus savoureuse et plus facilement assimilable. Cette cuisson pourrait se faire d’une maniĂšre trĂšs-Ă©conomique , en plaçant la pulpe dans un tonneau fermĂ© oĂč l’on ferait arriver de la vapeur d’eau. Avec soixante-quinze centimes ou un franc tout au plus, il serait possible de cuire au moins mille kilogrammes de pulpe fraĂźche. — 141 — Les mĂ©lasses de betteraves qui ont fourni tout le sucre cristal- lisable qu’elles pouvaient donner par la recuite, sont assez embarrassantes pour le fabricant. Elles ont une odeur et une saveur dĂ©sagrĂ©ables, qu’on ne trouve pas dans celles de cannes. Jusqu’ici, MM. Collos n’ont pu en tirerqu’un parti trĂšs-mĂ©diocre. Nous pensons qu’il pourrait ĂȘtre avantageux, pour ces Messieurs, de les convertir en eau-dc—vie, surtout s’ils joignaient cette opĂ©ration Ă  l’extraction de la potasse, que ces mĂ©lasses fournissent en quantitĂ© notable, comme le dĂ©montrent les expĂ©riences de M. Dubrun- faut . Il rĂ©sulte, en effet, de ces expĂ©riences , que cent kilogrammes de mĂ©lasse de betteraves donnent dix kilogrammes de cendres , qui ont un titre alcalimĂ©trique de 8o°les potasses les plus riches du commerce ne portent gĂ©nĂ©ralement que 63°, ce qui reprĂ©sente Ă  peu prĂšs sept kilogrammes septeents grammes de potasse pure, ou Ă  peu prĂšs seize kilogrammes de sels vĂ©gĂ©taux. D’aprĂšs cela, les mĂȘlasses Ă©tant soumises Ă  la fermention, le sucre qu’elles contiennent produirait de l’alcool, etle rĂ©sidu de la distillation des vinasses Ă©tant incinĂ©rĂ©, donnerait de la potasse. VoilĂ  donc deux nouveaux produits dont le placement serait toujours assurĂ©, au moins dansle plus grandnombre des circonstances. Dans le cas contraire, il y aurait encore un parti plus avantageux Ă  retirer des mĂ©lasses, que celui qu’on en retire actuellement. Ce serait, Ă  l’imitation de M. Bernard, fabricant Ă  Sussy Scine-et—Marne, de les vendre aux cultivateurs pour ĂȘtre employĂ©es Ă  la nourriture des bestiaux, en les mĂ©langeant , ainsi qu’on le fait aux colonies, avec de la paille hachĂ©e. Cette nourriture est bonne, non seulement pour les gros bestiaux , mais encore pour les chevaux ; ils la mangent avec aviditĂ© , et prĂ©fĂšrent mĂȘme ce mĂ©lange aux meilleurs foins. Les mĂ©lasses sont rĂ©duites et Ă©tendues jusqu'Ă  vingt degrĂ©s, soit avec de l’eau pure, soit avec de l’eau grasse ; on y ajoute autant *lĂȘ paille hachĂ©e que cela est possible, et, pour que celle-ci soit -dg'icujleur manufacturier > t. 3, p. 61» et S6. — 142 — moins dure, on la laisse tremper, pendant vingt-quatre heures, dans ce liquide, avant de donner le mĂ©lange aux bestiaux. Les chevaux nourris ainsi peuvent ĂȘtre facilement rĂ©duits Ă  la demi- ration d’avoine i. D’une maniĂšre ou d’une autre, vous voyez, Messieurs, que MM. Collos, en mĂ©ditant nos conseils, pourront, sans nul doute, utiliser plus avantageusement pour eux les mĂ©lasses qui encombrent leurs magasins. Au reste, nous leur ayons offert nos services pour chercher les moyens les plus simples et les moins dispendieux pour opĂ©rer la distillation des mĂ©lasses et l’extraction de la potasse qu’elles renferment. Avant de terminer ce rapport, dont l’étendue a, peut-ĂȘtre, fatiguĂ© votre bienveillante attention , nous mettons sous vos yeux i° Un Ă©chantillon des betteraves cultivĂ©es par M. Dargent, et qui servent Ă  l’extraction du sucre ; 2 ° Un peu de pulpe de betteraves, telle qu’elle sort des sacs, et dans l’état oĂč on la donne aux bestiaux ; 3° Une certaine quantitĂ© de sucre brut, et un pain de sucre raffinĂ© de betteraves , provenant de la fabrique de MM. Collos. En rĂ©sumĂ©, l’inspection de cette fabrique nous a dĂ©montrĂ© que ces industriels Ă©taient trĂšs au courant des procĂ©dĂ©s d’extraction du sucre indigĂšne , et nous nous faisons un devoir de dĂ©clarer ici que l’ensemble des travaux exĂ©cutĂ©s devant nous, la bonne disposition des opĂ©rations, l’adoption des meilleurs systĂšmes d’appareils, prouvent chez ces Messieurs une parfaite intelligence des exploitations industrielles , gage assurĂ© de succĂšs pour l’avenir. PĂ©nĂ©trĂ©s des immenses services que leur Ă©tablissement rendra Ă  l’agriculture, dans le canton de FĂ©camp, nous sommes d’avis que la SociĂ©tĂ© doit leur tĂ©moigner toute la satisfaction qu’elle Ă©prouve de voir une nouvelle branche d’industrie agricole introduite par leurs soins dans notre dĂ©partement, et nous proposons, en consĂ©quence , qu’il leur soit dĂ©cernĂ© , dans la sĂ©ance publique de cette annĂ©e, une mĂ©daille d’or de la valeur de trois cents francs. I Agriculteur manufacturier t U I , p. ISO* ©‹©©©©©‹©©‹©©©©©©©©©©©©©©©©©©©o©©9 RAPPORT . SUR L'EMPLOI DE LA GÉLATINE DES OS DANS LE RÉGIME ALIMENTAIRE DES PAUVRES ET DES OUVRIERS, PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN, LE 23 AVRIL 1831 Messieurs, A une Ă©poque oĂč les esprits sont si fortement prĂ©occupĂ©s des intĂ©rĂȘts qui s’agitent entre les nations de notre vieille Europe , oĂč les principes politiques les plus opposĂ©s sont aux prises et engagĂ©s dans une lutte qui absorbe l’attention des hommes de tout Ăąge, de toute condition , Ă  une Ă©poque enfin oĂč , par suite de l’instabilitĂ© des affaires commerciales , l’esprit d’égoĂŻsme , si n aturel Ă  l’homme, se montre plus Ă  dĂ©couvert, un fait digne des MĂ©ditations du philosophe et du moraliste chrĂ©tien domine , pour ainsi dire, tous les autres, et tend chaque jour, par son influence, a rapprocher les deux classes entre lesquelles se partage la sociĂ©tĂ© Moderne , ceux qui possĂšdent et ceux qui n’ont rien. Je veux par- ^ er de cette tendance , toujours croissante, qui porte les premiers InsĂ©rĂ© dans le cahier de la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d’Emulation de Rouen, TannĂ©e 1851 , p. 107. — 144 — Ă  amĂ©liorer le sort des seconds , tant sous le rapport moral que sous le rapport physique. On ne saurait en disconvenir, une vive sympathie entraĂźne les hommes riches et Ă©clairĂ©s de toutes les sectes , de toutes les opinions , vers cette niasse d’individus qu’on est convenu d’appeler le peuple ; et, pour peu qu’on veuille observer , on la verra , cette sympathie , se manifester sous toutes les formes. N’est-ce pas elle, en effet, qui dirige les efforts de ces philanthropes qui cherchent Ă  rĂ©pandre l’instruction dans le sein de nos villes comme au milieu des campagnes , et qui est l’origine de ces associations diverses qui, sous les noms de SociĂ©tĂ©s des MĂ©thodes, de la Morale chrĂ©tienne , de l’Instruction Ă©lĂ©mentaire, SociĂ©tĂ©s pour l’Enseignement mutuel, pour VInstruction primaire, concourent toutes Ă  ce but avec le plus grand dĂ©sintĂ©ressement et la persĂ©vĂ©rance la plus soutenue ? N’cst-ce pas elle encore qui a fait naĂźtre ces SociĂ©tĂ©s philanthropiques, ce s Dispensaires, ces SociĂ©tĂ©s maternelles, qui, s’attachant spĂ©cialement Ă  l’homme physique , cherchent Ă  le dĂ©rober Ă  l’influence funeste des infirmitĂ©s et des maladies qui l’assiĂšgent? Et ces ComitĂ©s de charitĂ© cl de bienfaisance, ces Institutions pour le placement des orphelins et des en/ans trouvĂ©s, ces Maisons de refuge, ces SociĂ©tĂ©s pour l’extinction de la mendicitĂ©, ces SociĂ©tĂ©s pour les prisons , qui les a créés ? qui les entretient dans leur zĂšle? qui les anime ? Si l’attention des gouvernemens s’est portĂ©e sur quelques uns de ces vices qui dĂ©ciment les populations et les dĂ©moralisent, sur ces institutions perverses, ces loteries, ces maisons de jeux, sur la traite des noirs, etc., triste hĂ©ritage des siĂšcles passĂ©s, n’est-ce pas encore par suite des Ă©crits, des discours, des sollicitations d’hommes isolĂ©s aussi bien que des rĂ©unions savantes, mus par cessentimens de philanthropie, de bienveillance et de charitĂ© qui se glissent dans tous les cƓurs ? Reconnaissons-le donc, Messieurs, Ă  la gloire de notre siĂšcle, que tant d’obscurs dĂ©tracteurs attaquent avec la plus insigne mauvaise foi, un esprit de commune bienveillance et de gĂ©nĂ©reuse sollicitude pour le pauvre s’est rĂ©pandu dans tous les rangs de la haute sociĂ©tĂ©, ou , comme on le dit habituellement, de la classe Ă©clairĂ©e. L’homme qui possĂšde et qui sait, veut faire possĂ©der et apprendre Ă  celui qui, dĂ©laissĂ© par le sort, est privĂ© de ce bonheur physique et de ce bonheur moral auxquels tous les ĂȘtres Ă©chappĂ©s des mains du CrĂ©ateur ont droit indistinctement. Mais, ce qui caractĂ©rise surtout notre Ă©poque , c’est qu’on ne veut pas seulement faire le bien , on veut encore le faire avec discernement , et de la maniĂšre la plus propre Ă  atteindre le but humain qu’on s’est proposĂ©. On a senti que, pour obtenir des rĂ©sultats durables, il ne suffisait pas de porter remĂšde aux souffrances du moment, mais qu’il fallait encore les prĂ©venir et empĂȘcher leur retour. En un mot, on a Ă©rigĂ© la bienfaisance, celte vertu cpii semble un rayon Ă©manĂ© de la Toute-Puissance, en une science qui a ses lois, ses prĂ©ceptes et ses moyens d’action variant avec les circonstances. De lĂ  celte foule d’associations d’hommes gene- feux et Ă©clairĂ©s qui, pĂ©nĂ©trĂ©s de cette vĂ©ritĂ© , qu’i7 faut que le cƓur donne, mais que la raison distribue, se sont placĂ©s comme mtermĂ©diaires entre les riches auxquels ils demandent, et les pauvres auxquels ils font part, avec sagacitĂ© et prĂ©voyance , des Secours qu’ils ont obtenus. C’est surtout dans le sein des citĂ©s populeuses que de pareilles * n stitutions doivent produire de grands et heureux rĂ©sultats. LĂ  , ,!l1 effet, les classes malheureuses sont assiĂ©gĂ©es de plus de maux, besoins plus impĂ©rieux, et sous l’influence d’habitudes vineuses plus prononcĂ©es qu’au milieu des campagnes, oĂč la vie est active et plus innocente. Aussi, c’est principalement dans ces villes qu’on voit le gĂ©nie 1 humanitĂ© et de la bienfaisance s’exercer avec plus de deve- 1 1 °Ppement, et sous mille formes variĂ©es. Sous ce rapport , Paris pour ne parler que de notre pays a dĂ», nĂ©cessairement, donner * e xemple, et, depuis ces derniĂšres annĂ©es, cette immense citĂ© PossĂ©dĂ© un trĂšs—grand nombre de sociĂ©tĂ©s philanthropiques qui, toutes, travaillent Ă  Ă©clairer l’administration sur les besoins sans cesse renaissans de la population malheureuse , et s’efforcent Ă  amĂ©liorer son sort et Ă  hĂąter son instruction. D’importans rĂ©sultats ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© obtenus par ces sociĂ©tĂ©s , et l’on peut prĂ©voir d’avance tous ceux qu’elles produiront par la suite. Vous, Messieurs, qui ĂȘtes placĂ©s au centre d’une population ouvriĂšre si nombreuse, et qui, jusqu’ici, n’aviez pour mission que de favoriser l’essor de l’esprit et de contribuer aux progrĂšs des connaissances utiles , vous avez voidu aussi, en prĂ©sence de tant d’infortunes nĂ©es des circonstances prĂ©sentes , vous associer aux efforts de ces philanthropes qui ont en vue l’homme malheureux et souffrant, persuadĂ©s qu'avant d’éclairer les masses, il faut pourvoir Ă  leurs premiers besoins physiques, et les dĂ©rober au joug de la misĂšre, qui Ă©nerve et abrutit l’esprit en mĂȘme tems qu’elle Ă©mousse les sentimens gĂ©nĂ©reux. DĂ©jĂ  vous avez donnĂ© des preuves manifestes de votre dĂ©sir d’ĂȘtre utiles Ă  la classe ouvriĂšre de cette ville, en prĂ©sentant au Conseil municipal des mesures sages et facilement exĂ©cutables pour l’extinction de la mendicitĂ©. Dans une de vos derniĂšres sĂ©ances , vous avez entendu un mĂ©moire fort intĂ©ressant d’un de nos honorables confrĂšres, sur l’état actuel des prisons de cette ville, et sur les moyens de rĂ©former le systĂšme adoptĂ© jusqu’ici dans nos maisons de rĂ©pression et de punition , systĂšme malheureux qui, au lieu de relever l’homme criminel ou seulement Ă©garĂ©, contribue Ă  l’entretenir dans ses funestes penchans , ou dĂ©veloppe chez lui le germe de vices qu’il ignorait encore. Enfin , vous avez dĂ©cidĂ© qu’une proposition faite par notre confrĂšre M. DestignV» pour aviser aux moyens d’établir Ă  Rouen des appareils pour l’extraction de la gĂ©latine des os, dans le but de prĂ©parer des soupes Ă©conomiques pour les indigens , serait ren voyĂ©e Ă  une commission spĂ©ciale, afin qu’elle fĂ»t examinĂ©e avec maturitĂ©, prise en considĂ©ration dans le cas oĂč elle obtiendrait l’assent 1 " ment de vos commissaires. — 147 — C’est au nom de cette commission, composĂ©e de MM. A. Barbet, Bouteiller fils et moi, que je viens vous soumettre quelques idĂ©es sur la question Ă©minemment philanthropique que notre estimable confrĂšre M. Le Marchand a soulevĂ©e le premier, dans cette assemblĂ©e, et queM. Destigny a reproduite. Mais, avant de vous faire connaĂźtre les conclusions du travail de votre commission, permettez-moi, Messieurs, de vous reproduire quelques unes des paroles que je prononçais , le 5 dĂ©cembre 182g, Ă  l’ouverture de mon cours de chimie ; ces paroles ayant immĂ©diatement trait au sujet qui nous occupe Une question, qui intĂ©resse au plus haut point l’économie politique , est celle qui a trait Ă  la nourriture de la classe la moins fortunĂ©e de la sociĂ©tĂ©. Fournir les moyens d’amĂ©liorer le rĂ©gime alimentaire du pauvre, sans augmenter les charges de l’état, tel est le problĂšme Ă  la solution duquel bien des Ă©conomistes ont travaillĂ©. Il Ă©tait rĂ©servĂ© Ă  un chimiste dont le nom est bien connu par de nombreuses recherches toujours dirigĂ©es dans le but d’ĂȘtre utile Ă  l’industrie, et que la postĂ©ritĂ© placera au rang des bienfaiteurs de l’humanitĂ©, de trouver les moyens de remplir complĂštement toutes les conditions voulues pour un tel projet. M. D’Arcet, car c’est de lui que je veux parler, avait dĂ©jĂ  proposĂ© , en 1810, d’utiliser les os de boucherie que l’on rejette, Ă  la prĂ©paration d’une gĂ©latine propre Ă  faire du bouillon 1 . Son procĂ©dĂ©, qui donna les rĂ©sultats les plus avantageux , fut suivi pendant quelque tems ; mais bientĂŽt on l’abandonna , ou au moins on cessa de faire usage de la gĂ©latine dans le bouillon ; cette matiĂšre alimentaire Ă©tait alors prĂ©parĂ©e avec la plus grande nĂ©gligence par les possesseurs du brevet de M. D’Arcet. Le renchĂ©rissement des 1 Voyez Rapport fait en 1814, sur un travail de M . D'Arcet, ayant pour objet l’extraction de la gĂ©latine des os , et son application aux diffĂ©rents usages Ă©conomiques ‱ par MM. Leroux, Dubois , Pellctan , DumĂ©ril et Vauquclin. Ce rapport a Ă©tĂ© imprimĂ© par ordre de la FacultĂ© de MĂ©decine, dans le tom. 31, pag. 352 du Journal de MĂ©decine , Chirurgie s Pharmacie, etc. On le trouve aussi dans les Annales de Chimie > tom. 92 , P a g. 300, et dans d'autres recueils. — 148 — os 1 , qui arriva en mĂȘme tems , rĂ©duisit aussi de beaucoup les bĂ©nĂ©fices que promettait ce genre de fabrication, en sorte que les fabriques qui s’élevĂšrent depuis furent forcĂ©es de convertir en colle-forte la plus grande partie de la substance nutritive des os. Le procĂ©dĂ© employĂ© a cette Ă©poqife , pour extraire la gĂ©latine, consistait dans 1 emploi de l’acide muriatique mis Ă  digĂ©rer sur les os jusqu’à ce qu’ils fussent devenus tout-Ă -fait mous et dĂ©pouillĂ©s des matiĂšres terreuses qui accompagnent la gĂ©latine a . » M. D’Arcet, que ne dĂ©couragea pas la mauvaise rĂ©ussite de son entreprise philanthropique, continua ses travaux sur cet objet, et, au commencement de cette annĂ©e 182g, il a de nouveau attirĂ© l’attention publique sur l’emploi de la gĂ©latine des os, en faisant connaĂźtre un nouveau moyen d’obtenir cette matiĂšre si precieuse. Les travaux longs et difficiles que nous avons entre— » pris dans ce but, depuis 1812, dit-il au commencement de son » premier mĂ©moire, nous ont mis Ă  portĂ©e de traiter Ă  fond cette » question Ă©conomique, et nous portent Ă  croire que, avant peu » d’annĂ©es, les os, cette source si riche de matiĂšre nutritive, » prendront enfin le rang qui leur est dĂ» parmi les substances » animales employĂ©es pour la nourriture de l’homme. Nous sou- » mettons ce travail au jugement des personnes Ă©clairĂ©es qui sc » consacrent au soulagement de la classe indigente et Ă  l’augmen- » tation de son bien-ĂȘtre et de son bonheur. Nous dĂ©sirons qu’elles » approuvent le rĂ©sultat de nos travaux, et nous espĂ©rons qu’elles » voudront bien nous aider de leur appui pour nous faire atteindre le but utile que nous nous sommes proposĂ© 3 . » * Le renchĂ©rissement des os n’a pas en d’influence, d’aprĂšs M. D’Àrcet, sur le procĂ©dĂ© dont il s’agit ; car il est devenu aujourd’hui la base de l’art du fabricant de colle} l’incapacitĂ© du sieur Robert, possesseur du brevet , a ete la seule cause de la lenteur du dĂ©veloppement de cette industrie. * L'art d’extraire la gĂ©latine par le moyen de l’acide hydrocbloviquc est acqn is Ă  l’industrie ; il y a un assez grand nombre de fabriques ou l’on exĂ©cute ce procĂ©dĂ©, Ă  Paris et dan* la province. * MĂ©moire sur les os provenant de la viande de boucherie , dans lequel on traite de la conservation de ces os > de Pextraction de leur gĂ©latine par le moyen de la vapeur, *- — 149 » Les os que M. D’Areet emploie comme substance alimentaire, sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie, et spĂ©cialement les tĂštes spongieuses des gros os et les extrĂ©mitĂ©s des os plats. Ces os sĂ©chĂ©s renferment environ , par quintal Substances terreuses. 60 GĂ©latine. 30 Graisse. 10 100 » Les tĂȘtes des gros os contiennent jusqu’à 5 o pour ioo de graisse. » C’est sur ces proportions que M. D’Arcet a Ă©tabli ses calculs. Voici l’énoncĂ© de quelques uns » ioo kilogrammes d’os contenant 3 o kilogrammes de gĂ©latine, et io grammes de gĂ©latine suffisant pour animaliser un demi-litre d’eau, au moins autant que l’est le meilleur bouillon de mĂ©nage , il est Ă©vident que ioo kilogrammes d’os peuvent fournir assez de dissolution gĂ©latineuse pour prĂ©parer 3 ,ooo rations de bouillon. I kilogramme d’os doit donc servir Ă  prĂ©parer 3o bouillons d’un demi-litre chacun ; mais i kilogramme de viande ne peut fournir que 4 bouillons, d’oĂč il suit qu’à poids Ă©gal, les os abandonnent Ă  l’eau fois et demie autant de matiĂšre animale que la viande. » ioo kilogrammes de viande de boucherie contiennent environ 20 kilogrammes d’os ; cette quantitĂ© de viande pouvant donner 4oo bouillons, et les 20 kilogrammes d’os pouvant servir Ă  en prĂ©parer 600 , on voit qu’en extrayant toute la gĂ©latine des os provenant d’une quantitĂ© donnĂ©e de viande, on peut laire 3 bouillons avec les os, quand la viande et l ’s os rĂ©unis n’en donnent actuellement que 2, et qu’on pourrait, par consĂ©quent, prĂ©parer des usages alimentaires de la dissolution gĂ©latineuse qu'on en obtient , par M. D’Arcet, Membre de l'acadĂ©mie royale des sciences et du conseil de salubritĂ©. Brochure in-8o de 56 p *6. avec S planches. Voyez aussi Annales de l'industrie française et Ă©trangĂšre , tom* 3 > Pag. g-. — 150 — 5 bouillons avec la mĂȘme quantitĂ© Ăźle viande non dĂ©sossĂ©e, qu. n’en fournit ordinairement que 2 » Vous sentirez toute l’importance de ces considĂ©rations , Messieurs, quand vous saurez que la viande de boucherie consommĂ©e dans le seul dĂ©partement de la Seine peut fournir Ă  peu prĂšs 10,000,000 de kilogrammes d’os par an, et que cette quantitĂ© d’os pourrait suffire Ă  la prĂ©paration de plus de 800,000 rations de bouillon par jour. » Le procĂ©dĂ© que suit M. D’Arcet pour extraire toute la partie nutritive des os, est d’une exĂ©cution trĂšs-facile. Il consiste Ă  exposer les os Ă  l’action de la vapeur ayant une faible tension, et il doit le succĂšs qu’il procure Ă  ce que la vapeur, en se condensant jusque dans les pores des os, commence Ă  en expulser la graisse, et en dissout ensuite, successivement, toute la gĂ©latine. C’est la mise en pratique d’un ancien procĂ©dĂ© pharmaceutique oubliĂ©, mais qui se trouve citĂ© dans l’ouvrage de BaumĂ© ElĂ©mens de pharmacie, Ă©dition de 1790, page 108. » L’administration des hĂŽpitaux civils de Paris , sentant toute l’importance des considĂ©rations prĂ©sentĂ©es parM. D’Arcet, a engagĂ© ce savant dĂ©sintĂ©ressĂ© Ă  Ă©tablir dans les hĂŽpitaux les appareils nĂ©cessaires pour prĂ©parer des bouillons Ă©conomiques. DĂ©jĂ  la CharitĂ© , l’HĂŽtel-Dieu, Saint-Louis, possĂšdent ou vont avoir bientĂŽt les moyens de prĂ©parer , Ă  peu de frais, plusieurs milliers de rations gĂ©latineuses par jour. L’hĂŽpital militaire du Val-de- GrĂące suit le mĂȘme exemple. Dans la Maison centrale de Refuge, Ă©tablie tout rĂ©cemment dans la capitale, par les soins de M. de Belleyme, on ne fera pas un seul bouilli toute la viande sera rĂŽtie, et les bouillons gras seront entiĂšrement prĂ©parĂ©s avec la gĂ©latine des os. Je tiens ces dĂ©tails intĂ©ressans de M D’Arcet lui- mĂȘme. Il est Ă  dĂ©sirer que les efforts de ce laborieux philanthrope soient soutenus d’une maniĂšre active par le gouvernement. La * La viande des hĂŽpitaux donne de 20 a 23 p. % d’os ; celle que mange le peuple en donne l5 p. */‱ » celle qui se vend aux Rfns rirbe» uVn fournit que 10 p. "/*‱ — 151 classe peu aisĂ©e profitera de toutes ces conceptions heureuses, enfantĂ©es par le seul dĂ©sir de faire le bien les os lui seront, parla suite, aussi utiles que les pommes de terre, et, avec ces deux substances alimentaires, on peut braver impunĂ©ment la disette des cĂ©rĂ©ales. Honneur donc Ă  Parmentier , qui a rĂ©pandu dans notre pays la culture de cette prĂ©cieuse solanĂ©e, et Ă  M. D’Arcet, qui vient de crĂ©er une nouvelle source de prospĂ©ritĂ© publique ! » Il est Ă  dĂ©sirer que, dans les villes populeuses, oĂč les classes pauvres ont tant Ă  souffrir dans les saisons rigoureuses, on s’empresse d’organiser des appareils semblables Ă  ceux qui s’élĂšvent de tous cĂŽtĂ©s dans la capitale. L’administration de cette ville, si portĂ©e Ă  soulager les maux qu’il n’est pas en son pouvoir de prĂ©venir, s’empressera, sans aucun doute, une fois que le succĂšs aura couronnĂ© les premiers essais entrepris , d’adopter une mesure qui doit produire des rĂ©sultats aussi satisfaisans que ceux d’allĂ©ger la misĂšre du peuple. Il suffit de signaler Ă  son attention une mesure utile, pour ĂȘtre sĂ»r qu’elle sera mĂ©ditĂ©e et exĂ©cutee, si les circonstances le permettent. » Telles Ă©taient , Messieurs, les paroles que je faisais entendre Ă  la fin de 182g, dans l'amphithéùtre de chimie , en prĂ©sence d’un auditoire nombreux et de MM. les membres de la municipalitĂ© de cette ville 1 . Depuis cette Ă©poque, les appareils de M. D’Arcet se sont rĂ©pandus, et, en octobre i83o, six grands appareils Ă©taient Ă©tablis Ă  Paris. Plusieurs ont Ă©tĂ© commandĂ©s pour le compte de diffĂ©rentes villes de France; trois appareils moyens ont Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă  Milan , sur la demande du chevalier Aldini, un autre Ă  Berlin, etc. L’appareil qui est Ă©tabli Ă  l’hĂŽpital Saint—Louis, et au moyen duquel on extrait la gĂ©latine des os de la viande de boucherie consommĂ©e dans cet Ă©tablissement, a fourni, du g octobre 182g * Le discours dont j'ai extrait le passage qui prceĂšdc , sc trouve insĂ©iĂ© dans le 1er vol. ? *’‱ partie, de la Revue Normande septembre 1 S 50 , pag. journal scientifique et littĂ©raire, Hui paraĂźt Ă  Caen , tous la direction de M. De Canmont . — 152 — au 8 octobre i 83 o, c’est-Ă -dire en un an de travail continu et rĂ©gulier, 293,556 rations de dissolution gĂ©latineuse, aussi riche en substance animale que le meilleur bouillon de mĂ©nage. Cet appareil , dans lequel on traite journellement 28 kilogrammes d’os , donne goo rations de dissolution gĂ©latineuse, et 1 kilogramme 85 o de graisse par 24 heures. L’appareil de l’HĂŽtel-Dieu a produit 248,368 rations de cette mĂȘme dissolution en 276 jours de travail ; on y traite, chaque jour, environ 3 o kilogrammes d’os; il fournit, par 24 heures, g 5 o rations de dissolution de gĂ©latine; mais les os employĂ©s, ayant dĂ©jĂ  bouilli deux fois dans la marmite, ne rendent alors que 4 pour ioo de graisse environ. L’appareil Ă©tabli Ă  la Maison de Refuge a fourni 102,180 rations de cette meme dissolution. Leproduitdecestroisappareilsa donc Ă©tĂ©, jusqu’ici, de 644 » ’ °4 rations de dissolution ; or, pour obtenir autant de bouillon par le procĂ©dĂ© ordinaire , il aurait fallu employer 161,026 kilogrammes de viande de boucherie, ou toute la viande provenant de 536 bƓufs '. On estime qu’un bƓuf ordinaire donne 3 oo kilogrammes 421 de viande. Vous pouvez juger, Messieurs, par les rĂ©sultats fournis par trois appareils seulement, quels avantages le procĂ©dĂ© de M. D’Ar- cet peut procurer Ă  la sociĂ©tĂ© , tant sous le rapport de l’économie que sous celui dcl amĂ©lioration du rĂ©gime alimentaire des pauvres. Mais, pour faire ressortir ces avantages avec plus de force, nous allons envisager maintenant plus au long la fabrication de la gĂ©latine sous ces deux points de vue. Avant d’entamer ce sujet, toutefois , il est nĂ©cessaire de vous faire connaĂźtre les usages variĂ©s auxquels peut s’appliquer cette matiĂšre nutritive extraite des os par les procĂ©dĂ©s de M. D’Arcet. * RĂ©sumĂ© concernant l’emploi alimentaire de la gĂ©latine des os de la viande de bon - cherie ; par M. D’Arcet. Bulletin delĂ  SociĂ©tĂ© d'Encouragement pour l’industrie natio- nale y no ctcxvi > octobre I8"0 . pajr. ?83. — 153 — Les os le boucherie tels ju’on les emploie Ă  ce genre de fabrication , et en gĂ©nĂ©ral tous les os des animaux, sont formĂ©s d’un tissu cellulaire Ă©pais, dans les arĂ©oles duquel sont dĂ©posĂ©s plusieurs sels en proportions assez considĂ©rables beaucoup de sous- phosphate de chaux, beaucoup moins de carbonate de chaux, trĂšs-peu de phosphate de magnĂ©sie, et des traces d’oxide de fer, d’alumine et de silice ; au centre de ce tissu , et Ă  sa surface externe , se trouve une certaine quantitĂ© de matiĂšre grasse. Dans cet Ă©tat, ils ne renferment donc pas, Ă  proprement parler, de gĂ©latine; mais, par l’action de l’eau bouillante, le tissu cellulaire jouit de la propriĂ©tĂ© de se transformer en cette substance. Lorsque les os concassĂ©s et placĂ©s dans les cylindres de l’appareil de M. D’Arcel sont soumis Ă  l’action de la vapeur aqueuse, celle-ci fait entrer en fusion la graisse qu’ils contiennent, facilite sa sortie de l’intĂ©rieur de chacun des os, puis, en agissant sur le tissu cellulaire, le transforme en gĂ©latine qui se dissout dans la vapeur condensĂ©e ; et, aprĂšs que toute la matiĂšre animale a ete ainsi isolĂ©e des matiĂšres terreuses , il ne reste plus qu’un squelette friable, poreux , formĂ©, presque en totalitĂ©, par les substances salines Ă©numĂ©rĂ©es plus haut; car il s’y trouve Ă  peine 8 pour 100 de matiĂšre organique. La dissolution gĂ©latineuse qui se produit au moyen de la condensation de la vapeur dans les cylindres, en sort, aprĂšs qu’on a d’abord fait Ă©couler la graisse, parfaitement claire, lorsqu’on prend toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires. C’est cette dissolution tpii porte le nom de bouillon d’os. Elle n’a aucune saveur. ConcentrĂ©e au point de contenir 5 Ă  6 centiĂšmes de gĂ©latine sĂšche, on Peut, en la sucrant et en l’aromatisant convenablement, l’employer Ă  la confection de gelĂ©es alimentaires Ă  l’orange, au citron , a u rhum, etc. EvaporĂ©e au point de ne renfermer que 2 centiĂšmes de gĂ©latine, elle constitue un liquide aussi chargĂ© de matiĂšre ani- "ude que l’est le meilleur bouillon de mĂ©nage, et peut servir soit pour animaliser tous les alimens de nature vĂ©gĂ©tale, soit pour 154 — remplacer le bouillon Ă  la viande, ce que l’on fait facilement en salant, colorant et aromatisant convenablement cette dissolution gĂ©latineuse. RĂ©duite au point de se prendre en gelĂ©e par le refroidissement , elle sert Ă  prĂ©parei des tablettes de gĂ©latine sĂšche , et on en obtient des tablettes de bouillon en la concentrant au mĂȘme degrĂ©, aprĂšs l’avoir prĂ©alablement mĂȘlĂ©e Ă  une certaine quantitĂ© de jus de viande et de racines potagĂšres. 1 En Ă©paississant suffisamment cette mĂȘme dissolution , on peut encore la faire entrer dans la prĂ©paration des farines de lĂ©gumes cuits et sĂ©chĂ©s, comme le pratique M. Duvergier; dans la fabrication du lcr-ouen et des autres substances alimentaires extraites de la pomme de terre, comme l’honorable M. Ternaux l’a fait pratiquer dans sa fabrique de Saint- Ouen ; dans la confection des biscuits Ă  l’usage des marins, ainsi queM. D’Arcet a eul’heureuseidĂȘede le faire ; enfin on peut encore s’en servir pour fabriquer, avec les farines avariĂ©es ou avec les pommes de terre et le sucre de fĂ©cule, un pain Ă  meilleur marche et aussi nutritif que le pain fait avec le meilleur froment. C’est encore Ă  l’ingĂ©nieux chimiste dont je viens de citer le nom qu’on doit cette derniĂšre application. Quant Ă  la graisse extraite des os en mĂȘme tems que la gĂ©latine, elle peut, en raison de son bon goĂ»t et de sa bonne qualitĂ©, ĂȘtre employĂ©e aux mĂȘmes usages que le beurre ou la graisse ordinaire dans la prĂ©paration des mets habituels. Vous voyez, Messieurs, sous combien de formes cette prĂ©cieuse substance alimentaire des os la gĂ©latine peut servir Ă  nos usages culinaires ; mais ce qu’il faut actuellement vous dĂ©montrer, c’est l’économie considĂ©rable qui rĂ©sulte de son emploi journalier dans les grands Ă©tablissements, tels qu’hĂŽpitaux, maisons de refuge» dĂ©pĂŽts de mendicitĂ©, etc., oĂč l’on consomme habituellement beaucoup de viande de boucherie. 1 La dissolution gĂ©latineuse, obtenue dans l'appareil indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, est trop iaible pour qu'on puisse l'Ă©vaporer avec avantage ; si l’on voulait faire des tablettes, 1 fo 11 ’ drait se servir d’un autre appareil 1838 . — 155 — \oici un compte Ă©tabli parM. D’Arcet pour une consommation de 5 oo kilogrammes de viande de boucherie par jour. 5 oo kilogrammes de viande de boucherie donnent au moins 5 o kilogrammes d’os, qui, traitĂ©s dans l’appareil de M. D’Arcet f peuvent fournir i, 5 oo rations ou "j 5 o litres de dissolution gĂ©latineuse. En extrayant cette gĂ©latine des os qui la contiennent, on pourrait s’en servir pour la prĂ©paration du bouillon, en opĂ©rant comme il suit. On prendrait 200 kilogrammes de viande de boucherie ; 7 5 o litres de dissolution gĂ©latineuse ; 260 Ă  270 litres d’eau. On y ajouterait la quantitĂ© convenable de sel, d’aromates et de lĂ©gumes, et on conduirait l’opĂ©ration comme on le fait ordinairement , mais en mĂ©nageant bien le feu On aurait2,ooorationsde bon bouillon, et io 4 kilogrammes de bouilli il resterait alors 3 oo kilogrammes de viande de boucherie Ă  mettre en rĂŽti ou en ragoĂ»t. Si l’on avait employĂ© ces 3 oo kilogrammes de viande pour la prĂ©paration du bouillon, on n’aurait obtenu que 1 56 kilogrammes de bouilli, tandis qu’en faisant rĂŽtir cette viande , on obtiendrait au moins 192 kilogrammes de viande rĂŽtie. On voit donc qu’en suivant cette marche, on aurait autant de bon bouillon que de coutume, et qu’on aurait en outre 192 kilogrammes de viande rĂŽtie, au lieu de 1 56 kilogrammes de bouilli ; il y aurait, par consĂ©quent, amĂ©lioration et augmentation dans la substance alimentaire l’amĂ©lioration est Ă©vidente; car on sait que le bouilli est une nourriture qui ne restaure pas beaucoup , parce que la viande a perdu, dans l’ébullition , une partie des sucs animali- sables, tandis que le rĂŽti, qui a conservĂ© tous ses sucs, est Ă -la— fois plus nutritif et plus agrĂ©able au goĂ»t. Il est constant que le bƓuf bouilli a perdu plus de la moitiĂ© de son poids, tandis que, — 156 — rĂŽti ou autrement prĂ©parĂ© , il ne perd que le tiers, tout au plus- Quant Ă  l’augmentation , voie! comment on peut l’évaluer en argent 25 kilogrammes de viande de boucherie donnant, dans les hĂŽpitaux, 16 kilogrammes de viande rĂŽtie, les 36 kilogrammes de viande rĂŽtie que l’on obtient en excĂ©dant, doivent provenir de 56 kilogrammes de viande de boucherie, qui valent 56 francs en ajoutant Ă  celte somme les frais de cuisson, on trouvera qu’elle doit ĂȘtre portĂ©e Ă  environ 58 francs en dĂ©duisant maintenant de cette somme celle de 21 francs qu’il faudra dĂ©penser pour extraire la gĂ©latine des 5o kilogrammes d’os, on aura la somme de 37 francs par jour, qui sera disponible , et que l’on pourra Ă©conomiser si l’on veut. On pourra donc, en adoptant le rĂ©gime alimentaire dont il vient d’ĂȘtre question , obtenir une vĂ©ritable Ă©conomie de 37 francs par jour, tout en ayant le grand avantage de donner Ă  la population de l’hĂŽpital beaucoup de viande rĂŽtie au lieu de mauvais bouilli . Voici un second calcul que j’emprunte encore Ă  M. D’Arcet L’administration des hĂŽpitaux de Paris fait vendre annuellement 85,200 kilogrammes d’os. Ces 85, 200 kilogrammes d’os pourraient fournir, Ă©tant traitĂ©s dans l’appareil , 25,56o kilogrammes de gĂ©latine sĂšche , ou 2 , 556,000 rations de dissolution gĂ©latineuse aussi riche eu substance animale que l’est le meilleur bouillon prĂ©parĂ© avec lu viande J . En supposant que l’administration des hospices ne vendĂźt pa» ces os, et qu’elle en fĂźt extraire la gĂ©latine dans les hĂŽpitaux , elle 1 TroisiĂšme note de M. D'Arcet sur l'amĂ©lioration et sur l’économie que l'introduction de la gĂ©latine des os de lu viande de boucherie peut apporter dans le rĂ©gime dU' mentaire des hĂŽpitaux et des grandes rĂ©unions d'hommes. Recueil industriel . manu- facturier , etc. , de J\I. De MolĂ©on , a 34 , octobre 1S29 , tom. J 2 , pag. lf>. * II faudrait employer f>i>9,000 kilogrammes de viande de boucherie pour avoir en dis* 0 * lution autant de substance animale qu’il s'en trouverait dans ces 2,?>5G,000 rĂąlions de dis* 0 ** lution gĂ©latineuse D’Arcet. — 157 — }' aurait ces a, 556 ,ooo rations, en dĂ©pensant au plus la somme de 25,56o francs la ration de dissolution gĂ©latineuse ne reviendrait, dans ce cas , qu’à i centime. Si l’administration tenait Ă  compter les os comme Ă©tant vendus a raison de 12 francs les 100 kilogrammes, la dĂ©pense devrait e tre portĂ©e Ă  3 ^,784 francs. Dans ce cas, les os Ă©tant payĂ©s, la r ation de dissolution gĂ©latineuse reviendrait, au plus, Ă  1 centime 4 dixiĂšmes. Ce calcul prouve tout l’avantage qu’il y aurait Ă  employer les °s dont il s’agit pour aniinaliser la nourriture des pauvres ; il serait, n effet, impossible de faire de toute autre maniĂšre autant de bien n dĂ©pensant si peu 1 . M. Desportes , membre de la commission administrative des hĂŽpitaux civils de Paris, dans un rapport prĂ©sentĂ© au conseil- gĂ©nĂ©ral des hospices sur l’emploi de la gĂ©latine Ă  l’JIĂŽtel-Dieu , Ă©tablit le compte de revient pour l’extraction de la gĂ©latine pour Une journĂ©e, et il cherche Ă  dĂ©montrer que, tout en procurant de grandes et importantes amĂ©liorations dans le rĂ©gime alimentaire des malades, amĂ©liorations que les mĂ©decins voient avec une vive Satisfaction, et dont les malades se montrent trĂšs-satisfaits, le procĂ©dĂ© de M. D’Arcet ne prĂ©sente aucune Ă©conomie notable, et d ne croit pas que, dans l’avenir, il puisse en produire qui soit h>rt sensible. Les donnĂ©es qu’il prĂ©sente sont la moyenne propor- ' Lonnelle de deux mois de service environ ». D’un autre cĂŽtĂ©, M. Jourdan, membre de la mĂȘme commission , dans un rapport semblable sur l’emploi de la gĂ©latine Ă  ^hĂŽpital Saint-Louis de Paris, prĂ©tend que, dans les hĂŽpitaux °rdinaires, c’est-Ă -dire ceux oĂč l’on traite toute sorte de maladies 1 QuatriĂšme note de M. D'Arcet sur la vente des os provenant de la viande de bou- c ^ri e consommĂ©e dans les hĂŽpitaux de la ville de Paris. Recueil industriel, manu- ^cturier , etc. , de M. De MolĂ©on , n° 34 ? octobre 1829 , tom. 12 , png* ***‱ Rapport fait le 20 janvier 1850 au conseil-gĂ©nĂ©ral des hospices , sur l emploi de la Platine Ă  VHĂŽtel-Dieu de Paris } par M. B. Desportes , membre de la commission admi- J* tr ativc. Recueil industriel, manufacturier, etc., de M. De MolĂ©on, n° 43 , juil- *830 , tom. 15 , pag. 5. — 158 — et oĂč, par consĂ©quent, la viande nĂ©cessaire pour la confection du bouillon excĂšde gĂ©nĂ©ralement les besoins des malades dont une grande partie est Ă  la diĂšte , ou ne reçoit pas du moins la portion entiĂšre, l’emploi de la gĂ©latine des os permet d’obtenir desĂ©co- nomies sur la dĂ©pense, sans que le bien du service en souffre- Suivant cet administrateur, le rĂ©gime ordinaire des hĂŽpitaux prescrit de mettre dans la marmite i kilogramme de viande pour 3 litres 4° centilitres d’eau ; l’emploi de la gĂ©latine donne le moyen de rĂ©duire la viande de deux cinquiĂšmes et d’obtenir cependant d’excellent bouillon. C’est dans cette proportion que l’on opĂšre l’hĂŽpital Saint—Louis. Il s’ensuit que, sur ioo kilogrammes de viande qui entraient dans la marmite pour le repas de l'aprĂšs- midi, avant l’usage de la gĂ©latine, on en prĂ©lĂšve actuellement 4o kilogrammes qui sont accommodĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres » avec grand avantage pour les malades. On gagne donc la diffe' rence qui existe entre la dĂ©perdition du bouilli et celle du rĂŽti sur ces 4o kilogrammes qui n’entrent plus dans la marmite, et l’on peut ensuite donner aux malades un aliment bien plus nourrissant et plus agrĂ©able que ne l’était le bouilli. On peut, en outre, arran' ger, avec la gĂ©latine, les lĂ©gumes qui Ă©taient cuits Ă  l’eau prĂ©cĂ©demment , et ils sont infiniment meilleurs aujourd’hui 1 . M. Jourdan est donc en opposition manifeste avec M. Des- 1 portes, son confrĂšre, sur le point de vue Ă©conomique de la question 2 . M. D’Arcet a fortifiĂ© l’opinion du premier en dĂ©montrant» par un nouveau compte de revient, l’existence de l’économie q 11 ^ avait annoncĂ©e. On voit clairement, par ce compte , qu’on p eut 1 Rapport fait le 20 janvier 1830 au co nseil gĂ©nĂ©ral des hospices 3 sur V emploi de ^ gĂ©latine des os Ă  l’hĂŽpital Saint-Louis t Ă  Paris} par M. Jourdan, membre de la eo 1 * 1 mission administrative. Recueil industriel , etc., no 44- * aoĂ»t 1850 , tom. 15, pag» Il 6* 1 Depuis la lecture de mon mĂ©moire Ă  la SociĂ©tĂ© , M. Desportes a publiĂ© trois autres ra P ports , adressĂ©s au conseil gĂ©nĂ©ral des hospices , sur le service de l'appareil Ă©tabli Ă  l'f*° Dieu. Ces trois rapports ont Ă©tĂ© faits les 27 octobre 1830 , 19 janvier et 27 fĂ©vrier Dans son quatriĂšme rapport, M. Desportes annonce qu'il est parvenu Ă  obtenir, non » eU ^ ment une grande amĂ©lioration dans le rĂ©gime alimentaire de l'HĂŽtel-Dieu , mais encor Ă©conomie notable en argent sur cette partie du service. — 159 — amĂ©liorer le rĂ©gime des hĂŽpitaux sans y occasionner aucune dĂ©pense, qu’on peut mĂȘme trouver une trĂšs-grande Ă©conomie dans l’application de son procĂ©dĂ©, en nĂ©gligeant d’amĂ©liorer ce rĂ©gime ; qu’il suffit de balancer les choses pour obtenir Ă  la fois, dans cette affaire, une Ă©conomie notable et une grande amĂ©lioration, et, qu’en un mol, on peut y trouver, comme on le voudra , ou une grande Ă©conomie, ou une trĂšs-grande amĂ©lioration, ou ces deux avantages rĂ©unis et dans des proportions notables r . Je n’ai, jusqu’à prĂ©sent, parlĂ© que des grands Ă©tablissemens oĂč l’on a introduit l’emploi de la gĂ©latine comme matiĂšre alimentaire ; mais les services que peut rendre ce nouveau genre de nourriture ne sont pas circonscrits dans les seuls hĂŽpitaux ; on peut encore l’appliquer aux bureaux de charitĂ© , aux ateliers de bienfaisance, aux fabriques, aux prisons, aux corps militaires sĂ©dentaires, aux garnisons des villes, aux Ă©quipages de vaisseaux, en un mot, Ă  toutes les rĂ©unions d’hommes peu fortunes, qui sont rĂ©duits Ă  observer la plus stricte Ă©conomie dans leur rĂ©gime habituel, ou pour lesquels le gouvernement ou les administrations locales ne peuvent faire de grands sacrifices sous ce rapport. Que d’avantages la population malheureuse d’une ville ne trouverait-elle pas dans l’usage des prĂ©parations si substantielles et pourtant si Ă©conomiques de M. D’Arcet ! Tout le monde sait combien la nourriture de l’ouvrier est, en gĂ©nĂ©ral, mauvaise et dĂ©fectueuse ; le plus habituellement, il vit de lĂ©gumes mal cuits, mal prĂ©parĂ©s, de poisson de basse qualitĂ©, de fromage -, de fruits secs, de viandes de charcuterie toujours fortement Ă©pines, afin de dĂ©guiser leur anciennetĂ© ou leur mauvaise conservation ; rarement il mange des viandes de boucherie ; plus rarement encore il fait usage de potages gras bien faits. GĂ©nĂ©ralement, le rĂ©gime alimentaire du peuple et mĂȘme celui des hĂŽpitaux est trĂšs-pauvre 1 SixiĂšme note de M . D'Arcet sur l’économie que peut procurer Viniroduction de la gĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des hĂŽpitaux. Reeueil industriel , etc., no 34 , octobre 1829 , tom. 12 , pag. 25. — 160 en substance animalisĂ©e ou azotĂ©e , base de toute bonne alimentation . L’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© que l’homme a besoin , pour bien se porter, de se nourrir avec un mĂ©lange de deux parties de substance animale contre sept de substance vĂ©gĂ©tale ; le rĂ©gime alimentaire de nos troupes est Ă©tabli sur ce principe. Les recherches de Lagrange ont fait connaĂźtre qu’en 178g, le Français ne mangeait, terme moyen, que deux de matiĂšre animale contre quinze Ă  seize de vĂ©gĂ©taux, c’est-Ă -dire que la moitiĂ© de la quantitĂ© de viande accordĂ©e au soldai, et par consĂ©quent de ce qu’il faudrait pour ĂȘtre maintenu en bonne santĂ© 1 , et des calculs statistiques rĂ©cens ont dĂ©montrĂ© qu’il en Ă©tait encore ainsi aujourd’hui ; et cependant n’est-ce pas l’homme qui supporte les travaux les plus rudes, l’ouvrier des derniĂšres conditions, le manƓuvre, qui aurait besoin d’une nourriture plus forte, plus substantielle? Aussi, voyez combien la population de nos fabriques, de nos grandes villes est faible et chĂ©tive ! Les convalescens qui sortent des hĂŽpitaux ont Ă  peine la force, au bout de plusieurs jours, de se livrer Ă  leurs occupations habituelles ; nĂ©anmoins , poussĂ©s parla nĂ©cessitĂ© de soutenir leur famille, ils se remettent Ă  leurs travaux ; mais, vains efforts, la nature bientĂŽt refuse ses secours; ils retombent Ă©puisĂ©s, et sont contraints de rentrer dans les hospices, pour y retremper, par le repos, une santĂ© qu’un bon rĂ©gime aurait conservĂ©e ! Le seul moyen d’obvier Ă  tous les inconvĂ©niens qu’entraĂźne l’abus d’un rĂ©gime trop vĂ©gĂ©tal se trouve dans l’emploi de la gĂ©latine des os , puisqu’il est impossible , vu l’énorme dĂ©pense que cela occasionnerait, de songer Ă  y remĂ©dier au moyen de la viande de boucherie. La gĂ©latine, comme matiĂšre azotĂ©e, offre, en effet, toutes les conditions que l’on peut dĂ©sirer nourriture saine , n’occasionnant aucune rĂ©pugnance , d’une prĂ©paration facile en mĂȘme teins qu’économique; vodĂ , certes, de grands avantages 1 Essai d'arithmĂ©tique politique, pag. 65 et 61». — 161 — qu’il serait difficile de rencontrer dans aucune autre matiĂšre animale ; i o grammes de gĂ©latine sĂšche suffisent pour donner Ă  un demi-litre d’eau autant de substance animale nutritive qu’il s’en trouve dans le meilleur bouillon de mĂ©nage. On voit que, pour animaliser les alimens nĂ©cessaires Ă  un individu, dans l’espace de vingt-quatre heures, il faudrait bien peu de gĂ©latine. Dans un Ă©tablissement qui possĂ©derait un appareil capable de fournir huit Ă  neuf cents rations de dissolution gĂ©latineuse par jour, tel que celui qui existe Ă  l’hĂŽpital Saint-Louis de Paris , on pourrait, sans beaucoup de frais, obtenir une trĂšs-grande amĂ©lioration dans le rĂ©gime de toutes les personnes nourries dans cet Ă©tablissement, puisqu’au rapport de M. Jourdan, la dĂ©pense journaliĂšre de l’appareil, pendant le mois de dĂ©cembre 182g, s’est Ă©levĂ©e Ă  13 francs 20 centimes, ce qui fait 366 francs par mois, ou 4,392 francs par an, et ce qui augmente les frais de chaque lit de malade de 6 franc spar an , et ceux de chaque journĂ©e de malade de 5 centimes 3 o millimes. * Avec une si faible dĂ©pense pour chaque individu , on trouverait le moyen de faire du bouillon faible avec la viande seule , comme cela se pratique habituellement ; du bouillon plus fort et aussi riche en gĂ©latine qu’on le dĂ©sirerait; des soupes grasses ou maigres bien plus nourrissantes que celles dont on fait usage ; des gelĂ©es Ă  la viande, Ă  l’orange, au citron , etc. ; du rĂŽti, du bƓuf Ă  la mode, ou au moins du bouilli bien plus savoureux que celui qu’on obtient dans nos mĂ©nages ou dans les hĂŽpitaux ; des lĂ©gumes aussi riches en matiĂšres animales que s’ils Ă©taient cuits dans du bouillon ordinaire, etc. Enfin , l’emploi de la gĂ©latine, dans tous ces cas , donnerait les moyens de consommer moins de viande et d’acheter du poisson , de la volaille , des fruits , ou d’autres alimens que leur chertĂ© proscrit des grands Ă©tablissemens de secours. Si, dans l’établissement dont nous parlons, on voulait prĂ©parer 11 4 Raoport dĂ©jĂ  citĂ©. — 162 — une plus grande quantitĂ© de dissolution gĂ©latineuse que celle nĂ©cessaire Ă  la consommation journaliĂšre des habitans , on trouverait facilement le placement de l’excĂ©dant au dehors , soit en nature, soit en l’introduisant dans des soupes Ă©conomiques, dans des lĂ©gumes ou ragoĂ»ts vĂ©gĂ©taux qu’on vendrait au prix coĂ»tant, c’est- Ă -dire Ă  moins de 6 centimes la ration , aux habitants du quartier, aux bureaux de charitĂ© ou aux sociĂ©tĂ©s philanthropiques qui font des distributions de pain ou d’autres alimensde premiĂšre nĂ©cessitĂ© dans les tems de calamitĂ© publique. D’ailleurs, on pourrait , Ă  l’imitation de M. De Puymaurin , Ă©lever, dans les fabriques, de petits appareils d’un produit en rapport avec la population de ces ctablissemens, et organiser les ouvriers en ordinaire, comme cela se pratique pour les soldats, de maniĂšre Ă  leur faire prendre, dans l’intĂ©rieur de leurs ateliers, une nourriture saine, succulente et d’un prix trĂšs-modique; rien n’empĂȘcherait que les ouvriers emportassent au dehors les ali— mens prĂ©parĂ©s dans l’intĂ©rieur, et les fissent servira la nourriture de leur famille. Cette mesure aurait tout a la fois l’avantage de rĂ©duire la dĂ©pense de chaque ouvrier pour son entretien personnel , et de lui permettre de faire des Ă©conomies qui l’aideraient Ă  Ă©lever plus facilement sa famille. M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des mĂ©dailles de Paris, a adoptĂ© le systĂšme dont je parle, dans cet Ă©tablissement, et en a obtenu des rĂ©sultats trĂšs- heureux 1 . 1 L’appareil Ă©tabli Ă  la Monnaie a cessĂ© Je fonctionner depuis un certain tems, mais par de* causes lout-Ă -f* 1 Irangeres > et non parce que les alltnens prĂ©parĂ©s avec la gĂ©latine qu'il fournissait Ă©taient de mauvaise nature , comme se sont empressĂ©s de le rĂ©pandre tou* ces gcus qui ne voient qu'a regret les innovations mĂȘme les plus utiles et les plus heureuses» Voici ce qui a occasionnĂ© la suspension des ordinaires Ă  l'hĂŽtel de* MĂ©dailles. Le local de cet Ă©tablissement est resserrĂ© ; les ouvrier* ne pouvaient y prendre l'air pendant leur repas. Satisfaits de la nourriture abondante qu'il* recevaient et de l'Ă©conomie qu'ils trouvaient dans son usage , ils ne purent surmonter l'ennui d'une clĂŽture continuelle , et surtout celui des visites habituelles et des questions multipliĂ©es des curieux qui visitaient l'appareil. Ou fut donc obligĂ© d'interrompre son emploi. Quoi qu'il eu soit, l'Ă©tablissement de M. D c Puymaurin a rendu de trĂšs-grands services en dĂ©montrant toute l'utilitĂ© des procĂ©dĂ©s Ă©conomiques de M. D’Àrcet, et ce qu'on peut en attendre toutes les fois qu'ils seront dirigĂ©* p* r des hommes habiles et Ă©clai-Ă©s. Les alimens prĂ©parĂ©s Ă  la gĂ©latine, dans cette maison, ne reviennent qu’à quelques centimes la ration ; ils consistent en soupes aux lĂ©gumes, en ragoĂ»ts de pommes de terre, de haricots, de choux, de lentilles, seuls ou mĂȘlĂ©s convenablement ensemble, en macaroni ou vermicelle, en riz. Le prix moyen d’une ration de soupe et de ragoĂ»t ne s’élĂšve, pour chaque ouvrier, qu’à io centimes 35 millimes. Pour vous montrer, Messieurs , quelles Ă©conomies les ouvriers peuvent faire en suivant un pareil rĂ©gime, il convient de connaĂźtre les dĂ©penses journaliĂšres qu’ils font dans l’état ordinaire des choses. J’emprunte les dĂ©tails suivans Ă  M. De Puymaurin at M. Fournier Charbon de terre par vingt-quatre heures , 1 hectolitre. 4 » frais gĂ©nĂ©raux par jour , Ă©values au dixiĂšme de la dĂ©pense. 1 586 La dĂ©pense totale sera donc , par jour , de. 17 447 Mais on obtiendra au moins Ăą kilogrammes 1 /Ăą de Epaisse par vingt-quatre heures. Cette graisse pouvant remplacer le beurre dans la confection des alimens, ces 2 kilo— gammes 1 2 auront une valeur de 2 francs 50 centimes ’pPil faut retrancher de la dĂ©pense totale, ce qui rĂ©duira lleiaent et non comme elles pourraient ĂȘtre. On ne m'accusera pas , je l'espĂšre, de l0lp grossir mes rĂ©sultats au-delĂ  de la rĂ©alitĂ©. ., ^ Paupert, directeur des travaux de l’hĂŽpital Saint-Louis de Paris, m'Ă©crivait der- ^*ent qu’un appareil produisant 1,000 rations par jour, reviendrait a 2,000 francs. On 1 8 Ue j’ai exagĂ©rĂ© le prix du nĂŽtre. Jq force encore ici les prix, puisque les 100 kilogrammes d'os ne sont vendus que 8 franc* c * n tini€i, au plus , aux fabricam de colle de Rouen. — 174 On aura donc, d’aprĂšs cela , 1,680 rations gĂ©latineuses pour la somme de i5 francs, d’oĂč l’on voit que chaque ration ne reviendra pas Ă  2 centimes, tous frais compris 1 ; et, comme ces frais seront supportĂ©s parles cinq grands Ă©tablissemens de la ville, il en rĂ©sulte qu’en supposant leur population Ă©gale et les i,68o rations rĂ©parties Ă©galement sur eux, chacun d’eux ne dĂ©pensera que 3 francs par jour pour avoir 336 rations, en supposant qu’on ne fasse aucune Ă©conomie sur la viande journellement consommĂ©e 3 * * - Mais si, comme dans certains hĂŽpitaux de Paris, on veut rĂ©duire la consommation de la viande de boucherie , on pourra supprimer la moitiĂ© de celle qu’on met habituellement dans la marmite. Le tableau prĂ©cĂ©dent nous a fait connaĂźtre que la quantitĂ© nĂ©cessaire au service des cinq Ă©tablissemens s’élĂšve Ă  i8o,58 o kilogrammes par an , qui, Ă  raison de 77 centimes le kilogramme ; prix moyen, occasionnent une dĂ©pense annuelle de 13g, o46 francs 60 centimes, ou de 38o francs g5 centimes par jour. Or, en retranchant la moitiĂ© de la viande, il y aura une Ă©conomie de 69,523 francs 3o centimes par an, ou de igo francs 47^ millimes par jour, les frais de l’appareil compris. D’aprĂšs cela , chaque Ă©tablissement Ă©conomisera journellement 38 francs g5 mil- limes, tout en nourrissant le mĂȘme nombre d’individus ; et si l’ofl emploie ces 38 francs g5 millimes Ă  l’achat de viande qui serai* convertie en rĂŽtis ou ragoĂ»ts, de volaille, de poissons, de fruits, il s’en suivra qu’on apportera une grande amĂ©lioration dans le rĂ©gim e alimentaire de ces maisons, sans y occasionner aucune dĂ©pense- Les rĂ©sultats que je vous prĂ©sente, Messieurs , sont certaine" 1 K Saint-Louis, 1» ration gĂ©latineuse revient-Ă  2 centimes. 2 Je n’ai pas fait entrer en dĂ©duction de compte la somme qui proviendrait de 1» vc* 1 * ‱du rĂ©sidu des os Ă©puisĂ©s dans les cylindres. A Paris , ce rĂ©sidu qui paraissait d’abord valeur, est achetĂ© maintenant par les fabricans de noir animal Ă  raison de 4 francs ^ centimes les 100 kilogrammes. On trouverait sans doute Ă©galement Ă  Rouen le dĂ©bit de ce rĂ©sidu ; ainsi l’argent qu’il produirait couvrirait une partie des dĂ©penses de l’appareil» et rĂ©duirait, par consĂ©quent , de beaucoup le prix des rations gĂ©latineuses. J’aurais donc p 1 ’ ' Ă  la rigueur, en tenir compte dans mes calculs j mais j’ai prĂ©fĂ©rĂ© le nĂ©gliger pour Ă©vi* 6 * ‱qu’on ne m’accuse de faire paraĂźtre l’économie plus grande qu’elle ne l’est rĂ©ellement. — 175 nient au-dessous de ce qu’ils pourraient ĂȘtre, puisque j’ai toujours exagĂ©rĂ© les frais ; ils font assez connaĂźtre quels services rĂ©els rendraient les appareils Ă  la D’Arcet dans nos hĂŽpitaux et nos prisons. J’ai parlĂ©, en premier lieu, de ces sortes d’établissemens , parce que je pense que c’est par eux qu’il faut commencer relativement Ă  l’introduction des alimens gĂ©latines ; mais le but principal auquel doivent tendre tous nos efforts , c’est l’amĂ©lioration du rĂ©gime alimentaire du pauvre et de l’ouvrier. J’ai dĂ©jĂ  signalĂ© tous les avantages que trouveraient les ouvriers Ă  faire usage de pareils mets; j’ai montrĂ©, avec M. De Puymaurin, qu’ils pourraient Ă©lever leurs familles avec plus de facilitĂ©, et mĂȘme, tout en se nourrissant mieux, faire de petites Ă©conomies, qui, placĂ©es dans une caisse de prĂ©voyance, s’accumuleraient insensiblement et serviraient Ă  les soutenir dans leurs vieux jours ; j’ai insistĂ© assez longuement sur les moyens Ă  mettre en usage dans ce cas, pour ne pas y revenir ici. Mais je rappellerai votre attention, Messieurs, sur les bureaux e t ateliers de charitĂ©, les dĂ©pĂŽts de mendicitĂ©, enfin sur cette population malheureuse de toutes les grandes villes , dont la situation est s! prĂ©caire. A Rouen , le nombre des indigens est immense , et leur sort a dĂ©jĂ  fixĂ© votre sollicitude d’une maniĂšre toute particuliĂšre ; vous avez proposĂ©, dans un projet prĂ©sentĂ© re cemmĂ©nt Ă  l’autoritĂ© municipale pour l’extinction de la mendi- Cl tĂ©, d’élever un vaste local pour recevoir les deux sexes en pen- Sl °n, et rĂ©clamĂ© une addition aux butimens de l’Hospice-gĂ©nĂ©ral pour recevoir les septuagĂ©naires et les infirmes incapables de se livrer Ă  aucun genre de travail. Il y a tout lieu de croire que votre v °ix sera Ă©coutĂ©e. Admettons que ces maisons de refuge soient e tablies la premiĂšre chose dont il faudra s’occuper sera le rĂ©gime ; 0r > pour le rendre aussi bon que possible, tout en observant la plus stricte Ă©conomie, il n’y aura certainement pas d autre moyen tjue celui qui se prĂ©sente naturellement Ă  votre esprit en ce mo- n>en t, c’est-Ă -dire l’emploi de la gĂ©latine des os. Il faudra prendre — 176 — exemple sur ce qu’a fait le respectable M. De Belleyme pour la Maison de Refuge de Paris 1 . En vous prĂ©sentant un compte de revient pour un appareil de rations, semblable Ă  celui que M. D’Arcet a fait construire dans cette maison , je vais vous dĂ©montrer facilement qu’avec une somme trĂšs-modique la commune pourra suffire Ă  la nourriture d’un bien grand nombre d’individus. Un appareil pouvant fournir, par vingt-quatre heures, 2,4oo rations de dissolution gĂ©latineuse, par le traitement de 80 kilogrammes d’os, reviendrait tout au plus, aujourd'hui, Ă  4,000 fr., tout prĂȘt Ă  fonctionner. Supposons qu’il coĂ»te 6,000 francs , comme celui de la Maison de Refuge ». L’intĂ©rĂȘt de cette somme Ă  10 p. 100 Serait, par jour, de 1 fr. 65 e. 80 kilogrammes d’os par jour, Ă  10 francs les 100 kilogrammes . .. 8 » Quatre ouvriers par vingt-quatre heures, a 2 francs 50 centimes chaque. 10 » 120 kilogrammes de charbon de terre par vingt-quatre heures. 5 » Frais gĂ©nĂ©raux par jour, Ă©valuĂ©s au dixiĂšme de la dĂ©pense. 2 46 La dĂ©pense totale serait donc, par jour, de. 27 11 Mais , en dĂ©duisant 4 francs pour la valeur de 4 kilogrammes de graisse obtenue journellement, la dĂ©pense totale se trouverait rĂ©duite Ă  . . . ..23 11 Mettons 24 francs. On aurait donc alors 2,4oo rations gĂ©latineuses pour cette somme. Evidemment la ration ne reviendrait, dans l’établissement, qu’à 1 centime. * La Maison de Refuge » a la crĂ©ation de laquelle les Parisiens concoururent avec ta* 1 * d’empressement, devait rendre les services les plus signalĂ©s aux pauvres de la capitale, et avoir une longue existence J mais les tracasseries sans nombre , l’opposition sourde et soute" nue de quelques hauts fonctionnaires de cette Ă©poque , qui prirent a tĂąche de ruiner toute* les espĂ©rances des vertueux fondateurs de cet asile de la misĂšre , parvinrent Ă  faire ioml ,eĂŻ ’ cet Ă©tablissement I On se demande avec amertume ce qui peut empĂȘcher, depuis une annĂ©e, le rĂ©tablissement de cette maison, qui serait si utile, maintenant surtout que le nomb* 6 des malheureux a augmentĂ© dans une proportion vĂ©ritablement effrayante I * Voir la Note rĂ©digĂ©e sur la demande de MM. les administrateurs de la Maison & 9 Refuge i par M. D’Arcet. Recueil industriel , etc. — 177 — Voici comment on emploĂźrait ces 2,4oo rations dans le rĂ©gime alimentaire de l’établissement. En colorant cette dissolution avec le caramel ou l’oignon brĂ»lĂ©, la salant convenablement, y ajoutant un peu de graisse et la quantitĂ© nĂ©cessaire d’oseille cuite ou autres lĂ©gumes pour l’aromatiser, on en ferait de la soupe au pain ; en remplaçant le pain par des lĂ©gumes cuits Ă  la vapeur dans un des cylindres de l’appareil, on aurait des soupes Ă©conomiques y la dissolution servirait encore, au lieu d’eau , Ă  faire cuire et animaliser tous les lĂ©gumes, 1 Voici la recette que l’on peut suivre pour prĂ©parer du bouillon propre Ă  remplacer le bouillon Ă  la viande de nos mĂ©nages La dissolution , contenant environ 20 grammes de gĂ©latine sĂšclie par litre , doit ĂȘtre salĂ©e convenablement avec un mĂ©lange salin , composĂ© de 50 parties de mtiriate de potasse et » Celle de riz animalisĂ©, Ă . 8 jS Chaque ration des divers ragoĂ»ts revient donc, terme moyen , Ă  6 centimes 85 millimes. Une soupe et une ration de ragoĂ»t pouvant suffire, par jour, Ă  la nourriture d’un individu, il s’ensuit que, pour 10 centimes 43 millimes, pain non compris, on pourvoira Ă  son entretien. Si donc nous supposons que notre Ă©tablissement de charitĂ© contienne 1,200 individus, et que les 2 , 4 oo rations gĂ©latineuses soient converties moitiĂ© en soupes, moitiĂ© en ragoĂ»ts, nous aurons Ă  Ă©tablir la dĂ©pense ainsi qu’il suit — 183 — Frais pour convertir 1,200 rations gĂ©latineuses en soupes. 42 fr, 96 c. Frais pour convertir 1,200 rations en ragoĂ»ts aux le'gumes. 82 20 Total. 125 16 Ainsi, pour fournir de la nourriture Ă  i ,200 individus, pain non compris , on ne dĂ©penserait que 1 15 francs 16 centimes par jour, ou io centimes 43 millimes par tĂȘte. Il est impossible d’obtenir des rĂ©sultats aussi satisfaisans par tout autre mode alimentaire. Une rĂ©flexion doit naturellement sc prĂ©senter Ă  vos esprits , et dĂ©jĂ  elle m’a Ă©tĂ© soumise par plusieurs de nos honorables confrĂšres. OĂč trouvera-t-on les os nĂ©cessaires Ă  la fabrication des rations gĂ©latineuses qui seraient consommĂ©es dans l’établissement dont je parle, en supposant que les hĂŽpitaux et les prisons de la ville emploient leurs os aux mĂȘmes usages ? Voici ma rĂ©ponse Ă  cette question. Les bouchers pourraient en fournir une certaine quantitĂ© , car il leur en reste toujours dont ils ne peuvent se dĂ©faire ; mais comme cette quantitĂ© serait sans doute insuffisante, il v aurait un moyen trĂšs-simple de s’en procurer en abondance , mĂȘme sans frais pour l’établissement ce serait d’engager tous les particuliers aisĂ©s Ă  mettre de cĂŽtĂ© les os provenant de leurs cuisines et Ă  les fvrer aux personnes chargĂ©es par l’administration de rĂ©tablissement d’en faire journellement la rĂ©colte ; tout le monde s'empresserait de se rendre Ă  cette invitation , puisque , dans tous les me- n ages, on ne tire aucun parti des os, qu’on jette Ă  la rue ou qu’on lĂ»'Ă»le ; et, pour stimulerla bonne volontĂ© des cuisiniĂšres, il suffirait de leur accorder une petite prime , en raison de la quantitĂ© i os qu’elles donneraient aux collecteurs, et en raison aussi des s °ins qu’elles apporteraient Ă  leur bonne conservation. Chaque O’atin les collecteurs feraient leur tournĂ©e dans les maisons particuliĂšres, et les os rapportĂ©s Ă  l’établissement seraient immĂ©diatement traitĂ©s dans l’appareil. — 184 — AssurĂ©ment la mesure que j’indique serait trĂšs-praticable et pourrait alimenter facilement l’appareil de notre Ă©tablissement philanthropique ; je suis mĂȘme persuadĂ© qu’en excitant le zĂšle et la charitĂ© de tous les habitons de la ville , on pourrait se procurer une bien plus grande quantitĂ© d’os que le service journalier de l’appareil ne l’exigerait. Dans ce cas , l’excĂ©dant, loin d’ĂȘtre perdu, pourrait ĂȘtre conservĂ© prĂ©cieusement, en cas de disette d’os , Ă  l’aide du procĂ©dĂ© extrĂȘmement simple indiquĂ© par M. D’Arcet, dans le chapitre 3 de son MĂ©moire sur les os, et qui consiste Ă  envelopper les os d’une couche de gĂ©latine et Ă  les dessĂ©cher. Cette couche gĂ©latineuse les garantit de toute influence extĂ©rieure et permet de les conserver pendant un teins indĂ©fini, si on a soin toutefois de les renfermer dans des sacs ou dans des tonneaux placĂ©s dans un endroit sec. Une autre rĂ©flexion, aussi grave en apparence que la premiĂšre, doit ici, Messieurs , vous ĂȘtre soumise. On pourra m’objecter , dans le dessein de combattre la mesure que je propose pour procurer des os nĂ©cessaires au service des appareils , que ceux provenant des cuisines particuliĂšres ayant dĂ©jĂ  subi l’action de l’eau, ne seront plus aussi propres Ă  l’extraction de la gĂ©latine alimentaire que les os frais de boucherie. On pense gĂ©nĂ©ralement, en effet, que les os de la viande qui sert Ă  faire le bouilli ont cĂ©dĂ© une grande quantitĂ© de leurs principes nutritifs Ă  l’eau, et l’on explique ainsi la bontĂ© du bouillon provenant du bƓuf non dĂ©sossĂ©. Yoici des faits qui vont vous dĂ©montrer, Messieurs, que cette opinion est trĂšs-peu fondĂ©e. De 1791 Ă  1810, plusieurs personnes, telles que Grenet, D’Arcet pĂšre , Proust, Cadet de Vaux, etc., essayĂšrent d’extraire la gĂ©latine des os en les rĂąpant, les rĂ©duisant en copeaux ou les broyant, puis les traitant, dans des vases ouverts, p ar l’eau bouillante, sous la seule pression atmosphĂ©rique. Ces tentatives 11’eurent aucune application suivie , Ă  cause de la dĂ©pense excessive en combustible et en main-d’Ɠuvre qu’entraĂźne ce — 185 — procĂ©dĂ©, et parce qu’il ne procure que trĂšs-peu de gĂ©latine. Cadet de Vaux avait organisĂ©, en 1817, pour le bureau de bienfaisance du premier arrondissement de Paris , un Ă©tablissement de charitĂ© dans lequel on faisait des bouillons d’os Ă  l’aide du procĂ©dĂ© imparfait que je viens d’indiquer. On s’est assurĂ© que des os qui avaient subi quatre fois de suite l’action de l’eau bouillante contenaient encore, aprĂšs avoir Ă©tĂ© lavĂ©s et sĂ©chĂ©s, 37pour 100 de matiĂšre combustible, et donnaient, lorsqu’on les traitait par l’acide hydrochlorique , 27 de gĂ©latine pure et sĂšche par quintal. Vous voyez, Messieurs, que c’est, Ă  trĂšs-peu de chose prĂšs, ce que l’on aurait pu obtenir de ces os avant leur traitement dans la marmite. Il faut donc conclure que les os de bƓuf qui ont servi Ă  faire le bouillon dans nos mĂ©nages n’ont presque rien cĂ©dĂ© Ă  l’eau, et qu’il donneront Ă  peu prĂšs autant de gĂ©latine que les os frais. Quant aux os de mouton , de veau ou de bƓuf qui proviennent de la viande rĂŽtie, ils perdent encore moins de leurs principes nutritifs, seulement ils donnent souvent de la graisse rance ou sentant le suif, mais leur gĂ©latine n’est nullement altĂ©rĂ©e ; dans ce cas , ou pourra les mettre Ă  part pour les traiter sĂ©parĂ©ment, et la graisse qu’ils fourniront sera conservĂ©e pour d’autres usages que ceux de la cuisine. Il n’y aura donc vĂ©ritablement aucune diffĂ©rence sensible dans l’emploi des os cuits et celui des os frais pour l’extraction de la gĂ©latine alimentaire. J’ai avancĂ© plus haut qu’on pourrait trĂšs-aisĂ©ment recueillir, chez les particuliers, plus d’os qu’il n’en faudrait pour le service de notre appareil ; je vais prouver cette assertion par des faits, car il est essentiel de dĂ©montrer Ă  l’autoritĂ© que tous nos calculs , toutes nos prĂ©visions s’appuient sur des donnĂ©es exactes. Notre confrĂšre, M. l’abbĂ© Paumier, a eu l’extrĂȘme obligeance de me fournir des renseignemens positifs sur le nombre de bestiaux qui sont abattus annuellement dans les diverses tueries de la ville et qui servent Ă  la consommation de ses habitans ; il m’a — 186 — fait Ă©galement connaĂźtre la quantitĂ© d’os queiproduit chaque tĂȘte de bĂ©tail. J’ai rĂ©uni ces doemnens dans le tableau suivant DÉSIGNATION DES DIVERSES ESPECES DE BÉTAIL TUÉES A ROL'EN. N]V TÈTES T ABA1 DANS LE PAR SEMAINE. inrjĂź E E BÉTAIL TUES TUERIES 1*A R AN. POIDS DES OS FOURNIS PAR CHAQUE TETE DE BÉTAIL. TOTAL DES OS FOURNIS PAR CHAQUE ESPECE DE BÉTAIL DANS UNE ANNÉE. BƓufs. 110 5,720 $0 kilog. 457,600 kitog- Moutons. 200 10,400 5 52,000 Veaux. 140 7,280 15 109,200 Porcs. 60 3,120 35 109,200 Ce tableau nous apprend pie la quantitĂ© d’os fournis annuellement par les diverses espĂšces de bĂ©tail tuĂ©es Ă  .Rouen s’élĂšve Ă  728,000 kilogrammes. Cette quantitĂ© paraĂźtra peut-ĂȘtre bien considĂ©rable, rnaisM. l’abbĂ© Paumier m’assure qu’il n’a pris que le terme moyen des chiffres, et que l’on peut compter sur l’exactitude de ces renseignemens. Nous ne devons tenir compte que des os fournis par la viande de boucherie , c’est-Ă -dire par les bƓufs, les veaux et les moutons ; la quantitĂ© s’en Ă©lĂšve Ă  618,800 kilogrammes par an ; mais nous savons que tous les os ne sont pas Ă©galement bons pour l’extraction de la gĂ©latine , qu’il faut exclure ceux qui sont compacts , plats ou cylindriques, qui ne contiennent que peu de graisse, et que les tourneurs, tabletiers, Ă©ventaillistes et fabri- cans de boutons achĂštent fort cher ; il faut encore admettre qu’une grande partie de ces os seront perdus dans les maisons particuliĂšres , ou achetĂ©s par les fabricans de charbon animal et de colle-forte. Pour 11e pas nous Ă©loigner beaucoup de la vĂ©ritĂ©, supposons que, sur ces 618,800 kilogrammes, un tiers 187 — seulement pĂ»t ĂȘtre recueilli'et employĂ© dans notre appareil Ă  la D’Arcet, e’esl—à—dire 206,266 kilogrammes. Il est Ă©vident que, puisque 1 kilogramme d’os donne 3o rations de dissolution gĂ©latineuse , 206,266 kilogrammes produiront i6,g53 rations par jour. On peut donc espĂ©rer qu’en adoptant les mesures que j’ai proposĂ©es pour rĂ©colter tous les os propres Ă  la confection de la gĂ©latine, les appareils qui pourront ĂȘtre construits dans cette ville ne manqueront jamais de matiĂšres premiĂšres et seront susceptibles de fournir une masse considĂ©rable de prĂ©parations alimentaires Ă  tous les indigcns de notre populeuse citĂ©. D’aprĂšs tout ce qui prĂ©cĂ©derons comprenez bien maintenant, Messieurs, toute l’importance de l’appareil Ă  la D’Arcet que l’on devrait construire dans le vaste local dont vous avez demandĂ© l’érection. A ous devez prĂ©voir encore qu’une association qui Ă©tablirait des appareils semblables pourrait dĂ©livrer aux pauvres de chacjue quartier des alimens gĂ©latines, secours bien prĂ©fĂ©rables, sous tou les rapports, aux distributions d’argent. Pourquoi les Rouen- Oais n’imiteraient—ils pas l’exemple des Parisiens qui, Ă  l’aide d’une souscription volontaire, ont fourni Ă  M. De Belleyme les Moyens de crĂ©er et d’entretenir annuellement la Maison de refuge du faubourg Saint-Marceau. Une sociĂ©tĂ© philanthropique, pour v isiter les pauvres , sera sans doute bientĂŽt constituĂ©e, sur votre Ovitation, par les soins de l’autoritĂ© municipale ; cette sociĂ©tĂ© pourrait devenir le centre d’une vaste association entre tous les habitans aisĂ©s de cette ville ; toute personne qui voudrait en faire partie souscrirait l’obligation de dĂ©poser annuellement une s omme dĂ©terminĂ©e dans la caisse de la sociĂ©tĂ© ; en Ă©change, elle ''oeuvrait un certain nombre de bons de soupes et de ragoĂ»ts pour o' 11 faire l’usage qu’elle jugerait convenable. La SociĂ©tĂ© philanthropique serait chargĂ©e spĂ©cialement de faire fonctionner les appa— 1 ods, prĂ©parer les alimens , et de prĂ©sider Ă  leur distribution louinaliĂšre ; une cotisation annuelle de 10 Iranes par chaque 188 — membre de l’association produirait un capital plus que suffisant pour subvenir , par l’emploi des procĂ©dĂ©s de M. D’Arcet, Ă  la nourriture de tous les indigens de la ville. Et ne croyez pas, Messieurs, que la crĂ©ation d’une semblable association soit chose difficile ; on peut le dire Ă  l’honneur des Rouennais, la charitĂ© est inĂ©puisable chez eux, comme l’attestent assez tous les dons qui ont lieu, chaque annĂ©e, en faveur des pauvres- AssurĂ©ment, chaque habitant aisĂ© dĂ©pense plus de io francs par an en aumĂŽnes manuelles ; il ne s’agit donc , comme vous voyez, que de rĂ©gulariser , si je puis m’exprimer ainsi, la bienfaisance de nos concitoyens, de maniĂšre Ă  lui faire produire le plus de fruits possible 1 . Les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes doivent vous avoir convaincus, Messieurs, que l’emploi de la gĂ©latine des os peut devenir une ressource prĂ©cieuse pour la classe malheureuse de notre ville, et qu’il est urgent, en prĂ©sence de tant d’infortunes, de provoquer, par tous les moyens possibles , l’établissement des appareils Ă  la D’Arcet, non seulement dans les hĂŽpitaux, les prisons et les dĂ©pĂŽts de mendicitĂ© ou ateliers de charitĂ© , mais encore dans les grandes fabriques et dans les faubourgs de la ville. En adressant Ă  l’autoritĂ© municipale les propositions suivantes que je vais soumettre Ă  votre sanction, vous complĂ©terez, Messieurs, le systĂšme des amĂ©liorations que vous avez conçu en faveur de la population malheureuse de cette citĂ©, systĂšme que * Tout le monde sait que le cĂ©lĂšbre Papin imagiua, en 168t , pendant son Ă©migration en Angleterre, tiu appareil , connu depuis sous le nom de marmite de Papin , pont ramollir les os et eu extraire , a l'aide de Peau portĂ©e Ă  une tempĂ©rature trĂšs-Ă©levĂ©c , la matiĂ© re animale et nutritive qu'ils renferment. Mais ce qui est moins connu, c’est l'application q ,,e Papin fit de ee procĂ©dĂ© Ă  l'alimentation des pauvres. Un respectable cbanoine de la cathĂ©drale de Rouen , dont le nom est malheureusement perdu , s'empressa de suivre l’exempl e Papin , et beaucoup de malheureux furent nourris Ă  scs frais, avec des alirnens accommode* avec la dissolution gĂ©latineuse extraite des es. La touchante philanthropie du bon p r t,e rouennais fut sans doute vivement applaudie de ses contemporains , mais nullement imitĂ©e p*' 11 ’ eux; car sa mort mit fin Ă  l’emploi des mets gĂ©latines dans cette ville. Pourquoi donc» nous, que les circonstances favorisent bien autrement que le chanoine du xvu siĂšcle , q“ possĂ©dons des procĂ©dĂ©s plus commodes et plus avantageux, ne tenterions-nous pas de fa"* e qu'il a exĂ©cutĂ© avec bonheur dans notre cite? — 189 vous avez commencĂ© Ă  dĂ©velopper , en soulevant les questions relatives Ă  Y extinction de la mendicitĂ© et Ă  la rĂ©gĂ©nĂ©ration morale des prisonniers. La question du rĂ©gime alimentaire des pauvres tl des ouvriers est intimement liĂ©e aux deux prĂ©cĂ©dentes, et mĂȘme doit ĂȘtre regardĂ©e comme leur complĂ©ment indispensable. Cette pensĂ©e m’a encouragĂ© dans le travail dont je viens de vous donner lecture, et me fait espĂ©rer que vous l’accueillerez, sinon avec faveur, au moins avec indulgence. PROPOSITIONS. I. Engager l’autoritĂ© compĂ©tente Ă  faire construire, dans un des hĂŽpitaux de Rouen , un appareil Ă  la D’Arcet, pour la confection de dissolutions gĂ©latineuses qui seraient employĂ©es Ă  la prĂ©paration d’alimens distribuĂ©s aux malades et aux gens de service de ces Ă©tablissemens. Cet appareil devrait pouvoir fournir au moins i ,600 rations par jour, qui seraient rĂ©parties entre l’HĂŽtel-Dieu, l’Hospice— GĂ©nĂ©ral , l’Asile des aliĂ©nĂ©s et les deux prisons , en raison des os que chacune de ces maisons enverrait Ă  l’appareil. Cet appareil serait placĂ© sous la surveillance du pharmacien en c hef de l’HĂŽtel—Dieu. II. Inviter l’autoritĂ© municipale Ă  chercher les moyens d’ap— pĂŒquer ce genre de nourriture Ă  l’alimentation des pauvres inscrits dans les bureaux de charitĂ©, et des ouvriers inscrits dans les ateliers de charitĂ© ; les soupes et antres mets Ă©conomiques animalisĂ©s, fourn is Ă  ces derniers, seraient prĂ©levĂ©s sur les secours en argent q*'e chacun d’eux reçoit de la ville. III. Encourager, par tous les moyens possibles, les citoyens ^cbes ou aisĂ©s Ă  former une association philanthropique a l’instar de la SociĂ©tĂ© philanthropique de Paris , pour dĂ©livrer aux malheu- r eux non inscrits dans les bureaux ou ateliers de charitĂ©, des “limens Ă©conomiques prĂ©parĂ©s avec la dissolution gĂ©latineuse. — 190 Ces alimens pourraient ĂȘtre vendus, au prix coĂ»tant, aux ouvriers et aux autres personnes qui, par leur position , n’auraient pas besoin de recourir Ă  la charitĂ© publique. IY. Exciter les chefs des grands Ă©tablissemens industriels Ă  suivre l’exemple de M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des mĂ©dailles, c’est-Ă -dire Ă  Ă©lever des appareils Ă  la D’Arcet, et Ă  organiser leurs ouvriers en ordinaires, de maniĂšre Ă  leur faire prendre , dans l’intĂ©rieur de leurs ateliers, une nourriture saine, abondante et d’un prix trĂšs-modique. Cette mesure aurait infailliblement pour rĂ©sultats de faire naĂźtre et d’entretenir, dans la classe ouvriĂšre, des principes d’ordre, d’économie et de sobriĂ©tĂ©. N. B. Je n’ai pas cru devoir insĂ©rer dans ce mĂ©moire la description des appareils de M. D’Arcet, parce qu’ils se trouvent dans tous les recueils scientifiques et industriels. Si l’administration municipale ou une association philanthropique se dĂ©cide Ă  en faire construire Ă  Rouen, il sera prĂ©fĂ©rable, sous tous les rapports , de s’adresser Ă  l’une des personnes qui s’occupent exclusif vement de ce genre de construction. Voici le nom de ces personnes ! M. Grouvelle , ingĂ©nieur civil, rue les Beaux-Arts, n° -‱ M. Callet, rue Saint-Antoine , n° 205 ; M. Talabot , rue Blanche , n° 4” bis ; M. Saulnicr, Ă  la Monnaie ; M. Paupert, Ă  l’hĂŽpital Saint-Louis. A Arras Pas-de-Calais, M. Hallette. A Metz Moselle , M. Jauncz. Au Creusot SaĂŽne-et-Loire, M. Wilson. 0©ft RAPPORT fait a la sociiItĂ© libre d’iĂźmolation de l’appareil Ă©tabli a l’hospice-gĂ©nĂ©ral DE ROUEN pour l’extraction GÉLATINE DES OS *. Messieurs, Lorsqu’en 68! , un ingĂ©nieur français, dont le nom sera religieusement transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, puisque c’est Ă  lui qu’on est redevable de l’invention des machines et des bateaux Ă  vapeur, ces deux puissnns auxiliaires de l’industrie et du commerce; lorsqu’en 1681, dis-je, le cĂ©lĂšbre ĂŻhjpin imagina un appareil pour ramollir les substances les plus dures, les os des animaux, au moyen de l’action de l’eau elevee Ă  une haute tempĂ©rature , son premier soin fut de chercher Ă  *>rer parti , en faveur de l’humanitĂ©, d’une dĂ©couverte qui , un 1 Lu Ă  la SociĂ©tĂ© libre d’Émnlation'de Rouen , le 1S avril , el Ă  la BĂ©ance publique du i Jt’in 1833, InsĂ©rĂ© dans le volume de la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d’Emulation de Rouen l J °nr l’annĂ©e 1833, et dans le Recueil industriel, manufacturier , agricole et commer- ria l, deM. DeMolĂ©on, n° 78, juin lS53,p 210 86* vol.; n» 79 , juillet 1833 P- 15 2“o vol. ; no 80, aoĂ»t 1833 , p. 11 7 27* vol. ‱ — 192 — siĂšcle plus tard, devait jouer un rĂŽle si important dans l’économie domestique. Papin , que des connaissances profondes dans les sciences physiques Ă©levaient si fort au-dessus de ses contemporains , avait reconnu que les os des animaux renferment en abondance une matiĂšre nutritive, et ce fut pour utiliser au profit des pauvres cet aliment si riche et si peu coĂ»teux, qu’il abandonna , pour un moment, de brillantes conceptions, et se livra Ă  l’extraction de la gĂ©latine , dont il avait constatĂ© le pouvoir nutritif. Mais ses heureux essais ne trouvĂšrent que peu d’imitateurs ; en effet, Ă  l’exception d’un chanoine de la cathĂ©drale de Rouen et de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique de Clermont-Ferrand , qui surent apprĂ©cier les avantages qui devaient rĂ©sulter de l’introduction de la matiĂšre animale des os dans le rĂ©gime alimentaire, personne ne songea ou ne daigna s’occuper de cette haute question d’utilitĂ© publique aussi l’emploi des mets gĂ©latinĂ©s fut-il bientĂŽt oubliĂ©. J 1 ne devait pas l’ĂȘtre long-tems, toutefois , car il est de ces objets dont l’importance rĂ©elle est si manifeste, que, malgrĂ© l’insouciance habituelle des hommes , malgrĂ© les oppositions les plus vives de ceux qui ne peuvent souffrir le moindre progrĂšs, ils ne tardent pas Ă  ĂȘtre ramenĂ©s sur le terrain de l’expĂ©rience et de la discussion. C’est ce qui arriva en effet Ă  l'Ă©gard de la gĂ©latine ou de cette substance alimentaire des os. A peine un demi-siĂšcle Ă©tait—il Ă©coulĂ© depuis les tentatives de Papin, que plusieurs savans philanthropes s’emparĂšrent de ses idĂ©es et firent tous leurs efforts pour les appliquer, avec plus de succĂšs qu’il n’en avait eu, Ă  la nourriture de l’homme. L’abbĂ© Cliangeux , en 1775, l’AcadĂ©mie de SuĂšde, Wurmser, Van-Marum, D’ArcetpĂšre, Grenet, puis, un peu plus tard, Proust, Cadet de Vaux , reconnurent tous et dĂ©montrĂšrent les immenses services que la gĂ©latine pouvait rendre aux populations malheureuses , et s’ils n’apportĂšrent que de bi en lĂ©gers perfectionnemens au premier procĂ©dĂ© employĂ© pour l’extraire, au moins ils contribuĂšrent Ă  tenir Ă©veillĂ©e, sur cette — 193 — intĂ©ressante application, l’attention des gouvernemens et des amis des innovations utiles. Il fallait, pour que l’heureuse dĂ©couverte de Papin reçût toute l’extension dont elle Ă©tait susceptible, et qu’elle produisĂźt tous les rĂ©sultats que cet homme de gĂ©nie avait entrevus, qu’elle tombĂąt dans les mains d’un de ces savans persĂ©vĂ©rans et inven tifs qui fĂ©condent tout de leurs lumiĂšres. Ce n’était pas assez d’isoler avec soin la gĂ©latine des os, il fallait encore l’obtenir en assez grande quantitĂ© et avec assez de facilitĂ© pour qu’on pĂ»t la faire servir Ă soulager tous les besoins , et entrer, comme matiĂšre de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, dans l’alimentation des grandes rĂ©unions d’hommes. Celui qui devait remplir toutes ces conditions est un chimiste dont le nom justement rĂ©vĂ©rĂ© rappelle Ă  l’industriel, Ă  l’économiste, au savant, les services les plus nombreux et les plus signalĂ©s. M. D’Arcet, qui, dĂšs i8i3, a consacrĂ© ses loisirs Ă  Ă©clairer une question dont il avait senti toute la portĂ©e, est parvenu, aprĂšs bien des peines, Ă  simplifier tellement l’extraction de la gĂ©latine et sa transformation en mets aussi salubres que nourrissans, qu’il n’est plus possible de croire que de nouveaux obstacles s’opposeront Ă  l’adoption de l’appareil qu’il a fait construire pour cet objet. C’est un dicton populaire bien ancien, que les os font le bon bouillon ; mais il a fallu bien des siĂšcles cependant pour qu’on ait songĂ© Ă  rechercher en vertu de quel principe ces substances cou tribuent Ă  augmenter les qualitĂ©s de l’un de nos mets les plus sains et les plus substantiels. La densitĂ© des os est si grande qu’on est en droit de se demander si, dans cette circonstance, le bons sens populaire n’est pas en dĂ©faut. On pense gĂ©nĂ©ralement que les os de la viande qui sert Ă  faire le bouilli ont cĂ©dĂ© ne grande quantitĂ© de leurs principes nutritifs Ă  l’eau. Mais cette °pinion est trĂšs-peu fondĂ©e, car, pour remplir sa destination nourriciĂšre, l’os exige une prĂ©paration ; en effet, Ă  un peu de i3 — 194 — graisse et trĂšs-peu de gĂ©latine prĂšs , qu’il abandonne , c’est un caillou dans l’eau, l’expĂ©rience le dĂ©montre. Qu’on le soumette Ă  l’action de la vapeur d’eau ayant une faible tension, dans un appareil fermĂ©, et dans l’instant, lui si dur, si peu attaquable par nos moyens habituels, va fournir jusqu’à 4° pour 100 de matiĂšres utiles et nourrissantes. Quelle mine prĂ©cieuse Ă  exploiter ! Quelle est la substance, parmi celles qui servent habituellement Ă  la nourriture de l’homme, qui offre autant de produits substantiels sous un si petit volume. Cadet de Vaux avait donc jusqu’à un certain point raison de dire, dans son langage naĂŻf, qu’un os est une tablette de bouillon formĂ©e par la nature. Les os que l’on peut employer comme substance alimentaire t sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie , et spĂ©cialement les tĂštes spongieuses des gros os et les extrĂ©mitĂ©s des os plats. SĂ©chĂ©s, ils renferment par quintal 60 parties de matiĂšres salines , 30 » de gĂ©latine , 10 » de graisse. La viande de boucherie contient par quintal 24 parties de viande sĂšche , 61 a d’eau, 15 » d’os. Il suit de lĂ  que i5 parties d’os peuvent fournir 6 parties de substance alimentaire sĂšche, et qu’en se servant des os, on peut obtenir de la viande de boucherie un quart en plus de la substance nutritive, qu’on n’en retire journellement. Utiliser les os , c’est donc , en dĂ©finitive , faire cinq bƓufs avec quatre. ioo kilogrammes d’os donnent 3,ooo bouillons de demi-litre chacun, ou peuvent servir Ă  animaliser 3,ooo rations de soupe Ă©conomique ou de lĂ©gumes. roo kilogrammes de viande ne donnent que 4o bouillons de — 195 — demi-litre chaque, ou de quoi animaliser 4oo rations, c’est-Ă - dire qu’à poids Ă©gal les os fournissent sept fois et demie autant de matiĂšre nutritive en dissolution f que la viande. Certes voilĂ  un rĂ©sultat dĂ©montrĂ© par l’expĂ©rience, qui fait sentir l’importance qu’on doit attacher Ă  utiliser des substances aussi avantageuses que les os , et aprĂšs l’avoir compris , on ne doit pas ĂȘtre Ă©tonnĂ© que de toutes parts des hommes gĂ©nĂ©reux , animĂ©s du dĂ©sir de faire jouir leurs concitoyens d’une ressource aussi prĂ©cieuse qu’économique, aient rivalisĂ© de zĂšle avec pour multiplier les appareils Ă  l’aide desquels on se procure la dissolution de la gĂ©latine , qui sert ensuite Ă  faire des bouillons , Ă  augmenter la force des mets vĂ©gĂ©taux, etc. PĂ©nĂ©trĂ©s de cette idĂ©e, qu’une question qui intĂ©resse Ă  un si haut degrĂ© l’économie politique, puisqu’elle a trait Ă  la nourriture de la classe la moins fortunĂ©e de la sociĂ©tĂ© et qu’elle permet de rĂ©soudre ce problĂšme Ă  la solution duquel tant d’économistes ont travaillĂ©, d'amĂ©liorer le rĂ©gime alimentaire du pauvre sans augmenter les charges de l'Ă©tat, rentrait tout naturellement dans le cercle de vos travaux, qui sont spĂ©cialement dirigĂ©s vers le perfectionnement de l’industrie , et par consĂ©quent vers le bien- ĂȘtre de la classe ouvriĂšre de notre dĂ©partement, vous avez Ă©tudiĂ©, Messieurs, avec un soin tout particulier, les procĂ©dĂ©s de M. D’Arcet ; examinĂ© sous toutes ses faces le systĂšme au moyen duquel il oifre aux gens riches l’occasion de faire du bien en dĂ©pensant si peu. En l83i , par les soins d’une commission dont j’ai eu l’honneur d’ĂȘtre l’organe, vous avez publiĂ© un rapport circonstanciĂ© sur les avantages que pourrait procurer l’établissement d’un appareil Ă  la IJ’Arcet, Ă  l’administration municipale, qui, chaque annĂ©e, dĂ©pense beaucoup d’argent pour soutenir les pauvres et les ouvriers sans travail Vous Rapport sur l'emploi de la GĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des pauvres des ouvriers, lu Ă  la SociĂ©tĂ© libre d’Émulation de Rouen, le 23 avril 1831 , par 196 — savez que cette administration, qui met tant, d’empressement Ă  accueillir les innovations utiles, et qui sait les faire tourner Ă  l’avantage du plus grand nombre, adopta, dans le courant de l’annĂ©e derniĂšre, une partie des propositions qui terminent votre rapport , et fit construire Ă  l’hospice-gĂ©nĂ©ral , par les soins de M. Grouvelle, neveu de M. D’Areet, un appareil propre Ă  fournir 2,4°° rations de demi-litre de dissolution gĂ©latineuse par jour. Cet appareil, placĂ© non loin des cuisines de l’hospice, a Ă©tĂ© achevĂ© il y a deux mois environ , et s’il n’a pas encore travaillĂ© d’une maniĂšre rĂ©guliĂšre , cela tient Ă  des circonstances qu’il est inutile de mentionner ici. Sur la proposition qui vous en fut faite dans votre sĂ©ance du I er mars , par M. Girardin, vous avez chargĂ© une commission composĂ©e de MM. Lebret, LĂ©guillon et Girardin , de suivre les expĂ©riences qui devaient avoir lieu sous les yeux de M. Grou— velle, pour constater la qualitĂ© des produits en dissolution gĂ©latineuse et en graisse fournis par cet appareil. Je viens aujourd’hui, Messieurs, au nom de cette commission, qui a bien voulu ine choisir pour son organe, vous faire connaĂźtre les rĂ©sultats des essais entrepris. Et d’ahord, il ne sera pas inutile de vous prĂ©senter succinctement un aperçu des amĂ©liorations que l’on pourra introduire dans le rĂ©gime quotidien des nombreux hahitans de l’hospice- gĂ©nĂ©ral, en utilisant les produits de l’appareil qui y est construit. Cet appareil peut donner, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, 1,200 litres environ de dissolution gĂ©latineuse par 24 heures, par le traitement de 80 kilogrammes d’os. Le service de l’hospice rĂ©clame journellement Ă  peu prĂšs goo litres de bouillon , repartis comme il suit M. J. Girardin. Broch. in-S de 67 pages. Rouen , F. Baudry, imprimeur du Roi. loiĂ©rc dans le Recueil annuel de la SociĂ©tĂ© d'Émulation , p. 107* et dans ce volume r p. 145. — 197 VIANDE. BOUILLON. 81 EmployĂ©s, Ă  1 livre de viande, cinq fois par livres. litres. semaine. 104 Pensionnaires, Ă  1 livre de viande, cinq fois 81 81 par semaine. 45 Militaires terme moycnj, Ă  1 livre de viande, 104 104 sept fois par^semaine. 389 Travailleurs et filles de [service , Ă  6 onces de ♩viande et 1 -2 litre de^bouillon, trois fois par 45 45 semaine. 32 Malades civils Ă  1 livre de viande, sept fois 145 195 par semaine. 1222 Habitans commun , Ă  4 [onces de viande et 1 3 de litre de^bouillon ou prĂšs de 1 2 32 32 litre , trois fois par semaine. 20 Secours alimentaires au dehors , Ă  1 ^2 litre de 306 405 bouillon, trois fois par semaine ....... 32 60 Totaux. 745 922 Les femmes ne consommant pas toute la quantitĂ© de viande qui leur est affectĂ©e, on ne doit guĂšre compter que sur 600 ou 65o livres de viandepar jour. Le premier emploi de la gĂ©latine, jusqu’à ce qu’on connaisse parfaitement la maniĂšre de l’utiliser, doit ĂȘtre d’amĂ©liorer les soupes infĂ©rieures du commun, des travailleurs et des secours alimentaires. Pour le commun, en substituant la dissolution gĂ©latineuse a l’eau dans la confection des bouillons distribuĂ©s trois fois par semaine, on pourra, tout en augmentant la force du bouillon, supprimer Ă  chaque fois 35 livres de viande, ce qui fera io5 livres de viande en tout ; et ces 1 o 5 livres , partagĂ©es en deux, serviront Ă  aromatiser la soupe aux lĂ©gumes des lundis et mercredis , dans laquelle on mettra de la gĂ©latine au lieu d’eau. Les v ieillards auront ainsi de la soupe au bouillon cinq fois par semaine , au lieu de trois. La mĂȘme mĂ©thode sera appliquĂ©e aux secours alimentaires — 198 — ou bien avec la mĂȘme quantitĂ© de viande on fera le double de de bouillon, et on le distribuera Ă  un nombre double de vieillards. Quant aux travailleurs, on pourra diminuer , seulement sur la quantitĂ© de viande employĂ©e Ă  leur bouillon , 4 o livres par jour , qui serviront Ă  convertir en bouillon, au moyen de lĂ©gumes, suivant la formule donnĂ©e par M. Grouvelle 1 , les 200 ou 25 o litres de dissolution gĂ©latineuse excedant chaque jour les besoins de l’hospice. Ces 200 litres pourront ĂȘtre mis Ă  disposition de l’administration municipale, pour ĂȘtre employĂ©s soit dans les prisons , soit dans les bureaux de charitĂ© ; et en ne les comptant qu’à 1 o centimes le litre a , il 11’en rĂ©sultera pas moins que, sans rien changer au service de l’hospice, la ville sera couverte des frais d’établissement de son appareil, dans un an Ă  peu prĂšs. Quant au reste du service des bouillons de l’hospice, lorsqu’on aura amĂ©liorĂ© ainsi, par l’emploi de la gĂ©latine, le bouillon, aujourd’hui trĂšs-infĂ©rieur, 011 s’en servira dans la prĂ©paration de toutes les soupes, en supprimant moitiĂ© de la viande. Sur cette moitiĂ©, qui s’élĂšvera Ă  l 5 o livres au moins , et qui donne actuellement ij 5 livres de bouilli, on pourra mettre en rĂŽti ou en bƓuf- Ă -la-mode Ii 5 livres environ, qui donneront encore j 5 livres de viande cuite, et on retranchera du service 35 livres de viande. Ces 35 livres, du prix de 4 o centimes, font 1 4 francs, Ă  ajouter Ă  10 ou 12 livres de graisse d’os qui se vend Ă  Paris prĂšs de 1 franc, pour accommoder les lĂ©gumes, et que l’on peut compter Ă  5 o centimes Ja livre ou Ă  6 francs ; ce qui en tout donnera 20 francs, somme qui couvrira les frais de combustible soit 2 hectolitres de houille Ă  4 francs l’hectolitre et de main- d’Ɠuvre. 1 Voye* l’Instruction sur la conduite de l’appareil a extraire la GĂ©latine} Recueil indus* triel , mamtfacturier et des beaux-arts, publiĂ© par M. Pe MolĂ©on , n'* 65 , mars 1852, 5. 201. 199 Nous avons admis que l’hospice a besoin de toute la quantitĂ© de viande cuite qu’il obtient aujourd’hui ; mais, par la distribution de cinq soupes au bouillon , au lieu de trois, au commun, on verra nĂ©cessairement diminuer la quantitĂ© de viande que les femmes surtout consomment, et dans les autres parties du service on trouvera aussi la possibilitĂ© de rĂ©duire cette consommation , surtout pour les militaires, toutes les fois qu’ils seront nombreux. Ainsi, au moyen de l’appareil, on aura , sans aucune augmentation de dĂ©penses, i° DonnĂ© cinq soupes au bouillon, bien plus animalisĂ©es, au lieu de trois, aux 1,200 vieillards de l’hospice ; 2° DoublĂ© la distribution des secours alimentaires ; 3 ° DistribuĂ© une portion de rĂŽti, de bƓuf-Ă -la-mode et de gelĂ©e aux employĂ©s , aux malades ; 4 ° LivrĂ© Ă  l’administration municipale 200 litres de bouillon par jour. Je n’ai pas besoin d’insister, aprĂšs les dĂ©tails prĂ©cedens, sur les avantages que produira, tant pour l’hospice que pour l’administration , l’adoption des appareils de M. D’Arcet. Maintenant il faut dĂ©montrer, Messieurs, que les bouillons prĂ©parĂ©s, ainsi qu’il a Ă©tĂ© dit, avec la dissolution gĂ©latineuse au lieu d’eau, sont tout aussi bons que les meilleurs bouillons confectionnĂ©s avec quatre fois plus de viande par les procĂ©dĂ©s ordinaires. Je ne puis mieux faire que de vous donner connaissance du procĂšs-verbal qui a Ă©tĂ© dressĂ©, le 1 o avril, des expĂ©riences faites Ă  l’hospice devant les autoritĂ©s et un certain nombre de personnes attirĂ©es par la curiositĂ©. La lecture de cette piĂšce intĂ©ressante suffira, je pense , pour dĂ©truire les prĂ©ventions que beaucoup de personnes pourraient avoir encore contre les prĂ©parations Ă  la gĂ©latine , bien pie ces prĂ©ventions ni; reposent sur aucun fait concluant. 200 — PROCÈS-YEIIBAL. Copie du proces-verbal de ta prĂ©paration des bouillons et soupes Ă  la gĂ©latine , faits Ă  l’Hospice-gĂ©nĂ©ral de Rouen, le 10 avril 1833 , en prĂ©sence de !f. le prĂ©fet de la Seine - lnfĂ©rinire . de MM. les adjoins Ă  la mairie , de l’administrateur de l’hospice, de l’administration des prisons, de la commission de la SociĂ©tĂ© d’Emulalion , du pharmacien en chef de l’HĂŽtel- Dieu, des deux mĂ©decins des prisons , et de plusieurs manufacturiers. On remarquera d’abord que M. Grouvelle, n’ayant pu avoir des os en quantitĂ© suffisante pour remplir un cylindre, avant mardi matin, et n’ayant pu en remplir deux que le mercredi i o avril, il a Ă©tĂ© impossible de mettre l’appareil entier en activitĂ©, et par consĂ©quent d’avoir une dissolution gĂ©latineuse de force constante. Il rĂ©sulte de lĂ  que l’on ne peut savoir si cette dissolution est exactement au degrĂ© de force nĂ©cessaire pour que le bouillon soit bon, et que cependant la viande ne rougisse pas ; car on sait que la viande rougit, sans cependant rien perdre de sa qualitĂ© , dĂšs que la dissolution est trop forte {b. On a donc procĂ©dĂ©, avec la gĂ©latine obtenue d’un seul cylindre, et qui Ă©tait limpide et douce, aux prĂ©parations suivantes. N» I. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gĂ©latineuse, avec 5 livres de viande de boucherie qu’on a fait Ă©cumer, et qu’on a salĂ©s avec 5 onces de sel -, puis on a ajoutĂ© 2 livres 3/4 de lĂ©gumes, carottes, navets, cĂ©leri, poireaux, oignons, etc., fait le bouillon comme Ă  l’ordinaire pendant cinq heures sur le feu, un peu de caramel pour colorer, n’ayant pas d’oignons sĂ©chĂ©s au tour, ce qui est prĂ©fĂ©rable. N° II. On a prĂ©parĂ© du bouillon pour les militaires, avec i livre de viande par litre d’eau, Ă©cumĂ© et salĂ© avec 5 onces de sel, et ajoutĂ© des lĂ©gumes, fait bouillir pendant cinq heures, colorĂ© avec du caramel. N° III. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gĂ©latineuse, avec 4 livres de viande, Ă©cumĂ©, salĂ© avec 5 onces de sel, 2 livres de lĂ©gumes , au feu pendant cinq heures, et mis un peu de caramel. N° IV. On a mis dans une marmite 20 litres d’eau, on a ajoutĂ© 5 livres de viande, prise au mĂȘme morceau du bouillon n° III, Ă©cumĂ©, salĂ© avec 5 onces de sel, 2 livres de lĂ©gumes, au feu pendant cinq heures, et colorĂ© avec du caramel. N° V. On a mis dans une marmite i5 litres de dissolution gĂ©latineuse, 4 livres de lĂ©gumes , tels que pommes de terre, carottes, poi— r eaux, cĂ©leri, oignons et navets, au leu pendant trois heures, et colorĂ© avec un peu de caramel, ajoutĂ© 2 onces de graisse d’os. La graisse extraite des os, dans le cylindre, et purifiĂ©e, a ete trouvĂ©e trĂšs-belle et trĂšs-bonne. N° VI. On a fait crever une livre de riz Ă  l’eau, sale, cl ajoute en— v, ron un litre de bouillon Ă  la gĂ©latine n” 1. 202 — Le riz et la julienne ont Ă©tĂ© trouvĂ©s trĂšs-bons par tout le monde. On remarquera que dans le bouillon n° III, on a mis, au lieu de 20 litres de dissolution_ gĂ©latineuse, 1 5 litres seulement, et 3 litres d’eau, dans la crainte que la dissolution ne fĂ»t trop forte. Circonstance qui explique la diffĂ©rence trĂšs-grande que l’on a trouvĂ©e dans les bouillons n os I et III. Les bouillons n os I et II ont Ă©tĂ© jugĂ©s aussi bons que le meilleur bouillon de mĂ©nage, par toutes les personnes prĂ©sentes Ă  ces expĂ©riences. Ont votĂ© pour le n° I , MM. le prĂ©fet ; Jeulin , rĂ©gisseur des prisons ; Gambu-Delarue , administrateur des prisons ; Martin, manufacturier; Bonnet, secrĂ©taire—gĂ©nĂ©ral de la prĂ©fecture ; Desbois, cliirurgien-adjoint des prisons ; Lebouvier, administrateur des prisons. Ont votĂ© pour le n° II, MM. Girardin, membre de la commission de la SociĂ©tĂ© d’Emu- lation pour cause de l’arĂŽme seulement ; Lepicard , administrateur surveillant l’Hospice—gĂ©nĂ©ral a trouvĂ© le n° I presque aussi fort ; Lebret, pharmacien, membre de la commission de la SociĂ©tĂ© d’Einulation ‱ Lelong, adjoint Ă  la mairie ; Vinglrinier , chirurgien en chef des prisons ; MoĂčtier , secrĂ©taire particulier du prĂ©fet. Ont mis les n os I et II sur le mĂȘme rang , O 7 MM. Blanche, chirurgien en chef de l’Hospice-gĂ©nĂ©ral ; Leroy, pharmacien en chef des hospices ; Mm. LĂ©guillon , pharmacien , membre de la commission de la SociĂ©tĂ© d’Emulation. Ont mis le n° III au second rang , MM. Jeulin , Lebouvier , Moutier. Les personnes dont les noms sont citĂ©s plus haut, plus M. Des- hgny, adjoint, ont signĂ© le procĂšs-verbal. M. Destigny s’est abstenu’de voter , parce qu’il avait eu d’a- Vance connaissance des numĂ©ros qui indiquaient la qualitĂ© des bouillons. Toutes ces espĂšces de bouillons ont Ă©tĂ© mises dans des tasses numĂ©rotĂ©es , sans dĂ©signation de l’espĂšce du bouillon , et dĂ©gustĂ©es ainsi avec toute libertĂ© de jugement. Pour copie conforme TimbrĂ© du timbrr /.ze personnes reconnaissent unanimement la supĂ©rioritĂ© d’un bouillon fait avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre de dissolution gĂ©latineuse n° III, sur un autre prĂ©parĂ© avec un 'l'tart de livre de viande par litre d’eau. J’ajouterai, pour complĂ©ter le document prĂ©cĂ©dent, que les bouillons n os I et II, confectionnĂ©s par les soins des dames religieuses de l’hospice, qui ont mis le plus grand empressement Ă  ‱'ider M. Grouvelle dans ses expĂ©riences c , ont Ă©tĂ© juges aussi bons que le meilleur bouillon de mĂ©nage, et que les bouillons Ă  la gĂ©latine avaient l’apparence la plus flatteuse a l’Ɠil, c’est-Ă -dire — 204 — la couleur et la limpiditĂ© qu’on recherche dans ces sortes de pré— parations. Le n° III avait peut-ĂȘtre une teinte trop foncĂ©e, due Ă  un excĂšs de caramel employĂ© Ă  sa coloration. Le vendredi 12 avril, M. Le FĂȘvre, adjoint au maire, et l’un des administrateurs de l’hospice, qui n’avait pu assister aux expĂ©riences du mercredi, en fit faire de semblables, qui eurent les mĂȘmes rĂ©sultats. Le bouillon Ă  la gĂ©latine fait avec un quart de viande seulement fut trouvĂ© aussi agrĂ©able, aussi fort et aussi beau que le bouillon prĂ©parĂ© avec trois fois plus de viande, par toutes les personnes prĂ©sentes, savoir MM. Le FĂȘvre et Destigny, adjoints; Lepicard, administrateur de l’hospice; Gcrvais, directeur de l’hospice, et les dames religieuses de la maison. Ainsi se trouve confirmĂ© par des expĂ©riences authentiques, dirigĂ©es avec autant de soins que de bonne foi, ce que M. D’Arcet et les personnes qui partagent ses convictions n’ont cessĂ© de soutenir, que la gĂ©latine, prĂ©parĂ©e convenablement et associĂ©e Ă  une petite quantitĂ© de viande ou Ă  des lĂ©gumes , peut fournir des mets aussi substantiels et aussi agrĂ©ables que ceux qu’on prĂ©pare habituellement avec une bien plus forte proportion de viande ; ou des mets bien supĂ©rieurs Ă  ceux dans lesquels il n’entre que des substances vĂ©gĂ©tales. Il y a long-tems que la question des avantages de l’introduction de la gĂ©latine dans le rĂ©gime alimentaire, est rĂ©solue affirmativement par toutes les personnes qui ont voulu l’étudier avec conscience, et qui ne se sont pas placĂ©es sous l’influence de prĂ©ventions irrĂ©flĂ©chies. Si une opposition , qui d’abord paraissait assez vive, s’est Ă©levĂ©e, dans ces derniers tems, contre l’empl 01 de la substance nutritive des os, on ne doit pas s’en Ă©tonner > lorsqu’on se rappelle les difficultĂ©s qu’ont Ă©prouvĂ©es les honUU eS honorables qui ont essayĂ©, les premiers, d’introduire dans notrep a J s l’usage de la pomme de terre et du sucre de betteraves. Que d’ef' forts, que de luttes n’ont-ils pas eu Ă  soutenir pour convainc c les esprits des bonnes qualitĂ©s du premier de ces alimens, cl — 205 — l’identitĂ© du second avec le sucre de canne. Louis XYI et Parmentier, NapolĂ©on et Chaptal n’ont—ils pas Ă©tĂ© bien des Cois sur le point de succomber dans leurs louables tentatives pour rĂ©pandre l’emploi de ces deux substances, qui, maintenant, rendent tant de services Ă  l’économie domestique , aux arts et Ă  l’agriculture? Ce qui s’est passĂ© il y a une quarantaine d’annĂ©es, Ă  l’égard de ces auxiliaires puissans de notre alimentation , se reproduit aujourd’hui, Messieurs, par rapport Ă  la gĂ©latine, et se reproduira Ă  d’autres Ă©poques, quand il s’agira de faire adopter un nouvel Usage ; car il existe et il existera toujours des hommes opposĂ©s Ă  toute amĂ©lioration, ou qui se laisseront guider par des vues systĂ©matiques. Quelle valeur, au reste, accorder aux raisonnemens des adversaires de l’emploi de la gĂ©latine ? S’ils Ă©taient basĂ©s sur des expĂ©riences concluantes, ou au moins sur des inductions thĂ©oriques de quelque poids, on pourrait y accorder quelque attention, les mĂ©diter et en profiter pour amĂ©liorer le systĂšme d’alimentation proposĂ© par M. D’Arcet. Mais non ; jusqu’à prĂ©sent les opposans n’ont avancĂ©, Ă  l’appui de leurs opinions, que des considĂ©rations spĂ©culatives assez vagues, n’ont pu produire le moindre fait e xempt de critique, et se sont bornĂ©s Ă  des dĂ©nĂ©gations. Or, ce n est pas ainsi qu’on peut, dans notre siĂšcle tout positif, combattre , avec avantage, une doctrine, une assertion, une pratique. On s’est beaucoup autorisĂ©, toutefois, de l’abandon des appareils 'le M. D’Arcet dans un ou deux hĂŽpitaux de Paris, oĂč ils avaient l°nctionnĂ© pendant quelque tems , pour soutenir la lutte commencĂ©e contre la gĂ©latine ; mais cet abandon n’a pas l’importance 'I u ’on veut bien y attacher. Qui ne sait que les meilleurs procĂšdes, mal exĂ©cutĂ©s volontairement ou par nĂ©gligence, ne donnent f I’m de mauvais rĂ©sultats ? Pourquoi, dans d’autres hĂŽpitaux de !' at 'is et dans d’autres villes des dĂ©parlemens Reims , Remire- lĂŻl °nt, Lille , Metz d , etc. ces mĂȘmes appareils donnent-ils — 206 — d’excellens produits qu’on sait utiliser avec profit ? Il y a donc eu des causes particuliĂšres qui ont amenĂ© l’abandon de ces appareils Ă  la CharitĂ© et Ă  l’IIĂŽtel-Dieu. Quelles sont-elles ? Nous les connaissons ; mais nous les- tairons , en nous bornant Ă  affirmer qu’elles sont loin de porter atteinte Ă  la bontĂ© du systĂšme d’alimentation que nous dĂ©fendons. Les rĂ©sultats de plusieurs annĂ©es d’expĂ©riences, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac , les lumiĂšres de la chimie, tout tend Ă  dĂ©montrer que la gĂ©latine est une substance nutritive dont on doit chercher Ă  tirer parti pour amĂ©liorer le rĂ©gime des pauvres et des ouvriers. Et remarquez encore l’inconsĂ©quence de ceux qui nient trop lĂ©gĂšrement cette vĂ©ritĂ© incontestable. Ils ne peuvent se refuser Ă  admettre ce qui a Ă©tĂ© reconnu de tout tems, que les substances vĂ©gĂ©tales sont moins nourrissantes que les substances animales, et que, parmi ces derniĂšres, celles qui contiennent le moins d’azote sont aussi moins propres Ă  soutenir les forces de l’homme, que celles dans lesquelles ce principe abonde et cependant ils repoussent la gĂ©latine, qui est, parmi les matiĂšres organiques, une de celles qui renferment le plus d’azote. Je viens de citer, il n’y a qu’un moment, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac ; comme ces recherches sont de la plus haute importance pour la question qui nous occupe et qu’elles ne sont pas encore trĂšs-connues, je vous demande 1 permission de vous en indiquer les principaux rĂ©sultats. Vous vous rappelez tous, sans doute, Messieurs, que M. Donne f jeune chimiste de Paris, avantageusement connu dans les science* a prĂ©sentĂ© Ă  l’Institut, dans la sĂ©ance du 6 juin i83l , un me" moire sur l’emploi de la gĂ©latine, dans lequel il a Ă©levĂ© des doute sur les propriĂ©tĂ©s nutritives de cette substance , en s’appuyant sur quelques expĂ©riences dont les rĂ©sultats semblaient opposĂ©s Ă  ceux des essais antĂ©rieurs. En examinant et discutant attentivement ces expĂ©riences , il n’a pas Ă©tĂ© difficile de dĂ©montrer qu’elles n ont — 207 — aucune valeur et il paraĂźt que M. DonnĂ© en a Ă©tĂ© convaincu , car, depuis son premier mĂ©moire, il n’a pris aucune part Ă  la lutte qu’il avait si lĂ©gĂšrement soulevĂ©e contre la gĂ©latine. Quelque tems aprĂšs, M. Edwards , membre de l’Institut, et l’un de nos plus habiles physiologistes , aidĂ© de M. Balzac, docteur en mĂ©decine, entreprit, dans le silence du laboratoire, une sĂ©rie de recherches expĂ©rimentales pour reconnaĂźtre, par lui-mĂȘme, jusqu’à quel point la gĂ©latine possĂšde la facultĂ© nutritive. Les essais eurent lieu sur des chiens, dont l’alimentation se rapproche le plus de celle de l’homme, et qui, depuis leur domesticitĂ© , ont toujours partagĂ© la nourriture de ce dernier Ă  toutes les Ă©poques de la sociĂ©tĂ© ; la gĂ©latine infĂ©rieure et la gĂ©latine alimentaire furent donnĂ©es Ă  ces animaux , toujours associĂ©es Ă  un autre aliment, le pain , par suite de cette considĂ©ration qui est d’une importance extrĂȘme, que la substance la plus nutritive, employĂ©e seule, cesse bientĂŽt de remplir le but qu’on en attend, comme l’attestent assez les expĂ©riences de M. Magendie, et une foule d’autres qui ont Ă©tĂ© faites depuis. Les rĂ©sultats des nombreux essais de MM. Edwards et fialzac sont les suivons i° Le rĂ©gime de pain et de gĂ©latine est nutritif, mais insuffisant ; 2 ° La gĂ©latine associĂ©e au pain a une part effective dans les QualitĂ©s nutritives de ce rĂ©gime; 3° Le rĂ©gime de pain et de bouillon de viande, remplaçant solution de gĂ©latine , est susceptible d’opĂ©rer une nutrition c °mplĂšte, c’est-Ă -dire d’entretenir la santĂ© et de dĂ©velopper le c °rps; 4° L’addition de bouillon, en petite proportion, au rĂ©gime pain et de gĂ©latine alimentaire, le rend susceptible de fournir ' 1,le nourriture complĂšte , c’est-Ă -dire d’entretenir la santĂ© et de 1 / ev elopperle corps. ^ ^oir Ă  ccl cpard la rĂ©ponse de M, D’Arcet au mĂ©moire de M. DonnĂ© t insĂ©rĂ©e dans le Cc ’-ieil industriel de M. De MolĂ©on , annĂ©e 1851 . — 208 — Des quatre propositions qui composent nos conclusions, disent » MM. Edwards et Balzac, en terminant leur mĂ©moire, il y en a » trois qui sont Ă©tablies sur des rĂ©sultats absolus, et qui fournissent » directement les donnĂ©es requises pour l’application pratique. Je » ne citerai que la derniĂšre, parce que c’était le but dĂ©finitif de » toutes nos recherches sur cette question. » On a proposĂ© comme aliment salutaire et Ă  bon compte un » bouillon fait avec la gĂ©latine extraite des os, et un quart de la » quantitĂ© de viande employĂ©e pour le bouillon ordinaire. Nous » avons obtenu , avec une solution de gĂ©latine extraite des os et » une bien moindre proportion de bouillon de viande que celle qui » est recommandĂ©e et usitĂ©e, des effets nutritifs tellement Ă©ner- » giques, que nous n’avons pas vu de diffĂ©rence entre les deux » espĂšces de bouillon. » AssurĂ©ment, les partisans de l’emploi des mets gĂ©latinisĂ©s ne pouvaient dĂ©sirer des rĂ©sultats plus concluons que ceux obtenus par MM. Edwards et Balzac dans des recherches physiologiques exĂ©cutĂ©es avec autant de sagacitĂ© que de conscience. Ces donnĂ©es de la science s’accordent trop bien avec ce que la pratique a dĂ©montrĂ© pour qu’il reste encore le moindre doute dans l’esprit des personnes mĂȘme les plus prĂ©venues. Ce n’est donc pas sans une bien vive satisfaction que nous avons vu les idĂ©es de M. D’Arcet, que nous avons embrassĂ©es un des premiers, et sou- tenues par nos discours et nos Ă©crits, corroborĂ©es par des faits d’une aussi haute portĂ©e. Je me hĂąte de terminer ce rapport en mettant sous vos yeux le s comptes de revient des diffĂ©rens mets qui ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s devant vos commissaires, lors des expĂ©riences dont je vous ai fait con" naĂźtre les rĂ©sultats. i° La dissolution gĂ©latineuse pure ne revient qu’à un centime le litre, comme on va le voir par le compte ci-aprĂšs — 209 — Prix de revient de la dissolution gĂ©latineuse pour par 24 heures. 1,200 litres Os, 80 kilogrammes, Ă 8 francs les 100 kilogrammes. . "Charbon de terre, 2 hectolitres Ă  3 francs 50 centimes. . 2 journĂ©es , Ă  1 franc 20 centimes. Menus frais... A dĂ©duire, graisse d’os de premiĂšre qualitĂ©, 5 kilo— \ grammes Ă  1 franc.. 5 » RĂ©sidu d’os, 60 kilogrammes, Ă  2 francs 50 centimes les 100 kilogrammes. 1 50 Prix net des 1,200 litres de dissolution. ou moins d’un centime le litre. 6 fr. 40 c. 7 » 2 40 1 » 16 80 6 50 10 30 2°Le litre de bouillon Ă  la gĂ©latine avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre , ne revient qu’à 6 centimes un cinquiĂšme. Prix de revient du bouillon avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre. 1,000 litres de dissolution gĂ©latineuse.. 10 fr. » c. 100 kilogrammes de viande de boucherie, Ă  70 centimes. 70 » LĂ©gumes, 40 kilogrammes au maximum. 11 » Gros sel blanc, 5 kilogrammes 3^4 , Ă  50 francs. .... 2 90 Oignons brĂ»lĂ©s ,1/2 livre, Ă  80 centimes. » 40 Charbon du bain-marie , 3 4 d’hectolitre. 3 50 Main-d’Ɠuvre, une journĂ©e. 1 20 A dĂ©duire, viande cuite, 35 kilogrammes ^ 1 franc. 35 Os, 20 kilogrammes.. 1 Revient des 1,000 litres de bouillon. , ° u 6 centimes 1/5 le litre. 3 ° Le litre de bouillon de viande revient Ă  17 centimes et demi. Prix de revient du bouillon de viande, Ă  une Ivre de viande P a r litre. S00 kilogrammes de viande Ă  70 centimes.* 350 fr. » c. LĂ©gumes..... .. 11 » Se *. 2 90 A reporter .... 363 90 4 60 98 36 60 Kl AO 210 — lieport 363 fr. 90 c. Oignons brĂ»lĂ©s. » Charbon Main-d’Ɠuvre , 40 50 20 A dĂ©duire, 185 kilogrammes de viande cuite. 185 100 kilogrammes d’os. 8 Revient des 1,000 litres de bouillon Ă  la viande ou 17 centimes 1 J 2 le litre. le litre. Prix de revient de la julienne Ă  la gĂ©latine. Sel Charbon. . . . Main-d’Ɠuvre 368 193 » » . 175 » entimes et demi . 10 fr. » C. . 25 » 2 90 4 > 2 50 1 20 45 60 ou 4 centimes 1 /2 le litre. 5° Le litre de soupe au riz ne revient qu’à 6 centimes un quart le litre. Prix de revient de la soupe au riz, au bouillon, pour i,ooo litres. 150 livres de riz, Ă  24 francs le cent. 36 fr. » c. LĂ©gumes. 7 50 Viande pour le bouillon, 14 kilogrammes h 70 centimes trĂšs-grasse . 9 80 Sel, 25 livres, Ă  26 centimes. 6 75 Charbon, 66 kilogrammes. 2 75 62 80 ou 6 centimes 1 /4 le litre. Ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© obtenus Ă  Lille, sur une fabrication d e 3o,ooo litres. — 211 A la suite de ces comptes, nous placerons, pour vous donner une idĂ©e de la force et de la nature des soupes maigres que l’on lait Ă  l’hospice pour le commun, le compte de revient qui nous a Ă©tĂ© communiquĂ© par un des administrateurs de cette maison. Prix de revient de la soupe maigre, pour 5 oo litres ou 1,000 rations. Beurre , 7 livres, Ă  80 centimes. 5 fr. 60 c. Sel, 8 livres. 60 Pommes de terre, 40 livres. 1 50 Charbon. » 50 9 20 ou 1 centime par ration , sans le pain. Il est Ă©vident qu’une soupe pareille n’est, pour ainsi dire, que de l’eau dans laquelle trempe du pain, et qu’elle ne peut servir qu’à tromper la faim et non Ă  la satisfaire. Or, on la distribue quatre jours par semaine aux vieillards de l’hospice. Nous croyons qu’ils sauront apprĂ©cier trĂšs-aisĂ©ment la diffĂ©rence qui existe entre celte soupe et celle Ă  la gĂ©latine, qu’on ne tardera pas, sans doute, Ă  leur donner e. Nous ne terminerons pas, Messieurs, ce rapport, sans nous fĂ©liciter avec vous de l’heureux rĂ©sultat de votre persĂ©vĂ©rance Ă  faire adopter dans cette ville les appareils de M. D’Arcet. Le procĂšs-verbal du 10 avril, dont je vous ai donnĂ© connaissance, et qui est dĂ©posĂ© Ă  la mairie, est lĂ  pour attester que vos prĂ©vis sions sur la bontĂ© des prĂ©parations Ă  la gĂ©latine n’étaient point erronĂ©es , et qu’en conseillant Ă  notre administration de suivre l’exemple de plusieurs autres villes , vous n’avez pas mis trop de prĂ©cipitation dans le jugement que vous aviez porte sur les avantages de toute nature qu’on peut retirer du systĂšme alimentaire dont nous venons de parler. Vous devez ĂȘtre satisfaits d’avoir pris l’initiative relativement Ă  cette question philanthropique , mais — 212 — vous le serez plus encore, si, comme nous l’espĂ©rons, rien ne vient dĂ©sormais arrĂȘter l’essor d’une mesure qui peut procurer tant de bien avec de si faibles moyens. SignĂ© i . Gourdin , rapporteur ; Lebret, pharmacien; LĂ©guillon, pharmacien. Pour copie conforme Le prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© libre d'Émulation de Rouen , Langlois. — 213 — NOTES. a 11 revient, Ă  qualitĂ© Ă©gale, Ă  17 centimes le litre, ou, Ă  qualitĂ© trĂšs-infĂ©rieure, Ă  12 centimes. 5 Il est certain que la dissolution employĂ©e n’était pas trop forte , car la viande n’a pas rougi. c Je ne puis laisser Ă©chapper cette occasion de dire ici combien les soins extrĂȘmes de madame la supĂ©rieure, et en particulier de madame B., qui est spĂ©cialement chargĂ©e du service de la cuisine, ont Ă©tĂ© utiles, et pour prĂ©venir tout prĂ©jugĂ© et tout dĂ©goĂ»t contre la gĂ©latine des os, et pour donner aux produits toute la qualitĂ© qu'on leur a trouvĂ©e. Il est impossible d’apporter , dans d’aussi importantes Ă©preuves , plus de conscience, de loyautĂ© et de zĂšle que ces dames ne l’ont fait. d Dans le cours du dernier hiver, Ă  l’hospice des vieillards de la ville. de Metz , oĂč est employĂ© un appareil Ă  la gĂ©latine, on avait suspendu le travail de cet appareil pendant quelques jours, pour cause de rĂ©parations. Celte suspension occasionna un commencement d’insurrection parmi les vieillards , que l’on remettait momentanĂ©ment Ă  leur ancien rĂ©gime, si peu agrĂ©able et si peu substantiel ; il fallut se hĂąter de reprendre le rĂ©gime Ă  la gĂ©latine et cependant le bouillon qu’on leur donne est prĂ©parĂ© sans viande de bƓuf, mais seulement avec la dissolution gĂ©latineuse, quelques lĂ©gumes que l’on place dans les cylindres mĂȘmes, et une petite quantitĂ© de viande de porc. Je tiens ces faits de M. E. Bouchotte, ancien maire de Metz, qui m’a confirmĂ© de nouveau une diminution remarquable dans la mortalitĂ© et le nombre des maladies parmi les vieillards, depuis l’emploi de la gĂ©latine. c Pour complĂ©ter ce que M. le rapporteur dit des soupes maigres de l’hĂŽpital de Rouen, nous ajouterons ici la composition de la soupe maigre avec laquelle on nourrit pendant toute l’annĂ©e, exceptĂ© deux ou trois jours de fĂȘte, les condamnĂ©s renfermĂ©s dans la plupart des maisons de dĂ©tention de la France. On observera que cette soupe , que nous avons goĂ»tĂ©e Ă  Rouen, Ă©tait faite, sous la surveillance active des administrateurs , avec beaucoup de soins et aussi bonne que peut l’ĂȘtre une soupe entiĂšrement vĂ©gĂ©tale ; mais elle ne peut suffire Ă  la nourriture d’hommes faits, ni de jeunes gens qui se dĂ©veloppent. Aussi avons-nous remarquĂ© que , pour rendre cette soupe plus nourrissante , les jeunes dĂ©tenus, mĂȘmes ceux de 8 Ă  10 ans , Ă©taient obligĂ©s d’y mettre une quanr tuĂ© Ă©norme de pain. 214 — Soupe maigre pour \ 00 dĂ©tenus. Sel, Ă  34 fr. I kil., 50. LĂ©gumes frais, choux, poireaux. LĂ©gumes secs. 7 1 /2 dĂ©cal. de pommes de terre Ă  3 fr. l’hect. . . Ou 10 litres lĂšves, pois, Ă  2 fr.. ‱ 2 f. 20 c. Ou 5 kil. riz, Ă  60 » 1 Pain blanc pour la soupe, Ă  5 dĂ©cag, par individu, Ă  30 cent, le kil. Chauffage, 2 1,2 dĂ©cal. charbon et un petit cotret. . . Ensemble, les 100 litres pour 100 dĂ©tenus. ou 8 cent, le litre par dĂ©tenu . fr. 50 c. 1 2 25 1 50 1 25 7 50 On a vu qu’en ajoutant 100 litres de dissolution gĂ©latineuse , qui ne coĂ»te que 1 centime ou 1 franc pour les 100 dĂ©tenus , on leur donnerait une soupe excellente , parfaitement substantielle et saine ; et si la dĂ©pense ne pouvait pas ĂȘtre augmentĂ©e de 1 centime par individu , il vaudrait encore mieux diminuer 1,8 sur la quantitĂ© de soupe qu’on leur donne, pour payer l’addition de dissolution gĂ©latineuse. Quant aux malades et aux travailleurs, on leur donne un bouillon fait avec Viande de bƓuf, 12 1/2 kil , Ă  12 12 dĂ©cag. par individu, 5 60 centimes le kil. 8 Ir. » Sel, 1 kil. 1/2. »> 410 Poivre , 16 grammes. » 064 1 /2 botte de poireaux. » 200 1 /2 botte de carottes. >, 200 5 kil. pain blanc , Ă  5 dĂ©cag. par individu. 1 500 Bois pour la cuisson. » 660 11 034 ou 12 centimes le litre. On a vu que le litre de bouillon Ă  la gĂ©latine , premiĂšre qualitĂ©, avec 1/4 de livre de viande, ne revient qu’à 6 cent. 1/2; il serait donc trĂšs- facile , en employant la gĂ©latine dans le rĂ©gime de la prison, d’économiser sur le bouillon des malades, tout en le faisant beaucoup meilleur qu’il n’est aujourd’hui, c’est-Ă -dire aussi bon que du bouillon de mĂ©nage, en supposant que sur 300 dĂ©tenus nourris Ă  la soupe maigre , il y en ait seulement 50 nourris au bouillon, et il y en a plus , d’économiser, dis-jc, 3 fr. pour animaliser Ă  la gĂ©latine la soupe maigre de ces 300 prisonniers. Ces diverses notes sont de 31. Grouvelle. S’adresser, pour la construction des appareils Ă  extraire la gĂ©latine des os, et des bains-marie pour fabriquer le bouillon , Ă  M. Ph. Grouvelle , IngĂ©nieur civil , rue des Beaux-Arts , n° 2, Ă  Paris , qui en a dĂ©jĂ  construit un grand nombre. ©©©©©© 9 ©©©©© 3 ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© 0 ©© OBSERVATIONS sun LE POIRIER SAUCIER ET SUR SON PRODUIT, SUIVIES DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES $ V H. LA FABRICATION DES CIDRES Parmi les liqueurs fermentĂ©es qui remplacent le vin dans une infinitĂ© de localitĂ©s dont le climat ne permet pas la culture de la Vigne, le cidre et le poirĂ© tiennent, sans contredit, le premier rang. La connaissance de ces boissons remonte aune assez haute antiquitĂ© 3 , quoique, cependant, celle de la biĂšre soit encore plus ancienne, puisqu’elle se perd dans l’histoire fabuleuse de LĂ©rĂšs etd’Osiris, comme l'indique son nom latin cerevisia. Si c’est Ă  tort que quelques Ă©crivains ont attribuĂ© aux Maures 1 introduction du pommier et du poirier en Espagne, puisqu’il ParaĂźtbien dĂ©montrĂ© que ces arbres sont indigĂšnes dans toute l’Eu— r °pe mĂ©ridionale, il est Ă -peu—prĂšs certain , du moins, que ce s °nt eux qui ont fait connaĂźtre, dans la Navarre et la Biscaye , 1 art d’extraire de leurs fruits des boissons salutaires, et que ce Lues dans la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© centrale d’Agriculture de la Seine-InfĂ©rieure, nue 7 mai 1854 , et insĂ©rĂ©es dans le cabicr de cette sĂ©ance publique , p. 3G. j Les anciens connaissaient le cidre poirĂ© , comme on le voit par le passage suivant ^ĂŒne le naturaliste lib. xiv, cap. 19 Vinum Jit, et e siliquĂą -syriaeĂą, et e piris , 0r umqne omnibus generibus . — Le mot cidre, qu’on Ă©crivait d’abord sidre, dĂ©rive du 01 latin sicera, qui servait Ă  dĂ©signer toutes les liqueurs fermentĂ©es, autres que le vin. — 216 — sont les Dieppols, ces antiques navigateurs , qui ont rapportĂ© de ces derniers pays les meilleures variĂ©tĂ©s de ces arbres qui devaient un jour couvrir le sol de la Normandie et contribuer Ă  sa prospĂ©ritĂ©. L’époque prĂ©cise de cette prĂ©cieuse importation est ignorĂ©e ; on peut, toutefois, la placer au sixiĂšme siĂšcle , puisque , dĂšs 587, le poirĂ© piracium Ă©tait une liqueur dĂ©jĂ  assez connue, pour que sainte Radegonde, reine de France, en bĂ»t journellement. Ce n’est cependant qu’a partir du quatorziĂšme siĂšcle que l’usage du cidre est devenu gĂ©nĂ©ral dans notre province, oĂč la biĂšre, alors connue sous le nom de ccrvoise , Ă©tait la boisson populaire. De la Normandie, l’emploi du cidre et du poirĂ© se rĂ©pandit dans quelques autres parties de la France, d’oĂč il fu l transportĂ©, plus tard, en Angleterre , en Allemagne , en Russie et en AmĂ©rique. C’est cependant encore dans quelques mes de notre terre normande qu’on prĂ©pare les boissons de ce genre les plus renommĂ©es. Depuis quelques siĂšcles, la fabrication du cidre a pris une trĂšs-grande extension dans les parties septentrionales de la France ; mais celle du poirĂ© est loin d’avoir reçu le mĂȘme dĂ©veloppement 1 . La prĂ©fĂ©rence accordĂ©e Ă  la premiĂšre de ces liqueurs * D'aprĂšs des relĂšves statistiques qui paraissent mĂ©riter quelque confiance , la quantitĂ© de cidre et de poirĂ© fabriquĂ©e dans les cinq depavtemcns de l’ancienne riormandie, s'Ă©lĂšve aux chifFics suivons ; NOMS DES DÉPARTEMENS. CIDRE. POIRÉ. hectolitres. hectolitres. 1,621,921 » 901,251 118,449 564,293 92,378 562,668 2S1,332 472,534 375,666 Total. 4,22,447 867,825 Sur ces quantitĂ©s ,on convertit en eau-de-vie Ă  20° ou 22°, Dans le Calvados , plus de 50,000 hect. de cidre ou de poirĂ© pur; L'Eure, 00,000 de poirĂ©; La Manche, Ă  peu prĂšs la mĂȘme quantitĂ©; Jfc’Ornr 06 ,.3 70 de poirĂ©. — 217 — dĂ©pend de ce qu’elle possĂšde un goĂ»t plus agrĂ©able, des propriĂ©tĂ©s plus salubres ,et qu’elle peut se conserver plus long-tems et plus facilement. On attribue gĂ©nĂ©ralement au poirĂ© une action fĂącheuse sur tout le systĂšme nerveux ; il est moins nourrissant, plus irritant que le cidre, trĂšs-capiteux lorsqu’il est vieux, et il enivre promptement ceux qui n’en font pas un usage habituel. Ce liquide a, nĂ©anmoins, d’excellentes qualitĂ©s. Sans vouloir lui attribuer des vertus merveilleuses, comme celles, par exemple, d’augmenter le lait des nourrices, de diminuer l’embonpoint des personnes obĂšses, de prĂ©venir l’hydropisie , etc., on doit reconnaĂźtre que c’est une boisson lĂ©gĂšre, diurĂ©tique, fort agrĂ©able lorsque sa fermentation est achevĂ©e. Plus alcoolique que le cidre , le poirĂ© de premiĂšre qualitĂ© ressemble beaucoup aux petits vins blancs de l’Anjou, de la Sologne. Mis en bouteilles, aprĂšs une bonne prĂ©paration, il devient complĂštement vieux, et peut ĂȘtre alors confondu, par les palais peu exercĂ©s, avec les vins que nous venons de citer. Mousseux , il prend souvent le masque des vins lĂ©gers de la Champagne_ Il est trĂšs- propre Ă  couper les vins blancs de mĂ©diocre qualitĂ©, qu’il rend plus forts et mĂȘme meilleurs ; c’est ce que savent fort bien les marchands de vin de Paris, qui font entrer dans leurs caves une grande partie des poirĂ©s de la Normandie, et notamment du Bocage. Souvent mĂȘme, Ă  Paris comme Ă  Rouen , les dĂ©taillans vendent le poirĂ© pur comme vin blanc ; c’est ce dont nous Sous sommes assurĂ©s, en examinant, en 1832, sur l’invitation de M. II. Barbet, maire de Rouen, les vins des petits marchands des faubourgs 1 . Malheureusement tous les poirĂ©s ne possĂšdent pas les bonnes 4 u »litĂ©s dont nous venons de parler. La plupart, faits avec des poires d’une ĂąpretĂ© extrĂȘme, conservent un goĂ»t Ă©galement Ăąpre. vins nous ont donnĂ©, par une Ă©vaporation mĂ©nagĂ©e, un rĂ©sidu abondant, gĂ©latini- 0rme > sucre, d'une saveur agrĂ©able de poire , ne renfermant point de tartre , mais coute- **1> au contraire , beaucoup d'acide nialirjne , de sucre, de mucilage et de sels de cbauv , >n *tiĂšros qui constituent essentiellement les poires et les cidres. — 218 — Aussi sont-ils d’ordinaire la boisson des journaliers et des pauvres, d’autant plus que leur prix est toujours fort infĂ©rieur Ă  celui du cidre. Il est Ă  regretter qu’on apporte si peu de soins Ă  la prĂ©paration d’une liqueur qui pourrait ĂȘtre la source d’un assez grand revenu pour les fermiers. En effet, en raison de la plus grande abondance du sucre dans les poires que dans les pommes , le jus fermentĂ© des premiĂšres produit gĂ©nĂ©ralement beaucoup plus d’esprit que celui des secondes, et de bien meilleur qualitĂ©. Terme moyen , le poirĂ© donne le dixiĂšme de son volume d’eau- de-vie Ă  20 ou 22°, eau-de-vie qui peut convenir Ă  presque tous les emplois de celle qu’on obtient du vin. Le poirĂ© produit, en outre, un vinaigre bien supĂ©rieur Ă  celui du cidre.... Les poires fournissant presque moitiĂ© plus de jus que les pommes, il faut, consĂ©quemment, moins de poires pour avoir la mĂȘme quantitĂ© de liqueur. En choisissant les meilleures variĂ©tĂ©s de poiriers Ă  poirĂ© pour la culture, brassant leurs fruits avec intelligence, sans ajouter d’eau , les fermiers trouveraient donc , dans le placement de leur poirĂ© , soit chez les marchands de vin des grandes villes, soit chez les distillateurs, soit enfin chez les vinaigriers, des bĂ©nĂ©fices avantageux. Ce qui doit encore encourager nos cultivateurs Ă  donner plus d’attention qu’ils ne l’ont fait jusqu’à ce jour Ă  la multiplication des poiriers, c’est que cette espĂšce d’arbre, moins difficile sur la qualitĂ© du terrain que le pommier, prospĂšre aussi bien dans les terres lĂ©gĂšres peu fertiles , que dans les terres fortes et humides , qui ne sont pas favorables Ă  la culture du pommier, et qu’elle rapporte ordinairement plus de fruits que ce dernier. D’autres avantages sont encore attachĂ©s Ă  la culture du poirier Ă  poirĂ©. AcquĂ©rant de plus grandes dimensions que le pommier S 1 Le pommier, comme on sait, ne s’élĂšve guere qu'Ă  20 ou 2o pieds } tandis que le p ce qui le rend trĂšs-propre aux travaux des menuisiers, Moeurs et Ă©bĂ©nistes, qui en font grand cas. Il prend supĂ©- .'^renient h» couleur noire, et peut alors imiter l’ébĂšne. AprĂšs °>s de cormier, c’est le meilleur dont on puisse faire usage I>Ou r i v . Ja gravure sur bois. Les graveurs pour papiers peints, pour s d' tnntS ’ ^ ' em P^° ent de prĂ©fĂ©rence Ă  tout autre , et cette con— 0 ;-ti°n n ’ es t certainement pas sans importance dans un pays 8 j ’ C0I Dme le nĂŽtre , les fabriques de toiles peintes ont acquis un S^and dĂ©veloppement 3 . evra_t-on conclure de ce qui prĂ©cĂšde qu’il faut, dĂ©sormais, teff ^ Cll ^ ure ^ es P omm ers pour s’attacher exclusivement Ă  6 des poiriers ? Telle n’est pas notre pensĂ©e. Nos champs, nos ^ S er s, doivent garder leur plus prĂ©cieux ornement; les pom- ^ Son t et seront toujours la richesse de la Normandie ; leur 'PEeation devrait mĂȘme recevoir plus d’accroissement, puis- es t certain que notre sol ne produit pas assez de cidre pour ^U C0U p,; un poirier Ă  Erford en Angleterre , qui avait dix-huit pieds de tour Ăź ^ ai * ann ucHement 7 muids de poirĂ©. * fnS Pltt P^°y a ient le bois du poirier pour sculpter des statues. Pausanias non» Plus qUG ^ plu * ancien »e statue de Jnnon en Ă©tait faite. Cet arbre est, en effet , r,m f *S p rs ,]i^.* enncuicn *' cu ^trves. HomĂšre !e fait dĂ©jĂ  figurer sons le nom d’Oyj^yja dans le» Cln ° lls Pt fin vieux Laerte Ottyss., vu , ISO. — 220 — satisfaire Ă  la consommation de ses habitans et aux besoins de f departemens limitrophes ; mais nous voudrions que les poiriers , dont la culture ne peut nuire en aucune maniĂšre Ă  celle d’ pommiers , entrassent pour une plus grande part dans nos plan" tĂątions rurales. La SociĂ©tĂ© d’Agriculture, dont les idĂ©es, Ă  cet Ă©gard, son 1 conformes aux nĂŽtres, a cherchĂ©, Ă  diffĂ©rentes Ă©poques, Ă  pr°' pager cet arbre dans nos campagnes. Peu de tems aprĂšs so rĂ©tablissement, elle s’est occupĂ©e de cette question important d’économie rurale, et a tentĂ© l’introduction de quelques variĂ©t 5 prĂ©cieuses, inconnues Ă  notre dĂ©partement; malheureusement’ ses essais n’ont pu ĂȘtre poursuivis, par suite de circonstanc 1 ’ particuliĂšres. Tout rĂ©cemment, l’un de ses membres les p' 5 distinguĂ©s , M, Justin, a reportĂ© l’attention de la compagnie s 1 ce sujet si intĂ©ressant, en lui prĂ©sentant des fruits du poin er " saugier, qu’il cultive depuis plusieurs annĂ©es dans sa propri' e de Fresne—le—Plan. EngagĂ© par mes confrĂšres Ă  examiner nature du poirĂ© que ces fruits pourraient fournir , j’ai fait I e ’ essais suivans sur les deux bouteilles de mont provenant de l 1 ^ brassage. Le moĂ»t des poires de sauge Ă©tait fort sucrĂ©, assez de» s ’ lĂ©gĂšrement teint en fauve ; il a fermentĂ© trĂšs-lentement. Essaye Ă  une certaine Ă©poque de sa fermentation , il a fourni ' liquide alcoolique qui marquait 24° Ă  l’alcoomĂštre centĂ©simal’ ; la tempĂ©rature de -f- i 5 ° centigrades, ce qui indique que le p°’ r renfermait alors 8,oo pour too d’alcool anhydre ou chimique 16 pur - _ .rit AprĂšs une fermentation plus avancĂ©e, il a produit uu e5 P , marquant 25 ° Ă  l’alcoomĂštre, Ă  -f- i 5 ° il contenait don’ cette Ă©poque, 8,33 pour loo d’alcool anhydre. Enfin , aprĂšs plusieurs mois de bouteille, et lorsque sa ferin e tation a Ă©tĂ© complĂštement achevĂ©e, il a donnĂ© un esprit m a quant 26° au mĂȘme instrument, Ă  + i5°, ce qui montre d’aprĂšs M. PiĂ©rard, qui s’est beaucoup occupĂ© de cet arbre, ^ croĂźt trĂšs-facilement Ă  toutes les expositions, dans les vallons e * sur les coteaux, dans les terrains sablonneux et glaiseux. II e5 * trĂšs-fertile et porte presque tous les ans, parce que ses fleur 5 ’ qui paraissent plus tard que celles des autres poiriers, ne sof 1 point sujettes Ă  la coulure. Les vents qui, dans certains pays et Ă  diverses Ă©poques de l’annĂ©e, diminuent beaucoup la rĂ©colte & ei arbres fruitiers , sont moins dangereux pour le saugier, Ă  rais 0 " de ce que ses fruits adhĂšrent plus fortement aux branche 5 ' Dans le GĂątinais, chaque arbre rapporte annuellement de 36 francs. Les poires de sauge ont une chair trĂšs-succulente, parfu" 1 6 et d’un goĂ»t relevĂ© ; elles exhalent une odeur qui a beauco u P d’analogie avec celle du coing. Cuites, elles sont trĂšs-savoureus eS ’ dessĂ©chĂ©es , elles peuvent servir et servent, en effet, dans I e5 pays oĂč on les rĂ©colte, Ă  prĂ©parer des boissons Ă©conomiq ueS ’ salubres et agrĂ©ables. Enfin, un dernier avantage du poirrft' saugier, c’est qu’il croĂźt bien plus vĂźte que le poirier franc. On distingue cinq variĂ©tĂ©s de poirier—saugier, qu’on desig 0 par les noms de sauge blanc, gros sauge, petit sauge, saug e — 223 rouge ou gris, et sauge Ă  jleurs tardives. Celte derniĂšre est la plus recherchĂ©e, Ă  cause de son produit, et parce que ses fleurs s’épanouissant plus tard que celles des autres sortes de saugier, ne sont pas atteintes par les gelĂ©es tardives. Pendant l’hiver de 1821 Ă  1822, des greffes d’une de ces variĂ©tĂ©s furent demandĂ©es , au nom de la SociĂ©tĂ©, par M. Du- breuil, reçues et distribuĂ©es Ă  MM. Dubreuil, PrĂ©vost, pĂ©piniĂ©riste, Le Carpentier, Justin et Lebret. Le i 5 avril 1822, M. PrĂ©vost en greffa treize sujets dont il conserve encore quelques uns. Cette variĂ©tĂ©, venue sans dĂ©signation spĂ©ciale, s’est trouvĂ©e ĂȘtre le gros sauge, la mĂȘme que celle qui a produit, en i 833 , chez M. Justin. Il y a cinq ans, que l’un de ces arbres , greffĂ© sur cognassier, chez M. PrĂ©vost, a donnĂ© ses premiers fruits , gros, bien colorĂ©s et fort agrĂ©ables Ă©tant cuits. Pendant l’hiver de 1822 Ă  1823, feu M. Amelot, alors trĂ©sorier de la SociĂ©tĂ© , fit venir et distribua des greffes de quatre variĂ©tĂ©s du saugier , savoir le gros sauge , le petit sauge, le sauge gris et le sauge blanc. M. PrĂ©vost conserve, dans son Ă©cole , un arbre de chacune de ces variĂ©tĂ©s. Deux d’entre elles seulement ont fructifiĂ© le gros sauge, il y a cinq ans, et le petit sauge, l’an dernier, pour la premiĂšre fois. Ces variĂ©tĂ©s se distinguent de nos poiriers Ă  cidre par plus de ligueur, un port plus Ă©levĂ© , la couleur de l’écorce qui est un peu plus blanchĂątre, l’épaisseur du feuillage, et par des feuilles plus Ă©troites et plus cotonneuses. M. PrĂ©vost a remarquĂ©, et il n e sait si cela tient au plus ou moins d’analogie entre la greffe et sujet, que le petit et le gros sauges sont, chez lui, plus vigou- reu X et poussent plus verticalement que les deux autres variĂ©tĂ©s fl" il cultivĂ© Ă©galement. Le petit sauge Ă©tait, l’automne dernier, c °uvert de fruits jaunes , succulens et trĂšs-odorans , de forme turbinĂ©e globuleuse , ayant douze Ă  quinze lignes de diamĂštre et a pĂ©doncule court. Ces fruits, gardĂ©s trop long-tems, ont n °irci ; ils ne paraissent pas devoir se conserver aussi bien — 224 — que ceux du gros sauge. Dans toutes les variĂ©tĂ©s, le suc est sucrĂ©, agrĂ©able, et n’a rien de commun avec la saveur acerbe de nos poires Ă  cidre. Par toutes les considĂ©rations qui prĂ©cĂšdent, nous joindrons notre voix Ă  celle de M. Justin pour appeler votre attention, Messieurs, sur l’arbre dont il vient d’ĂȘtre question dans cette notice, et nous rĂ©pĂ©terons ici ce que M. Dubreuil vous disait en 1824, qu’il serait trĂšs-intĂ©ressant et extrĂȘmement utile d’introduire la culture du saugiev dans notre dĂ©partement. Nous insistons pour que les essais commences, il y a neuf ans, soient repris , et que la Compagnie donne tous ses soins Ă  la culture d’un arbre qui pourra peut-ĂȘtre un jour consoler nos fermiers de la destruction de leurs pommiers, envahis par un ennemi lepuceron lanigĂšre d’autant plus redoutable, qu’il est plus frĂȘle, et qu’il se multiplie avec une effrayante rapiditĂ©. Nous avons donnĂ© Ă  entendre , dans le cours de cette notice, que la fabrication du cidre et du poirĂ© , dans nos campagnes, ne se fait pas avec tous les soins nĂ©cessaires. Cela n’est que trop vrai ; la plupart du tems on nĂ©glige une foule de prĂ©cautions dont 1 oubli influe d’une maniĂšre fĂącheuse sur la qualitĂ© de ces liqueurs ; souvent mĂȘme, soit par ignorance, soit par suite de prĂ©juges transmis d’ñge en Ăąge, on emploie des pratiques que la saine thĂ©orie rĂ©prouve. Ne voulant ni ne pouvant rappeler ici toutes les fautes que l’on commet, nous nous bornerons Ă  en signaler deux qui sont capitales, et contre lesquelles nous ne saurions trop nous Ă©lever La premiĂšre est dans l’emploi d’eaux de mares pourries. Dan s la plupart de nos fermes, les mares qui servent aux besoins jour*" naliers sont dans l’état le plus dĂ©plorable. Trop rapprochĂ©es de* bĂątimens, elles reçoivent presque toujours les Ă©goĂ»ts de la fosse aux fumiers, qui en est aussi Ă  proximitĂ© , et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent dans le voisinage a — 225 — la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrĂ©mens ; les feuilles des arbres, des dĂ©tritus de tout genre, y tombent et y pourrissent ; aussi, les eaux de ces fosses, qui sont trĂšs—rarement curĂ©es , ne sont—elles, Ă  proprement parler, que des lessives chargĂ©es de matiĂšres solubles , vĂ©gĂ©tales et animales, d’oĂč il rĂ©sulte qu’elles sont constamment louches , colorĂ©es , odorantes et sapides. TrĂšs-souvent elles se couvrent de vĂ©gĂ©tations Ă  leur surface, et elles reposent, d’ailleurs, sur une vase plus ou moins Ă©paisse, qui y entretient un foyer de corruption. Presque tous les cultivateurs sont fermement convaincus que ces sortes d’eaux sont plus propres que les eaux limpides et pures Ă  la macĂ©ration des marcs, Ă  la fermentation des jus, et qu’il en faut moins pour faire sortir le suc des cloisons du fruit. Sans doute, les eaux de mares bien entretenues, frĂ©quemment curĂ©es, et qui sont Ă  l’abri des causes d’infection dont nous venons de parler, sont prĂ©fĂ©rables, pour la fabrication du cidre, aux eaux de puits, parce qu’elles contiennent moins de sels calcaires ; mais c’est une erreur funeste d’attribuer les mĂȘmes qualitĂ©s Ă  celles des mares pourries. Il est aisĂ© de concevoir que les matiĂšres e trangĂšres organiques, qui se corrompent dans leur sein, doivent changer la saveur du cidre, et lui communiquer un goĂ»t dĂ©testable ; car, la plupart du tems, ces matiĂšres ne sont pas volatiles, 1,1 susceptibles de disparaĂźtre par la fermentation que subit le s >tcre contenu dans le jus des pommes ; et si les habitans des Pays Ă  cidre ne reconnaissent pas le mauvais goĂ»t de leur bois- s °n, il faut l’attribuer Ă  l’habitude qu’ils en ont. — C’est aux gens instruits, aux propriĂ©taires qui rĂ©sident dans leurs terres , a rĂ©unir leurs efforts pour dĂ©raciner un prĂ©jugĂ© qui n’a de crĂ©dit *l Ue par son anciennetĂ©, en rĂ©pĂ©tant sans cesse autour d’eux que ^ es eaux les plus propres Ă  la fabrication du bon cidre sont celle s 1 U s °nt claires , insipides et sans odeur. ^a seconde faute, non moins frĂ©quemment commise par nos i5 fermiers, c’est le peu de soins qu’ils apportent dans le choix de leurs fruits Ă  piler ; et cependant, c’est, sans contredit, le point le plus important de toute l’operation. On sait combien la nature des pommes et des poires influe sur la qualitĂ© de leur jus fermentĂ©. L’expĂ©rience ayant dĂ©montrĂ© qu’on ne peut obtenir gĂ©nĂ©ralement de bon cidre avec les fruits d’un mĂȘme solage , c’est-Ă -dire d’une seule espĂšce, on doit mĂ©langer les espĂšces de maniĂšre Ă  neutraliser les mauvaises qualitĂ©s des unes par les bonnes qualitĂ©s des autres ; mais, pour faire ces mĂ©langes, il y a des principes dont on ne saurait, sans de graves inconvĂ©niens , nĂ©gliger l’observation. Le plus essentiel, c’est d’assortir les espĂšces qui arrivent en mĂȘme tems Ă  leur point de maturitĂ©, et de ne pas rĂ©unir, comme on le fait trop souvent, des fruits verts avec des fruits mfirs, et souvent encore avec des fruits arrivĂ©s au dernier terme du blessissement ; car il est un fait qu’on devrait toujours avoir prĂ©sent Ă  la pensĂ©e, c’est que la force et la bontĂ© des cidres et des poirĂ©s dĂ©pendent entiĂšrement de l’état de maturation des fruits, ou, en d’autres termes, de la proportion de sucre qu’ils contiennent. Avant leur ternie de maturitĂ©, les pommes et les poires ne renferment qu’une trĂšs-petite partie du sucre que la maturation y dĂ©veloppe aux dĂ©pens de la gomme e* du ligneux. AprĂšs la maturitĂ©, lorsqu’elles sont blettes, et, Ă  plus forte raison, qu’elles sont dĂ©jĂ  brunes et de consistance pulpeuse, la majeure portion du sucre a disparu, par suite d’un commencement de fermentation vineuse, qui le transforme eu alcool et en acide carbonique qui se dissipent dans l’air. Les recherches de MM. Couverchel et BĂ©rard, sur la composition chimique des fruits, Ă  leurs diffĂ©rentes Ă©poques de maturitĂ© sont extrĂȘmement curieuses sous ce rapport, et mettent hors de doute les assertions que nous venons d’émettre 1 . On va en jug er 1 MĂ©moire sur la maturation des fruits , par llĂ©rard. Annales de chimie et dephysiQ 11 *’ t. 16, p. 152 et 225. MĂ©moire sur la maturation des fruits, par Couverchel. pharmacie et des sciences accessoires, t. jl 249. 227 par le tableau suivant, qui prĂ©sente les rĂ©sultats de trois analyses de poires, de l’espĂšce appelĂ©e cuisse-madame, faites par M. BĂ©rard. PRINCIPES CONSTITUANS. POIRES VERTES. POIRES MURES. POIRES ENTIÈRRMEKT BLETTES. MatiĂšre colorante verte. 0,08 0,01 0,04 Albumine vĂ©gĂ©tale. 0,08 0,21 0,23 Ligneux ou fibre vĂ©gĂ©tale.... 3,80 2,19 1,85 Gomme. 3,17 2,07 2,62 Acide malique. 0,11 0,08 0,61 Chaux. 0,03 0,04 traces. Eau. 86,28 83,88 62,73 Sucre. 6,45 11,52 8,77 Total. 100,00 100,00 76,85 ' La perte Ă©norme de 23,15 sur ioo, que prĂ©sente l’analyse des poires blettes, doit ĂȘtre attribuĂ©e, en trĂšs-grande partie, Ă  l’eau qu’elles laissent Ă©vaporer Ă  leur surface, et Ă  l’acide carbonique qui rĂ©sulte de la dĂ©composition spontanĂ©e du sucre ; l’expĂ©rience dĂ©montre que les fruits qui blessissent dĂ©gagent du gaz acide carbonique en abondance. La disparition d’une partie du sucre, dans ces fruits, est la cause du goĂ»t fade qu’ils prĂ©sentent alors. Il ne faut donc brasser les fruits que lorsqu’ils sont parvenus Ă  leur maturitĂ© parfaite ; et si les circonstances exigent qu’on en fasse la cueillette un peu avant cette Ă©poque, il est indispensable de les conserver pendant quelque tems, Ă  l’abri de la pluie, 1 On ne voit pas figurer dans ces analyses la pectine ou principe gĂ©latineux, le malate potasse, et le tannin ou l’acide gallique, qui entrent cependant dans la composition de t°ns les fruits charnus. La prĂ©sence de ce dernier principe se manifeste assez souvent quand 00 coupe des poires ou des pommes , parla couleur noire que prend le couteau. La diffĂ©- lf, Ă»ce de saveur de ces fruits tient , d’une part, aux diffĂ©rentes proportions d’acide, de sucre de gomme, et, d’une autre part, Ă  une substance aromatique particuliĂšre, peut-ĂȘtre 'olatile, dont l’existence n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par l’analyse, Bej-zelivs .} — 228 — dans des celliers , magasins ou hangars, jusqu’à ce que la maturation, qui continue mĂȘme aprĂšs leur dĂ©tachement des arbres, soit suffisamment avancĂ©e pour qu’ils aient acquis la plus grande proportion de matiĂšre sucrĂ©e. Passe ce terme, ils ne pourraient que perdre Ă  ĂȘtre conservĂ©s. En general, on garde trop long— tems les pommes avant de les piler, et surtout on a grand tort d’en former des tas considĂ©rables, car une fermentation s’établit bientĂŽt dans le centre de ces masses, une chaleur trĂšs-forte s’y dĂ©veloppe ; aussi, les fruits places dans ces conditions dĂ©favorables ne tardent pas Ă  pourrir. Ce qui prĂ©cĂšde doit faire sentir combien est contraire Ă  la saine thĂ©orie l’usage, malheureusement trop suivi dans les campagnes , de laisser les fruits pourris dans le pressurage, usage Ă©tabli sur ce prĂ©jugĂ© , que les pommes pourries amĂ©liorent la qualitĂ© du cidre j et ce ne sont pas seulement les simples cultivateurs qui sont imbus de cette croyance ; des hommes instruits et rĂ©flĂ©chis la partagent ; nous voyons, en effet, dans les mĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale d’agriculture et de commerce de Caen, un savant naturaliste soutenir que , pour faire du bon cidre , il faut au moins un dixiĂšme de pommes pourries i. Puisque, comme nous venons de le faire remarquer, la proportion du sucre diminue dans les poires, Ă  mesure que leur blessissement avance, on conçoit qu’il n’en doit plus rester que des traces lorsque cette espĂšce de fermentation alcoolique a fait plus de progrĂšs, et que le fruit est entiĂšrement pourri. Le jus retirĂ© de pareils fruits n’a plus, en effet, qu’une saveur fade et dĂ©testable, qui donne au jus des bons fruits un goĂ»t de pourri, qui ne peut disparaĂźtre ni par la lermentation , ni par le remaniage , ni par le tems ; il empĂȘche, en outre, le cidre de s’éclaircir, et agissant comme un levain acide, il en accĂ©lĂšre l’acidification. Tout prouve que l’infĂ©rioritĂ© de beaucoup de cidres des environs de 1 MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale d’agriculture et de Commerce de Caen, t. 1, p* 1 — Obsetyations sur les commĂźtes Ă  cidre, par M. Pe Brcbisson, de Falaise. — 229 Rouen , du pays d’Auge, et d’autres localitĂ©s, est due en grande partie Ă  l’emploi de fruits gĂątĂ©s ou pourris. — Ce que nous venons de dire Ă  l’égard de ces derniers , il faut Ă©galement l’appliquer Ă  ceux qu’on ramasse au pied des arbres, avant la rĂ©colte, et dont la chute prĂ©maturĂ©e est provoquĂ©e par plusieurs causes, comme de grands vents, la piqĂ»re d’insectes , la surabondance des fruits sur les branches. Ces pommes ou poires tombĂ©es doivent ĂȘtre brassĂ©es Ă  part, car elles donnent un jus de mauvaise qualitĂ©, qui tourne trĂšs-promptement Ă  l’aigre. On ne saurait donc apporter trop de soins Ă  sĂ©parer des bons fruits ceux qui sont pourris, piquĂ©s, ou qui sont tombĂ©s avant leur maturitĂ©. Nous nous bornerons Ă  ces considĂ©rations , que le teins nous empĂȘche de complĂ©ter, pour faire sentir combien la fabrication des cidres et poirĂ©s aurait besoin d’ĂȘtre amĂ©liorĂ©e dans nos pays, oĂč son antiquitĂ©, cependant, aurait dĂ» la dĂ©gager depuis long-tems des langes de la routine et de l’ignorance. Plus tard, dans un travail d’une Ă©tendue proportionnĂ©e Ă  l’importance du sujet, nous examinerons cette industrie d’une maniĂšre plus large, et nous chercherons Ă  dĂ©montrer les vices d’une foule de pratiques grossiĂšres auxquelles se livrent les habitons des paysdiffé— ĂŻens oĂč l’on s’occupe du brassage des fruits. DISCOURS PRONONCÉ IjV. 3 JUIN 1834 , A L’OUVERTURK DU COURS D’APPLICATION, fait a l’école de chimie de rouen. Messieurs, Examiner , sous le triple rapport de l’histoire naturelle, de la chimie et du commerce, les nombreuses matiĂšres premiĂšres, tirĂ©es des trois rĂšgnes, qui servent aux travaux du blanchiment, de la teinture et de l’impression des toiles, tel est l’objet du cours d’application que nous allons faire succĂ©der au cours de chimie gĂ©nĂ©rale , terminĂ© il y a peu de temps. Il n’est pas inutile d’entrer dans quelques dĂ©veloppemens, pour vous faire sentir l’importance des leçons que nous devons consacrer Ă  un sujet si propre Ă  captiver l’attention de tous ceux qui se livrent Ă  l’un ou l’autre des arts qui occupent le premier rang dans l’industrie de notre dĂ©partement. Les diffĂ©rens tissus, sur lesquels la patience de l’homme s’exerce pour les approprier Ă  ses besoins , ne peuvent ĂȘtre dĂ©pouillĂ©s de leur couleur foncĂ©e naturelle , c’est-Ă -dire rendus parfaitement blancs, chargĂ©s ensuite de riches couleurs, et revĂȘtus de brilla 113 dessins, que le caprice de la mode modifie de mille maniĂšres, q uc par l’emploi de procĂ©dĂ©s purement chimiques. Mais ceux-ci ne peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s sans le secours d’agens variĂ©s, de substance» — 23 i minĂ©rales et organiques, dont le choix est nĂ©cessairement subordonnĂ© Ă  l’effet qu’il s’agit de produire. La connaissance parfaite de la nature et des propriĂ©tĂ©s de ces agens et de ces substances est donc une des premiĂšres conditions Ă  remplir par celui qui veut en faire usage. On regarderait » comme un ignorant, disait Home, en 17 56 1 , le mĂ©decin qui » ne connaĂźtrait pas la composition des remĂšdes qu’il ordonnerait. » Pourquoi n’aurait-on pas la mĂȘme idĂ©e de l’industriel qui em- » ploie des agens dont il ignore la nature ? » NĂ©anmoins, bien que le simple bon sens indique aux manufacturiers la nĂ©cessitĂ© d’étudier avec soin les matiĂšres qu’ils mettent en Ɠuvre, c’est gĂ©nĂ©ralement sur ce point qu’ils ont le plus besoin d’ĂȘtre Ă©clairĂ©s. S’il est trĂšs-vrai que , depuis une trentaine d’annĂ©es , les sciences , en pĂ©nĂ©trant davantage dans les ateliers, aient communiquĂ© une heureuse et nouvelle direction aux diverses branches de l’industrie, et affaibli considĂ©rablement l’empire que la routine exerçait sur les ouvriers, aussi bien que sur les maĂźtres, il faut reconnaĂźtre , toutefois , que nos fabriques , ou au moins le plus grand nombre d’entre elles, n’ont pas profitĂ©, autant qu’il Ă©tait permis de l’espĂ©rer, des enseignemens de la thĂ©orie. La cause en est dans le petit nombre d’industriels vĂ©ritablement instruits , et capables de saisir la portĂ©e des conseils que les gens de science leur adressent si gĂ©nĂ©reusement. La plupart, en effet, de ceux qui se vouent Ă  la pratique des arts chimiques, n’étudient nullement la science, qui seule peut leur faire entrevoir les amĂ©liorations utiles, et les mettre en garde contre les accidens qui, trop souvent, surviennent dans les opĂ©rations en grand. C’est un trĂšs-grand mal que ce dĂ©faut de connaissances chi— Cliques chez des hommes appelĂ©s chaque jour Ă  les appliquer ; car, ou ils consomment leur activitĂ© en tĂątonnemens stĂ©riles , en essais presque toujours ruineux , ou ils n’osent sortir du sentier tracĂ© par la routine, de crainte de s’égarer, et, dĂšs—lors, il n’y a Experiments on Bleaching, by Francis Home, l";>0 , j>. 9». — 232 — plus, pour eux, ni perfectionnemeus, ni progrĂšs possibles. Aussi, comme, en industrie aussi bien que dans les sciences, celui qui n’avance pas recule nĂ©cessairement, il rĂ©sulte que bientĂŽt ils restent au-dessous de leurs rivaux, qui les Ă©crasent en s’enrichissant. Ce qui manque surtout aux praticiens qui, comme les blanchisseurs , les teinturiers et les indienneurs, ont recours Ă  l’emploi d’une foule d’ingrĂ©diens de toute nature , c’est, ainsi que nous le disions tout Ă  l’heure, une connaissance exacte des matiĂšres premiĂšres avec lesquelles ils opĂšrent. Certes, nous ne craindrons pas d’ĂȘtre dĂ©mentis en avançant qu’il y en a bien peu qui puissent, Ă  la premiĂšre vue, distinguer nettement les divers produits chimiques si nĂ©cessaires Ă  leurs travaux ; et, Ă  plus forte raison , s’apercevoir de leur bonne ou mauvaise qualitĂ© ; et cependant, n’est-ce pas un point capital pour eux de savoir constater l’identitĂ© des mĂȘmes corps, qui, souvent, en raison de lĂ©gĂšres diffĂ©rences dans leurs caractĂšres extĂ©rieurs, portent des noms diffĂ©rens dans le commerce; apprĂ©cier leur valeur reelle, et dĂ©couvrir leurs altĂ©rations, soit qu’elles viennent du hasard, soit qu’elles rĂ©sultent de coupables pratiques ! Si, comme tout praticien le reconnaĂźt , la purete et la bonne prĂ©paration des drogues influent, d’une maniĂšre si prononcĂ©e, sur les rĂ©sultats qu’elles doivent produire dans les opĂ©rations auxquelles on les applique, pourquoi ne pas s’attacher avec plus de soin Ă  l’étude de ces matiĂšres, et ne pas chercher Ă  possĂ©der les moyens simples et fidĂšles qui permettent de s’assurer de leur nature? Cependant, a chaque instant, l’industriel, en employant des substances qu’il a achetĂ©es de confiance, Ă©prouve des pertes de tems et d’argent souvent considĂ©rables. Comptant sur un effet dĂ©terminĂ© , il opĂšre ses mĂ©langes, manipule avec sĂ©curitĂ© ; et , lorsqu’aprĂšs plusieurs jours de travaux dispendieux , il attend I e rĂ©sultat si dĂ©sirĂ©, il n’enregistre qu’un insuccĂšs ! Parfois , 11 c soupçonnant pas la cause de ce revers, il recommence ses operations Ă  diverses reprises, mais sans plus de bonheur, et ce n est — 233 — souvent que lorsqu’il a Ă©puisĂ© toutes les ressources de son esprit pour dĂ©couvrir ce qui jette tant de perturbation dans ses essais, qu’il porte son attention sur les ingrĂ©diens dont il s’est servi , et reconnaĂźt alors, non par loi-mĂȘme cependant, mais par l’entremise d’un chimiste, qu’ils Ă©taient de mauvaise qualitĂ© ou mĂ©langĂ©s de matiĂšres nuisibles. Le voilĂ  donc instruit ; mais au prix de quels sacrifices !... Un examen de quelques minutes , Ă  l’entrĂ©e des drogues dans ses magasins, lui eĂ»t pourtant Ă©vitĂ© tant de pertes et de dĂ©sagrĂ©mens ! ObligĂ© de s’en rapporter Ă  la bonne foi de ses fournisseurs , le manufacturier, privĂ© des lumiĂšres de la chimie, est ainsi exposĂ© journellement Ă  des mĂ©comptes, car il est bien peu de produits qui ne soient dĂ©naturĂ©s par l’addition de matiĂšres Ă©trangĂšres de moindre valeur. C’est particuliĂšrement depuis l’époque du blocus continental, et le dĂ©veloppement considĂ©rable de nos arts chimiques , que l’art de falsifier a pris plus d’extension. — De tout tems, il est vrai, il a existĂ© des hommes dĂ©pourvus de tout sentiment gĂ©nĂ©reux, qui ont sacrifiĂ© Ă  leurs intĂ©rĂȘts la fortune et mĂȘme jusqu’à la vie de leurs semblables ; car , il est Ă  observer que les drogues mĂ©dicinales, les matiĂšres alimentaires les plus communes ont Ă©tĂ© et sont encore l’objet d’un honteux tripotage ; mais c’est surtout de nos jours, et ce n’est pas sans douleur qu’on est forcĂ© de reconnaĂźtre ce fait, peu honorable pour notre siĂšcle, que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variĂ©es. Une concurrence illimitĂ©e, en avilissant le prix des marchandises, a singuliĂšrement diminuĂ© les bĂ©nĂ©fices des nĂ©gocians; 1 exigence des consommateurs n’a fait qu’augmenter les embarras P de ces derniers ; et ceux d’entre eux qui n’avaient, pour rĂ©sister aux sĂ©ductions de l’or, aucuns principes solides de religion et de Morale, n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  faire usage de moyens coupables pour se crĂ©er des chances plus favorables de fortune, enhardis encore dans 'urs criminelles pratiques par l’espĂ©rance de l’impunitĂ©, en empruntant aux connaissances chimiques des procĂ©dĂ©s plus sĂ»rs, des 234 — fraudes plus difficiles Ă  dĂ©voiler que celles de leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Mais si la science a fourni aux fripons des armes qu’ils ont tournĂ©es contre la sociĂ©tĂ© , elle a donnĂ© en mĂȘme tems de nouveaux moyens de dĂ©jouer manƓuvres , et ici, comme dans toutes les circonstances de la vie, le mal est contrebalancĂ© par le bien. En raison de l’habiletĂ© que dĂ©ploient ceux qui, par des motifs d’un sordide intĂ©rĂȘt, dĂ©naturent, Ă  dessein , les substances qui servent journellement aux travaux des ateliers, les procĂ©dĂ©s de vĂ©rification et les essais analytiques ont dĂ» recevoir plus de prĂ©cision ; mais , par cela mĂȘme, leur emploi nĂ©cessite plus d’instruction chez ceux qui ont besoin d’y recourir. Les caractĂšres fournis par les sens sont insuffisans, dans le plus grand nombre des cas, pour dĂ©celer la fraude. Comment, en effet, sans faire usage des procĂ©dĂ©s que la chimie enseigne, reconnaĂźtre que les oxides de manganĂšse en poudre contiennent souvent plus de moitiĂ© de leur poids de substances minĂ©rales Ă©trangĂšres ? Que les jus de citron sont renforcĂ©s avec des acides sulfurique, hydrochlorique, acĂ©tique ou tartrique ? Que les chromĂątes de potasse renferment plus ou moins de sulfate de potasse ou de chlorure de potassium ? Que les garances sont mĂ©langĂ©es de sable, de sciure de bois , de poudre d’acajou, d’écorce de pin , etc. ? Que l’acide oxalique contient du sulfate de magnĂ©sie ? Que le sel d’oseille bi-oxalate de potasse est falsifiĂ© avec 1» crĂšme de tartre bi-tartrate de potasse ? Que l’acide citrique est mĂ©langĂ© d’acide tartrique ? Que , sous le nom de potasse d.'AmĂ©rique, on donne des mĂ©langĂ©s de sel de soude et sel marin, ou de soude de varech, color eS par le cuivre ? Que les fĂ©cules sont additionnĂ©es de plĂątre , de craie, ou d ai- gile blanche ? Que le rocou contient souvent plus d’un quart de son poids de brique pilĂ©e ? Que l’indigo , surtout celui qui est en pousse, est alongĂ© avec du sable , de la terre, de l’ardoise pilĂ©e , et autres substances semblables ? Que les chromĂątes de plomb, en pĂąte et en pains , renferment ordinairement du sulfate de plomb, du sulfate de chaux , parfois meme de l’amidon ? Enfin, pour 11e pas trop Ă©tendre cette Ă©numĂ©ration de supercheries commerciales, que les cendres gravelĂ©es , qui, autrefois , constituaient l’alcali le plus pur, sont, aujourd’hui, le plus mauvais , par la grande quantitĂ© de sable et de brique meme qu’on introduit dans les lies de vin avant leur calcination !... Ce n’est donc qu’en empruntant Ă  l’histoire naturelle et Ă  la chimie des indications prĂ©cises , que l’industriel peut se mettre Ă  l’abri de la cupiditĂ© des marchands qui spĂ©culent sur son ignorance , et Ă©viter ainsi de contracter des marchĂ©s ruineux, qui, plus tard, l’entraĂźnent encore dans des procĂšs interminables , dont l’issue ne lui est pas toujours favorable bien que le bon droit soit de son cĂŽtĂ©. Le commerce a, en effet, des rĂšgles , des usages qui sont gĂ©nĂ©ralement Ă  l’avantage du nĂ©gociant, et dont celui-ci sait merveilleusement se servir au dĂ©triment du consommateur, qui, la plupart du tems , les ignore. Que de procĂšs 11’avons-nous pas v us perdus devant les tribunaux de commerce, par des fabricans qui avaient Ă©tĂ© indignement trompĂ©s sur la qualitĂ© des drogues qu’ils avaient acceptĂ©es de confiance, par la seule raison qu’ils avaient reçu livraison conforme aux Ă©chantillons , sans elever de re clamations dans le tems prescrit par les lois qui rĂ©gissent la matiĂšre ! Que d’autres ont eu le mĂȘme sort, parce que les drogues, quoique reconnues de mauvaise qualitĂ©, ne pouvaient ĂȘtre rĂ©putĂ©es falsifiĂ©es Ă  dessein ! Beaucoup de produits , par suite d’un vice de fabrication , ont souvent, en effet, une valeur trĂšs-mĂ©diocre, sans qu’on puisse — 236 — constater qu’il y ait eu falsification, c’est-Ă -dire addition de matiĂšres Ă©trangĂšres. Ainsi, les alcalis, les acides, le chlorure de chaux, la garance, l’indigo, etc., n’ont pas toujours la mĂȘme richesse rĂ©elle, et, par consĂ©quent, la mĂȘme valeur vĂ©nale, sans qu’ils aient passĂ©, pour cela, dans les mains des fraudeurs. Le marchand les livre de bonne foi, rassurĂ© par le nom de celui qui les a fabriquĂ©s ; le teinturier ou le blanchisseur les achĂšte Ă©galement avec sĂ©curitĂ© ; mais bientĂŽt celui-ci reconnaĂźt , Ă  l’emploi , leur infĂ©rioritĂ©. Il n’est plus tems alors d’élever des plaintes les marchĂ©s ont Ă©tĂ© consommĂ©s ; tout s’est passĂ© dans les rĂšgles ; il n’y a pas sophistication ; tout recours est dĂ©sormais impossible ; il faut que l’acheteur subisse la peine de son inexpĂ©rience. C’est alors qu’il reconnaĂźt l’importance de ces Ă©tudes qu’il a nĂ©gligĂ©es ; qu’il Ă©prouve le besoin d’apprendre ces moyens d’essai que les chimistes ont créés, et dont ils font usage dans les expertises auxquelles ils sont si souvent appelĂ©s. Il se promet de demander aux livres, aux cours publics, les connaissances qui lui manquent ; mais, entraĂźnĂ© par les soins de son Ă©tablissement, absorbĂ© par les affaires commerciales, il ne peut rĂ©aliser ses dĂ©sirs , et il continue ses operations au milieu des craintes continuelles que lui inspire la mauvaise foi dont il a Ă©tĂ© si souvent la victime !... Il n’en serait pas ainsi cependant, si, mieux dirigĂ© au dĂ©but de sa carriĂšre, il avait frĂ©quentĂ© les laboratoires de chimie , consacre quelques annĂ©es Ă  l’étude d’une science qui ne plaĂźt pas moins Ă  l’esprit, par ses nombreuses applications, que par l'exact'' lude qu’elle introduit dans l’exĂ©cution des procĂ©dĂ©s qu’elle Ă©claire, ou dont elle suggĂšre l’idĂ©e. Quelle diffĂ©rence n’existe—t—il pas , en effet , entre un jeune homme qui entre dans un atelier , muni de toutes les ressources de la chimie, et celui qui n’en possĂšde aucune notion ! Le premier saisit, en un instant, tous les dĂ©tails des opĂ©rations, q ue ^ second peut Ă  peine entrevoir en plusieurs mois ; l’un , s’appuya" — 237 tics donnĂ©es de la thĂ©orie , rectifie , amĂ©liore ce qui lui parait vicieux , mĂ©dite sans cesse sur ces opĂ©rations, qu’il avait si habilement saisies, les rend plus Ă©conomiques et moins compliquĂ©es ; il imprime enfin une heureuse direction Ă  tous les travaux , et Ă©vite ces essais longs et dispendieux que nĂ©cessite la dĂ©couverte de nouveaux procĂ©dĂ©s commandĂ©s par de nouveaux besoins ; l’autre, au contraire, obligĂ© de se renfermer toujours dans le cercle tracĂ© autour de lui par la routine , et semblable Ă  un aveugle qui , connaissant bien un chemin , le parcourt avec l’assurance d’un homme clairvoyant, sans pouvoir cependant Ă©viter les obstacles fortuits , et abrĂ©ger sa roule, ne parvient Ă  donner de l’accroissement Ă  la fabrication qu’il conduit, qu’à la suite de tĂąton- nemens continuels et d’une dĂ©courageante alternative de succĂšs et de revers. Mais, dira—t—on , les connaissances chimiques que vous prĂ©conisez tant, ne sont pas cependant d’une nĂ©cessitĂ© si absolue, pour diriger habilement une blanchisserie, une teinturerie, une fabrique d’indiennes , puisque nous voyons de nombreux Ă©tablissemens de ce genre s’élever de tous cĂŽtĂ©s et prospĂ©rer, bien que leurs chefs n’aicnl jamais travaillĂ© dans un laboratoire de chimie , ou suivi les cours, mĂȘme en qualitĂ© de simples curieux. Il est bon de rappeler Ă  ceux, trop nombreux encore, qui elĂšvent de pareilles objections, et s’appuient sur ces idĂ©es pour lle g'liger de donner Ă  leurs enfans une instruction solide, que les 'adustriels qui ont changĂ© la marche de nos ateliers, dĂ©terminĂ© la dĂ©volution qui s’est opĂ©rĂ©e depuis une vingtaine d’annĂ©es dans nos dablissemens, et portĂ© Ă  un si haut degrĂ© de perfection certaines l’danches d’industrie , que ces industriels, disons-nous, Ă©taient t°us des chimistes—praticiens forts distinguĂ©s. Certes, on ne contestera pas les immenses services rendus par Home, Berthollet, Captai, Tennant, BĂ©rard , Haussman , Hermbstaedt, Roard , ancroff, Oberkampf, Widmer, Welter, Dinglcr, Descroizilles, benjamin Pavie, Vitalis , De LabillardiĂšre , Esslinger, et tant — 238 — d’autres, qu’il serait trop long de citer. Qu’on regarde par qui sont dirigĂ©es les fabriques actuelles les plus renommĂ©es par la supĂ©rioritĂ© de leurs produits, ne reconnaĂźtra-t-on pas, dans leurs chefs ou dans leurs employĂ©s secondaires, des hommes trĂšs-versĂ©s dans les sciences exactes? Qui a portĂ© si haut le renom de la fabrique de Jouy ? Qui niera la science de l’anglais Thomson, de Manchester, qui possĂšde un des plus beaux Ă©tablissemens de la Grande-Bretagne ? Qui contestera aux indienneurs et teinturiers de l’Alsace, de profondes connaissances chimiques, eux qui ont fondĂ©, dans ces derniĂšres annĂ©es , une sociĂ©tĂ© scientifique dont les publications sont si remarquables sous le double rapport de la thĂ©orie et de la pratique ?... Non, il n’y a que l’ignorance ou la mauvaise foi qui puisse encore soutenir cette thĂšse que , sans chimie, on peut produire avec autant d’économie, de cĂ©lĂ©ritĂ© et de perfection. Le blanchiment , la teinture, et l’art de peindre les toiles , ne sont que des applications de la chimie. Il est de toute Ă©vidence que, pour les exercer avec succĂšs, il faut possĂ©der les principes dont ces applications ne sont que la consĂ©quence ; et que , plus on aura de connaissances dans la science qui les a produites, plus on aura de chances de l’emporter sur ses rivaux. S’il Ă©tait nĂ©cessaire de soutenir ces propositions par de nouveaux argumens, nous n’aurions qu’à consulter l’histoire des arts dont il vient d’ĂȘtre question. Nous verrions que , d’abord rĂ©duits Ă  un petit nombre de pratiques grossiĂšres, exĂ©cutĂ©es par des main* inhabiles, ils n’ont commencĂ© Ă  recevoir de dĂ©veloppemens im" portans que chimie est venue leur prĂȘter le secours de son flambeau, et que leurs progrĂšs ont Ă©tĂ© continuellement sub' ordonnĂ©s Ă  ceux de cette branche importante des connaissance 9 humaines. Qu’on observe , en effet, la lenteur avec laquelle ces arts, aujourd’hui soumis Ă  des rĂšgles certaines, ont marchĂ©, tan* que la science n’a Ă©tĂ© guidĂ©e que par un empirisme aveugle- Q ue de teins n’a-t-il pas fallu pour arriver Ă  l’application des lessives dans le blanchiment des tissus, pour la fixation des couleurs au moyen d’agens convenables ! Mais , aprĂšs des siĂšcles passĂ©s Ă  construire l’édifice de la chimie, une Ăšre nouvelle s’ouvre pour elle. Des hommes de gĂ©nie, renonçant aux discussions scholastiques , pour se livrer exclusivement Ă  l’observation , rĂ©unissent en corps de doctrine les faits nombreux recueillis par eux et leurs devanciers. Dans la direction qu’ils impriment Ă  l’esprit humain , les decouvertes se succĂšdent sans interruption ; des principes fĂ©conds en jaillissent, et, dĂšs ce moment, la pratique des arts s’amĂ©liore, le progrĂšs s’introduit dans les ateliers, oĂč le hasard Ă©tait, jusqu’alors, la cause unique des perfectionnemens ; des merveilles , enfin , s’accomplissent, sans que leur succession paraisse devoir se ralentir jamais. Il fallait des annĂ©es pour modifier un procĂ©dĂ© ; il ne faut plus que quelques jours pour changer complĂštement un genre tout entier de fabrication. Des mois s’écoulaient avant qu’une piĂšce d’étolfe pĂ»t acquĂ©rir un certain degrĂ© de blancheur ; en peu d’heures, aujourd’hui, on lui fait subir toutes les opĂ©rations necessaires pour donner Ă  ses fils un degrĂ© de blanc jusqu’alors inconnu. Quelques semaines suffisaient Ă  peine, il y a encore peu d’annĂ©es , pour revĂȘtir le coton de diverses couleurs disposĂ©es symĂ©triquement; maintenant, l’imprimeur, s’appuyant sur des Principes rigoureux, demande tout au plus la durĂ©e d’un jour pour varier Ă  l’infini les nuances de ses tissus , et les dĂ©corer de dessins aussi dĂ©licats qu’éclatans ; il les dĂ©truit Ă  volontĂ© , sur les hssus mĂȘme, et les remplace par d’autres, avec autant de facilite tpi’on pourrait le faire dans des expĂ©riences de laboratoire. Reconnaissons-le donc ; si l’industrie a fait, dans ces derniers teins surtout, des pas aussi grands dans la voie des progrĂšs, c est Ă  la chimie , dont le goĂ»t devient plus vif chaque jour, dans toutes les classes de la sociĂ©tĂ© , qu’il faut en imputer la part la plus glorieuse. Mais il est encore, il faut en convenir, bien des perfectionne- 240 — mens Ă  apporter aux opĂ©rations de nos ateliers, bien des dĂ©couvertes Ă  faire, bien des essais Ă  entreprendre , pour surmonter les difficultĂ©s qui surgissent Ă  chaque instant dans l’application de toutes les idĂ©es thĂ©oriques que cette science fait naĂźtre. Le champ de l’inconnu est plus vaste que celui du connu. C’est une vĂ©ritĂ© qui, loin d’affaiblir le courage de ceux qui cultivent les sciences et les arts, doit exciter chez eux de nouveaux efforts. Il faut qu’ils multiplient les expĂ©riences, qu’ils recueillent avec soin les rĂ©sultats qu’elles fournissent, qu’ils les comparent avec ceux obtenus par des procĂ©dĂ©s diffĂ©rens, et qu’ils soient assez sages pour ne tirer, de toutes les observations, d’autres consĂ©quences que celles qui paraissent d’accord avec l’évidence et la raison. Cette marche lente, mais sĂ»re, les conduira Ă  soulever, de plus en plus , le voile immense sous lequel la nature aime Ă  cacher ses secrets. Nous qui, par notre position , avons, pour ainsi dire, mission d’éclairer la route qu’il s’agit de frayer pour arriver Ă  de nouvelles conquĂȘtes ; qui, sentinelle avancĂ©e, devons signaler les Ă©cueils, indiquer les obstacles Ă  renverser, et faire rentrer dans la bonne voie ceux qui paraissent s’en Ă©carter, nous pensons qu’une des causes qui retardent le plus le dĂ©veloppement de notre industrie rouennaise, source principale de la prospĂ©ritĂ© et de la richesse du pays, c’est l’ignorance des praticiens Ă  l’égard des nombreuses matiĂšres qui servent journellement Ă  leurs travaux. Pour contribuer, autant qu’il est en notre pouvoir, Ă  faire cesseĂŻ un Ă©tat de choses si fĂącheux, nous avons cru qu’il ne suffisait pas d’appeler leur attention sur ce point, mais qu’il fallait leur procurer tous les renseignemens qui leur manquent, et, dans de 5 leçons publiques , leur prĂ©senter l’histoire complĂšte de chaque substance , en l’envisageant tout Ă  la fois comme naturaliste . chimiste et commerçant. Nous aurons donc, dans le cours que nous ouvrons aujourd’hui , non seulement Ă  considĂ©rer les matiĂšres premiĂšres et le produits secondaires sur lesquels les fabricans exercent leur industrie, mais encore Ă  dĂ©crire les procĂ©dĂ©s au moyen descjuels on les rend propres aux usages variĂ©s auxquels ils sont destinĂ©s. Ces matiĂšres sont de trois sortes les agens chimiques, les madĂšres tinctoriales et les tissus. I. Les agens chimiques sont les substances Ă  l’aide desquelles on produit des rĂ©actions dĂ©terminĂ©es, soit sur les tissus, dans l’intention de les blanchir ou de les disposer aux diverses opĂ©rations de la teinture; soit sur les matiĂšres tinctoriales, afin d’en isoler les parties colorantes, ou de modifier celles-ci ; soit enfin sur les tissus teints, afin de produire des changemens particuliers dan s leur nuance uniforme , et de crĂ©er alors des dessins de teintes variables. Ces agens chimiques sont, tantĂŽt des corps simples, des acides, des alcalis, des sels, tantĂŽt des matiĂšres provenant des vĂ©gĂ©taux ou des animaux, comme les gommes, les fĂ©cules, l’alcool, les huiles, l’urine, la bouse de vache , etc. La connaissance de leurs propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques, de leur composition , est indispensable pour qu’on puisse bien comprendre la maniĂšre dont ils rĂ©agissent sur les couleurs et les tissus, et prĂ©voir la sĂ©rie des phĂ©nomĂšnes qu’ils font naĂźtre dans leur contact mutuel. Sans de pareilles notions, l’industriel se verrait, Ă  chaque distant, arrĂȘtĂ© dans ses opĂ©rations. Incertain du vĂ©ritable rĂŽle de ces agens , qui varie suivant les circonstances dans lesquelles °n les emploie, suivant aussi les matiĂšres avec lesquelles on les ^ĂȘle, il ne saurait, sans de longs et ennuyeux tĂątonnemens^ choisir ceux qui offrent le plus d’avantages, tant sous le rapport de l’économie, que sous celui de la perfection, ni les doser convenablement. Et si, dans leur emploi, il survenait quelques uns de ces accidens inopinĂ©s, si frĂ©quens dans la pratique, ces notions u i fourniraient encore les moyens de les faire cesser, d’en prĂ©venir le retour, en lui apprenant les causes du mal. Il ne sera pas sans utilitĂ© de citer un fait entre mille, Ă  l’appui 16 — 242 — le ces assertions. Nous l’emprunterons Ă  l’histoire de l’indienne et de la teinture. Haussman , Ă  rjui ces arts sont redevables de si notables perfec- tionnemens, avait, en 1773, Ă  Rouen, dans le faubourg Saint- Hilaire et sur la petite riviĂšre de Robec , un Ă©tablissement oĂč il prĂ©parait de trĂšs-beaux rouges d’Andrinople , et confectionnait des indiennes, dont les couleurs vives et brillantes rivalisaient avec celles de Schule, d’Augsbourg, dont les produits en ce genre Ă©taient les plus renommĂ©s Ă  cette Ă©poque. Ayant, quelques annĂ©es aprĂšs, transportĂ© son industrie au Logelbach, prĂšs de Colmar, il Ă©prouva les plus grandes difficultĂ©s pour teindre les mĂȘmes rouges, quoiqu’il employĂąt toujours les mĂȘmes mordans. PossĂ©dant de profondes connaissances chimiques, Haussman ne tarda pas Ă  trouver la cause de celte singularitĂ©. Il reconnut que la nature des eaux du Logelbach diffĂšre beaucoup de celle des eaux de Rouen, en ce que ces derniĂšres contiennent en dissolution du carbonate de chaux, dont les premiĂšres sont dĂ©pourvues. Partant de cetle idĂ©e, que la garance renferme un acide particulier qui s’oppose Ă  la fixation intime de ses parties colorantes sur les tissus chargĂ©s d’alumine et d'oxide de 1er, il pensa que le carbonate de chaux des eaux de Rouen a pour effet utile de saturer cet acide , sans nuire Ă  la matiĂšre colorante de la racine, et, par une consĂ©quence toute naturelle, il songea Ă  restituer aux eaux du Logelbach le sel qui leur manque, en introduisant dans les chaudiĂšres de teinture une certaine proportion de craie. Le succĂšs confirma ces prĂ©visions thĂ©oriques, et, dĂšs-lors, il obtint des couleurs garan- cĂ©es aussi belles et aussi solides que celles qu’il avait prĂ©parĂ©es a Rouen. Cette particularitĂ© fut bientĂŽt connue des autres indien- ncurs, qui profitĂšrent de la dĂ©couverte de Haussman , et l’addition de craie aux bains de teinture a Ă©tĂ© continuĂ©e tant qu’on a fait usage des garances de l’Alsace 1 . * Lettre de J. *31. tlauasmair Ă  Bcrtliollet, 23 juin 1701. Attestes de chi& lC > '243 — Que fut-il arrivĂ©, cependant, si Ilaussman , dĂ©pourvu d’instruction chimique, n’eut pu dĂ©couvrir la vĂ©ritable cause de la mauvaise rĂ©ussite de ses opĂ©rations au Logclbach ? Lne branche importante d’industrie eĂ»t Ă©tĂ© sans doute perdue pour les fabriques de l’Alsace, ou au moins eut Ă©tĂ© pour long-tems arrĂȘtĂ©e dans sou dĂ©veloppement. Nous pourrions multiplier les citations de ce genre ; mais ce qui prĂ©cĂšde suffira, je pense, pour corroborer les propositions qui ont Ă©tĂ© Ă©mises antĂ©rieurement sur la nĂ©cessitĂ© de connaĂźtre exactement la nature et les propriĂ©tĂ©s des agens auxquels on a recours pour les travaux du blanchiment, de la teinture et de l’indienne. II. Les matiĂšres tinctoriales sont les substances qui renferment; les principes colorans qu’on fixe sur les tissus. Les unes, en polit nombre, appartiennent au rĂšgne minĂ©ral; les autres sont des organes de vĂ©gĂ©taux, ou des parties qui en proviennent ; quelques unes sont fournies par le rĂšgne animal. Les principes colorans, renfermĂ©s dans ces substances organiques, y sont presque toujours accompagnĂ©s d’autres matĂ©riaux immĂ©diats, qui rendent leur extraction plus ou moins difficile. Ce n’est que par une suite d’opĂ©rations, souvent assez compliquĂ©es, qu’on parvient Ă  les obtenir dans leur Ă©tat de puretĂ©. L’eau pure ou additionnĂ©e d’acide °u d’alcali, l’alcool, plus rarement l’huile, sont les'dissolvans dont on fait usage dans ce but. TJne fois isolĂ©s des organes ou des matiĂšres qui les renfermaient, res principes peuvent servir Ă  la coloration des tissus, soit par teinture, soit par application. Ces deux mĂ©thodes constituent deux arts distincts, qui s’exercent dans des ateliers differens. Par la premiĂšre, la masse entiĂšre de l’étoffe est coloree d’une teinte uniforme , par les principes colorans que 1 on a dissous PrĂ©alablement dans un vĂ©hicule approprie, au moyen de procĂ©dĂ©s convenables , et que l’on fixe, si cela est necessaire , d’une — 244 — maniĂšre permanente, sur les fibres du tissu, Ă  l’aide d’agensparticuliers qui prennent le nom de mordans. Par la seconde mĂ©thode, on prĂ©parĂ© les Ă©toffes par des applications de mordans appropriĂ©s , sur des points dĂ©terminĂ©s de la surface, et sur les mĂȘmes points , on porte les couleurs convenablement Ă©paissies , qui s’y fixent ; ou bien on empĂȘche ces couleurs de se fixer sur certaines parties du tissu, au moyen de substances qui les repoussent, et que, pour cette raison , on dĂ©sigue sous le nom de rĂ©serves ; ou, enfin, aprĂšs avoir teint une Ă©toffe d’une nuance uniforme, on dĂ©truit la couleur, sur des points dĂ©terminĂ©s, par le secours d’agens chimiques qui sont, en raison de leur action spĂ©ciale , appelĂ©s rongeans. III. Les tissus que le teinturier et l’indienneur recouvrent de si brillans ornemens, sont ces fibres textiles que l’esprit inventif de l’homme a su extraire du fruit du cotonnier, des tiges flexibles du chanvre et du lin , de la toison des animaux, de la coque du ver Ă  soie, et qu’il est ensuite parvenu Ă  rĂ©unir les unes aux autres par des moyens mĂ©caniques assez simples, de maniĂšre Ă  en faire des fils d’une longueur indĂ©finie, et, par suite, des toiles de toutes dimensions. Mais, dans l’état oĂč ces fibres sont d’abord obtenues , elles se trouvent naturellement imprĂ©gnĂ©es ou recouvertes de matiĂšres qui sont absolument Ă©trangĂšres Ă  leur contexture fibreuse, et qui nuisent aux qualitĂ©s prĂ©cieuses qui en font rechercher l’emploi. C’est ainsi, par exemple, que le coton qui, dans son Ă©tat de puretĂ© absolu, est parfaitement blanc , est enduit, dans son Ă©tat brut, d’une matiĂšre resinoĂŻde qui empĂȘche son imbibition , et d’une matiĂšre colorante jaune ; que la filasse du lin et du chanvre, Ă©galement blanche aprĂšs sa purification, est unie sur la plante mĂȘme Ă  une rĂ©sine, Ă  une gomme et Ă  une substance colorante verte, matiĂšre qui nesont dĂ©truites qu’en partie par le rouissage > — 245 — et qui donnent aux tissus tette teinte quelquefois grise, d’autres fois rougeĂątre, qui les colore. La laine, telle qu’on l’obtient par la tonte des animaux , est souillĂ©e d’ordures et pourvue d’un enduit particulier de nature grasse , onctueuse, trĂšs-odorant, qu’on appelle suint. La soie brute, c’est-Ă -dire telle qu’elle est aprĂšs que le liquide visqueux excrĂ©tĂ© du bombix du mĂ»rier s’est solidifiĂ© dans l’air, est recouverte d’une matiĂšre Ă  laquelle elle doit sa raideur, son Ă©lasticitĂ© et sa couleur. Cet enduit, appelĂ© si improprement gomme ou 'vernis, consiste en un principe azotĂ©, soluble dans l’eau, qui fait le quart du poids de la soie Ă©crue, et en quelques autres matiĂšres huileuse, grasse et colorante , dont la proportion est d’ailleurs trĂšs-faible. Ces diffĂ©rentes substances, qui imprĂšgnent ainsi les filainens du coton, du lin , du chanvre , de la laine et de la soie, altĂšrent singuliĂšrement leur souplesse, sans rien ajouter Ă  leur force ; elles masquent leur blancheur, et les rendent impropres aux diverses opĂ©rations de la teinture ou de l’application des couleurs, en s’interposant entre les principes colorans et les fibres, qui alors ne peuvent contracter cette union intime, si nĂ©cessaire pour que les tissus teints rĂ©sistent Ă  l’action destructive des agens extĂ©rieurs. Et si l’on ajoute Ă  ces substances Ă©trangĂšres naturelles celles qu’on y a introduites Ă  dessein , soit pour les filer, soit pour les tisser, ou, enfin, celles qui s’y sont accidentellement fixĂ©es, telles que graisse ou huile, colle des tisserands, crasse des mains, savon calcaire, oxides mĂ©talliques, matiĂšres terreuses, on sentira toute l’importance des diverses opĂ©rations dont l’ensemble porte le nom de blanchiment, et qui varient nĂ©cessairement avec la nature du hssu qu’on y soumet. Les tissus ne diffĂšrent pas moins les uns des autres, par leur constitution chimique et leurs propriĂ©tĂ©s physiques, que par la ManiĂšre dont ils se comportent avec les matiĂšres colorantes. Ainsi -, tandis que la laine et la soie manifestent une assez grande affinitĂ© 2 4 & — pour ccs matiĂšres, le coton, et surtout le chanvre et Ăźe lin, ne montrent que trĂšs-peu de tendance Ă  s’y unir. Quelques uns , en effet, des principes colorons qui teignent solidement les deux premiers tissus, sans aucun apprĂȘt particulier, tachent Ă  peine les Ids des trois derniers. Les manipulations que l’on doit faire subir aux uns et aux autres, pour les charger de couleurs solides, les agens chimiques qu’il faut employer pour dĂ©terminer leur union avec les matiĂšres colorantes, varient donc encore pour chaque espĂšce de tissu. Ces considĂ©rations dĂ©montrent suffisamment, je pense , la nĂ©cessitĂ© d’étudier avec autant de soin les tissus, que les agens chimiques et les matiĂšres tinctoriales dont nous avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment. Les objets qui doivent composer le cours d’application de cette annĂ©e sont donc nombreux et de la plus haute importance pour vous , Messieurs, qui, placĂ©s au milieu de 1 industrie la plus active , devez un jour y prendre part et l’eclairer par vos dĂ©couvertes . Afin de rendre plus profitables les notions que nous croirons devoir donner sur chaque matiĂšre en particulier, nous avons formĂ©, dans notre Ă©eole, une collection d’échantillons prĂ©levĂ©s sur toutes les marchandises qui arrivent sur la place de Rouen, et que nous avons Ă©tiquetĂ©es des noms en usage dans le commerce. Cette collection, pie nous mettrons tous nos soins Ă  complĂ©ter, sera, pour ainsi dire, le noyau d’un MusĂ©e industriel, dont la crĂ©ation nous prĂ©occupait depuis long-tems , et qui se formera bientĂŽt, nous l’esperons, sous les auspices d’une sociĂ©tĂ© dont 1 e but est l’avancement de l’industrie rouennaise la SociĂ©tĂ© M> re d’Emulation de Rouen Dans nos leçons, que nous rendrons aussi Ă©lĂ©mentaires q llC possible , pour que le plus grand nombre en profite, nous serons sobres d’érudition, et nous sacrifierons souvent les brilla' 1105 conceptions de la science aux dĂ©tails de la pratique. Nous insude- — 247 — rons sur les caractĂšres distinctifs de chaque substance , sur les procĂ©dĂ©s Ă  suivre pour constater sa bonne qualitĂ©, et afin de mieux graver dans vos esprits les signes auxquels on peut reconnaĂźtre cette derniĂšre, lorsqu’il s’agit surtout d'une matiĂšre vĂ©gĂ©tale ou animale , nous prĂ©senterons comme terme de comparaison un Ă©chantillon de qualitĂ© infĂ©rieure, en faisant ressortir les inconvĂ©- niens qu’il y aurait Ă  en faire usage. L’ordre que nous suivrons est extrĂȘmement simple. On en jugera par le tableau suivant, dont l’inspection nous dispensera de tout dĂ©veloppement. Etude des substances employĂ©es dans les ateliers de blanchiment, de teinture et d'impression , envisagĂ©es sous le triple rapport dt la chimie, de Vhistoire naturelle et du commerce. I er . SUBSTANCES TIREES DU REGNE INORGANIQUE. Eau. Corps simples non mĂ©talliques. Soufre. Chlore. Iode. Alcalis. Potasse. — Soude. Chaux. — Aunnomatjue. carbonates. Essais alcalimctriques. Lessives. Acides. Sulfurique. — Sulfureux. x Hydrochlorique. — Nitrique, Eau rĂ©gale. Essais acidimĂ©triqucs. Chlorures d’oxides. De chaux. — De jiolassc. De somle. — De magn&ie. Clilorometric. — 2U — MĂ©taux et leurs composĂ©s. A. Sels terreux et alcalins. Nitrate, chromĂątes , arsĂ©niales , oxalale , tar- trate, ferrocyanate , etc., de potasse. Sel marin, borax, nitrate de soude. Sel ammoniac, carbonate d'ammoniaque. Aluns, acĂ©tate, nitrate, hydrochorate d'alumine. B. Oxides de manganĂšse. Leurs essais. Hydrochlorate, sulfate de manganĂšse. C. Fer. Sulfates couperoses, nitrates, acĂ©tates, bleu de Prusse. D. Zinc. Sulfate, nitrate, hydrochloralc. E. Étain. Chlorures, sulfates. F. Arsenic. Acide arsĂ©nieux, sulfures. G. Cuivre. Sulfates, acĂ©tates, nitrate, arsĂ©nUe. H. Plomb. Oxides, nitrate, acĂ©tates, chromĂątes. I. Mercure. Nitrates, chlorures, iodurcs. J. Azur. Bleu-Guimet. Terre de pipe. 2. SUBSTANCES TIREES ©U REGNE ORGANIQUE. A. Agens chimiques. Acides acĂ©tique, oxalique , tarlrique, citrique. Jus de citron. Gommes. — FĂ©cules. Alcool. — Huiles et graisses. Savons. — GĂ©latine. Urine. >— Bouse de vache. — Fiel de boeuf. Son. Suie. B. MatiĂšres tinctoriales. Fournissant des couleurs bleues Tournesol. — Indigos. — Pastel. _YouĂšdc. — 249 — Fournissant des couleurs rouges Garances. Ratanhia. — Orcanettc. Bols de BrĂ©sil. — CampĂšche. Santal. — Safranum. Laque. — Lac-dye. — Lac-lake. OrseĂźlle. — Cochenille. —. KermĂšs. Fournissant des couleurs jaunes Curcuma. — Fustet. Quercitron. — Bois jaune, Gaude. — Sarrctte. — GenĂȘt. Camomille. — Rocou. — Fenugrcc. Graines de Perse et d’Avignon. Fournissant des couleurs brunes ou noires Noix de galle.— Sumacs. Brou de noix. — Bablah. Cachou. — Ecorce d’aunc. C. Substances composant les fils et tissus Coton. Lin. Chanvre. Laine. Soie. RAPPORT — SUR UN CAFÉ AVARIÉ PAR L’EAU DE MER, ET LIVRÉ A LA CONSOMMATION, ADRESSÉ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROI'EN , LE i J AOUT lSVi Le 7 aoĂ»t, AI. Henry Barbet, maire de Rouen , m’adressa la lettre suivante Monsieur, >‱ J’ai l’honneur de vous adresser un Ă©chantillon de cale que » je vous prie de vouloir bien analyser. On suppose que ce cafĂ©, avariĂ© dans le fond d’un batiment doublĂ© en cuivre , est » imprĂ©gnĂ© de vert-de-gris, et pourrait ĂȘtre funeste aux pcr- » sonnes qui en feraient usage. Je vous serai infiniment obligĂ© » de me faire connaĂźtre , le plus tĂŽt possible , le rĂ©sultat de votre » analyse, afin qu’on prenne les mesures convenables pour » empĂȘcher la vente de cette denrĂ©e. » AgrĂ©ez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma consi" » dĂ©ration trĂšs-distinguee. » Le maire de Rouen, ». Hy BARBET. »> 1 InsĂ©rĂ© dans la calnrr de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d'Érnulatio» ‱ r*» 11 » 1 83 J , p. l 7 1 , cl dans les Annales d’J/rgiĂšnc publique et de mĂ©decine lĂ©gale 1 1 ' 11 J 1 ' * * ' annĂ©e 1S31. Ă  — 251 — Voici le rapport que je lis parvenir, quelques jours aprĂšs, a cet honnorakle magistrat Monsieur le Maire , Par une lettre en date du 7 aoĂ»t, vous m’avez chargĂ© d’examiner un Ă©chantillon de cafĂ© avariĂ©, qu’on suppose ĂȘtre imprĂ©gnĂ© de vert-de-gris , par son sĂ©jour dans le fond d’un batiment doublĂ© en cuivre. Un Ă©chantillon de pareil cafĂ© m’avait ete remis quelques jours avant la rĂ©ception de votre lettre, parM. le docteur Avenel, secrĂ©taire du Conseil de SalubritĂ©, et j’en avais dĂ©jĂ  commencĂ© l’examen. Je vais avoir l’honneur de vous communiquer les rĂ©sultats des recherches que j’avais entreprises dans l’intention de vous en faire part. Le cafĂ© dont il est ici question est en grains de grosseur variable, parmi lesquels il s’en trouve beaucoup qui son aplatis ou Ă  moitiĂ© dĂ©chirĂ©s. Ces grains offrent Ă  l’extĂ©rieur une couleur d’un brun noirĂątre, et Ă  l’intĂ©rieur une couleur verdĂątre. Ils exhalent une odeur de moisi ; leur saveur est comme savonneuse et ne rappelle que trĂšs-difficilement celle du bon cafĂ©. GrillĂ© Ă  la maniĂšre ordinaire, il ne rĂ©pand point cette odeur balsamique connue de tout le monde, et qui est propre au cafĂ© bien conservĂ©. Ses grains, loin de devenir huileux et brillans par la torrĂ©faction, restent secs et ternes ; refroidis, leur odeur s e rapproche beaucoup Ăźle celle du jus de rĂ©glisse, dont ils ont d’ailleurs la couleur. Non grillĂ©, il communique Ă  l’eau bouillante une teinte brunĂątre. La dĂ©coction, qui est trĂšs-louche et qui fdtre difficilement, n ’a point de saveur amĂšre, ni d’odeur sensible quand on en l-dsse un peu dans la bouche pendant quelques instans, il semble *[u on goĂ»te une lĂ©gĂšre dissolution de savon. La couleur de cette dĂ©coction 11e change pas au bout de quelques jours. kc bon cafĂ©, au contraire, donne une dĂ©coction d’un beau — 252 jaune dorĂ©, possĂ©dant une saveur faiblement amĂšre et herbacĂ©e , et une odeur lĂ©gĂšrement aromatique. Au bout de douze heures, la couleur de celte dĂ©coction devient verte et reste parfaitement claire. Le cafĂ© avariĂ©, grillĂ© convenablement et mis Ă  infuser, colore l’eau en brun clair. Cette liqueur n’a ni le parfum, ni la saveur du bon cafĂ© qu’on sert sur nos tables. C’est Ă  peine si l’on peut y retrouver quelque chose qui rappelle le goĂ»t de ce breuvage si estimĂ©. La dĂ©coction de ce cale a cte soumise, comparativement avec celle du cafĂ© vert de la Martinique, Ă  l’action d’un assez grand nombre de rĂ©actifs. Je ne mentionnerai ici que les rĂ©actifs qui ont produit des rĂ©sultats tranchĂ©s. J’observerai que c’est avec le cafĂ© non grillĂ© que j’ai expĂ©rimentĂ©. Action de quelques rĂ©actifs sur les dĂ©coctions Du cafĂ© Martinique * Du cafĂ© avariĂ©. Potasse caustique. La liqueur prend une couleur orange ou de gomme gutte , puisse trouble sensiblement. La liqueur n’éprouve pas de changement sensible ; elle prĂ©cipite seulement, Ă  la longue, quelques lĂ©gers flocons. Eau de chaux. Elle prend une couleur jaune intense. Rien. AcĂ©tate de plomb. w PrĂ©cipitĂ© floconneux, abondant, d’un beau jaune. PrĂ©cipitĂ© floconneux, abofl" dant, d’un blanc grisĂątre* Sulfate de protoxide de fer. La liqueur prend une couleur verte trĂšs -intense, mais ne se trouble pas. Trouble d’un brun verdĂątre» un peu opalescent. Perchlorure de fer. Elle prend une couleur d’un vert foncĂ© tirant sur Je noir et qui se fonce de plus en plus, PrĂ©cipitĂ© floconneux, bru-* nĂątre f qui ne tarde p as a sc rassembler au tond de la liqueur dĂ©colorĂ©e. — 253 — Sulfate de cuivre . Protochlorure d’étain. Protonitrate de mercure . GĂ©latine. Nitrate d'argent. Chlorure de barium. Acide oxalique. HydrogĂšne sulfurĂ©. Elle prend une belle couleur verte qui se fonce par l'addition du rĂ©actif, sans se troubler. En ajoutant ensuite de l’ammoniaque, il se fait un prĂ©cipitĂ© de couleur pistache. PrĂ©cipitĂ© blanc jaunĂątre , floconneux. PrĂ©cipitĂ© jaune, floconneux. Rien. Trouble lĂ©ger qui peu-à— peu augmente et donne lien Ă  un faible prĂ©cipitĂ© soluble dans l’ammoniaque. LĂ©ger trouble. PrĂ©cipitĂ© blanc, trĂšs-lĂ©ger au bout d’un certain tems. DĂ©coloration de la liqueur. PrĂ©cipitĂ© vert-brun, floconneux, abondant. Par l’addition de l’ammoniaque , le prĂ©cipitĂ© augmente et acquiert une teinte verdĂątre. PrĂ©cipitĂ© grisĂątre, floconneux , abondant. PrĂ©cipitĂ© blanc, floconneux. Trouble lĂ©ger. PrĂ©cipitĂ© blanc, floconneux abondant, soluble dans l’ammoniaque. LĂ©ger trouble. PrĂ©cipitĂ© blanc , beaucoup plus abondant au bout de quelque tems. DĂ©coloration de la liqueur sans aucun trouble. Cyano-ferrure Rien. Rien. de potassium. Les essais prĂ©cĂ©dons m’indiquaient que le cafĂ© avariĂ© avait Ă©prouvĂ© une assez forte altĂ©ration dans sa constitution chimique. Dans l’intention de constater jusqu’à quel degrĂ© cette altĂ©ration Ă©tait parvenue , j’en ai traitĂ© une assez grande quantitĂ© par l’eau bouillante Ă  diverses reprises , afin de l’épuiser de toutes les matiĂšres solubles. 11 n’a perdu, par ce traitement, que 12 pour 100 de son poids. Les liqueurs rĂ©unies et concentrĂ©es ont Ă©tĂ© zĂ©lĂ©es avec un lĂ©ger excĂšs d’acĂ©tate neutre de plomb , qui Ăźl produit un abondant prĂ©cipitĂ© brun. AprĂšs la filtration, j’ai h — 234 — fait passer dans la liqueur un courant d’hydrogĂšne sulfurĂ© ; puis, aprĂšs l’avoir filtrĂ©e de nouveau , je l’ai fait Ă©vaporer Ă  une douce chaleur, jusqu’à consistance presque sirupeuse, et l’ai abandonnĂ©e pendant deux jpurs. Il ne s’est point dĂ©posĂ© de cristaux de cafĂ©ine, et, quelque soin que j’aie mis Ă  rĂ©pĂ©ter et varier les divers procĂ©dĂ©s qui ont Ă©tĂ© indiquĂ©s pour la sĂ©paration de ce principe immĂ©diat, je n’ai pu en dĂ©couvrir aucune trace. L’absence totale de celte substance dans le cafĂ© avariĂ© qui fait le sujet de ce rapport, est un fait assez curieux qui dĂ©montre l’intensitĂ© de l’altĂ©ration qu’il a subie par l’action prolongĂ©e de l’eau de mer. Voulant m’assurer si la coloration verte de ce cafĂ© Ă©tait due, comme vous le supposiez, Monsieur le Maire, Ă  la prĂ©sence d’un sel de cuivre , j’en ai incinĂ©rĂ© 100 grammes dans un creuset de platine ; cette quantitĂ© de cafĂ© m’a donnĂ© 9 grammes ig5 milligrammes de cendres peu alcalines, auxquelles l’eau a enlevĂ© une proportion assez notable de chlorure de sodium sel marin , de sulfate de potasse et de chlorure de calcium. Le rĂ©sidu , insoluble dans l’eau, a Ă©tĂ© soumis Ă  l’action de l’acide nitrique, qui l’a dissout presque en totalitĂ© avec effervescence , en se colorant fortement en jaune. Cette dissolution, neutralisĂ©e par l’ammoniaque , produisit un prĂ©cipitĂ© bleu trĂšs-abondant par le cyano—ferrure de potassiun prussiatede potasse ferrugineux. Une portion sursaturĂ©e par l’ammoniaque a donnĂ© un prĂ©cipitĂ© floconneux, abondant, consistant principalement en phosphate de chaux et oxide de fer. La liqueur surnageant le prĂ©cipitĂ© Ă©tait incolore. Elle ne prĂ©cipitait ni par l’arsĂ©nite de potasse, la potasse caustique , ni par le cyano—ferrure de potassium et les sulfures alcalins ; elle ne dĂ©posait rien sur une lame de fer et un cydindre de phosphore, mĂȘme au bout de quarante-huit heures. Ces rĂ©sultats nĂ©gatifs indiquent bien l’absence du cuivre dans ces cendres, et par suite dans le c a * e avariĂ©. Je ne quitterai point ce sujet sans faire observer que ce cafĂ© avariĂ© donne beaucoup plus de cendres que les diverses espĂšces de cafĂ© du commerce. Celles-ci ne m’ont fourni, terme moyen, que 5 Ă  6 pour ioo de cendres trĂšs-alcalines. J’ajouterai qu’il est peu de matiĂšres vĂ©gĂ©tales qui donnent des cendres aussi riches en fer que le cafĂ©. J’ai retirĂ© jusqu’à un centiĂšme d’oxide de fer de ses cendres. Cadet, dans son mĂ©moire sur le cafĂ© {Annales de Chimie, t. 58, p. 266 , a signalĂ©, le premier, l’existence du fer dans celte semence ; mais il n’a pas remarquĂ© la proportion assez considĂ©rable dans laquelle il s’y trouve. De tout ce qui prĂ©cĂšde , on peut donc conclure, Monsieur le Maire, que le cafĂ© avariĂ© par l’eau de mer i° Est profondĂ©ment altĂ©rĂ© dans sa constitution chimique, puisque plusieurs des principes immĂ©diats contenus dans la semence du cafĂ© ne s’y trouvent plus, et que les autres ont Ă©prouvĂ© des modifications telles qu’ils ne prĂ©sentent plus, avec les rĂ©actifs, les caractĂšres qui leur sont propres 1 ; 1 11 ne sera peut-ĂȘtre pas sans interet le faire connaĂźtre ici la composition chimique du afĂ©. Celte semence a clĂ© l’objet de beaucoup d’expĂ©riences. Un grand nombre de chimistes °nt contribuĂ© Ă  nous Ă©clairer sur sa vĂ©ritable nature. Je citerai surtout Botirdclin , Neu- ^tann, GeoftVoy, Dufour, Kruger, "'S^estfcld, Ryliiner Journ* dephysiq., anl778; Scbrader, Chrnevix {Ann. de chim., t. 43, p 326; Herman {Ann. de Crell., l800,t. 3, P* 108 ; Gmelin , Cadet Ann. chim., t. 58 , p. 286 ; PayssĂ© ibid., t. 59 , p. 106- af 3 ; Grindel {ibid*, t. 78, p. 205 , et JUblioth. mĂ©dic., t. 30 , p. 411 ; Seguin Ann* c him., t. 92, p. 5 ; Brugnatelli ibid., t. 95, p. 299 ; Rcuss Journal depharm., t. i, P* 5i 1 ; Runge , llobiquet Dictionn* technolog t. 4 , p. 30 ; Pelletier et Caventou Diction, de mĂ©decine, en 18 vol., cbex BĂ©chet, article CafĂ©; Pelletier {Journ. de pharm., *‱ 12, p. 229, et Journal de chim. mĂ©dic., t. 2 , p. 294 j Garot {ibid., t. i 2 , p. 234 j Pfaff c itĂ© par BerzĂ©lius , TraitĂ© de chimie, t. 6 , p. 308 ; Sarzeau {Journ. de pharm., *‱ 16, p. 510, etc. On peut conclure de leurs travaux, entrepris sous des points de vue souvent tres-diffé» , que le cafĂ© vert, c’esl-Ă -dire non torrĂ©fiĂ©, contient On principe amer soluble dans l'eau , Oc la gomme, en assez grande proportion, Oe la rĂ©sine, Ou tannin, en petite quantitĂ©, ^-ne matiĂšre colorante verte, Oe l’apothĂšme, O* l'albumine vĂ©gĂ©tale , T n principe aromatique soluble dans Tenu, — 250 2° Qu’il ne renferme aucun sel de cuivre, ni aucun autre composĂ© mĂ©tallique vĂ©nĂ©neux. La couleur verdĂątre qu’il prĂ©sente dans l’intĂ©rieur de ses grains ne peut ĂȘtre attribuĂ©e, d’aprĂšs cela, Ă  la prĂ©sence d’un sel de cuivre, comme on pouvait le croire au premier abord, en s’appuyant surtout de cette idĂ©e que ce cafĂ© avait sĂ©journĂ© pendant plus ou moins de tems dans la cale d’un navire doublĂ© en cuivre. Cette couleur me paraĂźt due Ă  une moisissure analogue Ă  celle qui se manifeste dans un grand nombre d’autres matiĂšres De l'huile volatile, en petite quantitĂ©, Une huile incolore, legerement Ăącre et d'une saveur bien prononcĂ©e de cafĂ© vert v Une matiĂšre grasse concrĂšte, De la cafĂ©ine, Du sucre, en petite proportion , De l'acide cafcique, Des cafĂ©ates de chaux, de magnĂ©sie, d'alumine et de fer. Des phosphates de chaux, de magnĂ©sie, de fer et de manganĂšse, Du sulfate de potasse et du chlorure de potassium, Du cuivre, dans un ctat inconnu, les huit millioniĂšmes du poids, De la libre vĂ©gĂ©tale. Parmi ces substances , la plus curieuse , sans contredit, est celle qui a reçu le nom dn cafĂ©ine. C'est un principe neutre, cristallisable en jolies petites aiguilles soyeuses et incolores , sans odeur, d'une saveur trĂšs-faible, lĂ©gĂšrement amĂšre et dĂ©sagrĂ©able, soluble dan» l’eau. Elle renferme 20,$ pour 100 d’azote; c’est donc parmi les principes immĂ©diats orga - niques un des plus azotes, et cependant sa dissolution n'est nullement putrescible. La cafĂ©ine ne parait contribuer que pour une bien faible part aux propriĂ©tĂ©s Ă©conomiques et mĂ©dici*’ □aies du cafĂ©. Quant Ă  l'acide cafĂ©ique, dĂ©couvert par Pfaff, il parait que c’est lui qui, lorsqu'il e** en partie altĂ©rĂ© par la chaleur, communique au cafĂ© grillĂ© l’odeur et la saveur caractĂ©ristique* que les gourmets cherchent avec tant de soin Ă  y dĂ©velopper. Dans l’énumeration des principes du cafĂ©, nous avons indiquĂ© le cuivre. Ce mĂ©tal y es* en si faible proportion, que ce n’est qu’en agissant sur une forte quantitĂ© de semences qu’on peut en constater la presence. C’est Ă  JVI. Sarzeau qu'on doit la connaissance de ce fait curieu** entrevu d’abord par Meissncr. Le cafĂ© n’est pas d'ailleurs la seule matiĂšre qui renferme d l cuivre j ce mĂ©tal parait etre un des Ă©lĂ©mens ordinaires des vĂ©gĂ©taux et des animaux; semble y ĂȘtre Ă  l’état de phosphate, accompagnant les phosphates de fer et de mangane* 15 qui se retrouvent dans les cendres de presque toutes les matiĂšres organiques. M. Sarz** tt s'est assurĂ© que le marc de cafĂ© contient la mĂȘme quantitĂ© de cuivre que le cafĂ© entier» ce qui dĂ©montre que la boisson servie sur nos tables ne renferme aucune trace de ce mĂ©tal» ** prĂ©sence, au reste, dans cette boisson, ne devrait Ă©veiller aucune crainte, en rais* 1 ^ e l'inapprĂ©ciable proportion qui pourrait s'y trouver. Dans nos essais sur le cafĂ© avariĂ©, nous n’avons point constatĂ© la prĂ©sence du cuivre dan* les cendres, en raison de la petite quantitĂ© de graines sur laquelle nous avons opĂšre. Cett quantitĂ©, toutefois , Ă©tait suffisante pour que nous pussions retrouver le cuivre q l piovenu d’un sel cuivreux introduit accidentellement dans ce cafĂ© comme on 1* *nPP° d’aprĂšs sa couleur verdĂątre. — 257 — organiques altĂ©rĂ©es spontanĂ©ment, le pain entre autres, ou plutĂŽt Ă  cette modification particuliĂšre qu’éprouve, sous l’influence simultanĂ©e de l’àür et de l’humiditĂ©, la w matiĂšre extractive jaune du cafĂ© , qui acquiert si facilement une teinte verte. Puisque ce cafĂ© avariĂ© ne contient aucune substance mĂ©tallique vĂ©nĂ©neuse , il semble que son usage ne peut porter prĂ©judice Ă  la santĂ© de ceux qui en font usage. Sans doute, l’emploi de cette substance ne saurait dĂ©velopper dans l’économie les dĂ©sordres qui constituent essentiellement l’empoisonnement ; mais ne pourrait-il pas, cependant, faire naĂźtre quelques troubles, des indispositions mal caractĂ©risĂ©es, par cela seul que cette substance a subi une modification si notable dans sa composition ? Il n’est pas nĂ©cessaire que des alimens contiennent des matiĂšres vĂ©nĂ©neuses proprement dites pour qu’ils produisent des accidens fĂącheux par leur usage continuel. Le pain moisi , les farines avariĂ©es , les sucres ou cassonades dĂ©tĂ©riorĂ©s, les viandes corrompues, etc., ne sont certainement pas des poisons, et cependant on en dĂ©fend l’usage depuis que l’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© leur fĂącheuse influence sur la santĂ© de ceux qui s’en nourrissent *. D’ailleurs, en admettant pour un instant que le cafĂ© avariĂ© ne renferme aucune matiĂšre capable de nuire Ă  l’économie animale, on peut demander si des marchands ne sont pas rĂ©prĂ©hensibles de mettre en vente, quoiqu’à des prix trĂšs-bas, une substance altĂ©rĂ©e qui n’a plus de rapport avec celle dont elle porte le nom ? La question acquiert une plus grande gravitĂ©, quand on apprend que des Ă©piciers qui achĂštent ce c afĂ© avariĂ© Ă  vil prix , le mĂȘlent en proportions assez fortes avec le bon cafĂ©, qu’ils vendent, tout grillĂ© et moulu, au prix- courant de cette marchandise. Je tiens d’un Ă©picier que les individus de sa profession qui ne se piquent pas de loyautĂ©, 1 Oq peut voir dans les ouvrages de mĂ©decine beaucoup de faits p. 122 , 1831 , etc. '* — 258 — Introduisent habituellement une partie de ce cafĂ© sur cinq Ă  six de cafĂ© ordinaire dans leur brĂ»lĂ©e c’est le nom qu’on donne , dans le commerce de l’épicerie, Ă  chaque opĂ©ration de torrĂ©faction du cafĂ©. 11 y a donc Ă©videmment dol, falsification d’un produit de consommation journaliĂšre. Quand on songe , Monsieur le Maire, qu’il n’y a peut-ĂȘtre aucune des substances servant Ă  l’alimentation de l’homme, qui ne soit ainsi plus ou moins altĂ©rĂ©e , depuis celles exclusivement rĂ©servĂ©es Ă  la table des riches jusqu’à celles qui n’ont pour consommateurs que les pauvres, on n’est plus aussi surpris et de ces fortunes rapides de certains commerçans, et de la frĂ©quence de ces indispositions, de ces maladies mĂȘme qui se dĂ©veloppent spontanĂ©ment, sans causes apparentes, sur un grand nombre d’individus de toutes classes 1 . Si, dans les circonstances ordinaires, on doit veiller sĂ©vĂšrement Ă  la bonne qualitĂ© des alimens vendus au peuple , il faut, dans les tems de grande calamitĂ©, et lorsqu’une Ă©pidĂ©mie meurtriĂšre a laissĂ© des traces nombreuses de son passage, redoubler de rigueur envers les marchands assez criminels pour sacrifier la santĂ© de leurs concitoyens Ă  leurs avides spĂ©culations. S’il m’est permis, Monsieur le Maire , de tirer une conclusion des considĂ©rations que je viens d’avoir l’honneur de vous soumettre , je crois qu’il est urgent de faire saisir les cafĂ©s avariĂ©s qui se trouvent en abondance chez tous les petits Ă©piciers de la ville et des faubourgs, par suite d’une vente considĂ©rable qui en a Ă©tĂ© faite derniĂšrement au Havre , et de poursuivie devant les tribunaux les nĂ©gocians qui se livrent Ă  ce honteux trafic. Recevez, Monsieur le Maire, etc. J. GIRARDIN. * U n'y a aucune exagĂ©ration danj ce que nous disons ici relativement aux fraudes qu’o fait sabir nul matiĂšres alimentaires. Les vins , les cidres , les vinaigres , les eaux-dc-v' > les huiles, le lait, les sucres, le beurre, le chocolat, les diverses sucreries , les farines, '‱ fĂ©cules , le pain , etc., tout est dĂ©naturĂ© avec une effronterie inconcevable. Les autoritĂ©s n sauraient veiller avec trop de soin Ă  cette partie si importante de la salubritĂ© publique. RAPPORT SUR UNE POUDRE DESTINÉE A REMPLACER LE CAFÉ, ADRESSÉ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROUEN, LE 7 MAI 1835 *. -—»C M Le 22 avril, M. le maire de Rouen m’adressa la lettre suivante Monsieur, » Un sieur Semelagne, rue Bourgerue, n° 6 , prĂ©tend avoir » trouvĂ© le moyen de faire, avec des graines indigĂšnes, une » poudre qui peut remplacer le cafĂ©. » J’ai l’honneur de vous en transmettre un Ă©chantillon , en » vous priant de vouloir bien en faire l’analyse, et me faire » connaĂźtre s’il n’y aurait point d’inconvĂ©nient Ă  en permettre la » vente. » AgrĂ©ez, etc. >> Le Maire de Rouen , » JOURDAIN, adjoint. » 1 lustre dans le caliier de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d'Emulation Rouen l»t>ur 1834 ; et dans 1rs Annales d' HygiĂšne publique et de mĂ©decine lĂ©gale ‱ t. ‱ } i >‱ ? janvier 1834, p. 260 — Voici le rapport pie je transmis Ă  ce magistrat, le 7 mai suivant Monsieur le maire. J’ai soumis Ă  l’analyse la poudre que vous m’avez envoyĂ©e, et qui est destinĂ©e Ă  remplacer le cafĂ©. Voici l’exposĂ© du travail que j’ai entrepris pour en connaĂźtre la nature. Cette poudre offre la couleur et le grain du cafĂ© ordinaire moulu ; mais son odeur et sa saveur sont loin de rappeler cette substance. L’odeur en est trĂšs—faible et analogue Ă  celle des matiĂšres vĂ©gĂ©tales grillĂ©es sa saveur est lĂ©gĂšrement amĂšre ; en se dĂ©layant dans la salive , cette poudre la rend Ă©paisse et comme pĂąteuse. PressĂ©e entre du papier brouillard , elle n’y forme aucune tache huileuse ; elle est trĂšs-sĂšche au toucher. Sur les charbons ardens, elle brĂ»le en rĂ©pandant une fumĂ©e nullement aromatique. Mise en infusion dans l’eau bouillante, elle communique Ă  celle-ci une couleur rouge-brun trĂšs-foncĂ©, une saveur amĂšre non dĂ©sagrĂ©able, mais sans aucun bouquet. Cette liqueur ne pourrait remplacer le cafĂ© pour les personnes habituĂ©es Ă  l’usage de cette boisson , car c’est tout au plus si elle se rapproche d’une dĂ©coction de marc de cafĂ© bien Ă©puisĂ©. Une partie de l’infusion rapprochĂ©e en consistance d’extrait, a donnĂ© une substance solide, noirĂątre, insoluble dans l’alcool, consistant, pour la plus grande partie, en gomme et en matiĂšre extractive colorĂ©e , auxquelles Ă©tait uni un peu d’acide qu’on a regardĂ© comme de l’acide acĂ©tique. Une autre portion de l’infusion , soumise Ă  l’action de quelques rĂ©actifs, s’est comportĂ©e de la maniĂšre suivante AcĂ©tate neutre de plomb - Rien. Sous-acĂ©tate de plomb .PrĂ©cipitĂ© floconneux, blanc grisĂątre, abondant ; la liqueur reste colorc'c malg re l’cxccs du rĂ©actif. — 261 — Gclatinc . La liqueur ne se trouble qu’au bout de quelques heures, et donne alors un lĂ©ger prĂ©cipitĂ© grisĂątre. Pcrchlorure de mercure .Trouble loger au bout de plusieurs heures. Potasse caustique . Rien. ' Acide sulfurique concentrĂ©.. Rien. Sulfate de protoxide de fer.. Rien. Pcrchlorure de fer . Rien. Alcool rectifiĂ©. . ... La liqueur devient lactescente et laisse dĂ©poser lentement une matiĂšre brune en se dĂ©colorant. Cette matiĂšre, examinĂ©e Ă  part, offre les caractĂšres d’une gomme, associĂ©e Ă  une substance extractive altĂ©rĂ©e qui paraĂźt se rapprocher de ce que Fourcroy nommait extractif oxide, et que Berze- lius appelle apothĂšme. L’alcool surnageant le prĂ©cipitĂ© , Ă©tant rapprochĂ© , prĂ©sente des indices d’une matiĂšre sucrĂ©e. La poudre de cafĂ© indigĂšne que nous examinons , mise en digestion dans l’alcool Ă  36°, colore celui-ci en rouge—brun ; cette teinture devient lactescente par l’addition d’eau, et donne, par l’évaporation , une matiĂšre rĂ©sineuse qui cĂšde Ă  l’eau bouillante une certaine quantitĂ© d 'apothĂšme. La poudre, Ă©puisĂ©e par l’alcool, a Ă©tĂ© traitĂ©e par l’eau bouillante aiguisĂ©e d’une petite quantitĂ© d’acide nitrique. La liqueur colorĂ©e en jaune-brun prĂ©cipitait en blanc sale , par l’alcool rec- tiliĂ© et l’ammoniaque. DĂ©colorĂ©e par le moyen du charbon , et rapprochĂ©e Ă  la moitiĂ© de son volume, elle prit une couleur bleue assez foncĂ©e, par l’addition de quelques gouttes de solution d’iode. ChauffĂ©e fortement dans un tube Ă  calcination , dans le haut duquel on avait placĂ© un papier de tournesol bleu, et un autre teint en rouge par les acides , cette poudre, en se dĂ©composant, donna des vapeurs qui ramenĂšrent sensiblement au bleu le tournesol rougi. IncinĂ©rĂ©e dans un creuset de platine, elle laissa une cendre — 262 — grise lĂ©gĂšrement alcaline , dans laquelle on reconnut la prĂ©sence de carbonate de potasse, de phosphates de chaux et de magnĂ©sie, de silice et d’une trace de fer. Les essais les plus minutieux ne purent y faire dĂ©couvrir aucuife substance mĂ©tallique nuisible. Il rĂ©sulte des recherches prĂ©cĂ©dentes que la poudre du sieur Scmclagne est celle d’une substance vĂ©gĂ©tale lĂ©gĂšrement azotĂ©e ; Que cette substance, qui renferme de l’amidon, de la gomme, une rĂ©sine, des phosphates, doit ĂȘtre la semence d’une plante cĂ©rĂ©ale ; Que cette poudre ne contient d’ailleurs aucune matiĂšre qui puisse nuire Ă  la santĂ©. En raison de la nature de cette poudre, je crois, Monsieur le Maire, que vous pouvez, sans aucun inconvĂ©nient, en permettre la vente , sous le nom de cafĂ© indigĂšne, en astreignant toutefois le fabricant Ă  cette condition, de ne rien ajouter Ă  sa composition et de ne la modifier, de quelque maniĂšre que ce soit , sans vous en avoir prĂ©venu, faute de quoi son autorisation lui serait retirĂ©e. Pour etre assure que le s eur Semelagne se conformera Ă  celte clause, je pense qu’il sera convenable de faire prendre chez lui, de tems Ă  autre, des Ă©chantillons de son cafĂ© , pour qu’on puisse s’assurer s’il le prĂ©pare toujours de la mĂȘme maniĂšre. Vous aurez ainsi la garantie que cette personne n’abusera point de votre autorisation pour mettre en circulation des produits nuisibles ou insalubres. DĂ©sirant connaĂźtre quelle Ă©tait la semence cĂ©rĂ©ale employĂ©e par le sieur Semelagne pour la confection de son cafĂ© , j’ai pousse mes essais plus loin que cela n’était nĂ©cessaire pour Ă©clairer votre religion. Je vais vous faire connaĂźtre les rĂ©sultats de ces nouvelles recherches. A l’époque du blocus continental, la privation des produits de nos colonies engagea beaucoup de savons et de spĂ©culateur» — 263 — Ă  rechercher dans les produits de notre sol des succĂ©danĂ©es aux matiĂšres alimentaires que l’habitude rendait indispensables Ă  la majeure partie de la population. Le sucre et le cafĂ© occupaient le premier rang sous ce rapport ; aussi le gouvernement ne nĂ©gli- gea-t-il rien pour seconder les tentatives qui, de tous cĂŽtĂ©s, furent entreprises pour dĂ©couvrir les moyens de remĂ©dier Ă  la disette de ces deux substances alibiles. Le miel, le sucre et le sirop de raisins , le sirop de pommes et de poires, le sucre de betteraves , ne tardĂšrent pas Ă  remplacer, sinon Ă  faire oublier, le sucre des colonies, et cette substitution devint, pour beaucoup de dĂ©partemens, et notamment pour ceux du nord et du midi de la France , l’occasion d’un dĂ©veloppement industriel qui porta par la suite d’heureux fruits. On ne fut pas aussi heureux pour le remplacement du cafĂ©, car si l’on parvint facilement Ă  donner Ă  beaucoup de substances vĂ©gĂ©tales brĂ»lĂ©es l’aspect de cette poudre si recherchĂ©e, on ne put jamais trouver une matiĂšre qui rĂ©unĂźt Ă  ses caractĂšres extĂ©rieurs l’arĂŽme et la saveur dĂ©licieuse qui font de la fĂšve d’Arabie un breuvage de prĂ©dilection pour toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Bien des semences et d’autres organes de vĂ©gĂ©taux ont Ă©tĂ© tour-Ă -tour essayĂ©s pour cet usage. Je citerai entr’autres , Parmi les graines , Celles du glaĂŻeul, vulgairement iris des marais, flambe bĂątarde irispseudo-acorus, L. ; du pois chiche cicer arietinum, L. ; de l’astragale d’Andalousie aslragalus bƓhcas, L. ; du gombo ou gombeau hibiscus csculentus, L. ; du petit houx ou fragon piquant ruscus L.; du genĂȘt d’Espagne sparliitm scoparutin, L. ; du houx ilex aquifolium, L. ; de l’avoine avenu ninla, saliva, oricnlalis, L.; de l’orge hordeuni salivnm, L. ; do seigle sccalc cercalc, L. ; du froment triticum hybernum, L. ; du maĂŻs ou blĂ© de Turquie zea mais, L. ; du haricot phaseolusjvulgaris, L. ; du pois pisum salivum, L. ; du petit lupin lupinus angastifolia , L. ; de la fĂ©verole ou gourgane faba satina, L. ; v du grand soleil helianlhus annuus, L. ; les glands de chĂȘne {quercus pedunculata , Ɠsculus, su- ber, etc., L. ; les chĂątaignes fagus castanea, L. ; les pĂ©pins de groseilles ribes rubritm, L. ; ‱ de raisins vitis vinifera, L.; de l’églantier, surtout de la grande espĂšce velue rosa viilosa, L. ; les capsules du buis buxus sempervirens, L.* Parmi les racines, Celles de la chicorĂ©e sauvage cicfioriuminlybus, L. - r delĂ  carotte dauciis carota, L.; de la betterave {bĂȘla vulgaris, L. ; du souchet comestible , vulgairement amande de terre cyperus csculentus, L. ; de l’arachide ou pistache de terre arachis liypogea, L.; du gaillet accrochant ou gratteron {gallium aparine,L.; de la fougĂšre {polypodium filix mas , L.; du petit houx ruscus aculealus 1 . 1 On peut voir, pour tout ce qui regarde les succcdancea du cafĂ©, les ouvrages suivanj ĂŻ Annales de l'agriculture française , t. 34. Annales de chimie , t. 78 , p. 95 , et t. p. 330. Bulletin de pharmacie, t. l, p. 57 1 ; t. 2, p. 92 ; t. 3 , p, ĂźiOt j t. 5, p. 218-330. Journal de pharmacie, t. 6 , p. 393 , et t. 10 , p. 4PG. Agriculteur manufacturier, t. I, p. 45, — 265 — Parmi toutes ces substances , c’est la racine de chicorĂ©e torrĂ©fiĂ©e qui a joui de la plus grande vogue , et c’est la seule qui soit encore employĂ©e par le peuple, eu Hollande, en Belgique et dans la plus grande partie de la France, non pour remplacer entiĂšrement le cafĂ©, mais pour diminuer la proportion nĂ©cessaire Ă  la confection du breuvage dont le besoin est maintenant tout aussi impĂ©rieux que celui de manger du pain 1 . Dans le nombre des substances que je viens de signaler comme ayant Ă©tĂ© employĂ©es Ă  la prĂ©paration du cafĂ© , vous avez vu figurer , Monsieur le Maire, plusieurs semences de cĂ©rĂ©ales , telles que l’orge , le seigle , l’avoine, le froment, le maĂŻs. J’ai recherchĂ© quelle Ă©tait celle de ces semences qui pouvait offrir le plus de rapports avec la poudre du sieur Semelagne. En consĂ©quence, j’ai torrĂ©fiĂ© une certaine quantitĂ© des unes et des autres, et j’ai prĂ©parĂ© avec leurs poudres des infusions que j’ai comparĂ©es Ă  celle que fournit la poudre dont le nom m’était inconnu. Celle qui m’a paru s’en rapprocher davantage a Ă©tĂ© la poudre du seigle grillĂ© , aussi je n’hĂ©sitai plus Ă  considĂ©rer le cafĂ© du sieur Semelagne comme Ă©tant prĂ©parĂ© avec cette poudre. L’usage du seigle , comme succĂ©danĂ©e du cafĂ© arabique , n’a pas Ă©tĂ© abandonnĂ© dans tous les pays, puisque le recueil des brevets d’invention dĂ©livres aux Etats-Unis nous apprend qu’un n ornmc Knit exploite une patente pour la confection d’un cafĂ© 0 Oo doit Ă  M. PayssĂ© des dĂ©tails trĂšs-ctend»» sur la prĂ©paration du cafĂ©-chicorĂ©e en Hol- ^ an de et en Belgique. Ils font suite Ă  son curieux mĂ©moire sur le cafĂ©. Voir Annales de , t. 59, p. 505. La racine de betterave est aussi employĂ©e de nos jours , Ă  Pinstar de la chicorĂ©e 9 dans une r a rtie du dĂ©partement du Nord, oĂč , comme on sait, la culture de cette prĂ©cieuse racine » ac l WĂźt ' 1 f — 268 que je m’en assurai en employant un procĂ©dĂ© tout-Ă -fait semblable Ă  celui que M. TrĂ©vet a indiquĂ©. J’ignore si ce sel de cuivre se trouvait accidentellement dans la liqueur mise en vente, ou s’il y avait Ă©tĂ© introduit pour rehausser sa teinte , les renseignemens que je pris Ă  cet Ă©gard ne m’ayant fourni aucune notion certaine. De l’absinthe, prise chez d’autres liquoristes de Rouen , ne me prĂ©senta aucune trace de cuivre. J’examinai aussi, Ă  la mĂȘme Ă©poque, les prunes Ă  l’eau-de-vie et les cornichons mis en vente chez les liquoristes et les Ă©piciers ; mais je n’y trouvai pas de traces apprĂ©ciables de cuivre. La plupart du tems, cependant, ces prĂ©parations en contiennent, par suite de la mauvaise habitude contractĂ©e par ceux qui les confectionnent, de faire usage de tamis mĂ©talliques et de bassines de cuivre. L’autoritĂ© devrait exiger l’abandon de ces pratiques dangereuses . AgrĂ©ez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , septembre 1 834* — 2 G 9 — A MONSIEUR CHEVALIER, UK DES RÉDACTEURS DU JOURNAL DE CHIMIE MÉDICALE Monsieur et cher confrĂšre , Je viens de lire, dans le dernier numĂ©ro du Journal de Chimie mĂ©dicale , page 317, une note de M. Leroy, pharmacien Ă  Bruxelles , sur la forme cristalline de l’iode, dans laquelle se trouve une assertion que je dois combattre, dans l’intĂ©rĂȘt de la vĂ©ritĂ© Je » n’ai pu parvenir, dit ce pharmacien , Ă  me procurer un travail » qui me donnĂąt la description cristalline de l’iode. La derniĂšre » Ă©dition des ElĂ©mcns de chimie de M. ThĂ©nard, c’est-Ă -dire » celle qu’il publie en ce moment, nous dit que l’iode se prĂ©sente » sous forme lamelleuse ; l’absence de toute dĂ©termination de » forme cristalline me fait croire que, jusqu’ici, elle n’a pas Ă©tĂ© " observĂ©e. » C’est, contre cette phrase que je crois devoir rĂ©clamer, non pour moi, mais pour un chimiste que la mort a moissonnĂ© au dĂ©but d’une carriĂšre qui promettait d’ĂȘtre fĂ©conde en utiles tra- v aux. Plisson, dont je m’honorerai toujours d’avoir Ă©tĂ© l’ami, a dĂ©crit, dĂšs 1828, la forme cristalline de l’iode dans ses recherches sur Yiodure d’arsenic. Voici comment il termine le mĂ©moire qu’il a insĂ©rĂ© sur ce sujet dans les Annales de chimie et de physique , *‱ 4o , p. 265 , annĂ©e 1828. CRISTALLISATION DE L’iODE. Pendant le cours des recherches prĂ©cĂ©dentes , j ai eul occa- ” sion de constater que l’iode cristallisait en octaĂšdres aigus ou en 1 Journal de chimie mĂ©dicale, de pharmacie et de toxicologie, t. 1, 2e sĂ©rie, p, 416, a »nce I85ĂŒ. 270 — » rhomboĂšdres, et qu’on l’obtenait sous ces deux formes en aban- » donnant Ă  l’air de l’acide hydriodique iodurĂ©. J’ai aussi remar- » que que l’iode se rĂ©unissait, sous forme de rhomboĂšdres, Ă  la » partie supĂ©rieure des flacons oĂč l’on conserve de l’iodure iodure >> d’arsenic. » La mĂȘme indication se trouve dans le Journal de Pharmacie, t. 4, p. i63 , annĂ©e 1828. J’ai en ma possession, depuis cette Ă©poque, un Ă©chantillon d’iode parfaitement cristallisĂ© en octaĂšdres aigus, que je dois Ă  l’amitiĂ© de Plisson , et chaque annĂ©e , dans mon cours de chimie gĂ©nĂ©rale, Ă  l’école municipale de Rouen , je cite l’observation de Plisson , que j’ai eu plusieurs fois dĂ©jĂ  l’occasion de vĂ©rifier 1 . AgrĂ©ez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , juillet i835. 1 Wollaston, long - teins avant Plisson, a indiquĂ© la forme cristalline de Piode. L chimiste anglais s’est assurĂ© que la forme primitive est un octaĂšdre , se rapprochant un pet* de la forme primitive du soufre. Les axes de cet octaĂšdre sont cntv’eux , autant qu’il a Ă©tĂ© possible de le dĂ©terminer, Ă -peu-pres comme les nombres 2,3 et 4. Annals of philo - sophy. V. 237, et SystĂšme de chimie, par Thomson , t. 1, p. 226. A MESSIEURS LES RÉDACTEURS DU JOURNAL VE PHARMACIE ET VES SCIENCES ACCESSOIRES >. Messieurs, Mon confrĂšre M. Lassaigne, professeur de chimie Ă  l’école royale vĂ©tĂ©rinaire d’Alfort, vient d’adopter, dans la nouvelle Ă©dition de son AbrĂ©gĂ© Ă©lĂ©mentaire de chimie, une mĂ©thode graphique pour l’exposition des thĂ©ories chimiques, dont je fais usage dans mon cours public Ă  Rouen, depuis 1828. J’ai donc le droit de m’en considĂ©rer comme l’inventeur, d’autant plus qu’avant cette Ă©poque, personne n’avait songĂ© Ă  employer de semblables figures pour rendre plus claire et plus facile aux Ă©lĂšves l’intelligence des rĂ©actions chimiques. Devant bientĂŽt publier mes leçons de chimie gĂ©nĂ©rale et appliquĂ©e, dont la publication a Ă©tĂ© retardĂ©e depuis deux ans par des circonstances 'ndĂ©pendantes de ma volontĂ© , j’ai intĂ©rĂȘt Ă  ce que le public sache ^ue je ne serai point un copiste ou un plagiaire , en faisant usage de la mĂȘme mĂ©thode que M. Lassaigne a fait imprimer avant *uoi. Il est loin de ma pensĂ©e de laisser entendre que mon estimable confrĂšre me doive cette idĂ©e ; puisque je l’ai eue, il a pu la trouver aussi de son cĂŽtĂ©, sans avoir eu connaissance de mes tableaux. Ma rĂ©clamation n’a donc rien qui puisse porter atteinte a la franchise de caractĂšre d’un confrĂšre pour lequel je professe 1Jlle haute estime ; elle a seulement pour but de me conserver la prioritĂ© d’une invention qui n’est pas sans quelque importance P°ur l’enseignement Ă©lĂ©mentaire. En insĂ©rant cette lettre dans le prochain cahier de votre jour- n al> Vous m’obligerez infiniment. AgrĂ©ez, etc. J. GOURDIN. Rouen, novembre i 835 . Journal de pharmacie et des sciences accessoires; t> ÏJ, p, C90 ; annte J 835* ₏©S , ©©3i'2 © i ©©'» , S>©©©'ÂŁ>ÂŁS $ , ©©©S ©SSi5©©©S>'3''$'S}©©©3 EXTRAIT D UN MÉMOIRE DE M. THOMAS sur LA FABRICATION DES TOILES A VOILES EN FRANGE, l DEPUIS LE DIX-SEPTIÈME SIÈCLE, ET NOTAMMENT SUR LES TOILES A VOILES EN COTON DITES TISSUS NAUTIQUES, DE LA FABRIQUE DE MM. AD. NEVEU ET LAROCHE-BARRE , DE ROUEN 1 . Le chanvre, cannabis sativa, est une plante annuelle, origi" naire le l’Asie, et rĂ©pandue presque gĂ©nĂ©ralement en Europe‱ Sa lige est haute, velue, creuse, quadrangulaire, dure au tou" cher et sans Ă©lasticitĂ©..., autour de l’écorce sont une quantitĂ© d petits filamens qui, aprĂšs le rouissage, lorsque la partie ligneuse est sĂ©parĂ©e de la partie fibreuse, forment la filasse. Toute rupture lui est pernicieuse. Ces dĂ©tails sont connus dans les arsenaux maritimes. * InsĂ©rĂ© dans le cahier de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre > passe au jaune et mĂȘme au brun, et qui, par sa composition , » participe des matiĂšres grasses ; » 2 ° Une matiĂšre rĂ©sineuse ; » 3° Une matiĂšre mucilagincuse trĂšs-Ă©paisse ; » 4° Un principe extractif, en apparence cristallisable ; » 5° Un suc glutineux qui paraĂźt ĂȘtre la substance qui agglu- » line entre elles les fibres textiles sous l’épiderme. » Le coton brut est recouvert d’une substance rĂ©sinoĂŻde qui ‱> empĂȘche son imbibition, et d’une matiĂšre colorante jaune, en > assez petite quantitĂ©, et mĂȘme si peu abondante en certaines * espĂšces, qu’il serait inutile de les blanchir, si, par les mani- » pulations auxquelles on les soumet, on n’y ajoutait pas plu- ” sieurs autres substances plus ou moins nuisibles, qu’il est essen- “ tiel de faire disparaĂźtre. » Les substances chimiques ou plutĂŽt les principes immĂ©diats " 'I ĂŒ accompagnent la fibre ligneuse dans le chanvre et le coton , 18 — 274 — » doivent plutĂŽt diminuer l’élasticitĂ© des fibres textiles qu’y con- » tribucr. C’est certainement Ă  une tout autre cause, qui n’est » pas bien apprĂ©ciĂ©e jusqu’ici, qu’il faut attribuer la tĂ©nacitĂ© » constitutive du chanvre et l’élasticitĂ© constitutive du coton, » lorsqu’ils sont ƓuvrĂ©s , soit en cordages , soit en tissus. » Les fibrilles des tissus de chanvre sont des tubes creux, ou- » verts par les deux bouts, et que le rouissage a vidĂ©s de tous les » sucs qui Ă©taient susceptibles de les obstruer. » Les fibrilles du coton sont, au contraire, des poils, ou tubes » creux, fermĂ©s par les deux bouts et remplis d’une substance » organisatrice qu’aucun rouissage ou lavage ne peut leur enle- » ver. Ce sont des poils analogues Ă  ceux des vĂ©gĂ©taux, mais » beaucoup plus longs. Ils s’aplatissent par la dessiccation et » prĂ©sentent alors la forme d’un ruban Ă  bords mousses et relevĂ©s >‱ par un bourrelet. » D’aprĂšs cette diffĂ©rence d’organisation , il est Ă©vident » a Que les rubans des tissus de coton sont mille fois plus » flexibles que les tubes des toiles de chanvre et de lin ; » b Que les tubes de ces dernieres sont beaucoup plus propres » que les poils du coton Ă  absorber l’humiditĂ© atmosphĂ©rique ; » qu’ils ont un pouvoir hygromĂ©trique plus considĂ©rable, et » doivent se dĂ©pouiller moins facilement de l’eau d’imbibition , » soit par l’exposition aux rayons solaires , soit par leur exposi— » lion Ă  l’air libre. » Le chanvre doit perdre beaucoup plus de son Ă©lasticitĂ© et de » sa tĂ©nacitĂ© primitives que le coton , par l’action des agens cbi" » iniques, et notamment des lessives, usitĂ©s dans le blanchissage* » 11 est indubitable que le rouissage, en dĂ©truisant les matiĂšres » Ă©trangĂšres qui se trouvent entre les fibres textiles du chanvre, » doit altĂ©rer plus ou moins profondĂ©ment la force et l’élasticit >* de ces fibres ; car il est rare que cette opĂ©ration soit bien con- » duitc. — 275 — » Le chanvre Ă©tant plus chargĂ© de matiĂšres colorantes et rĂ©si- » neuses que le coton, et ces substances Ă©tant plus difficiles Ă  » dĂ©truire que celles qui se trouvent sur ce dernier, on est obligĂ© » de lui faire subir un plus grand nombre de fois l’action du » mĂȘme agent dĂ©colorant, notamment celle des lessives causti- » ques. Or, il est Ă©vident que cet agent n’est pas sans produire » quelque altĂ©ration sur la fibre textile , altĂ©ration qui sera » d’autant plus prononcĂ©e que l’action sera plus frĂ©quemment » rĂ©pĂ©tĂ©e. » Ainsi, le coton ne subissant point de rouissage, Ă©tant blanchi » plus facilement et plus promptement que le chanvre, doit peu » souffrir dans les opĂ©rations auxquelles on le soumet pour l’a— » mener Ă  l’état de toile blanche, tandis que le chanvre doit » Ă©prouver des modifications notables dans sa force et son Ă©las— » ticitĂ©, par suite des opĂ©rations qu’il subit pour ĂȘtre amenĂ© » au mĂȘme point de blancheur. Il est toutefois trĂšs-difficile, » pour ne pas dire impossible, d’estimer exactement l’influence » qu’exercent ces opĂ©rations sur la force des fils de chanvre. » Ă«>©>©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© RECHERCHES CHIMICO- JUDICIAIRES SUR DES TACHES OBSERVÉES SUR LA CHEMISE D’UN SOLDAT TUÉ RUE DU FIGUIER , A ROUEN J PAR MM. J. GIRARDIN ET MORIN ; LUES a l’acadĂ©mie royale DES SCIENCES DE ROUEN Ces recherches ont Ă©tĂ© entreprises sur la rĂ©quisition de M. De Stabenrath , juge d’instruction, dans le but de dĂ©terminer la nature de ces taches, afin d’établir si l’homme trouvĂ© mort, rue du Figuier , avait procĂ©dĂ© Ă  l’acte de la copulation dans la maison oĂč le crime avait Ă©tĂ© commis. L’ordonnance qui nous confiait ce travail nous prescrivait encore d’examiner diffĂ©rentes taches rougeĂątres qui existaient sur d’autres objets. Mais, comme leur examen ne prĂ©senterait rien d’intĂ©ressant pour l’AcadĂ©mie , nous ne nous en occuperons point ici. Avant d’indiquer les expĂ©riences auxquelles nous nous somme* livrĂ©s pour rĂ©pondre aux questions deM. le juge d’instruction, 1 InsĂ©rĂ©es dans le PrĂ©cis analytique des travaux de VAcadĂ©mie royale des sciences * belles-lettres et arts de Rouen , pour lS5i. p. 77 ; et dans le Journal de chimie vtĂ©di cale t de pharmacie et de toxicologie ; t. 1 er , seconde sĂ©rie. 1S33. p. 293. — 277 — nous croyons devoir reproduire ici l’expose des fails qui ont donne lieu Ă  notre travail, exposĂ© prĂ©sentĂ© Ă  l’AcadĂ©mie par M. De Sta. benrath lui-mĂȘme. Nous laisserons parler cet honorable magistrat. Le 26 janvier de cette annĂ©e 1 834, vers huit heures du soir, une foule immense assiĂ©geait la porte d’une maison garnie de la rue du Figuier le bruit circulait, dans la foule, qu’un homme avait Ă©tĂ© jetĂ© du second Ă©tage de cette maison, dans la cour, et qu’il s’était horriblement mutilĂ© en tombant. BientĂŽt, effectivement , un jeune homme, la tĂȘte penchĂ©e sur son Ă©paide, poussant quelques rares gĂ©missemens, fut transportĂ© de la maison de la rue du Figuier chez sa tante. LĂ , il expira. » Plusieurs commissaires de police se rendirent sur les lieux , entendirent les propriĂ©taires de la maison oĂč l’évĂ©nement Ă©tait arrivĂ© ; un mĂ©decin fut appelĂ©; et l’on pensa que le jeune homme Ă©tait mort par suite d’une chute accidentelle faite dans l’escalier, dont les marches, mauvaises et trĂšs-dĂ©gradĂ©es, offraient encore la trace d’un pied qui aurait glissĂ©. » Le lendemain, je me transportai moi—mĂȘme sur les lieux , et je lis faire l’auptosie du cadavre en ma prĂ©sence , par trois mĂ©decins. Ils constatĂšrent que les os du coude du bras gauche de la victime Ă©taient comme broyĂ©s, que la mĂąchoire Ă©tait fracassĂ©e, qu’il existait une blessure sur l’arcade de l’oeil gauche ; enfin, que le foie, lacĂ©rĂ© en deux , offrait une Ă©norme ouverture. Ils en conclurent que la cause de la mort provenait d’une chute faite d’un lieu Ă©levĂ© , et qu’elle n’était pas le rĂ©sultat de la chute dans l’escalier. » Il fallait, en prĂ©sence de cette opinion, motivĂ©e sur 1 examen du cadavre, et de celle que les commissaires de police avaient conçue , rechercher de quel cĂŽtĂ© pouvait se trouver la vĂ©ritĂ© ; remonter aux sources, voir comment l’infortunĂ© qui Ă©tait mort "'ait pu ĂȘtre conduit dans une maison qui Ă©tait signalĂ©e comme le refuge de ce que la sociĂ©tĂ© renferme de plus vil et de plus abject. » Voici ce que l’on apprit. >> Le jeune homme avait rencontrĂ©, vers six heures du soir, une fille dans un Ă©tat complet d’ivresse, lui avait demandĂ© oĂč elle couchait, et l’avait, par"humanitĂ© , reconduite Ă  son logement ; c’est la cause de sa prĂ©sence dans la maison dont je viens de parler. Un moment aprĂšs qu’il y fut entrĂ© , on entendit des gĂ©missemens dans la cour ; on sortit, et on l’aperçut par terre , rendant en quelque sorte les derniers soupirs et baignĂ© dans son sang. Pour la fille qu’il avait reconduite, elle dormait profondĂ©ment. » Comme vous le voyez, les renseignemens qu’on a obtenus n’étaient pas satisfaisans ; nĂ©anmoins, on examina avec attention les diverses parties de la maison, les chambres, les escaliers, et, aprĂšs d’assez longues recherches , l’opinion des mĂ©decins se trouva corroborĂ©e par la dĂ©couverte que l’on fit au second Ă©tage. En effet, le carrĂ© de cet Ă©tage est disposĂ© de maniĂšre que l’on peut, dans une lutte, au sein de l’obscuritĂ©, jeter un homme par une fenĂȘtre qui donne sur la cour , cette fenĂȘtre offrant une baie toujours ouverte et sans vitrage ; puis , sur une porte voisine, on voyait une grande quantitĂ© de taches rondes et rougeĂątres, affectant la forme de gouttes, paraissant rĂ©centes et ayant l’aspect du sang. Sur un auvent donnant immĂ©diatement au-dessous de la fenĂȘtre, on remarquait aussi des taches Ă -peu-prĂšs semblables Ă  cellesrci ; enfin , on ee souvint que la main droite du jeune homme mort portait la trace de huit coups d’ongles ; que sa chemise offrait des taches d’un aspect Ă©quivoque ; et je pensai qu’a- prĂšs ĂȘtre entrĂ© dans une maison de prostitution , n’ayant rien p u obtenir d’une fille ivre-morte, il avait rencontrĂ© quelques unes de ses compagnes, qui, le voyant sans argent, n’auront pas voulu condescendre Ă  sa demande; qu’une lutte se sera engagĂ©e entre elles et lui, et qu’un tiers, survenant, l’aura prĂ©cipitĂ© par 1 fenĂȘtre. » Pour vĂ©rifier ces faits, qui se prĂ©sentaient naturellement ‱* 279 — l’esprit, il fallait dĂ©terminer la nature des taehes dont j’ai parlĂ©. YoilĂ  les causes de l’expertise de MM. Girardin et Morin, et des questions que je leur ai adressĂ©es. Vous allez juger du mĂ©rite de leur travail. Qu’il me suffise de vous dire maintenant que, par suite de rĂ©vĂ©lations faites par des tĂ©moins, un homme et deux femmes sont renvoyĂ©s devant la cour d’assises , comme inculpĂ©s de meurtre. » La chemise que nous avions Ă  examiner prĂ©sentait plusieurs taehes grisĂątres. L’une d’elles, enlevĂ©e avec le morceau de toile qui la supportait, Ă©tait rude au toucher ; elle offrait la rĂ©sistance du linge empesĂ©, tandis que les parties de la chemise qui n’étaient point tachĂ©es conservaient leur mollesse. La surface opposĂ©e Ă  la tache Ă©tait cotonneuse et n’avait rien de rude. On la partagea en deux parties; l’une fut chauffĂ©e, et elle n’exhala point l’odeur delĂ  graisse. Nous remarquĂąmes aussi que la tache n’avait pas traversĂ© la partie du linge qui la supportait, ce qui aurait eu lieu si elle eĂ»t Ă©tĂ© produite par un corps gras. Une autre portion de la tache , chauffĂ©e avec prĂ©caution , devint jaunĂątre, comme cela arrive avec la tache de sperme , et rĂ©pandit l’odeur caractĂ©ristique de ce liquide animal. La partie de la tache qui n’avait point servi aux expĂ©riences ci-dessus fut mise en macĂ©ration, pendant quelques heures, dans l’eau distillĂ©e froide , et on l’agita avec un tube de verre ; bientĂŽt elle exhala une odeur spermatique, et le linge se dĂ©sempesa ; alors le liquide devint un peu visqueux. Nous observĂąmes sur le linge une petite quantitĂ© d’une matiĂšre glutineusc qui, enlevee avec prĂ©caution et soumise Ă  l’aclion immĂ©diate du calorique , dĂ©gagea une odeur de matiĂšre animale brĂ»lĂ©e. La dissolution de la matiĂšre de la tache ayant ele fdtrĂ©e , pour sĂ©parer les fibrilles qui s’étaient dĂ©tachĂ©es du linge, fut divisĂ©e en deux parties. L’une fut Ă©vaporĂ©e Ă  une trĂšs-douce chaleur et prit une consistance visqueuse sans se coaguler, caractĂšre propre 28» — au sperme dans cet Ă©tat, elle ramenait au bleu le papier de tournesol rougi par un acide en conduisant l’évaporation jusqu’à sa fin, on obtint un rĂ©sidu demi-transparent, semblable au mucilage dessĂ©chĂ© , luisant , de coĂŒlĂ©ur Ă  peine fauve , dĂ©composable, comme toutes les matiĂšres animales, Ă  une tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e, et qui, par l’agitation dans l’eau distillĂ©e froide , se partagea en deux parties l’une glutineuse, d’un gris jaunĂątre , adhĂ©rente aux doigts, Ă  la maniĂšre delĂ  glu, Ă©tait insoluble dans l’eau ; l’autre , au contraire , s’y dissolvait. L’autre partie de la dissolution donnait, avec le chlore, l’alcool , l’acĂ©tate et le sous-acĂ©tate de plomb , un prĂ©cipitĂ© blanc floconneux ; le deuto-chlorure de mercure y produisit un trouble blanchĂątre l’acide nitrique ne la troubla pas , tandis que le contraire a constamment lieu avec l’écoulement blennorrhagique. La teinture de noix de galles y forma un prĂ©cipitĂ© blanc sale, qui disparut par l’action de la chaleur, pour reparaĂźtre ensuite par le refroidissement. Nous considĂ©rons la matiĂšre de la tache comme du sperme dessĂ©che. Afin de prĂ©venir une objection qui aurait pu naĂźtre de l’état de salete de la chemise, nous avons pris une certaine quantitĂ© de ce linge , non tachĂ© , pour le soumettre aux expĂ©riences ci-dessus dĂ©crites, et les rĂ©sultats que nous avons obtenus ont Ă©tĂ© entiĂšrement nĂ©gatifs. L’aspect jaunĂątre que prenait la tache lorsqu’on la chauffait d’une maniĂšre convenable, l’odeur spermatique qu’elle exhalait dans ces circonstances, et la maniĂšre dont elle se comportait avec l’eau, ne permettent pas de douter que la chemise soumise Ă  notre examen ne fĂ»t tachĂ©e par du sperme. Un seul liquide, celui de la gonorrhĂ©e, pourrait avoir quelque ressemblance avec lui ; mais il s’en distingue, en ce qu’il ne devient point jaunĂątre lorsqu’on l’approche du feu , et n’exhale pas l’odeur spermatique. Mis dans l’eau, il s’y dissout, et la liqueur qui en rĂ©sulte, exposĂ©e Ă  une douce chaleur, donne lieu Ă  un coagulum albumineux. ©©©© CONSIDÉRATIONS SUR LA NECESSITE DES ÉTUDES SCIENTIFIQUES Rien n’est plus propre Ă  donner une haute idĂ©e de l’intelligence humaine, que la vue des prodiges enfantĂ©s par la science et I’industrie dans une pĂ©riode de tems aussi courte que celle qui nous sĂ©pare de la lin du xviii siĂšcle, Ă©poque oĂč les arts industriels ont reçu une impulsion si remarquable. MaĂźtre absolu, pour ainsi dire , des Ă©lĂ©mens et des forces de la nature, que son gĂ©nie persĂ©vĂ©rant lui a fait dĂ©couvrir, l’homme , cette noble crĂ©ature sortie la derniĂšre des mains delĂ  toute-puissance, n’est plus aujourd’hui un ĂȘtre faible , inhabile et craintif ; fds de Dieu, c’est aussi un dieu qui fait Ă©clore, Ă  chaque instant, des merveilles, dignes de celles qui ont prĂ©cĂ©dĂ© et accompagnĂ© sa naissance. L’est Ă  la science qu’il doit ce dĂ©veloppement prodigieux de sa puissance; c’est, elle qui, par une heureuse rĂ©action, a perfectionnĂ© l’intelligence dont elle Ă©tait nĂ©e et lui a fourni les moyens d’agrandir incessamment son empire. Le rĂŽle de la science , dans l’état actuel de la civilisation , est 'niinense ; on ne saurait mĂ©connaĂźtre l’utilitĂ© d’en penelrer les sc crets et de se familiariser avec son langage. L’industrie, qui 11 est, Ă  proprement parler, que l’application des forces de * homme et de celles de la nature au travail et Ă  la production InsĂ©rĂ©es dans la Repue de Rouen 3 numĂ©ro tic janvier ISùßijt, j, p, Vt. — 282 — des choses utiles, ne vit et ne marche que par elle. Alors mĂȘme que l’homme ne serait pas sans cesse excitĂ© Ă  se livrer Ă  son etude, par les jouissances si vives et si variĂ©es qu’elle procure, un motif plus impĂ©rieux que tout autre l’obligerait a lui demander son secours la nĂ©cessitĂ©, le besoin de sa conservation. Mais un heureux changement, sous ce rapport, s’est opĂ©rĂ© dans les esprits en moins d’un demi-siĂšcle ; Ă  une indiffĂ©rence presque dĂ©daigneuse pour les arts utiles, a succĂ©dĂ© chez beaucoup un vif dĂ©sir d’apprendre et d’appliquer les connaissances acquises. Pour amĂ©liorer la condition de l’homme , on a interrogĂ© la science ; et, une fois engagĂ©e dans cette voie, la sociĂ©tĂ© n’a pu s’en Ă©carter , entraĂźnĂ©e par ce mouvement irrĂ©sistible qui pousse continuellement l’esprit Ă  reculer les bornes de l’inconnu. Qu’on se reporte par la pensĂ©e Ă  l’état de l’industrie en gĂ©nĂ©' rai, il y a une soixantaine d’annĂ©es seulement, qu’on le compare Ă  celui dans lequel elle se trouve de nos jours, et on sera frappĂ© des rapides et Ă©tonnans progrĂšs qu’elle a Ă©prouvĂ©s dans un espace de tems aussi limitĂ©. Tandis que , autrefois, les inventions sortaient du fond des ateliers et passais 1 * 1 des mains de gens aussi routiniers qu’ignorans dans celles de s thĂ©oriciens , elles Ă©closent, actuellement, dans les cabinets de ceux-ci, pour se rĂ©pandre dans les fabriques , oĂč on les expl°d c aussitĂŽt, et presque constamment avec bonheur. A qui doit-on , en edet, la connaissance delĂ  labrication du fer-blanc, qui, jusqu’au xml" siĂšcle , fut la possession exclus»' 0 les habitons de la Saxe? A qui doit-on celle de la porcelaine, des Ă©maux , la dorure sur mĂ©taux, l’éclairage au gaz ? N’est-ce pas Ă  des hommes entiĂšrement adonnĂ©s Ă  l’étude des sciences? Qui a perfectionnĂ©, avec tant de succĂšs , diverses branches d’industrie restĂ©es pendant de longs siĂšcles dans l’enfance , telles que l'art du tannage, celui du brasseur, la fabrication des esprits, la peinture sur verre, sur porcelaine , sur Ă©mail, sur mĂ©taux, la prĂ©paration du papier de coton , etc. ? Ce sont des gens de science, et non des praticiens ignares. Ne sont-ce pas aussi des savans qui ont su dĂ©couvrir dans la betterave un sucre analogue Ă  celui de la canne, et qui ont trouvĂ© les moyens de l’en extraire avec assez d’économie pour qu’on puisse exploiter avantageusement cette racine dans nos climats ? Ne sont-ce pas eux aussi qui, par des manipulations aussi simples qu’ingĂ©nieuses , ont opĂ©rĂ© la conversion de l’amidon en gomme et en sucre; retirĂ© des os une matiĂšre la gĂ©latine qui a reçu tant d’applications diverses ; qui ont créé la fabrication du sel ammoniac, Ă  l’aide des chiffons et des rĂ©sidus de matiĂšres animales ; le blanchiment des tissus, au moyen d’agens aussi faciles Ă  employer que le chlore et les chlorites ; la prĂ©paration du blanc de Clichy, du bleu de cobalt, de l’outremer factice , et de tant d’autres couleurs minĂ©rales que les peintres emploient maintenant avec tant d’avantages pour animer la toile et reproduire les hommes et les choses d’une autre Ă©poque ? Qui a retrouvĂ© la composition de ces mortiers et cimens qui durcissent sous les eaux , que les Romains employaient exclusivement dans leurs constructions, et qui ont durĂ© plus que leur empire ? Qui a dĂ©couvert les propriĂ©tĂ©s antiputrides et dĂ©colorantes du eharbon, et en a fait l’application Ă  la dĂ©puration des eaux , Ă  la dĂ©sinfection des matiĂšres vĂ©gĂ©tales et animales en partie corrompues , Ă  la conservation des substances alimentaires, Ă  la dĂ©co— Wallon des sirops , des huiles et autres liquides ? — 284 — Qui a inventĂ© ces machines merveilleuses dont la puissance permet Ă  l’homme de centupler ses efforts et d’obtenir des rĂ©sultats si gigantesques, ces machines Ă  vapeur, en un mot, qui ont amenĂ© une rĂ©volulion’si heureuse dans notre industrie moderne ? Qui a imaginĂ© de substituer la vapeur Ă  l’air et Ă  l’eau, pour le chauffage des habitations , des ateliers, des sĂ©choirs ? Qui a rendu moins pĂ©nible et plus prompt», l’exploitation des mines, créé les moyens d’entretenir sans cesse un air pur et salubre dans les lieux de grands rassemblemens et jusque dans les profondeurs de la terre, oĂč s’accumulent des populations entiĂšres ? Qui a trouvĂ© les procĂ©dĂ©s les plus propres Ă  enlever l’odeur infecte aux endroits oĂč sont entassĂ©es des matiĂšres organiques en proie Ă  la putrĂ©faction ; Ă  soustraire les ouvriers doreurs et autres aux funestes effets des gaz dĂ©lĂ©tĂšres qui abrĂ©geaient leurs jours ? Qui a dotĂ© les ateliers de teinture et d’impression sur Ă©toffes de couleurs si riches et si solides ? Qui a enseignĂ© l’art de varier les nuances Ă  l’infini, de les dĂ©truire Ă  volontĂ© sur les tissus mĂȘme, et de les remplacer par d’autres, avec une facilitĂ© qui tient du prodige? Tous ces travaux importans, toutes ces dĂ©couvertes rĂ©centes» ne sont-ils pas le fruit des mĂ©ditations de la science ? Ces quelques exemples, pris sans choix, nous rĂ©vĂšlent assez ce que la science peut faire pour l’homme, quand il sait l’interroger et la connaĂźtre. C’est une mine inĂ©puisable qui verse chaque jour de nouvelles richesses en Ă©change du travail et de l’élude. Ces vĂ©ritĂ©s, long-tems mĂ©connues, commencent enfiu Ă  se faire jour et ne tarderont pas Ă  devenir vulgaires. Notre Ă©poque , en effet, est remarquable par la simultanĂ©itĂ© des effort 5 que l’on observe dans quelques classes de la sociĂ©tĂ© pour amĂ©liorer toutes les branches de la prospĂ©ritĂ© publique , en apph — 285 quant Ă  cette Ɠuvre les ressources le la science. L’activitĂ© de l’homme ne s’est jamais, il faut l’avouer, dĂ©ployĂ©e avec autant d’énergie dĂšs qu’une dĂ©couverte est connue, des milliers de bras s’empressent aussitĂŽt de l’exploiter , et aucune idĂ©e thĂ©orique n’est jetĂ©e dans le monde, sans que de nombreux essais n’en viennent promptement constater l’étendue et les avantages. L’esprit d’association est favorable Ă  ce besoin gĂ©nĂ©ral d’entreprises. C’est Ă  lui que nous devons la plupart de nos rapides progrĂšs dans les arts. L’homme isolĂ© n’expose qu’en tremblant ses capitaux ; il se dĂ©fie de l’entraĂźnement qui accompagne toujours une idĂ©e neuve et hardie, et cette timiditĂ© est souvent la cause du peu de succĂšs de ses tentatives. Les associations, au contraire , que n’arrĂȘtent point de telles considĂ©rations, spĂ©culent avec hardiesse et opĂšrent presque toujours avec bonheur. Ce qu’un seul, d’ailleurs, ne pourrait faire, elles l’exĂ©cutent avec promptitude et Ă©conomie. C’est lĂ  tout le secret de ce prodigieux accroissement de la fortune publique en Angleterre, pays Ă©minemment novateur et dĂ©barrassĂ©, depuis longues annĂ©es, des entraves de la routine. La France commence Ă  prendre une part active Ă  ce dĂ©veloppement de l’industrie. DĂ©jĂ , de nombreux succĂšs en tous genres signalent ses premiers pas dans la voie des amĂ©liorations. EspĂ©rons que l’essor donnĂ© Ă  nos manufactures ne se ralentira pas , et que le gouvernement s’empressera d’étendre de tout son pouvoir notre commerce au dehors ; c est la seule ressource que nous ayons actuellement pour Ă©couler les produits qui encombrent' nos places , et soutenir une eoncurrence qui doit encore multiplier nos efforts. Une mesure qui a singuliĂšrement contribuĂ© Ă  communiquer Ă  1 industrie française l’impulsion remarquable dont nous sommes tĂ©moins depuis une vingtaine d’annĂ©es, c’est la crĂ©ation de ces e *positions quinquennales, dont la premiĂšre idee , due Ă  Fran- S * Ă  partir du fer niai 1S34. Le gouvernement a dĂ©fĂ©rĂ© a ce vƓu, en dĂ©cidant, par rordo» rttinfC royale du 4 octobre 1853, le maintien de nos expositions industrielles et leur rĂ©pĂ©til* 011 des intervalles de cinq annĂ©es. Presque tous les peuples Ă©trangers ont suivi l’exemple de la France, en ^ pareilles fĂȘtes nationales. Il y a eu des expositions de produits d'industrie Ă  Turin , ^*1' la Haye, Munich, Saint-PĂ©tersbourg, aux États-Unis, etc.; et il s’en prĂ©pare de»* n ° vclles Ă  Bruxelles et Ă  Madrid. Chez nous, ces expositions ne sc sont point bornĂ©es Ă  la capitale. Plusieurs viMes »» ^ *riellcs en ont Ă©tabli de locales, et quelques unes les ont renouvelĂ©es Ă  des Ă©poq ,u * r r — 287 — excitant d’abord la curiositĂ©, ont attirĂ© l'attention du _ ’’ cct des industriels sur les ressources du pays , et Ă©veillĂ© chez les uns l’intĂ©rĂȘt, chez les autres le dĂ©sir d’obtenir quelque distinction honorable. Les rĂ©compenses dĂ©cernĂ©es avec solennitĂ© par le chef de l’état, sur les propositions d’un jury composĂ© d’hommes pris en majeure partie dans les rangs de cet Institut que toutes les nations nous envient, ont fait naĂźtre l’émulation dans tous les ateliers, et l’observateur a pu remarquer avec satisfaction les heureux rĂ©sultats d’une institution aussi Ă©minemment nationale. La louable ambition de partager ces rĂ©compenses a imposĂ© la nĂ©cessitĂ© de mieux faire, et par consĂ©quent d’apprendre. Le seeours de la science a Ă©tĂ© implorĂ© par tous, et il ne s’est pas fait attendre. Les hommes adonnĂ©s Ă  l’étude des thĂ©ories scientifiques ont, dĂšs-lors , Ă©tabli d’utiles et frĂ©quentes communications avec les praticiens proprement dits, et n’ont plus dĂ©daignĂ©, comme par le passĂ©, de parcourir les ateliers. Pour se faire entendre du plus grand nombre, ils ont dĂ©barrasse la Science de tous les obstacles qui s’opposaient Ă  sa propagation, notamment en rĂ©pudiant une nomenclature barbare et sujette ^ d’éternelles variations , qui semblait n’avoir Ă©tĂ© inventĂ©e que pour dĂ©rober les fruits de leurs recherches aux regards de la multitude. Ile toutes parts ont surgi de nombreux ouvrages Ă©lĂ©mentaires , qui ont fait circuler rapidement les principes et les laits de l’expĂ©rience; des journaux spĂ©cialement consacrĂ©s Ă  leres Lille, Douai, Caen, Mulbauscn, Strasbourg, Évrcux, Rouen, etc., sont de cc n °ml> re . Tous ces faits attestent assez l’importance et l’utilitĂ© de ces institutions, et l’influence ^l 11 elles exercent sur le dĂ©veloppement de l’industrie et du commerce, par l’émulation il s’est habituĂ© Ă  ne voir en elles que des accessoires, n’ayan* d’ailleurs d’importance qu’autant qu’elles paraissent devoir con- duire Ă  un but positif. L’industriel ^de son cĂŽtĂ© , a perdu insensiblement ses prĂ©jugĂ©s, ses vieilles traditions presque toujours erronĂ©es, et a enfin reconnu la supĂ©rioritĂ© rĂ©elle de l’instruction sur la morgue de l’ignorance. Rien ne saurait plus dĂ©sormais arrĂȘter cette heureuse dirccti 011 des esprits. Les applications et les donnĂ©es expĂ©rimentales d c ^ science absorbent aujourd’hui l’attention , et quiconque veut atW cher Ă  son nom un souvenir durable, s’empresse de consacrer ses travaux Ă  l’éclaircissement de quelque point encore obscur d une — 289 industrie spĂ©ciale. Les peuples , n’étant plus divisĂ©s par ces prĂ©ventions malheureuses qui les isolaient les uns des autres, mettent en commun les fruits de leur expĂ©rience j ils font un Ă©change mutuel de leurs dĂ©couvertes , et adoptent sans difficultĂ© les pratiques qu’ils voient rĂ©ussir chez leurs voisins. Ă©goĂŻsme national, toujours si exclusif et si bornĂ©, s’use peu Ă  peu par ces rapports frĂ©quens, qu’augmentent tous les jours les facilitĂ©s de communication et le goĂ»t dominant des voyages ; avec lui s’éteignent ces haines de nation Ă  nation , et la civilisation, ainsi favorisĂ©e , s’accroĂźt sans pĂ©ril pour les peuples, sans dommage pour les individus. Commerce! industrie! voilĂ  les Ă©lĂ©mens les plus certains delĂ  force et de la prospĂ©ritĂ© du pays ! — DĂ©sormais , il faut tourner de ce cĂŽtĂ© et l’attention des gouvernemens et les efforts des hommes dĂ©vouĂ©s au bien gĂ©nĂ©ral, car le monde industriel envahit une place immense dans la sociĂ©tĂ©, qu’il a d’ailleurs si profondĂ©ment modifiĂ©e. Il faut qu’on s’empresse d’encourager les Ă©tudes scientifiques, et de faire pĂ©nĂ©trer les notions essentielles au centre mĂȘme des ateliers. Leur enseignement, du reste, ne doit pas ĂȘtre limitĂ© aux seuls hommes de l’art, imx producteurs proprement dits. Toutes les classes qui sont placĂ©es en dehors de l’exploitation directe des arts, ne jouissent pas moins des bienfaits de l’industrie ; elles en ressentent les variations suivant que les produits fabriquĂ©s augmentent ou diminuent dans leur prix ou leur quantitĂ©, et elles ont, ainsi, le plus grave intĂ©rĂȘt Ă  connaĂźtre les causes qui prĂ©sident au dĂ©veloppement journalier de la richesse publique. Si quelque chose doit Ă©tonner, au milieu de ce mouvement gĂ©nĂ©ral qui donne une vie nouvelle Ă  nos manufactures, c’est de t’oir chez le plus grand nombre une ignorance aussi complĂšte des sciences exactes, et surtout des pratiques les plus simples de 19 290 — cette industrie qui fournit Ă  tous les besoins. Hommes du monde , magistrats, poĂštes, guerriers, artistes, commerçans, tous doivent Ă  la Technologie les jouissances du luxe et les commoditĂ©s de la vie; mais combien peu, parmi eux, peuvent se rendre compte des moyens que l’artisan emploie pour les satisfaire? Combien peu, parmi eux, savent comment se font la toile et le drap qui les protĂšgent contre les intempĂ©ries des saisons ; le pain et le vin, qui rĂ©parent leurs forces affaiblies ; comment on moud le blĂ© , on blanchit le linge; ce qu’est une machine, et comment on s’en sert, etc.? Demandez leur les moindres renseignemens sur ces belles inventions qui excitent, Ă  leur origine, tant d’étonnement et d’admiration parmi les masses, comme la cloche du plongeur, le ballon de l’aĂ©ronaute, les chemins de fer, les bateaux et les voitures Ă  vapeur, les puits artĂ©siens, la lampe du mineur, les procĂ©dĂ©s lithographiques, les presses mĂ©caniques , les mĂ©tiers Ă  la Jacquart, etc., etc. — Ils seront dans la triste impuissance de contenter votre curiositĂ©. AssurĂ©ment, un pareil Ă©tat de choses est incomprĂ©hensible, Ă  une Ă©poque oĂč l’intelligence humaine paraĂźt si vivement fermenter. Quelle peut en ĂȘtre la cause? Elle existe, selon nous, dans l’état stationnaire de nos Ă©lablisseinens d’instruction universitaire et dans l’indiffĂ©rence qu’on y apporte Ă  l’enseignement des sciences exactes. Les principales Ă©ludes de la jeunesse se rĂ©duisent encore a la connaissance des langues mortes, et il n’y a qu’un trĂšs-petit nombre d’élĂšves qui acquiĂšrent des notions suffisantes des sciences mathĂ©matiques et physiques ; la technologie reste Ă©trangĂšre h une foule de jeunes gens qui, une fois sortis Je» classes, fatiguĂ©s de travaux mal dirigĂ©s, n’ont ni le teins ni 1 e vouloir peut-ĂȘtre de se livrer Ă  de nouvelles Ă©tudes dont l’iitil'* e ne leur a point Ă©tĂ© assez dĂ©montrĂ©e. C’est ainsi que se perpetue l’ignorance des choses les plus communes dans les classes Ă©levĂ©es de la sociĂ©tĂ© ; et, tandis que ^ eS arts se perfectionnent, que de nouvelles branches dindustim — 291 — s’élĂšvent chaque jour, que les sciences font Ăźles progrĂšs incalculables , que, chaque jour aussi, et en raison mĂȘme de ce dĂ©veloppement scientifique et industriel, l’aisance et la richesse su rĂ©pandent de plus en plus , la plupart de ceux qui profitent davantage des heureux rĂ©sultats de cette activitĂ© industrielle et physique, sont justement ceux qui y sont le plus Ă©trangers ; ils en reçoivent les bienfaisans effets, comme ils profitent de la lumiĂšre du jour , sans s’occuper de la source d’oĂč elle Ă©mane ! Que de jouissances, cependant, ils perdent! que d’agrĂ©ables distractions ils nĂ©gligent ! Presque tous les faits, que l’habitude nous fait voir avec indiffĂ©rence, sont des phĂ©nomĂšnes intĂ©ressons aux yeux de ceux qui peuvent les comprendre. Le mĂ©canisme ingĂ©nieux qui donne la vie Ă  toutes ces machines dont l’homme a su tirer un parti si merveilleux, ces rĂ©actions curieuses que produisent les corps dans leur contact, ces mĂ©tamorphoses qu’ils subissent par l’action de certains agens employĂ©s avec discernement , ces effets de destruction et de recomposition qui se passent Ă  chaque instant autour de nous, cette production de corps nouveaux que le chimiste sait obtenir avec une admirable facilitĂ© , tout n’est-il pas un sujet d’études attrayantes et une source d’impressions toujours neuves et piquantes ! En prĂ©sence d’un fait dont l’évidence est manifeste aux yeux de tous, le dĂ©faut des notions les plus Ă©lĂ©mentaires de la science et de l’industrie dans les classes Ă©levĂ©es de la sociĂ©tĂ©, il appartient h ceux qui, par position ou par goĂ»t , ont pĂ©nĂ©trĂ© les mystĂšres de l’une et de l’autre, de travailler Ă  faire cesser un Ă©tat de choses aussi dĂ©plorable. Ils y parviendront sĂ»rement en profitant habilement des moyens que la presse leur prĂ©sente. DĂ©barrassant la science de ce qu’elle a de trop sĂ©vĂšre pour des. hommes inaccoutumĂ©s Ă  son langage, montrant des applications directes et continuelles des vĂ©ritĂ©s qu’elle enseigne , ils ne tarderont pas a piquer la curiositĂ© des esprits les plus lĂ©gers , et Ă  faire naĂźtre chez eux le dĂ©sir de pĂ©nĂ©trer plus avant dans le vaste champ des — 292 — Ă©tudes positives. Ainsi se rĂ©pandront peu Ă  peu les connaissances utiles ; ainsi la culture des sciences, devenant plus gĂ©nĂ©rale, contribuera Ă  adoucir les mƓurs, Ă  affaiblir ces haines de parti qui divisent les cƓurs les plus gĂ©nĂ©reux, et Ă  rapprocher les hommes qui, pour s’aimer et s’estimer , n’ont besoin que de se voir et de s’entendre. VoilĂ , certes, un beau rĂŽle Ă  remplir ! A dĂ©faut des sociĂ©tĂ©s savantes , qui mĂ©connaissent presque toutes le vĂ©ritable but de leur institution , c’est aux recueils pĂ©riodiques, c’est aux journaux Ă  s’en emparer. La Revue nous a offert quelques unes de ses pages pour y dĂ©poser nos pensĂ©es scientifiques et faire connaĂźtre Ă  nos concitoyens les nombreux et importons rĂ©sultats qu’obtient chaque jour l’industrie humaine , celte fille du besoin et de l’intelligence. Nous avons acceptĂ© avec empressement une part active Ă  la collaboration d’un recueil qui, dans des mains habiles, peut devenir une puissante cause d’amĂ©lioration et de perfectionnement dans notre pays. L’hospitalitĂ© que la littĂ©rature veut bien donner Ă  la science , dans cette circonstance , est une manifestation Ă©vidente de ce besoin , ressenti gĂ©nĂ©ralement, de rĂ©unir en un seul faisceau toutes les inspirations et les dĂ©couvertes utiles, quel que soit l’ordre d’idĂ©es auquel les unes et les autres se rattachent. La littĂ©rature et la science ont une commune origine, comme elles ont un mĂȘme but, l’amĂ©lioration du sort de l’homme ; elles doivent donc dĂ©sormais marcher sous la mĂȘme banniĂšre , et se soutenir pour mieux atteindre ce noble rĂ©sultat. Æ©©e©©©©*©©3©©©s©©e©©e>©©©©©» LA PERROTINE, NOUVELLE MACHINE POUR L’IMPRESSION DES INDIENNES. I er ARTICLE ' . Tout ce tjui a pour objet le perfectionnement le la fabrication des indiennes, tout ce qui tend Ă  communiquer Ă  cette branche d’industrie une nouvelle impulsion, ne peut manquer d’avoir du retentissement et d’exciter l’intĂ©rĂȘt dans notre pays. Le sujet de cet article nous paraĂźt donc, plus que tout autre, de nature Ă  commander l’attention. Empruntant tout—à—la—fois les secours de la chimie et de la mĂ©canique, l’indienneur est, de tous les industriels, celui qui fait les applications les plus frĂ©quentes des principes et des dĂ©couvertes de ces deux sciences. Le dĂ©veloppement de son art est intimement liĂ© Ă  la marche progressive de ces connaissances ; et, comme ce sont, de toutes les Ă©tudes positives, celles qui, sans contredit, sont le plus cultivĂ©es de nos jours, en raison de leur utilitĂ© pratique, l’art de peindre les Ă©toffes est aussi celui qui fait les progrĂšs les plus rapides et les plus extraordinaires. Long-tems rĂ©duit Ă  l’emploi de moyens assez grossiers pour charger la toile de dessins diversement coloriĂ©s, le fabricant 1 Elirait de la Revue de Rouen. FĂ©vrier 1&3S ; l. o , p. jpo. I — 294 — d’indiennes doit, au perfectionnement de la gravure et des procĂ©dĂ©s mĂ©caniques, une supĂ©rioritĂ© marquĂ©e sur les Indiens, ses premiers maĂźtres dans cette partie, sous le rapport du bon goĂ»t et de l’élĂ©gance des dessins, la nettetĂ© et la rapiditĂ© de l’exĂ©cution. Jusque vers la fin du xvm siĂšcle, l’impression des couleurs se fit uniquement, soit avec des planches en bois , portant en relief les dessins destinĂ©s Ă  couvrir les tissus, et qu’on manƓuvrait Ă  la main, soit avec des planches de cuivre rouge gravĂ©es au moyen du poinçon ou Ă  la maniĂšre usitĂ©e pour l’impression en taille- douce , qu’on faisait agir Ă  l’aide de machines Ă  mouvement de rotation continu. Mais, vers 1801, le cĂ©lĂšbre Oberkampf, de Jouy, essaya, dans sa belle manufacture long-tems sans rivales, d’imprimer avec des cylindres de cuivre gravĂ©s. Ce nouveau mode d’opĂ©rer, que les fahricans de Manchester ne tardĂšrent pas Ă  perfectionner et Ă  rendre aussi simple qu’expĂ©ditif, causa une rĂ©volution dont les effets sur la prospĂ©ritĂ© de l’art furent incalculables. Ces cylindres ou rouleaux permirent, non seulement de fabriquer en fort peu de tems et avec une grande Ă©conomie des masses de toiles peintes, mais ils apportĂšrent dans la fabrication une prĂ©cision et une correction jusqu’alors inconnues. L’impression d’une seule couleur sur calicot, qui nĂ©cessitait le travail d’un homme et d’un enfant pendant trois heures au moins, celle de deux couleurs, qui en exigeait au moins six, se firent dĂšs-lors en quelques minutes et avec une perfection qu’il n’était pas possible d’atteindre pur le moyeu des planches & la main. Depuis l’introduction , dans les ateliers, des machines Ă  imprimer, on n’a cessĂ© d’y apporter des modifications , dans le but de rendre ce procĂ©dĂ© mĂ©canique aussi productif que possible. De là» l’invention de machines Ă  deux et Ă  trois cylindres, qui donnent la facilitĂ© d’imprimer, Ă  la fois, sur le mĂȘme tissu, deux et trois couleurs diffĂ©rentes. C’est Adam Parkinson, de Manchester, q lU est l’auteur de ces derniers perfectionnemens. Ou entrevoit facilement quelles Ă©conomies il est possible de rĂ©aliser par 1 einpl 01 — 295 — de ces appareils. Toutefois, les rouleaux ne dispensent pas de faire usage des planches Ă  la main , car les couleurs supplĂ©mentaires ne peuvent ĂȘtre donnĂ©es Ă  la toile qu’au moyen de planches dites Tcntrures , qui sont en rapport avec les dessins gravĂ©s sur les cylindres ; et, d’ailleurs, il est une foule d’articles qui ne peuvent ĂȘtre confectionnĂ©s qu’à la main. Il faut dire aussi que les machines Ă  imprimer au rouleau, et les rouleaux en cuivre qui en dĂ©pendent , nĂ©cessitent une premiĂšre mise de fonds trĂšs-considĂ©rable, et que celles Ă  deux et surtout Ă  trois couleurs prĂ©sentent d’assez graves difficultĂ©s dans leur construction et leur maniement ce n’est, en effet, qu’avec une peine extrĂȘme qu’on parvient Ă  obtenir constamment de la rĂ©gularitĂ© dans le service de ces machines. L’impression Ă  la main , ne fĂ»t—ce qne par l’économie sur la mise-dehors, a donc persistĂ© dans la plupart des fabriques, bien que l’usage du rouleau soit devenu chaque jour plus commun. Mais voici qu’un ingĂ©nieur civil de Rouen , qu’un mĂ©canicien dĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre, M. Perrot, vient d’imaginer une machine propre Ă  remplacer avantageusement le travail Ă  la main, toujours si lent et si coĂ»teux. Ti ois planches en bois, gravĂ©es en relief, Ă  la maniĂšre des planches ordinaires, longues de trente-deux pouces et larges de deux Ă  quatre pouces environ , se trouvent, comme par enchantement, chargĂ©es de couleur, puis pressĂ©es successivement contre la piĂšce qu’il s’agit d’imprimer, et qui passe d’elle-mĂȘme, comme dans les machines Ă  rouleaux, devant chacune de ces planches. Deux hommes, l’un qui veille au service de la machine, l’autre qui fait mouvoir tout le systĂšme, et trois enfans qui font office de tireurs, suffisent pour imprimer en trois couleurs vingt- quatre piĂšces environ de calicot par jour. Il font donc, Ă  eux cinq, le travail de vingt-quatre imprimeurs et de vingt-quatre tireurs , le travail d’un imprimeur, aidĂ© de l’enfant nommĂ© tireur dans les fabriques, ne dĂ©passant guĂšre , terme moyeu, une piĂšce Ă  trois couleurs ou Ă  trois mains. — 296 — Si l’on compare cette impression mĂ©canique Ă  la planche , Ă  l’impression Ă  la main, tant sous le rapport de l’économie que sous celui de la perfection du travail, on sera frappĂ© de l’immense supĂ©rioritĂ© de la premiĂšre en effet, la machine de M. Perrot rĂ©alise au moins 3o fr. d’économie par chaque couleur, c’est-Ă -dire go fr. par jour, sans compter qu’elle ne dĂ©pense que la moitiĂ©, terme moyen, des couleurs qu’il faut employer dans le travail Ă  la main ; et on comprendra facilement qu’il doit en ĂȘtre ainsi, en rĂ©flĂ©chissant qu’au lieu de vingt-quatre chĂąssis garnis, nĂ©cessaires pour la confection de vingt-quatre piĂšces, trois seulement suffisent. Les planches que la machine fait mouvoir ne nĂ©cessitent pas les soins que sont forcĂ©s de prendre les imprimeurs pour redresser et dĂ©gauchir les planches ordinaires aussi durent-elles trois fois plus que celles-ci. Toujours prĂȘte a marcher, n’exigeant, pour sa manƓuvre, qu’un trĂšs-petit espace, le service de cette machine peut ĂȘtre continuĂ© nuit et jour ; le tems nĂ©cessaire au changement de dessin et de couleur n’excĂšde pas une demi-heure. Sous le rapport de l’exĂ©cution, on conçoit qu’elle doit nĂ©cessairement fonctionner avec plus de rĂ©gularitĂ© et de prĂ©cision que la main, qu’elle doit faire des raccords plus parfaits. Nous avons vu de nombreux dessins imprimĂ©s par cet appareil, et nous en avons admirĂ© la nettetĂ© et la correction ; beaucoup d’entr’euX n’auraient pu certainement ĂȘtre exĂ©cutĂ©s Ă  la main. Les mordans, rongeans, rĂ©serves et couleurs d’application sont imprimĂ©s, p ar cette machine , avec une incroyable facilitĂ©, pourvu que ces cou- leurs soient de nature Ă  ĂȘtre appliquĂ©es immĂ©diatement. Chacune des trois couleurs peut ĂȘtre fournie plus ou moins, et on obtient le degrĂ© convenable de pression des planches sur la toile, 1,u moyen d’un mĂ©canisme trĂšs-simple, qui permet d’augmenter ou de diminuer la pression Ă  volontĂ©. A tous ces avantages matĂ©riels, il faut joindre celui non moins prĂ©cieux pour les chefs d’ d’ĂȘtre , dĂ©sormais, a — 297 — l’abri >vec la fabrication des indiennes, qu’on donne, dans les fabri- de ta Revue de Rouen. Avril I85G ; t. ", p. 251». — 300 — ques, le nom de tireurs aux enfuns chargĂ©s d’étendre sur les chĂąssis les couleurs que les ouvriers imprimeurs doivent appliquer sur les toiles avec leurs planches gravĂ©es. Avant d’indiquer en quoi consiste le perfectionnement ajoute Ă  la Perrotine, il est essentiel de donner connaissance des faits qui l’ont provoquĂ©. La Perrotine a Ă©tĂ©, comme toutes les inventions nouvelles en butte aux attaques les plus vives et les plus opposĂ©es ; et, pour que rien ne manquĂąt au triomphe de son auteur, elle a Ă©tĂ© l’occasion d’une coalition entre les ouvriers imprimeurs , et, par suite, d’un procĂšs jugĂ© Ă  Rouen dans les derniers jours de i835- Les faits que nous allons rapporter mĂ©ritent de recevoir de l a publicitĂ©, car il en ressortira une grande leçon pour les ouvriers qui ne sont pas encore assez convaincus que la loi protĂšge les inventeurs contre leur mauvais vouloir, et qui regardent comme un flĂ©au pour eux les perfectionnemens qui diminuent, ça et lĂ  > quelque peu de main-d’Ɠuvre dans les manufactures. Depuis deux ans, la Perrotine fonctionnait parfaitement bien dans les ateliers de M. Stackler, fabricant d’indiennes Ă  Saint- Aubin-la-RiviĂšre, lorsque, tout—à-coup, au commencement du mois de septembre de l’annĂ©e derniĂšre, de graves dĂ©fauts se firent apercevoir dans les piĂšces imprimĂ©es par cette machine- Jleaucoup de ces piĂšces prĂ©sentaient, d’espace en espace , des parties sur lesquelles la couleur n’était point appliquĂ©e ; elle 5 furent donc entiĂšrement perdues. En gĂ©nĂ©ral, dans les machines, le3 vices se produisent d’un e maniĂšre constante et uniforme ; mais ici les dĂ©fectuositĂ©s arn' voient trĂšs-irrĂ©guliĂšrement. Des piĂšces entiĂšres Ă©taient lfa " primĂ©es avec une grande perfection ; puis, instantanĂ©ment plusieurs offraient les dĂ©fauts que nous venons d’indiquer. Cette bizarrerie dĂ©jouait l’attention de l’ouvrier chargĂ© de conduire la Perrotine ; elle dĂ©routait complĂštement le contremaĂźtre que M. Perrot avait envoyĂ© chez M. Stackler, P° ur _ 301 dĂ©couvrir les causes d’un mal aussi grand. Toutes les parties de la machine fonctionnaient rĂ©guliĂšrement. On ne savait comment expliquer la production de ces dĂ©fauts , qui se renouvelaient sans cesse, et on cherchait vainement un moyen de les faire cesser. M. Perrot, qui dĂ©jĂ  avait Ă©tĂ© plusieurs lois victime de la mĂ©chancetĂ© des ouvriers, entrevoyait lĂ  un nouveau tour de leur façon , d’autant plus que l’un d’eux avait dit, un jour, en ricanant M. Perrot lui-mĂȘme viendrait qu’il n’y verrait goutte.» Enfin, par suite du demi-aveu d’un imprimeur, ami du conducteur de la Perrotinc, on surveilla plus attentivement les deux tireurs, et on les surprit au moment oĂč, aprĂšs avoir Ă©tendu la couleur sur les chĂąssis, ils passaient rapidement la main sur les planches. Ils enlevaient, par cette manƓuvre, la couleur dont elles Ă©taient chargĂ©es, ce qui faisait manquer nĂ©cessairement l’impression de la partie essuyĂ©e. Les tireurs, pris en flagrant dĂ©lit, furent remplaces par d’autres, qui employĂšrent le mĂȘme manĂšge. Trois d’entr eux, intimidĂ©s par les menaces qui leur furent faites , avouĂšrent qu’ils agissaient ainsi Ă  l’instigation d’un nommĂ© Marchand, tireur comme eux, qui leur avait enjoint de faire manquer les piĂšces. Le plus ĂągĂ© de ces conspirateurs avait Ă  peine seize ans ! Evidemment , ils Ă©taient les instrumens aveugles des imprimeurs Ă  la main, que la Pcrrotine avait remplacĂ©s dans les ateliers de M. Stackler, car eux seuls Ă©taient intĂ©ressĂ©s Ă  la dĂ©prĂ©ciation et Ăą l’abandon de cette machine, qui leur avait causĂ© un notable prĂ©judice. Il fallait un exemple, un chĂątiment public , pour empĂȘcher le retour de semblables manoeuvres, et apprendre aux ouvriers qu’il ne leur est pas permis de porter impunĂ©ment atteinte au droit sacrĂ© de la propriĂ©tĂ©. Il fallait leur faire sentir que leur rĂ©sistance Ă  se soumettre tranquillement Ă  la nĂ©cessitĂ© Ă©tait vaine ; leur montrer que leur intĂ©rĂȘt particulier devait flĂ©chir devant 1 intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral des consommateurs, et les aveitii qu au lieu de — 302 — s'armer lu marteau les briseurs de machines, il leur serait plus profitable de chercher, dans les autres parties de la fabrication de l’indienne, une occupation qu’un mode plus Ă©conomique de travail devait nĂ©cessairement leur enlever sans retour. Ces motifs dĂ©cidĂšrent M. Perrot Ă  porter plainte au procureur du roi, et bientĂŽt une ordonnance de traduction en police correctionnelle fut rendue contre les tireurs Marchand, Beuzevestre, Rasse et Boucher, prĂ©venus de s’ĂȘtre coalisĂ©s et d’avoir gravement compromis, en gĂątant sciemment des marchandises, les intĂ©rĂȘts de MM. Stacklcr et Perrot, Le io novembre i835, le tribunal, faisant application dc 9 art. 443» 69 , 4^3 et 62 du code pĂ©nal , dĂ©clara les quatre tireurs coupables d’avoir, comme ouvriers, volontairement gĂątĂ© les piĂšces en fabrication chez M. Stacklcr, et les condamna, savoir Marchand, Ă  un an d’emprisonnement ; Beuzevestre, Ă  six mois ; Rasse, Ă  un mois ; Boucher, Ă  quinze jours de la mĂȘme peine ; et tous, en outre, aux frais du procĂšs, solidairement et par corps. Beuzevestre, Rasse et Boucher firent appel de ce jugement- Le 4 dĂ©cembre 1 835, la cour royale de Rouen rendit l’arrĂȘt suivant 1 Art. dis. Quiconque , Ă  l'aide d'une liqneur corrosive ou par tout autre moyen, a ,,r * ‱volontairement pĂątĂ© tics marchandises o;i matrices servant Ă  la fabrication, sera puni d 11 ' 11 emprisonnement d'ut» mots Ă  deux ans , et d'une amende qui ne pourra excĂ©der le piart dommages-interets, ni ĂȘtre moindre de seize francs* * Si le dĂ©lit a Ă©tĂ© commis par un ouvrier de la fabrique ou par un commis de la de commerce, l'emprisonnement sera de deux Ă  cinq ans , sans prĂ©judice de l'amende, s* 11 * -qu'il vient d'ĂȘtre dit. ‱ a Aut. G9. Si le coupable n'a encouru qu'une peine correctionnelle , il pourra ĂȘtre ronda 1 * 1 * 1 Ă  telle peine correctionnelle qui sera jugĂ©e convenable, pourvu qu'elle soit au-dessou* ^ moitiĂ© de celle qu'il aurait subie s'il avait eu seize ans. » o Art. 403. Dans tous les ras ou la peine d'emprisonnement est portĂ©e par le -code, si le prĂ©judice causĂ© n’excĂšde pas 23 fr., et si les circonstances paraissent aUĂ©m»a nirS ’ les tribunaux sont autorisĂ©s Ă  rĂ©duire l'emprisonnement mĂȘme au-dessous de six j**" ,-s ’ l'amende mĂȘme au-dessous de 16 fr. Ils pourront aussi prononcer sĂ©parĂ©ment l'une ou 1 aU de-ers peines, sans qn'en aucun cas elle puisse ĂȘtre au-dessous des peines de sinipb* Art. 32. L'exĂ©cution des condamnations Ă  l'amende, aux restitutions, aux do* u,,,a ° c intĂ©rĂȘts et aux frais, pourra ĂȘtre poursuivie par la contrainte par corps. » — 303 — . n Attendu que le dĂ©lit imputĂ© aux prĂ©venus est constant , et qu’ils s’en reconnaissent coupables ; » Mais attendu que Bcuzevestre est le soutien de sa famille ; que Rasse n’est ĂągĂ© que de 1 3 ans ; que Bouclier a agi sans discernement il n’avait que 11 ans , et qu’ïl est rĂ©clamĂ© par sa mĂšre » La cour, statuant sur l’appel, rĂ©duit Ă  un mois, quant Ă  Bcuzevestre, et Ă  quinze jours, quant Ă  Rasse, la peine d’emprisonnement contre eux prononcĂ©e ; acquitte Boucher de la condamnation Ă  quinze jours de prison , et ordonne qu’il sera remis Ă  sa mĂšre ; condamne Bcuzevestre et Rasse aux dĂ©pens , solidairement et par corps. » Comme on le voit, la cour a su allier Ă  une indulgence paternelle envers de jeunes enfans Ă©garĂ©s, une sĂ©vĂ©ritĂ© nĂ©cessaire en d’aussi graves conjonctures. Ce procĂšs a eu, en grande partie, l’effet moral qu’on en attendait, car le nombre des tentatives criminelles pour dĂ©ranger le travail des Perrotines diminue chaque jour. Un autre bien est encore rĂ©sultĂ© des essais infructueux des imprimeurs de M. Stackler M. Perrot, pour ne plus Ă©prouver de nouveaux dĂ©sagrĂ©mens, a cherchĂ© le moyen de se rendre indĂ©pendant du bon et du mauvais vouloir des tireurs, et il y a l'Ă©ussi, comme en tout ce qu’il entreprend. Aujourd’hui, grĂące Ă  une addition aussi simple qu’ingĂ©nieuse, la Perrotine marche sans le secours des tireurs. Cette addition consiste en deux cylindres qui ont pour fonction de distribuer la couleur sur les chĂąssis de la machine. Ils remplissent donc l’office des tireurs ; aussi M. Perrot appelle-t-il cet a Pparcil tireur mĂ©canique. Ces cylindres, placĂ©s dans une petite auge oĂč l’on met la couleur Ă  Ă©tendre, tournent l’un sur l’autre, a 1 aide d un mĂ©canisme trĂšs-simple, se chargent de cette couleur, et l’un — 304 — d’eux , le supĂ©rieur, lu dĂ©pose sur le chĂąssis auprĂšs duquel il se trouve. Une fois la Perrotine en mouvement, toutes les parties fonctionnent avec une prĂ©cision admirable. Le tireur mĂ©canique communique au chĂąssis, et dans toute son Ă©tendue, une couche uniforme de couleur ; le chĂąssis, Ă  son tour, la cĂšde Ă  la planche gravĂ©e sur laquelle il vient s’appuyer ; puis la planche va l’imprimer sur la toile qui passe devant elle. Ces effets se succĂšdent d’une maniĂšre continue et rĂ©guliĂšre , autant de tems que le dĂ©sire le conducteur de la machine. De tems en tems, il alimente de nouvelle couleur l’auge du tireur mĂ©canique. Cet appareil a cela d’avantageux que la couleur la plus Ă©paisse est parfaitement broyĂ©e ; rĂ©sultat qu’il est impossible d’obtenir dans le procĂ©dĂ© ordinaire, oĂč le tireur l’étend Ă  l’aide d’une petite brosse sur le chĂąssis le frottement de la brosse ne peut suffire, on le conçoit, pour Ă©craser tous les grumeaux qui sc trouvent ordinairement dans une matiĂšre plus ou moins consistante. Un second avantage du tireur mĂ©canique consiste dans l’égalitĂ© et l’uniformitĂ© avec lesquelles cette couleur se trouve Ă©tendue sur le chĂąssis. Enfin , ce qui est encore trĂšs-prĂ©cieux et ce que le tireur ne peut faire, quoique dextĂ©ritĂ© qu’il ait, c’est que l’appareil de M. Perrot apporte sur le chĂąssis, Ă  chaque coup de planche» une quantitĂ© de couleur qui, une fois rĂ©glĂ©e, est toujours l a meme, quel que soit le tems pendant lequel cet appareil fonC" lionne. Nous avons vu des Perrotines, munies du tireur mĂ©caniqu e ’ en activitĂ© chez plusieurs indienneurs du dĂ©partement, et nous avons Ă©tĂ© charmĂ©s de la simplicitĂ© du mĂ©canisme et de la rĂ©gul a ' ritĂ© avec laquelle toutes les parties de ce vaste systĂšme marchent et produisent. Les fabricans louaient sans restriction l’impor tant perfectionnement dont nous venons de parler. L’un d’eux, dont — 305 — le jugement en pareille matiĂšre loitlaire naĂźtre la conviction dans tous les esprits, M. Henry Barbet, nous disait que le tireur mĂ©canique est une des plus heureuses inventions fournies par la mĂ©canique Ă  l’industrie des toiles peintes. M. Perrot trouve maintenant la rĂ©compense de ses longs et pĂ©nibles travaux , dans le succĂšs vraiment miraculeux qu’obtiennent partout ses admirables conceptions. Nous constations, dans notre premier article, qu’en moins de deux annĂ©es, 45 Perro— tines Ă©taient sorties des ateliers de notre savant ingĂ©nieur. Cinq mois aprĂšs, le rapporteur de la SociĂ©tĂ© libre d’Emulation annonçait qu’il y avait 62 de ces instrumens en activitĂ©. Aujourd’hui, nous savons qu’il y a g2 Perrotines livrĂ©es Ă  l’industrie, et que, sur ce nombre, 61 existent dans les fabriques du dĂ©partement. Voila , certes, une propagation bien rapide , et nous ne trouvons dans les annales historiques de l’industrie l’exemple d’aucune machine dont l’admission dans les ateliers ait Ă©tĂ© aussi prompte. Les machines Ă  rouleaux, qui, Ă  leur dĂ©but, causĂšrent une si vive sensation dans le monde industriel, qui rendent des services si importans et si bien reconnus, et qui sont bien plus simples dans leur mĂ©canisme que la machine de M. Perrot, ne se sont rĂ©pandues que fort lentement. Ce qui prouve, mieux que tous les raisonnemens , l’utilitĂ© et la bontĂ© de la Perrotine, c’est que , dans l’espace de trois ans , notre dĂ©partement a acquis plus de ces machines qu’il ne s’y trouve de machines Ă  rouleaux , depuis les trente annĂ©es qu’on les connaĂźt. Nous nous sommes assurĂ©, en effet, qu’il y a tout au plus 45 machines Ă  rouleaux dans nos fabriques, et nous savons que, depuis l’emploi des Perrotines , le nombre des premiĂšres s’est Ă  peine augmente de c *nq ou six. VoilĂ  des faits qui valent les meilleures dĂ©monstration scientifiques. Depuis le I er novembre i835 jusqu’à ce jour avril i838, " J tireurs mĂ©caniques ont Ă©tĂ© fabriques et vendus par M. l’cirot. % 20 — 306 Cela prouve encore que nos industriels ont reconnu bien vite les grands avantages de cette nouvelle invention. Nous ajouterons cjue, dans les environs de Paris, la Perrotine commence Ă  ĂȘtre employĂ©e-Ă  l’impression des tissus de laine. Depuis que les premiers essais de ce genre ont Ă©tĂ© couronnĂ©s de succĂšs, les commandes de ces machines se sont multipliĂ©es. Au moment oĂč nous Ă©crivons ces lignes , on nous communique une lettre d’un fabricant de tissus de laine imprimĂ©s, Ă  Puteaux, prĂšs de Paris, qui supplie M. Perrot de lui envoyer la premiĂšre machine qui pourra sortir de ses ateliers, attendu qu’il a renvoyĂ© tous ses ouvriers imprimeurs, qui lui avaient intimĂ© l’ordre de dĂ©monter sa Perrotine. Chez un autre fabricant de la mĂȘme localitĂ© , les ouvriers se sont Ă©galement soulevĂ©s, et ont mis leur chef dans l’alternative , ou de dĂ©truire ses Perro— tines , ou de les voir se retirer tous au mĂȘme instant. Il a choisi ce dernier parti, en ne les renvoyant toutefois que successivement, six par six, comme le rĂ©glement de sa fabrique lui en donnait le droit. Nous dirons, en terminant cet article que nous avons Ă©tĂ© heureux de pouvoir mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue Honneur Ă  l’homme de science qui sait doter notre industrie d’in- strumens aussi habilement conçus et aussi productifs que la Perrotine! Honneur aux industriels qui ont su les premiers apprĂ©cier dignement le mĂ©rite des conceptions de l’homme de science, et lui venir en aide en adoptant ses prĂ©cieuses inventions ! Heureux enfin le pays ou se trouvent et de tels hommes de science et de tels praticiens ! — 307 — DE LA PERROTim III e ARTICLE. ' Pour complĂ©ter et pour confirmer ce que j’ai dit dans les deux articles prĂ©cĂ©dens sur la Perrotine, je crois devoir emprunter au Journal de Rouen les documens suivans dont l’exactitude m’est connue La presse de la localitĂ© a plusieurs fois rendu hommage Ă  l’ingĂ©nieuse invention de la machine Ă  imprimer l’indienne, dite Perrotine, soit en expliquant l’habiletĂ© et la simplicitĂ© de son mĂ©canisme, soit en faisant l’éloge de ses produits , soit en constatant le nombre de machines sorties des ateliers de l’inventeur, comparativement Ă  celui des machines Ă  rouleaux vendues pendant le mĂȘme espace de tems. Il nous a paru intĂ©ressant de rechercher comment, malgrĂ© l’esprit de routine et les prĂ©jugĂ©s qui s’opposent gĂ©nĂ©ralement Ă  l’adoption des machines nouvelles, et qui n’ont pas fait grĂące h M. Perrot, sa machine Ă  imprimer l’indienne s’est Ă©tablie si promptement dans nos fabriques. Effectivement la machine Ă  rouleaux, introduite en France depuis 1801 , s’y est propagĂ©e avec une lenteur telle, que notre departement n’en compte pas 5o, tandis que la Perrotine, inventĂ©e il y a Quatre ans environ, s’est si rapidement rĂ©pandue, que plus de 1 15 machines de ce systĂšme ont Ă©tĂ© livrĂ©es par l’inventeur. Extrait du Journal de Rouen du 7 mai 1S37. — 308 — » Les causes de ce rĂ©sultat sont complexes ; maĂŻs nous croyons ĂȘtre parvenus Ă  en dĂ©duire la principale , de la comparaison entre le capital d’établissement pour l’impression aux rouleaux, et le capital proportionnellement beaucoup plus modique que nĂ©cessite l’emploi de la perrotine. » Voici, Ă  cet Ă©gard, quelques donnĂ©es prĂ©cieuses qui sont le fruit d’informations nombreuses , et sur l’exactitude desquelles nous n’avons pas Ă  craindre de contestations. Dans les calculs pii suivent, il va sans dire que nous ne considĂ©rons que la dĂ©pense relative Ă  la partie mĂ©canique, et que nous offrons les moyennes des rĂ©sultats. Le terme de comparaison est la fabrication de 20,000 piĂšces par an. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR UNE COULEUR. 60 rouleaux Ă  500 fr. 30,000 fr. La machine. 6,000 Capital. 36,000 IntĂ©rĂȘts du capital, 10 p. 0/0... 3,600 60 gravures Ă  100 fr. 6,000 Force motrice d’un cheval. 600 Ouvriers pour le service de la machine. . 3,000 Frais d’impression. . 13,200 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR UNB COULEUR. 3 Pcrrolincs. seul capital . 7,500 fr. 750 3,000 300 2,000 Frais d’impression. 6,050 » En rapprochant les rĂ©sultats ci-dessus, nous trouvons q“ c fabricant d’indiennes qui se propose, en s’établissant, de fa»e IntĂ©rĂȘts du capital. 60 gravures Ă  50 fr. Force motrice d’un 1 /2 cheval Ouvriers. — 309 — 20,000 piĂšces en une couleur, dans une annĂ©e, devra consacrer Ă  la partie mĂ©canique de rimpression un capital de 36,ooo fr. s’il veut imprimer ces piĂšces aux rouleaux, et de ^,5oofr. seulement s’il fait choix de la Perrotine ; et, en outre, que chaque piĂšce imprimĂ©e au rouleau coĂ»tera 68 centimes, taudis que, par la Perrotine, elle ne reviendra pas Ă  3i centimes. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR DEUX COULEURS. 100 rouleaux Ă  500 fr. 50,000 fr La machine. 7,000 Capital. 57,000 IntĂ©rĂȘts du capital. 5,700 60 dessins ou 120 gravures * 100 fr. 12,000 Force motrice de 2 chevaux. 1,200 Ouvriers. 4,500 Frais d’impression. 23,400 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR DEUX COULEURS. 3 Pcrrotines seul capital . 13,000 fr. IntĂ©rĂȘts du capital. 1,300 60 dessins ou I20 planches h 30 fr. 3,600 Force motrice d’un 1 /2 cheval. 300 I ouvrier cl 2 aides. 3,000 Frais d’impression 8,200 » Le capital engagĂ© ici pour l’impression aux rouleaux est donc plus que quadruple de celui que rĂ©clame la Perrotine, et le prix des ind icnnes fabriquĂ©es Ă  la Perrotine est trĂšs-peu supĂ©rieur au fiers Ăźle celui Ăźles indiennes obtenues au moyeu des rouleaux. Ensuivant le mĂȘme systĂšme de rapprochemens, dont nous abrĂ©gerons les termes, noos trouvons que, pour l’impression Ă  trois couleurs, la machine Ă  rouleaux entraĂźne une dĂ©pensĂ© en c pital de 100,000 fr., en frais annuels de 34,3oo fr., tandis — 310 — que la Perrotine Ă  trois couleurs ne rĂ©clame qu’une dĂ©pense de l5,ooo fr. en capital, et de 9,3oo fr. en frais annuels. » Ici se manifestent de plus en plus les avantages que prĂ©sente l’emploi de la Perrotine sur celui de la machine Ă  rouleaux. » Nous arrivons Ă  un point oĂč il ne nous est plus possible d’établir de comparaison entre les rĂ©sultats Ă©conomiques de la machine Ă  rouleaux et ceux des Perrotines. Il s’agit de l’impression Ă  quatre couleurs, et il n’existe pas en activitĂ© en France, que nous sachions, de machine h rouleaux susceptible d’ĂȘtre appliquĂ©e Ă  l’impression Ă  quatre couleurs comme la Perrotine. Cependant, si nous voulions anticiper sur les progrĂšs futurs de la machine Ă  rouleaux , nous trouverions que, pour l’impression Ă  quatre couleurs, celle-ci entraĂźnerait une dĂ©pense en capital de i32,ooo francs, et en frais annuels de 45,600 fr., tandis que la mĂȘme impression est aujourd’hui rĂ©alisĂ©e par la Perrotine au moyen d’un capital de 24,000 fr. et de frais annuels qui ne s’élĂšvent pas Ă  plus de i3,5oo fr. » Dans les calculs qui prĂ©cĂšdent nous avons supposĂ© que la Perrotine ne peut imprimer que vingt-deux piĂšces par jour. Cependant chez M. Girard, fabricant Ă  DĂ©ville, son gendre, qui exĂ©cute avec ses trois Perrotines des dessins d’une finesse et d’une prĂ©cision admirables , en retire de quatre-vingt-dix Ă  cent piĂšces par jour ; et nous savons que, dans quelques fabriques de Bolbec, on obtient en nombre des rĂ©sultats analogues. » Autre avantage en faveur de la Perrotine, relativement .Ă  la quotitĂ© de la dĂ©pense Au bout de quinze annĂ©es, dans l’impression au rouleau , tous les rouleaux de cuivre, ayant supportĂ© chacun quinze gravures, seront Ă -peu-prĂȘs usĂ©s, sans que le nombre de dessins puisse jamais dĂ©passer soixante ; dans l’emploi de la Perrotine, au contraire , le nombre des dessins, augmentant de soixante par annee, s’élĂšvera Ă  neuf cents au bout de quinze ans. On s’est meme occupĂ© des moyens de rendre encore moins coĂ»teuses les gravures pour Perrotines ; et des — 311 — essais heureux donnent lieu d’espĂ©rer que bientĂŽt cet art subira aussi sa rĂ©volution. » Nous avions annoncĂ© et nous venons de dĂ©montrer qu’une des causes les plus actives du succĂšs de la Perrotine rĂ©side dans l’énorme disproportion de ses prix d’établissement et d’entretien avec ceux de la machine Ă  rouleaux. Nous sommes disposĂ©s Ă  accueillir toutes rĂ©clamations qui pourraient ĂȘtre Ă©levĂ©es contre les chiffres que nous avons posĂ©s ; mais, encore une fois, nous ne les redoutons pas, car dans nos Ă©valuations nous nous sommes tenus plutĂŽt en-deçà qu’au-delĂ  de la rĂ©alitĂ© favorable Ă  la Perrotine. » Mais ce n’a pas Ă©tĂ© lĂ  le seul Ă©lĂ©ment de sa rĂ©ussite. Les qualitĂ©s saillantes de l’indienne faite au rouleau sont la finesse et la puretĂ© du dessin ; mais le mĂ©rite distinctif de l’impression Ă  la planche de la Perrotine est dans la vivacitĂ© et l’éclat des couleurs. » Pour obtenir, avec le rouleau, la mĂȘme nuance qu’avec la planche, il faut employer des mordans beaucoup plus forts ; c’est ainsi qu’il y a peu de tems encore, on n’obtenait par les rouleaux que des noirs ternes et infiniment moins beaux que ceux que l’on peut se procurer, soit Ă  la planche, soit Ă  la Perrotine. » Dans l’impression au rouleau Ă  plusieurs couleurs , les premiĂšres couleurs imprimĂ©es perdent beaucoup de leur Ă©clat, par l’écrasement qu’elles Ă©prouvent en passant sous les rouleaux qui succĂšdent au premier. » Il est encore une autre cause de dĂ©tĂ©rioration pour lesindiennes °btenucs au rouleau ; c’est que la surface du rouleau, essuyĂ©e avec une lame d’acier, ne l’est jamais qu’imparfaitement. Il rĂ©sulte de lĂ  que chaque couleur dĂ©pose sur le fond non imprimĂ© du tissu une lĂ©gĂšre couche de couleur ou de mordant. Lors donc que, par l’impression de plusieurs couleurs, le fond se trouve chargĂ© de teintes superposĂ©es, on ne peut le ramener Ă  Uue blancheur convenable qu’en soumettant l’indienne Ă  des ageus — 312 ,— qui, en dĂ©truisant ces teintes, dĂ©gradent nĂ©cessairement les couleurs du dessin. Aussi, jusqu’ici, a-t-on fait trĂšs-peu d’indiennes Ă  trois couleurs au rouleau. » On pourrait objecter qu’il y a quelques fabricans qui sont loin de rĂ©aliser par la Perrotine tous les avantages que nous venons de lui attribuer. Mais pour en tirer une consĂ©quence dĂ©favorable Ă  la Perrotine, il faudrait ignorer ou avoir oubliĂ© que la machine Ă  rouleaux a une couleur, si simple dans sa construction et par consĂ©quent plus facile Ă  conduire , sous certains rapports, que la Perrotine, ne marchait pas dans toutes les fabriques oĂč elle avait Ă©tĂ© placĂ©e, il n’y a pas quinze ans de cela , c’est-Ă -dire vingt ans aprĂšs son introduction en France. Pour ne citer qu’un fait, nous rappellerons qu’une des machines Ă  rouleaux de M. Girard avait appartenu Ă  plusieurs fabricans, sans qu’aucun en pĂ»t tirer parti avant cet habile manufacturier. Il faudrait encore ne pas se rappeler que des ouvriers ont Ă©tĂ© -condamnĂ©s Ă  la prison pour avoir empĂȘchĂ© des Perrotines de fonctionner en en altĂ©rant les rouages ou le mĂ©canisme, et ne pas savoir que ce genre de dĂ©lit est bien plus commun que ne l’a Ă©tĂ© et que ne pouvait l’ĂȘtre la rĂ©pression. » Mais, Ă  part ces causes tout exceptionnelles de non rĂ©ussite , il est Ă©vident que le succĂšs de la Perrotine va s’agrandissant chaque jour, et qu’elle tend Ă  se gĂ©nĂ©raliser, non seulement dans son emploi, mais encore dans ses applications. On sait qu’elle a Ă©tĂ© adaptĂ©e Ă  l’impression du papier de tenture et des lainages, au moyen de trĂšs-lcgĂšres modifications. Les Ă  l’impression des tissus de laine y ont rendu d’immenses services. Une seule fabrique, celle de MM. Piot et Jourdan , de Cambrai > possĂšde six Perrotines. » Nous le rĂ©pĂ©tons, le succĂšs Ă©tait acquisjdepuis long-tems Ă  cette machine, que l’on a justement considĂ©rĂ©e comme l’une des pl uS habiles et des plus utiles inventions de la mĂ©canique moderne , mais il restait Ă  analyser et Ă  prĂ©ciser les causes de ce succĂšs , ct nous sommes heureux d’avoir Ă©tĂ© en position de le faire, p° ur — 313 — l’auteur de la Perroline, qui, contre l’ordinaire de ce qui se passe dans le monde, a rencontrĂ© dans son invention une source bien lĂ©gitime de gloire et de fortune, comme pour notre dĂ©partement, dont l’industrie a reçu de lui un si puissant concours , un levier de production si Ă©nergique et si fĂ©cond. » Ăź QUELQUES CONSEILS AUX CULTIVATEURS, A PROPOS DE LA SÉCHERESSE QUI REGNE DEPUIS DEUX ANS DANS LE DÉPARTEMENT DE LA SEINE-INFERIEDRE. INSTRUCTION RÉDIGER, AU NOM D’UNE COMMISSION, PAR M. J. GIRARDIN Le dĂ©partement de la Seine—InfĂ©rieure, placĂ© Ă  plusieurs degrĂ©s au nord de la latitude moyenne de la France, entourĂ©, d’un cĂŽtĂ© par la Manche, et, de l’autre par le lit d’un grand fleuve, est, en raison mĂȘme de sa position topographique, ordi' nairement exposĂ© Ă  des pluies abondantes et souvent soutenues- Mais, depuis deux ans, une sĂ©cheresse insolite y exerce ses funestes effets, et cause de notables prĂ©judices aux habitans de n° s campagnes ; non que cette secheresse ait nui aux rĂ©coltes des ’ InsĂ©rĂ©e dans l 'Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du deoart e ment de la Seine-InfĂ©rieure , t. 8, p. 502 » trimestre d’avril 1855. — 315 eĂ©rĂ©ales et les fourrages elle leur a Ă©tĂ©, au contraire, trĂšs- favorable , parce qu’elle ne s’est fait sentir, cette annĂ©e, qu’aprĂšs leur parfait dĂ©veloppement, mais parce qu’elle a dessĂ©chĂ© de bonne heure les mares et les rĂ©servoirs, et a contraint les cultivateurs Ă  aller chercher au loin et Ă  grands frais l’eau nĂ©cessaire aux besoins de leurs mĂ©nages et de leurs bestiaux. Ce flĂ©au destructeur, que la prudence humaine ne saurait ni prĂ©voir, ni arrĂȘter, sĂ©vit actuellement d’une maniĂšre redoutable ; les sources ont disparu, les puits sont h sec, les riviĂšres mĂȘmes sont rĂ©duites au tiers de leur volume ; les moulins Ă  blĂ© sont en chĂŽmage; de lĂ , le renchĂ©rissement excessif de la plupart des denrĂ©es de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, notamment de la farine, et par suite du pain, seule nourriture de l’indigent. En prĂ©sence d’une aussi grande calamitĂ©, dont souffrent et les hommes et les animaux employĂ©s Ă  leurs besoins domestiques, la SociĂ©tĂ© centrale d’Agriculture s’est empressĂ©e de chercher les moyens, non d’en faire cesser la cause, car Ă  Dieu seul en appartient le pouvoir, mais d’en arrĂȘter ou d’en diminuer les tristes effets. Toutefois, elle ne s’est pas dissimulĂ© que ses avertissemeus n e pourraient avoir d’efficacitĂ© que pour l’avenir, et, jugeant que le mal actuellement fait Ă©tait irrĂ©parable, elle a tournĂ© toute sa s °Uicitude vers les moyens Ă  mettre en usage pour prĂ©server les ffabitans des villages et des hameaux du retour des souffrances S u ’amĂšne nĂ©cessairement le manque d’eau, cet agent dont le rĂŽle, l’harmonie de la nature, est si important, qu’on pourrait *l re , avec raison, que sans lui la vie s’éteindrait bientĂŽt Ă  la sur- lce du globe. C est pour satisfaire au dĂ©sir de la SociĂ©tĂ© centrale d’Agricul- ture qu’une commission, composĂ©e de MM. Lafosse, architecte, Hubt'euil, directeur du jardin botanique, et J. Girardin, profes-. Seur de chimie, s’est occupĂ©e de rĂ©diger l’instruction suivante. U sse-t-elle atteindre le but que la compagnie s’est proposĂ©! !“* plus grande incommoditĂ© que puisse Ă©prouver un Ă©tablisse— — 316 — ment rural, est de manquer d’eau. Dans les teins ordinaires de sĂ©cheresse, on voit souvent les mares se dessĂ©cher; mais, alors, on a recours aux puits et aux sources voisines pour les besoins domestiques ; on envoie ab'reuver les bestiaux dans les ruisseaux environnans, et souvent Ă  des distances assez grandes dans les chaleurs du mois d’aoĂ»t, ces animaux en reviennent presqu’aussi altĂ©rĂ©s qu’ils Ă©taient partis. Qu’un incendie se manifeste alors, rien ne peut en arrĂȘter les progrĂšs, Ă  moins qu’on ne sacrifie la boisson de l’annĂ©e, ainsi qu’on l’a vu faire, en 1 834, sur plusieurs points du pays, oĂč le cidre a servi Ă  faire marcher les pompes !. ‱ Aujourd’hui, le secours des puits et des sources n’existe plus; tout est tari, et les riviĂšres seules peuvent satisfaire aux besoins journaliers des fermes. DĂšs-lors, quelles dĂ©penses, quelle perte de teins pour le cultivateur, qui a besoin de son attelage et de tous les bras de la ferme pour l’exploitation de ses produits, surtout dans cette partie de l’annĂ©e oĂč les travaux sont si multipliĂ©s ! Jusqu’ici, malgrĂ© les leçons de l’expĂ©rience , les propriĂ©taires ruraux n’ont rien tentĂ© pour remĂ©dier Ă  cette disette d’eau dans nos campagnes. Trop confians sur la constitution mĂ©tĂ©orologique du pays, ils se sont gĂ©nĂ©ralement bornĂ©s Ă  creuser des mares, comptant sur les pluies de l’hiver et du printemps pour les rem" plir ; peu d’entre eux ont eu recours aux deux moyens connu» depuis long-tems pour procurer de l’eau aux localitĂ©s qui en manquent , les puits et les citernes; aussi ces rĂ©servoirs artificiels sont- ils assez rares dans les fermes normandes. Les difficultĂ©s , l ci incertitudes dĂ©courageantes, sous les rapports de la dĂ©pense et du succĂšs, dans la construction des puits, les frais Ă©levĂ©s qu’entraĂźne toujours celle des citernes, et souvent l’impossibilitĂ© de sC procurer des ouvriers assez adroits pour Ă©tablir celles-ci, s0Ilt certainement aussi des causes du peu d’empressement d’un grand nombre de propriĂ©taires Ă  sc livrer Ă  ces travaux d’amĂ©liorat' 011 ' Et , cependant , l’eau est d’une nĂ©cessitĂ© si absolue dans h» — 317 — besoins de la vie et de l’agriculture, qu’on 11e saurait rechercher avec trop de soin et payer par trop de sacrifices , les procĂ©dĂ©s que l’art indique pour s’en procurer, ou, au moins, pour mieux Ă©conomiser celle que la nature donne quelquefois avec trop de prodigalitĂ©. Occupons-nous, d’abord, des moyens Ă  mettre en pratique pour arriver Ă  ce dernier rĂ©sultat ; nous verrons ensuite comment on peut demander, avec succĂšs, Ă  la terre un peu de cette immense quantitĂ© d’eau qu’elle renferme dans son sein. Le premier soin Ă  prendre, c’est de multiplier les mares dans nos campagnes, car presque partout elles sont en trop petit nombre. Mais on objectera qu’elles seront bientĂŽt mises Ă  sec, par suite de l’évaporation et par dĂ©faut de capacitĂ©. Il y a, suivant nous, un moyen de remĂ©dier Ă  ces inconvĂ©niens. Dans les communes rurales , Ă©loignĂ©es des sources et des riviĂšres, l’administration locale pourrait acquĂ©rir un ou plusieurs terrains situĂ©s dans des positions favorables Ă  la recette des eaux pluviales, pour l’établissement de mares dont l’étendue et la profondeur seraient calculĂ©es sur les besoins de la population, ^es mares seraient entourĂ©es, pour retarder l’évaporation des eaux, de haies vives, d’arbres Ă  Ă©pais feuillage, comme, par exemple, le peuplier du Canada, qui s’accommode si bien des terres argileuses, et on pourrait y faire croĂźtre certaines plantes a quatiques, comme le typha massette , le poa aqualica pa- turin aquatique, le butĂŽme jonc fleuri, non comine objets d agrĂ©ment, mais comme moyen d’assainissement pour l’eau. ^ expĂ©rience a dĂ©montrĂ© , en effet, que des eaux stagnantes, qui eroupissent et se putrĂ©fient habituellement pendant les chaleurs, et a tel point mĂȘme que les bestiaux refusent d’en faire usage , peuvent devenir trĂšs-salubres, si, par une cause quelconque , des plantes viennent Ă  s’y dĂ©velopper. D ailleurs, pour que cet immense rĂ©servoir fournĂźt toujours de 1 eau claire, voici ce qu’on pourrait exĂ©cuter 318 — A cĂŽtĂ©, et Ă  cinq Ă  six mĂštres le distance, on creuserait un bassin de douze Ă  quinze mĂštres carrĂ©s fig. I, a , dont le fond et les cĂŽtĂ©s seraient revĂȘtus en briques trĂšs-cuites rĂ©unies par un ciment ; le fond serait plus Ă©levĂ© d’un mĂštre environ que celui de la mare , afin que la vase de celle-ci ne pĂ»t s’y introduire. L’eau de la mare b parviendrait dans ce bassin, au moyen d’un aqueduc c en briques et ciment, de cinq Ă  six mĂštres de longueur et de cinquante centimĂštres carrĂ©s. Cet aqueduc serait traversĂ©, dans sa longueur, par de petites vannes mobiles d,d,d, percĂ©es de trous et distantes l’une de l’autre d’environ cinquante centimĂštres. Elles formeraient ainsi des cases, dont les premiĂšres seraient remplies de gros galets, ou, Ă  dĂ©faut, de silex concassĂ©s, de cinq Ă  six centimĂštres de grosseur, les autres de gros sable ou de silex broyĂ©s ou concassĂ©s, et les derniĂšres de sable fin lassĂ© et bien lavĂ©. Deux cases, celles du milieu, contiendraient du poussier de charbon bien tassĂ© et lavĂ©. Le tout serait recouvert de briques, puis de gazon On obtiendrait, de cette maniĂšre, un grand filtre, capable de donner de l’eau, non seulement claire et limpide, mais dĂ©pouillĂ©e encore de toute mauvaise odeur et de mauvais goĂ»t. Le charbon que nous avons recommandĂ© de placer dans deux des cases produirait infailliblement ces derniers rĂ©sultats, alors mĂȘme que l’eau de la mare serait corrompue, car l’expĂ©rience a dĂ©montrĂ© depuis long-tems, dans le charbon une propriĂ©tĂ© dĂ©sinfectante portĂ©e au plus haut degrĂ©. Ce que nous venons de dire d’une grande mare communale» peut s’appliquer aux mares des cours de nos fermes, qui, comme on ne le sait que trop, sont entretenues dans l’état le plus dĂ©plorable ‱ Trop rapprochĂ©s des bĂątimens, elles reçoivent presque toujours les Ă©goĂ»ts de la fosse aux fumiers , qui en est aussi Ă  proximitĂ©, et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent * Voir pour le devis de la dĂ©pense de cette construction , la note premiĂšre , Ă  la suite de -ce mĂ©moire. erait un fond et par un le celui oduire. en d’un ngueur iversĂ©, d, d, quan te s pre- e silex res de res de , con— e tout ipable is dĂ©- it. Le x des nĂȘme ontrĂ© tante Ăźale, mine aille- jours litĂ©, isent itc d e ; i — 319 — dans le voisinage Ă  la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrĂ©mcns ; les feuilles des arbres, des dĂ©tritus de tout genre y tombent et s’y pourrissent ; aussi les eaux de ces fosses qui ne sont que trĂšs-rarement curĂ©es, ne sont-elles, Ă  proprement parler, que des lessives chargĂ©es de matiĂšres solubles vĂ©gĂ©tales et animales, d’oĂč il rĂ©sulte qu’elles sont constamment louches, colorĂ©es, odorantes et sapides. TrĂšs-souvent elles se couvrent de vĂ©gĂ©tations Ă  leur surface, et elles reposent, d’ailleurs, sur une vase plus ou moins Ă©paisse, qui y entretient un foyer de corruption 1 . B Je voudrais voir, dit Bosc , qu’on aime toujours Ă  citer, une ttiare bien faite , bien entretenue, auprĂšs de chaque cabane. Je fondrais apprendre Ă  la faire Ă  peu de frais, dans les pays oĂč le sol ne permet pas de conserver l’eau Ă  volontĂ©. ‱‱ Je voudrais que chaque cultivateur profitĂąt de la pente des terrains, del’égoĂ»t des toits, des ruisseaux naturels que forme la pluie prĂšs de sa demeure, pour rassembler ces eaux dans un rĂ©servoir ou mare par lui prĂ©parĂ© , soit en creusant simplement le terrain , si le sol relient l’eau, soit en y portant une forte couche *1 argile, s’il s’en trouve Ă  sa proximitĂ©. » Mais je mets une condition Ă  l’usage d’avoir une mare faute 'le meilleur moyen , c’est que cette mare sera disposĂ©e de ma* "'ere Ă  pouvoir ĂȘtre bien entretenue, bien aĂ©rĂ©e et nettoyĂ©e, quel' T"-fois assĂ©chĂ©e pour en enlever les dĂ©tritus de plantes et d’ani- tfiaux, q u ; von t fĂ©conder les champs voisins, au lieu d’empester 1rs hommes et les animaux. ” Pour rendre cette opĂ©ration facile, il faut profiter d’un terrain e 8Ăšrement inclinĂ©, ou lui donner cette direction par de simples * 'Soles, qui, de divers points , se rendent dans la mare, car j’cn t j a ^ ^' ll0 * r, le IM. J. Girardin , sur le poirier saugier et tajiilirieation du cidre , ^ Extrait des travaux de la. SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du departement de la fnfĂ©ritwre . calticr de In sĂ©ance [mldit/uc de 1 S.»4 , j>. — 320 — veux deux ; l’une supĂ©rieure et plus grande, destinĂ©e Ă  l’usage de la maison, la seconde infĂ©rieure, qui peut n’ĂȘtre qu’un fossĂ© conduisant Ă  quelques bas-fonds. Une simple vanne en bois sera construite dans la rigole qui conduit de la mare supĂ©rieure Ă  l’in- l'Ă©x'ieure. Survient-il un orage, une forte pluie, la vanne est ouverte, l’eau court d’une mare Ă  l’autre; elle est ainsi rafraĂźchie , renouvelĂ©e. Au printemps, Ă  la saison des pluies, la mare supĂ©rieure est mise Ă  sec et curĂ©e ; la mare infĂ©rieure abreuve le bĂ©tail, jusqu’au moment oĂč la premiĂšre lui fournit des eaux vives , fraĂźches et abondantes. » Je ne retrace ici que ce que j’ai vu pratiquer dans une ferme... Ce travail est simple, facile, sans dĂ©penses de constructions et d’entretien. Les avantages en sont certains. Peut-ĂȘtre devraient- ils devenir l’objet d’un rĂ©glement d’administration publique. En attendant, conseillons aux cultivateurs intelligens une pratique aussi simple que facile et avantageuse, et, loin de dĂ©truire les mares, fĂ©licitons-les d’habiter un pays oĂč il est possible de s’en procurer de salubres 1 . » L’eau de ces mares peut ĂȘtre aussi appropriĂ©e Ă  la boisson des gens de la ferme, prĂšs avoir Ă©tĂ© filtrĂ©e Ă  travers le charbon. Cette opĂ©ration peut se faire sans frais, comme sans embarras, Ă  l’aide d’un muid ou d’un tonneau disposĂ© de la maniĂšre suivante On prend un tonneau charbonnĂ© Ă  l’intĂ©rieur fig. II , dĂ©fonce par le haut, et dont le fond est percĂ© d’une multitude de petits trous, comme une Ă©cumoire. On pose sur celui-ci un tissu de laine a, et par-dessus une couche de grĂšs pilĂ©, ou du sable f' n de riviĂšre, d’environ deux pouces d’épaisseur b. On forme ensuite une autre couche de quatre Ă  cinq pouces, avec un mĂ©lange de poudre grossiĂšre de charbon de bois et de grĂšs pilĂ© trĂšs-fin et bien lavĂ©c. On comprime fortement cette couche, afin que l’eau qui doit la traverser reste long-tems en contact avec le charbon. 1 Article Mares, du Nouveau Cours complet q ue ' Paris , DĂ©lcrville , 1809. — 321 — On la recouvre d’une troisiĂšme couche de sable ou de grĂšs, Ă  peu prĂšs de deux pouces d’épaisseur d , et on assujettit fortement le tout avec un plateau circulaire en bois e , entrant avec effort dans le tonneau, et percĂ© de trous; ce plateau doit ĂȘtre ensuite lulĂ© avec de la glaise contre les parois intĂ©rieures du tonneau. Enfin , on cloue sur le plateau un drap de laine, pour qu’aucune parcelle de sable ou de charbon ne puisse ĂȘtre entraĂźnĂ©e dans l’intĂ©rieur du tonneau, qui sert de rĂ©servoir pour l’eau filtrĂ©e. L’appareil dĂ©puratoire, ainsi disposĂ©, sera placĂ© au milieu de la mare f , de maniĂšre Ă  ce qu’il plonge dans l’eau, presque jusqu’à son ouverture supĂ©rieure. On le fera reposer sur quelques grosses pierresou sur un trĂ©pied en bois. On comprend facilement que l’eau de la mare , passant par les trous du fond , traversera bientĂŽt les couches de sable et de charbon, pour s’élever dans l’IntĂ©rieur du vase jusqu’à son niveau extĂ©rieur, et qu’elle laissera dans le filtre toutes les impuretĂ©s et le mauvais goĂ»t qui la rendaient impropre Ă  la boisson. On pourra donc puiser en tout temps de l’eau parfaitement pure dans l’intĂ©rieur du tonneau, alors mĂȘme que celle delĂ  mare serait infecte et bourbeuse. Que si le niveau de la mare vient Ă  baisser par suite de l’évaporation , on descendra le tonneau de maniĂšre Ă  ce qu’il soit toujours plongĂ© aussi profondĂ©ment que possible dans l’eau. Pour pouvoir le manƓuvrer avec facilitĂ©, on Ă©tablira un systĂšme de suspension trĂšs-simple, en usage dans une foule de localitĂ©s pour brer l’eau des puits. On attachera donc le tonneau , Ă  l’aide de c °rdes, Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’une longue et forte perche c , basculant s,1r un poteau n, Ă  la maniĂšre d’un flĂ©au de balance ; Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© de ce levier, on placera un contre—poidsi pouvant faire Ă©quilibre au tonneau. Il sera donc trĂšs-aisĂ© de relever c elni—fl hors de l’eau, ou de l’y faire plonger, suivant le besoin. Les tonneaux—filtres peuvent rester ainsi pendant plus de six ni!3 fl - ” c ' — 335 Report . 2 mĂštres 16 centimĂštres de planches n chĂȘne de 8 centimĂštres d’e'paisseur, pour les vannes, lesquelles seront per- cc'cs de trous. 3 mĂštres 60, centimĂštres de planches brutes, pour couvrir l’aqueduc , Ă  4 fr. le mĂštre carrĂ©, sur 8 centimĂštres d’épaisseur . Main-d’Ɠuvre pour remplir les cases de galets, sable, charbon, etc. Dans la voĂ»te serait rĂ©servĂ© un vide pour l’établissement d’une margelle, d’une potence en bois, d’un seau, d’une chaĂźne et d’une poulie, le tout estimĂ© Ă  Total de la dĂ©pense. 985 fr. 80 c. 10,615 fr. » c. 19 44 14 40 20 120 1,159 fr. 64 c. 1,159 64 11,774 fr. 64 c. Si cette dĂ©pense est supportĂ©e par trois communes , la part de chacune sera de 3 ,924 fr. 88 c. NOTE II. De M. VabbĂ© Paramclle et de sa thĂ©orie pour la dĂ©couverte des sources. Il n’est bruit., depuis quelque teins, que des heureux rĂ©sultats obtenus dans le dĂ©partement du Lot, pour la recherche des sources , par M. l’abbĂ© Parainelle, de Saint—CĂ©rĂ©. Sur soixante- quinze creusemens opĂ©rĂ©s d’aprĂšs les indications de cet ecclé— S astique, soixante-neuf ont procurĂ© des sources salubres et abondantes. Les divers rapports des SociĂ©tĂ©s d’Agriculture du dĂ©partement du Lot, patrie de M. l’abbĂ© Paramelle, et de celles des ’lcpartcmens voisins ; les nombreux procĂšs-verbaux de dĂ©couplĂ©s de sources, envoyĂ©s aux prĂ©fectures de ces mĂȘmes dĂ©parte- ^us ; une rente annuelle de 2,000 fr. qui lui a Ă©tĂ© allouĂ©e par le conseil gĂ©nĂ©ral du Lot, en reconnaissance des immenses ser- 336 — \Ăźces rendus par lui Ă  ce dĂ©partement, les lettres Ă©crites Ă  ce sujet par plusieurs prĂ©fets , soit au ministĂšre, soit Ă  leurs collĂšgues, notamment celle adressĂ©e Ă  M. le comte de Lezay-Mar- nesia, et insĂ©rĂ©e dans un rapport de la SociĂ©tĂ© d’Agricnlture de Loir-et-Cher, attestent assez que M. Paramelle possĂšde quelque moyen nouveau d’explorer les terrains pour y dĂ©couvrir les sources qu’ils recĂšlent dans leur sein , ou qu’il fait, sous ce rapport, un emploi plus judicieux des connaissances gĂ©ologiques, qu’on ne l’avait fait avant lui. L’annonce du succĂšs de M. l’abbĂ© Paramelle a trouvĂ© bien des incrĂ©dules. On s’est rappelĂ© les prestiges de la baguette divinatoire , les merveilleux effets des sensations surnaturelles du fameux Bleton, les ridicules prĂ©ceptes recommandĂ©s par Palla- dius , dans son traitĂ© De re ruslicĂą titre 8 du neuviĂšme livre ; et bien des esprits sceptiques n’ont vu, dans l’honorable ecclĂ©siastique du Lot, qu’un de ces charlatans qui, dans tous les tems , out voulu abuser de la crĂ©dulitĂ© publique , en s’attribuant la facultĂ© de dĂ©couvrir les sources Ă  l’aide de moyens surnaturels. Nous ne venons pas ici nous poser comme les champions de M. l’abbĂ© Paramelle, dont nous n’avons pu Ă©tudier les procĂ©dĂ©s ; mais , convaincus que la science gĂ©ologique peut fournir Ă  des esprits observateurs des donnĂ©es prĂ©cieuses sur le gisement des eaux dans le sein de la terre, et qu’il est possible, par suite d’observations nombreuses, d’arriver Ă  la dĂ©couverte de quelques principes jusqu’ici ignorĂ©s et que la physique gĂ©nĂ©rale ne dĂ©savouerait pas , nous nous trouvons disposĂ©s Ă  combattre l’incrĂ©dulitĂ© , qui naĂźt souvent de l’ignorance , et nous nous plaisons Ă  croire que l’abbe Paramelle obtient effectivement les merveilleux succĂšs signalĂ©s par les journaux, en procĂ©dant d’aprĂšs une thĂ©orie qu’il applique d’aprĂšs l’inspection gĂ©ologique des lieux sur lesquels il est appelĂ©. Le qui contribue encore Ă  nous affermir dans cette opinion , e’est le dĂ©sintĂ©ressement dont il f ;,lt preuve, puisqu’il se contente, pour tout honoraire , du rem- — 337 — boursement des frais qu’occasionnent ses opĂ©rations, les indications non suivies de succĂšs ne coĂ»tant rien, et les autres Ă©tant payĂ©es Ă  raison de 1 5 Ă  4$ fr. par chaque source indiquĂ©e , suivant les dĂ©partemens. Nous dĂ©sirons donc vivement voir M. Pa- ramelle opĂ©rer dans notre pays, pour lequel sa dĂ©couverte aurait tant d’importance. Plusieurs prĂ©fets, entr’autres celui d’Eure- et-Loir et celui de la Seine-InfĂ©rieure, M. Bourdon, maire d’Yvetot, se sont mis en relation avec M. Paramelle , qui, dans un intĂ©rĂȘt de bien public, se rend d’abord dans les localitĂ©s oĂč les demandes sont les plus nombreuses. Nous savons que dĂ©jĂ  beaucoup de proprietaires du dĂ©partement ont souscrit pour les expĂ©riences de M. l’abbĂ© Paramelle; la SociĂ©tĂ© centrale d’Agricul- ture s’est empressĂ©e de prendre une action de 5o fr. , dans l’intention d’engager les cultivateurs Ă  imiter son exemple. Pour mettre les intĂ©ressĂ©s plus en Ă©tat d’apprĂ©cier la valeur des principes d’aprĂšs lesquels l’abbĂ© Paramelle se dirige dans ses expĂ©riences , nous croyons devoir reproduire ici un article publiĂ© dans le journal de Loir-et-Cher, du 3 avril 1 834, dont le rĂ©dac- h'ur a entre les mains un mĂ©moire manuscrit de M. Paramelle. AprĂšs avoir indiquĂ© les diverses formations gĂ©ologiques qui composent le territoire du dĂ©partement du Lot, considĂ©rĂ©es dans leurs rapports avec les sources, M. Paramelle en Ă©carte la plus grande partie de son plan d’exploration , soit parce que *es sources y sont abondantes, soit parce que la formation des te *rains ne promettrait aucune rĂ©ussite. Ses observations se dirigent particuliĂšrement vers les terrains calcaires, oĂč sa thĂ©orie lui paraĂźt le plus susceptible d’ĂȘtre appliquĂ©e avec succĂšs, ter— rains qui composent, dans le dĂ©partement du Lot, des plaines considĂ©rables, sans Ă©minences ni vallĂ©es remarquables, oĂč les e Ux sont trĂšs-rares, et qui semblent prĂ©senter, en. un mot, une 8 r ande analogie avec les plaines de notre Beauce blĂ©soise. " Hd- Paramelle , s’appuyant de la thĂ©orie connue de la formation des sources par les eaux du ciel , qui , aprĂšs avoir 2a 338 — dĂ©trempĂ© les terres qui les retiennent quelque tems, s’infiltrent lentement et descendent vers les vallĂ©es oĂč elles trouvent des issues , et vont former les riviĂšres, pense que le cours des eaux souterraines suit les mĂȘmes lois que celui des eaux qui circulent Ă  ciel ouvert. Cette proposition est la base de tout son systĂšme. » Ainsi , procĂ©dant constamment par analogie, il pose d’abord en principe que les eaux, aprĂšs avoir pĂ©nĂ©trĂ© la superficie des terres, forment des veines, puis des rigoles, cherchent les pentes des terrains, et descendent dans les vallons en suivant des conduits souterrains dont les pentes sont rĂ©guliĂšres. Ces courons en reçoivent d’autres, et serpentent dans l’obscuritĂ©, de la mĂȘme maniĂšre que les ruisseaux dĂ©couverts , jusqu'Ă  ce qu’ils se montrent au bord des riviĂšres dans lesquelles ils se jettent. Or, quelque plane que paraisse la surface d’un pays, il n’est pas d’étendue de terrain, si petite qu’elle soit, dont la dĂ©clivitĂ© ne soit sensible, et les grandes plaines, si Ă©tendues qu’elles soient, n’en sont pas moins entrecoupĂ©es de collines et de vallons. LĂ , comme ailleurs, la pluie qui tombe sur les hauteurs, descend et se rĂ©unit au fond des vallons, qui tous ont une pente assez inarquĂ©e pour qu’on puisse reconnaĂźtre la marche que doivent suivre les eaux depuis les points les plus Ă©levĂ©s des plateaux jusqu’au bord des riviĂšres. C’est par l’observation de ces bassins qui se communiquent les uns aux autres , et qui offrent la plus grande similitude avec les vallĂ©es dans lesquelles coulent les ruisseaux qui alimentent les riviĂšres, que M. Paramelle arrive Ă  la dĂ©couverte des sources. » M. l’abbĂ© Paramelle, aprĂšs avoir dĂ©montrĂ©, Ă  l’aide de diverses observations ingĂ©nieuses, que les eaux souterraines> dans les terrains calcaires, suivent les diverses pentes des vall° nS sans eau apparente qui sillonnent les plaines, et appliquant toujours Ă  ces courans souterrains la thĂ©orie des ruisseaux dĂ©couverts , indique l’endroit du vallon oĂč il faut faire la fouille pour les rencontrer, d’aprĂšs l’inspection des pentes qui I e ^ or — 339 — ment. Si elles ont la mĂȘme Ă©lĂ©vation , on est certain de trouver les eaux au milieu de la vallĂ©e ; si les pentes sont inĂ©gales, le courant doit passer prĂšs du coteau le plus rapide ; si, du cĂŽtĂ© de l’une des pentes on aperçoit quelque roche trĂšs-escarpĂ©e ou faisant saillie , les eaux ne manquent jamais de venir en battre le pied. Tous ces faits sont analogues Ă  ceux que l’on remarque en observant le cours des riviĂšres ou des fleuves, et il n’est personne de nos lecteurs qui, s’il veut en faire l’application aux cours d’eau qui sillonnent Ă  dĂ©couvert notre pays, ne reconnaisse la justesse de l’observation de M. Paramelle. Que l’on se rappelle , par exemple, les nombreux mĂ©andres que dĂ©crit la Cisse, et il se prĂ©sentera sur-le-champ Ă  la mĂ©moire une foule de vallĂ©es que la riviĂšre partage Ă©galement, ou dont elle quitte et va chercher tour-Ă -tour l’un ou l’autre coteau , selon les diffĂ©rences que prĂ©sente la rapiditĂ© de leurs pentes, pour venir ensuite battre le pied de la roche abrupte d’oĂč sort la fontaine d’Orchaise. C’est ainsi que les eaux du fleuve de la Loire, aprĂšs avoir baignĂ© les coteaux rapides des GroĂŒess, les abandonnent pour se prĂ©cipiter vers les roches escarpĂ©es que domine lĂ© chĂąteau de Chaumont. » On comprend qu’il ne faut pas aller chercher les courans Ă  la naissance des vallons, oĂč il n’a pu s’en former ; que ce n’est qu’à une certaine distance , et aprĂšs l’épanouissement de plusieurs vallons secondaires Ă  un vallon principal, que l’on peut espĂ©rer de les rencontrer. Un fait qui dĂ©coule encore de cette thĂ©orie, c’est que l’endroit le plus favorable pour la dĂ©couverte des eaux abondantes, Ă  pende profondeur, n’est pas non plus dans le voisinage des riviĂšres , puisque c’est d’ordinaire auprĂšs des t'allĂ©es qu’elles parcourent, que viennent se dĂ©verser les courans souterrains qui s’y trouvent, par consĂ©quent, Ă  leur plus grande profondeur. Les chances, au contraire, serqnt d’autant plus favorables que l’on s’éloignera davantage de ces vallĂ©es , et que 1 on s’approchera des parties de la plaine qui sont prĂ©cisĂ©ment les plus dĂ©pourvues d’eau. — 340 — > Il rĂ©sulte des faits qui prĂ©cĂšdent, que c’est dans les bas- fonds qu’il faut creuser les puits ou pratiquer des escaliers quand la source est prĂšs de la surface du sol ; j et c’est ce qui explique inutilitĂ© des sondages profonds qui ont Ă©tĂ© faits sans succĂšs sur hli vers points des plaines de la Beauce, dans le voisinage des maisons, selon l’usage, oĂč se prĂ©sente prĂ©cisĂ©ment le moins de chances pour trouver des sources, Ă  cause du soin que l’on prend, d’ordinaire, de bĂątir sur les hauteurs. » Ce qui donne une grande importance Ă  la dĂ©couverte de M. Paramelle, ce qui la rend un vĂ©ritable bienfait, c’est d’ĂȘtre parvenu Ă  dĂ©couvrir, d’une maniĂšre presque toujours certaine, Ă  quelle profondeur se trouvent les eaux cachĂ©es sous la croĂ»te des vallons , puisque l’on Ă©vite par lĂ  tout essai inutile ou coĂ»teux. Voici de quelle maniĂšre M. Paramelle est arrivĂ© Ă  obtenir cet heureux rĂ©sultat. » ProcĂ©dant toujours d’aprĂšs l’analogie qu’il a reconnue entre le cours des riviĂšres et celui des eaux cachĂ©es qui circulent dans les terrains calcaires, il en conclut que, dans un trĂšs-grand nombre de cas, la pente des eaux dĂ©couvertes est la mĂȘme que celle de leur cours souterrain. Ainsi, la pente d’un ruisseau dĂ©couvert Ă©tant connue, l’épaisseur de la voĂ»te qui le recouvre pendant son cours souterrain pourra ĂȘtre dĂ©terminĂ©e en raison de la distance du point oĂč il commence Ă  couler Ă  dĂ©couvert ; le ruisseau sera d’autant plus rapprochĂ© de la surface du sol, que l’on sera Ă©loignĂ© de la vallĂ©e oĂč il surgit. La direction qu’il faut suivre dans les terres est trĂšs-facile Ă  reconnaĂźtre dans le cas dont il s’agit. » Mais , toutes les circonstances ne sont pas Ă©galement favorables pour apprĂ©cier la pente des ruisseaux souterrains et le chemin qu’il faut suivre pour remonter leur cours cachĂ©. Ici se prĂ©sentent plusieurs objections que M. Paramelle repousse p ar des raisonnemens d’autant plus ingĂ©nieux, qu’ils sont pins simples. Par exemple, on sait que tous les courans souterrains — 341 — ne forment pas de ruisseaux Ă  leur issue, qui se trouvent souvent sur le bord mĂȘme des riviĂšres. Dans ce cas, on doit conclure que si le courant fournit peu d’eau , il se jette presque Ă  angle droit dans la riviĂšre, et que, s’il en fournit beaucoup, sa direction doit ĂȘtre oblique, parce que, dans les ruisseaux dĂ©couverts, l’observation dĂ©montre que, plus ils sont grands, et plus l’angle qu’ils forment Ă  leur confluent est aigu. Cette remarque faite, on commencera Ă  marcher, selon l’indication obtenue, dans une direction oblique ou perpendiculaire au cours d’eau dans lequel se jette la source que l’on vient d’observer, et le premier vallon qui s’offrira Ă  la vue sera celui qui recĂšle le ruisseau cachĂ©. En continuant de marcher dans les terres, les embranchemens de vallons que l’on rencontrera seront autant de conducteurs de petits ruisseaux venant se jeter dans le bassin principal, et se multipliant Ă  mesure que l’on s’avance , au point de faire perdre la trace du principal courant. Mais, toutes ces ramifications, loin de nuire aux dĂ©couvertes, fourniront des chances plus nombreuses pour en faire, et offriront, presque sur tous les points, des ruisseaux ou des rigoles Ă  sonder. Si le volume d’eau qu’ils fournissent est trop faible, ou si l’épaisseur de la voĂ»te est trop considĂ©rable , on aura obtenu, nĂ©anmoins un renseignement prĂ©cieux , parce qu’en tenant compte de la distance parcourue , on pourra dĂ©terminer Ă  peu prĂšs exactement la pente des courans. En examinant avec attention les vallons que l’on parcourt , on 'encontre assez souvent de ces trous, peu larges et peu profonds en apparence, qui absorbent les eaux qui roulent sur la terre a prĂšs les pluies ; M. Paramelle leur a conservĂ© le nom consacrĂ© de bĂ©toires , et les paysans du BlĂ©sois leur donnent celui de Souffres. Ces cavitĂ©s, correspondant toujours Ă  des courans cachĂ©s , fourniront des moyens sĂ»rs d’apprĂ©cier leur pente, et, dans tous les cas , elles indiqueront toujours d’une maniĂšre certaine la prĂ©sence d’un ruisseau souterrain. ’* Il y a encore d’autres inductions d’aprĂšs lesquelles on peut — 342 — connaĂźtre Ă  peu prĂšs la profondeur Ă  laquelle coule un ruisseau souterrain dont l’issue se trouve sur le bord d’une riviĂšre. Si l’eau, aprĂšs ĂȘtre sortie de dessous le rocher , serpente quelque tems avant de se jeter dans la riviĂšre, on peut prendre sa pente sur cet espace de terrain oĂč il est visible et lui supposer la mĂȘme sous terre, en observant nĂ©anmoins que, plus on approche des sources d’un ruisseau , plus il est rapide, et plus il est prĂšs de la surface de la plaine. Si le ruisseau sorti de dessous le rocher tombe immĂ©diatement dans la riviĂšre, et ne laisse , par consĂ©quent, aucun espace pour apprĂ©cier sa pente, on peut prendre celle du ruisseau dĂ©couvert le plus voisin , pourvu qu’il soit du mĂȘme cĂŽtĂ© de la riviĂšre, et alors, comparant ces deux ruisseaux, si le volume des eaux qu’ils roulent est Ă  peu prĂšs Ă©gal, leur pente doit ĂȘtre la mĂȘme ; s’il est inĂ©gal, le plus grand sera le moins rapide. Ces observations, du reste, n’ont besoin d’ĂȘtre faites que lorsqu’il s’agit de sonder le ruisseau pour la premiĂšre fois, car, dĂšs qu’il aura Ă©tĂ© une fois ouvert dans l’intĂ©rieur des terres, sa hauteur , en cet endroit, comparĂ©e Ă  celle de son dĂ©gorgement , suffira , pour faire connaĂźtre quelle est sa profondeur dans tout son cours. » Les bornes de cette feuille ne nous permettent pas de donner une analyse complĂšte des diffĂ©rentes discussions auxquelles se livre M. l’abbĂ© Paramelle, pour rĂ©soudre toutes les difficultĂ©s que peut prĂ©senter l’application de sa thĂ©orie, discussions dans lesquelles il montre toute la sagacitĂ© et l’esprit d’observation qu’ont dĂ» faire suffisamment apprĂ©cier les faits que nous avons extraits de son volumineux mĂ©moire. Il indique, en outre, plusieurs moyens ingĂ©nieux Ă  l’aide desquels on peut se passer des instrumens en usage pour opĂ©rer les nivellemens qu’exige 1* pratique de son systĂšme. Mais cette pratique mĂȘme fait acquĂ©rir une telle habitude d’observation, que leur emploi devient bientĂŽt inutile ; et M. Paramelle, depuis la rĂ©daction de son mĂ©moire, faite en 1827 pour le conseil gĂ©nĂ©ral du Lot, a acquis 343 — une telle expĂ©rience et une si grande justesse de coup-d'Ɠil, qu’il lui suffit maintenant de la simple inspection du terrain pour indiquer l’endroit oĂč il faut creuser et la profondeur Ă  laquelle doit se trouver l’eau. » Il nous semble rĂ©sulter de la lecture attentive que nous avons faite de son curieux mĂ©moire, que sa science ne pourrait ĂȘtre employĂ©e utilement, dans notre dĂ©partement, que dans les plaines de la Beauce ; la plus grande partie de la Sologne ayant plutĂŽt besoin d’un bon systĂšme pour l’écoulement des eaux qui restent Ă  la surface du sol, et la partie de son territoire oĂč l’eau est rare nous paraissant, en gĂ©nĂ©ral, rentrer dans les conditions gĂ©ologiques les plus dĂ©favorables Ă  l’application du systĂšme de M. Paramelle. » Nous terminerons ces rĂ©flexions sur la thĂ©orie de M. Para— nielle, en indiquant, d’aprĂšs la SociĂ©tĂ© royale d’Agriculture de Seine-et—Oise mĂ©moire pour i835, que deux habitans de Versailles, propriĂ©taires dans un des dĂ©partements explorĂ©s par cet ecclĂ©siastique, ont reconnu que c’était Ă  ses soins qu’ils devaient de possĂ©der, sur leurs propriĂ©tĂ©s, de trĂšs-bonnes sources dont ils Ă©taient privĂ©s avant son indication. » M . le prĂ©fet de la Seine-InfĂ©rieure, dans un avis insĂ©rĂ© dans le neuviĂšme cahier du Recueil des si et es de la PrĂ©fecture, juin *835, a fait connaĂźtre Ă  MM. les maires que le prix, par chaque S >urce indiquĂ©e dans le dĂ©partement, Ă©tait fixĂ©, par M. Para— melle, Ă  45 fr. Il engage ceux de ces fonctionnaires dont les communes souffriraient du manque d’eau , Ă  lui faire parvenir l’état l ;s demandes qui leur seraient adressĂ©es, afin qu’il puisse en prĂ©venir M. l’abbĂ© Paramelle. RÉPONSE A DES QUESTIONS CHIMICO-JUDICIAIRES, PAR MM. J. GIRARDIN^ET MORIN >. M. De Stabenrath, l’un des juges d’instruction prĂšs le tribunal civil de Rouen, nous confia la solution des questions suivantes i° DĂ©terminer si la mort d’une femme L*** est le rĂ©sultat d’un empoisonnement; 2° Ă©tablir, s’il est possible, l’existence de l’ai-* cool dans l’estomac et dans les intestins de cette femme. En consĂ©quence , ce magistrat nous remit un liquide provenant de l’hypo- condre gauche, et une portion de l’intestin grĂȘle et de l’estomac. Avant de mettre sous les yeux de l’AcadĂ©mie les expĂ©riences que nous avons faites, nous devons dire que ces matiĂšres ont Ă©tĂ© ex-' traites du cadavre, aprĂšs douze jours d’inhumation. Nous l eS avons examinĂ©es ainsi qu’il suit MatiĂšre de l’hypocondre gauche. La matiĂšre de l’hypocondre gauche Ă©tait jaunĂątre et homogĂšne, examinĂ©e avec soin, elle n’a prĂ©sentĂ© aucuns grains brillans. On la dĂ©laya dans l’eau distillĂ©e pour la filtrer; il resta sur le fil tre * InsĂ©rĂ©e dans le PrĂ©cis des travaux de VAcadĂ©mie royale des sciences > belle 5 lettres. et arts de Rouen 3 pendant l*annĂ©e 1836 , p. 35. — 345 — une matiĂšre jaunĂątre , pultacĂ©e, trĂšs-fĂ©tide. Le liquide, auquel le filtre avait donnĂ© passage, Ă©tait colorĂ© en jaune. On y versa du chlore pour le dĂ©colorer, afin de pouvoir apprĂ©cier l’action des rĂ©actifs. La potasse pure n’y produisit aucun trouble. L’acide hydçosulfurique n’y forma point de prĂ©cipitĂ© , par l’addition de l’acide hydrochlorique.. Le sulfate de cuivre ammoniacal ne le troubla pas ; l’oxalate d’ammoniaque y forma un prĂ©cipitĂ© blanc ; l’eau de chaux donna lieu Ă  un trouble qui disparaissait par l’acide nitrique. Le nitrate d’argent produisit un prĂ©cipitĂ© blanc caillebottĂ©, insoluble dans l’eau et dans l’acide nitrique , mais trĂšs-soluble dans l’ammoniaque l’acide sulfurique pur et les sulfates n’y produisirent aucun changement. L’examen, par les rĂ©actifs, dĂ©montre qu’il n’existe , dans cette liqueur, aucun poison minĂ©ral ; mais nous ne bornĂąmes point lĂ  nos expĂ©riences. En consĂ©quence , aprĂšs avoir additionnĂ© la liqueur d’une petite quantitĂ© de potasse pure, nous la fĂźmes Ă©vaporer Ă  siccite ; le rĂ©sidu de l’opĂ©ration fut ensuite mĂȘlĂ© avec du charbon en poudre, et introduit dans un tube de verre fermĂ© Ă  l’une de ses extrĂ©mitĂ©s, et l’autre fut ensuite effilĂ©e Ă  la lampe ; puis on chauffa graduellement jusqu’au rouge. La partie supĂ©rieure du tube n’offrit aucune sublimation mĂ©tallique , et, en brisant le tube, on ne trouva aucun mĂ©tal Ă  l’état d’isolement. Gette expĂ©rience nĂ©gative met hors de doute la conclusion que nous avons tirĂ©e de l’examen par les rĂ©actifs. Les poisons minĂ©raux n’étant point les seuls qu’une main coupable puisse employer pour donner la mort, nous dirigeĂąmes nos recherches vers l’existence des poisons vĂ©gĂ©taux. Nous fĂźmes alors bouillir, avec la magnĂ©sie , une portion de la liqueur provenant de l’hypocondre gauche. AprĂšs quelques instans d’ébullition, on jeta le mĂ©lange sur un filtre, et on le lava Ă  graiĂŻde eau. La matiĂšre restĂ©e sur le filtre fut mise Ă  bouillir avec de l’alcool trĂšs- dĂ©flegmĂ© ; par cette Ă©bullition, l’alcool ne contracta point la propriĂ©tĂ© de ramener au bleu le papier de tournesol lĂ©gĂšrement rougi. — 346 — On Ă©vapora le liquide Ă  siceitĂ© , et le rĂ©sultat de l’évaporation fut seulement une matiĂšre verte, qu’on dĂ©signait autrefois sous le nom de rĂ©sine verte de la bile. Cette matiĂšre ne rougissait nullement par le contact de l’acide nitrique. Cette expĂ©rience prouve Ă©videmment que la liqueur de l’hypocondre gauche ne renferme aucun poison vĂ©gĂ©tal. Liquide de l’estomac et des intestins. Deux questions se prĂ©sentaient relativement Ă  ces viscĂšres i° Indiquer si quelque poison y existait ; i° si l’alcool s'y rencontrait. Pour rĂ©soudre la premiĂšre question, nous avons appliquĂ© aux liquides contenus dans l’estomac et les intestins les expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes, dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© nĂ©gatifs ; mais, comme il arrive quelquefois que le poison a Ă©tĂ© absorbĂ© par les viscĂšres eux-mĂȘmes, de maniĂšre Ă  former une combinaison intime, nous avons coupĂ© une portion de chacun d’eux et les avons introduits dans un matras, avec de l’eau distillĂ©e, pour les dĂ©composer par l’acide nitrique pur ; Ă  l’aide de la chaleur et de cette expĂ©rience, nous n’avons obtenu que les produits qui rĂ©sultent des matiĂšres animales placĂ©es dans les mĂȘmes circonstances. Quant Ă  rĂ©soudre la question relative Ă  l’ingestion de l’alcool, nous conservĂąmes peu d’espoir, puisque l’estomac et les intestins avaient Ă©tĂ© extraits du cadavre aprĂšs douze jours d’inhumation ; malgrĂ© cela, nous tentĂąmes les expĂ©riences suivantes pour la solution de cette question, tout—à-fait neuve pour nous. On introduisit dans une cornue de verre une portion du liquide contenu dans ces viscĂšres ; on adapta Ă  son col une alonge qui communiquait Ă  un rĂ©cipient contenant de l’eau acidulĂ©e par l’acide sulfurique pur. L’appareil Ă©tant ainsi disposĂ©, on chauffa, et la distillation eut lieu. L’addition de l’acide sulfurique avait pour but de saturer l’ammoniaque que renfermait le liquide de l’estomac. Lorsque nous eĂ»mes obtenu les trois quarts du liquide employĂ©, — 347 nous versĂąmes le produit dans une autre cornue , pour procĂ©der Ă  une nouvelle distillation, dans le but de sĂ©parer l’alcool du sulfate d’ammoniaque formĂ© ; mais, au lieu d’obtenir ce liquide , nous n’avons obtenu que de l’eau ayant une forte odeur de zomi- dine. Pour nous prĂ©munir contre toute espĂšce d’objections, nous avons cru devoir distiller ce nouveau liquide sur du chlorure de calcium, qui, par sa grande affinitĂ© pour l’eau , devait la retenir ; et, cette fois, comme la prĂ©cĂ©dente, il y eut absence d’alcool. Il rĂ©sulte de notre travail, 1 0 que la mort de la femme L*** n’est point le rĂ©sultat d’un empoisonnement ; 2° qu’aprĂšs douze jours d’inhumation, il est impossible d’accuser la prĂ©sence de l’alcool, dans un cadavre. MÉMOIRE SUR UES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE L’ACIDE SULFUREUX DANS L’ACIDE HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE ; PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN , LE 15 JANVIER 1835 , ET COMMUNIQUÉ A. LÉ SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHAUSEN* LE 28 JANVIEE 1S3S L’acide hydrochlorique que les fabriques de soude artificielle produisent en si grande quantitĂ©, et qui est livrĂ© immĂ©diatement au commerce, est loin d’ĂȘtre pur, non qu’on y ajoute Ă  dessein des matiĂšres Ă©trangĂšres, comme cela se pratique pour plusieurs autres acides, mais par suite du mode de prĂ©paration et de l’im - puretĂ© des substances premiĂšres qui servent Ă  son extraction. Il est toujours colorĂ© en jaune par du perchlorure de fer, l’acide hyponitrique, l’acide sulfurique et les sels, est insuffisante et impraticable dans les fabriques pour en expulser l’acide sulfureux. — 351 — C’est surtout lorsqu’on applique l’acide hydrochlorique Ă  la fabrication du chlore et des chlorites, du sel d’étain, de l’acide hydrosulfurique, que les inconveniens attachĂ©s Ă  la prĂ©sence de l’acide sulfureux se font sentir. Il est donc extrĂȘmement important d’avoir des procĂ©dĂ©s prompts et commodes de reconnaĂźtre les plus petites traces de cet acide. Lorsqu’il est en proportion assez considĂ©rable , et tel est le cas de certains acides hydrochloriques de Rouen et de quelques autres qui arrivent par la voie de Paris, il est aisĂ©ment reconnaissable pour ceux qui ont l’habitude de manier ces produits il la couleur brune, Ă  l’aspect trouble , Ă  l’odeur piquante et dĂ©sagrĂ©able qu’il communique Ă  ces acides. Mais lorsqu’il est en petite quantitĂ©, sa prĂ©sence ne saurait ĂȘtre constatĂ©e par ces caractĂšres empiriques. Il faut, de toute nĂ©cessitĂ©, recourir Ă  des procĂ©dĂ©s chimiques. Ceux qui ont Ă©tĂ© indiquĂ©s jusqu’ici, pour cette dĂ©termination , ne sont malheureusement ni commodes ni certains. L’un d’eux, citĂ© par MM. Bussy et Boutron-Charlard, dans leur TraitĂ© des moyens de reconnaĂźtre les jalsijications des drogues simples et composĂ©es page 17 , consiste Ă  saturer l’acide hydrochlorique par l’eau de baryte, aprĂšs l’avoir Ă©tendu de trois Ă  quatre fois son poids d’eau distillĂ©e. 11 se fait un prĂ©cipitĂ© blanc de sulfate et de sulfite de baryte, qui, lavĂ© Ă  plusieurs reprises pour en sĂ©parer le chlorure de barium, et arrosĂ© ensuite d’acide sulfurique concentrĂ©, exhale l’odeur d’acide sulfureux. IndĂ©pendamment du tems et des manipulations que nĂ©cessite ce procĂ©dĂ©, et qui sufliraient seuls pour l’éloigner des ateliers, il a encore l’inconvĂ©- uient d’exiger , pour reconnaĂźtre des quantitĂ©s d’acide sulfureux aussi petites que celles sur lesquelles on agit, une assez grande dĂ©licatesse d’odorat, et ce sens est assez souvent Ă©moussĂ© chez ^ es chimistes manufacturiers. — 352 — Un autre procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© proposĂ© par M. Chcvreul, dans ses leçons de Chimie appliquĂ©e Ă  la teinture xi' leçon , page 1 5 . Ce savant chimiste, en faisant l’étude du sulfite de cuivre, a reconnu, dĂšs 1812 Annales de chimie, tome 83 , page 181, qu’en versant du sulfite de potasse dans un sel de deutoxide de cuivre, il se produit un prĂ©cipitĂ© jaune formĂ© par du sulfite double de potasse et de protoxide de cuivre, et que ce prĂ©cipitĂ©, chauffĂ© au sein de l’eau , se dĂ©compose en sulfite de potasse , qui se dissout , et en sulfite de protoxide de cuivre, qui est insoluble, et qui apparaĂźt alors avec une couleur rouge. Partant de ce fait, M. Chevreul en a conclu que lorsqu’un acide hydrochlorique du commerce renfermerait une quantitĂ© notable d’acide sulfureux, il suffirait, pour le reconnaĂźtre, de saturer le premier par la potasse, et de le mĂȘler ensuite avec du sulfate de cuivre dissous, parce qu’alors il se produirait un prĂ©cipitĂ© jaune qui deviendrait subitement rouge par l’ébullition. Mais ces prĂ©visions thĂ©oriques ne sont nullement confirmĂ©es par la pratique. En effet, le procĂ©dĂ© de M. Chevreul, excellent pour distinguer l’acide sulfureux libre ou combinĂ© aux bases , devient impuissant quand il est question d’acide sulfureux mĂȘlĂ© Ă  l’acide hydrochlorique. Nous avons bien des fois appliquĂ© ce procĂ©dĂ© Ă  des acides hydrochloriques surchargĂ©s d’acide sulfureux, et jamais nous n’avons pu obtenir la rĂ©action annoncĂ©e par M. Chevreul. L’addition du sulfate ou de tout autre sel de cuivre dans ces acides neutralisĂ©s par la potasse, ne donne lieu Ă  aucun prĂ©cipitĂ©, ou, lorsque les liqueurs sont concentrĂ©es, en produit un lĂ©ger, bleuĂątre, dont la couleur ne change pas par l’ébullition. M. Gay-Lussac a recommandĂ© le premier, en i8i3 Annales de chimie, tome 85 , page 206, le sulfate rouge de manganĂšse comme le meilleur rĂ©actif que l’on puisse employer pour reconnaĂźtre quand un corps est susceptible de s’oxider. Ce sel, que les uns regardent comme un sulfate de sesqui-oxide de manganĂšse sulfate manganique, d’autres comme un sulfate de bi-oxidc, et quelques uns comme uu sulfate de protoxide mĂȘlĂ© d’acide hypermanganique s’obtient, comme on sait, en faisant digĂ©rer pendant plusieurs jours du peroxide de manganĂšse rĂ©duit en poudre impalpable, dans de l’acide sulfurique concentrĂ© il en rĂ©sulte une liqueur d’un beau rouge, trĂšs-acide, qui est le sel en question. Tous les corps combustibles avides d’oxigĂšne , les matiĂšres organiques , les acides peu oxigĂ©nĂ©s, tels que les acides sulfureux, phosphoreux, hyponitrique, etc., lui font perdre sa belle couleur en le ramenant Ă  l’état de sel de protoxide. On pourrait donc l’employer pour rechercher la prĂ©sence del’acide sulfureux dans l’acide hydrochlorique du commerce, puisque quelques gouttes de cette liqueur rouge, versĂ©es dans celui-ci, sont dĂ©colorĂ©es subitement, pour peu qu’il y ait des traces du premier de ces acides. Mais l’emploi de ce rĂ©actif, dans ce cas, n’offre pas tous les avantages qu’au premier abord il semblerait prĂ©senter. D’abord, ce sel, comme tous les sels rouges de manganĂšse , n’est pas trĂšs-stable ; il se dĂ©colore Ă  la longue au contact de l’air, et subitement par l’addition de l’eau ; mais, en outre, il a l’inconvĂ©nient d’ĂȘtre dĂ©truit par l’acide hyponitrique comme par l’acide sulfureux , d’oĂč il suit qu’un acide hydrochlorique contenant de l’acide hyponitrique ce qui arrive assez souvent, comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit prĂ©cĂ©demment, agirait sur ce rĂ©actif comme s’il renfermait de l’acide sulfureux, ce qui entraĂźnerait dans des mĂ©prises les personnes peu au fait des manipulations chimiques. ConsultĂ© Ă  chaque instant par les industriels de notre ville , sur k* puretĂ© des acides hydrochloriques des fabriques, en consommant nous-mĂȘmes une grande quantitĂ© pour la fabrication des eaux minĂ©rales gazeuses, que nous avons Ă©tablie en grand un des premiers Ă  Rouen, nous avons du chercher un procĂšde simple, prompt m infaillible pour dĂ©couvrir les plus petites traces d’acide sulfu- feux dans ces acides. Celui que nous allons indiquer reunit toutes tas conditions pour devenir usuel dans les mains es personnes 23 — 354 — les moins habiles ; il parle aux yeux et est de l’exĂ©cution la plus facile. Depuis deux ans nous l’enseignons dans nos cours , et il n’a jamais train nos espĂ©rances. Ce procĂ©dĂ© est fondĂ© sur l’action qu’exerce le protochlorure d’étain sel d’étain du commerce sur l’acide sulfureux. Pelletier pĂšre nous a appris, il y a fort long-tems Annales de chimie, tome 12 , page — i 702 , que, mis en contact avec ce dernier, il le dĂ©soxigĂšne et donne lieu Ă  un prĂ©cipitĂ© d’un beau jaune, consistant en soufre et en peroxidc d’étain. Voici comment on opĂšre On met dans un verre une demi-once 16 grammes environ de l’acide hydrochlorique dont on veut faire l’essai ; on y ajoute 2 Ă  3 gros 8 Ă  12 grammes de sel d’étain bien blanc et non altĂ©rĂ© par l’air , on remue avec un tube, et l’on verse sur le tout deux ou trois fois autant d’eau distillĂ©e , en agitant. Lorsque l’acide hydrochlorique 11c contient pas d’acide sulfureux , il ne se prĂ©sente aucun phĂ©nomĂšne remarquable aprĂšs l’addition du sel et de l’eau ; le premier se dissout, et la liqueur devient seulement un peu trouble par suite de l’action de l’air sur le sel. Mais pour peu pie cet acide renferme d’acide sulfureux , on voit, immĂ©diatement aprĂšs l’addition du sel d’étain, l’acide sc troubler, devenir jaune, et dĂšs qu’on a ajoutĂ© l’eau distillĂ©e, on sent trĂšs—manifestement l’odeur de l’hydrogĂšne sulfurĂ©, et la liqueur prend une teinte brune en dĂ©posant une poudre de mĂȘme couleur. Ces phĂ©nomĂšnes sont tellement appareils, qu’011 ne peut hĂ©siter un instant sur la prĂ©sence ou l’absence de l’acide sulfureux. Quelquefois la couleur brune ne sc dĂ©veloppe qu’au bout de quelques minutes ; elle est d’autant plus foncĂ©e que la proportion 355 — d’acide sulfureux est plus forte. Le dĂ©gagement d’hydrogĂšne sulfurĂ© n’a lieu qu’au moment oĂč l’on etend l’acide d’eau. En laissant reposer la liqueur colorĂ©e, il se dĂ©pose une poudre d’un jaune brun ; c’est un mĂ©lange de sulfure d’etain et de peroxide d’étain, comme nous nous en sommes assurĂ©. Il est facile d’expliquer cette rĂ©action curieuse. Une portion du sel d’étain se transforme en perchlorure, aux dĂ©pens de la seconde portion de ce composĂ©, taudis que l’étain, devenu libre, rĂ©agit sur l’acide sulfureux de maniĂšre Ă  produire tout Ă  la fois du peroxide et du protosulfure d’étain. Quant Ă  la petite quantitĂ© d’hydrogĂšne sulfurĂ© qui prend naissance aussitĂŽt aprĂšs l’addition de l’eau, elle provient de la dissolution d’un peu de sulfure d’étain formĂ© dans l’acide hydroclilorique qui est en prĂ©sence. Il est essentiel, pour obtenir les phĂ©nomĂšnes que nous avons indiquĂ©s, de mettre le sel d’étain en contact avec l’acide hydro- chlorique avant d’y ajouter l’eau, car si l’on commençait par Ă©tendre l’acide, l’addition du sel ne produirait aucune coloration- Le procĂ©dĂ© analytique dont nous venons de parler se recommande, comme on voit, par la simplicitĂ© et la promptitude de son exĂ©cution. En une minute, on peut ĂȘtre fixĂ© sur la puretĂ© d’un acide hydroclilorique, sans embarras comme sans dĂ©penses. Il est d’une telle fidĂ©litĂ© , qu’un centiĂšme d’acide sulfureux ne peut Ă©chappera l’observation, ainsique nous nous en sommes con- v aincu Ă  diffĂ©rentes reprises. Tous ces avantages doivent en faire a dopier l’emploi aussi bien dans les laboratoires que dans les ate- liers. DĂ©jĂ  nos Ă©lĂšves en ont rĂ©pandu l’usage dans la plupart des briques de Rouen. SOCIÉTÉ industrielle de muliiausen. RAPPORT DU COMITÉ DE CHIMIE, PAR M. ACHILLE PENOT, , SUR LE MÉMOIRE DE M. J. GIRARDIN, TRAITANT DES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE DE L’ACIDE SULFUREUX DANS l’acide HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE. SĂ©ance du 25 fĂ©vrier IS55. Messieurs, vous avez renvoyĂ© Ă  votre comitĂ© de chimie un mĂ©moire de M. Girardin, professeur de chimie Ă  Rouen, sur les moyens de reconnaĂźtre l’existence de l’acide sulfureux dans l’acide hydrochlorique du commerce. Votre comitĂ© m’a chargĂ© de vous faire connaĂźtre son opinion sur ce mĂ©moire. Toutes les personnes qui font usage d’acide hydrochloriq 116 savent que ce produit, provenant des fabriques de soude actif*' cielle, est rarement pur, et qu’il contient souvent en quantitĂ©s variables des matiĂšres Ă©trangĂšres provenant plutĂŽt du procĂ©dĂ© de fabrication que d’une fraude que le bas prix de cet acide doit pe» — 357 — engager Ă  commettre. M. Girardin admet, ce qui du reste Ă©tait dĂ©jĂ  gĂ©nĂ©ralement connu, que les matiĂšres Ă©trangĂšres qui accompagnent l’acide hydrochlorique sont le plus ordinairement du perclilorure de fer, du chlore, de 1 acide hyponitrique, de l’acide sulfurique, des sulfates de soude et de chaux, de l’acide sulfureux. AprĂšs avoir passĂ© successivement en revue les diverses causes qui peuvent introduire ces diffĂ©rens produits dans l’acide hydrochlorique du commerce, M. Girardin s’occupe de la maniĂšre de reconnaĂźtre la prĂ©sence de l’acide sulfureux, qui offre de graves inconvĂ©niens dans plusieurs circonstances. M. Girardin rappelle d’abord les diverses mĂ©thodes proposĂ©es pour ce genre d’analyse, et il fait voir le peu de commoditĂ© qu’elles prĂ©sentent. À ces mĂ©thodes, on peut ajouter celle indiquĂ©e par M. Persoz, qui consiste Ă  verser dans l’acide liydrochlo- rique un lĂ©ger excĂšs de chlorure de barium, pour prĂ©cipiter tout l’acide sulfurique qui pourrait se trouver dans l’acide essayĂ©. On filtre ; on ajoute Ă  la liqueur filtrĂ©e du chromate ou du chlorure de potasse, et l’on y verse de nouveau du chlorure de barium. Un nouveau prĂ©cipitĂ© annonce la prĂ©sence de l’acide sulfureux, que le chromate de potasse a d’abord fait passer Ă  l’état d’acide sulfurique. Mais aucune de ces mĂ©thodes n’est comparable, pour la simplicitĂ© , Ă  celle de M. Girardin, qui est d’ailleurs aussi d’une grande exactitude, comme nous nous en sommes assurĂ©. Votre comitĂ© de chimie pense qu’il ne peut qu’ĂȘtre avantageux Ă  l’industrie de la faire connaĂźtre , en publiant dans un de vos bulletins le mĂ©moire de M. Girardin , avec le prĂ©sent rapport. Pour copie conforme Le PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhauscn y Emile DOLLFUS. Le SĂ©crĂ©toire, Albert SCHLUMBERGER MEMOIRE SUR LES FALSIFICATIONS QU’ON FAIT SUBIR AU ROCOU, LU A IA SOCSÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN, LE 5 DÉCEMBRE I&S5 Le Rocou , Pigmentum urucu des anciennes pharmacies, est, comme on sait, une matiĂšre colorante qui, sous la forme d’une pulpe gluante d’un rouge de vermillon, entoure les graines du Rocouyer, Bixa orellana, de LinnĂ©e, arbrisseau de la famille des TiliacĂ©es, qui croĂźt dans les contrĂ©es mĂ©ridionales de l’AmĂ©rique. Cette matiĂšre arrive en Europe, du Mexique, du BrĂ©sil, des Antilles, et surtout de Cayenne, sous la forme d’une pĂąte ordinairement façonnĂ©e en pains ou gĂąteaux de 5 Ă  8 kilogrammes, enveloppĂ©s de feuilles de balisier, de bananier ou de roseau. Elle vient aussi en masses plus volumineuses dĂ©pouillĂ©es de feuilles, et dans des fĂ»ts d’origine ou dans des barriques Ă  vin de Bor- 1 InsĂ©rĂ© dans le Recueil des travaux de la SociĂ©tĂ© libre d*Emulation de Rouen >. annĂ©e 4SS6 ; et dans le Journal de pharmacie et des Sciences accessoires, t. 22 , cahier de mars 1836. 359 — ileaux ou de la Rochelle, les uns et les autres du poids de 200 Ă  kilogrammes; les pains sont entassĂ©s et fortement comprimĂ©s dans ces fĂ»ts dont ils occupent tout le diamĂštre. La consommation de cette matiĂšre colorante est gĂ©nĂ©ralement assez restreinte, en raison de son peu de soliditĂ©. Elle sert pour la teinture des soies en aurore et en orangĂ©, plus rarement pour celle du lin et du coton ; les chamois petit teint sur coton s’oblicn - neut avec elle. Comme les couleurs fournies par le rocou sont trĂšs-brillantes, on en fait souvent usage pour modifier et aviver certaines nuances de grand ou de petit teint; c’est ainsi qu’on l’emploie pour rehausser le ton des chamois, les jaunes par la gaude, pour donner un pied Ă  la soie, au coton et au lin teints en ponceau , cerise, nacarat, etc., avec le carthame ou la cochenille. Dans les fabriques d’impression, on l’utilise quelquefois, spĂ©cialement pour les genres vapeur ; ainsi il sert pour obtenir des orangĂ©s sur coton , sur soie, sur laine et soie les chfdys . Le prix du rocou dans le commerce est, terme moyen , de Go a 75 cent, le 1 /2 kilogramme ; mais en dĂ©falquant de cette somme le droit d’entrĂ©e, le prix du fret et le bĂ©nĂ©fice du marchand , il r este environ i 5 Ă  20 cent, pour le coĂ»t de cette substance Ă  l’endroit de production. Ce prix , qui ne pouvait payer suffisamment les cultivateurs de Cayenne de tous les soins qu’ils sont obligĂ©s 1 apporter Ă  la culture de l’arbre qui cesse d’ĂȘtre exploitĂ© aprĂšs sa C'nquiĂšme annĂ©e, et de tous les frais de fabrication de la matiĂšre colorante, s’est tout d’un coup relevĂ© et est parvenu, depuis un an > Ă  celui de 2 fr. 80 Ă  2 fr. 90 cent, le 1 J7. kilogramme. La Ca use de cette subite augmentation dĂ©pend de ce que les planteurs '’yant renoncĂ© Ă  la culture du rocouyer pour se livrer Ă  celle plus productive du caleyer, les magasins se sont trouvĂ©s peu Ă  peu dĂ©garnis de cette substance tinctoriale ; les demandes ayant Ă©tĂ© essez nombreuses dans le cours de cette annĂ©e, les dĂ©tenteurs de p a rticle ont profitĂ© de ces deux circonstances pour monter les prix Un taux inusitĂ© jusqu’à ce jour. Il v a dix ans, pareille chertĂ© — 360 dĂ» rocou eut lieu par suite des mĂȘmes causes. Il se vendit ue 3 fr. 5o Ă  4 fr. le i /a kilogramme. Un rĂ©sultat infaillible de la raretĂ© et de la chertĂ© du rocou, c’est l’adultĂ©ration qu’on a fait subir Ă  ce produit. Nous l’avons dit ailleurs ', il est bien peu de substances qui ne soient dĂ©naturĂ©es par l’addition de matiĂšres Ă©trangĂšres de moindre valeur, et c’est surtout de nos jours que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variĂ©es. Lorsqu’on voit les matiĂšres alimentaires les plus communes, les matiĂšres premiĂšres de l’industrie les moins chĂšres, devenir l’objet d’un honteux tripotage, on ne doit pas ĂȘtre surpris d'apprendre que celles qui, comme le rocou, viennent Ă  manquer Ă  la consommation , sont altĂ©rĂ©es de toutes les maniĂšres, dans la vue d’un sordide intĂ©rĂȘt. L’occasion nous a Ă©tĂ© offerte, Ă  diffĂ©rentes reprises, de constater que les rocous actuellement en vente sur nos places sont additionnĂ©s d’une trĂšs—grande quantitĂ© d’ocre rouge , de brique pilee, ou de colcothar. Il est important d’éveiller l’attention des consommateurs sur cette fraude. C’est ce qui m’engage Ă  entrer dans les dĂ©tails suivons. La forme sous laquelle la matiĂšre colorante du rocouyer est expĂ©diĂ©e de Cayenne et autres lieux, prĂȘte singuliĂšrement Ă  l’introduction de substances Ă©trangĂšres. Celles-ci, rĂ©duites en poudre fine, s’incorporent trĂšs—bien dans cette pĂąte humide, et il est difficile de dĂ©couvrir ces mĂ©langes Ă  l’Ɠil nu. Les fraudeurs, du reste, n’ont pas attendu que le prix de cette matiĂšre fĂ»t aussi Ă©levĂ© qu’il l’est aujourd’hui, pour exercer sur elle leur coupabl e industrie ; car quelques ouvrages de technologie et de matiĂšre ffl c ' dicale ont indiquĂ©, depuis long-tems, des procĂ©dĂ©s pour recon' naĂźtre la puretĂ© du rocou ; mais ces procĂ©dĂ©s sont tous peu exacts- Avant de les soumettre Ă  la critique, et de proposer l’einpl°* de Discours prononcĂ© le 3 juin 1834, Ă  l’ouverture du cours d’application ait » * 04 bimiede Rouen. Brochure in-8 0 , chez N. Fcriaux — 361 ceux qui nous paraissent prĂ©fĂ©rables, Ă©tablissons les caractĂšres que doit offrir le bon rocou, tel qu’il sort de presque tous les magasins de Cayenne, car ce n’est gĂ©nĂ©ralement qu’à Paris et dans les autres places marchandes d’Europe qu’il est travaillĂ©. Les caractĂšres que nous allons donner ont Ă©tĂ© pris sur de nombreux Ă©chantillons que nous avons reçus directement de Cayenue , Ă  diverses Ă©poques, par l’intermĂ©diaire d’un nĂ©gociant dont la loyautĂ© est justement apprĂ©ciĂ©e. Le rocou est une pĂąte homogĂšne, d’une consistance butyreusc et d’un toucher gras, onctueux et non terreux. Sa couleur habituelle est un rouge terne, semblable Ă  celui du colcothar ou de la brique cuite; cette teinte est toujours plus vive au dedans qu’à l’extĂ©rieur des pains'. Sa saveur est Ă  peine sensible; son odeur est dĂ©sagrĂ©able et rappelle celle de l’urine en putrĂ©faction. Mais nous devons dire ici que cette odeur ne lui est point propre ; elle lui est communiquĂ©e , dans les magasins, par l’urine qu’on a l'habitude d’y incorporer de tems en teins, dans 1 intention de l’entretenir toujours humide, d’augmenter son poids, et de rehausser sa couleur Ă  l’aide de l’ammoniaque que la putrĂ©faction de l’urine dĂ©veloppe bientĂŽt dans la masse qui en est imprĂ©gnĂ©e. Le rocou auquel on n’a pas fait cette addition a une odeur peu agrĂ©able , sans doute, mais elle est trĂšs-peu dĂ©veloppĂ©e. Celui qui est frais sent la carotte. EcrasĂ© sur le papier, il y laisse une trace d’un rouge sombre ; entre les doigts , il glisse en prĂ©sentant quelques petits grains durs que la dent dĂ©truit aisĂ©ment. Il ne doit pas offrir dans sa pĂąte despoints brillans et durs souvent, cependant, il prĂ©sente, comme l’orseille, des points blancs et brillans qui sont probablement dus Ă  l’efflorescence d’un sel ammoniacal provenant de l’urine avec laquelle on l’a malaxĂ©. Il ne doit pas ĂȘtre moi§i dans son inte— * Dans un lot de cent barriques venues directement de Cayenne a Rouen , il y avait des l'ocous bruns et des rocous d'un brun rouge vif. J'ai eu occasion de savoir que des consommateurs prĂ©fĂ©raient les rocons d'un brun rouge terne , quand ils Ă©taient purs et gras, et qu'ils m obtenaient plu* de matiĂšre colorante. — 362 — rieur, et nuancĂ© inĂ©galement. Lorsqu’il a Ă©prouvĂ© un commencement de moisissure, sa couleur est toujours plus pĂąle. DĂ©layĂ© dans l’eau, il reste long—tems en suspension sans laisser dĂ©poser de sable, et sans prĂ©senter, Ă u milieu de la masse, des points noirs, indice que pendant sa cuisson une portion aurait Ă©tĂ© brĂ»lĂ©e au fond des chaudiĂšres. Il donne Ă  l’eau froide, aprĂšs une macĂ©ration de quekpies heures, une couleur isabelle trĂšs- claire. Il colore fortement, au contraire, l’alcool rectifiĂ© en orangĂ© foncĂ©. Il participe donc de la nature des matiĂšres rĂ©sineuses, et comme tel il cĂšde fort peu de chose Ă  l’eau, tandis qu’il se dissout en grande partie dans l’esprit de vin. Il se dissout facilement et en grande quantitĂ© dans les liqueurs alcalines. Ssus ces divers rapports, on voit qu’il se rapproche singuliĂšrement de la matiĂšre colorante rouge du carthame. SĂ©chĂ© Ă  une chaleur de ioo°, et rĂ©duit eil poudre fine, il offre une teinte un peu plus foncĂ©e, sans tirer pourtant sur le noir. La proportion d’eau qu’il abandonne varie nĂ©cessairement, suivant les soins qu’on a apportĂ©s Ă  sa conservation en magasin ; cette proportion varie dans les limites de 5 ĂŻ Ă  70 pour 0/0; terme moyen , il perd dans cette opĂ©ration 67 pour o/o. Approche d’une bougie allumĂ©e, il prend feu, mais assez difficilement, et brĂ»le avec une flamme claire, en rĂ©pandant un peu de fumĂ©e. Il donne un charbon lĂ©ger et assez brillant. IncinĂ©rĂ© dans un creuset de platine, il laisse de8Ă  i 3 p. 0/0 d’une cendre grisĂątre ou jaunĂątre, ou quelquefois tirant un peu sur le rose. Cette cendre, nullement effervescente avec les acides» est lĂ©gĂšrement alcaline ; elle colore faiblement l’acide hydrochlo- rique en jaune. Elle se compose de silice , d’alumine , de chaux , de magnĂ©sie, de potasse, d’une trace d’oxide de fer, et renferme en outre des phosphates, sulfates et du sel marin, qui proviennent Ă©videmment de l’urine qui a servi Ă  humecter le rocou. ArrosĂ© d’acide sulfurique concentrĂ©, le rocou colore subitement l’acide en beau bleu d’indigo. 11 n’est pas nĂ©cessaire , pour — 363 — que cet effet se produise, qu’il soit sĂ©chĂ© et rĂ©duit en poudre , comme l’indique M. Boussingault, auteur de cette observation. Dans ce dernier Ă©tat, cependant, il dĂ©veloppe une plus belle couleur bleue, et cette couleur est d’autant plus intense et brillante , que le rocou est de meilleure qualitĂ©. Si on ajoute de l’eau sur la matiĂšre devenue bleue, elle passe instantanĂ©ment au vert, puis le liquide, lĂ©gĂšrement jaune, tient en suspension le rocou, sous forme de flocons de couleur de tabac d’Espagne. Tels sont les principaux caractĂšres de la matiĂšre colorante qui nous occupe. Voyons maintenant les procĂ©dĂ©s employĂ©s jusqu’ici pour s’assurer de sa puretĂ©. Ces procĂ©dĂ©s Ă©taient tout-Ă -fait empiriques et n’offraient aucune certitude. L’un d’eux consistait, d’aprĂšs Leblond, quia publiĂ©, en l’an XI de la rĂ©publique, un mĂ©moire trĂšs-intĂ©ressant sur la culture du rocouyer et la fabrication du rocou , Ă  mettre dans un linge serrĂ© une quantitĂ© dĂ©terminĂ©e de cette substance , et Ă  malaxer le nouet dans l’eau jusqu’à ce que celle-ci ne se colorĂąt plus. On pressait et on faisait sĂ©cher le rĂ©sidu, qui ne devait Pas former plus du douziĂšme de la masse employĂ©e, autrement le r ocou Ă©tait rejetĂ©. Ce procĂ©dĂ© ne donne que de fausses indications sur la nature d un rocou, et est tout-Ă -fait insuffisant pour y faire reconnaĂźtre ^ prĂ©sence de poudres minĂ©rales. Celles-ci Ă©tant toujours , en effet , mĂȘlĂ©es dans la pĂąte Ă  l’état de fine poussiĂšre, il est Ă©vident d’elles passeront Ă  travers les mailles du linge. Et d’ailleurs, la MatiĂšre colorante peut avoir Ă©prouvĂ© des altĂ©rations profondes, lacune fermentation pendant son transport des colonies, ou son Se l°ur dans les magasins, par une cuisson mal opĂ©rĂ©e ; elle peut “Voir Ă©tĂ© affaiblie par son contact avec l’eau de mer, sans que, pour te qualitĂ©. ‱Annales de chimie , t. 47, p. il 3. — 50 iluTinidor an XI. — 364 Un autre procĂ©dĂ© qui ne doit pas inspirer plus de confiance, est celui qui consiste Ă  frotter sur l’ongle un peu de rocou, Ă  savonner et Ă  laver ensuite la tache qui a Ă©tĂ© ainsi formĂ©e. On regardait ce produit comme infĂ©rieur et on le rejetait, si cette tache disparaissait par ces opĂ©rations. En employant ce moyen, et en basant son jugement sur ces indications, on ne trouverait aucun rocou de bonne qualitĂ©, car, avec le meilleur et le plus pur, la tache dĂ©veloppĂ©e sur l’ongle est toujours enlevĂ©e par le savon et l’eau. Quelques personnes ont proposĂ© de tirer parti de la propriĂ©tĂ© que possĂšde la matiĂšre colorante du rocou de se dissoudre en trĂšs- grande proportion dans les lessives alcalines, pour apprĂ©cier la puretĂ© de la pĂąte tinctoriale du commerce. On opĂšre dans ce cas de la maniĂšre suivante On prend un poids dĂ©terminĂ© de rocou, 5 grammes, par exemple ; on le divise et on le fait bouillir quelques momens dans l’eau avec un poids Ă©gal au sien de sel de tartre. Tout doit se dissoudre. On laisse reposer, et on decante la liqueur claire qui est d’un rouge orangĂ© foncĂ©. S’il y a un rĂ©sidu insoluble, on regarde le rocou comme altĂ©rĂ© par des mĂ©langes frauduleux. Mais ce mode d’essai n’a pas , Ă  nos yeux, plus de valeur que les prĂ©cĂ©dens, par la raison que les meilleurs rocous , traitĂ©s p ar les lessives alcalines bouillantes, laissent toujours un rĂ©sidu assez considĂ©rable; ce qui provient, non de la prĂ©sence de substances Ă©trangĂšres, insolubles dans les alcalis , mais de ce que cette m-' 1 ' tiĂšre ne se dissout pas par un premier traitement. Il faut soumettre le rĂ©sidu Ă  un trĂšs-grand nombre d’ébullitions successives avec I e sel de tartre pour enlever toute la matiĂšre colorante, et encore nt parvient-on pas Ă  dissoudre toute la pĂąte ; il reste des dĂ©bris attĂ©nuĂ©s de feuilles et de parenchyme, qui ont une couleur noirĂątre et qui peuvent tromper en faisant croire Ă  la prĂ©sence de sub stances Ă©trangĂšres qui n’existent pas. Ce procĂ©dĂ© est donc inexai et d’ailleurs trop long, si l’on veut se donner la peine de repet — 3 G 5 — les Ă©bullitions, jusqu’à ce que les liqueurs ne soient plus colorĂ©es. Vitalis dit, dans son Cours Ă©lĂ©mentaire de teinture page 423— Ă©dition de 1827, que le bon rocou se dissbut facilement dans l’eau bouillante , et que celui qui est frelatĂ© ne se dissout pas entiĂšrement. La premiĂšre assertion est fausse l’eau ne dissout le rocou qu’cn trĂšs-petite quantitĂ© ; la dĂ©coction est trouble, rouge-jaunĂątre , et quand elle est Ă©claircie par le repos, elle ne garde qu’une teinte d’un jaune pĂąle. On ne peut donc, Ă  l’aide du moyen de Vitalis, constater la nature d’un rocou. Pour nous , qui avons fait un grand nombre d’essais de cette matiĂšre tinctoriale , nous ne connaissons que deux procĂ©dĂ©s exacts pour en reconnaĂźtre la puretĂ© et la bonne qualitĂ©. L’un consiste dans la calcination , l’autre dans l’apprĂ©ciation de la richesse tinctoriale au moyen d’une opĂ©ration de teinture et de l’emploi du calorimĂštre de IIoutou-LabillardiĂšre. Nous allons indiquer la maniĂšre dont nous procĂ©dons Ă  ces diffĂ©rens essais. 1 0 La calcination au rouge, c’est-Ă -dire l’incinĂ©ration complĂšte de la matiĂšre vĂ©gĂ©tale , est le seul moyen de constater exactement l’absence ou la proportion juste de substances minĂ©rales ajoutĂ©es, comme ocre rouge, bol d’ArmĂ©nie, colcothar, brique pilĂ©e. Mais cette calcination ne doit ĂȘtre faite que sur le rocou privĂ© de son eau d’interposition, autrement on arriverait Ă  des rĂ©sultats erronĂ©s, la quantitĂ© de cette humiditĂ© variant, comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit. On dessĂšche donc Ă  l’avance une certaine quantitĂ© du rocou Ă  essayer, 5 o Ă  60 grammes. Cette dessiccation doit se faire Ă  la tempĂ©rature de ioo 0 ; on place la pĂąte divisĂ©e dans une petite capsule de porcelaine qu’on maintient au bain-marie, jusqu’à ce que le rocou ne perde plus de son poids. La petite etuve en cuivre des laboratoires est trĂšs-commode pour cette opĂ©ration. On rĂ©duit alors le rocou en poudre et on en prend 5 grammes 'l'i’on introduit dans un crcus tde platine ou de porcelaine, tarĂ© — 366 — Ă  l’avance avec beaucoup de soin. On ferme le creuset avec son couvercle, et on le place au milieu de charbons ardens. La matiĂšre ne tarde pas Ă  se dĂ©composer ; elle rĂ©pand des vapeurs empyreu- matiques trĂšs-lortes et fuligineuses ; elle noircit, puis s’enflamme aussitĂŽt qu’on enlĂšve le couvercle. De tems en teins, on doit diviser la masse charbonnĂ©e au moyen d’une petite tige de fer trĂšs- propre et fort longue, afin d’accĂ©lĂ©rer l’incinĂ©ration. A mesure que celle-ci avance, on augmente le feu, et on doit enfin entretenir le creuset rouge, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une cendre sans aucune trace de charbon. On reconnaĂźt trĂšs-facilement, au reste, que toute la matiĂšre vĂ©gĂ©tale est brĂ»lĂ©e , lorsque le rĂ©sidu ne prĂ©sente plus de parties rouges de feu , et qu’il ne jaillit plus de petites Ă©tincelles lumineuses quand on l’agite avec la tige de fer. AprĂšs avoir bien secouĂ© celle-ci pour faire tomber la cendre qui pourrait y ĂȘtre adhĂ©rente, on retire le creuset du fourneau, on le laisse refroidir, puis on en constate le poids. Sa tare Ă©tant dĂ©falquĂ©e du poids brut, la diffĂ©rence donne la proportion de cendres obtenues. Ces cendres se composent i° Des matiĂšres minĂ©rales fixes contenues dans le rocou , par suite de la vĂ©gĂ©tation de l’arbre qui l’a fourni ; 2 ° Des substances minĂ©rales Ă©trangĂšres Ă  la constitution chimique de cette matiĂšre, et qui s’y trouvent accidentellement ou par addition frauduleuse. Des expĂ©riences nombreuses m’ont appris que le rocou de Cayenne, bien prĂ©parĂ© et pur, donne par la calcination de 8 Ă  i i3 pour o/o de cendres. D’aprĂšs cela, lorsqu’un rocou soumis a l’essai donnera un poids de cendres plus Ă©levĂ© que celui de i3 pour o/o , et nous prenons ici le plus liant poids Ă  dessein', l’excĂ©dant devra ĂȘtre attribuĂ© Ă  la prĂ©sence de matiĂšres Ă©trangĂšres, provenant d’une addition frauduleuse, oud’une mauvaise prĂ©paration de la pĂąte. Lorsque l’excĂ©dant de cendres au-dessus de i3 pour ioo n est 367 — que le 2 Ă  3 centiĂšmes, on doit penser qu’il provient d’un vice de prĂ©paration ; mais, lorsqu’il est au-dessus de ces limites, c’est qu’à coup sĂ»r il est le rĂ©sultat d’une fraude. Dans le cours de ma pratique, j’ai trouvĂ© des rocous de Cayenne, venant par Paris ou Nantes , qui donnaient par la calcination 22 , 27, 3 i , 38 , 5 o, 39,75 pour 0/0, c’est-Ă -dire qu’ils renfermaient en substances Ă©trangĂšres ajoutĂ©es Ă  dessein, 9, i/j , 18 , 25, 5 o , 26,75 pour 0/0. En ce moment j’examine un rocou envoyĂ© Ă  Rouen par une maison de Paris ; il renferme 28 pour 0/0 de matiĂšres terreuses. Nous avons dĂ©jĂ  dit que les matiĂšres employĂ©es par les fraudeurs, pour augmenter le poids du rocou, Ă©taient des substances de peu de valeur, dont la couleur se rapprochait beaucoup de la sienne. Ce sont l’ocre rouge, la terre bolaire , connue sous le nom de loi ArmĂ©nie, la brique cuite, le colcolliar, ou rouge d’Angleterre peroxide de fer . Les cendres du rocou contenant l’une ou l’autre de ces poudres, °nt une couleur rouge de brique, tandis que celles du bon rocou °nt une couleur grisĂątre ou jaunĂątre, ou parfois lĂ©gĂšrement rose. Les premiĂšres, traitĂ©es par l’acide muriatique acide chlorhydrique colorent fortement en jaune-rougeĂątre, en raison de la grande proportion de fer qu’elles lui cĂšdent, tandis que les secondes le colorent fort peu. Quand les premiĂšres doivent leur couleur au colcothar , le rĂ©sidu , Ă©puisĂ© par l’acide muriatique , n’offre Ă  la l°Upe que trĂšs-peu de grains siliceux. lien prĂ©sente beaucoup , ai * contraire, quand c’est la brique , l’ocre ou le bol d’ArmĂ©nie 1m ont servi Ă  falsifier le rocou. Ru reste, on constate facilement, dans ce dernier cas, la pré— Se 'ice, dans le rĂ©sidu , d’une grande quantitĂ© de silice et d’alu— ’ u me ou d’argile, en le calcinant avec cinq Ă  six lois'son poids de S -d de soude pur dans un creuset d’argent ; dissolvant dans l’eau AcidulĂ©e par l’acide muriatique; filtrant; rapprochant Ă  siccitĂ© la ^1 l >cur ; reprenant le rĂ©sidu par l’eau pure , qui laisse insoluble Une poudre blanche abondante c’est de la silice, et neutralisant — 368 If liquide nouveau par la potasse. Il se fait alors un prĂ©cipitĂ© blanc iloconueux trĂšs-abondant , entiĂšrement soluble dans un excĂšs d’alcali ; c’est de l’alumine. Dans la pratique des ateliers, il n’est pas besoin de pousser si loin l’essai des cendres ; l’apprĂ©ciation de leur poids suffit pour le teinturier, puisqu’il lui indique suffisamment ce qu’il lui importe de connaĂźtre, la puretĂ© ffĂ»la falsification du rocou qu’il doit acheter. Ce n’est que dans les cas d’expertise qu’il faut dĂ©terminer la nature des substances Ă©trangĂšres ajoutĂ©es. 2° Le second essai auquel il faut soumettre le rocou, et qui a pour but d’éclairer sur sa richesse tinctoriale, doit se faire en teignant comparativement avec un rocou pris comme type de puretĂ©, des poids dĂ©terminĂ©s de coton ou de soie. En agissant dans les memes conditions pour les deux Ă©chantillons, on obtient des colorations sur les tissus qui indiquent si le rocou soumis Ă  l’essai possĂšde un pouvoir colorant aussi dĂ©veloppĂ© que celui pris comme terme de comparaison, et si, par consĂ©quent, son prix est en rapport avec sa qualitĂ© tinctoriale. Voici comment on doit procĂ©der On monte deux bains, avec le rocou de bonne qualitĂ© et le rocou dont on ignore encore le pouvoir colorant, dans les proportions suivantes Rocou dessĂ©che Ă  100° et rĂ©duit en poudre... 5 grammes. Sel de tartre. 10 Eau pure. 400 On fait chaufFer graduellement jusqu’à l’ébullition , aprĂšs avon' plongĂ© dans chaque bain un Ă©cheveau de coton bien blanchi, poids de 12 grammes. On entretient l’ébullition pendant quinze minutes; on retire du feu, et on laisse tremper l’écheveau pendant une heure, en le lissant le plus souvent possible. Au bout de ce teins, on le relĂšve, on le tord, on le lave Ă  grande eau a plu sieurs reprises, pour le dĂ©barrasser du superflu du rocou, q ,u nuirait Ă  l’éclat de la couleur, et on le Ăše^e Ă  l’ombre. — 369 — Si l’on prĂ©fĂšre agir sur la soie, on opĂšre sur les proportions suivantes , pour des Ă©cheveaux pesant 2 grammes Rocou dessĂ©chĂ© Ă  100° et pulvĂ©risĂ© Sel de tartre... Eau pure.. 0 grammes 5 0 0 On prend de la soie bien blanche, et l’on procĂšde comme ci- dessus. Les cotons ou les soies Ă©tant sĂšches, on peut alors comparer la hauteur de leur nuance. Le rocou inconnu est d’autant meilleur que la teinte qu’il a donnĂ©e Ă  ces tissus s’éloigne moins de celle fournie par le rocou employĂ© comme terme de comparaison. Afin de pouvoir mieux Ă©tablir les diffĂ©rences qui peuvent exister entre les deux rocous, il est bon de juger sur deux couleurs tranchĂ©es. Pour cela, aprĂšs avoir teint en aurore, comme prĂ©cĂ©demment , de nouveaux Ă©chantillons de coton ou de soie, on les passe dans une eau lĂ©gĂšrement acididĂ©epar le vinaigre, le jus de citron ou l’alun , qui virent la nuance aurore Ă  l’orangĂ©. On les lave ensuite Ă  grande eau, et l’on sĂšche. Souvent de lĂ©gĂšres diffĂ©rences, qu’on n’aurait pas aperçues par le premier essai, sont rendues sensibles par le second. Si l’on veut Ă©tablir un rapport numĂ©rique exact entre les deux rocous, ou , en d’autres termes, dĂ©terminer leur valeur vĂ©nale , comme matiĂšre colorante, il faut recourir Ă  un troisiĂšme essai, qui consiste dans l’emploi du colorimĂštre de M. Houtou-LabillardiĂšre. Rappelons, avant tout, pour les personnesqui ne connaĂźt raient pas l’usage de cet instrument, les principes sur lesquels il repose, et la description qu’en a donnĂ©e son auteur. L’apprĂ©ciation de la qualitĂ© relative des matiĂšres tinctoriales est fondĂ©e sur ce que deux dissolutions , faites comparativement avec des quantitĂ©s Ă©gales de la mĂȘme matiĂšre colorante, dans des QuantitĂ©s Ă©gales d’eau ou de tout autre liquide, paraissent, dans des tubes eolorimĂ©triques, de la meme nuance ; et que des dis- — 370 — solutions faites avec des proportions diffĂ©rentes prĂ©sentent de» nuances dont l’intensitĂ© est proportionnelle aux quantitĂ©s de matiĂšre colorante employĂ©e ; ce qu’il est possible d’apprĂ©cier si l’on introduit dans les tubes coloriinĂ©triques ioo parties de chaque dissolution, et si l’on ajoute de l’eau Ă  la plus intense, jusqu’à ce qu’elle se confonde, par la nuance , avec la plus faible. Le volume de la liqueur affaiblie, indiquĂ© par la graduation des tubes, se trouve dans le mĂȘme rapport avec le volume de l’autre que les quantitĂ©s de matiĂšre colorante employĂ©e ; l’intensitĂ© de couleur d’une liqueur affaiblie par l’eau Ă©tant proportionnelle aux volumes des liqueurs avant et aprĂšs l’addition de l’eau , et les matiĂšres tinctoriales variables en qualitĂ©, traitĂ©es convenablement et comparativement , fournissant des liqueurs dont les nuances ont des intensitĂ©s proportionnelles Ă  la qualitĂ© du principe colorant qu’elles contiennent. » Le colorimĂštre se compose de deux tubes de verre bien cylindriques, de l4Ă  i5 millimĂštres de diamĂštre et de 33 centimĂštres de longueur environ, bouchĂ©s Ă  une extrĂ©mitĂ©, Ă©gaux en diamĂštre et en Ă©paisseur de verre , divisĂ©s dans les 5 /6 de leur longueur, Ă  partir de l’extrĂ©mitĂ© bouchĂ©e, en deux parties Ă©gales en capacitĂ© , et la seconde portant une Ă©chelle ascendante divisĂ©e en i oo parties. Ces deux tubes se placent dans une petite boĂźte de bois , par deux ouvertures pratiquĂ©es l’une Ă  cĂŽtĂ© de l’autre, Ă  la partie supĂ©rieure et prĂšs d’une des extrĂ©mitĂ©s, Ă  laquelle se trouvent deux ouvertures carrĂ©es du diamĂštre des tubes, pratiquĂ©es en regard de leur partie infĂ©rieure, et Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© un trou p* r lequel on peut voir la partie infĂ©rieure des tubes , en plaçant 1» boĂźte entre son Ɠil et la lumiĂšre, et juger trĂšs-facilement, p ar cette disposition, la diffĂ©rence ou l’identitĂ© de nuance de deux liqueurs colorĂ©es introduites dans ces tubes '. » 1 Voir, pour plus le dĂ©tails , le MĂ©moire de M. II. LabillardiĂšre , dans les JtlĂšmoirer VAcadĂ©mie royale des Sciences de Rouen , annĂ©e 1827, p. 73. Ce mĂ©moire a pour titre Description d'un ColorimĂštre , et du moyen de connaĂźtre la qualitĂ© relative des indig os — 371 — Ceci Ă©tant bien conçu, voici comment il faut procĂ©der Ă  l’essai des rocous. La matiĂšre colorante du rocou Ă©tant, comme nous l’avons dit, extrĂȘmement peu soluble dans l’eau, il faut recourir Ă  l’emploi de l’alcool pour obtenir les dissolutions qui doivent ĂȘtre essayĂ©es dans le calorimĂštre. On prend de chaque rocou dessĂ©chĂ© Ă  too° et pulvĂ©risĂ© , 5 dĂ©cigrammes, et on les met en digestion dans 5o grammes d’alcool Ă  32°, pendant douze heures. On dĂ©cante la liqueur fortement colorĂ©e, et on la remplace par une quantitĂ© semblable d’alcool. On Ă©puise ainsi les rocous de toute la matiĂšre colorante , en employant pour chaque Ă©chantillon les mĂȘmes quantitĂ©s d’alcool qu’on laisse en contact avec eux pendant le mĂȘme tems. L’expĂ©rience m’a appris qu’il faut 35o grammes d’alcool fractionnĂ©s en sept parties, pour enlever aux 5 dĂ©cigrammes d’un bon rocou toute sa matiĂšre colorante. La derniĂšre digestion alcoolique est Ă  peine colorĂ©e en jaune. Les liqueurs alcooliques de chaque Ă©chantillon Ă©tant mĂȘlĂ©es, on a ainsi deux dissolutions qui reprĂ©sentent exactement leur richesse tinctoriale. Pour l’estimer, on introduit de ces dissolutions dans les tubes colorimĂ©triques, jusqu’au zĂ©ro de l’échelle, ce qui Ă©quivaut Ă  ioo parties de l’échelle supĂ©rieure ; on place ces tubes dans la boĂźte, et on compare la nuance des liquides qu’ils renferment, e n regardant les deux tubes par le trou servant d’oculaire, la boĂźte e tant placĂ©e de maniĂšre que la lumiĂšre arrive rĂ©guliĂšrement sur 1 extrĂ©mitĂ© oĂč se trouvent les tubes. Si l’on remarque une diffĂ©- fence de ton entre les deux liqueurs, on ajoute de l’alcool pur Ă  l a plus foncĂ©e qui est toujours celle provenant du rocou pris Ct >n\me type , jusqu’à ce que les tubes paraissent ĂȘtre de mĂȘme Nuance r . On lit ensuite sur le tube dans lequel on a ajoutĂ© l’alcool, nombre de parties de liqueur qu’il contient ; ce nombre, comparĂ© au volume de la liqueur contenue dans l’autre tube, volume ^ Oest Je l'alcool et non de l’eau qu'il faut ajouter Ă  la liqueur plus foncĂ©e , car ce dernier luidc trouble la dissolution, ce qui ne permet pas dĂšs-lors de continuer l'essai. — 372 — qui n’a pas changĂ© et qui est Ă©gal Ă  ioo, indique le rapport entre lu pouvoir colorant ou la qualitĂ© relative des deux rocous. Et si, par exemple, il faut ajouter Ă  la liqueur du bon rocou 85 parties d’alcool pour l’amener Ă  la mĂȘme nuance que l’autre, le rapport en volume des liquides contenus dans les tubes sera, dans ce cas, comme 1 85 est Ă  ioo, et la qualitĂ© relative des rocous sera reprĂ©sentĂ©e par le mĂȘme rapport, puisque la qualitĂ© des deux Ă©chantillons essayĂ©s est proportionnelle Ă  leur pouvoir colorant. Les chiffres que je viens d’indiquer, pour bien faire concevoir ja maniĂšre dont on estime la valeur vĂ©nale des matiĂšres tinctoriales au moyen du eolorimetre, ne sont point arbitraires ; ce sont ceux que j’ai obtenus dans un dernier essai que je viens de faire d’un rocou de Paris. L’usage du eolorimetre pour l’estimation des matiĂšres tinctoriales n’est pas assez rĂ©pandu. On a prĂ©tendu qu’il n’était pas exempt d’erreurs, et qu’il nĂ©cessitait d’ailleurs une longue pratique avant que l’Ɠil fĂ»t assez exercĂ© pour bien saisir l’identitĂ© de nuance de deux liqueurs colorĂ©es, sur laquelle repose ce moyen mĂ©trique. On a exagĂ©rĂ©, suivant nous, dans le jugement qu’on a portĂ© du eolorimetre. Les chances d’erreurs qu’il prĂ©sente ne sont pas aussi nombreuses que celles qui existent dans l’emploi de ValcalimctreetAvichloromĂšlre, dont l’usage est devenu si gĂ©nĂ©ral et il ne faut pas plus de tems pour acquĂ©rir l’habitude de bien manier l’instrument de LabillardiĂšre, que pour se servir couramment des instruments de Lcscroizilles et de Gay-Lussac. Quelques essais suffisent pour donner Ă  l’Ɠil l’habiletĂ© nĂ©cessaire pour appr e " cier les plus petites diffĂ©rences de ton entre des liqueurs colorĂ©es- Depuis long-tems nous faisons un frĂ©quent usage du eolorimetre pour l’essai d’un grand nombre de substances tinctoriales ; nous avons Ă©tĂ© Ă  mĂȘme de reconnaĂźtre l’exactitude des renseignemens qu’il fournit sur la valeur rĂ©elle de ces substances, aussi engageons- nous vivement les industriels Ă  se familiariser avec son cmpl 01. — 37a Les essais que nous regardons comme essentiels pour acquĂ©rir, des notions exactes sur la nature d’un rocou, paraĂźtront, peut- ĂȘtre , un peu longs aux praticiens ; mais, qu’on y prenne garde, il vaut mieux consacrer trois jours Ă  examiner une substance, que de l’acheter telle quelle, et de l’employer dans ses ateliers, au risque de compromettre la rĂ©ussite d’opĂ©rations importantes ; car alors il en coĂ»te toujours beaucoup plus de tems et d’argent que la substance ne vaut. C’est ce qui n’arrive malheureusement que trop dans nos fabriques ; et je pourrais citer une foulĂ© d’exemples de pertes considĂ©rables ou de procĂšs ruineux occasionnĂ©s par l’indiffĂ©rence des industriels Ă  bien choisir et Ă  essayer avec soin les matiĂšres premiĂšres qu’ils mettent en Ɠuvre. Remarquez bien, d’ailleurs, que les trois Ă©preuves que je conseille sont absolument indispensables pour ne laisser aucun doute sur la valeur d’un rocou. L’incinĂ©ration donne le poids des matiĂšres minĂ©rales ajoutĂ©es au produit; l’opĂ©ration de teinture et l’épreuve par le eolorimetre, qui se servent mutuellement de con trĂŽle, font connaĂźtre la maniĂšre dont la substance se comportera dans les bains, et apprennent exactement sur quelles proportions de matiĂšre colorante pure on peut compter par chaque kilogramme de pĂąte. Il ne faut jamais oublier ce principe, qu’on ne peut porter un bon jugement sur la nature d’une matiĂšre tinctoriale organique , qu’autant qu’on a multipliĂ© les essais, et qu’on l’a examinĂ©e sous tous les rapports. Autantl’essai des substances minĂ©rales est simple et prĂ©cis dans ses rĂ©sultats, autant celui des matiĂšres tirĂ©es du ‱'Ăšgne vĂ©gĂ©tal ou animal est compliquĂ©, demande de sagacitĂ© dans le choix des moyens analytiques , et exige de prudence dans les conclusions qu’on en peut dĂ©duire. ‱Te terminerai mon mĂ©moire par cette observation , que les foeous sont souvent fraudĂ©s par l’introduction , dans les barils qui les contiennent, d’une grande quantitĂ© de feuilles de roseau. Les — 374 — bons rocous de Cayenne ne contiennent jamais plus de 6 pour o/o de feuilles. Il faut donc exiger une rĂ©fraction du vendeur, toutes les fois que le poids des feuilles s’élĂšve au-dessus de ce chiffre. L’usage Ă©tabli pour la tare du rocou dans le commerce, est de 20 pour o/o, savoir 16 pour o/o pour le bois, et 4 pour o/o pour les feuilles. D’aprĂšs les vĂ©rifications faites, il y a tantĂŽt 6 pour o/o de perte, tantĂŽt boni. Cela dĂ©pend des fĂ»ts et de la" quantitĂ© de feuilles. Les fĂ»ts d’origine ne donnent jamais de perte, leur bois Ă©tant plus lĂ©ger que celui des barriques bordelaises. ©©©©©©©©©©©©© 9 © ANALYSE CHIMIQUE DBS EAUX MINÉRALES DE SAINT-ALLYRE, A CLERMONT-FERRAND PÜY-DE-DOME , ET IU TRAVERTIN QU’ELLES DÉPOSENT; PAR M. J. GIRARDIN; SC1V1B D’UNE ANALYSE DES EAUX MINÉRALES D’AUX ERGNE, PAR VAUQUELIN Parmi les curiositĂ©s naturelles que la ville de Clermont-Fer— r; ind, chef-lieu du dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, offre Ă  l’attention du voyageur, il en est peu qui aient acquis autant de cĂ©lĂ©britĂ© que la source minĂ©rale situĂ©e dans le faubourg de Saint-Allyre, et qui a reçu depuis long—tems le nom de Fontaine P&rijiante. Tous ceux qui visitent celte contrĂ©e si pittoresque de 1 Auvergne ne manquent pas, aprĂšs avoir fait l’ascension du Luc Ă  l'AcadĂ©mie royale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen , le 15 juillet 1836 , * l insĂ©rĂ©e dans le PrĂ©cis des travaux de la mĂȘme acadĂ©mie pour Pannce 1830. Ce MĂ©moire a insĂ©rĂ© par extrait dans le Journal de pharmacie , t. 23 , p, 237, 1S3 > $ et dans le de chimie mĂ©dicale , 1 . ĂŻ, ^vic , P- 271,1 S", Puy-de-DĂŽme, illustrĂ© par les expĂ©riences de Pascal, et avoir admirĂ© les jolis sites et les belles sources de Royat et de Fon- lanat, d’aller examiner le fameux pont de pierre formĂ© par le dĂ©pĂŽt des sels terreux contenus dans l’eau de Saint-Allyre, et de faire empiĂšte des incrustations artificielles que le propriĂ©taire de la source prĂ©pare pour les Ă©trangers. Certes, pour lespersormes qui ne sont pas initiĂ©es aux secrets de la chimie, c’est une chose merveilleuse qu’une eau qui jaillit claire et limpide de son rĂ©servoir naturel, et qui abandonne, sur les objets qu’on expose Ă  son contact, une couche terreuse qui leur donne bientĂŽt l’apparence de la pierre. Et, ce qui confond encore plus l’imagination de ceux qu’un pareil prodige attire, c’est la production de cette muraille de 240 pieds de long , de 18 i» 20 pieds de haut, et dont une des extrĂ©mitĂ©s s’avance jusqu’au-delĂ  du ruisseau de Tiretaine, de maniĂšre Ă  former un pont d’un admirable effet, et qui semble avoir Ă©tĂ© construit par la main de l’homme. Ce phĂ©nomĂšne est bien fait pour appuyer dans l’esprit des gens du monde cette opinion erronĂ©e des anciens, que l’eau se change en terre, et que l’écorce solide de notre planĂšte doit son origine a cette prĂ©tendue transformation de l’eau. Depuis long-tems les naturalistes ont citĂ© dans leurs ouvrages la fontaine de Saint—Allyre, et, lorsque l’analyse chimique eut acquis quelque prĂ©cision ,les chimistes, Ă  leur tour, s’occupĂšrent de ses eaux, dont les propriĂ©tĂ©s mĂ©dicamenteuses avaient fixe l’attention des mĂ©decins. Nicolas LĂ©mery, de Rouen, est le premier qui ait entrepris l’analyse de ces eaux. Voici ce qu’on trouve, Ă  cet Ă©gard, dans Y Histoire de V AcadĂ©mie des Sciences, pour l’annĂ©e 1700 , p. 58 . A Clermont en Auvergne, il y a une fontaine pĂ©trifiante, dont M. LĂ©mery examina quelques bouteilles qui lui avaient etc donnĂ©es par AI. Tournelorl. Cette eau est claire comme celle d’Arcueil, et Ă©galementpesanle. Elle dĂ©pose au fond des bouteilles — 377 — un peu de sable gris el de pierre blanchĂątre qui paraĂźt s’y ĂȘtre formĂ©e. Par les essais et les opĂ©rations chimiques, il paraĂźt qu’elle contient un acide qui apparemment a dissous quelque substance pierreuse des lieux oĂč elle a coulĂ©. La partie la plus pesante de cette substance se prĂ©cipite au fond de l’eau, quand elle sĂ©journe ou qu’elle a peu de mouvement, mais la partie la plus lĂ©gĂšre ne s’en dĂ©tache pas avec tant de facilitĂ©, et c’est elle, apparemment, qui fait les pĂ©trifications. Cette eau pĂ©trifiante n’en est pas plus dangereuse Ă  boire par rapport aux pierres qui peuvent se former dans les reins; on le sait, et par l’expĂ©rience journaliĂšre des gens du pays, et par des opĂ©rations chimiques qui ont fait voir Ă  M. LĂ©mcry que le sel de l’urine ne fait point dĂ©poser la substance pierreuse de celte eau. En effet, les pierres, et ce qu’on appelle pierres dans le corps humain, n’ont rien de commun. » En 1748, Ozy publia le rĂ©sultat de ses essais sur le sĂ©diment qu’elles abandonnent dans les bassins oĂč elles sont reçues, et il en conclut que les eaux de Saint-Allyre contiennent, une substance ferrugineuse avec un sel fossile de la nature du sel marin , et, enfin, une espĂšce de marne semblable Ă  de la chaux, qui en fait la partie terreuse. » Analyse clĂ©s eaux minĂ©rales de Saint- Allyre , par M. Ozy ; de l’imprimerie de Pierre Boutaudon , seul imprimeur du Roi, 1748. Enfin , en 1799, Vauquelin analysa plusieurs eaux minĂ©rales d’Auvergne, et, entre autres, celles de Saint-Allyre. Voici les rĂ©sultats qu’il obtint. Un litre de cette eau renfermerait Acide carbonique libre. 1 g r * fiO Carbonate de chaux. 20 50 de magnĂ©sie .. 0 00 de soude. 13 38 Muriale de soude. 14 20 Oxide de fer. 0 50 Sulfate de soude et matiĂšre bitumineuse,. des iraces . 62 90 — 378 — Un litre de cette eau contiendrait donc 6a grains 90 de matiĂšres solides , ou 3 grammes 36 centigrammes. Le travail de Vauquelin n’a jamais Ă©tĂ© imprimĂ©. Il existe manuscrit dans la bibliothĂšque publique de Clermont-Ferrand. J’en dois la connaissance Ă  l’obligeance de M. Gonod, bibliothĂ©caire, qui m’a permis d’en prendre une copie. A l’époque oĂč Vauquelin fit cette analyse des eaux de Saint- Allyre, les procĂ©dĂ©s analytiques laissaient encore beaucoup Ă  dĂ©sirer ; aussi, depuis long-tems, les naturalistes de Clermont dĂ©siraient-ils qu’on soumĂźt de nouveau ces cĂ©lĂšbres eaux incrustantes Ă  un examen consciencieux. Ce dĂ©sir devint plus vif, depuis surtout que M. BerzĂ©lius, ayant analysĂ© le dĂ©pĂŽt calcaire qui constitue le pont naturel de Saint-Allyre, y trouva, outre du carbonate de chaux, de la silice et de l’oxide de fer, des phosphates d’alumine, de manganĂšse, de chaux et de magnĂ©sie. Analyse de quelques substances qui se prĂ©cipitent des eaux minĂ©rales de l’Auvergne , faisant suite Ă  l’examen chimique des eaux de Carlsbad, de TƓplitz et de Konigswart Annales de chimie et de physique, t. 28 , p. 4o3 ; annĂ©e l8a5. Visitant l’Auvergne, en i834, avec mon ami M. Soubeiran , chef de la pharmacie centrale des hĂŽpitaux civils de Paris , je fus sollicitĂ© par notre ami commun M. Lecoq, professeur d’histoire naturelle, de reprendre l’examen de l’eau de la fontaine incrustante. Je me rendis Ă  cette invitation, et, pendant le mois que nous sĂ©journĂąmes Ă  Clermont, Soubeiran et moi, nous fĂźmes les essais qu’on ne peut faire qu’à la source de l’eau dont on veut connaĂźtre la constitution chimique. Ainsi nous dĂ©terminĂąmes la nature des gaz tenus en dissolution ; nous constatĂąmes l’action des rĂ©actifs sur l’eau, au moment oĂč elle arrive au contact de l’air ; nous recueillĂźmes des observations thermomĂ©triques, et nous nous procurĂąmes , par Ă©vaporation , toutes les substances salines q ul sc trouvent en dissolution dans l’eau. Depuis mon retour Ă  Rouen, j’ai continuĂ© nos premiers essais ; et, aprĂšs avoir examinĂ© avec soin le rĂ©sidu salin de l’évaporation, j’ai procĂ©dĂ© Ă  l’analyse du dĂ©pĂŽt rougeĂątre que l’eau abandonne, peu de tems aprĂšs son arrivĂ©e Ă  la surface du sol, dans les canaux oĂč elle s’écoule , ainsi que de l’ancien dĂ©pĂŽt qui constitue la vieille muraille dont la production remonte Ă  une Ă©poque si reculĂ©e. J’espĂšre que les faits que je vais signaler intĂ©resseront les naturalistes et les chimistes, et que j’aurai rempli les intentions de mon savant ami M. Lecoq. I. Gisement et propriĂ©tĂ©s physiques de l'eau de Saint-Allyre. Le sol sur lequel est bĂątie la ville de Clermont est un tuf ou pĂ©perite grossier, forme de Iraginens de basalte plus ou moins altĂ©rĂ©, de petits cailloux siliceux, et d’une maniĂšre terreuse qui admet du carbonate de chaux dans sa composition. Ce tuf, quoique d’origine volcanique, a Ă©videmment Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par les eaux, puisqu’il alterne en stratification rĂ©guliĂšre avec des argiles et des couches de tuf dont le grain est beaucoup plus fin, et quelquefois mĂȘme avec des couches sableuses que l’on peut comparer aux pouzzolanes des volcans modernes. » Le sol de Clermont donne issue Ă  plusieurs sources d’eaux minĂ©rales, dont la tempĂ©rature est gĂ©nĂ©ralement peu Ă©levĂ©e. Ces eaux sortent de diffĂ©rons points du monticule ; mais il est probable qu’elles paraissent au jour aux points de jonction du tuf volcanique avec les couches calcaires c’est principalement Ă  Saint-Allyre que cette jonction a lieu , par le prolongement de 'a formation calcaire des Cotes et de Chanturgue. Un fait digne de remarque est la prĂ©sence de grosses masses de grĂšs et de quelques autres blocs de roches, placĂ©s Ă  la surface du sol, trĂšs-prĂšs de la source incrustante selon toutes les apparences, elles font Partie d’un tuf analogue Ă  celui que l'on peut observer au Puy- dc-Montaudou. — 380 — » C’est dans cette localitĂ©, et Ă -peu-prĂšs en face du monticule calcaire que l’on connaĂźt sous le nom de Montjuzct, que sortent les eaux minĂ©rales de Saint-Allyre. » Lecoq, Observations sur la source incrustante de Sainl-Ælyre, dans un desfaubourgs de Clermond-Ferrant ; broch. in-8°, i83o. Getle source est assez abondante, puisque , d’aprĂšs le jaugeage que je rĂ©pĂ©tai Ă  plusieurs reprises dans le mois de septembre i834-i elle donne 24 litres par minute ; d’oĂč il rĂ©sulte que la quantitĂ© lournie par heure est de 1 ,44° litres, et par 24 heures de 34>56o litres. L’état de l’atmosphĂšre ne paraĂźt pas inlluer sensiblement sur cette source , puisque la quantitĂ© d’eau qu’elle fournit ne varie pas dans les tems secs ou pluvieux. On a cru remarquer seulement qu’à l’approche des vents un peu forts, son Ă©coulement est un peu plus rapide , et qu’avant les orages, elle dĂ©gage beaucoup de gaz acide carbonique. Cette remarque a Ă©tĂ© Ă©galement faite aux eaux thermales de Vichy et du Mont-Dore. Sa tempĂ©rature est constante, ainsi qu’il rĂ©sulte d’un assez grand nombre d’observations faites, tant par moi que par M. Bouillet, aprĂšs mon dĂ©part de Clermont. Le tableau suivant contient les rĂ©sultats de nos observations. A partir du 1 5 octobre, les donnĂ©es de ce tableau m’ont Ă©tĂ© fournies par M. Bouillet. 381 EAUX MINÉRALES DE SA1NT-ALLYRE. Tableau des observations faites du 28 aoĂ»t au 30 dĂ©cembre 1834. DATES DBS OBSERVATIONS HEURES DU JOUR. TEMPES DBS EAUX. ATURE DE L’AIR AMBIANT. VENTS RÉCNANS. ÉTAT DD CIEL. 2SaoĂ»t 1834 midi 2 4 cent. 19” Il un peu couvert* 3 septembre 7 h. du s. 24° 21 beau. 5 idem midi 24 27 idem. 9 idem 7 m. 24° 19 idem. 12 idem 15 octobre 10 b. du m. 7 b. dti m. 24° 24 24 13 idem. en partie couvert de gros nuages. ‱ midi SI» 19 O. idem. trĂšs-couvert, un 6 b. du a. 24 14” ‱/, peu de pluie, beaucoup de 30 octobre 7 h. du m. 24” 5” /. O. brouillards. ‱ midi 24° 9 0. trcs-bcau. * 6 b. du a. 84 s” y, O. idem, brumeux, 15 novembre 7 b. du m. 24 — '/a N. un peu de neige dans la nuit. » midi 24" 2 » y, N. beau. » 6 b. du s. 24 i» y, N- couvert» 30 novembre 7 b. du m. 24 11 idem. » midi 24” 10“ idem. . 6 b. du s. 24 S O. trĂšs-fort trĂšs-beau» 13 dĂ©cembre 7 b. du m. Si _4 y, N. idem. B midi 24 1° N. idem. » 6 b. du s. 24“ — *h N. idem. °0 dĂ©cembre 7 b. du m. 24 6° y, s. un peu couvert. » midi 24 10 S. trĂšs-beau. » 6 b. du s. 24 idemA Les eaux, au sortir de terre, sont parfaitement limpides. Elles ° n t une trĂšs-faible odeur bitumineuse, non dĂ©sagrĂ©able, et une saveur aigrelette , un peu atramentaire et bitumineitse. Elles lais- S ' n t dĂ©gager de tems en teins des bulles plus ou moins grosses, ’R'i consistent en acide carbonique. Ces bulles deviennent trĂšs- nombreuses par l’agitation. — 382 — Ces eaux tombent dans un petit rĂ©servoir en pierre qui est tout tapissĂ© d’un dĂ©pĂŽt ocreux. Peu de tems aprĂšs leur exposition Ă  l’air, elles sc recouvrent d’une pellicule trĂšs-fine, nacrĂ©e, d’un blanc rougeĂątre, et bientĂŽt aprĂšs elles se troublent. Elles laissent dĂ©poser, dans les conduits en bois qui les conduisent du rĂ©servoir dans des chambres d’incrustations, une poudre fine de couleur d’ocre jaune, dont la quantitĂ© est assez considĂ©rable. Au milieu decedĂ©pĂŽtsĂ©dimenteux , on voit presque toujours des fi- lamens rougeĂątres , imitant, par leurs formes et leur disposition , ces conferves qui flottent au milieu des eaux de mares. Quand le tems est pluvieux, le sĂ©diment a une couleur plus foncĂ©e et paraĂźt plus chargĂ© d’oxide de fer. Voici comment l’eau de cette source se comporte avec les rĂ©actifs Teinture de tournesol ... . Rougit trĂšs-sensiblement. Ammoniaque .PrĂ©cipitĂ© blanc floconneux trĂšs-manifeste, immĂ©diatement. Eau de chaĂŒx .PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-abondant, se formant aussitĂŽt. Carbonate tP ammoniaque . PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-abondant, se redissolvant dans un excĂšs. Nitrate de baryte ».PrĂ©cipitĂ© blanc assez fort, dont une partie rĂ©siste Ă  l’action de l’acide nitrique. Teinture de galle ...... Prend de suite une couleur brune. Nitrate d!argent .PrĂ©cipitĂ© blanc caillebottĂ©, considĂ©rable, qui brunit un peu, et qui se redissout en grande partie dans l’ammoniaque. 11 reste des flo - " cons grisĂątres. Phosphate de soude .PrĂ©cipitĂ© blanc floconneux assez considĂ©rable- Oxalate d?ammoniaque. . . PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-considĂ©rable. Sous-acĂ©tate de plomb . . . PrĂ©cipitĂ© blanc Ă©norme, se redissolvant, pour la plus grande partie, dans l’acide nitrique* Cyanureferroso-potassique. Teinte d’un vert bleuĂątre; trouble lĂ©ger. Cyanure-ferrieo potassique . Rien. Suljhydrate d!ammoniaque» PrĂ©cipitĂ© verdĂątre considĂ©rable. Les flocons se rĂ©unissent bientĂŽt, et ressemblent alors au prĂ©cipitĂ© formĂ© par les alcalis dans 1 S protoscls de fer. Ricfl. Chlorure d*or — 383 — Les lames et feuilles d’argent, maintenues long-tems en contact avec l’eau, ne prennent aucune couleur brune. Soumise Ă  l’action de la chaleur, cette eau laisse dĂ©gager une grande quantitĂ© d’acide carbonique, puis se trouble, et abandonne une poudre de couleur rougeĂątre. Elle se comporte donc absolument, dans ce cas, comme les eaux ferrugineuses acidulĂ©s. La densitĂ© de cette eau est de j,oo 4 . 25 . Comme nous l’avons dit plus haut, l’eau de Saint-Allyre laisse Ă©chapper des bulles de gaz au moment oĂč elle arrive au jour. Afin de connaĂźtre la nature de ces gaz, nous avons cherchĂ© Ă  en recueillir une certaine quantitĂ© ; mais, comme cette opĂ©ration eĂ»t demandĂ© un teins considĂ©rable , et prĂ©sentĂ© beaucoup de difficultĂ©s en essayant de recueillir les bulles qui s’échappent de la source principale, nous avons opĂ©rĂ© sur une branche de cette source, qui se trouve Ă  peu de distance de la premiĂšre, et qui est au fond d’un puits de six Ă  sept pieds de profondeur seulement. Il se fait dans ce puits un dĂ©gagement continuel de gaz ; aussi, cette cavitĂ© en est—elle constamment remplie. Les ouvriers ne peuvent y rester plus de quelques minutes ; un chien , qui y Ă©tait tombĂ©, a Ă©tĂ© promptement asphyxiĂ©. LĂ , il nous a Ă©tĂ© facile de recueillir une certaine quantitĂ© du gaz, au moyen d’un flacon Ă  large ouverture, et entiĂšrement rempli d’eau, que nous fĂźmes descendre et que nous retournĂąmes au sein du liquide. Le gaz recueilli avait une odeur piquante ; il rougissait la teinture de tournesol, troublait l’eau de chaux en blanc, et Ă©teignait les corps en combustion. AnalysĂ© au moyen de la potasse caustique et du phosphore, il °tait formĂ©, sur ioo parties en volume, de Gaz acide carbonique. 68, Gaz azote. 25,59 Gaz oxigĂšne. 100,00 — 384 — II. Examen chimique de l’eau de Saint-Allyre. Nous avons procĂ©dĂ© Ă  l’examen chimique de l’eau de Saint- Allyre, en suivant les procĂ©dĂ©s les plus exacts que la science possĂšde aujourd’hui. Nous ne croyons pas nĂ©cessaire de les dĂ©crire ici, attendu qu’ils sont assez connus des chimistes. Nous nous bornerons Ă  faire connaĂźtre les rĂ©sultats que nous avons obtenus. Un litre d’eau Ă©vaporĂ©e avec beaucoup de soin donne un rĂ©sidu de substance saline , dont le poids s’élĂšve Ă  4 grammes 64 centigrammes. Voici la composition d’un kilogramme de cette eau Acide carbonique libre. .. I r-» O ! v* I 1,4070 Carbonate de chaux.. 1,6342\ de magnĂ©sie. 0,3856 J de soude. 0,4886 1 de fer. 0,14101 Sulfate de soude. 0,28951 1,2519 [" 4,6400 Chlorure de sodium. Silice. 0,3900 MatiĂšre organique non azotĂ©e. Phosphate de manganĂšse .... \ 0,0130 1 Carbonate de potasse. CrĂ©nate et apocre'nate de fer. 0,0462 / Eau. 993,9530.... 993,9530 1000,0000 L’eau de Saint-Allyre est donc une eau ferrugineuse-acidule » analogue aux eaux de Spa, dePyrmont, de Provins, de Vichy, etc-? mais avec cette diffĂ©rence qu’elle renferme une trĂšs-grande quantitĂ© de carbonate de chaux. Ce sel, ainsi que les carbonates de magnĂ©sie et de fer, tenu sen dissolution dans l’eau Ă  la faveur Ă e l’acide carbonique , ne tardent pas Ă  se dĂ©poser, dĂšs que l’e» u a le contact de l’air ; et c’est lĂ  ce qui produit ce sĂ©diment d’un jaune rougeĂątre qui se forme dans le rĂ©servoir et les conduit» dans lesquels l’eau s’écoule. — 385 — Lorsque cette source coulait librement sur le sol, Ă  une Ă©poque dĂ©jĂ  fort reculĂ©e, elle abandonna peu Ă  peu, le long de son trajet, ces carbonates terreux et mĂ©talliques, et forma ainsi cette masse de travertin qui constitue le pont de pierre. Ce dĂ©pĂŽt commence Ă  fleur de terre vers l’extrĂ©mitĂ© qui Ă©tait la plus rapprochĂ©e de la source, et il augmente rapidement en hauteur et en Ă©paisseur, Ă  mesux-e que l’on avance vers son autre extrĂ©mitĂ©. Sa surface supĂ©rieure, d’abord trĂšs-Ă©troite, s’élargit graduellement, et l’on remarque encore une espĂšce de sillon qui servait, sans doute , Ă  conduire les eaux qui Ă©levĂšrent elles-mĂȘmes cet aqueduc. Quelques personnes prĂ©tendent que les bĂ©nĂ©dictins de Saint- Allyre, dans l’enclos desquels s’épanchait cette fontaine, craignant que son dĂ©pĂŽt ne vĂźnt Ă  envahir le sol fertile de leur abbaye, dirigĂšrent d’abord ses eaux de maniĂšre Ă  les conduire dans le ruisseau de Tiretaine, qui traversait leur propriĂ©tĂ©. Quoi qu’il en soit, l’eau incrusta bientĂŽt le canal qui lui avait Ă©tĂ© tracĂ© ; elle finit par le combler, et, suivant cependant la mĂȘme route que lui traçait d’ailleurs la pente du terrain , elle coula sur son dĂ©pĂŽt ; elle l’augmenta tous les jours, et, comme la matiĂšre calcaire se dĂ©posait plus facilement sur les bords que dans le milieu, elle laissa dans cette partie le sillon peu profond qui lui servait de conduit. Les eaux , arrivĂ©es Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la muraille, se rĂ©pandaient dans le ruisseau qui mettait un terme Ă  leur dĂ©pĂŽt ; bientĂŽt cependant la muraille s’éleva sur le bord , et, dĂšs qu’il y eut une chute , il y eut bientĂŽt aussi un prolongement de matiĂšre calcaire qui avança au-dessus de l’eau. Des plantes aquatiques ne tardĂšrent pas Ă  s’y dĂ©velopper , et leur Ve gĂ©tation, activĂ©e par les matiĂšres salines contenues dans les e »ux minĂ©rales , couvrit de touffes de verdure le rocher fln venait de se former. Mais ici la nature Ă©tait encore dans t *ute son activitĂ© ; un dĂ©pĂŽt de carbonate de chaux et de fer hy- droxidĂ© couvrait en peu de tems les vĂ©gĂ©taux vigoureux qui avaient pris possession de ce sol encore vierge ; les mousses et les 25 386 - coquillages qui venaient y chercher la fraĂźcheur Ă©taient saisis en mĂȘme tems, et tous ces matĂ©riaux accumulĂ©s ne servaient qu’à exhausser le terrain, Ă  multiplier les surfaces, Ă  augmenter les points de contact, et favorisaient puissamment la formation d’une arcade dont la nature seule avait formĂ© le plan. Qu’arriva- t—il enfin au bout d’un grand nombre d’annĂ©es ? C’est qu’une arche toute entiĂšre parut'sut le ruisseau, dont le cours eut Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, si ses eaux n’avaient pas enlevĂ©, au fur et Ă  mesure de sa prĂ©cipitation, la matiĂšre calcaire apportĂ©e par les eaux qui venaient croiser les siennes. » Le ruisseau de Tiretaine ne fut plus dĂšs-lors un obstacle au cours des eaux de Saint-Allyre ; elles l’avaient traversĂ© et se disposaient dĂ©jĂ  Ă  franchir un autre bras de ce ruisseau, en formant une nouvelle arche. Celle-ci se voit encore Ă  demi-formĂ©e , avançant au-dessus du ruisseau, et restant suspendue sans soutien. Une cause qui nous est inconnue changea le point de sortie des eaux minĂ©rales, et l’aqueduc fut Ă  sec. Tout porte Ă  croire que le dĂ©pĂŽt Ă©tait plus abondant autrefois qu’à prĂ©sent ; cependant, la nouvelle source a encore dĂ©posĂ© des masses de travertin assez considĂ©rables. » Le propriĂ©taire a eu l’idĂ©e de diriger une partie de ses eauX sur un des points du ruisseau de Tiretaine, et, depuis un certain nombre d’annĂ©es, elles ont commencĂ© un nouveau pont dont on suit annuellement les progrĂšs. LĂ  , on peut voir avec dĂ©tail* comment s’est formĂ© le grand pont de pierre. Le mĂȘme phĂ©nomĂšne se reproduit en petit ; les mĂȘmes eaux y concourent, 1 e5 mĂȘmes plantes se dĂ©veloppent sur la pierre qui se forme ; d eS mousses verdoyantes cachent les dĂ©pĂŽts ferrugineux qui recou- - vrent toutes les surfaces ; mais bientĂŽt l’hiver vient mettre un terme Ă  la vĂ©gĂ©tation , et l’eau achĂšve ce qu’elle avait commence ; elle empĂąte tout ce qui se trouve autour d’elle, et forme de* stalactites calcaires qui ont un brin d’herbe pourpoint d’app' 11, ” Lecoq, loco cilato. — 387 — M. ClĂ©mentel-Doucet, propriĂ©taire actuel le la source de Saint-Allyre, a profitĂ© de la propriĂ©tĂ© incrustante de ses eaux pour faire de jolies incrustations, ou, comme on dit trĂšs-improprement, des pĂ©trifications, qu’il vend aux Ă©trangers qui viennent en foule visiter cette fontaine singuliĂšre. Yoici comment ces incrustations s’obtiennent. Nous entrons dans ces dĂ©tails, parce que la plupart des auteurs qui ont Ă©crit sur les eaux minĂ©rales ont donnĂ© une trĂšs-fausse idĂ©e de la maniĂšre dont se forment les incrustations terreuses. L’eau, au sortir de la source, est dirigĂ©e, par une rigole en bois de quatre pouces de large environ, et qui, de distance en distance , prĂ©sente une largeur et une profondeur plus grandes , dans une espĂšce de cuve assez profonde, d’oĂč elle se rĂ©pand, sous forme de filet, sur la plate-forme de deux petites chambres en bois, de huit Ă  neuf pieds de hauteur et de dix Ă  onze pieds de largeur. Ces plates-formes sont percĂ©es de cinq Ă  six trous, qui permettent Ă  l’eau de s’écouler dans l’intĂ©rieur des chambres. Des supports en bois, disposĂ©s contre les parois des chambres, reçoivent les objets qu’on veut pĂ©trifier. L’eau , en tombant sur des pierres, jaillit de tous cĂŽtĂ©s, sous forme de pluie fine, sur tous les corps environnans. Par suite du choc, et de la grande surface qu’elle prĂ©sente Ă  l’air, elle se dĂ©pouille promptement de son excĂšs d’acide carbonique, et, dĂšs-lors, les carbonates, insolubles par eux-mĂȘmes, se dĂ©posent sur les objets qui sont fouillĂ©s par l’eau. Ces objets sont des grappes de raisin, des if uits de chĂątaignier, des chardons, des feuilles de figuier, des nids ^ oiseaux, des artichauts, des corbeilles de fleurs, des petits i *uimaux, des singes et des chiens empaillĂ©s, etc. Il faut envi- r °u un mois de sĂ©jour dans les chambres, pour que les petits tbjets soient recouverts d’une croĂ»te assez Ă©paisse'pour qu’elle n e se brise pas par le transport. Plus les corps sont volumineux, plus il faut de tems pour les incruster convenablement. Un chien 'lo moyenne taille exige au moins trois mois. — 388 — On cherche , surtout, Ă  ce que le dĂ©pĂŽt soit le plus blanc possible. M. ClĂ©mentel ayant observĂ© que l’ocre, c’est-Ă -dire l’oxide de fer hydratĂ©, se dĂ©pose en premier lieu, a cherchĂ© Ă  favoriser autant que possible , son dĂ©pĂŽt ; et, pour cela, il a multipliĂ©, sur le trajet de l’eau, les petits rĂ©servoirs creux et larges dont j’ai parle plus haut. En effet, c’est principalement dans ces creux que l’ocre se dĂ©pose ; toutefois, l’eau en retient toujours assez pour que les incrustations des chambres en contiennent encore de maniĂšre Ă  colorer sensiblement les objets. C’est surtout sur ceux placĂ©s dans la partie supĂ©rieure des chambres que l’ocre se dĂ©pose en plus grande quantitĂ© aussi, quand on veut terminer l’incrustation d’une matiĂšre quelconque , et la blanchir, on la place sur les derniers supports , et sur le sol mĂȘme des chambres 1 . M. ClĂ©mentel a observĂ© que, pendant les pluies, les incrustations sont plus chargĂ©es de fer, et par consĂ©quent plus colorĂ©es que pendant les beaux jours. Lorsqu’on veut nettoyer les chambres, ou y faire quelques chan- gemens, on cesse de faire arriver l’eau sur les plates-formes, et on la dirige dans de grands cuviers en bois. Nous avons vu des masses de dĂ©pĂŽts qui s’étaient formĂ©es dans ces cuviers. Elles prĂ©sentent, dans leur intĂ©rieur, des couches horizontales, alternativement ocreuses et blanches ; des zones bigarrĂ©es ; ce qui dĂ©montre bien que le dĂ©pĂŽt de l’hydrate de fer et du carbonate de chaux ne se fait pas simultanĂ©ment, et qu’il y a des momens oĂč celui de l’oxide de 1er est plus considĂ©rable que celui du carbonate de chaux, et vice versa 2 . On voit aussi, dans ces dĂ©pĂŽts , des p° r " 1 Au moment oĂč l’on imprime ce, lignes, mon ami Lccoq m'apprend que depuis quels 11 * tems 1rs deux cliambre* pour les incrustations ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par nne petite maison boil, oĂč Ton incruste une beaucoup plus grande quantitĂ© d'objets. On a dĂ©couvert, dep* 1 * anon voyage, une nouvelle source qui dĂ©posĂ© un travertin cristallin , et on l’utilise avec *n cce Les objets incrustes par l’ancienne source sont actuellement exposĂ©s pendant 24 beurc* contact de la nouvelle , qui les recouvre de nombreux et jolis cristaux Ă©tincelans. L* fabr ,c lion de ces incrustations a Ă©tĂ© beaucoup amĂ©liorĂ©e par M. Clcmentel, qui fait aussi naut une prodigieuse quantitĂ© de mĂ©dailles sur des empreintes en soufre. La vent* e objets est considĂ©rable. .j a M. BrrxĂ©lius, dont on dqit ton jours consulter les Ă©crit lorsqu’on se livre * quelqo** trav* 1 389 — lions qui offrent un aspect de concrĂ©tions ou de lilamens, dĂš petites baguettes prismĂ©es, disposĂ©es de maniĂšre Ă  simuler une vĂ©gĂ©tation. Il Ă©tait curieux autant qu’instructif de connaĂźtre la vĂ©ritable composition de ce dĂ©pĂŽt terreux si abondant, fourni par l’eau de Saint-Allyre. C’était complĂ©ter l’analyse de l’eau elle-mĂȘme. III. Examen du travertin moderne de Saint-Allyre. Le depot que je soumis Ă  l’analyse Ă©tait d’un jaune brun clair, avec des zones d’une couleur ocreuse plus foncĂ©e ; il Ă©tait trĂšs- friable . En suivant les procĂ©dĂ©s mis en usage par M. BerzĂ©lius pour l’analyse des travertins de Carlsbad, j’arrivai Ă  la dĂ©termination exacte des principes constituons du travertin que j’examinais. Je ne rĂ©pĂ©terai point ici l’indication de ces procĂ©dĂ©s ; je dirai seulement comment j’ai reconnu la prĂ©sence du carbonate de stron- tiane et des acides crĂ©nique et apocrĂ©nique. M. BerzĂ©lius ayant soupçonnĂ© l’existence du carbonate de strontiane , sans pouvoir la mettre en Ă©vidence, je pris cinq grammes du dĂ©pĂŽt, rĂ©duit en poudre line, et je les traitai par l’acide chlorhydrique , qui dissolvit le tout avec une vive effervescence. Par l’ammoniaque, je me dĂ©barrassai de presque toutes les bases. Je filtrai et Ă©vaporai la liqueur jusqu’à siccitĂ©. L’acide nitrique , *1'*» a du rapport avec ceux dont ce lavant s’est occupĂ©, a fait la mĂȘme remarque a l’égaĂ©d travertins dĂ©potĂ©s par les eaux de Carlsbad. Ces travertins sont, ou bruns, on blancs, ° u rubanĂ©s de brun et de blanc. La variĂ©tĂ© brune contient une quantitĂ© beaucoup plus Grande d'oxide de fer que la blanche, qui en est quelquefois tout-Ă -fait exempte. Cette circonstance mĂšne Ă  supposer, ou qu’il y a des diilcrenccs accidentelles dans la quantitĂ© de fer lue l’eau contient Ă  diverses Ă©poques , ou que l’atmosphĂšre a parfois un accĂšs plus grand et plu * libre vers le liquide, et qu'une plus grande quantitĂ© de protoxide de fer trouve alors ° Cca *ion de se saturer d’oxigĂšne et de se sĂ©parer. » Examen chimique des eaux de Carlsbad , €lc ’ ; -Annales de Chimie et de Physique, t. SS , p. 37 2. Brthicr, qui a fait l’analyse des eaux de Saint-Nectaire, dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, 1 connu Ă©galement que ces eaux dĂ©posent d'abord de l'oxide de fer, { de chimist. el de physique , t. p. 122. 390 — en agissant sur le rĂ©sidu, convertit la chaux et la slrontianc en nitrates. Les deux sels furent alors traitĂ©s par l’alcool pur. Le nitrate de chaux seul fut dissous. Il resta une poudre blanche dont la quantitĂ© Ă©tait trĂšs-faible ce devait ĂȘtre le nitrate de strontiane. Dissous dans l’eau distillĂ©e, ce sel fut transformĂ© en oxalale de strontiane, puis, enfin, en chlorure de strontium soluble; mais la quantitĂ© de ce dernier Ă©tait si minime, que je ne pus l’obtenir en cristaux. J’en reconnus cependant trĂšs—bien la nature en le dissolvant dans l’alcool, et enflammant celui-ci; la flamme prit, surtout vers la fin de la combustion , une couleur rouge trĂšs- manifeste. L’essai, rĂ©pĂ©tĂ© deux fois, donna les mĂȘmes rĂ©sultats, en sorte que la prĂ©sence du carbonate de strontiane, daus le travertin de Saint-Allyre, n’est plus douteuse. Les eaux de Saint-Allyre, enfermĂ©es dans des bouteilles, laissent dĂ©poser, au bout d’un certain tems, une poudre d’une couleur ocreuse. C’est principalement sur cette poudre que j’agis pour rechercher les acides crĂ©niquc et apocrcniquc. On sait que M. BerzĂ©lius a donnĂ© ces noms Ă  deux acides organiques azotĂ©s, qu’il rencontra dans L'eau minĂ©rale de Porla, en l834, et qu’il regarde comme constituant ce qu’on a appelĂ© jusqu’ici le principe extractif des eaux minĂ©rales. Annales de Chimie et de Physique, t. liv. , p. 21 g. En examinant le dĂ©pĂŽt ocreux trouvĂ© dans les bouteilles, je fus bientĂŽt convaincu que c’était du crcnatc et de l’ apocrĂ©nate de fer. Voici comment j’en fis l’analyse Je fis bouillir la poudre avec de la potasse caustique, jusqu’à ce que le fer fĂ»t sĂ©pare Ă  l’état d’hydrate de peroxide, sous forme de flocons bruns. Je filtrai et sursaturai la liqueur par de l’acide acĂ©tique. L’acĂ©tate de cuivre y fit naĂźtre un prĂ©cipitĂ© brun d ’ap 0 " crcnate de cuivre. La liqueur lut filtrĂ©e, saturĂ©e par le carbonate d’ammoniaque, additionnĂ©e une seconde fois d’acĂ©tate de cuivre» et maintenue pendant quelque tems Ă  une tempĂ©rature de 6° a — 391 — 8o degrĂ©s. Il se lit un prĂ©cipitĂ© d’un brun verdĂątre c’était du crĂ©nate de cuivre. En faisant passer un courant d’hydrogĂšne sulfurĂ© dans de l’eau tenant en suspension les deux sels de cuivre, je parvins Ă  obtenir les acides crĂ©niqite et apocrinique, dans un assez grand Ă©tat de puretĂ© je constatai alors facilement les principaux caractĂšres assignĂ©s Ă  ces acides parM. BerzĂ©lius. J’ai dĂ©terminĂ© les proportions de crĂ©nate et d’apocrĂ©nate de fer existant dans le travertin de Saint-Allyre. En traitant ce travertin par de l’alcool chaud, celui-ci se colora en brun, et laissa , par son Ă©vaporation dans le vide de la machine pneumatique, une matiĂšre organique brune, non acide et nullement azotĂ©e, bien diffĂ©rente, par consĂ©quent, des acides crĂ©nique et apocrĂ©nique dont je viens de parler. Tous mes essais pour constater, dans ce travertin, l’existence de l’acide fluorique, ou plutĂŽt des fluorures, furent infructueux. M. BerzĂ©lius n’avait pas Ă©tĂ© plus heureux. En rĂ©sumĂ©, voici la composition du travertin ocreux de Saint- Allyre Eau. 1,40 Carbonate de chaux .. 84,40 de magnĂ©sie. 28,80 de stronliane. 0,20 Peroxide de fer . 18,40 Sulfate de chaux... 8,20 Sous-phosphate d’alumine. 6,12 Phosphate manganeux. 0>80 CrĂ©nate et apocrĂ©nate de fer. 5,00 MatiĂšre organique non azotĂ©e. 0,40 Silice...... s,20 Perte. 1,08 . 100,00 En comparant la composition de l’eau de Saint-Allyre avec celle travertin qu’elle dĂ©pose, on s’aperçoit aisĂ©ment que les propor- — 392 — ti-ons respectives des substances qui leur sont communes offrent une assez grande diffĂ©rence. Le mĂȘme fait s’est dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ© Ă  propos des eaux de Carlsbad et de Saint-Nectaire, qui, comme celles de Saint-Allyre, dĂ©posent des concrĂ©tions calcaires sur le sol qu’elles parcourent. Voir, Ă  cet Ă©gard, les MĂ©moires de M. BerzĂ©lius et de M. Berthier Annales de Chimie cl de Physique, t. 28 , p. 225 et 366, et t. ig, p. 122 . Aussi, nous dirons, comme M. Guibourt, que si l’analyse des tufs produits par les » eaux minĂ©rales peut indiquer les principes peu solubles qui s’y >> trouvent en quantitĂ© minime, elle peut difficilement servir Ă  » en indiquer les proportions. » Histoire abrĂ©gĂ©e des Drogues simples, 3 e Ă©dit., t. 1 , p. 3go. IV. Examen de l’ancien travertin de Saint-Allyrc. Il Ă©tait intĂ©ressant de rechercher si l’ancien dĂ©pĂŽt formĂ© par la fontaine de Saint-Allyre, Ă  l’époque oĂč elle possĂ©dait une puissance crĂ©atrice si considĂ©rable, avait la mĂȘme composition chimique que le travertin actuellement abandonnĂ© par elle. Le rĂ©sultat de cette recherche pouvait seul nous apprendre si cette eau n’avait point varie dans sa constitution , comme tant d’autres eaux minĂ©rales en ont offert d’exemples. Les caractĂšres physiques du travertin de l’ancien pont de Saint- Allyre semblent indiquer dĂ©jĂ , avant toute expĂ©rience, que sa nature chimique est diffĂ©rente. En effet, il est d’un blanc jaunĂątre, ou trĂšs-lĂ©gĂšrement rougeĂątre, c’est-Ă -dire d’une couleur bien moins foncĂ©e que le dĂ©pĂŽt moderne. On n’y distingue pas sensiblement de zones ferrugineuses. Sa densitĂ© est plus considĂ©rable > il est beaucoup plus dur, trĂšs-compacte , et offre gĂ©nĂ©ralement la texture de certaines pierres meuliĂšres. Un fragment, pris Ă  l’origine du pont, et par consĂ©quent lies- ancicn, nous a prĂ©sentĂ© la composition suivante — 393 — 0,800 40,224 26,860 0,043 6,200 5,382 4,096 0,400 5,000 1,200 9,780 0,015 100,000 Un fragment, pris Ă  l’extrĂ©mitĂ© la plus nouvelle du pont, nous a offert des diffĂ©rences notables dans les proportions respectives de ses composans, puisque nous n’y avons trouvĂ© que des traces de carbonate de strontiane, 32 pour o/o de carbonate de chaux, tuais g p. o/o de sulfate de chaux. Comme on le voit, l’ancien dĂ©pĂŽt des eaux de Saint-Allyre diffĂšre notablement, par les quantitĂ©s de quelques uns de ses principes constituons, du travertin moderne, puisque, dans le premier, il y a une bien plus grande proportion de silice et de carbonate calcaire, et beaucoup moins de peroxide de fer. Nous devons en conclure que la composition des eaux de cette fontaine n’a pas toujours Ă©tĂ© la mĂȘme ; qu’à l’époque oĂč elles avaient une propriĂ©tĂ© incrustante si prononcĂ©e, elles Ă©taient beaucoup plus riches en sels calcaires et en silice, et qu’à mesure que cette propriĂ©tĂ© s’est affaiblie, elles ont perdu peu Ă  peu de ces principes, en mĂȘme tems qu’elles s’enrichissaient en peroxide de fer. Beaucoup de sources thermales, surtout en Auvergne, ont, comme celle de Saint—Allyre, Ă©prouvĂ© des changemens notables dans la constitution chimique de leurs eaux, et subi une diminu— Bon dans la proportion de leurs principes minĂ©raux. Ainsi, les eaux de Saint-Nectaire, de Vichy, du Mont-Dore, n’ont plus la ÂŁau. Carbonate de cbaux. de magnĂ©sie. de strontiane. Peroxide de fer. Sulfate de chaux. Sous-phosphate d’alumine .. ‱ Phosphate manganeux.. ‱ Crcnate et apocrĂ©natc de fer .. MatiĂšre organique non azote'e Silice. Perte. mĂȘme richesse en substances minĂ©rales qu’autrefois, et leur composition n’est plus la mĂȘme qu’à l’époque oĂč elles formaient ces immenses dĂ©pĂŽts siliceux et arragonitifĂšres qu’on trouve aux environs des lieux ou elles sourdent. Le filet d’eau qui constitue actuellement la source des CĂ©lestins a Ă©videmment produit le grand rocher dur et compacte, sur lequel est construit le couvent, ainsi qu’une partie des anciens remparts de Vichy. Les eaux du Mont- Dore dĂ©posĂšrent jadis des masses assez considĂ©rables de silice ; c’est Ă  peine si elles en abandonnent aujourd’hui. Les eaux de Saint- Nectaire ont dĂ©posĂ© de l’arragonite, puis de la silice, puis des amas d’ocre trĂšs-friable, puis des travertins; aujourd’hui, c’est uniquement du carbonate de chaux un peu ferrugineux qu’elles laissent Ă©chapper. Ce n’est pas un des phĂ©nomĂšnes les moins curieux que cet appauvrissement successif en principes salins, et surtout en silice, de la plupart des eaux minĂ©rales. Sa constance indique assez qu’il est liĂ© Ă  quelque grande cause dont l’action a Ă©tĂ© progressivement modifiĂ©e et affaiblie. Or, cette cause est trĂšs-probablement la chaleur, car il est bien constant, au moins pour la majeure partie des sources de l’Auvergne, que leur tempĂ©rature a sensiblement diminue. On conçoit parlaitement que le volume et la tempĂ©rature de ces fontaines s’affaiblissant graduellement, leur richesse en substances minĂ©rales, surtout en substances peu solubles, a dĂ» suivre la mĂȘme progression descendante. Les notables diflĂ©rences qui existent entre les rĂ©sultats de mon analyse et ceux de l’analyse faite par Yauquelin , en 1799 , proviennent , non de ce que la nature chimique de l’eau a change depuis cette Ă©poque si rapprochĂ©e, nous 11e pouvons adopter cette idĂ©e, mais de ce que le cĂ©lĂšbre chimiste normand n’avait point alors Ă  sa disposition les moyens analytiques si variĂ©s et si prĂ©cis que la science possĂšde aujourd’hui. Toutefois , il y a un fait qne nous 11e savons comment expliquer, c’est la diffĂ©rence assez coĂŻt- — 395 — sidĂ©rable qui existe dans les quantitĂ©s de rĂ©sidu terreux obtenu par l’évaporation d’un litre d’eau, par Vauquelin et par moi. Vau- quelin n’a pu se tromper sous ce rapport ; mais la moindre proportion de substances solides qu’il a obtenue ne viendrait-elle pas de ce qu’il aurait agi sur de l’eau puisĂ©e depuis quelque teins, et qui aurait abandonnĂ© une partie des sels terreux qu’elle tient en dissolution ? Le dĂ©pĂŽt que cette eau forme dans les vases oĂč on la conserve, ou lorsqu’elle est exposĂ©e Ă  l’air pendant quelques momens, est si prompt Ă  s’opĂ©rer, qu’il se pourrait bien que ce fĂ»t lĂ  la vĂ©ritable cause de la diffĂ©rence que nous signalons. Au reste, ceci n’est qu’une prĂ©somption, mais elle nous paraĂźt plus probable que celle qui consisterait Ă  admettre , ou que Vauquelin a commis une erreur, ou que l’eau actuelle de Saint-Allyre est moins riche en substances salines qu’il y a trente-cinq ans. Ce n’est pas dans un espace de tems aussi court qu’il survient des changemens aussi marquĂ©s dans la constitution chimique des eaux minĂ©rales. Comme le travail de Vauquelin, sur les eaux minĂ©rales de l’Auvergne, n’a jamais Ă©tĂ© imprimĂ©, et que tout ce qui a Ă©tĂ© fait par ce savant chimiste mĂ©rite d’étre connu, nous publierons son mĂ©moire Ă la suite du nĂŽtre, comme un hommage rendu Ă  sa cendre. Les eaux minĂ©rales du dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, soit celles qui sortent immĂ©diatement du terrain primitif, soit celles qui sourdent du calcaire lacustre, offrent, Ă  peu de chose prĂšs, la mĂȘme constitution chimique. Elles contiennent Ă -la-fois beaucoup d’acide carbonique et beaucoup de carbonate de chaux, avec une proportion notable d’oxide de fer aussi, presque toutes donnent- e lles lieu Ă  des incrustations plus ou moins abondantes. La plupart de ces eaux offrent encore, en petit, comme l’observe M. Lecoq, le phĂ©nomĂšne qui a eu lieu, en gra^d, Ă  l’époque de la formation des calcaires tubulaires et Ă  phryganes , qui couvrent plusieurs points du mĂȘme dĂ©partement. *‱ On serait tentĂ© de croire, dit ce savant gĂ©ologue, en examinant ces dĂ©pĂŽts , que les eaux qui leur — 396 — donnent naissance les dissolvent dans les terrains tertiaires ; mais il n’en est pas ainsi il paraĂźt que les sources sortent du terrain primitif avec ces propriĂ©tĂ©s. On ne peut mĂȘme pas admettre que, imprĂ©gnĂ©es d’acide carbonique, elles dissolvent ensuite le calcaire , en traversant les terrains qui en sont formĂ©s ; car on a plusieurs exemples de sources minĂ©rales Saint-Nectaire, Chalusset, prĂšs Pontgibaud, qui sortent immĂ©diatement du terrain primitif, et dĂ©posent de suite un travertin semblable Ă  celui de Saint-Allyre. L’eau de cette derniĂšre source offre presque toujours degrĂ©s de chaleur, ce qui indique qu’elle vient de l’intĂ©rieur de la terre, et qu’elle est probablement beaucoup plus chaude en sortant du granit sur lequel repose le calcaire. Ces diffĂ©rens faits font prĂ©sumer que l’acide carbonique, si abondant dans toute la Limagne, ne fait que traverser les couches calcaires qui la composent, mais qu’il ne s’y forme pas. Tout porte Ă  croire qu’il s’échappe des fissures du bassin primitif sur lequel elles reposent, comme il sort visiblement avec des eaux minĂ©rales sur plusieurs points du dĂ©partement. » Observations sur le gisement de l’acide carbonique et des bitumes, dans le dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, par M. Lecoq Annales scientijiques de VAuvergne, t. i, p. 217. Quoi qu’il en soit, les eaux de Saint- Allyre sont, de toutes celles du mĂȘme dĂ©partement, les plus riches en carbonates de chaux et de fer. Les eaux de Sainte—Claire, qui coulent Ă  peu de distance des premiĂšres, dans Clermont mĂȘme, et Ă  l’entrĂ©e du faubourg de Saint-Allyre, ne renieraient pas autant de matiĂšres en dissolution, et sont sensiblement diffĂ©rentes. Celles de Saint-Allyre sont plus riches en fer et en carbonate de magnĂ©sie; mais, dans les deux sources, il y a, Ă  peu de chose prĂšs, les mĂȘmes proportions de sel marin et de carbonate de chaux '. * L'eau des puits du faubourg de Saint-Allyre a une composition assex remarquable et 9° 3° Carbonate de magnĂ©sie. . 3,5o 4° Carbonate de soude .. . 12 ,Go 5 Muriate de soude. . 10,73 6 ° Oxide de fer. . o,33 7 0 Sulfate de soude , quantitĂ© in - commensurable, sur la quantitĂ© d’eau employĂ©e. Total pour chaque livre , 38 ,06 Yo/rt. La tempĂ©rature de cette eau est de degrĂ©s. — 408 — JAUDE. i° Acide carbonique , en volume, 6 pouces cubiques environ; en poids....... 3,90 grains. 2 0 Carbonate de chaux... 6,00 3° Carbonate de magnĂ©sie. 2,83 4° Carbonate de soude.... 6,66 5° Muriate de soude. 5,67 6° Oxide de fer... 0,16 Sulfate de soude, quantitĂ© incommensurable. Total pour chaque livre d’eau, 25,22 ©fi©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© DESCRIPTION PROCÉDÉ DE M. CAPPLET, D’ELBEUF, POUR LA RÉGÉNÉRATION DBS VIEUX BAINS DE CUVE LUE A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN ÂŁ1 15 DÉCEMBRE 1356 Pour pouvoir fixer la matiĂšre colorante de l’indigo, ou VincU— gotine, sur les tissus, il faut, d’insoluble qu’elle est dans l’état oĂč le commerce nous la prĂ©sente, la rendre soluble. Or, pour obtenir ce rĂ©sultat, on met l’indigo en contact avec des proportions convenables de substances dĂ©soxigĂ©nantes et d’alcalis. C’est c e qu’on appelle monter une cuve, en termes d’atelier. Pour la teinture des laines, on se sert de prĂ©fĂ©rence de cuves a la potasse, trĂšs-improprement nommĂ©es cuves Ă  l’anglaise, Puisque ce ne sont point les Anglais qui les ont inventĂ©es, et qu’on 116 les connaĂźt presque pas en Angleterre. A Elbeuf, on n en Extrait du Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre d > Eniultttion de Rouen , i» r trimestre 1857. Ce MĂ©moire a Ă©tĂ© insĂ©rĂ© par extrait dans le t. l° r du RĂ©pertoire de chimie , de physique e* ^ a Pphcation aux arts, septembre 1837, et dans le Journal de chimie mĂ©dicale, 4 . ' * * 9 f 2e sĂ©rie, janvier 1S38 , p. 9. 410 — emploie plus d'autres Ă  prĂ©sent. On les monte avec des proportions particuliĂšres d’indigo, de potasse du commerce, de garance et de son. La garance et le son sont les ingrĂ©diens qui dĂ©soxigĂšnent l’indigo ; la potasse est lĂ  pour retenir en dissolution, dans le bain, l’indigo dĂ©soxigĂ©nĂ©. GĂ©nĂ©ralement, aprĂšs vingt-cinq jours d’activitĂ©, et aprĂšs qu’on a introduit dans la cuve de nouvelles quantitĂ©s d’alcali et d’indigo, pour faire ce qu’on nomme des regreffes , on est obligĂ© de remonter complĂštement et Ă  neuf cette sorte de cuve, par l’impossibilitĂ© de continuer un travail avantageux. Cela provient de ce que la potasse est, pour ainsi dire, saturĂ©e parla matiĂšre grasse qui existait dans les tubes de la laine, et par celle qui provient de sa dĂ©composition. Il en rĂ©sulte une espĂšce de savon qui rend la potasse inhabile Ă  dissoudre de nouvel indigo dĂ©soxigĂ©nĂ©. Force est donc de rejeter le bain, et de le remplacer par un autre. Ce rejet d’un bain , dans lequel existe encore presque toute la quantitĂ© de potasse employĂ©e, c’est-Ă -dire kilogrammes pour ioo kilogrammes d’indigo, aprĂšs le court, espace de trois semaines, cause une dĂ©perdition Ă©norme de potasse. Et si l’on songe au nombre de cuves en activitĂ© dans toutes les villes oĂč l’on s’occupe de la teinture des laines, on sera effrayĂ©, avec raison, de la perte journaliĂšre que l’industrie Ă©prouve par l’écoulement Ă  la rue des vieux bains de cuve. C’est pour Ă©viter cette perte de potasse, que M. Capplet, ancien fabricant Ă  Elbeuf, et notre confrĂšre, s’est livrĂ© Ă  de nombreuses recherches qui l’ont conduit Ă  ce rĂ©sultat qu’il est possible d’enlever Ă  la potasse des vieux bains la majeure partie des matiĂšres qui neutralisent son action et de la faire servir de nouveau Ă  la dissolution de l’indigo. Il y a bientĂŽt treize ans que M. Capplet a imaginĂ© son procĂšde, et, dĂšs 1825, un atelier qu’il avait montĂ© Ă  Elbeuf, de concei t avec M. SĂšbe, avait, dans l’espace de quinze mois, Ă©conomise r 5 ,g 5 o kilogrammes de potasse. C’est ce qui fut constatĂ©, Ă  cette Ă©poque , par les membres de la commission des mĂ©dailles de la SociĂ©tĂ© libre d’Eniulatfon de Rouen, qui, dans sa sĂ©ance publique du 6 juin 1825, dĂ©cerna une mĂ©daille d’argent Ă  MM. Capplet et SĂšbe. Depuis, M. Capplet continua Ă  pratiquer la rĂ©gĂ©nĂ©ration des vieux bains de cuve, et plusieurs teinturiers d’Elbeuf, qui firent usage de ses bains rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, attestĂšrent obtenir, par leur emploi, une Ă©conomie de moitiĂ© sur la consommation ordinaire de la potasse. Nous avons sous les yeux des certificats de plusieurs industriels d’Elbeuf, un rapport fait par M. Lefort-Henry actuellement maire d’Elbeuf Ă  la Chambre de Commerce, un certificat de JJM. les membres de la Chambre consultative des manufactures de cette ville, qui tous s’accordent Ă  dire que le procĂ©dĂ© de M. Capplet procure une Ă©conomie importante de potasse, et qu’il est employĂ© avec succĂšs dans plusieurs teintureries de cette ville 1826-1827 . En 1 83 x , M. Capplet soumit son procĂ©dĂ© Ă  l’examen de la SociĂ©tĂ© d’Encouragement, qui, par l’organe de M. Robiquet, lui accorda son approbation. P^oir le rapport insĂ©rĂ© dans le bulletin de la SociĂ©tĂ©, pour le mois de juin i83i . Jusqu’ici, cet honorable industriel a tenu secret le procĂ©dĂ© qu’il a dĂ©couvert, dĂ©sirant jouir du bĂ©nĂ©fice que lui accorde un brevet d’invention. Mais plus prĂ©occupĂ© de la pensĂ©e de laire dopter son moyen dans les fabriques , que de gagner quelque argent, M. Capplet, aprĂšs m’avoir fait voir en dĂ©tail l’appareil dont il se sert, et avoir exĂ©cutĂ© ses opĂ©rations devant moi, m’a autorisĂ© Ă  publier ce que j’ai vu. C’est ce que j’ai acceptĂ© avec empressement. M. Capplet, considĂ©rant le vieux bain de cuve eomme une solution de potasse rendue impure par des matiĂšres grasses et des matiĂšres extractives et colorantes, a pensĂ© qu’en le mettant suc- ''''ssivfincnl en contact avec de la chaux caustique , des cendres — 412 de bols, du charbon et du sable, il parviendrait Ă  Ă©liminer presque complĂštement toutes les substances Ă©trangĂšres , autres que l’alcali, et que le bain retient soit en dissolution, soit en suspension. Ses prĂ©visions ont Ă©tĂ© justifiĂ©es, puisque chaque seau de son bain regĂ©nĂ©rĂ© agit dans une nouvelle cuve, comme une dissolution de 2 kilogrammes de potasse du commerce. La thĂ©orie et l’expĂ©rience ont appris, depuis long-tems i° Que la chaux enlĂšve aux vieilles lessives presque toutes les matiĂšres colorantes qu’elles tiennent en dissolution , en formant avec elles un composĂ© insoluble ; 2 ° Qu’elle dĂ©compose de mĂȘme les combinaisons d’alcalis et de matiĂšres grasses, en formant, avec ces derniĂšres, qui sont acides, des savons insolubles ; 3° Que le charbon enlĂšve facilement aux liquides les substances qui les colorent. Si donc on combine rationnellement l’action de ces deux agens, en employant en mĂȘme tems les cendres qui agissent et par la chaux et par les sels alcalins qu’elles renferment, et qu’on l’applique convenablement Ă  la purification des vieux bains de cuve, il est Ă©vident qu’on devra obtenir l’élimination des matiĂšres qui les salissent ou les empĂątent, et d’autant mieux qu’on rĂ©itĂ©rera sur eux l’action de ces trois substances. Eh bien ! c’est ce que faitM. Capplet dans le procĂ©dĂ© suivant. La figure que nous joignons ici donne une idĂ©e parfaite de son appareil, et aidera Ă  l’intelligence du procĂ©dĂ©. On dĂ©pose le vieux bain dans plusieurs cuves en bois B B, et on y ajoute un lĂ©ger excĂšs de chaux vive, en agitant. On laisse reposer, pour que le composĂ© calcaire insoluble qui se forme sc prĂ©cipite au fond des cuves; puis on tire Ă  clair le liquide Ă©clairci, au moyen de robinets placĂ©s Ă  une certaine distance du fond. Ec liquide tombe dans une grande cuve en maçonnerie A , ou il i^s/^/ /rfss^ ^s^S rrĂ© rs'S''' ande n° 3, oĂč il achĂšve de se dĂ©pouiller des matiĂšres Ă©trangĂšres. Ua se terminent les filtrations. A l’aide d un conduit placĂ© au — 414 — niveau du sol, le liquide rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© passe du troisiĂšme caisson dans la recette gĂ©nĂ©rale G, placĂ©e au centre de l’atelier. Le bain, ainsi traitĂ©, n’a plus l’odeur putride qu’il exhalait d’abord. Son odeur rappelle celle d’une bonne lessive. Il est clair et ne conserve plus qu’une lĂ©gĂšre teinte rougeĂątre, due Ă  ce qu’il retient encore un peu de matiĂšre colorante de la garance. Mais la prĂ©sence de cette matiĂšre colorante est insignifiante, car elle ne peut agir dĂ©favorablement dans les nouvelles cuves oĂč l’on fait entrer le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. Chaque filtre fonctionne pendant trois semaines ou un mois. Lorsque l’atelier est en plaine activitĂ©, tandis qu’on renouvelle les filtres de la bande n° i , on commence Ă  passer le liquide sur la bande n° 2 , puis sur la bande n° 3 , et l’on revient sur la bande n° 1, qui fournit de la mĂȘme maniĂšre Ă  la recette gĂ©" nĂ©rale. On voit que ce procĂ©dĂ© de filtrage est calquĂ© sur le procĂšde suivi dans les salpĂȘlreries pour le lessivage des matĂ©riaux sal-" pĂȘtrĂ©s. Le sable qu’on retire des filtres et des auges n’est pas perdu- On le rend propre Ă  de nouvelles opĂ©rations, en le lavant Ă  plu' sieurs reprises dans une caisse en bois. Quant au charbon, on pourrait aussi le faire servir de nouveau, aprĂšs l’avoir calcinĂ© au rouge daus une chaudiĂšre ou un cylindre de fonte. C’est ainsi qu’011 agit dans les raffineries de sucre, pouf revivifier le charbon. 11 rĂ©sulte, tant des expĂ©riences de M. Capplet que de la pra' tique des teinturiers qui ont fait usage de ses bains rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s» que chaque seau de ce bain reprĂ©sente 2 kilogrammes de p°" tasse, et que, dans la composition de la cuve ordinaire , on p eĂŒt supprimer la moitiĂ© de la dose de la potasse, et la remplacer p ;,r une quantitĂ© proportionnelle de bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© , en regarda ' 11 toujours chaque seau comme l’équivalent de 2 kilogrammes ^ c — 415 potasse. Ce qu’il y a de certain, c’est que, dans la pratique, les cuves regreffĂ©es avec le bain de M. Capplet donnent d’aussi bons rĂ©sultats que celles pour lesquelles on fait usage de potasse du commerce. J’ai sous les yeux une carte de bourgeons teints comparativement, en 1826, chez M. QuesnĂ©, d’Elbcuf, dans deux cuves, l’une toute potasse, l’autre moitiĂ© potasse et moitiĂ© bain ; et s’il y a quelque diffĂ©rence dans la nuance de ces bourgeons, ce serait plutĂŽt peut-ĂȘtre en faveur de ceux teints dans la cuve oĂč la moitiĂ© de la potasse est remplacĂ©e par le bain , , , , » recenere. Or, puisque dans uneenve oĂč l’on emploierait 100 kilogrammes d’indigo, il faudrait 286 kilogrammes dĂ©potasse du commerce, dont la moitiĂ©, c’est-Ă -dire 142 kilogrammes 5 o peut ĂȘtre remplacĂ©e par trente-cinq seaux et demi de bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© , il est Ă©vident qu’il y aura une Ă©conomie, si les frais de revivification ne s’élĂšvent pas trop haut. C’est lĂ  ce qu’il faut dĂ©montrer actuellement. En voyant le peu de substances employĂ©es Ă  cette revivification , en considĂ©rant le peu de valeur de ces substances , on entrevoit dĂ©jĂ  que l’opĂ©ration ne peut ĂȘtre coĂ»teuse. Pour faire 100 seaux de bain, Ă  2 kilogrammes par seau, voici ce qu’il en coĂ»terait Une bariique de 18 boisseaux de cendres. Braise de boulanger. 1 fr. 20 c Toile , drap et chaux. 1 10 Sable. » 10 Paille. » 10 Six journĂ©es d’homme , Ă  2 fr. 50 cent, chaque. Total des dĂ©bours. D’aprĂšs cette note de Irais, on voit que le traitement de 100 seaux de vieux bain de cuve 11e s’élĂšve qu’a 4 -2 fr. 5 o cent. Ces seaux 100 renfermant ou plutĂŽt reprĂ©sentant, d’aprĂšs M. Capplet, 200 kilogrammes de potasse, qu’on peut estimer 25 fr. » c. 2 50 15 42 fr. 50 c. — 416 — Ă  ioo fr. le cent, leur valeur est donc de 200 fr. Or, en retranchant de cette somme 4 2 fr- 5o cent, pour le prix de la purification, il reste une somme de i5^ fr. 5o cent, pour bĂ©nĂ©fice , puisque , d’aprĂšs l’usage gĂ©nĂ©ralement suivi, ce vieux bain , au'sortir de la cuve, eĂ»t Ă©tĂ© jetĂ© au ruisseau. Il en rĂ©sulte , par consĂ©quent, que, par 100 kilogrammes d’indigo employĂ©s pour le montage d’une cuve, on rĂ©alisera sur la potasse 61 fr. 1 o cent, de bĂ©nĂ©fice, en usant du bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© de M. Capplet. Certes , une pareille Ă©conomie mĂ©rite qu’on la prenne en considĂ©ration. On doit concevoir, disait M. Lefort-Henry, dans son rapport Ă  la Chambre de Commerce d’Elbeuf, combien peut devenir prĂ©cieux le rĂ©sultat de l’heureuse recherche de MM. Capplet et SĂšbe, lorsque l’on considĂšre que le travail habituel des cuves Ă  la potasse consomme une immense quantitĂ© de cette production Ă©trangĂšre, et que, par sa rĂ©habilitation, inventĂ©e par ces Messieurs, l’alcali des vieux bains doit se reproduire en quantitĂ© presque Ă©gale Ă  son introduction et avec une action non moins vive, si l’épuration est parfaite. DĂ»t-il, au reste, exister quelqu’amĂ©lioration possible au procĂ©dĂ© de MM. Capplet et SĂšbe, il en ressort toujours cette vĂ©ritĂ© digne de l’attention la plus sĂ©rieuse, c’est que l’immense quantitĂ© de potasse rejetĂ©e jusqu’à prĂ©sent en pure perte par les vieux bains peut se rĂ©gĂ©nĂ©rer tout entiĂšre, et que le moyen de rĂ©habilitation employĂ© par MM. Capplet et SĂšbe est dirigĂ© avec une telle Ă©conomie de main-d’Ɠuvre et d’ingrĂ©diens , qu’il est impossible qu’il n’en rĂ©sulte pas un avantage trĂšs-prononcĂ©. » Nous avons transcrit ce passage, parce que c’est lĂ  l’opinion d’un homme bien compĂ©tent sur une pareille matiĂšre. Voici une autre piĂšce non moins importante que la prĂ©cĂ©dente , puisqu’elle Ă©mane de manufacturiers rĂ©unis en Chambre consultative. Les membres de la Chambre consultative, apres avoir entendu le rapport de ses commissaires, touchant le proce’dĂ© dĂ©couvert par MM. Cappl ct et SĂšbe, pour diminuer l’emploi de la potasse dans la teinture des laines c — 417 — Ă©toffes, et aprĂšs avoir pris tous les renscignemens dont ils ont jugĂ© convenable de s'Ă©clairer, certifient que le procĂ©dĂ© dont il s’agit procure une Ă©conomie importante de potasse, et qu’il est employĂ© avec succĂšs dans plusieurs teintureries de cette ville. » Elbeuf, le 17 juin 1826. » Signe Constant LEROY, P. TĂŒRGlS, Hyp. JoiN-Lamrert, » Louis-EugĂšne SEVAĂŻSTRE, Louis-Robert Fl-AYIG NY. » J’ai rĂ©pĂ©tĂ© les fnoyens que M. Capplet a proposĂ©s pour revivifier le vieux bain de cuve , et j’ai obtenu les rĂ©sultats qu’il avait annonces depuis si long-tems. Les expĂ©riences que j’ai faites, comparativement sur le vieux bain et sur le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, m’ont appris que ce dernier renferme une proportion un peu plus grande de potasse, et que cette potasse est plus caustique que celle qui existe dans le vieux bain. Il est facile de se rendre compte de ces deux circonstances, en se rappelant que, dans la composition de ses filtres , M. Capplet fait entrer une certaine quantitĂ© de cendres qui abandonnent, d’une part, l’alcali qu’elles contiennent au liquide qui filtre sur elles, et qui, d’un autre cĂŽtĂ©, par la cliaux qu’elles renferment, caustifient une partie du carbonate de potasse contenu dans le bain. En raison de cette double action, on conçoit que le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© doit ĂȘtre plus riche en alcali caustique que celui qui sort des cuves. Convaincu des avantages que prĂ©sente le procĂ©dĂ© de M. Capplet, et dĂ©sireux de contribuer, pour ma part, Ă  le faire mieux apprĂ©cier des industriels, j’ai profitĂ© du bon vouloir de notre estimable confrĂšre pour vous le faire connaĂźtre dans tous ses dĂ©tails. J’espĂšre que la SociĂ©tĂ© qui, en i8a5, a donnĂ© publiquement Ă  ce zĂ©lĂ© fabricant un tĂ©moignage de sa satisfaction , voudra lui continuer sa bienveillance et l’aider dans ses efforts gĂ©nĂ©reux, en donnant de la publicitĂ© Ă  ce rapport. Rouen, i5 dĂ©cembre i83G. ©©©©Î9 SÔ©©©Ô-9S'0©’© ©Q£©0fiOΩO©©9©©9©ÔfiO NOTE SUR UN SAV0N DE SILEX PRÉPARÉ EN ANGLETERRE Au commencement de l’annĂ©e derniĂšre , un de mes anciens Ă©lĂšves, M. Claudius Arnaudtizon, qui dirigeait, Ă  cette Ă©poque, une des plus importantes fabriques d’indienne des environs de Glasgow, m’envoya, comme objet de curiositĂ©, et avec invitation de l’examiner, un Ă©chantillon de savon qu’on commençait Ă  vendre en Angleterre et en Ecosse, et dans la composition duquel il avait entendu dire qu’on faisait entrer de la silice ou du mica. Des occupations multipliĂ©es m’avaient fait oublier la recommandation de mon jeune ami, lorsque je lus l’article suivant, dans le n° 66 du Journal des travaux de l’acadĂ©mie de l’Industrie fan - çaise\ ol. 6, juin i836 D’aprĂšs AI. Sheridan , qui a pris, en Angleterre , une patente, il serait possible de faire entrer, d’une maniĂšre utile, le silex dans la composition du savon. Pour opĂ©rer, l’auteur prend des sile* pyromaques noirs ordinaires pierres Ă  briquet, il les calcine et les rĂ©duit en poudre, en les humectant pendant le broyage ; p nlS il mĂȘle cette poudre avec de la soude ou de la potasse caustique > i Luc Ă  la SociĂ©tĂ© libve d'Émulation de Rouen , et insĂ©rĂ©e dans son Bulletin» tri mestre annĂ©e 1837 ; insĂ©rĂ©e aussi dans le Journal de pharmacie , janvier 183S , p. * » " * t dans le Journal de chimie mĂ©dicale , janvier 1S34 , p. U , t. 4 , 2e sĂ©rie. I — 419 — et il fait bouillir le mĂ©lange jusqu’à ce qu’il soit arrivĂ© Ă  une vĂ©ritable saponification. Le mĂ©lange, ainsi obtenu, est ajoutĂ© Ă  la pĂąte ordinaire du savon, lorsque celle-ci, aprĂšs avoir bouilli, est Ă  l’état de savon, et prĂȘte Ă  mettre en formes. Ce mĂ©lange, qui possĂšde la grande qualitĂ© de nettoyer les matiĂšres saponifiantes, demande Ă  ĂȘtre fortement remuĂ© dans la pĂąte. Lorsque ce mĂ©lange a eu lieu, il en rĂ©sulte un savon d’une excellente qualitĂ© et fort Ă©conomique ; car cette addition, dans la pĂąte du savon, peut ĂȘtre portĂ©e jusqu’à 4o ou 5o parties pour 5o de pĂąte de savon, et cela au moyen du silex commun que l’on obtient Ă  un trĂšs-bas prix, tandis que la matiĂšre grasse, dont il prend une partie de la place, coĂ»te fort cher. Cette invention, qui promet d’ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement employĂ©e, aura l’avantage de diminuer la consommation de l’huile ou de la graisse, et de rendre la fabrication du savon plus stable et tout-Ă -fait indĂ©pendante du grand autocrate de l’empire de Russie, dit toujoursM. Sheridan. Cependant, il nous parait fort douteux que ce procĂ©dĂ© puisse possĂ©der d’autres avantages que celui de donner au savon une augmentation de poids nĂ©cessairement prĂ©judiciable aux intĂ©rĂȘts des consommateurs. » Cet article me remit en mĂ©moire l’envoi de M. Claudius Arnaudtizon, et je m’empressai d’analyser le morceau de savon que j’avais reçu de lui. Ce savon ressemble beaucoup, pour l’aspect, au savon de rĂ©sine qui est si commun en Angleterre, et qu’on prĂ©pare, depuis plusieurs annĂ©es, en France, notamment Ă  Rouen et Ă  Elbeuf. R a une odeur aromatique trĂšs-prononcĂ©e et une couleur d’un brun-fauve. Il se dissout bien dans l’eau, et sa solution mousse fortement par l’agitation. Il laisse au fond des vases une poudre l'ianche, fine, qui s’attache fortement Ă  leurs parois. Cette poudre, insipide, insoluble dans tous les vĂ©hicules, est de la silice. Pour connaĂźtre la proportion de cette substance dans le savon an giais, j’ai calcinĂ© au rouge, dans un creuset de platine , cinq — 420 — grammes de ce savon. Le rĂ©sidu salin et d’un blanc verdĂątre qĂŒe ‱j’ai obtenu, a Ă©tĂ© traitĂ© par l’acide hydrochlorique. Une partie s’est dissoute avec effervescence. J’ai Ă©vaporĂ© le tout Ă  siccitĂ©, et j’ai lavĂ© le nouveau rĂ©sidu avec de l’eau, Ă  plusieurs reprises. Par ce moyen, j’ai obtenu la silice Ă  l’état de puretĂ©; son poids Ă©tait de o gr. 95. Par consĂ©quent, il y a, dans cet Ă©chantillon de savon, 19 pour 100 de silice. C’est, du reste, un savon Ă  base de soude, avec une petite quantitĂ© de rĂ©sine. Visitant l’Angleterre, quelques mois aprĂšs ces essais, je vis Ă  Londres, dans Piccadilly, un depot de ce savon de silice, qu on vend par petits paquets renfermant trois ou un plus grand nombre de morceaux, sur lesquels se trouvent imprimĂ©s ces mots She- ridan’s patent silica soap soid at 38 Regent circus, Piccaddly. Ce savon est d’un blanc jaunĂątre. Trois petites tablettes, pesant chacune cinquante-deux grammes, me lurent vendues un schel- ling 1 fr. 25 c. . En 1827, un autre Anglais prit une patente pour un savon de toilette perfectionnĂ© et sans causticitĂ©' Il le prĂ©parait en ajoutant Ă  du savon ordinaire 7 pour 100 de marne fine et trĂšs-pure, et 2 pour 100 de potasse. Si c’est dans l’intention de faire dissoudre le silex, que M. She- ridan le fait bouillir avec une liqueur alcaline, il se trompe Ă©trangement, puisque ce n’est qu’à la chaleur rouge que la silice peut se combiner, en certaines proportions, aux alcalis et former des composĂ©s solubles dans l’eau. Il dit que son mĂ©lange de sdex et d’alcali arrive Ă  une vĂ©ritable saponification. Il y a lĂ  encore une lourde erreur, puisqu’il n’y a de saponification qu’entre des matiĂšres grasses et des alcalis. Son mĂ©lange devient pĂąteux par l’évaporation de l’eau, et c’est lĂ  ce qu’il appelle une vĂ©ritable saponification ! Il ferait tout aussi bien , alors, d’introduire sa poudre de silex dans la pĂąte du savon cuit, en se dispensant de la faire bouillir — 421 prĂ©alablement avec l’alcali, qui n’a presque aucun effet sur elle. Mieux vaudrait encore prendre la silice Ă  l’état de gelĂ©e ; il serait ’ plus facile de l’incorporer au savon, et elle y serait dans un plus grand Ă©tat de division. La prĂ©tention du sieur Sheridan, d’augmenter les qualitĂ©s du savon , par l’addition du silex, et la maniĂšre dont il opĂšre, dĂ©montrent qu’il est dĂ©pourvu des plus simples connaissances chimiques. Mon savon , dit-il, est plus Ă©conomique, parce qu’une partie de la matiĂšre grasse, qui coule fort cher, est remplacĂ©e par une substance de nulle valeur. C’est absolument comme celui qui introduirait 20 pour ioo de sable, en place de farine, dans la pĂąte du pain , et qui vous dirait Mangez—en, il coĂ»te moins cher.» Belle Ă©conomie, vraiment, qui obligerait Ă  manger sept Ă  huit livres de pain, au lieu de quatre ! Cette idĂ©e d’introduire dans le savon une matiĂšre aussi inerte , dans le blanchiment, que la silice, et qui doit avoir, d’ailleurs, des effets pernicieux , en agissant mĂ©caniquement pour user les fibres des tissus entre lesquelles elle s’interpose, n’est qu’une invention malheureuse, conçue dans un esprit de vile spĂ©culation. D’un hou produit, M. Sheridan en fait un mauvais. Les charlatans sont comme les harpies, ils gĂątent tout ce qu’ils, touchent. ©e©©©©©©©©©;©.©©©©©©^!©©©© NOTE SUR-UNE NOUVELLE SORTE SAVON BLANC DE MARSEILLE Il y a Ă  peine deux mois que je vous parlais, Messieurs, d’un savon de silex prĂ©parĂ© en Angleterre. Je vais, aujourd’hui, vous faire connaĂźtre une nouvelle espĂšce de savon blanc qui a Ă©tĂ© envoyĂ©e tout rĂ©cemment de Marseille Ă  un nĂ©gociant de Rouen. Ce savon est destinĂ© Ă  remplacer le savon en table , si employĂ© dans nos ateliers de rouge des Indes. Il est en briques, semblables Ă  celles du savon marbrĂ©. Il offre une grande blancheur, a la coupe douce, fine et homogĂšne, mais il est un peu moins dur que le savon blanc ordinaire. Chaque brique porte sur deux de ses faces, le cachet suivant Huile d’OIives. Savon chlorurĂ©. Marseille. 1 Luc Ă  la SociĂ©tĂ© libre d'Entnlalion de. Rouen, et insĂ©rĂ©e dans son Bulletin, 2* trimestre , annĂ©e 1837 ; insĂ©rĂ©e aussi dans \e Journal de pharmacie, janvier 1 83S, p. 3 , t. 24 > et d*. os le Journal de chimie mĂ©dicale , janvier 1R3R , p. i f , t, 4 , 2 par Robert, alors pharmacien en chef de Motel-Dieu de Rouen Annales de Chimie, t. g2 , p. 172, vous verrez, Monsieur le prĂ©fet, quelles sont les diffĂ©rences qui existent entre elles ; nous joignons ici les rĂ©sultats obtenus par Robert, des trois sources de Forges. Nous avons ramenĂ©, par le calcul, ces rĂ©sultats au litre. t Tableau, comparatif de la composition des anciennes sources annĂ©e 4835. — 445 — plĂątre qui sert dans ce cas est obtenu dans un trĂšs-grand Ă©tat de division, par la prĂ©cipitation dumuriate de chaux par un sulfate soluble. L’introduction de ces filigranes dans la pĂąte du papier a pour objet, comme on le pense bien , d’ajouter une nouvelle garantie Ă  l’emploi du papier de sĂ»retĂ©, car celui-ci Ă©tant dĂ©jĂ  trĂšs-sensible Ă  l’action des agents capables d’enlever l’écriture, il prend une couleur distincte au contact de ceux-ci, et lorsqu’on veut faire disparaĂźtre cette couleur Ă©trangĂšre, le filigrane se dĂ©colore et disparaĂźt , ou bien change de nuance , ce qui rend la fraude bien plus facilement apprĂ©ciable. Nous avons soumis, sur votre invitation , ces nouveaux papiers de M. Mozard Ă  une foule d’essais, afin de constater leur degrĂ© de sensibilitĂ©. Voici ce que nous avons reconnu Les rĂ©actifs employĂ©s dans un certain Ă©tat de concentration colorent fortement le papier et font disparaĂźtre le filigrane. Plus diluĂ©s , ils agissent encore sur le papier , mais n’attaquent plus le filigrane, qui se montre intact au-dessous de la tache dĂ©veloppĂ©e par les rĂ©actifs. Il nous a paru que les dessins filigranĂ©s, en raison de leur persistance , due sans aucun doute Ă  leur position dans le corps mĂȘme du papier, n’offraient pas Ă  un assez haut degrĂ© cette sensibilitĂ© qui est propre au papier mĂȘme, pour que leur emploi fĂ»t indispensable. Pour nous, le papier de sĂ»retĂ© ordinaire Ă  teinte azurĂ©e nous semble suffisant, dans la plupart des cas ; car, nous l’avons dĂ©jĂ  dit, les falsifications quelle que soit l’adresse de celui qui les exĂ©cute , sont toujours reconnaissables. En rĂ©sumĂ©, nous croyons que , dans l’état actuel des choses, le papier de sĂ»retĂ© filigranĂ© n’offre pas une sensibilitĂ© de beaucoup supĂ©rieure Ă  celle du papier de sĂ»retĂ© ordinaire ; cependant son emploi pourrait ĂȘtre avantageux dans les administrations ou l’on fait ordinairement usage du papier Ă  filigrane. C’est donc un motif suffisant pour en recommander l’adoption. — 446 — ' Les efforts constants de JVI. Mozard, pour amĂ©liorer son papier de sĂ»retĂ© et l’appliquer Ă  tous les usages, les essais qu’il poursuit encore avec une persĂ©vĂ©rance digne des plus grands Ă©loges, pour rendre ses produits aussi parfaits qu’économiques , sont des titres Ă  la protection du gouvernement et Ă  l’estime de tous les commerçants et industriels. Nous vous proposons, en consĂ©quence , pour lui donner une marque de votre satisfaction et du vif intĂ©rĂȘt que vous prenez Ă  la rĂ©ussite de ses travaux, de faire imprimer dans vos actes les deux rapports qui vous ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s sur ses papiers de sĂ»retĂ©. J. GIRARDIN, rapporteur. Ch. DE STABENRATH. Prosper PIMONT. TROISIÈME RAPPORT \ Messieurs, La commission que vous avez chargĂ©e, l’annĂ©e derniĂšre, d’examiner le papier de sĂ»retĂ© de AI. Mozard, et qui vous fit connaĂźtre son opinion par deux rapports consĂ©cutifs , dont vous avez adoptĂ© les conclusions et ordonnĂ© l’impression dsps votre recueil annuel, vient encore une troisiĂšme lois vous entretenir de cette question si importante. Ce qui a nĂ©cessitĂ© les nouvelles recherches de votre commission, c’est la lettre qui vous a Ă©tĂ© adressĂ©e, en date du 6 novembre i835, par M. Sellier, garde-magasin au Timbre, Ă  Paris. Permettez- moi de remettre cette lettre sous vos yeux. * Ce rapport est extrait du Recueil des travaux de la SociĂ©tĂ© libre soudes, tels qu’ĂȘperons, etc. 20 57 20 3 D’aprĂšs M. D’Arcet, dans l’alliage le plus simple fabriquĂ© en France sous le nom de maillechorl, il y a Cuivre. 50,00 Zinc. 31,25 Nickel. 18,75 100,00 M. D’Arcet, en France, et M. Liebig, en Allemagne, se sont occupĂ©s de ces alliages de nickel, sous le rapport de la salubritĂ© et relativement Ă  leur emploi comme ustensiles de table ou de cuisine. Voici les rĂ©sultats qu’on peut dĂ©duire de leurs expĂ©riences. Quoique le maillechorl soit plus attaquable par les sauces acides et salĂ©es que l’argent au premier titre o’est-Ă -dire contenant 5o de cuivre et g5o d’argent, pourtant la diffĂ©rence devient moins sensible lorsqu’on fait les expĂ©riences comparativement sur le maillechorl et l’argent au second titre c’est-Ă -dire contenant 200 de cuivre et 800 d’argent . Toutes circonstances Ă©gales d’ailleurs, certains rĂ©actifs semblent mĂȘme attaquer beaucoup moins le maillechorl que l’argent au second titre. — 455 — Nous sommes certainement loin, ditM. D’Arcet, de regarder l’emploi culinaire du melchior comme Ă©tant sans inconvĂ©nient sous le rapport de la salubritĂ©. Mais , en comparant cet alliage Ă  l’argenterie Ă  800 milliĂšmes, dont l’usage est permis par la loi et trĂšs-souvent adoptĂ©, il ne nous semblerait pas juste d’en dĂ©fendre l’emploi. » Journal de pharmacie , cahier de ma! 1837, p. 223 . Voici les rĂ©sultats auxquels, de son cĂŽtĂ©, M. Liebig est arrive L'insalubritĂ© de l'argent Ă©tant.. *.... 1/2 Celle de l’argentan maillechort sera. 1 Celle du cuivre. 7 Celle du laiton. H Ni le zinc contenu dans le maillechort, ni la prĂ©sence de l’arsenic dans le nickel employĂ© Ă  sa fabrication , ne doivent ĂȘtre redoutĂ©s. Ce dernier l’arsenic ne constitue , quand toutefois il y existe, que le milliĂšme du poids du nickel. Journal de pharmacie, cahier de mai 1837, page 227. Le maillechort est fabriquĂ© trĂšs en grand Ă  Paris, par MM. Charlier et C c , rue du MarchĂ©-Neuf, n° 20, qui sont les seuls brevetĂ©s pour cette fabrication. L’alliage brut se vend en lingots ou plaques, ou laminĂ© de toute Ă©paisseur, 8 Ă  10 fr. le kilogramme. Voici le prix de quelques uns des ustensiles en maillechort \ 1 couvert ordinaire uni., .y. 6 fr. 50 c. 1 couvert ordinaire b filet. 8 12 cuillers Ă  cafĂ© unies. 18 13 cuillers Ă  cafĂ© Ă  filet 1 couvert de dessert dorĂ©.,. 15 13 cuillers Ă  cafĂ© dorĂ©es. 36 13 couteaux dorĂ©s Ă  manche de nacre. . 100 1 assiette de 7 pouces 1/2. 15 1 plat rond de 10 pouces 1/2. 30 1 soupiĂšre pour douze personnes f avec son plateau. 160 thĂ©iĂšre de 6 tasses. 40 1 cafetiĂšre de 12 tasses. 70 l bol et sa soucoupe. 30 12 lunettes S 0 , rJ!naires . “ uorecs. o — 456 — Le maillechort prend trĂšs-bien la dorure. Le vermeil an maillechort est beaucoup moins coĂ»teux et plus solide que le vermeil sur argent. Comme le maillechort peut ĂȘtre facilement confondu avec l’argent au 2 e titre", il est nĂ©cessaire d’indiquer la maniĂšre d’en faire la distinction. On mettra sur la piĂšce suspecte une goutte d’acide nitrique. Si c’est du maillechort, l’action se manifestera vivement par un bouillonnement colorĂ© en vert ; si, au contraire, c’est de l’argent, la dissolution aura lieu plus lentement, et l’endroit prĂ©sentera une tache noire. Pour lever tous les doutes, on ajoutera une goutte d’eau salĂ©e quand l’action de l’acide aura cessĂ© ; si la piĂšce est d’argent, il se fera un trouble blanc trĂšs- manifeste; si c’est du maillechort , la couleur verte persistera avec une lĂ©gĂšre altĂ©ration , et il n’apparaĂźtra aucun trouble blanc. ©©©©©S©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© MÉMOIRE SUR LES POMMES DE TERRE GELÉES, LU A LA SOCIÉTÉ CENTRALE d’aGRICULTURE DE ROUEN '. Le froid rigoureux de cet hiver a occasionnĂ© la perte d’une grande quantitĂ© de pommes de terre, et le dommage a surtout portĂ© sur les petits cultivateurs, sur les journaliers, qui, n’ayant pas h leur disposition, pour conserver ces tubercules, les fosses ou silos, les celliers ou les granges des riches feimiers, n’ont pu garantir de la gelĂ©e leur provision d’hiver. MalgrĂ© les avertissements de la science, on rejette, comme dĂ©sormais sans valeur, les pommes de terre gelĂ©es ; aussi chaque annĂ©e rigoureuse amĂšne-t-elle la perte d’une Ă©norme quantitĂ© de substance alimentaire. Il est vraiment douloureux de voir avec quelle lenteur se propagent chez nous les vĂ©ritĂ©s utiles. En elfet, il y a bien long-temps][dĂ©jĂ  que les hommes de science ont dit aux cultivateurs 5fe rejettez pas vos pommes de terre gelĂ©es , car elles renferment autant de fĂ©cule qu’avant leur altĂ©ration par le froid ; * InsĂ©rĂ© dans le 6S e cahier, trimestre de janvier 1S5S , des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'^Agriculture , p. 9 ; dans le Journal de pharmacie , cahier de juin 1S3S , p. 501 j et daus le Recueil industriel de M. De MauĂźcon , cahier de septembre 1S38 , p. 223. — 458 extrayez-en la fĂ©cule , rĂ©iluisez-les en larine, ou faites les cuire pour en nourrir ensuite les bestiaux. >‱ Soins superflus! Conseils stĂ©riles! Partout on a continuĂ© Ă  mettre au fumier les tubercules gelĂ©s, par suite de cette dĂ©plorable routine, qui avait dit Les pommes de terre gelĂ©es ne valent plus rien! . Les SociĂ©tĂ©s d’Agriculture n’ont pourtant pas failli Ă  leur mission dans cette circonstance. Elles ont mis une louable constance Ă  enseigner aux habitants des campagnes le parti qu’ils pourraient tirer des pommes de terre gelĂ©es. Les recommandations , les avis n’ont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s sous ce rapport, comme sous tant d’autres. Mais, que voulez-vous ? On ne veut pas lire dans nos campagnes ; on dĂ©daigne les conseils des agronomes , parce qu’ils habitent les villes; l’entĂȘtĂ© paysan , s’enveloppant de son ignorance comme d’un manteau impĂ©nĂ©trable, oppose une force d’inertie contre laquelle viennent se briser tous les efforts de ceux qui v oudraient amĂ©liorer son Ă©tat. Que faire donc? Faut-il 1 abandonner aux funestes effets de son aveuglement? Non ? certes. Il faut, avec persĂ©vĂ©rance, lutter contre cette dĂ©plorable disposition d’esprit des cultivateurs ; il faut continuer les enseignements utiles , et espĂ©rer que, sur la masse des ignares et des rĂ©calcitrans , il y en aura peut-ĂȘtre quelques uns Ă  qui ces enseignemens profiteront. Ce sera toujours autant de gagnĂ©... Par suite de la proposition de M. NĂ©el, et du dĂ©sir manifestĂ© par la compagnie , je me suis livrĂ© Ă  des expĂ©riences variĂ©es sur les pommes de terre gelĂ©es, dans la double intention de connaĂźtre le genre d’altĂ©ration que le froid fait Ă©prouver Ă  ces tubercules, et de savoir quel serait le meilleur parti Ă  en tirer une fois qu’ils sont ainsi altĂ©rĂ©s. MM. De la PrĂ©votiĂšre et MĂ©saize ont eu l’obligeance de mettre Ă  ma disposition une suffisante quantitĂ© de pommes de terre gelĂ©es et non gelĂ©es ; c’était de la patraque jaune commune. Les pommes de terre saisies par la gelĂ©e sont dures comme le — 459 — Lois. Mais, lorsque la tempĂ©rature s’élĂšve au-dessus de zĂ©ro, elles se ramollissent peu Ă  peu, deviennent flasques et molles, abandonnent, par la pression , une grande quantitĂ© d’eau ; puis, au bout de quelques jours , elles moisissent Ă  leur surface , exhalent une odeur particuliĂšre et dĂ©sagrĂ©able , et enfin se putrĂ©fient complĂštement. C’est lorsqu’elles Ă©taient dĂ©jĂ  ramollies par un commencement de dĂ©gel que j’ai opĂ©rĂ© sur les pommes de terre, comparativement avec d’autres, saines, entiĂšres et non gelees. i° AprĂšs les avoir lavĂ©es et essuyĂ©es , pour les dĂ©barrasser de la terre qui les salissait, je les ai coupĂ©es par tranches minces , puis je les ai placĂ©es dans une Ă©tuve chauffĂ©e entre 25 et 3 o°, jusqu’à ce qu’elles fussent devenues sĂšches et cassantes. On en a fait ensuite de la farine. Elles ont ainsi perdu , par la dessication , 72,13 pour cent, en sorte qu’elles se composaient, gelĂ©es et non gelĂ©es, de MatiĂšre sĂšche. 27,8/ Eau. 72,13 La farine provenant des tubercules gelĂ©s a toutes les propriĂ©tĂ©s de celle fournie par les tubercules non gelĂ©s. 2° J’ai extrait la fĂ©cule des unes et des autres, en rĂ©duisant les tubercules en pulpe fine , dans un mortier de marbre, lavant cette pulpe sur un tamis , jusqu’à Ă©puisement complet du parenchyme. La fĂ©cule, recueillie et purifiĂ©e , a Ă©tĂ© sĂ©chĂ©e Ă  une douce tempĂ©rature. Les pommes de terre gelĂ©es et non gelĂ©es m ont donnĂ© absolument la mĂ©mo quantitĂ© de fĂ©cule. En effet , j ai obtenu, des unes et des autres , de 1 oo parties en poids FĂ©cule. 1 6» 66 Parenchyme sec. 7,52 La proportion la plus grande, obtenue gĂ©nĂ©ralement en fabrique, de ioo parties de pommes de terre bien saines , ne dĂ©passĂ© pas 18 pour cent de fĂ©cule sĂšche. Comme vous pouvez le voir, Messieurs, parles Ă©chantillons 460 — que je mets sous vos yeux, la fĂ©cule extraite des pommes de terre gelĂ©es a toutes les qualitĂ©s de la fĂ©cule qui provient des pommes de terre non gelĂ©es. Je mets sous les yeux de la compagnie des biscuits et autres pĂątisseries, confectionnĂ©s , les uns avec de la fĂ©cule de pommes de terre gelĂ©es, et les autres avec de la fĂ©cule de pommes de terre non gelĂ©es ; il est difficile, pour ne pas dire impossible , d’établir une diffĂ©rence entre les uns et les autres ; leur saveur est la mĂȘme. Notre respectable confrĂšre, M. l’abbĂ© Gossier, a bien voulu employer, pour sa cuisinĂ©, la fĂ©cule des pommes de terre gelĂ©es. Les aliments qu’on lui a servis lui ont paru tout aussi bons , tout aussi agrĂ©ables que lorsqu’ils Ă©taient prĂ©parĂ©s avec la fĂ©cule des pommes de terre saines et non gelĂ©es. 3° Par des procĂ©dĂ©s analytiques plus prĂ©cis , qu’il est inutile de dĂ©tailler ici, j’ai obtenu, des tubercules gelĂ©s et non gelĂ©s , les mĂȘmes proportions d’eau, de fĂ©cule, de fibre ligneuse , d’albumine, de sucre et desubstanccs salines. RĂ©pĂ©tĂ©es plusieurs fois, mes expĂ©riences m’ont fourni toujours les mĂȘmes rĂ©sultats. D’aprĂšs cela , puisque la constitution chimique de la pomme de terre n’éprouve aucun changement par l’effet de la gelĂ©e, quelle est donc la modification que subit ce tubercule par le froid ? C’est un effet purement mĂ©canique, selon moi ; l’eau , en se congelant dans 1 intĂ©rieur du parenchyme, dĂ©chire et rompt les cellules qui l’emprisonnaient, s’isole des autres matĂ©riaux du tissu ; et voilĂ  pourquoi, lorsqu'on presse entre les mains des tubercules qui ont degelĂ© , ils s’affaissent comme une Ă©ponge, en abandonnant leur eau de vĂ©gĂ©tation , qui coule en abondance. Ainsi, dans les pommes de terre gelĂ©es , il n’y a que l’organisation vĂ©gĂ©tale qui soit altĂ©rĂ©e ; les principes constitutifs ne subissent aucun changement dans leur nature ; seulement ils changent de position Ă  l’égard les uns des autres, et cela suffit bien pour rendre compte des diffĂ©rences de goĂ»t, de saveur , qu’on trouve dans les tubercules avant et aprĂšs leur congĂ©lation. — 461 § II Puisque, dans les pommes de terre qui ont Ă©tĂ© gelĂ©es, il y a autant de substance alimentaire qu’avant l’action du froid , il serait dĂ©raisonnable de continuer Ă  perdre ces tubercules et de ne pas en tirer parti. MĂȘme lorsqu’aprĂšs avoir dĂ©gelĂ©, leur altĂ©ration est dĂ©jĂ  trĂšs-prononcĂ©e , qu’ils sont presque rĂ©duits en bouillie et qu’ils rĂ©pandent une forte odeur, on peut encore les utiliser. 1. Lorsque les pommes de terre sont dures comme le bois, il faut les mettre tremper dans l’eau froide pendant quelques heures, pour faire naĂźtre un commencement de dĂ©gel qui facilite leur division ultĂ©rieure ; puis il faut les soumettre Ă  l’action d’une rĂąpe ou les Ă©craser dans l’auge du tour Ă  piler les pommes. Lorsqu’elles sont rĂ©duites en bouillie fine et homogĂšne , on lave cette pulpe par petites portions, sur un tamis placĂ© au-dessus d’un baquet. L’eau entraĂźne avec elle la fĂ©cule ; le marc bien lavĂ© est exprimĂ© , Ă©tendu sur des claies , Ă  l’air, puis dans un four, aprĂšs que le pain en a Ă©tĂ© retirĂ©. Une fois sec , on peut le conserver indĂ©finiment dans des tonneaux , et il peut servir avec avantage Ă  la nourriture des porcs et des bĂȘtes Ă  cornes, qui en sont trĂšs 1 - friands lorsqu’il est cuit. Quant Ă  la fĂ©cule , dĂ©posĂ©e au fond du baquet, on la lave bien, on la met Ă©goutter sur des toiles , puis on la dessĂšche Ă  une douce chaleur. Cette fĂ©cule peut alors servir Ă  l’alimentation, et remplacer, dans tous ses emplois culinaires ou industriels, la fĂ©cule ordinaire de pommes de terre. 2. Lorsque les pommes de terre sont plus ou moins dĂ©gelees, on peut les soumettre au mĂȘme traitement. Mais, si l’on veut simplement les rĂ©duire en farine, alors on les soumet, dans des sacs, au pressoir, afin d’en extraire la plus grande partie de l’eau de vĂ©gĂ©tation ; puis on dessĂšche le marc dans le four, et, quand il est sec et friable , on le rĂ©duit en farine dans un moulin ordinaire. — 462 — Cette sorte de farine peut ĂȘtre trĂšs-bien mĂ©langĂ©e, dans la proportion d’un cinquiĂšme ou d’un quart, avec la farine de froment, pour la confection du pain. — L’eau que le pressoir a fait sortir des pommes de terre a entraĂźnĂ© un peu de fĂ©cule qu’on doit recueillir. 3. M. De Lasteyrie a conseillĂ© , depuis fort long-temps {voir la DĂ©cade de l’an iv, 3 e trimestre, et le n° du Moniteur, annĂ©e ĂŻ8i 3, de faire macĂ©rer les pommes de terre gelĂ©es dans l’eau, pendant six Ă  dix jours , en renouvelant l’eau de tems en tems, jusqu’à ce que l’épiderme commence Ă  se rĂ©duire en bouillie , de les soumettre Ă  la presse dans des sacs de grosse toile, puis de faire sĂ©cher le marc, qui donne alors une trĂšs-belle farine. 4 . Lorsqu’on veut appliquer les pommes de terre gelĂ©es Ă  la nourriture des bestiaux , il faut agir comme ci-dessus, c’est-Ă - dire hacher ou piler les pommes de terre, et, au lieu de sĂ©cher le marc, le faire cuire tandis qu’il est encore humide. Cette substance , additionnĂ©e d’un peu de sel, est mangĂ©e avec aviditĂ© par les bestiaux. On peut Ă©viter la cuisson du marc et l’introduire dans un grand tonneau , par couches alternatives , avec du son et un peu de sel ; au bout de vingt-quatre heures, le mĂ©lange Ă©prouve un commencement de fermentation vineuse , qui plaĂźt beaucoup aux animaux. VoilĂ  , comme vous le voyez, Messieurs, des moyens trĂšs- simples , peu coĂ»teux, pour utiliser les pommes de terre gelĂ©es. Partout, dans nos campagnes, il y a des tours Ă  piler les pommes, des fours Ă  cuire le pain ; ce sont lĂ  les seuls instrumens, pour le travail des tubercules, qui pourront fournir Ă  volontĂ© ou de la fĂ©cule ou de la farine. Dans le premier cas, on obtiendra au moins de 12 Ă  i5 pour cent de fĂ©cule ; dans le second, on rĂ©alisera au moins de 22 Ă  25 pour cent de substance sĂšche. Je ne terminerai pas, Messieurs, ce mĂ©moire, sans vous apprendre qu’un chimiste de Paris, M. Payen, qui a tant contribue Ă  nous faire bien connaĂźtre l’amidon et toutes ses variĂ©tĂ©s , s’est — 463 — occupĂ©, en mĂȘme tems que moi, des pommes de terre gelĂ©es, et qu’il est arrivĂ© prĂ©cisĂ©ment aux mĂȘmes rĂ©sultats , relativement Ă  la nature chimique de ces tubercules. Ce savant chimiste a constatĂ© que les tubercules geles contiennent autant de substance sĂšche qu’à l’état normal ; que la proportion de matiĂšre soluble n’y est pas moins abondante ; que la fĂ©cule elle-mĂȘme y est dans la mĂȘme proportion ; qu’enfin, rien n’est changĂ©, sous ces rapports , dans la pomme de terre aprĂšs le dĂ©gel. Il a reconnu , en outre , que les modifications physiologiques produites par la gelĂ©e, tiennent Ă  la dislocation gĂ©nĂ©rale du tissu cellulaire. Cette opinion est donc tout-Ă -fait analogue Ă  celle que j’ai Ă©mise en commençant. Il n’y a qu’un point sur lequel mes observations ne sont pas d’accord avec celles de M. Payen. Il avance que les pommes de terre » aprĂšs le dĂ©gel , donnent Ă  peine un quart de la fĂ©cule que l’on en obtient avant, et que cette lecule est d’une saveur trĂšs-dĂ©sagrĂ©able. M. Payen explique cette de- perdition en disant que les utricules isolĂ©es les unes des autres par le fait de la congĂ©lation , et dĂ©gagĂ©es alors de la pression qu’elles supportaient, prennent des formes arrondies ; lorsque les dents de la rĂąpe les frappent, elles se dĂ©tachent une Ă  une ou par petits groupes , mais sans offrir assez de rĂ©sistance pour ĂȘtre dĂ©chirĂ©es. Il en rĂ©sulte que le plus grand nombre de ces cellules, encore remplies de fĂ©cule , ne passent pas au travers des tamis fins , et que , restant dans la pulpe , elles diminuent d’autant la proportion du produit. Contrairement Ă  l’opinion de M. Payen , je ne puis admettre un moindre produit dans la quantitĂ© de fĂ©cule que fournissent les pommes de terre dĂ©gelĂ©es , car j’ai obtenu les mĂȘmes proportions de cette substance, avant et aprĂšs la congĂ©lation. J ai pile les tubercules dans un mortier , et ne les ai point soumis a la rĂąpe , car une fois qu’ils sont ramollis et devenus flasques , il est pour ainsi dire impossible de les dĂ©chirer convenablement par la rĂąpe. — 464 — C’est Ă  ce moyen imparfait de diviser le tissu cellulaire qu’il faut attribuer la perte en fĂ©cule signalĂ©e par M. Payen ; il sera donc prĂ©fĂ©rable de passer les pommes de terre dans le tour Ă  piler , plutĂŽt qu’à la rĂąpe , lorsqu’on voudra en extraire la fĂ©cule. La fĂ©cule que'j’ai retirĂ©e des pommes de terre dĂ©gelĂ©es n’a point de saveur dĂ©sagrĂ©able, une fois qu’elle a Ă©tĂ© convenablement lavĂ©e. De tout ce qui prĂ©cĂšde, on est en droit de conclure i° Que le froid ne produit aucun changement chimique dans les pommes de terre ; qu’il dĂ©truit seulement l’organisation vĂ©gĂ©tale ; 2 ° Que les pommes de terre gelĂ©es renfermant la mĂȘme proportion de substance alimentaire qu’avant leur gel, il est convenable et possible de les utiliser, soit en extrayant la fĂ©cule, soit en les rĂ©duisant en farine ; 3° Que ces opĂ©rations trĂšs-simples peuvent ĂȘtre pratiquĂ©es partout, pour ainsi dire, sans aucune dĂ©pense, et qu’il est Ă  dĂ©sirer que dĂ©sormais on ne rejette plus une substance qui peut rendre encore de si grands services, soit pour la nourriture des hommes, soit pour celle des bestiaux. J’avais terminĂ© mes expĂ©riences sur les pommes de terre gelĂ©es, et j’en avais communiquĂ© les rĂ©sultats Ă  la SociĂ©tĂ© d’Agriculture , lorsque mon confrĂšre, M. Pouchet, professeur d’histoire naturelle Ă  l’école municipale, me fit part de ses observations sur le mĂȘme sujet. Ces observations sont trop intĂ©ressantes pour que je nĂ©glige de les faire connaĂźtre. Elles confirment entiĂšrement ce que j’ai avancĂ© prĂ©cĂ©demment. En suivant deux routes diffĂ©rentes, nous sommes arrivĂ©s au mĂȘme rĂ©sultat. Voici l’ensemble des observations que M. Pouchet a bien voulu me communiquer et me permettre de publier. — 465 — M. Pouchet s’est assurĂ© , par Ăźles expĂ©riences microscopiques, que les pommes de terre qui ont Ă©tĂ© gelĂ©es contiennent encore toute leur fĂ©cule dans la plus parfaite intĂ©gritĂ© , et que, quelqu’ait Ă©tĂ© le degrĂ© de leur altĂ©ration, aucun des grains de fĂ©cule n’a disparu ; les plus fins, malgrĂ© leur plus grande dĂ©licatesse d’organisation, s’y dĂ©couvrent parfaitement encore ; et mĂȘme, quand le tubercule n’a pas subi une dĂ©composition trop avancĂ©e, ils deviennent flottants et se dĂ©tachent des dĂ©bris des cellules bien plus facilement qu’ils ne le font dans une pomme de terre saine. Ses expĂ©riences lui ont prouvĂ© que l’altĂ©ration qui se produit dans la pomme de terre, par l’effet de la gelĂ©e, ne consiste point, ainsi que l’a cru M. Payen, en une altĂ©ration du tissu cellulaire qui le dilate , isole les cellules et leur contenu , et les transforme en autant de globules sphĂ©riques volumineux qui ne peuvent passer par les mailles des tamis des fabricants de fĂ©cule. M. Poucbet a reconnu Ă©videmment que la congĂ©lation offre divers Ă©tats, et qu’elle a pour effet de dilacĂ©rer immĂ©diatement le tissu cellulaire, sans doute en dilatant l’eau de vĂ©gĂ©tation lors de sa solidification. Da ns le premier Ă©tat, ou celui de la plus faible congĂ©lation , les cellules sont simplement dĂ©chirĂ©es, et l’on distingue encore facilement les lambeaux de leurs parois membraneuses. La fĂ©cule est trĂšs- libre. Au second Ă©tat, le tissu cellulaire, plus profondĂ©ment dĂ©sorganisĂ©, ne s’offre plus que sous l’aspect de filaments , reste des angles qu’il prĂ©sente. Il semble que ses dĂ©bris soient transformĂ©s en substance glutineuse , dont la prĂ©sence enchaĂźne la fĂ©cule qui paraĂźt moins libre que dans le cas prĂ©cĂ©dent. Enfin , au troisiĂšme degrĂ©, le tubercule est tout-Ă -fait mou et coriace , ou rĂ©duit en une sorte de bouillie noirĂątre ; on ne voit plus alors de traces de cellules , et le rĂ©sidu de la dĂ©sorganisation de celles-ci, devenu plus glutineux, est, dans certains endroits , d’une teinte noirĂątre ; ce rĂ©sidu enchaĂźne encore davantage les 3o — 466 grains de fĂ©cule , et alors la pression ne les isole que fort difficilement, mais aucun d’eux n’est altĂ©rĂ©. Dans cet Ă©tat, on voit, dans . a substance de la pomme de terre, de nombreux globules d’acide carbonique ? , et ce sont eux qui, suivant M. Poucbet, en ont imposĂ© Ă  M. Pajen. Jamais ils ne contiennent de fĂ©cule ; celle-ci est autour, et ces globules de fluide aĂ©riforme sont de diamĂštres divers qu’il est impossible de confondre avec des cellules vĂ©gĂ©tales dilatĂ©es. OBSERVATIONS SUR L’ESPRIT DE BOIS, PRÉSENTÉES * LA SOCIÉTÉ LIBRE 'ÉMULATION DE ROUEN *. Lorsqu’à la fin du dernier siĂšcle, l’ingĂ©nieur Lebon songea Ă  soumettre le bois Ă  la distillation sĂšche , pour utiliser Ă  l’éclairage de nos maisons les gaz combustibles qui en proviennent, il Ă©tait loin de prĂ©voir, sans doute, Ă  quels immenses rĂ©sultats pratiques ses expĂ©riences curieuses conduiraient un jour. Ce sont elles, en effet, qui ont fait naĂźtre l’art de l’éclairage au gaz , la fabrication de l’acide pyroligneux, celle des pyrolignites, du goudron, etc. Les chimistes modernes, en Ă©tudiant avec soin toutes les circonstances de la distillation sĂšche des substances organiques, qui, dans les mains de leurs prĂ©dĂ©cesseurs , avaient Ă©tĂ© stĂ©riles, ont appris Ă  crĂ©er une foule de composĂ©s qu’ils ont su habilement isoler les uns des autres , et dont plusieurs sont devenus ou deviendront bientĂŽt trĂšs-utiles Ă  l’industrie. C’est surtout dans ces derniers tems que les recherches sur les produits nombreux de la distillation sĂšche ont acquis une nouvelle importance , grĂące Ă  l’allemand Reichenbach. Parmi tous les composĂ©s nouveaux dont 1 InsĂ©rĂ©es dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre d'Emulation de Rouen } ir trimesli>e annĂ©e 1S33, page 29. — 468 — 'ce chimiste a dotĂ© la science, il en est un dont le nom est dĂ©jĂ  devenu populaire c’est la crĂ©osote , principe Ă©minemment antiputride, qu’on a tant prĂ©conisĂ© comme un spĂ©cifique pour les maladies des dents» Mais le produit qui, sans contredit, mĂ©rite le plus de fixer l’attention, c’est celui que Philips Taylor a dĂ©couvert, dĂšs 1812 , dans les produits volatils de la distillation du hois, et qui a Ă©tĂ© nommĂ© successivement Ă©tlier pyroligneux, esprit de bois , esprit pyroxylique, alcool de bois, alcool ligneux. Jusqu’en i833 , on s'Ă©tait peu occupĂ© de ce liquide remarquable ; mais, Ă  cette Ă©poque , deux chimistes cĂ©lĂšbres de la capitale ont entrepris, sur cet esprit de bois, des recherches trĂšs-Ă©tendues qui composent un des plus beaux travaux qui aient jamais Ă©tĂ© faits dans la chimie vĂ©gĂ©tale. MM. Dumas et PĂ©ligot ont reconnu Ă  cet esprit de bois tous les caractĂšres d’un vĂ©ritable alcool , isomorphe avec l’alcool ordinaire de vin. L’esprit de bois existe en dissolution dans la partie aqueuse des produits de la distillation du bois. Celle-ci Ă©tant dĂ©cantĂ©e, pour la sĂ©parer du goudron non dissous, on la soumet Ă  la distillation , dans les fabriques , afin d’en extraire , au moins en partie , le goudron qu’elle tient en dissolution. On recueille les dix premiers litres provenant de chaque hectolitre de liqueur placĂ© dans l’alambic, et on soumet ce produit brut Ă  des rectifications rĂ©pĂ©tĂ©es, comme s’d s’agissait de concentrer de l’eau-de-vie. Pour abrĂ©ger, on rectifie au bain-marie, sur de la chaux vive , jusqu’à ce que le liquide ne se colore plus Ă  l’air, se mĂȘle Ă  l’eau sans la troubler, ne forme pas de prĂ©cipite noir dans le protonitrate de mercure, et soit sans action sur les papiers rĂ©actifs. Lorsqu’il offre ces caractĂšres, il 11 e renferme plus qu’un peu d’eau , dont la chaux le dĂ©barrasse. Il n’y a guĂšre qu’un centiĂšme d’esprit de bois dans les produits aqueux de la distillation du bois ; aussi n’est-ce qu’en opĂ©rant sur une grande quantitĂ© de ces produits qu’on peut obtenir — 469 — ne quantitĂ© notable d’esprit. On pratique actuellement en grand l’extraction de cet esprit dans les fabriques d’acide pyroligneux , etc, notamment dans celles de Choisy-lc-Roi, prĂšs Paris, de Pouilly-sur-SaĂŽne, de MM. Pascli et Cantzler , en SuĂšde , de M. Herman , Ă  Schonebeck , en Prusse , etc. \oici les principaux caractĂšres de l’esprit de bois pur, tel que celui que je vous prĂ©sente. C’est un liquide trĂšs-fluide, incolore, d’une odeur Ă  la fois alcoolique et empyreumatique , d’une saveur piquante et comme poivrĂ©e. Il est plus lĂ©ger que l’eau , et plus volatil que l’esprit de vin, puisqu’il bout Ă  66° 1 / 2 . Il prend feu Ă  l’approche d’une bougie , et brĂ»le avec un flamme d’un blanc bleuĂątre. Il se mĂȘle Ă  l’eau et Ă  l’alcool en toutes proportions. Il dissout les rĂ©sines, et en gĂ©nĂ©ral tous les corps que l’alcool dissout lui-mĂȘme. D’aprĂšs ces propriĂ©tĂ©s , l’esprit de bois peut remplacer l’alcool de vin dans la plupart de ses emplois Industriels ; et, comme il est plus volatil que lui, son emploi, dans la fabrication des vernis, esttout-Ă -fait convenable. En Angleterre, 011 en consomme dĂ©jĂ  beaucoup pour cette application. Dans les laboratoiies des chimistes, on l’utilise avec profit dans l’analyse des substanees vĂ©gĂ©tales , et pour alimenter les lampes Ă  l’esprit de vin. Celui qu ’011 trouve actuellement chez les marchands de produits chimiques , de Paris , marque g5° Ă  l’alcoomĂštre centĂ©simal ; il coĂ»te 4 fr‱ 5o cent, le litre. J’avais pensĂ© que , si la consommation de l’esprit de bois prenait une certaine importance , il serait possible de l’obtenir Ă  un prix trĂšs-modĂ©rĂ© , les fabricants d’acide pyroligneux donnant alors tous leurs soins Ă  le recueillir , et j’espĂ©rais qu’il pourrait, dans ce cas , remplacer avec avantage l’alcool ordinaire pour le flambage des Ă©toffes de coton , comme il le remplace dĂ©jĂ  pour la fabrication des vernis. Pour m’éclairer Ă  ce sujet, j’ai Ă©crit Ă  M. Mollcrat, fabricant d’acide pyroligneux, a Pouilly-sur- SaĂŽne , et voici ce qu’il m’a rĂ©pondu — 470 Dijon , 6 juiNet 1837. » M. J. Gnardin, Ă  Rouen. » J’aurais un grand plaisir, Monsieur, Ă  faire adopter, sous vos auspices, l’esprit de bois pour flamber les Ă©toffes. Mais le prix de l’alcool est trop bas, mĂȘme avec la charge du droit, pour que l’esprit de bois puisse le remplacer. » La quantitĂ© de cette matiĂšre est un produit si faible, qu’il ne peut ĂȘtre vendu qu’à un prix un peu Ă©levĂ© pour qu’il y ait de l’utilitĂ© Ă  le recueillir. Jusqu’à prĂ©sent, il n’y a que l’Angleterre qui puisse le payer ; encore il n’y a qu’un trĂšs-petit avantage Ă  ramasser peu de matiĂšre , avec beaucoup de soins et beaucoup d’appareils prĂ©cieux. » Je tiens, au dĂ©pĂŽt des produits de ma manufacture de Pouilly, chez M. Jouand, rue des Vieilles-Haudriettes, n° 6, Ă  Paris, de l’esprit de bois, Ă  95° de richesse , dans l’intĂ©rĂȘt de la science seulement. » Il faudrait que l’esprit de bois, moins riche que celui que j’ai chez M. Jouand, mais Ă  86°, fĂ»t payĂ© 1 fr. 50 cent, le litre, pour que je puisse le vendre en France, au lieu de l’envoyer en Angleterre. » J’ai l’bonneur d’ĂȘtre, etc. » MoLLERAT. » Il faut donc abandonner, jusqu’à nouvel ordre , 1 idee de faire employer l’esprit de bois dans nos fabriques d’indiennes , pour le flambage des tissus. Plus tard , peut-ĂȘtre f grĂące aux dĂ©couvertes de la science , nos espĂ©rances pourront ĂȘtre rĂ©alisĂ©es. Il m T a semblĂ© utile de vous faire connaĂźtre , Messieurs , un produit trĂšs-curieux par son mode de formation , et dont les propriĂ©tĂ©s remarquables ne manqueront pas de servir utilement / l’industrie. Rouen , i2 juillet 1837. C ©©©©*©£ ©©©©©©©©©©©©© Vous ne bornez pas vos soins , Messieurs, Ă  propager dans le dĂ©partement les bonnes mĂ©thodes de culture, la connaissance des plantes qui peuvent ĂȘtre profitables Ă  l’industrie ou Ă  l’éco- mie domestique, l’emploi des meilleurs instrumens aratoires ou d’horticulture , l’engrais des terres attire aussi votre attention, et vous ne nĂ©gligez aucune occasion d’augmenter la masse de nos richesses Ă  cet Ă©gard. Vous pensez, avec raison, que la prospĂ©ritĂ© et le dĂ©veloppement de notre agriculture sont intimement liĂ©s Ă  l’usage abondant et Ă  la bonne prĂ©paration des diffĂ©rentes substances organiques qui doivent, par leur dĂ©composition spontanĂ©e, ajouter Ă  la fĂ©conditĂ© du sol. L’indispensable nĂ©cessite des engrais commence Ă  ĂȘtre enfin bien apprĂ©ciĂ©e chez nous ; mais nous ne savons pas encore profiter, comme les cultivateurs flamands et anglais , de toutes les circonstances qui peuvent multiplier la somme de ceux qui nous sont utiles. Rien ne doit ĂȘtre perdu 1 Extrait du f>9 cahier des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'agriculture du dĂ©parte* nient de la Seine-InfĂ©rieure , trimestre d’avril 1858; insĂ©rĂ© dans la 2 livraison octobre 183S de la Revue agricole, page 47. — 472 — dans la nature ; c’est une maxime qu’on ne saurait trop rĂ©pĂ©ter aux habitans des campagnes. Ces paroles que je prononçais dans la sĂ©ance publique de 1831, lorsque j’avais l’honneur d’ĂȘtre votre secrĂ©taire de correspondance, j’ai cru devoir les reproduire au dĂ©but d’une communication que j’ai Ă  vous faire, relativement Ă  un engrais liquide qui pourrait rendre de grands services aux cultivateurs de nos environs, et qui, jusqu’à prĂ©sent, est entiĂšrement perdu. Je veux parler des eaux sales qui proviennent des abattoirs de Rouen. Chaque jour les canaux souterrains de ce bel Ă©tablissement reçoivent jusqu’à 36 mille litres d’eau chargĂ©e de sang et de matiĂšres animales en dissolution. Ces eaux, qui sont un embarras pour l’établissement, Ă  cause de la difficultĂ© de les faire Ă©couler promptement Ă  la Seine, le terrain des abattoirs Ă©tant de niveau avec les eaux moyennes de la riviĂšre , ces eaux , dis-je, sont sanguinolentes , un peu troubles , elles exhalent une odeur de matiĂšre animale. Quand on les chauffe, elles se dĂ©colorent , parce que l’albumine qui vient se coaguler Ă  leur surface , entraĂźne avec elle toute la matiĂšre colorante du sang qui Ă©tait en dissolution. Un litre de ces eaux, Ă©vaporĂ© jusqu’à siccitĂ© , m’a donnĂ© un rĂ©sidu pesant 3 grammes ; et, par l’analyse , j’ai reconnu que ces 3 grammes de matiĂšre solide se composent de MatiĂšres organiques, telles que graisse , albumine , matiĂšre colorante du sang, etc. 2 gram. MatiĂšres salines , telles que sulfates et chlorures alcalins, chaux, oxide de fer, etc. 1 3 gram. Par consĂ©quent, dans les 36, litres d’eaux sales qu’on perd chaque jour aux abattoirs, il y a 108 kilogrammes de matiĂšres utiles savoir 72 kilog. de matiĂšres organiques , pouvant agir comme engrais r et 36 de substances salines, pouvant agir comme stimulant. — 473 — Ainsi, chaque semaine, on perd, sans aucun profil pour l’agriculture, 750 kilog. de matiĂšres solides , consistant en 500 kilog. de matiĂšres organiques , et 250 de substances salines. Depuis un an que les abattoirs sont ouverts, jugez quelle masse d’engrais et de stimulons a Ă©tĂ© se perdre dans la riviĂšre ! Vous penserez, sans doute, comme moi, Messieurs, qu’il est temps d’attirer l’attention des cultivateurs de nos environs sur le parti avantageux qu’ils pourraient tirer de ces eaux anima- lisĂ©es , dont l’acquisition ne leur conterait que la peine de les aller chercher ; car l’établissement des abattoirs, loin d’exiger un droit pour leur enlĂšvement, se prĂȘtera avec empressement Ă  tous les moyens qui auront pour rĂ©sultat de le debarrasser, promptement et sans frais, d’une masse de liquide qui le gĂȘne. Chez nous , jusqu’ici, on n’a fait usage que d’engrais solides. Tous les pays, dit le cĂ©lĂšbre professeur Decandolle, dans lesquels on recueille avec soin les engrais liquides, ont reconnu leur utilitĂ©, et les voyageurs qui les parcourent sont frappĂ©s de la beautĂ© gĂ©nĂ©rale de leurs prairies et de leurs autres cultures. La Flandre a, sous ce rapport, une ancienne cĂ©lĂ©britĂ©; les parties de l’Angleterre oĂč ces procĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© introduits en ont reçu un accroissement notable de produits et l’état florissant des prairies de la Suisse allemande, et en particulier des cantons de Zurich, d’Argovie et de Berne , atteste ces vĂ©ritĂ©s de la maniĂšre la plus Ă©vidente. On ne sera pas surpris des rĂ©sultats que l’expĂ©rience donne Ă  cet Ă©gard, si l’on observe, i° que les fumiers ne commencent Ă  servir Ă  la nourriture des plantes que lorsque , par des operations successives , ils sont en grande partie dissous dans l’eau ; 2° que les liquides animaux , tels que les urines , les goĂ»ts des Ă©curies et des lavoirs renferment une grande quantitĂ© de matiĂšres nutritives et de principes excitans. 1 > > 1 Instruction mr l’emploi tics entrai* liquides , rĂ©digĂ©e par le professeur Decandolle , an nom de la SociĂ©tĂ© des Arts de GenĂšve. — 474 — Les engrais liquides qu’on emploie en Flandre et en Angleterre sont i° les Ă©eoulemens des Ă©curies ; 2 ° les urines des habitations ; 3° les eaux grasses des lavoirs et des fabriques qui emploient des matiĂšres animales ou vĂ©gĂ©tales. Ces liquides sont rĂ©pandus, par arrosement, sur 'des terrains couverts de vĂ©gĂ©taux vivans, dans le but d’en augmenter immĂ©diatement l’accroissement ; ou bien on les emploie sur des terres vacantes, dans le but d’y emmagasiner une certaine quantitĂ© de matiĂšres nutritives que les vĂ©gĂ©taux sont destinĂ©s Ă  absorber dans la suite. Dans ce dernier cas, peu importent la richesse de l’engrais et l’époque Ă  laquelle on le rĂ©pand sur la terre. Dans le premier, lorsqu’on arrose les vĂ©gĂ©taux vivans, il est important que l’engrais liquide ne soit pas trop Ăącre ; autrement il brĂ»lerait les plantes, et il faut, en outre, qu’il soit versĂ© en tems convenable , soit relativement Ă  l’ñge des plantes, soit quant Ă  la saison et aux circonstances atmosphĂ©riques. L’eau des abattoirs , en raison de sa nature chimique , rentre dans la classe des engrais qu’on peut rĂ©pandre immĂ©diatement sur les vĂ©gĂ©taux vivans ; elle ne peut les brĂ»ler. Un grand tonneau fixĂ© sur une petite charrette ou sur un banneau , et qu’on remplit Ă  l’aide d’une pompe Ă  bras, suffira pour cet usage. On adapte au robinet du tonneau une caisse peu large, longue d’un mĂštre et percĂ©e de trous dans son fond , pour rĂ©pandre le liquide d’une maniĂšre Ă©galĂ© sur le champ. Il est peu de personnes qui n’aient vu comment se fait l’arrosage des rues et promenades de nos villes ; le procĂ©dĂ© d’arrosage pour l’engrais dont nous parlons sera le meme. Si l’arrosage ne devait avoir lieu que sur une petite Ă©tendue de terrain , comme dans les jardins maraĂźchers, sur des lĂ©gumes, on pourrait encore l’effectuer au moyen d’un tonneau placĂ© sur une brouette et d’un plateau ajustĂ© au bout d’un manche de deux mĂštres de longueur. Les cultivateurs du nord ont une dextĂ©ritĂ© Ă©tonnante pour faire manƓuvrer le plateau ajustĂ© avec le manche en forme de louehet, de maniĂšre Ă  opĂ©rer la plus Ă©gale dispersion — 475 — ilu liquide , qu'ils foui retomber Ă  la volĂ©e comme une pluie. Les petits cultivateurs prĂ©fĂšrent ce second procĂ©dĂ© Ă  celui de traĂźner sur le banneau. L’eau des abattoirs serait encore trĂšs-efficace pour humecter toutes les substances qu’on fait entrer dans la formation des com- pĂŽts ; elle augmenterait la vertu fertilisante de chacune d’elles, et faciliterait la fermentation de celles qui ont besoin d’ĂȘtre dĂ©composĂ©es pour servir Ă  la nutrition des plantes. Cet engrais liquide pourra ĂȘtre rĂ©pandu dans la proportion de 700 Ă  800 hectolitres Ă  l’hectare ; mais si la terre avait dĂ©jĂ  reçu quelque autre engrais, il en faudrait beaucoup moins. En gĂ©nĂ©ral , le mĂ©lange des engrais est toujours prĂ©fĂ©rable ; et celui dont nous parlons sera un puissant auxilliaire de tous les autres. Mes paroles, appuyĂ©es de votre autoritĂ© , Messieurs, seront- elles assez puissantes pour convaincre les cultivateurs delĂ  plaine de Sotteville , et les engager Ă  tirer parti d’un liquide annualise qui devra nĂ©cessairement produire d’excellens rĂ©sultats pour eux ? Je n’ose l’espĂ©rer, en me rappelant le peu de succĂšs que vos recommandations prĂ©cĂ©dentes ont eu Ă  propos d’autres engrais ou stimulans non moins actifs, non moins commodes dans leur emploi , non moins faciles Ă  se procurer. Quel cultivateur du dĂ©partement a imitĂ© les fermiers bretons qui, comme nous vous l’avons appris , utilisent si heureusement le noir animal des raffineries ? Dans quelle localitĂ© du pays a-t-on , Ă  l’imitation des paysans Ă©cossais , essayĂ© l’emploi des os broyĂ©s ? Qui a suivi les conseils de M. Payen , pour utiliser les animaux morts dans nos campagnes ? Quel est celui de nos fermiers qui a adopte les procĂ©dĂ©s des cultivateurs flamands pour recueillir les urines , les matiĂšres excrĂ©mentilielles des animaux et les vidanges des villes 1 .... Il faut bien l’avouer, vos recommandations , vos instructions, vos encouragemens mĂȘme ont Ă©choue devant l’indiffĂ©rence et — 476 — l’apathie de ceux Ă  qui vous vous ĂȘtes adressĂ©s_Ne serait-ce pas le cas d’essayer d’un moyen qui, dans presque toutes les occasions , a merveilleusement rĂ©ussi? Je veux parler des primes en argent dont le gouvernement a su faire un si heureux emploi , pour naturaliser chez nous certaines industries qui, sans cet appĂąt, seraient encore la propriĂ©tĂ© exclusive des peuples rivaux. Si la SociĂ©tĂ© promettait une prime de 5o fr. Ă  chacun des cinq premiers cultivateurs de nos environs qui auraient employĂ©, pendant une annĂ©e , l’engrais liquide des abattoirs, il est Ă  croire que son appel serait entendu. Une fois l’usage adoptĂ© par quelques uns , il est trĂšs-probable que les autres ne tarderaient pas Ă  les imiter , lorsque surtout les bons effets de l’engrais seraient connus de tous. Je dĂ©sire que la SociĂ©tĂ© prenne ma proposition en considĂ©ration, et qu’elle veuille bien consacrer une somme de 25o fr. Ă  populariser, dans nos environs, l’emploi d’un engrais liquide qui continuera Ă  ĂȘtre perdu , au grand prĂ©judice de notre agriculture , si le moyen que j’indique n’est pas adoptĂ©. Rouen, le i5mai i838. Nota. La SociĂ©tĂ© d’Agriculture a adoptĂ© la proposition de JVI. Girardin , et a votĂ© les primes demandĂ©es. ÂŁ> 5 ©©©©©©©©©©©©©©©©©$©©©$©©©©©©©©© NOIE SUR DE L’OSEILLE CUITE DANS UN VASE DE CUIVRE, LUE A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULÀTION DK ROUEN, LE Jer ElivBlEE 18ÏS *. Une dame de Rouen , Madame ***, voulant faire prĂ©parer chez elle sa provision d’oseille cuite, pour l’hiver, employa pour cette opĂ©ration une bassine de cuivre rouge. L’oseille Ă©tait d’un trĂšs- beau vert; mais, chaque fois qu’on en fit usage , elle occasionna des coliques et des purgations. L’annĂ©e suivante , la provision d’oseille fut renouvelĂ©e , mais on se servit, avec intention, pour la cuire , d’un vase de terre ; l’oseille Ă©tait d’une couleur verte moins prononcĂ©e, mais aussi elle n’était point purgative. Cette annĂ©e , la mĂȘme personne fit cuire l’oseille dans la bassine de cuivre, en remuant constamment, pour activer l’évaporation de l’eau; l’aliment offrait une trĂšs-belle teinte verte, mais son usage dĂ©termina, chez ceux qui en mangĂšrent, des accidents assez graves. M. l’abbĂ© Gossier m’envoya, ces jours derniers, un 1 InfĂ©rĂ©e dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre d’Emulation de Rouen , 5* trimestre , annĂ©e 1858 , page 196 , et dans le Journal de pharmacie , tome 24 , page 420 , annĂ©e 1$3S. — 478 — Ă©chantillon de cette oseille , en me priant de l’examiner ; il prĂ©- voyait qu’elle devait renfermer du cuivre, en raison de sa belle couleur et de sa saveur un peu mĂ©tallique. Ses prĂ©visions Ă©taient justes, comme le.* .. 28. Rapport sur l'emploi de la gĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des pauvres et des ouvriers. 143. Rapport sur l'appareil Ă©tabli Ă  l’Hospicc-GĂ©nĂ©ral de Rouen pour l'extraction de la gĂ©latine des os. 191. Rapport sur un cafĂ© avariĂ© par l'eau de mer et livrĂ© Ă  la consommation . 250. Rapport sur une poudre destinĂ©e Ă  remplacer le cafĂ©. 259. Note sur de l'oseille cuite dans un vase de cuivre. 477. g YI. Correspondance . A Monsieur Chevallier, un des rĂ©dacteurs du Journal de chimie mĂ©dicale . 267. A Monsieur Chevallier, un des rĂ©dacteurs du Journal de chimie mĂ©dicale . 269. A Messieurs les rĂ©dacteurs du Journal de pharmacie et des sciences accessoires ...* ‱ 271. DE LA TABLE- DU MÊME AUTEUR. ÉlĂ©incns le MinĂ©ralogie appliquĂ©e aux Science!» chimiques ; ouvrage basĂ© sur la mĂ©thode de M. Berzelius, contenant l’histoire naturelle et mĂ©tallurgique des substances minĂ©rales, leur application Ă  la pharmacie, Ă  la mĂ©decine et Ă  l'Ă©conomie domestique ; suivi d’un PrĂ©cis Ă©lĂ©mentaire de gĂ©ognosie ; par MM. J. Girardin et Lecoq. —1826 -1837. — 2 vol. in-8° brochĂ©s. Prix 14 fr. — Paris. Thomine, libraire-Ă©diteur, rue Saint-Jacques, 38. Nouveau Manuel le Botanique, ou PrĂ©cis ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE VÉGÉTALE, Ă  l’usage deS personnes qui suivent les cours de botanique du Jardin- du-Roi, des FacultĂ©s des Sciences et de MĂ©decine ; ouvrage contenant l’organographie, la physiologie, la taxonomie, et la description des 193 familles naturelles connues ; ornĂ© de douze planches ; par MM. J. Girardin et Jules Juillet. — 1827. — 1 vol. in-18 de plus de 600 pages. Prix 6 fr. — Paris. CompĂšre-Crochard, rue de I’Ecole-de-MĂ©decine, 13. ConsidĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur les Volcans, et examen critique des diverses thĂ©ories qui ont — 488 ÉTÉ SUCCESSIVEMENT PROPOSÉES POUR EXPLIQUER LES phĂ©nomĂšnes volcaniqĂŒes ; par J. Girardin. — Ouvrage prĂ©sentĂ© Ă  l’AcadĂ©mie royale des Sciences , Belles- Lettres et Arts de Rouen, le 20 novembre 1829. — 1 vol. in-8° de 250 pages. Prix 5 fr. — Paris. Crochard, libraire, rue de l’Ecole-de-MĂ©decine , 13. Leçons *le Chimie Ă©lĂ©mentaire, faites le niMANCHE , a l’école municipale de Rouen , par J. Girardin. — DeuxiĂšme Ă©dition. 1 vol. in-8° de 800 pages, ornĂ© de tableaux, de figures et d’échantillons d’indienne. — 1839.—Prix 10 fr.—Rouen. F. Baudry, Ă©diteur, rue des Carmes , 20. lotice biographique sur Edouard Adam, de Rouen. — Brochure in-8° de 32 pages , avec planches. — Rouen. Le Grand , libraire-Ă©diteur. Notice historique sur la vie et les travaux de Dambourney, de Rouen. — Brochure in-8 u de 30 pages. — 1837. — Rouen. Le Grand, libraire- Ă©diteur . Premier MĂ©moire sur les puits artĂ©siens forĂ©s dans le dĂ©partement de la Seine- InfĂ©rieure. — Brochure in-8° de 32 pages, avec planches. 1838. — Rouen. NicĂ©tas Periaux, Ă©diteur. ^aEBBgçagaiifegWf mMSUV, Z $*'+ Vfc* , 11 1 1 I Jtf* , jl ZX s* - ‱' V*' v* sSJK ‱Æ'-'wS b*"5ĂŻ* >'& §Ü*ï»sĂŒ $v ÂŁĂą- x v $»**ÂŁÂŁ '<$V»j v \S. * 'U&+K ‱iV^ĂŻr^v-..^ ! V V. * hf SsSÇi -kĂże?.-. O-W-
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