DescomprimĂ©s d'iodure de potassium 65 mg ont Ă©tĂ© distribuĂ©s pour la premiĂšre fois sur tout le territoire de la ConfĂ©dĂ©ration dans la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990. Dans la zone 1 (rayon d'env. 5 km autour d'une centrale nuclĂ©aire), oĂč quelque 80 000 per-sonnes habitent ou travaillent, la distribution a Ă©tĂ© effectuĂ©e jusqu'au niveau des mĂ©nages et des entreprises.
IIW» sscas 11, 11Ă issSbâStfâ- m'y *^-' [»>y âąy âąâąâą *âą /i, ĂŒ*- ÂŁ4*' > .âą**** ; VV * PTTi , *.'*B L *J* -T-VS 2 O //ĂźidĂ fwfco-tef nuentcĂżea&f e/e &?i 'ou en. DISTRIBUTION DES PRIX POUR LâANNĂE i8l. PRIX Dc-C'/ 'iu*t+Ăc**f DĂ©cernĂ© Ăą M. Odol'y ^ 4 sur le VĂ©suve. La matiĂšre lavique coulait par une ouver- ture situĂ©e Ă environ cent yards au-dessous du cratĂšre ; elle formait un courant de 5 Ă 6 pieds de diamĂštre et tombait brusquement dans uu gouffre dâenviron 4o pieds ; lĂ , elle se perdait dans une sorte de pont de lave refroidie, pour reparaĂźtre 6o Ăč ^o yards plus bas. A la sortie de la bouche ignivome , elle Ă©tait presque dâun rouge blanc, sa surface paraissait dans une grande agitation, de forts bouillonnemens jaillissaient et produisaient , en Ă©clatant, une fumĂ©e blanche ; plus loin , Ă 1 endroit ou elle sortait de dessous le pont, elle nâĂ©tait plus que rouge. Lâincandescence, dit sir H. Davy, 11 e paraissait certainement pas plus vive lorsque la lave Ă©tait exposĂ©e Ă lâair, et elle ne brĂ»lait pas avec plus dâintensitĂ© quand on lâĂ©levait dans lâair, au moyen dâune cuillĂšre de fer. Je mis cependant ce fait Ă 1 abri de toute contestation, en jetant une petite quantitĂ© de lave fondue dans une bouteille de verre, pourvue dâun bouchon usĂ© Ă lâemeri, et contenant au fond du sable silicieux ; je la fermai sur- le-champ , et jâexaminai lâair a mon retour une mesure de cet air, melĂ©e avec une mesure de gaz nitreux, donna exactement le mĂȘme degrĂ© de diminution quâune mesure dâair commun , qui, sur la montagne, avait Ă©tĂ© renfermĂ© dans une autre bouteille. Je jetai sur la surface de la lave du nitre en masse et en poudre. Quand ce sel fut fondu, il y eut une petite augmentation dâintensitĂ© dans lâincandescence de la lave; mais cette augmentation Ă©tait trop lĂ©gĂšre pour quâon pĂ»t lâattribuer Ă une quantitĂ© notable dâune substance combustible pure. En faisant cette expĂ©rience sur une portion de lave ramassĂ©e dans la cuillĂšre , il me parut que le dĂ©gagement de chaleur Ă©tait en partie le rĂ©sultat de la peroxidalion du protoxide de fer, et de la combinaison de 1 alcali du nitre avec la base terreuse de la lave ; car, a lâendroit °n le nitre sâĂ©tait fondu , la couleur avait passĂ© de lâolive au brun. La vĂ©ritĂ© de cette conclusion Ă©tait encore Ă©tablie par cette circonstance , que le chlorate de potasse rĂ©pandu sur la lave nâaugmentait pas son degrĂ© dâincandescence autant que le faisait le nitre. Lorsquâune baguette de bois Ă©tait introduite dans une portion de la lave, de maniĂšre quâelle y laissĂąt un peu de matiĂšre charbonneuse Ă la surface, on voyait le nitre ou le chlorate de potasse rĂ©pandu sur cette matiĂšre lui faire jeter un un grand Ă©clat. De la lave fondue fut versĂ©e dans de lâeau, et une bouteille remplie dâeau placĂ©e au-dessus pour recevoir les gaz qui se dĂ©gageaient. On nâen obtint ainsi quâune trĂšs-petite quantitĂ©, et lâanalyse que jâen fis Ă mon retour me prouva que câĂ©tait de lâair commun, un peu moins pur que lâair qui se dĂ©gage de lâeau par lâĂ©bullition. Un fil de cuivre de â de pouce de diamĂštre et un fil dâargent de yj, introduits dans la lave, prĂšs de sa source, se fondirent instantanĂ©ment. Une baguette de fer de de pouce avec un fil de fer dâenviron ~ de pouce de diamĂštre, ayant Ă©tĂ© tenus pendant cinq minutes dans le remous du courant de lave , ne fondirent pas. Ils ne donnĂšrent aucune odeur perceptible dâhydrogĂšne sulfurĂ© lorsquâils furent soumis Ă lâaction de lâacide muriatique. Un entonnoir de fer- blanc , rempli dâeau froide, fut tenu dans la fumĂ©e qui sâĂ©chappait avec tant dâimpĂ©tuositĂ© de la bouche du cratĂšre Ă travers laquelle la lave coulait. Un fluide sây condensa immĂ©diatement il avait un goĂ»t acide et subastringent ; il ne prĂ©cipitait pas le muriate de baryte, mais trĂšs-abondamment, au contraire , le nitrate dâargent ; il rendait enfin le prussiate triple de potasse dâun bleu intense. Quand le mĂȘme entonnoir fut tenu dans les vapeurs blanches, au-dessus de la lave, Ă lâendroit oĂč elle sâintroduisait sous le pont, aucun fluide ne sây prĂ©cipita ; mais il fut enduit dâune poudre blanche qui avait le goĂ»t et les qualitĂ©s chimiques du sel commun, et câĂ©tait en effet cette substance absolument pure. Une bouteille dâeau contenant environ trois quarts de pinte , ayant un col long et Ă©troit, fut vidĂ©e prĂ©cisĂ©- 1 â 5 â ment dans lâouverture oĂč les vapeurs, pressant la lave, la faisaient sortir. La bouteille fut bouchĂ©e immĂ©diatement aprĂšs. ^ a ' r , examinĂ© Ă mon retour, ne me donna aucune absorption av ec la solution de potasse il ne contenait donc aucune proportion apprĂ©ciable d'acide carbonique. Je trouvai, du reste , quâil Ă©tait composĂ© de g parties dâoxigĂšne et de 91 dâazote. La vapeur qui sâĂ©chappait de lâouverture nâexhalait pas la moindre odeur dâacide sulfureux ; les vapeurs dâacide muriatique nâĂ©taient pas assez fortes pour ĂȘtre dĂ©sagrĂ©ables... De lâargent pur et du platine ayant Ă©tĂ© exposĂ©s Ă lâaction de la lave fondue, ne changĂšrent nullement de couleur. » Ces expĂ©riences, rĂ©pĂ©tĂ©es Ă des Ă©poques diffĂ©rentes , donnĂšrent toujours les mĂȘmes rĂ©sultats. Elles prouvent donc quâau moment oĂč la lave est en contact avec lâair, il ne se manifeste aucun phĂ©nomĂšne de combustion ou dâoxidation , par consĂ©quent que les substances rejetĂ©es par le cratĂšre et qui sont tenues en fusion par la chaleur, sortent dans lâĂ©tat oĂč elles se montrent plus tard lors de leur refroidissement complet. Un autre fait important, câest la connaissance de la nature de ces fumĂ©es blanches qui sortent en si grande quantitĂ© de lâintĂ©rieur de la lave en fusion, et qui diminuent Ă mesure quâelle se refroidit et devient pĂąteuse. Ces fumĂ©es ou vapeurs, quâon croyait formĂ©es en grande partie de vapeur aqueuse, sont composĂ©es le plus ordinairement, comme lâa vu sir H. Davy, de chlorure de sodium , pur ou mĂȘlĂ© de chlorure de fer ; quelquefois avec les sels prĂ©cĂ©dens il y a plus ou moins de sulfate de soude , de sulfate de potasse , de chlorure de potassium, plus rarement de 1 oxide de cuivre. On y avait dĂ©jĂ reconnu des sulfate et hydrochlorate dâammoniaque. Ces sels varient en quantitĂ© les uns par rapport aux autres ; tantĂŽt ils sont seuls, d autrefois ils sont reunis tous ensemble dans les mĂȘmes vapeurs. Ce sont ces vapeurs qui, par leur condensation, forment ces incrustations , ces dĂ©pĂŽts de matiĂšres salines qui sc trouvent Ă lâentour des cratĂšres et des lieux oĂč ont coulĂ© les ruisseaux de laves, ainsi que sur les parois des fissures ou de la croĂ»te du courant refroidi. Les sublimations de chlorure de sodium sont quelquefois si abondantes, que M. Davy trouva , le 6 janvier 1820 , au bord du petit cratĂšre qui vomissait alors de la vapeur dâeau , une masse non aggrĂ©gĂ©e de ce sel, colorĂ© par le chlorure de fer, dans laquelle le pied sâenfoncait Ă quelque profondeur. Dans une cavitĂ© de roches voisines de la bouche qui avait vomi la lave, le 5 dĂ©cembre 181 g, et qui Ă©taient couvertes de substances salines, blanches, jaunes et rougeĂątres , il trouva un grand cristal colorĂ© lĂ©gĂšrement en pourpre câĂ©tait du sel marin mĂȘlĂ© Ă une trĂšs-petite proportion de muriate de cobalt. Câest la premiĂšre fois, Ă ma connaissance, quâon signale lâexistence de ce dernier sel dans les produits des volcans en activitĂ©. Enfin , une troisiĂšme consĂ©quence des expĂ©riences de M. Davy, câest que le soufre nâexiste pas dans les laves, ou du moins ne sây rencontre pas constamment, comme quelques auteurs lâont avancĂ© sans avoir fait aucune recherche relative Ă ce sujet. Nous arrivons Ă la seconde partie du mĂ©moire de sir H. Davy, câest-Ă -dire Ă la partie hypothĂ©tique. Ce chimiste, envisageant que les feux des volcans se prĂ©sentent et cessent avec tous les phĂ©nomĂšnes qui indiquent une action chimique intense , que des phĂ©nomĂšnes dâune telle grandeur exigent lâaction dâune masse immense de matiĂšre, enfin, que les produits qui en rĂ©sultent sont des mĂ©langes dâoxides et de terres dans un Ă©tat de fusion et de vive incandescence, de lâeau et de substances salines, telles que la mer et lâair pourraient en fournir, lâauteur, disons- nous, prĂ©tend que rien nâest plus naturel que de regarder les Ă©ruptions volcaniques comme le rĂ©sultat de lâaction de lâeau de la mer et de lâair sur les mĂ©taux des terres et des alcalis. Pour rĂ©pondre Ă cette objection, que si lâoxidation de ces mĂ©taux Ă©tait la vĂ©ritable cause de ces Ă©ruptions, on devrait trouver quelquefois dans la matiĂšre lavique quelques-uns de ces mĂ©taux jf â 7 â non oxides, et au moins que la combustion devrait sâaugmenter au moment oĂč les matĂ©riaux passent dans lâatmosphĂšre ; il fait observer que tout prouve que le sol sur lequel reposent les vol- c ans renferme dâimmenses cavitĂ©s souterraines, et que câest dans ces cavitĂ©s,oĂč lâair et lâeau de la mer peuvent penetrer sur les substances actives , ? long-tems avant que celles-ci atteignent la surface extĂ©rieure , que sâopĂšrent les rĂ©actions qui donnent naissance aux inflammations volcaniques. Le tonnerre souterrain entendu Ă de si grandes distances sous le VĂ©suve, la dĂ©pendance mutuelle des phĂ©nomĂšnes que prĂ©sentent cette montagne et la solfatare de Pouzzoles, dĂ©pendance qui est telle , que lorsque la premiĂšre est en activitĂ©, lâautre est dans un repos parlait, et vice versa, dĂ©pendance enfin qui ne peut avoir lieu quâĂ lâaide dâune communication souterraine, sont autant de dĂ©monstrations de lâexistence de remplies de substances aĂ©riformes. Quant Ă la communication des eaux de la mer avec le foyer des volcans, elle est Ă©tablie par cette circonstance que presque tous les grands volcans du monde sont peu Ă©loignĂ©s de la mer, et que lorsque le contraire a lieu, comme on le remarque dans lâAmĂ©rique mĂ©ridionale , de grands lacs souterrains se rendent dans leurs abĂźmes , puisque , dâaprĂšs AI. de Humboldt, quelques-uns de ces volcans rejettent des poissons au moment de leurs Ă©ruptions. Telles sont en rĂ©sumĂ© les idĂ©es de sir II. Davy sur un sujet qui a donnĂ© dĂ©jĂ lieu Ă tant de controverses. Nous nous permettrons dâexaminer si ces idĂ©es sont elles-mĂȘmes Ă lâabri de toute objection, si cette thĂ©orie, en un mot, est en rapport avec les faits observĂ©s jusquâici dans ces grandes catastrophes pĂ©riodiques. Tt dâabord, est-il bien dĂ©montrĂ© que la mer communique avec les foyers volcaniques ? De tout tems les naturalistes ont attachĂ© une grande importance Ă cette situation des volcans prĂšs de la mer ou dans les Ăźles. Il est difficile de donner une raison bien satisfaisante de ce fait, et il lâest encore plus de se rendre compte de la maniĂšre dont cette communication peut avoir lieu. Tout atteste que les filtrations de la mer avancent fort peu dans- lâintĂ©rieur des terres, et en gĂ©nĂ©ral, tout ce quâon a dit Ă cet Ă©gard est exagĂ©rĂ©. Sâil Ă©tait vrai, dâailleurs, que cette communication des eaux de la mer avec les volcans fĂ»t une des causes de leurs Ă©ruptions, comment expliquer le repos actuel de certains dâentre eux, quoique toujours placĂ©s dans les mĂȘmes circonstances. Les Ăźles dâischia, de Ponce, de Procida, sont toujours entourĂ©es de la mer ; les bases des cratĂšres dâAverne, de Gauro, dâAstroni, etc., sont encore baignĂ©es par elle, et cependant tous ces lieux ne donnent aujourdâhui aucun signe dâaction. Dira-t-on que les canaux souterrains par lesquels les eaux sâintroduisent dans les abĂźmes volcaniques sont fermĂ©s actuellement , ou que les masses de mĂ©taux alcalins et terreux qui existaient sous ces localitĂ©s diffĂ©rentes sont Ă©puisĂ©es? Il serait plus que dilficile de concevoir de telles raisons. Dâailleurs , un grand nombre de volcans sont situĂ©s dans lâintĂ©rieur des continens ; nous citerons, par exemple, ceux de la chaĂźne des Andes de Quito, le Sanguay, le Pichincha, le Cotopaxi, etc . Quels moyens de communication peut-on supposer Ă des distances de plus de 4° lieues ? Il est vrai quâon supplĂ©e aux eaux de la mer par de grands lacs souterrains dont lâexistence est attestĂ©e par dâimmenses Ă©ruptions boueuses, de grandes inondations, et surtout par ces prennadillas pimelodes cyclopum, qui sont rejetĂ©s quelquefois en quantitĂ© innombrable. Mais bien des circonstances Ă©tablissent que ces lacs nâont aucune communication avec le foyer mĂȘme des Ă©ruptions. Beaucoup de ces poissons sont encore vivans au moment de. leur apparition Ă lâair presque tous dâailleurs sont dans un tel Ă©tat dâintĂ©gritĂ©, malgrĂ© la grande mollesse de leur chair, quâon ne peut admettre quâils aient Ă©tĂ© exposĂ©s Ă lâaction de la chaleur. Les eaux rejetĂ©es avec eux sont ordinairement froides. â 9 â Il est facile dâexpliquer ces faits surprenans, dont nous devons la premiĂšre connaissance Ă M. deHumboldt. Pendant lâintervalle qui sĂ©pare chaque Ă©ruption et cet intervalle est souvent de plus dâun siĂšcle, le cratĂšre de ces volcans se ferme de maniĂšre que le fond offre bientĂŽt une vĂ©ritable plaine , comme cela se prĂ©sente ordinairement au VĂ©suve et sur presque tous les volcans plus rapprochĂ©s de nos observations. Cette plaine se convertit peu de tems aprĂšs en un lac, et cela dâautant plus facilement, que loin dâĂȘtre , comme nos volcans dâEurope , de petites montaâ guĂ©s isolĂ©es , ces volcans forment une chaĂźne non interrompue , de sorte que non seulement les eaux pluviales peuvent se rassembler dans la profonde cavitĂ© des cratĂšres restee froide , mais encore que les autres provenant de rĂ©ceptacles Ă©loignĂ©s peuvent y arriver par des canaux souterrains. Les poissons qui se trouvent dans ces rĂ©ceptacles suivent les eaux dans ce nouveau lac et sây multiplient. Lorsque ces volcans sâenflamment ou quâil se manifeste quelque mouvement intestin dans leurs entrailles, le premier effet qui en rĂ©sulte nĂ©cessairement câest la rupture, le soulĂšvement de la voĂ»te qui ferme le cratĂšre, et la projection au loin de toutes les matiĂšres qui forment cette voĂ»te ; la premiĂšre de toutes qui est alors vomie par le volcan est lâeau du lac, placĂ© immĂ©diatement au-dessus du lieu dâoĂč part lâĂ©ruption. Il reste donc bien probable que cette communication de la mer ou des lacs souterrains avec le foyer des volcans est toutâaâfait chimĂ©rique . Au reste, en lâadmettant, il serait tout aussi difficile dâexpliquer certains faits dans la discussion desquels nous allons entrer. Une des consĂ©quences les plus importantes de lâaction de lâeau sur les mĂ©taux alcalins et terreux serait la production dâune Ă©norme quantitĂ© dâhydrogĂšne et, par suite de la combustion de ce gaz au contact de lâair, le dĂ©gagement par le cratĂšre des volcans dâune masse prodigieuse de vapeurs aqueuses. On remarque, en effet, dans toutes les Ă©ruptions, dâabondantes vapeurs dâeau. Mais on conçoit difficilement que tout lâhydrogĂšne rendu â 10 â libre soit brĂ»lĂ©, car quelque grandes quâon suppose les cavitĂ©s souterraines que sir H. Davy admet sous les montagnes ignivomes , il est plus que probable quâil ne sây trouve pas une quantitĂ© dâair assez considĂ©rable pour operer la combustion du volume Ă©norme dâhydrogĂšne qui a dĂ» se dĂ©gager. Dâailleurs , il est impossible, en supposant que les deux gaz soient dans les proportions convenables , quâune partie de lâhydrogĂšne nâĂ©chappe Ă lâinflammation , entraĂźnĂ©e par les vapeurs aqueuses, les gaz acides et les sublimations salines qui ont lieu dans le mĂȘme moment. DâaprĂšs cela, on devrait trouver parmi les produits aĂ©riformes qui sortent des cratĂšres une quantitĂ© dâhydrogĂšne assez forte , eu Ă©gard aux masses produites. Or, les observations prouvent que le dĂ©gagement de ce gaz est trĂšs-rare dans les Ă©ruptions. On pourrait supposer alors que ce gaz, au moment oĂč il va sortir des abĂźmes volcaniques, se combine avec quelque autre corps combustible. De tous les composĂ©s hydrogĂ©nĂ©s que nous connaissons , on ne remarque dans les lieux volcaniques que des sels ammoniacaux, quelquefois de lâhydrogĂšne sulfurĂ© et toujours de lâacide hydroâ chlorique. Les sels ammoniacaux dont la base proviendrait de la combinaison de lâhydrogĂšne avec lâazote de lâair dĂ©composĂ©, et lâhydrogĂšne sulfurĂ© sont en trop petite quantitĂ© pour quâon puisse calculer sur une grande absorption dâhydrogĂšne par ces composĂ©s. Ce serait donc avec le chlore que la presque totalitĂ© de lâhydrogĂšne sâunirait ; mais alors on serait forcĂ© dâadmettre que les mĂ©taux sont en partie Ă lâĂ©tat de chlorures dans lâintĂ©rieur de la terre , comme dâailleurs quelques chimistes lâont avancĂ©. Dâabord , dans cette supposition, la quantitĂ© dâacide hydrochlorique produit devrait ĂȘtre considĂ©rable. Il nâen est pas ainsi cependant. Tous les naturalistes qui ont observĂ© les phĂ©nomĂšnes volcaniques sur place ont bien reconnu quâau moment des Ă©ruptions il y avait production de cet acide, mais aucun dâeux nâa avancĂ© que ce fĂ»t dans des proportions extraordinaires. En outre, les chlo- _ 11 â rures mĂ©talliques des deux premiĂšres sections, mis en contact avec lâeau Ă une tempĂ©rature Ă©levĂ©e, sây unissent avec force , ma s ne la dĂ©composent pas il nây a que le chlorure de fer qui PrĂ©sente ce fait ; en sorte que dâaprĂšs cela il nây aurait, de tous tas oxides quâon trouve dans les laves, que le fer qui pĂ»t ĂȘtre primitivement Ă lâĂ©tat de chlorure. On trouve dans les environs des bouches enflammĂ©es un assez grand nombre de chlorures mĂ©talliques ces composĂ©s, bien loin de prĂ©exister aux Ă©ruptions , se forment au contraire sous nos yeux par la reaction de 1 acide hydrochlorique libre sur les roches volcaniques. Il est vrai que M. Davy a reconnu, comme nous lâavons dit plus haut, que les fumĂ©es blanches que dĂ©gagent les laves en fusion sont composĂ©es en grande partie de chlorure de sodium et dâun peu de chlorures de potassium et de fer ; mais la quantitĂ© de ces chlorures est si faible par rapport Ă la masse des matiĂšres rejetĂ©es , quâon ne peut supposer quâils existent en proportions bien considĂ©rables dans lâintĂ©rieur des volcans ; dâailleurs ils devraient former la plus grande partie de la matiĂšre lavique, oĂč lâon nâen rencontre que des traces. De cette discussion, il rĂ©sulte quâil est loin dâĂȘtre dĂ©montrĂ© rigoureusement que lâeau joue dans les rĂ©actions volcaniques le rĂŽle que sir H. Davy lui attribue. Une autre consĂ©quence de la thĂ©orie du chimiste anglais , câest que les parties intĂ©rieures du globe auraient une pesanteur spĂ©cifique trĂšs-faible, puisquâon sait, en effet, que les mĂ©taux terreux et alcalins sont gĂ©nĂ©ralement plus lĂ©gers que lâeau. Or, cette grande lĂ©gĂšretĂ© est contraire Ă toutes les opinions et a toutes les expĂ©riences des physiciens, qui sâaccordent gĂ©nĂ©ralement Ă attribuer aux roches internes de notre planĂšte une densitĂ© supĂ©rieure Ă celle des terres et des roches qui composent sa superficie. On peut Ă©tablir, dâaprĂšs les calculs de Clairaut, Boscowich, de Laplace, Maskeline et les expĂ©riences de Cavenâ dish, en prenant un terme moyen, que la densite du noyau interne de la terre , comparĂ©e Ă celle de lâeau, est dans le rapport â 12 â de 5 Ă l ; par consĂ©quent ou ne peut admettre que ce noyau soit formĂ© par des substances dont la pesanteur spĂ©cifique est infĂ©rieure Ă celle de lâeau. DâaprĂšs tous ces faits, tous ces raisonnemens dont nous pourrions encore augmenter la liste, il nous paraĂźt Ă©vident que la thĂ©orie ingĂ©nieuse de sir H. Davy est insuffisante pour lâexplication de ces phĂ©nomĂšnes naturels dont la grandeur et la pĂ©riodicitĂ© ont quelque chose de si surprenant. Les travaux rĂ©cens des gĂ©ologues les plus cĂ©lĂšbres tendent Ă prouver que les phĂ©nomĂšnes volcaniques se rattachent immĂ©diatement Ă lâĂ©tat de fusion et dâincandescence du noyau interne du globe ; aussi leur explication nâoffre-t-elle plus de grandes difficultĂ©s. LâhypothĂšse de la chaleur centrale, contestĂ©e dâabord si vivement par le plus grand nombre des naturalistes, repose maintenant sur un si grand nombre de faits avĂ©rĂ©s , recueillis par des hommes dâopinions si diffĂ©rentes, dans des contrĂ©es si Ă©loignĂ©es les unes des autres et dans des circonstances si variĂ©es , quâil est bien difficile de la combattre aujourdâhui avec succĂšs '. Tel est presque toujours le sort des grandes vĂ©ritĂ©s, tant morales que naturelles aprĂšs avoir provoquĂ© les dĂ©dains , souvent les sarcasmes et les persĂ©cutions de lâesprit de parti caries sciences , malheureusement, nâen sont pas Ă lâabri, elles finissent constamment, mais au bout dâun tems plus ou moins long, par triompher mĂȘme des plus exagĂ©rĂ©s, et souvent, tel qui sâest montrĂ© le plus difficile Ă convaincre , devient un des plus ardens enthousiastes de ce que naguĂšre il repoussait avec tant dâopiniĂątretĂ©. 4 Sir H. Davy , Ă la fin de on mĂ©moire, avoue lui-mĂȘme que cette hypothĂšse a pour elle de grandes probabilitĂ©s. EXTRAIT DâUN MĂMOIRE DE MM. IIENRY FILS ET PLISSON, SUR UN NOUVEAU PROCĂDĂ POUR EXTRAIRE LA MORPHINE DE L'OPIUM, SANS LâEMPLOI DE LâLACOOL . Dans le teins mĂȘme oĂč nous nous occupions du mode dâextraction qui a fait le sujet de cette lecture, M. Girardin, Ă©lĂšve interne de la pharmacie centrale, et dĂ©jĂ connu par plusieur g ouvrages fort estimĂ©s, sâoccupait Ă©galement de recherches semblables aux nĂŽtres. Yoici le procĂ©dĂ© quâil propose pour extraire la morphine, procĂ©dĂ© quâil annonce lui- avoir fourni des produits plus abondans que les moyens suivis jusquâĂ ce jour. » On Ă©puise lâopium du commerce Ă lâaide de 1 eau pure, et, ' Journal de Pharmacie et del Sciences accessoires, t. 14, p. *4G , annĂ©e 1SJS. â 14 â aprĂšs avoir concentrĂ© convenablement les liqueurs, on les prĂ©cipite par un lĂ©ger excĂšs dâammoniaque liquide. Le prĂ©cipitĂ© sĂ©chĂ© est lavĂ© au moyen dâun peu dâalcool faible, puis traitĂ© par lâacide sulfurique jusquâĂ ce que tout soit dissous. On fdtre, on dĂ©compose par lâammoniaque, et lâon traite par lâĂ©ther sulfurique le prĂ©cipitĂ© sĂ©chĂ© prĂ©alablement. Dissous alors dans lâalcool, il donne de la morphine pure, et avec les acides des sels bien cristallisĂ©s. » Ce procĂ©dĂ©, comme on peut le voir, a quelque rapport avec le nĂŽtre, et plus encore avec ceux de MM. Sertuerner et Hottot. En rĂ©pĂ©tant le procĂ©dĂ© indiquĂ© par ce dernier auteur, M. Girar- din, persuadĂ© que le caoutchouc, prĂ©cipitĂ© en premier lieu par une petite quantitĂ© dâammoniaque , devait retenir une certaine proportion de morphine, analysa ce prĂ©tendu caoutchouc, elle trouva composĂ©, sur i oo parties , de narcotine , 4 parties ; morphine, 10 ; matiĂšre rĂ©sineuse et matiĂšre colorante, 86 parties. On perd donc une assez grande proportion de morphine, en suivant le procĂ©dĂ© de M. llottot. » La matiĂšre rĂ©sineuse poisseuse que lâammoniaque prĂ©cipite est Ă peine soluble dans les acides faibles. Cette propriĂ©tĂ© a Ă©tĂ© mise Ă profit par M. Girardin, et par son procĂ©dĂ© on obtient nĂ©cessairement toute la morphine entraĂźnĂ©e par la rĂ©sine que M. llottot rejette comme inutile. Or, comme le procĂ©dĂ© de M. llottot est, de tous ceux suivis jusquâĂ prĂ©sent, celui qui fournit le plus de morphine, on conçoit facilement la supĂ©rioritĂ© de celui indique par M. Girardin. n 9&©S3© &S> ISOTE lĂ»t LE FERROCYANURE ROUGE de potassium *. M. Bcrzelius, dans son ouvrage intitulĂ© de lâAnalyse des corps inorganiques, indique au nombre des reactifs qu on doit employer dans lâexamen des eaux minĂ©rales, un sel dont il nâa pas encore Ă©tĂ© fait mention en France, le fcrrocyanure rouge de potassium. Le traducteur de lâouvrage que je viens de citer donne, dans une note, quelques renseignemens sur ce nouveau produit, et nous apprend que câest Ă M. GmĂ©lin quâon en doit la decouverte. Il a pour caractĂšre principal dâindiquer les sels de fer proloxidĂ© , les prĂ©cipitant en vert ou en bleu, suivant leur proportion dans une liqueur; de ne pas prĂ©cipiter, au contraire, les sels de fer peroxidĂ©, et dâĂȘtre enfin beaucoup plus sensible que le ferrocya- nure de potassium jaune; il forme, en outre, avec plusieurs dissolutions mĂ©talliques, des prĂ©cipitĂ©s tout-Ă -fait diffĂ©rons, pour la couleur, Je ceux obtenus par le moyen du prussiate ordinaire. M. Henry, dĂ©sirant vĂ©rifier des faits aussi curieux, me chargea * Luc Ă l'AcadĂ©mie royale de mĂ©decine, section 14, p» S 0 j 1 annĂ©e 1828 . Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires* â 16 â de prĂ©parer ce sel en assez grande quantitĂ© pour quâon pĂ»t en faire usage dĂ©sormais dansles laboratoires delĂ pharmacie centrale. Jâai donc agi sur 25 o grammes de matiĂšre, et jâai suivi le procĂ©dĂ© donnĂ© par M. Gmelin. Ce procĂ©dĂ© consiste Ă faire passer dans une dissolution de prussiate ferrugineux de potasse un courant de chlore, jusquâĂ ce que la liqueur ne prĂ©cipite plus les sels de fer peroxidĂ©, Ă la filtrer, puis Ă lâabandonner Ă elle-mĂȘme dans un vase Ă parois Ă©levĂ©es. On doit obtenir, par cette Ă©vaporation lente , des aiguilles dâune couleur jaune rougeĂątre et dâun Ă©clat mĂ©tallique ; en dissolvant ces cristaux, et abandonnant de nouveau la liqueur Ă elleâmĂȘme, il doit se dĂ©poser des cristaux transparens, souvent assez volumineux, dâune forme compliquĂ©e et dâune couleur rubis. Suivant le traducteur deM. Berzelius , il ne faut pas beaucoup de chlore pour arriver au point que la dissolution de ferrocyanure de potassium ordinaire ne prĂ©cipite plus les sels de fer au maximum, et il assure quâon voit trĂšs-bien Ă la lueur dâune chandelle quand lâopĂ©ration est terminĂ©e , parce que la liqueur, qui paraĂźt dâabord verdĂątre , devient rouge. En exĂ©cutant le procĂ©dĂ© que je viens dâindiquer, jâai reconnu que lâopĂ©ration Ă©tait beaucoup plus longue que le traducteur anonyme ne lâindique , puisquâen agissant sur 25 o grammes de sel, jâai Ă©tĂ© obligĂ© de soutenir pendant plus de deux heures le courant de chlore ; ensuite, sâil est bien vrai que la dissolution, de jaunĂątre quâelle est, passe au rouge . il nâest pas aussi facile quâil le dit de sâassurer quâelle a acquis cette couleur, car elle prend une teinte si foncĂ©e, quâelle paraĂźt noire, et quâil est presque impossible , mĂȘme en en plaçant une trĂšs- petite quantitĂ© entre lâĆil et la lumiĂšre, de saisir au juste la nuance quâelle a rĂ©ellement. Le meilleur indice que lâopĂ©ration est terminĂ©e , câest lorsque la solution ne prĂ©cipite plus les sels de fer au maximum. En effet, pour peu quâil reste mĂȘlĂ© avec le ferrocyaâ nure rouge un peu de ferrocyanure jaune, la liqueur forme un prĂ©cipitĂ© bleu avec les sels de peroxide de fer. â 17 â LâĂ©vaporation spontanĂ©e de la liqueur ne donne des cristaux quâau bout de plusieurs mois ; il est donc prĂ©fĂ©rable dâĂ©vaporer a Ulle douce chaleur jusquâĂ rĂ©duction des deux tiers, et dâabandonner ensuite au repos dans un lieu lĂ©gĂšrement chauffĂ©. On voit bientĂŽt le sel grimper sur les parois du vase et former des plaques noirĂątres, couvertes en tous sens de petites aiguilles jaunes disposĂ©es en rosaces. Par une seconde cristallisation, on obtient des aiguilles trĂšs-dĂ©liĂ©es , groupĂ©es en houppes ; les unes assez grandes, les autres si petites et si serrĂ©es que lâensemble reprĂ©sente assez bien ces petites masses de bryum qui tapissent certaines pierres. Les aiguilles sont dâune couleur rouge de rubis, transparentes, offrant un Ă©clat trĂšs-vif ; regardĂ©es surtout sous un certain angle de rĂ©flexion , elles prĂ©sentent Ă lâoeil le plus bel effet , et quâune description ne pourrait rendre ; elles mâont paru ĂȘtre des octaĂšdres trĂšs-alongĂ©s. Je nâai pu obtenir, par plusieurs cristallisations , de ces gros cristaux dont parle le traducteur dĂš Y Analyse inorganique. Ce joli sel, dans lequel, suivant M. Berzelius, le fer renferme une fois et demie autant de cyanogĂšne que le ferrocyanure de potassium ordinaire , se dissout, comme je mâen suis assurĂ© , dans deux fois son poids dâeau froide, et dans moins de son poids dâeau bouillante. Il est dit, dans la note dont jâai dĂ©jĂ parlĂ© , que lâeau froide nâen dissout quâun trente-huitiĂšme. Lâalcool Ă 33° ne le dissout pas sensiblement ; aussi lâacool absolu le prĂ©cipite-t-il de sa dissolution aqueuse , sous forme de poudre jaunĂątre. Sa saveur est lĂ©gĂšrement savonneuse ; il est sans action sur le tournesol ; mais il verdit lĂ©gĂšrement le sirop de violettes. Sa dissolution concentrĂ©e, vue eu masse, est presque noire, tant sa couleur est foncĂ©e ; mais en la mettant dans un tube trĂšs-mince et Ă©troit, et regardant Ă travers , elle paraĂźt transparente et d un rouge verdĂątre. IJne trĂšs-petite quantitĂ© colore en vert une assez grande proportion dâeau. Jâai voulu mâassurer de la sensibilitĂ© de ce rĂ©actif pour les sels â 18 â de fer, comparĂ© Ă celle du ferrocyanure jaune, qui, jusquâĂ ce jour, passait pour ĂȘtre le plus certain dans ce cas. Jâai reconnu que le papier imprĂ©gnĂ© de ferrocyanure rouge et sĂ©chĂ© dĂ©cĂšle, dâune maniĂšre trĂšs-sensible, en produisant une teinte verte dans la liqueur, i grain de protosulfate de fer dissous dans 5 kilogrammes dâeau distillĂ©e, tandis que le ferrocyanure jaune nâindique la mĂȘme quantitĂ© de fer que dans i kilogramme dâeau. Le premier fait donc reconnaĂźtre trĂšs-aisĂ©ment de fer proto- xidĂ© , tandis que le second nâen dĂ©montre que , 8 ^ 0O . En outre celui-ci forme les mĂȘmes rĂ©actions avec le peroxide de fer, tandis .que lâautre nâen forme aucun avec ce dernier corps. Le ferrocyanure rouge de potassium est donc un des rĂ©actifs les plus prĂ©cieux, et les chimistes en apprĂ©cieront surtout lâexcellence dans lâanalyse des substances minĂ©rales , des pierres , etc., puisquâils pourront, par son moyen , sâassurer de suite Ă quel Ă©tat dâoxidation se trouve le fer quelles peuvent contenir ; on sait, en effet, que rien nâest plus difficile , dans ce genre dâanalyse, que de dĂ©terminer rigoureusement ce point important, et que jamais on nâest certain de ne pas commettre dâerreur , en fĂ©partissant, Ă lâaide de calculs, lâoxigĂšne sur les diffĂ©rens Ă©lĂ©mens du minĂ©ral. Si la chimie possĂ©dait beaucoup de rĂ©actifs aussi sensibles que le ferrocyanure rouge de potassium et l âacide carbazotique, proposĂ© par M. Liebig pour reconnaĂźtre les sels de potasse, ses progrĂšs seraient encore bien plus rapides, et les rĂ©sultats acquerraient une certitude pour ainsi dire mathĂ©matique. Le teins ne mâa pas encore permis de faire une Ă©tude plus approfondie du sel dont je viens de vous entretenir; mais dĂšs que jâaurai obtenu des rĂ©sultats intĂ©ressans, jâaurai lâhonneur dâen faire part Ă la section. ANALYSE DU DOMITE LĂGER DU PUY-DE-DĂME >. Le nom de domite a Ă©tĂ© donnĂ©, comme on sait, par M. LĂ©opold De Buch, au trachyte terreux, qui forme toute la partie du Puy-de-DĂŽme qui est Ă dĂ©couvert, et qui se retrouve, non seulement sur quelques autres puys de lâAuvergne, mais encore dans diverses localitĂ©s de lâEurope , comme Ă Raubschlossel, prĂšs de Weinheim, dans le Bergstrass, aux Ăźles Ponces, etc. Les caractĂšres de cette roche sont assez connus pour que je me dispense de les reproduire ici il nâen est pas de mĂȘme de sa composition chimique. En effet, Ă lâexception dâune analyse, publiĂ©e par , du domite du grandSarcoujr, dont les caractĂšres sâĂ©loignent de ceux du domite des autres puys felspathiques de lâAuvergne et nâest un fait remarquable que cette roche diffĂšre dans chacun de ses gisemens; analyse qui, par consĂ©quent, ne P eut Pas sâappliquer aux diverses variĂ©tĂ©s de domite, rien n a ete entrepris pour constater la nature des principes constituans de celles-ci. Un travail de ce genre cependant ne serait peut-etre pas 1 ^Kra m .i aamiinj4malesd , jiulll!vr â,atH^'Lra>ll, t. l,p. 417, et par *trait dans \r. Journal de Pharmacie, X. * tv , p. 601 , annĂ©e 1828 J et dans le Bulletin des Sctrnees naturelles et de GĂ©ologie DoFcmssac , t. iv, p. St , n r ' Sh, annĂ©e 162$. sans utilitĂ© pour la gĂ©ognosie ; car, Ă lâaide des rĂ©sultats auxquels il conduirait, on pourrait sans doute arriver Ă la connaissance des agens qui ont agi sur cette roche pendant et aprĂšs sa formation , et qui lui ont fait prendre lâaspect et les propriĂ©tĂ©s quâelle prĂ©sente actuellement. Câest par suite de ces idĂ©es, et Ă la sollicitation de mon ami M. Lecoq, professeur dâhistoire naturelle Ă Clermont-Ferrand, que je me suis livrĂ© Ă des recherches analytiques sur le domite. Mon intention est de soumettre Ă lâexamen les principales variĂ©tĂ©s minĂ©ralogiques et gĂ©ognostiques de cette roche pour le moment, je me borne Ă faire connaĂźtre les rĂ©sultats que jâai obtenus avec le domite blanchĂątre et lĂ©ger du Puy- de-DĂŽme . Ce domite a une couleur blanc sale , tirant sur le jaunĂątre ; des taches rougeĂątres , assez rares, se font remarquer Ă sa surface ; sa texture est grenue ; sa cassure terreuse ; son odeur et sa saveur nulles. LâĂ©chantillon sur lequel jâai opĂ©rĂ© Ă©tait homogĂšne dans toutes ses parties ; sa pĂąte nâĂ©tait entremĂȘlĂ©e dâaucune des substances qui sây montrent ordinairement comme principes accessoires et accidentels. On pouvait donc le regarder comme pur, dans lâacception quâon doit donner Ă ce mot, relativement aux roches adĂ©logĂšnes. AprĂšs mâĂȘtre assurĂ©, par une analyse qualitative, de la composition chimique de cette roche, jâai procĂ©dĂ© Ă la recherche des proportions dans lesquelles se trouvent les diffĂ©rentes substances qui y sont reunies. Je ne donnerai pas les dĂ©tails de lâanalyse approximative ; je me bornerai Ă citer les principes constitutifs de cette pierre ; ce sont La silice. Lâalumine. La chaux. La magnĂ©sie. Lâoxide de fer. Lâoxide de manganĂšse. La potasse. Une matiĂšre organique. Pour constater la prĂ©sence de la matiĂšre organique qui se trouve dans le domite, jâai Ă©tĂ© obligĂ©, vu sa faible proportion, â 21 â dâavoir recours Ă un agent qui, pour lâordinaire, nâest employĂ©- que dans lâanalyse vĂ©gĂ©tale. Jâai traitĂ© le domite pulvĂ©risĂ© , par d e l alcool Ă 36 degrĂ©s, Ă plusieurs reprises. Ce liquide, aprĂšs Vln gt-q ua tre heures dâaction, ne paraissait nullement colorĂ©. Par 1 e vaporation , cependant, il a pris une couleur fauve, et a laisse un rĂ©sidu exlractiforme , dâun jaune brun, ayant une saveur lĂ©gĂšrement amĂšre , et dĂ©gageant, par son contact avec la potasse caustique, une odeur dâammoniaque trĂšs-prononcĂ©e. Ce rĂ©sidu, d ailleurs, Ă©tait en trĂšs-petite quantitĂ©. L absence dâodeur et de saveur dans ce domite, mâindiquait dĂ©jĂ quâil ne renfermait pas, comme celui de Sarcouy , de 1 acide hydrochlorique engagĂ© entre ses interstices ; jâai voulu neanmoins mâen assurer dâune maniĂšre plus positive ; pour cela , jâen ai calcinĂ© une certaine quantitĂ© dans un petit tube de verre , disposĂ© de maniĂšre Ă ce quâon puisse recueillir les matiĂšres volatiles ; il ne sâest dĂ©gagĂ© ni gaz ni liquide acide ; la poudre a pris seulement une lĂ©gĂšre teinte rosĂątre. De lâeau distillĂ©e , mise Ă bouillir sur cette substance pendant quelques minutes, nâavait acquis aucune saveur ; elle Ă©tait sans action sur les couleurs vĂ©gĂ©tales , et ne prĂ©cipitait par aucun rĂ©actif. Ces simples essais ont suffi pour me prouver lâabsence complĂšte dâacide hydrochlorique libre dans le domite du Puy-de-DĂŽme. CalcinĂ© pendant une heure environ, il ne perd pas sensibles ment de son poids. Analyse quantimiioe. Dans une premiĂšre opĂ©ration, jâai cherche le poids ^ terreux et mĂ©talliques, et dans une seconde, c ^ . Cette mĂ©thode , quoiquâun peu plus ^ ; Qn egt blen celle qui consiste Ă ne faire qu une seule op plus certain des rĂ©sultats obtenus. 1. Recherche des oxides terreux et mĂ©talliques. Jâai pris cinq 22 â grammes de domite pulvĂ©risĂ© et sĂ©chĂ© Ă la tempĂ©rature de ioo degrĂ©s , jusquâĂ ce quâil ne perdĂźt plus rien de son poids ; je les ai calcinĂ©s dans un creuset dâargent, avec trente grammes de potasse caustique pure. La matiĂšre fondue a Ă©tĂ© traitĂ©e par lâacide hydrochlorique pur, en faisant usage de tous les soins convenables en pareil cas elle sây est dissoute en totalitĂ©. La dissolution acide a Ă©tĂ© Ă©vaporĂ©e jusquâĂ siccitĂ© sur un feu doux , et dans la crainte que la chaleur nâait Ă©tĂ© portĂ©e trop loin, et de maniĂšre Ă dĂ©composer en partie les hydrochlorates terreux, jâai arrosĂ© la masse dessĂ©chĂ©e avec un peu dâacide hydrochlorique ; puis, aprĂšs quelque tems de contact, jâai traitĂ© par une grande quantitĂ© dâeau distillĂ©e, qui a Ă©tĂ© renouvelĂ©e jusquâĂ ce que la portion insoluble ne parĂ»t plus diminuer sensiblement. Celle-ci, placĂ©e alors sur un filtre de papier Joseph, a dâabord Ă©tĂ© lavĂ©e avec de lâeau distillĂ©e, ensuite avec de lâeau ammoniacale, pour en sĂ©parer le chlorure dâargent qui sây trouvait par suite de la calcination dans un creuset dâargent, puis avec de lâeau distillĂ©e , jusquâĂ ce que celle-ci en sortĂźt insipide, et fĂ»t sans action sur les papiers reactifs. Le filtre fut alors mis Ă sĂ©cher, puis calcinĂ© dans un creuset dâargent pendant plusieurs heures. Le rĂ©sidu Ă©tait blanc, lĂ©ger, insipide, insoluble dans les acides ; câĂ©tait de la silice son poids , dĂ©duction faite des cendres fournies par le filtre dont la quantitĂ© mâĂ©tait connue dâavance par une expĂ©rience faite sur un filtre tirĂ© de la mĂȘme feuille de papier, Ă©quivaut Ă 2 grammes 55o. Les eaux de lavage de la silice, Ă©tant rĂ©unies Ă la solution saline , contenant tous les hydrochlorates, jây ai versĂ© du sous- carbonate de potasse en dissolution jusquâĂ cessation de prĂ©cipitĂ©, et jusquâĂ ce que lâhydrogĂšne sulfurĂ© ne produisĂźt plus rien dans la liqueur. Le prĂ©cipite, sĂ©parĂ© de la liqueur surnageante, lavĂ© , puis sĂ©chĂ©, a Ă©tĂ© mis Ă bouillir avec de la potasse caustique pendant lâespace de i5 Ă 20 minutes, pour en sĂ©parer lâalumine. Au bout de ce tems, jâai filtrĂ©, lavĂ© le rĂ©sidu insoluble , puis saturĂ© â 23 exactement la liqueur alcaline avec lâaeide hydroclilorique. Lâalumine sâest bientĂŽt dĂ©posĂ©e sous forme de poudre blanche, qui, re çue sur un fdtre, lavĂ©e et calcinĂ©e, pesait i gramme 20. Le prĂ©cipitĂ© duquel lâalumine avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e , contenait la c haux, la magnĂ©sie, les oxides de fer et de manganĂšse. Jâai commencĂ© par le calciner ; puis, pour en isoler les deux premiers oxides, je lâai traitĂ© par lâacide acĂ©tique, qui les a dissous sans toucher au fer ni au manganĂšse. Ceux-ci ont Ă©tĂ© lavĂ©s avec soin , et les eaux de lavage rĂ©unies Ă la dissolution acide. Jâai Ă©vaporĂ© celle-ci Ă siccitĂ© , puis jâai transformĂ© les acĂ©tates en sulfates , en les mettant digĂ©rer, Ă une douce chaleur, avec un lĂ©ger excĂšs dâacide sulfurique. Pour avoir ces sulfates de chaux et de magnĂ©sie Ă lâĂ©tat neutre , je les ai calcinĂ©s lĂ©gĂšrement dans un creuset de platine avec une trĂšs-petite quantitĂ© de carbonate dâammoniaque leur poids Ă©tait de 1 gramme 4° âą Afin dâisoler ces deux sels lâun de lâautre, jâai suivi le procĂ©dĂ© indique par M. R. Phillips , câest-Ă -dire que jâai lessivĂ© la masse saline avec une dissolution saturĂ©e de sulfate de chaux, qui a dissous le sulfate de niagnesie, sans toucher au sulfate de chaux. Celui-ci , convenablement dessĂ©chĂ©, pesait o gramme 25, qui, retranchĂ©s de 1 gramme 40 , poids des deux sulfates , laissaient 1 gramme 15 pour le sulfate de magnĂ©sie enlevĂ© par la dissolution de sulfate de chaux. Ces 0,25 de sulfate de chaux reprĂ©sentent 0,1 o3 de chaux caustique, puisque ce sel est formĂ©, sur 100 parties, de 58 ,dâacide, et de 4i,53 de base. Les i,i 5 de sulfate de magnĂ©sie reprĂ©sentent o,3gi de magnĂ©sie pure, 100 parties de ce sel contenant 65,98 dâacide, et 34,02 de base. Pour sĂ©parer le fer du manganĂšse, jâavais Ă choisir entre beaucoup de procĂ©dĂ©s je me suis arrĂȘtĂ© Ă celui que M. Quesne- v ille fils a proposĂ© dans ces derniers tems, et qui a reçu 1 approbation de M. Yauquelin. AprĂšs avoir dissous le mĂ©lange des deux oxides dans de lâacide hydroclilorique pur, et avoir rendu la dissolution aussi neutre que possible, Ă lâaide de lâammoniaque, â 24 â jây versai un excĂšs dâarseniate de potasse, qui occasionna aussitĂŽt la formation dâun prĂ©cipitĂ© jaunĂątre. Ce prĂ©cipitĂ© fut lavĂ© sur un fdtre, puis dessĂ©chĂ© Ă une tempĂ©rature de roo degrĂ©s centigrades; il pesait, dans cet Ă©tat, i,34- La liqueur contenant lâar- seniate de manganĂšse fut traitĂ©e par la potasse caustique, qui en sĂ©para lâoxide de manganĂšse, lequel, lavĂ© et sĂ©chĂ©, pesait o,o32. M. Qucsneville prescrit de calciner lâarseniate de fer, et de compter le rĂ©sidu comme peroxide de fer. Je me suis assurĂ© que, par une calcination mĂȘme trĂšs-prolongĂ©e, lâarseniate de fer nâest pas transformĂ© en totalitĂ© en peroxide. Jâai calcinĂ©, par exemple, ioo parties de ce sel ; elles ont perdu 27 , 5 . La thĂ©orie indiquait 68,84, puisque ces 100 parties sont formĂ©es de 68,84 dâacide et de 3i,l6 de base Tables de Berzelius . Cette partie du procĂ©dĂ© de M. Quesneville est donc fautive. Jâai calculĂ© le peroxide de fer, dâaprĂšs le poids de lâarseniate obtenu. Or, dâaprĂšs la composition citĂ©e plus haut, les 1 ,34 dâarseniate que jâai obtenus reprĂ©sentent 0 , 417 ,544 £»£} ;ÂŁ>{ÂŁ} g 3 ÂŁ $ÂŁÂŁ S ÂŁS} 3>ÂŁ>S} et qui ; comme on lâa trop malheureusement observĂ© dans Quelques hĂŽpitaux de Paris , les conduit presque toujours dans la tombe. Enfin, il est probable que, par la propagation de ces ingĂ©nieuses machines, nous verrions encore cesser chez les artisans dont nous parlons ces maladies si graves connues sous le nom d anĂ©vrismes du cĆur, qui en font pĂ©rir un grand nombre, et dont 1 unique source se trouve encore dans les efforts rĂ©pĂ©tĂ©s des muscles de la poitrine, qui meuvent les bras pendant leur travail, et aussi dans les troubles physiologiques que ce genre dâexercice apporte dans les fonctions de la respiration et de la circulation, qui sont si Ă©troitement liĂ©es. Enfin , une derniĂšre considĂ©ration qui doit surtout fixer 1 attention des maĂźtres boulangers , et qui sans doute fera plus d effet sur eux que celles que nous venons dâexposer relativement Ă leur santĂ© , a trait Ă lâĂ©conomie quâapportera lâemploi des pĂ©trins mĂ©caniques. LâexpĂ©rience dĂ©montre que, par le pĂ©trissage Ă la main , lâouvrier perd deux livres de farine par sac , perte qu il n es t pas en son pouvoir dâempĂȘcher, puisquâil opĂšre son me- lange au milieu dâun air sec et chaud , que les mouvemens qu il ^it sans cesse agitent plus ou moins, ce qui disperse une certaine quantitĂ© de farine sur les corps environnans. Il faut encore tenir compte de la perte qui a lieu sur la pĂąte, soit par dĂ©faut de soins, soit par toute autre cause. Il rĂ©sulte de lĂ une perte totale de deux kilogrammes par sac de farine , perte enorme qui se reproduit continuellement, et qui est entiĂšrement supportĂ©e par le boulanger. Ces donnĂ©es ne sauraient ĂȘtre taxĂ©es d inexactitude ou dâexagĂ©ration de notre part, puisque nous les devons Ă un boulanger q âi, depuis quelque tems, a renoncĂ© Ă lâancienne mĂ©thode pour f ;v i re usa â . \âun pĂ©trin mĂ©canique de Lasgorseix â 42 â Ces considĂ©rations, Messieurs, sont du plus haut intĂ©rĂȘt, et votre commission a cru devoir les exposer avec tout le dĂ©veloppement quâelles nĂ©cessitent. En les livrant aux mĂ©ditations du public, elle espĂšre quâelles produiront les heureux rĂ©sultats quâelle en attend , savoir de vaincre les rĂ©pugnances que manifeste la masse des boulangers pour les pĂ©trins mĂ©caniques, et surtout dâengager les consommateurs Ă exiger de ceux-ci lâemploi de machines qui permettent de prĂ©parer le pain avec plus dâĂ©conomie , de promptitude, de soins et de propretĂ© 1 . Il y a long-tems que lâusage des pĂ©trins mĂ©caniques aurait pu 1 AprĂšs avoir envisagĂ©, sous tous les rapports , les avantages comparatifs des diffĂ©rens pĂ©trins mĂ©caniques et du pĂ©trissage Ă bras, il nous resterait Ă examiner la question la plus intĂ©ressante pour les boulangeries , celle qui est relative a la dĂ©pense premiĂšre quâoccasionnera lâemploi des machines dont nous venons de parler. Malheureusement nous nâavons pas Ă notre disposition tous les Ă©lĂ©mena nĂ©cessaires pour traiter Ă fond ce point important. Nous nous bornerons Ă reproduire ici les prix qui sont indiquĂ©s sur les prospectus des deux compagnies qui sont possesseurs du PĂ©trin et du PĂ©trisseur mĂ©caniques . Dimensions et prix des mĂ©caniques dits Ă la Lasgorseix. Pour 900 Ă 1000 liv. , de pĂąte, y compris les levains. 13 p. 1/3 2000 fr SOO Ă 900 id. id. 12 1/2 1750 700 Ă 800 id. id. 11 1/2 1500 600 Ă 700 id. Ăźd. 10 1/2 1350 500 Ăą 600 id. id. 8 1/2 1200 400 Ă 450 id. id. S 1/2 1000 300 Ă 350 id. id. 7 1/2 800 200 Ăą 250 id. id. 6 » 600 50 Ă 120 id. id. 4 1/2 500 Prix des PĂ©trisseurs de MM. Cavallier } FrĂšre et Compagnie. Pour 1000 liv. de pĂąte Ă la fois. 1800 fr. SOO.. 600. 1200 ISO. 500 Un pĂ©trisseur mĂ©canique , de deux pieds et demi de largeur, dâun pied et demi de profondeur et dâune longueur de six pieds, fabrique 600 livres de pĂąte. On voit, dâaprĂšs ces proportions , que les pĂ©trisseurs occupent beaucoup moins dâespace que les pĂ©trins Ă la Lasgorseix. 11 est Ă dĂ©sirer que les prix de ces utiles machines baissent beaucoup au-dessous de ceux auxquels elles sont cotĂ©es actuellement, autrement il est Ă craindre que bien des boulangers ne reculent devant une mise de fonds qui leur paraĂźtra sans doute trop forte. La concurrence , il est probable , amĂšnera ce rĂ©sultat. Nou6 savons pertinemment que MM. Cavallier et C ia ont dĂ©jĂ livrĂ© plusieurs machines Ă des prix inferieurs Ă ceux qui sont cotes sur leur prospectus. â 43 â ÂŁ l, ' e ai lo P lĂ© , puisque dĂ©jĂ , en 1810, M. Lambert, boulanger de Paris, prĂ©sentait Ă la SociĂ©tĂ© dâencouragement une machine de son invention , propre Ă opĂ©rer le pĂ©trissage , et qui remporta le proposĂ© par cette utile SociĂ©tĂ©. Des expĂ©riences faites Ă P -s, Ă Rouen, Ă Lyon et Ă Amiens, constatĂšrent les avantages lue cette machine simple et ingĂ©nieuse devait apporter dans 1 art du boulanger ; mais les plaintes et les menaces mĂȘme des garçons boulangers en arrĂȘtĂšrent de suite lâemploi. EspĂ©rons que ces arti- sans, mieux Ă©clairĂ©s , ne sâopposeront point aujourd hui a la propagation des nouveaux pĂ©trins mĂ©caniques offerts au public. Le soin de leur santĂ© leur ouvrira sans doute les yeux, et fera taire les injustes prĂ©ventions quâils pourraient nourrir contre toute innovation dans leur art. En terminant ce rapport, dont la longueur est suffisamment motivĂ©e par lâimportance de la question qui y a donnĂ© lieu, votre commission vous propose, Messieurs , par mon organe, de remercier MM. Cavallier, FrĂšre et C e , pour lui avoir procurĂ© lâoccasion de voir fonctionner leur pĂ©trisseur mĂ©canique, d accorder votre approbation Ă lâemploi de cette intĂ©ressante machine, et dâenvoyer Ă ses inventeurs une copie de ce rapport , comme un tĂ©moignage de sa satisfaction. Fait Ă Rouen , le 23 dĂ©cembre 1829. SignĂ© J. Girardin , Rapporteur. Du isuc , PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ© VAgnciillui e. LâabbĂ© Gossier, Chanoine honoraire. Aug. Le Pasquier. PoĂŒCHET , D .-M. La SociĂ©tĂ© dâAgriculturc, considĂ©rant que la question traitĂ©e dans ce rapport rentre essentiellement dans le domaine de ses travaux habituels , et quâelle intĂ©resse au plus haut degrĂ© la population tout entiĂšre, dĂ©cide/Ă lâunanimitĂ©, que le prĂ©sent rapport sera insĂ©rĂ© dans le Bulletin trimestriel de ses travaux, et quâil sera, en outre, imprimĂ© Ă part, Ă ses frais, Ă un assez grand nombre dâexemplaires 1 pour ĂȘtre distribuĂ© aux autoritĂ©s, aux sociĂ©tĂ©s savantes, Ă tous les maires des communes du dĂ©partement , afin de rĂ©pandre promptement dans le public la connaissance des nouveaux procĂ©dĂ©s mĂ©caniques proposĂ©s , dans ces derniers tems, pour la fabricatiou du pain. âą Dobuc , PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ©. Goube , SecrĂ©taire perpĂ©tuel. 1 U co a etc imprimĂ© 800. NOTE SCR LES MOYENS DâEXTRAIRE L ACIDE CITRIQUE DES GROSEILLES Dans les ateliers de teinture et dâimpression sur toiles , on consomme une grande quantitĂ© dâacide citrique. Cette substance est malheureusement dâun prix fort Ă©levĂ©, ce qui provient de ce que n »us sommes obligĂ©s de tirer de lâĂ©tranger, et principalement du midi de lâEurope, les matĂ©riaux desquels on lâextrait. Cette cherte lâacide citrique est la seule cause qui empĂȘche son emploi pour Ce rtaines opĂ©rations dĂ©licates dans lesquelles il prĂ©sente un grand avantage sur les autres acides. Le jus de citron, dont on fait usage habituellement, en place de lâacide citrique pur quâil contient, Ă cause de son plus bas prix , offre tant dâinconvĂ©niens, soit aux fournisseurs, soit aux consommateurs, quâil serait bien a souhai- ter quâon pĂ»t trouver les moyens de ne plus y avoir recours. Non seulement ce suc , qui arrive, dans des tonneaux, du pays oĂč on 1 obtient, est susceptible de sâaltĂ©rer assez fortement par suite de la grande quantitĂ© de mucilage quâil renferme, mais encore il est presque constamment sophistiquĂ© dans le commerce ; ce qui est Luc i 1, SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du departement de la Seine-InfĂ©rieure, le tt 1880 > ' e t Michaux, vulgairement appelĂ© par la plupart des habi- tans des environs de Rouen, gadier, gadelicr, et ses fruits gades et gadelles, est un arbrisseau de un Ă deux mĂštres de hau- teur, droit, multitige et trĂšs-rameux, qui croĂźt naturellement dans l AmĂ©rique borĂ©ale, dans plusieurs contrĂ©es de lâEurope, et notamment dans les vallĂ©es du Jura et des Rasses-Alpes ; il est cul- t>ve maintenant dans presque tous les jardins. Il fleurit en mars, avril ou mai, suivant le climat. La rĂ©colte des fruits se fait en juillet ou en aoĂ»t. Ces fruits sont de petites baies globuleuses, dâun rouge vif ou blanches, disposĂ©es en grappes. La variĂ©tĂ© blanche a des fruits moins acides et plus sucrĂ©s. Ce petit arbrisseau se plaĂźt davantage dans les parties septentrionales de la France; il prospĂšre dans toute espĂšce de sol, exceptĂ© pourtant dans les terres blanches ou trĂšs-calcaires, oĂč il languit et se couvre presque toujours de lichens et de mousses ; il exige peu de soin pour sa culture. Il se multiplie dâĂ©clats de racines, de boutures ou de marcottes. La maniĂšre la plus simple et la plus commode pour le multiplier consiste a dĂ©tacher les hges nouvelles de la souche principale, en mĂ©nageant les racines, et Ă les replanter avec soin. Il est'prudent de commencer cette opĂ©ration dĂšs que les feuilles sont tombĂ©es en automne et dĂšs que le bois est mĂ»r ; leur reprise est plus assurĂ©e que dans * es plantations tardives. Il faut supprimer, chaque annĂ©e, les hois morts et quelque peu de branches inutiles. Les fruits qui viennent sur les jeunes pousses sont plus beaux ; on doit abattre tous les bois vieux de trois ans. Le peu de mots suffit pour montrer combien la culture du groseiller est facile et peu coĂ»teuse. Il devra prospĂ©rer trĂšs-hieu dans toutes les parties de notre dĂ©partement. On pourra le faire â 50 â venir clans tous les terrains incultes, sur le bord des chemins, des fosses, dans les haies, etc. Les cultivateurs qui exploiteront ce genre de culture, dans lâintention de vendre leur rĂ©colte aux fabricans dâacide citrique, devront, de prĂ©fĂ©rence, multiplier le groseiller rouge , puisque, comme nous lâavons dit prĂ©cĂ©demment , les fruits de cette espĂšce sont beaucoup plus acides que ceux de la variĂ©tĂ© blanche. * / NOTE SUR LâINVENTION DE RĂDUIRE LA PAILLE EN FARINE'. Tous les journaux ont annoncĂ©, il y a quelques mois, que le hasard avait fait dĂ©couvrir Ă un meunier du dĂ©partement de la CoteâdâOr le moyen de convertir la paille en une farine dâune assez bonne qualitĂ©. Il paraĂźt que lâantĂ©rioritĂ© de cette dĂ©couverte intĂ©ressante doit ĂȘtre attribuĂ©e Ă M. MaĂźtre, fondateur de 1 Ă©tablissement dâagriculture de Vilotte, prĂšs ChĂątillon. Depuis an an, cet babile agronome a reconnu la possibilitĂ© de rĂ©duire en farine, non seulement la paille de blĂ© et celle des autres grains, mais encore le foin et les tiges de trĂšfle, de luzerne, de sainfoin, etc. Il emploie la farine qui provient de ces dernieres plantes Ă la nourriture des brebis et des agneaux. M. MaĂźtre fait achever, en ce moment, au centre de ses bergeries, une usine qui sera uniquement consacrĂ©e Ă cette nouvelle industrie- InsĂ©rĂ© dans l 'Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale dâAgriculture du dĂ©partement de l ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© ANALYSE dâun CERCUEIL ROMAIN EN PLOMB On a dĂ©couvert Ă Rouen , dans la rue Saint-Gervais, un cercueil romain en plomb , qui a cinq pieds de longueur sur treize pouces et demi de largeur et onze pouces et demi de hauteur. Il Ă©tait Ă trois pieds et demi de profondeur, et avait la tĂšte tournĂ©e an Nord. On a trouvĂ© dans ce cercueil deux petites mĂ©dailles de TĂ©tricus ce qui ferait remonter lâinhumation Ă la deuxiĂšme moitiĂ© du in e siĂšcle de notre Ăšre, les ossemens dâun mort et les dĂ©bris de deux petits gobelets en verre blanc, ciselĂ©s sur la panse ; 1 un Ă©tait placĂ© auprĂšs de la tĂȘte, lâautre entre les os des cuisses. En examinant les os et le peu de grandeur du cercueil, il y a lieu de croire que ce tombeau Ă©tait celui dâune femme, ĂągĂ©e dâenviron quatre-vingts ans. Le mĂ©tal qui formait ce cercueil, ayant Ă©tĂ© dĂ©gagĂ© de la croĂ»te blanche terreuse qui en recouvrait les deux faces , a ete analyse parles procĂ©dĂ©s connus. Il a Ă©tĂ© trouvĂ© composĂ©, sur cent parties cn P°ßds, de Plomb. W> 90 Etain. 100,00 Revue Normande , 1er vol. â 1S51 , p. 487 et 648. ©S©©©©©© NOTE SUR UN FAIT DE MĂDECINE LĂGALE, PAR MM. MORIN ET GIRARDIN ChargĂ©s par M. le juge dâinstruction de Rouen de procĂ©der Ă lâexamen chimique des matiĂšres contenues dans lâestomac et les intestins dâun homme mort subitement dans la nuit du 1 3 au i4 juillet i83o, avec des circonstances qui pouvaient faire croire Ă un empoisonnement, nous expĂ©rimentĂąmes avec le soin le plus minutieux, non seulement sur les matiĂšres contenues dans les viscĂšres, mais encore sur ces viscĂšres eux-mĂȘmes. Nous ne pĂ»mes dĂ©couvrir aucune trace de poison, soit de nature minĂ©rale, soit de nature vĂ©gĂ©tale ; aussi les conclusions de notre rapport furent- elles que lâhomme, dont la mort subite avait Ă©veillĂ© les soupçons de lâautoritĂ©, nâavait point Ă©tĂ© empoisonnĂ©. En faisant des expĂ©riences pour rechercher dans les matiĂšres suspectes la prĂ©sence de lâarsenic, ou plutĂŽt de ses prĂ©parations, nous eĂ»mes lâoccasion de constater un fait assez curieux, et qui, au premier abord, nous causa quelque embarras. 1 Lue Ă la SociĂ©tĂ© de mĂ©decine de Rouen, en dĂ©cembre 1830. InsĂ©rĂ©e dans le Journal de Chimie mĂ©dicale > t. vi . p. 818, annĂ©e 4830 , et dans la Revue Normande, publiĂ©e par >1. De Caumonl, U* volnmr, -Ăźr partie, janvier 1831, p. 1S7. â 55 â ^ OUs avions Ă©vaporĂ© jusquâĂ siccitĂ© une portion des matiĂšres P°ur la projeter dans du nitrate de potasse tenu en fusion. Le verre c °ule sur un marbre, puis dissous dans lâeau distillĂ©e. La li- ^ Ueur Ăź prĂ©alablement rendue neutre et essayĂ©e par le nitrate dâar- b en t et les autres rĂ©actifs qui servent Ă dĂ©celer la prĂ©sence des al> seniates, donna des rĂ©sultats nĂ©gatifs. Le sulfate de cuivre seul Se com {>orta avec elle dâune maniĂšre insolite ; il produisit un prĂ©- Cl pitĂ© assez abondant, dâun trĂšs-beau vert, tout-Ă -fait semblable au vert de SchĂšele arsenite de cuivre. Un pareil rĂ©sultat devait nous surprendre Ă©trangement, puisque nous avions acquis la preuve, par les autres rĂ©actifs , que la liqueur ne contenait pas un atome de prĂ©paration arsenicale. Mais, en admettant lâinfidĂ©litĂ© de ces premiers rĂ©actifs , et la plus grande sensibilitĂ© du sulfate de cuivre, on aurait dĂ» obtenir un prĂ©cipitĂ© dâun bleu pĂąle, et non vert ; car, par le procĂ©dĂ© de fusion avec le nitre, il ne pouvait y avoir dans la liqueur que de lâarseniate, et non de 1 arsenite de potasse. Le prĂ©cipite vert disparaissait presque complĂštement par lâaddition d une grande quantitĂ© dâeau ; chauffĂ© sur les charbons ar- dens, il ne rĂ©pandait aucune vapeur blanche, nâexhalait aucune odeur alliacĂ©e ce nâĂ©tait donc pas du vert de SchĂšele. Il importait de reconnaĂźtre sa nature et les circonstances qui avaient donnĂ© lieu Ă sa formation, Ă cause de cette grande resâ ser nblance avec lâarsenite de cuivre. La premiĂšre chose Ă faire Ă©tait de nous assurer de la puretĂ© de nos rĂ©actifs. Le sulfate de cuivre employĂ© Ă©tait parfaitement pur ; quant au nitrate de potasse il t'enfermait une quantitĂ© assez notable de chlorure. Ayant mĂȘlĂ© es solutions de ces deux sels, le prĂ©cipitĂ© vert se produisit comme prĂ©cĂ©demment. En employant du sel de nitre provenant dâun aUtre laboratoire, et qui ne renfermait pas de chlorure, il nây eut aucun prĂ©cipitĂ© ; mais en ajoutant Ă la solution de ce nitrate pur " ne eertaine proportion de chlorure de potassium ou de sodium, 1 instant il acquĂ©rait la propriĂ©tĂ© de former un prĂ©cipitĂ© vert avec le sulfate de cuivre. Ces essais nous Ă©clairĂšrent aussitĂŽj sur la nature de ce prĂ©cipitĂ© ; ce devait ĂȘtre du deutochlorure de cuivre. Lâanalyse confirma nos prĂ©visions. On sait, en effet, que ce sel donne une dissolution verte. Mais pourquoi, puisque ce sel est trĂšsâsoluble, se prĂ©sentait-il, dans nos expĂ©riences, sous la forme de flocons , et se dĂ©posait-il promptement Ă la maniĂšre dâun sel insoluble? Nous expliquons ce fait par la concentration des liqueurs dont nous nous servions 1 . Le sel de nitre dont nous avions dâabord fait usage , et qui contenait du chlorure de sodium, provenait du laboratoire de lâĂ©cole de chimie. Il Ă©tait en cristaux prismatiques blancs, et prĂ©sentait, en un mot, tous les autres caractĂšres physiques du salpĂȘtre bien raffinĂ©. Divers Ă©chantillons de ce sel, pris dans dâautres laboratoires et chez des droguistes, ne nous offrirent aucune trace de chlorure ; aussi ne prĂ©cipitaient-ils pas en vert par les sels de cuivre. Puisque les sels de nitre raffinĂ©s du commerce contiennent quelquefois tant de chlorure de sodium, comme on vient de le voir, il importe aux chimistes et aux pharmaciens qui peuvent remplir les fonctions dâexperts dans les affaires mĂ©dico-lĂ©gales, de ne les employer qnâaprĂšs les avoir essayĂ©s , surtout lorsquâil sâagira de rechercher la prĂ©sence de lâarsenic dans des matiĂšres suspectes. Il serait mĂȘme prĂ©fĂ©rable , pour Ă©viter toute erreur, de prĂ©parer, pour les expĂ©riences de ce genre, du nitrate de potasse de toutes piĂšces, en faisant usage de potasse Ă lâalcool bien pure, et dâacide nitrique rectifie. Nous avons pense que la connaissance du fait curieux que nous 1 M. Guibourt sâest trompĂ© en avançant, dans une note qu'il a placĂ©e Ă la suite de notre observation Journal de chimie mĂ©dicale, t. 6 , que ce prĂ©cipitĂ© Ă©tait dĂ» non seulement Ă la prĂ©sence du chlorure de sodium dans le nitre et Ă la concentration des liqueurs, .mais encore au carbonate alcalin provenant de lâaction de la matiĂšre organique sur le nitrate. Il ne sâest pas rappelĂ©, en rĂ©digeant sa note, que nous avions pris le soin de rendre notre liqueur aussi neutre que possible, avant dây ajouter du cuivre , et que, par consĂ©quent, elle ne pouvait rrnfermer le carbonate alcalin. â 57 â 1 110115 rapporter, pourrait intĂ©resser toutes les personnes qui CCU P ent de mĂ©decine lĂ©gale. Il fera sentir la nĂ©cessitĂ© dâap- . er imiq Ue . Jâacceptai la proposition de lâautoritĂ© municipale avec ^ autant plus de plaisir, que, depuis long-tems, je cherchai» 1 occasion de mâassurer si.', comme on le pense generalement, les cloches anciennes renferment des mĂ©taux prĂ©cieux, mĂ©taux l u i auraient Ă©tĂ© ajoutĂ©s par les fondeurs, dans lâintention d embellir leur son. M. Deleau, architecte ordinaire delĂ ville, eut la complaisance de me conduire au beffroi de la Grosse-Horloge , et de mettre Ă ina disposition plusieurs grammes du mĂ©tal quâil fit enlever aux parois de ce grand corps sonore. Je fus accompagnĂ©, dans cette visite au beffroi, par nos honorables confrĂšres MM. Licquet, Auguste Le PrĂ©vost et Ballin. Ce dernier acadĂ©micien vous a rendu eompte S dans la sĂ©ance du 23 avril i83o , des rĂ©sultats de cette exploration archĂ©ologique, qui lui a fourni 1 occasion de relever, avec exactitude , lâinscription du bas de 1 escalier de ce beffroi, que les historiens de la ville de Rouen u ont rapportĂ©e quâimparfaitement, et celle de la cloche dâargent fiui paraĂźt nâavoir Ă©tĂ© citĂ©e par aucun dâeux. DâaprĂšs lâinscription qui se voit sur le listel de cette cloche, il est bien Ă©vident aujourdâhui que celle-ci nâest pas la mĂȘme que la cloche nommĂ©e Rembol, dont Charles YI gratifia deux de ses panetiers, pour punir les Rouennais dâune insurrection qui Ă©clata en 1 3go. H en rĂ©sulte que toutes les hypothĂšses qu on a successivement Ă©mises sur lâorigine du nom de cloche tfaigent, hypothĂšses faites dans lâopinion que notre cloche actuelle est le Rembol de cette Ă©poque, sont sans aucun fondement 1 . f'oir, Ă 1, page 3SS d â p rĂ©cis de lg5 0, lâanaljse du travail de M. Ballin , qui a mi. â»'* de tonte discussion a de savoir si la cloche dite argent est lâancienne 'â"me qorlq,,,, lms lc pr ,'tendaient. 11 a ividemment ^ue cette ancienne cloche â 60 Quoi quâil en soit, voici les dimensions de cette cloche. Je dois ces renseignement, ainsi que la figure que jâai lâhonneur de mettre sous vos yeux, Ă lâobligeance de M. Deleau. Elle a trois pieds trois pouces de hauteur Ă partir de lâouverture infĂ©rieure jusquâĂ la naissance des anses qui surmontent le cerveau ou partie supĂ©rieure. Sa plus grande largeur est de quatre pieds. Le cerveau a un diamĂštre intĂ©rieur de deux pieds quatre pouces six lignes. Les parois , dont lâĂ©paisseur est de trois pouces trois lignes Ă lâouverture infĂ©rieure, rĂ©gion oĂč frappe le battant, nâont plus quâun pouce une ligne au cerveau. Son battant a deux pieds onze pouces de longueur ; il est en fer, et suspendu Ă une forte laniĂšre en cuir. n'existe plus , et que celle qui est actuellement dans le beffroi te nomme le Rouçel, nom quâelle porte inscrit en toutes lettres sur le listel. Voici , au reste , cette inscription , telle que M. Ballin lâa dĂ©couverte et nous lâa communiquĂ©e Inscription, sur une plaque de cuivre, placĂ©e au-dessus de la porte du bas de Vescalier du beffroi de la GrosseâHorloge Ă Rouen. ce qui me dispense dâentrer dans aucun dĂ©tail Ă cet egard , je nâai reconnu dans cet alliage que du cuivre, de VĂ©tain , dans des proportions trĂšs-rapprochĂ©es de celles du mĂ©tal des cloches actuelles, plus un peu de zinc et de fer. Voici, au reste, les rĂ©sultats numĂ©riques de mon analyse. Sur cent parties en poids, le mĂ©tal de la cloche d argent se compose de Cuivre.. . .. Etain. 26 Zinc. 1 > 80 Fer. W 100,00 Les cloches françaises modernes sont gĂ©nĂ©ralement formĂ©es dâun alliage composĂ© de Cuivre. 78 Ătain. 22 Parfois on y trouve des mĂ©taux Ă©trangers, tels que fer, zinc, plomh, etc., en quantitĂ©s variables. Ces mĂ©taux nâont d autre objet reconnu que celui de diminuer le prix de 1 alliage , c est Ă âdire dâaugmenter les bĂ©nĂ©fices des fondeurs. On voit, par cette comparaison, quâil nây a pas une tres-grande diffĂ©rence, sous le rapport de la nature chimique , entre la cloche du Beffroi de Rouen et les cloches modernes. Le fer et le zinc que jâai trouvĂ©s dans la premiĂšre sont en si faible proportion , fu on doit les considĂ©rer comme accidentels Ă sa composition. â 62 â Ils proviennent, sans aucun doute, du cuivre dont le fondeur a fait usage ; car le cuivre du commerce est rarement exempt de ces deux mĂ©taux. On ne peut supposer que le zinc ait Ă©tĂ© ajoutĂ© Ă dessein, puisque ce mĂ©tal a Ă©tĂ© indiquĂ© pour la premiĂšre fois par Paracelse, qui mourut en i54i , et que la cloche du Beffroi paraĂźt ĂȘtre bien antĂ©rieure Ă cette Ă©poque. Dâailleurs, ce nâest guĂšre que depuis un siĂšcle que le zinc est devenu trĂšsâcommun et quâon a commencĂ© Ă lâemployer dans les arts. Dâun autre cĂŽtĂ©, on sait que le cuivre gris, une des espĂšces minĂ©ralogiques du cuivre le plus abondamment rĂ©pandues et exploitĂ©es, est toujours accompagnĂ© de sulfure de zinc, et que presque toutes' les autres espĂšces de la mĂȘme famille sont mĂ©langĂ©es de sulfure de fer, notamment le cuivre pyriteux, qui est une combinaison, Ă proportions Ă©gales , de sulfure de cuivre et de sulfure de fer. U nâest donc pas Ă©tonnant que le cuivre du commerce renferme ordinairement de petites quantitĂ©s de ces deux mĂ©taux Ă©trangers , et que , par suite on en trouve dans les objets fabriquĂ©s avec le premier. La cloche du Beffroi, dâaprĂšs mon analyse , ne contient donc pas un seul atome dâargent, et il est trĂšs-vraisemblable que les autres cloches coulĂ©es Ă cette Ă©poque et antĂ©rieurement nâen renferment pas davantage. Cependant, il est bien constant que , lors de la fonte de ces corps sonores, on introduisait une assez grande quantitĂ© de ce mĂ©tal prĂ©cieux dans le bain, dans lâintention de leur communiquer un son clair et pur ; et cette croyance, sur lâutilitĂ© de lâargent dans cette circonstance , sâest perpĂ©tuĂ©e jusquâĂ nos jours, car elle fait encore partie de ces nombreux prĂ©jugĂ©s qui circulent dans tous les rangs de la sociĂ©tĂ©. Comment se fait-il donc que lâanalyse chimique ne nous dĂ©montre pas plus de traces dâargent dans les cloches anciennes, oĂč lâon en ajoutait, que dans les cloches modernes oĂč lâon nâen met pas ? La cause de cette singularitĂ© doit exciter vivement votre curiositĂ©, Messieurs; lâexplication que je vais en donner, Va la satisfaire complĂštement, tout en taisant naĂźtre votre admiration pour lâadresse merveilleuse des fondeurs de cette Ă©poque. V°us connaissez tous, Messieurs, lâancien usage de bĂ©nir les c l°ches et de leur donner un parrain. Alors, comme aujourdâhui, ^ es personnes de haut rang ou distinguĂ©es par leur piĂ©tĂ©, recherchaient avec empressement lâhonneur de tenir les cloches sur les fonts baptismaux; mais, non contentes de cette distinction, elles voulaient donner des marques de leur gĂ©nĂ©rositĂ© ou de leur dĂ©votion , en offrant Ă la paroisse la quantitĂ© dâargent nĂ©cessaire Ă embellir, comme on le croyait et comme le faisaient entendre les fondeurs, le son de la cloche. Toutes les dames de lâendroit sâempressaient de sâassocier Ă cette Ćuvre de vanitĂ© plutĂŽt que de vraie dĂ©votion, en ajoutant quelques piĂšces de leur argenterie ; çn sorte que , souvent, une immense quantitĂ© dâargent travaillĂ© Ă©tait apportĂ© dans lâatelier oĂč devait sâopĂ©rer la fonte de lâalliage. Les donateurs et parrains Ă©taient invitĂ©s Ă plonger dans le lour, et de leurs propres mains, lâargent quâils consacraient Ă cette opĂ©ration ; nĂ©anmoins , malgrĂ© la publicitĂ© donnĂ©e Ă la fonte des cloches, il ne sây trouvait pas plus dâargent aprĂšs leur confection quâil nây en avait dans les mĂ©taux employĂ©s par les fondeurs. Voici comment ces derniers , tout aussi habiles que leurs successeurs , savaient profiter dâune erreur qui les enrichissait. Le trou ouvert sur le haut du fourneau, et destinĂ© Ă lâintroduction de lâargent, Ă©tait pratiquĂ© directement au-dessus du foyer, et cette partie du fourneau Ă rĂ©verbĂšre, comme le savent toutes les personnes qui ont visitĂ© les ateliers dans lesquels on travaille les mĂ©taux, est sĂ©parĂ©e de la sole du four sur laquelle les matiĂšres sont mises en fusion. Il rĂ©sultait de la disposition de ce trou, qui servait aussi Ă lâintroduction du combustible, que la totalitĂ© de lâargent que lâon y projetait, au lieu dâĂȘtre introduite dans le bain de bronze liquĂ©fiĂ©, tombait directement dans le foyer, coulait et allait ensuite se rassembler dans le fond du cendrier, dâoĂč â 64 â le fondeur sâempressait de le retirer une fois la eĂ©rĂ©monie terminĂ©e et lâatelier dĂ©sert. Tous voyez, Messieurs , que les fondeurs anciens, plus instruits et plus fins que leurs concitoyens, savaient exploiter adroitement leur crĂ©dulitĂ©, et mettaient en pratique ce vieil adage qui sera sans doute applicable Ă tous les tems Vulgus vult decipi, decipiatur ! Il nâest donc pas Ă©tonnant que les clocbes anciennes nâoffrent pas plus dâargent dans leur composition que celles fabriquĂ©es de nos jours. Leur timbre, quoi quâon en dise, nâest pas plus beau que celui de ces derniĂšres, et si quelquâun avait quelques droits de se plaindre de lâabolition dâune coutume aussi inutile que coĂ»teuse , ce ne serait assurĂ©ment que les fondeurs de notre epoque. Pour en revenir Ă notre cloche dâargent, je ne crois pas que la petite diffĂ©rence quâelle prĂ©sente, dans les rapports du cuivre et de lâĂ©tain avec les autres cloches , influe sur la nature du son clair et retentissant quâelle rĂ©pand. Celui-ci doit tenir plus vraisemblablement Ă sa forme et Ă lâĂ©tat dâhomogĂ©nĂ©itĂ© de ses parties. Le surnom de cloche dâargent donnĂ© au Rouvel renfermĂ© dans le Beffroi, a fait naĂźtre bien des suppositions plus ou moins hasardĂ©es, et il embarrasse encore beaucoup nos antiquaires. Notre estimable confrĂšre M. Ballin dit, dans sa notice que je vous ai rappelee en commençant, quâon peut lâattribuer, soit au son argentin quâil rend lorsquâon le met en volĂ©e, soit Ă quelque circonstance analogue Ă celle qui a fait appeler tour de beurre lâune des tours de la CathĂ©drale. Cette derniĂšre hypothĂšse est plus vraisemblable que la premiĂšre ; mais ne pourrait-on pas trouver lâorigine de cette dĂ©nomination dans ce qui a pu se passer au moment de la fabrication de cette cloche ? Un tocsin , destinĂ©, comme le Rouvel, Ă servir dans toutes les circonstances solennelles, a dĂ» ĂȘtre fondu et coulĂ© avec une grande pompe. Les â 65 â bourgeois les plus distinguĂ©s de la ville ont dĂ» briguer lâhonneur de contribuer Ă la beautĂ© de sou timbre ; et si, lors de la fonte des cloches ordinaires de paroisse, les parrains et les fidĂšles faisaient don de grosses sommes dâargent, il est permis de sup- P°ser, avec q ue lq lie apparence de raison, que les prĂ©sens offerts a X Ă©cfievins de la ville pour embellir le son du JĂŻaiivel, ont Ă©tĂ© magnifiques et considĂ©rables. Ne serait-ce pas alors Ă cause de cette grande quantitĂ© dâargent quâon supposait avoir entre dans ha prĂ©paration de lâalliage, tandis quâil passait dans la cassette du tondeur, que le nom de cloche dâargent aura Ă©tĂ© donne a ce grand corps sonore ? Cette opinion ne me semble pas denuee de toute vraisemblance cependant , Messieurs , je la soumets a votre sagacitĂ© , et ne la soutiens quâavec la dĂ©fiance que mon peu de lumiĂšres en fait dâarchĂ©ologie doit mâinspirer. NOTE SUR LE NOIR ANIMAL PROVENANT DES RAFFINERIES, CONSIDĂRĂ COMME ENGRAIS \ Depuis quelques annĂ©es, on a introduit dans les campagnes lâemploi dâun nouvel engrais, le charbon animal provenant des raffineries. Les uns ont vantĂ© avec engouement sa grande Ă©nergie ; dâautres lâont dĂ©prĂ©ciĂ© avec autant de chaleur ; et les uns et les autres, appuyĂ©s par lâexpĂ©rience, avaient raison. Il est facile dâexpliquer cette dissidence dâopinions. Il en est du noir animal comme de tous les amendemens et stimulans usitĂ©s en agriculture ; chacun dâeux, Ă©minemment utile sur certains sols, est sur dâautres nuisible ou au moins dâun effet nul ; favorable Ă certaines plantes, il produit lâeffet contraire sur dâautres. Le tout est de reconnaĂźtre les circonstances dans lesquelles il peut agir de la maniĂšre la plus avantageuse. Or, câest ce quâon nâa pas fait Ă lâĂ©gard du noir animal. Au moment oĂč lâon vint Ă prĂ©coniser son emploi, on voulut sâen servir dans tous les cas possibles ; de lĂ 1 Lue Ă la SociĂ©tĂ© centrale dâAgviculture du dĂ©partement de fa Seine-Infcrietire, le 24 fĂ©vrier 1831. InsĂ©rĂ© dans Y Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© d'Agriculture , t. G , p. 211. â 67 â vinrent ces rĂ©ussites et ces dĂ©sappointemens annoncĂ©s avec grand hruit de tous cĂŽtĂ©s. ^ e XpĂ©rience a dĂ©montrĂ©, plus tard, que câest surtout sur les terres froides ou argileuses que lâemploi du noir animal est utile, et que câest principalement sur les plantes qui admettent lâazote dans leur composition, telles que les colzas et autres crucifĂšres, qu il produit les effets les plus avantageux. Le charbon animal, en imprimant une activitĂ© extraordinaire au premier dĂ©veloppement de ces plantes , les soustrait aux ravages des insectes , qui dĂ©vorent les semis et forcent souvent Ă les recommencer plusieurs fois. Cette activitĂ© se prolonge pendant tout le cours delĂ vĂ©gĂ©tation, et les produits quâon obtient sont plus beaux et beaucoup plus abondans que lorsquâon nâemploie pas ce stimulant Ă©nergique. Le noir animal nâagit cependant pas toujours de la mĂȘme maniĂšre, alors mĂȘme quâon lâemploie dans les mĂȘmes sols et dans des circonstances Ă©gales. Les autres engrais ou stimulans, dâailleurs, offrent la mĂȘme anomalie. Il faut en chercher la cause dans la nature mĂȘme de lâengrais, qui peut varier et lui donner par suite des propriĂ©tĂ©s bien diffĂ©rentes. Câest ainsi que le noir animal, par exemple, prĂ©sente des caractĂšres diffĂ©rens avant et aprĂšs son emploi dans la dĂ©coloration des sucres ; sa propriĂ©tĂ© fertilisante nâest plus la mĂȘme. Tandis quâaprĂšs avoir servi au travail du sucre, il la possĂšde Ă un haut degrĂ© ; avant son emploi dans les raffineries, il ne peut tout au plus ĂȘtre considĂ©rĂ© que comme un amendement mĂ©canique ou divisant. Câest qu en effet 'f y a une grande diffĂ©rence de composition entre ces deux especes de noir. Le premier contient, outre le carbone et le phosphate de chaux qui le constituent essentiellement, comme le deuxiĂšme, lâalbumine du sang de bĆuf qui a ete employĂ© a la clarification du sucre, plus les impuretĂ©s contenues dans le sucre, e t aussi une certaine proportion de ce dernier corps , que les lavages quâon lui fait subir nâenlĂšvent jamais totalement. Câest Ă â 68 la prĂ©sence de ces diffĂ©rentes matiĂšres Ă©trangĂšres que ce noir doit les qualitĂ©s fertilisantes quâil possĂšde. Mais on remarque encore une grande diversitĂ© dâaction dans le mĂȘme noir sortant des raffineries , suivant quâon lâemploie rĂ©cent, câest-Ă -dire immĂ©diatement aprĂšs son usage dans les raffineries, ou bien aprĂšs lâavoir laissĂ© un certain tems exposĂ© Ă lâair, Ă lâeau , et autres agens qui tendent Ă le dĂ©pouiller des matiĂšres Ă©trangĂšres quâil retient engagĂ©es clans ses interstices. M. Hectot, pharmacien Ă .Nantes, sâest assurĂ©, par plusieurs expĂ©riences, que du noir, soumis depuis six mois aux intempĂ©ries de lâatmosphĂšre, ne renfermait plus aucune des substances contenues dans le noir rĂ©cent Communication sur le noir animal , par M. Hectot, pharmacien ; Annales de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique de Nantes et du dĂ©partement de la LoireâInfĂ©rieure, 3 e livraison, i83o. Il suit de lĂ que les cultivateurs ne doivent employer, comme engrais, que le noir sorti rĂ©cemment des raffineries; mais, comme il nâest pas toujours facile dâobserver cette condition, M. Hectot a cherche un moyen de conserver Ă ce noir toutes ses propriĂ©tĂ©s pendant un tems plus ou moins long. Il a reconnu qne la chaux eflleurie, mĂ©langĂ©e au noir en pĂąte , dans la proportion dâune barrique sur trois, remplit ce but. Un pareil mĂ©lange, cpii peut facilement se dessĂ©cher au contact de lâair, a donnĂ©, au bout de six mois , un engrais qui nâavait rien perdu de ses qualitĂ©s. Ce mĂ©lange nâexhale aucune odeur dĂ©sagrĂ©able , si ce nâest celle du sucre caramĂ©lisĂ© , et cela seulement les premiers jours de sa confection*. La chaux ne saurait nuire ; elle convient trĂšs-bien , au contraire, dans les terres oĂč le noir fait merveille. Il y a encore une circonstance qui peut faire varier les qualitĂ©s du noir, câest sa sophistication avec des matiĂšres inertes, telles que des rĂ©sidus de forge, de la poussiĂšre de tourbe, de la suie de cheminĂ©e, etc. Cette sophistication a lieu quelquefois dans le commerce. Tl est important de pouvoir la reconnaĂźtre. On â 69 â pourra, j e crois, y arriver en suivant le procĂ©dĂ© suivant , qui est fondĂ© sur ce que les matiĂšres prĂ©cĂ©dentes, quâon ajoute au noir > ne renferment pas les sels de chaux phosphate et carbone, qui sont propres Ă ce dernier. Lors donc quâon voudra reconnaĂźtre si du noir est falsifiĂ©, on prendra une once de ce noir et une once de noir sur la qualitĂ© duquel on nâaura aucun doute. On les dĂ©layera sĂ©parĂ©ment dans une petite quantitĂ© dâeau, et on y ajoutera, par portions, de lâacide hydrochlorique ordinaire. Lorsque lâeffervescence occasionnĂ©e par la dĂ©composition du carbonate de chaux sera tel minĂ©e , on sâassurera que les liqueurs sont trĂšs-acides, et on les laissera en digestion pendant douze heures. A cette epoque , on Ă©tendra dâeau, on jetera les charbons sur des toiles, et on les lavera avec de lâeau bouillante aiguisĂ©e avec i/io'. dâacide lavages seront continuĂ©s jusquâĂ ce que lâeau acidulĂ© cesse de prĂ©cipiter en blanc par quelques gouttes d ammoniaque. Alors on rĂ©unira toutes ces eaux de lavage, et, dan» chacune des deux liqueurs, on versera assez dâammoniaque pour saturer tout lâacide libre. On recueillera les prĂ©cipitĂ©s blancs sur des filtres de papier joseph tarĂ©s, et on les fera dessĂ©cher dans une Ă©tuve. Leur poids respectif, aprĂšs la dessiccation, indiquera les quantitĂ©s de sels de chaux que chacun de ces noirs renfermait, et, par la diffĂ©rence, on estimera la proportion de matiĂšres Ă©trangĂšres ajoutĂ©es au noir suspectĂ©. Cette Ă©preuve, comme on voit, est trĂšs-facile, et aussi exacte que possible ; en effet, moins un noir donnera de prĂ©cipitĂ© blanc par lâammoniaque, plus il renfermera de matiĂšres Ă©trangĂšres, et vice versa 1 âą La pins grande consommation du noir animal en agriculture a , .. . .. ,, C â que les agncultem-s pourront tn indiquant c, procĂ©dĂ©, nous »».» JL^f, exige encore umicerUme 1 ecuter eux-n&uc, ; car, quoique 1res- simple et ae 1 . mois comm il existe ni 71* , 1 , n . I s %.inpi'Csscrontdeleiirctitutues,enap- agriculteurs pourront avoir recours a ccs derniers qu 1 . ;. , , .,, t noirs auon soupçonnerait o avoir ete laltiues.. plvquanl notre procĂ©dĂ© analytique .11 examen » n lieu dans les dĂ©partemens de Maine-et-Loil'e, de la Loire-InfĂ©rieure et de la VendĂ©e. Les raffineries de Paris et dâOrlĂ©ans expĂ©dient dans ees contrĂ©es, par la Loire, presque tout le charbon qui a servi Ă la dĂ©coloration du sucre. Nantes en reçoit, en outre, de grandes quantitĂ©s de Bordeaux, du Havre, de Rouen, de Marseille, de Russie, dâAngleterre et dâItalie. LâefficacitĂ© de cette substance est si gĂ©nĂ©ralement reconnue dans les trois dĂ©partemens citĂ©s, que, quelles que soient les quantitĂ©s de charbon qui arrivent, elles suffisent Ă peine aux demandes ; aussi le prix sâen est-il Ă©levĂ© rapidement de i franc Ă 5 et 7 francs lâhectolitre. Nous avons cru devoir attirer lâattention des cultivateurs nor- âą mands sur un engrais qui rend de si grands services aux agriculteurs de lâOuest de la France. Nous serons satisfaits si cette note peut les engager Ă tenter quelques essais sur lâemploi du noir dans les divers sols de notre dĂ©partement, et Ă tirer parti dâune matiĂšre aussi commune , si les expĂ©riences entreprises lui sont favorables. ADDITION A LA NOTE PRĂCĂDENTE. Dep uis la communication de la note prĂ©cĂ©dente Ă la SociĂ©tĂ© dâagriculture, jâai lu, dans le 22 e . cahier du Cultivateur avril i83i , un article de M. O. Leclerc sur le mĂȘme sujet. Cet article donnant de nouveaux dĂ©tails sur lâemploi et lâimportance du noir animal, je mâempresse de le faire connaĂźtre aux cultivateurs de ce dĂ©partement, persuadĂ© que lâautoritĂ© dâun aussi habile agronome sera pins efficace que la mienne, pour les convaincre des services quâils peuvent retirer de lâusage de ce prĂ©cieux engrais. Depuis quelques annĂ©es, dit M. O. Leclerc, le noir a Ă©tĂ© si bien apprĂ©ciĂ© dans la grande culture, des demandes si considĂ©rables en ont Ă©tĂ© faites, quâon est allĂ©, Ă grands frais, le â 71 â chercher, , iOĂI p us seulement en France, mais sur divers points Je jâpi _ Ur °pe. Il rĂ©sulte de relevĂ© exacts que cent soixante-treize ^ vires, chargĂ©s en partie de cette substance, sont arrivĂ©s Ă j an * es dans le courant de 1828. Voici un aperçu approximatif e la quantitĂ© de noir que cette seule ville reçoit de la France et e lâetranger De Paris. De Marseille. DâOrlĂ©ans. De Saint-PĂ©tersbourg De Hambourg »... De Stockholm .... De Copenhague . . . De Dantzick. DâAnvers. De Garni. En total, environ .... 121,000 hectolitres. 40,000 hectolitres. 20,000 15 Ă 20,000 15,000 10 Ă 12,000 4,000 4,000 6,000 » Un tel aperçu est plutĂŽt au-dessous quâauâdessus de la vĂ©ritĂ© 1 . Je dois ajouter que PaimbĆuf est devenu un second lieu de dĂ©pĂŽt, qui approvisionne en noir animal une grande partie de la VendĂ©e. » Lâhectolitre de noir, dans lâĂ©tat de dessiccation convenable, tel quâon le livre au commerce et Ă lâagriculture, pĂšse de 98 Ăč 102 kilogrammes. Lâhectolitre valait Ă Nantes, en 1828, 1 francs ; ce prix est descendu, en 1829, Ă 6 francs 5o centimes- â Cet engrais est employĂ©, Ă ma connaissance, avec succĂšs, non seulement dans les dĂ©partemens de la Loire-InfĂ©rieure, de la VendĂ©e et des Deux-SĂšvres, mais fort avant dans ceux de la Vienne et de Maine-et-Loire. Il est dâune activitĂ© si grande, quâon ne le rĂ©pand sur la terre quâĂ la volĂ©e , dans une proportion qui nâexcĂšde pas beaucoup, en certains cas, celle de la Un de, mes amis , bien CDllrant dn commerce de Sanies, mâa assure que le noir* âounal y fi B , lr a; t annuellement pour prĂšs dâun million. â 72 â semence mais, selon les localitĂ©s, la nature du sol et celle du noir lui-mĂȘme, cette proportion est loin dâĂȘtre fixe. » Dans notre Bocage , mâĂ©crit M. Marchegay de Lousigny, dĂ©putĂ© de la VendĂ©e, depuis plusieurs annĂ©es, les engrais et les amendemens anciennement usitĂ©s, tels que les fumiers dâĂ©tables, les terres des jardins, des cours et de dĂ©molitions , la cendre de marais provenant de la combustion de fumiers dessĂ©chĂ©s et destinĂ©s Ă remplacer le bois de chauffage, ont Ă©tĂ© plus recherchĂ©s, mieux et plus abondamment employĂ©s ; mais les besoins et lâĂ©mulation augmentant sans cesse, il a fallu recourir Ă dâautres moyens. La chaux seule, ou mĂȘlĂ©e Ă des terres de jardin, a Ă©tĂ©, depuis i8of, frĂ©quemment substituĂ©e Ă tout engrais sur les terrains de landes et les fonds argileux cultivĂ©s , soit en blĂ©, soit en fourrages verts. Plus tard, la chaux elle-mĂȘme paraissant insuffisante, on a gĂ©nĂ©ralement adoptĂ© pour les terres molles ou trop fortes , sur fonds schisteux, lâusage du noir de radinerie , dont lâeffet a dâabord paru surprenant. » Cet engrais nouveau est actuellement tellement recherchĂ© , que bientĂŽt on ne pourra plus suffire aux demandes qui en sont faĂźtes dans tout le Bocage vendĂ©en. Il ne faut cependant lâemployer, ajoute M. Marchegay, quâen trĂšs-petite quantitĂ© Ă peine a quintaux, câest-Ă -dire 100 kilogrammes ou 1 hectolitre par arpent de Paris ; par consĂ©quent moins de 3 hectolitres par hectare, quantitĂ© beaucoup moindre, comme on voit, que celle de la poudrette, quâon devrait employer en pareil cas. » Le noir animal ne convient pas Ă©galement Ă toutes les terres. On a remarquĂ© que, dans les sols peu profonds , naturellement secs et prĂ©coces , il ne produit pas, Ă beaucoup prĂšs, dâaussi bons effets que sur les terrains argileux , frais ou un peu froids ; aussi, lorsquâon lâemploie sur les terres dites Ă seigle , ce qui est rare , nâest-ce quâen trĂšs-petite quantitĂ© ; dans les terres fortes et humides , au contraire , on peut en mettre davantage. » Aux environs do OhĂ lonncsâsurâLoire , Ă quelques lieues d â A W, on rĂ©pand cet engrais dans la proportion de i demi Ă 2 doubles dĂ©calitres par boisselĂ©e de 10 perches de pieds , ou dâenviron 66 centiares 65 centiares g5o ; ce qui Ă©quivaut a Qu 4 hectolitres par arpent du pays , de 65 ares g5 centiares. " Plus avant, vers lâOuest, dans la direction de Bourbon- VendĂ©e , il est des localitĂ©s oĂč lâon fait usage du noir en quantitĂ© plus considĂ©rable. Pour le froment, on en met i'isq 5 barriques de 3o veltes, g Ă n hectolitres par bectaie vnĂȘme davantage. Cet engrais nâest pas toujours employĂ© se^ on le mĂȘle quelquefois , en diverses proportions , a des fumic dâĂ©tables , pour les terres dĂ©jĂ soumises dâancienne date Ă la culture , ou Ă de la terre de jardin et des cendres de marais poui les landes nouvellement dĂ©frichĂ©es. * Les rĂ©sidus de radinerie , sans nul mĂ©lange , conviennent particuliĂšrement aux choux, aux raves , aux betteraves et autres cultures dĂ©signĂ©es sous le nom de verU Sur i hectare conve nablement fumĂ© , on plante environ 8,ooo pieds de choux , on sĂšme environ 65,ooo raves relies , qui deviennent grosses chacune comme une bouteille ordinaire, et pĂšsent, terme moyen , une livre et demie. On sĂšme i o,ooo betteraves ; elles pĂšsent communĂ©ment deux livres et demie. Jâai entendu parler de divers lĂ©gumes, et notamment le choux, dont les racines, lors de la plantation, avaient etc mouillĂ©es , puis trempĂ©es dans du noir, et qui Ă©taient venus remarquablement beaux. â Il est important dâajouter quâon a obtenu recem rĂ©sultats trĂšs-avantageux de lâemploi de cette substance sur des prairies basses et marĂ©cageuses. " Comme la poudrette , une fois desseche et mis Ă 1 abri de lâhumiditĂ©, cet engrais peut se conserver sans Ă©prouver aucune ou presque aucune fermentation. Lâavenue dâun chateau situe dans lĂ© voisinage de Saint-PĂ©tersbourg, avait etc, de lort ancienne date , exhaussĂ©e avec du noir animal ; le propriĂ©taire actuel sâeu Ă©tant aperçu lâannĂ©e derniĂšre, se hĂąta de faire dĂ©foncer ce prĂ©cieux terrain. Lâengrais qui en est provenu nâa pas paru diffĂ©rer de celui qui Ă©tait sorti plus rĂ©cemment des raffineries. A Nantes, on estime moins le noir de Russie que celui des autres parties de lâEurope , parce que , mâa-t-on dit, le charbon dâos employĂ© dans ce pays est plus dur et en plus gros fragmens ; ce ce qui lâempĂȘche de se pĂ©nĂ©trer aussi bien du sang de bĆuf et des sirops. » Quelques cultivateurs se sont lassĂ©s de lâemploi du noir animal. Cela doit tenir Ă diverses causes. La premiĂšre, peut-ĂȘtre, câest quâils ne lâauront pas employĂ© avec discernement. Je viens de le dire , les rĂ©sidus de radinerie ne conviennent pas Ă©galement Ă toutes les terres, et sans doute, pour en obtenir constamment un bon effet, il faut les alterner, sur les mĂȘmes champs, avec dâautres fumiers. La seconde cause , câest que, comme toutes les substances fermentescibles dâune grande et prompte Ă©nergie, celle-ci ne peut guĂšre agir sensiblement que pour une rĂ©colte. Elle ne fait pas le fond de la terre, disent avec raison nos paysans. Enfin , malheureusement , des marchands sans honneur sont parvenus Ă falsifier le noir, en le mĂ©langeant avec des terres noirĂątres qui altĂšrent considĂ©rablement sa qualitĂ© sans changer son aspect. Cependant, le dĂ©bit augmente annuellement, au lieu de diminuer; câest la preuve la moins Ă©quivoque de la bontĂ© de cet engrais. Il a dĂ©jĂ rendu dâimportans services Ă lâagriculture des dĂ©partemens que jâai citĂ©s. LĂ , presque partout, malgrĂ© lâaugmentation progressive du nombre des bestiaux , dans chaque mĂ©tairie bien dirigĂ©e, les fumiers sont en trop petite quantitĂ©. Câest Ă cette cause , plus encore quâau manque de bras et de machines propres Ă les remplacer , quâil faut attribuer la multiplicitĂ© des jachĂšres quâon remarque encore avec peine dans une grande partie de lâOuest ; mais ces jachĂšres deviennent de moins en moins nombreuses. Si la culture du trĂšfle , lâintroduction plus rĂ©cente de divers autres fourrages et celle de la betterave ont puissamment contribuĂ© Ă â 75 â ces amĂ©liorations, je ne doute pas que le noir animal et la cliaiix,^ dont lâusage sâĂ©tend de plus en plus , nây aient aussi contribue pour leu r bonne part. Dans le voisinage des villes, es unners man quent rarement; mais , au fond des campagnes, il en est au- tre ment ; l es f ra is de transport sont Ă©normes. Un engrais qui, comme le noir animal, sous un petit volume et un P° lds Pâą considĂ©rable , contient beaucoup de parties nutritives , une acquisition vraiment prĂ©cieuse. » M. Charles Cesbron, du dĂ©partement de Maine-et-Loire , Ă©crit ce qui suit aux rĂ©dacteurs du Cultivateur mĂȘme cahier, page 178 Dans le canton que jâhabite, on a obtenu des rĂ©sultats extrĂȘmement avantageux de lâemploi du noir animal. Il a enrichi plusieurs cultivateurs, qui dâabord ne voulaient pas en faire usage, et par suite la valeur des fermes a presque double. Les te , ainsi fumĂ©es ont donnĂ© de plus belles rĂ©coltĂ©s et des pĂąturages bien plus aboudans que lorsquâon y mettait seulement du fumier, de la chaux ou des terreaux. Des piĂšces de seigle , amendĂ©es pour la troisiĂšme fois avec le noir animal, ont donnĂ© douze Ă seize pour un , et des grains dâune excellente qualitĂ©. » NOTE SUE LA DĂCOCTION MERCURIELLE DITE EAU DES NĂGRES', ADRESSĂE A LA SOCIĂTĂ DE MĂDECINE DE ROUEN, EN JUIN 1830 *. De tout tems, les mĂ©decins et les pharmacologistes ont prĂ©tendu que lâeau, en bouillant pendant plusieurs heures sur U mercure coulant, acquĂ©rait une propriĂ©tĂ© anthelmintique trĂšs- prononcĂ©e aussi ont-ils recommandĂ© lâemploi de cette prĂ©paration dans le traitement des maladies vermineuses des enfans- Boerhaave, Lentilius, dâAndry, Baglivi, Pomet, etc., etc., oĂŻd soutenu cette opinion et contribuĂ© Ă la rĂ©pandre. LĂ©mery fils; cependant, et Boerhaave lui-mĂȘme, avaient reconnu quâen faisan 1 bouillir pendant un grand nombre de fois des quantitĂ©s dâeau trĂšs- 1 Câest le nom que Eourcroyj dans ses cours , donnait Ă cette prĂ©paration employĂ©e da* 1 * les colonies comme anli -syphilitique et vermifuge. * Lue a lâAcadcmic royale des sciences de Rouen , en 1855. Inscrce dans le Journal de Chimie mĂ©dicale t. 1 , p. ĂŒS" , aimĂ©e i XS". _ 77 â sidĂ©rables suv un poids dĂ©terminĂ© de mercure, ce u ' , Perdait aucunement de son poids ; ce qui engagea c P renu mettre en d âute la vertu attribuĂ©e Ă la dĂ©coctmn e Quelques mĂ©decins allĂšrent encore plus loin que 1» >-ut, puisquâils supposeront en outre Ă cette dec-cU»» de. t ,ro P ne laissa aucun rĂ©sidu. â 79 â lame de cuivre bien dĂ©capĂ©e resta plongĂ©e pendant quelques j°urs dans ce liquide ; elle ne perdit ni son Ă©clat, ni sa couleur. la 'arreau aimantĂ© ne prĂ©senta Ă©galement aucun phĂ©nomĂšne. ^ es reactifs suivans f au de chaux, SuTr m ° r,iari â lc â Chlorure de sodium, Chromate de potasse, Iodure de potassium, Acide gallique, Teinture de noix de galle , Dissolution de gĂ©latine, etc. fure de potassium, Chlore liquide , CyanoFerrure de potassium, Cyanure de potassium, n y occasionnĂšrent aucune coloration ou prĂ©cipitĂ© quelconq ^ Il en fut de mĂȘme dâun courant de gaz hydrogĂšne sulfure que 1 y fis passer pendant plus de deux heures. Voulant reconnaĂźtre si les sels contenus habituellement dans lâeau de riviĂšre pourraient avoir quelque influence sur lâoxidation du mĂ©tal, et dĂ©terminer la formation dâun composĂ© mercuriel quelconque, jâai employĂ©, pour de nouvelles expĂ©riences, de lâeau de Seine, et mĂȘme une eau plus riche en matiĂšres solides que celle-ci, lâeau dâun puits ; mais, dans lâun et lâautre cas, les rĂ©sultats que jâai obtenus ont Ă©tĂ© entiĂšrement conformes aux precedens. 3° Le mercure sur lequel je fis les essais que je viens de relater, Ă©tait pur. Jâai rĂ©pĂ©tĂ© les mĂȘmes opĂ©rations avec du mercure tenant en dissolution quelques centiĂšmes de mĂ©taux etrangers, du plomb, du bismuth, de lâĂ©tain, dans la supposition que ces mĂ©taux pourraient faciliter lâaction de lâeau sur lui, ou peut-ĂȘtre se dissoudre eux-mĂȘmes, et communiquer alors Ă lâeau des propriĂ©tĂ©s particuliĂšres que Y on aurait attribuĂ©es Ă la prĂ©sence du mercure. Toutes mes tentatives pour retrouver dans lâeau la moindre trace, mercure, soit des autres mĂ©taux, ont Ă©tĂ© infructueuses. . _ 4â Depuis lâĂ©poque oĂč ces essais ont Ă©tĂ© terminĂ©s, la chimie analytique sâest enrichie de plusieurs moyens ingĂ©nieux propres a dĂ©montrer la prĂ©sence du mercure, ou plutĂŽt de ses composes, dans un liquide quelconque. Parmi ces moyens, celui indiquĂ© par M. James Smittson, et perfectionnĂ© par le professeur Orfila, est un des plus simples et des plus certains. Ce procĂ©dĂ©, comme lâon sait, consiste dans lâemploi dâune petite pile Ă©lectrique faite avec un anneau dâor, recouvert dâune feuille dâĂ©tain roulĂ©e en spirale, appareil que lâon plonge dans la liqueur oĂč lâon soupçonne la prĂ©- rence dâun composĂ© mercuriel, aprĂšs y avoir prĂ©alablement ajoutĂ© quelques gouttes dâacide bydrocblorique. Dans le cas oĂč il y en existe quelques traces, lâanneau d'or preqd une couleur dâun blanc grisĂątre quâil ne perd pas par le contact de lâacide hydrochlorique pur et concentrĂ© ; et chauffĂ© dans un petit tube de verre effilĂ© Ă la lampe, il laisse dĂ©gager des vapeurs mercurielles qui ne tardent pas Ă se condenser, dans le haut du tube, sous la forme de petites gouttelettes brillantes. Jâai eu le dĂ©sir de soumettre Ă cette Ă©preuve infaillible la dĂ©coction mercurielle ; mais je nâai pas Ă©tĂ© plus heureux que prĂ©cĂ©demment, tandis quâen agissant sur de lâeau dans laquelle jâavais dissous dâavance un quart de grain de sublimĂ© corrosif, jâai obtenu les rĂ©sultats annoncĂ©s par les deux chimistes citĂ©s plus haut. Il rĂ©sulte donc de ces recherches que lâeau pure ou chargĂ©e de sels nâa pas la propriĂ©tĂ© de dissoudre, mĂȘme par un contact prolongĂ© Ă la tempĂ©rature de ioo°, un atome de mercure ; quâil ne se trouve dans ces circonstances aucune trace dâoxide de mercure qui resterait en simple suspension, ainsi que Grew, citĂ© par Kla- proth, lâa prĂ©tendu ; enfin, que la dĂ©coction mercurielle ne possĂšde aucune saveur particuliĂšre, comme tant dâauteurs lâont avancĂ©. Et quâon nâargue pas, contre ces rĂ©sultats, que si les rĂ©actifs nâont pu faire dĂ©couvrir la prĂ©sence du mercure dans lâeau, cela tient uniquement Ă ce quâils ne sont pas assez sensibles, assez puis- sans. Lâanalyse chimique est portĂ©e maintenant Ă un tel point de prĂ©cision, surtout en ce qui regarde les substances minĂ©rales, quâun pareil doute doit paraĂźtre une hĂ©rĂ©sie aux yeux des praticiens habiles qui sâoccupent spĂ©cialement de cette partie de la science. LĂ oĂč les rĂ©actifs ne peuvent dĂ©celer aucune trace dâune â 81 MatiĂšre en dissolution ou en suspension, on peut afhrmer avec assurance quâil ne sây en trouve pas, en effet, quelque degrĂ© de lisibilitĂ© quâon suppose Ă la matiĂšre. Maintenant, un corps qui ne cĂšde rien Ă lâeau peut-dlui faire guĂ©rir une saveur prononcĂ©e? Il est difficile dâadmettre cette °Pnio n ; et puisque je nâai pu, dans quelque circonstance que ce s °it, obtenir une eau douĂ©e dâune saveur mercurielle sensible , 11 estâil pas plus raisonnable de supposer que ceux qui ont avancĂ© Un tel fait se sont laissĂ© imposer par des idĂ©es prĂ©conçues, et sur- t°ut par lâautoritĂ© des doctes Ă©crivains qui, les premiers , ont propagĂ© celte assertion. Ce ne serait pas assurĂ©ment le premier exemple oĂč lâon aurait vu des hommes graves et consciencieux croire, sur la foi des autres, Ă lâexistence de faits qui nâexistaient que dans leur imagination. DâaprĂšs tout ce qui prĂ©cĂšde , il me paraĂźt impossible de croire aux propriĂ©tĂ©s curatives de la dĂ©coction mercurielle. La raison se refuse Ă admettre quâun corps puisse acquĂ©rir des vertus mĂ©dicinales par son simple contact avec un autre, surtout lorsque ce contact nâest suivi dâaucune action chimique qui modifie la nature de lâun ou de lâautre. Le tĂ©moignage des anciens ne doit pas nous en imposer dans ce cas ; car on sait avec quelle facilitĂ© ils ajoutaient foi aux suppositions les plus extraordinaires, Ă une Ă©poque surtout oĂč une expĂ©rimentation sĂ©vĂšre Ă©tait rarement appelĂ©e a rectifier les Ă©carts de lâimagination. Que si des praticiens cĂ©lĂ©brĂ©s de nos jours ont adoptĂ© aveuglĂ©ment les croyances erronĂ©es de leurs devanciers, cela prouve seulement combien est puissant 1 empire des prĂ©jugĂ©s, et quelle difficultĂ© on Ă©prouve Ă les dĂ©raciner. Je serai satisfait si jâai pu contribuer Ă en dĂ©truire un seul, et si, par mes expĂ©riences, jâai fait disparaĂźtre Ă jamais de nos ouvrages une erreur accrĂ©ditĂ©e depuis tant de siĂšcles. Lorsque M. J. Girardin a lu cette note Ă lâAcadĂ©mie royale des sciences de Rouen , en i833 , M- Des Alleurs , secrĂ©taire 6 â 82 â perpĂ©tuel de la classe des sciences , a confirmĂ©, par des observations mĂ©dicales pratiques , les conclusions de M. Girardin . Voici ce que M. Des Alleurs a imprimĂ©, Ă cet Ă©gard , dans son rapport gĂ©nĂ©ral de 1 833 1 Parmi les faits citĂ©s qui ont prouvĂ© l'inefficacitĂ© de lâeau mercurielle, par les effets nĂ©gatifs de cette eau , employĂ©e en abondance, soit extĂ©rieurement, soit intĂ©rieurement, le suivant paraĂźtra surtout concluant M. B., atteint dâune affection syphilitique , rendue Ă©vidente par des signes non Ă©quivoques, usa pendant longâteins , dâaprĂšs les conseils dâun empirique , de lâeau mercurielle , intĂ©rieurement et extĂ©rieurement. Nulle amĂ©lioration dans la maladie et nul symptĂŽme spĂ©cial de lâaction mercurielle ne se manifestĂšrent ; le mal empira beaucoup ; soumis enfin, par nous, Ă un traitement mĂ©thodique et prudent, que commandait la constitution nerveuse et lâirritabilitĂ© extrĂȘme du malade, la salivation se manifesta constamment, malgrĂ© toutes les prĂ©cautions que jâeus soin de prendre , soit que je fisse usage , Ă lâintĂ©rieur, du deutochlorure de mercure , soit que je fisse pratiquer des frictions. Je fus donc obligĂ© de renoncer Ă ces moyens, et la guĂ©rison ne fut obtenue que par lâusage des prĂ©parations sudorifiques. Si lâeau mercurielle eĂ»t contenu du mercure en solution , peut-on penser que la salivation nâeĂ»t pas eu lieu , surtout aprĂšs lâusage immodĂ©rĂ© que le malade en faisait, une pinte Ă©dulcorĂ©e par jour ? * Voir le PrĂ©cis de VAcadĂ©mie de Rouen , pour 1835 , p. 3". NOTE SUR LâEMPLOI DES OS BROYĂS OU PULVĂRISĂS COMME ENGRAIS Dans la plus grande partie de lâAllemagne, dans toute la Grande-Bretagne, en Auvergne , etc., les os pulvĂ©risĂ©s ou simplement broyĂ©s sont employĂ©s comme engrais depuis un assez grand nombre dâannĂ©es, et les cultivateurs de ces pays leur attribuent une grande puissance fertilisante. Dans dâautres pays, au contraire, lâopinion opposĂ©e est gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue, et plusieurs agronomes trĂšs-habiles la partagent ; je citerai, entr autres, M. De Dombasle et M. Wrede , propriĂ©taire hessois. Ce dernier assure avoir employĂ© 4° a 5o,ooo livres de poudre d os, sans en obtenir aucun rĂ©sultat bien marquĂ© , et il prĂ©tend q d J a exa â gĂ©ration dans ce qui a Ă©tĂ© dit sur leur facultĂ© fertilisante. Au milieu de ces faits et assertions contradictoires, il est assez difficile, comme on voit, dâasseoir un jugement certain. Cependant, si lâou fait attention que les fermiers anglais sont trop 1 WrĂ© dan. le e des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale iâagriculture de la Seine- InfĂ©rieure , p. 398 , annĂ©e 1851 , et n" 61 , janvier 1832 , du Recueil industriel, "facturier, agricole et commercial, publiĂ© pat M - Dc Mauleon > P' 58 C annĂ©e . â 84 â Ă©clairĂ©s sur leurs vĂ©ritables intĂ©rĂȘts pour adopter aveuglĂ©ment une pratique dont lâexpĂ©rience nâa pas sanctionnĂ© lâutilitĂ© ; si lâon rĂ©flĂ©chit que cette pratique est gĂ©nĂ©ralement suivie dans les trois royaumes, puisque lâimportation des os est devenue un objet de ^ commerce important en Angleterre, au point que le Danemarck lui en vend seul pour i 5 o h 200 mille rixdalers annuellement, et que des vaisseaux anglais vont faire , chaque annĂ©e , des char- gemens considĂ©rables dâos dans le nord de lâAllemagne, on sera tout naturellement portĂ© Ă penser que la divergence dâopinions qui existe entre les diffĂ©rens agronomes sur lâopportunitĂ© ou lâinutilitĂ© de lâemploi des os comme engrais, dĂ©pend, ou de ce que les expĂ©rimentateurs nâont pas suivi la mĂȘme maniĂšre dâopĂ©rer, ou plutĂŽt que lâeffet des os varie suivant la nature des sols auxquels on les applique. Cette explication nous semble dâautant plus rationnelle, que la thĂ©orie est favorable Ă la pratique des cultivateurs anglais, badois, wurtembergeois, flamands et auvergnats. Comment, en effet, supposer quâune matiĂšre qui renferme 4 ° pour 100 de substances organiques soit inerte, lorsquâelle est placĂ©e dans les circonstances favorables Ă sa dĂ©composition ? On pourrait objecter que la grande cohĂ©sion ou la duretĂ© excessive des os, qui 11e leur permet pas de se ramollir, mĂȘme dans lâeau chaude, est un obstacle assez grand pour empĂȘcher leur putrĂ©faction, et par consĂ©quent la dispersion de leurs principes actifs dans le sol ; mais cette objection, toute spĂ©cieuse, nâaura aucun poids pour ceux qui ont observĂ© ce qui se passe dans les os rĂ©pandus sur les champs et soumis Ă lâinfluence rĂ©pĂ©tĂ©e de lâair, de lâhumiditĂ© et de la chaleur. On sait, en effet, quâau bout dâun certain tems, ces os deviennent jaunes par suite de lâexsudation de la graisse quâils renferment, puis que peu-Ă -peu ils blanchissent et finissent par ne plus consister quâen un squelette terreux , friable et tout-Ă -fait semblable Ă celui qui reste aprĂšs leur calcination Ă lâair libre. Toute la matiĂšre animale a donc disparu, lentement Ă la vĂ©ritĂ©, mais enfin elle a subi complĂštement les effets de la â 85 â dĂ©composition putride ; la cohĂ©sion qui unit les particules des os nâa l'ait que retarder cette altĂ©ration , mais ne lâa pas empechee. La pratique , dâailleurs, nâa-t-elle pas dĂ©montrĂ© depuis long- q U e dâautres substances aussi denses que les os, comme les c ornes, les ongles , les poils , sont d excellens engrais et qu el e abandonnent aux plantes une nourriture convenable , peu Ă peu et suivant leurs besoins , au fur et Ă mesure qu elles deviennent solubles, sans mĂȘme donner aucun signe de fermentation? La thĂ©orie nous conduit donc Ă ^accorder foi et croyance au rĂ©sultats que les cultivateurs anglais et allemands prĂ©tendent obtenir. Exposons maintenant ces rĂ©sultats et les piincipes qui les rĂ©gissent. Si nous consultons le rapport de la commission dâenquĂȘte instituĂ©e, en 1828, par lâassociation agricole de Doncaster, pour rĂ©unir tous les faits relatifs Ă lâemploi des os comme engrais, traiter ce sujet h fond et dissiper tous les doutes, rapport que nous a fait connaĂźtre le chevalier Masclet, dans un excellent mĂ©moire insĂ©rĂ© dans le n° 34 , 3â sĂ©rie, tome VI, page 3 o des Annales de Vagriculture française, nous apprenons que le colonel Saint-LĂ©ger est le premier qui ait tentĂ©, en 1 7 y 5 , a Warmsâ vrorth Yorksbire, lâemploi des os comme engrais. Le progrĂšs en a Ă©tĂ© lent, parce quâon se bornait Ă jeter sur le terrain les os grossiĂšrement coucassĂ©s et en trop grande quantitĂ© ; il n y » guere que i 5 Ă 16 ans quâon en a reconnu les bons effets , depuis qu on a imaginĂ© de les broyer ou de les rĂ©duire en poudre. Dans cet Ă©tat, ils conviennent Ă©minemment aux terrains secs et sablonneux, aux sols calcaires et crayeux, aux terrains lĂ©gers et aux fonds tourbeux ; ils ne produisent aucun effet dans les terrains argileux, humides ou compactes. On peut encore les employer avec beau coup d avantage pour les prairies naturelles et artificielles, pour les terres arables que lâon destine aux turneps et aux pommes de terre. Tous les os peuvent ĂȘtre indiffĂ©remment employĂ©s. Dans â 86 â lâAllemagne, on donne la prĂ©fĂ©rence aux os Ăźle bĆuf, de cochon et de veau , parce quâils contiennent une plus grande quantitĂ© de substance animale que les autres. Il vaut mieux les broyer en morceaux de quatre pouces de diamĂštre pour les terres arables, et les pulvĂ©riser totalement pour les prairies. On doit les semer Ă la volĂ©e et avant la graine, exceptĂ© dans les cultures intermĂ©diaires oĂč la semence et lâengrais se rĂ©pandent ensemble. La quantitĂ© Ă employer est de vingt-cinq boisseaux dâos en poudre par acre ; de quarante, sâils sont concassĂ©s ; mais cette proportion doit sâaccroĂźtre suivant que le terrain est plus ou moins apauvri. Les os prĂ©alablemment exposĂ©s Ă lâair durant deux ou trois mois, se pulvĂ©risent facilement. Ceux qui sont encore revĂȘtus de chair semblent fournir moins dâengrais que ceux qui sont entiĂšrement dĂ©charnĂ©s. Il est bon de les faire fermenter en tas avant de les broyer, parce que leur dĂ©composition dans la terre est plus prompte. Cet engrais conserve sa vertu fertilisante pendant fort long- tcms pendant quatre ans dans les terres arables, et plus long- tems encore sur les prairies; il conserve toute sa force sur un terrain sec, dans les tems de sĂ©cheresse, lorsque le fumier ordinaire perd une grande partie de la sienne. On fait aussi dâexeellens compĂŽts en mĂȘlant des os broyĂ©s avec dâautres fumiers ; et, pour y parvenir, il est bon de laisser ces compĂŽts exposes Ă lâair dans des excavations dont le fond est pavĂ©. Nous dĂ©sirerions beaucoup que chaque ferme renfermĂąt deux fosses de ce genre, que lâon remplirait alternativement de dĂ©tritus de toutes espĂšces ; on y verserait les eaux grasses ; on y ferait arriver, Ă lâaide de rigoles, lâurine des Ă©tables et des Ă©curies, quâon laisse perdre ; on emploĂźrait les produits de lâune et lâautre fosses alternativement, de sorte que tous les ans le cultivateur disposerait dâun tas plus ou moins considĂ©rable dâexcellent fumier dont la prĂ©paration ne lâaurait entraĂźnĂ© dans aucuns frais. Les machines que lâon er e pour broyer les os sont, ou des â 87 â Seules verticales en pierre dure , du poids de 4 Ă b,ooo livres , tournant dans une auge horizontale de âąforme circulaire, ou bien ^ e s espĂšces de laminoirs dont les cylindres sont en fonte dure et armĂ©s de dents qui, en tournant en sens contraire avec des Vl, esses diffĂ©rentes, pulvĂ©risent assez promptement les os. Suivant M. Molard , lâĂ©tablissement de ces moulins est dispendieux, et ils ne peuvent convenir quâĂ de grandes exploitations. Dans le Lincolnsbire, lâYorksbire et les comtĂ©s voisins, dans lâEast et AJidâLothian et autres parties de lâEcosse, on broie les os Ă 1 aide de manĂšges, de cours dâeau, de machines Ă vapeur et meme de moulins Ă vent dans quelques bonnes expositions. Dans dâautres parties de la Grande-Bretagne , on adapte simplement des cylindres Ă la machine Ă battre les grains , qui se trouve dans presque toutes les fermes, et qui est encore si rare dans les nĂŽtres. M. Anderson, de Dundee, a fait Ă©tablir un moulin Ă broyer les os, qui est mis en mouvement par une machine Ă vapeur de la force de douze chevaux, et qui suffit Ă peine, par un travail continu, Ă la fourniture des districts environnons. Ce moulin paraĂźt rĂ©unir une grande partie des avantages que doivent possĂ©der ces appareils ; aussi la SociĂ©tĂ© de la Haute-Ecosse a-t-elle decerne un prix Ă son auteur. On trouve la description et la gravure de cette machine dans Y Agriculteur manufacturier de AI. Dubrunfaut t. Il, n° 'j, octobre i83o, p. 38 . Le bulletin delĂ SociĂ©tĂ© dâencouragement, de septembre 1826 , contient un rapport de M. Molard, sur une machine employĂ©e Ă Thiers Puy-de-DĂŽme , pour rĂ©duire les os en poudre par le moyen du rĂąpage. Un grand cylindre creux en acier, en forme de virole , dânn pied de diamĂštre sur autant de largeur, dont la surlace extĂ©rieure est fortement piquĂ©e comme une rĂąpe Ă bois, est fixĂ© concentriquement sur lâextrĂ©mitĂ© dâun arbre de moulin avec lequel il tourne. Au-dessous de cette rĂąpe est une forte piĂšce de Lois, au travers de laquelle existe un trou carrĂ© qui sert de trĂ©mie a "x os quâon veut broyer, et quâon presse Ă volontĂ© entre le â 88 tambour-rĂąpe, Ă lâaide dâun pressoir ou dâun levier chargĂ© dâun poids. Tant que les dents sont neuves, la quantitĂ© dâos contenue dans la trĂ©mie, câest-Ă -dire environ un pied cube , est rĂ©duite en poudre dans lâespace de deux Ă trois minutes. Cette machine est peu dispendieuse et trĂšs-facile Ă construire. Elle donne une poudre dâos assez grossiĂšre, qui est grasse au toucher, sent le fromage et donne de lâammoniaque lorsquâon la mĂ©lange avec de la chaux. Elle contient sur ioo parties, aprĂšs la dessiccation, 43 parties 86 de matiĂšre animale combustible, et 56, 1 4 de substances terreuses. Les habitans de Thiers ont, depuis un tems immĂ©morial, lâhabitude de rĂ©duire en poudre les rĂ©sidus des os employĂ©s dans leurs fabriques de coutelleries , et dâen former un excellent engrais pour leurs terres. On voit, dit le chevalier Masclet, » que ce nâest pas aux Anglais que nous aurions eu la premiĂšre » obligation de cette utile dĂ©couverte , si nous nâĂ©tions si souvent » les derniers Ă soupçonner lâexistence de celles qui nous appar- » tiennent, et qui sont de si vieille date quâelles ont, depuis » long-tems , cessĂ© dâen porter le nom. » Annales de VAgriculture française, t. VI, 3' sĂ©rie , p. 43. Un riche propriĂ©taire des environs de Strasbourg a fait Ă©tablir chez lui un moulin et un tamisage mus par eau , pour rĂ©duire les os en poudre. Cette poudre est trĂšs-fine, car, passĂ©e au tamis, elle contient peu de morceaux de la grosseur dâun pois. Ce propriĂ©taire ajoute du salpĂȘtre Ă cette poudre dâos, dans la proportion dâenviron io pour ioo, ce qui prĂ©vient une trĂšs-prompte fermentation , et lui donne plus dâefficacitĂ© comme engrais. Il vend 16 fr. les i oo kilogrammes de cette poudre ainsi prĂ©parĂ©e. Agric. manufact., loc. cit., page 47 âą Dans les cantons anglais oĂč lâon a adoptĂ© lâengrais des os, la rĂ©colte des turneps a dĂ©cuplĂ© leur volume est quatre ou cinq fois plus considĂ©rable, et les rĂ©coltes suivantes , soit en cĂ©rĂ©ales, soit en graines, ont gagnĂ© dans la mĂȘme proportion. On en doit conclure que si cet usage Ă©tait suivi dans notre pays, il accroĂźtrait __ 89 â considĂ©rablement le nombre des bestiaux , et consĂ©quemment la liasse des viandes de boucherie. Un engrais dâun transport si ^ ac ile, si Ă©minemment propre Ă la culture en rayons, dont les P r °priĂ©tĂ©s fertilisantes sont si gĂ©nĂ©ralement applicables, nâest-il P as un vĂ©ritable trĂ©sor pour les fermiers qui, rĂ©sidant dans lâin- terieur du pays et Ă une grande distance des villes, se trouvent dans lâimpossibilitĂ© de se procurer des engrais dâun poids et d un volume considĂ©rables? On sait ce quâil en coĂ»te, meme de la distance dâun mille , pour transporter 6, 8 ou t o charges de gros fumiers par acre de terre. Lâusage de lâengrais animal procure Une grande Ă©conomie de travail, Ă lâĂ©poque de lâannĂ©e ou elle a le pl us de prix. Il suflit de rappeler, pour la faire apprĂ©cier, quâune charge de 120 boisseaux dâos broyĂ©s Ă©quivaut Ă 4o ou 5o charges de fumier de ferme, dont chacune est celle dâune voiture attelĂ©e de trois chevaux. » Câest ainsi que sâexprime un des propriĂ©taires cultivateurs qui ont rĂ©pondu Ă lâappel de lâassociation agricole de Doncaster. Si, en Angleterre, en Ecosse, oĂč les routes sont si bien entretenues, et ou, par consĂ©quent, les moyens de transport sont plus faciles et moins que chez nous, on trouve un tel avantage dans la substitution des os pulvĂ©risĂ©s aux engrais ordinaires , jugez, Messieurs, quels bĂ©nĂ©fices nos cultivateurs retireraient en imitant nos voisins dâoutre-mer? Aussi nous joindrons nos efforts a eeux de MM. Molard, DâArcet, le chevalier Masclet, Dubrun- âąaut, Payen, etc., pour les engager Ă tirer parti dâune substance quâils ont, de tout tems, considĂ©rĂ©e au moins comme inutile , et quâils peuvent se procurer Ă si bas prix. Pourquoi les ouvriers des villes, dans leurs momens de loisir, pourquoi les enfans, quâon laisse inoccupĂ©s , ne sâoccuperaient-ils pas Ă ramasser les os quâon jette dans les rues , et Ă les broyer Ă lâaide de simples cylindres, pour en vendre la poudre aux cultivateurs et aux jardiniers ? Cette occupation , simple accessoire des travaux halriuels vaudrait bien la sale divagation des chiffonniers dont 90 â nos rues sont remplies ! Nos artistes mĂ©caniciens feraient aussi une chose utile en inventant et Ă©tablissant Ă bas prix des cylindres propres Ă broyer les os. On objectera peut-ĂȘtre que si nous consacrons ainsi Ă lâengrais des terres une grande partie des os qui proviennent de nos viandes de boucherie, nous porterons un prĂ©judice trĂšs-sensible Ă nos fabriques de noir animal, et par suite .Ă celles de sucre indigĂšne. Mais quâon se rassure, la quantitĂ© dâos fournie par lâabattage de nos bestiaux est plus que suffisante pour entretenir la fabrication du noir animal et des os broyĂ©s , mĂȘme en supposant ces deux genres dâindustrie portĂ©s Ă leur plus haut pĂ©riode. Les fabriques de noir animal nâabsorberont pas plus du quart des os que peut produire la France, lorsque les sucreries indigĂšnes seront en assez grande quantitĂ© pour suffire Ă notre consommation moyenne de sucre de betteraves. Dans lâĂ©tal actuel des choses, le dĂ©partement de la Seine , pour prendre un exemple, consomme annuellement 48,000,000 kilogrammes de viande , Ă©quivalant Ă environ 12,000,000 kilogrammes dâos. Il sâen perd plus de la moitiĂ©, car on ne ramasse, pour les fabriques de noir et de sel ammoniac, que 5 , 8 oo,ooo kilogrammes dâos environ Ă lâĂ©tat humide. VoilĂ donc pour un seul dĂ©partement 6,200,000 kilogrammes dâos qui restent sans emploi. Quâon ajoute Ă cette quantitĂ© tous les os provenant des animaux morts de maladie, tous ceux qui peuvent provenir des cimetiĂšres que lâon vide, des catacombes que lâon dĂ©truit aprĂšs des siĂšcles dâexistence , nous arriverons Ă un chiffre Ă©norme , et nous acquerrons par lĂ la certitude que, sans nuire aux diverses industries qui font usage des os, on pourra verser sur les terres en culture une masse considĂ©rable dâos broyĂ©s ou pulvĂ©risĂ©s. Dâailleurs, lâimportation nâest-elle pas lĂ , en supposant que nos ressources soient trop faibles sous ce rapport ? et 11e peut-on pas encore, comme le propose M. Masclet, tirer parti, pour le mĂȘme usage, de cette immense quantitĂ© dâĂ©cailles dâhuĂźtres, de moules et autres coquillages que nous fournissent les â 91 â deux mers qui baignent nos cĂŽtes? TSe doit-on pas espĂ©rer aussi 4 Ue notre rĂ©gime diĂ©tĂ©tique sâamĂ©liorera, et que , par consĂ©quent , en mangeant plus de viande, nous rĂ©colterons plus dâos? "^errons-nous long-tems encore, dit lâhabile agronome que jâai C1 *e tout-Ă -lâheure, lâhabitant de lâAngleterre employer, terme m °yen , pour sa nourriture, une quantitĂ© de substance animale Presque double de celle que la France fournit Ă chacun de ses babitans ? » Rassuronsânous donc sur ce prĂ©tendu prĂ©judice q u apporterait Ă notre industrie manufacturiĂšre lâemploi des os en agriculture. Il ne me reste plus, Messieurs , pour terminer tout ce qui est relatif Ă lâusage des os comme engrais, quâĂ vous indiquer leur mode dâaction dans cette circonstance. M. DâArcet sâest occupĂ© de cette question toute thĂ©orique. Je ne puis mieux faire que de vous rapporter les propres paroles de ce chimiste distinguĂ©. Je pense, dit-il, que lorsquâon emploie les os comme engrais, la graisse quâils contiennent, liquĂ©fiĂ©e par la chaleur du soleil, est en partie absorbĂ©e par la terre ; que les os, ainsi dĂ©graissĂ©s mĂ©caniquement, deviennent plus facilement attaquables par lâaction combinĂ©e de lâair et de lâeau ; que les rĂ©actions chimiques ont alors lieu ; quâune partie de la graisse et de la gĂ©latine contenues os se convertit en ammoniaque; que cette ammoniaque dans les A ' 1 saponifie une autre portion de gĂ©latine, la rend soluble dans 1 eau de pluie, qui, entraĂźnant cette espĂšce de savon , le rĂ©pand sur la terre, oĂč il agit comme engrais. Les mĂȘmes causes ramĂšnent les mĂȘmes effets, tant quâil reste de la graisse et de la gĂ©latine dans les os ; mais cette action devient dâautant plus lente , qu elle a lieu sur des os plus compactes, plus Ă©pais ou plus vieux câest parce q ue l es os nâĂ©prouvent ainsi quâune dĂ©composition pres- quâinsensible , et parce quâils contiennent, terme moyen , jusquâĂ 4o pour ioo de matiĂšre animale, quâils forment un engrais si durable, et dont les effets sont si surs et si constans Câest probablement ainsi quâagissent une foule dâautres engrais, tels que la â 92 â corne, les poils, les vieux cuirs, les dĂ©bris dâanimaux, etc. » Annales de chimie et de physique, tome XVI, page 36 1 , annĂ©e 1821. Telles sont, Messieurs, les diverses considĂ©rations que jâai cru devoir vous prĂ©senter sur lâemploi des os en agriculture. Je dĂ©sire beaucoup quâelles aient assez de poids pour engager les cultivateurs de notre dĂ©partement Ă introduire ce nouvel engrais dans leur pratique journaliĂšre. Si mes avis produisaient un tel rĂ©sultat, je nâaurais quâĂ me fĂ©liciter dâavoir rĂ©digĂ© cette note. BONBONS COLORĂS PAR DES SUBSTANCES VĂNĂNEUSE. proposition faite a cet Ă©gard AU CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE DU DĂĂŻARTt>l*N T m * âą Messieurs, A diffĂ©rentes reprises, lâattention publique a Ă©tĂ© NeĂŒlĂ©ej^des poursuites dirigĂ©es contre des confiseurs qui avaient n stances des matiĂšres sucrĂ©es quâils avaient colorĂ©es avec effets vĂ©nĂ©neuses, dont sans doute ils ne connaissaien P . j meurtriers. Des condamnations repetees, tan 2° La loi du 16-24 aoĂ»t I 79 ° > 3 ° La loi du 32 juillet 1791 ; 4 ° Le code du 3 brumaire an IV; 5 ° Lâordonnance de police du 10 dĂ©cembre l 83 t o ; 6* Les articles 319 et 320 du code pĂ©nal ; Avons ordonnĂ© et ordonnons ce qui suit Art. _ Il est expressĂ©ment dĂ©fendu de se servir, pour peindre ou colorier les bonbons, dragĂ©es , pastilles, et en gĂ©nĂ©ral toute espĂšce de sucreries ou de pĂątisseries, ainsi que pour colorier les liqueurs de table, dâaucune substance minĂ©rale, et notamment des substances suivantes 101 i° Le vert de ScheĂšle, le vert de Sclrweinfurt ou vert dâAllemagne, violent poison contenant du cuivre et de lâarsenic ; 2° Le jaune de chrome ou chrĂŽmate de plomb ; 3 ° Le vermillon ou cinabre, appelĂ© encore sulfure de mercure ; 4 ° Lâorpiment ou sulfure jaune dâarsenic ; 5 ° Le minium ou oxide rouge de plomb ; 6° Le rĂ©algar ou sulfure rouge dâarsenic ; 7° Le bleu de montagne ou cendre bleue cuivrĂ©e ou azur de cuivre, qui est un carbonate de cuivre ; 8° Les cendres bleues en pĂąte ou carbonate de cuivre artificiel ; 9° Le jaune de Naples, contenant des oxides de plomb et dâantimoine ; io° Le smalt ou verre dâazur colorĂ© par lâoxide de cobalt; 11° Le vert-de-gris ou sous-acĂ©tate de cuivre. Le bleu de Prusse ou de Berlin peut ĂȘtre employĂ© sans inconvĂ©nient. On ne devra faire usage, pour colorier les bonbons, liqueurs, etc., que de substances vĂ©gĂ©tales, Ă lâexception de la gomme-gutte et de lâorseille. Art. 2. â Il est dĂ©fendu de mettre dans les liqueurs des feuilles dâor ou dâargent faux ; les liquoristes ne devront employer pour cet usage que des feuilles dâor et dâargent fin. Art. 3 . â Il est dĂ©fendu dâenvelopper ou de couler des sucreries dans des papiers bleus, lissĂ©s ou coloriĂ©s avec des substances minĂ©rales, attendu que les enfans ont lâhabitude de les porter a leur bouche, ce qui peut occasionner de graves accidens. Art. 4- â Les confiseurs , Ă©piciers, liquoristes, et en general tous les marchands qui vendent des sucreries et liqueurs coloriĂ©es, devront les livrer enveloppĂ©es dans des papiers qui porteront des Ă©tiquettes indiquant leur nom , profession et demeure. Art. 5 . â Il est encore expressĂ©ment dĂ©fendu aux distillateurs ou liquoristes dâemployer le sucre de saturne ou acetate de plomb pour clarifier leurs liqueurs, cette substance Ă©tant un violent poison. â 102 â Art. 6. â Les fabricans et marchands seront personnellement responsables des accidens occasionnĂ©s par les produits quâils auront fabriquĂ©s ou vendus. Art. 7. â Il sera fait des visites chez les fabricans et dĂ©tailâ lans , Ă lâelfet de constater si les -dispositions prescrites par la prĂ©sente ordonnance sont observĂ©es. Les membres du conseil central et des comitĂ©s secondaires de salubritĂ© sont chargĂ©s de cette surveillance. Art. 8. â Les contraventions seront poursuivies conformĂ©ment Ă la loi, devant les tribunaux compĂ©tens. Le prĂ©fet du dĂ©partement, Telles sont, Messieurs, les mesures que votre commission vous propose de soumettre Ă lâapprobation de M. le prĂ©fet. Dans le cas oĂč elles seraient adoptĂ©es, elle croit que le conseil central devrait nommer une commission permanente de trois membres, qui aurait, dans ses attributions, la visite des ateliers des fabricans de bonbons et de liqueurs; les visites pourraient ĂȘtre faites un mois avant lâĂ©poque du jour de lâan, et quelques jours aprĂšs le premier janvier. Yotre commission est persuadĂ©e quâen mettant en pratique le mode de surveillance quâelle indique, et en publiant lâordonnance ci-dessus, la vente des bonbons vĂ©nĂ©neux nese renouvellera plus. Fait en sĂ©ance, Ă Rouen, dans le sein de la commission, le 1 " octobre i83i. SignĂ© J. Girardin , rapporteur, P. Alexandre. Vingtrinier. CONSIDERATIONS TOXICOLOGIQUES SUR LâEMPLOI DU SUCRE DANS LES EMPOISONNEMENS PAR LâACĂTATE DE CUIVRE. THĂSE PRĂSENTĂE ET SOUTENUE A LA FACULTĂ DE MĂDECINE DE PARIS, LB 25 AOUT 1832, PAR M. P. POSTEL, D. M. P., ANCIEN ĂLEVB DES 80P1TADK DB RODER. Extrait communiquĂ© par M. J. Girardin 1 . On peut dire que lâempoisonnement par les prĂ©parations cuivreuses est un des plus communs et des plus importansĂ connaĂźtre. Aussi, de tout tems, les mĂ©decins et les chimistes ont-ils portĂ© leur attention sur les moyens capables de dĂ©cĂ©ler la prĂ©sence de ces poisons, et sur ceux de prĂ©venir leurs terribles ravages sur lâĂ©conomie animale. Parmi les moyens conseillĂ©s pour combattre les accidens quâoccasionnent les prĂ©parations cuivreuses, moyens qui ont variĂ© suivant les Ă©poques de la science oĂč ils ont Ă©tĂ© proposĂ©s , on peut citer les boissons mucilagineuses conseillĂ©es par 1 InsĂ©rĂ© dans les Annales d'hygiĂšne publique et de mĂ©decine lĂ©gale t t. 10, l » o part., p. Ă07. â 104 â FodĂ©rĂ© ; les sulfures hydrogĂ©nĂ©s de potasse, de soude, de chaux, proposĂ©s par Navier ; la teinture de noix de galle, prĂ©conisĂ©e par Chansarel ; les huiles essentielles, conseillĂ©es par Migault ; plus rĂ©cemment la limaille de fer, par MM. Milne Edwards et Dumas ; la poudre de charbon, par M. Bertrand. Mais il nâest aucune de ces substances qui ait joui aussi long-tems que le sucre de canne de la qualification de contre-poison des prĂ©parations cuivreuses. Marcellin Duval lâavait confirmĂ©e par ses expĂ©riences sur lâhomme et les animaux, et M. Orfila lui-mĂȘme lâavait consacrĂ©e dans la premiĂšre Ă©dition de sa Toxicologie. Enfin, diverses observations rapportĂ©es par M. Guersent dans le Dictionnaire des Sciences mĂ©dicales annĂ©e i8i 3, semblaient avoir mis hors de doute que le sucre soit solide, soit liquide, produit les rĂ©sultats les plus heureux dans ces circonstances. Plus tard , M. Orfila, en examinant de nouveau lâaction chimique que le sucre exerce sur lâacĂ©tate de cuivre, vit quâil le dĂ©compose rapidement Ă la tempĂ©rature de lâeau bouillante, et quâil le transforme en protoxide de cuivre dâun jaune orangĂ© et en acide acĂ©tique qui se dĂ©gage. A la mĂȘme Ă©poque, M. Vogel dĂ©montrait, dans un MĂ©moire prĂ©sentĂ© Ă lâInstitut, que le sucre nâexerce dâaction chimique sur le vert-de-gris quâautant que ces deux substances se trouvent en contact Ă la tempĂ©rature de lâĂ©bullition ; que, dans ce cas, il se sĂ©pare du protoxide de cuivre , et quâil reste encore du cuivre dans la dissolution colorĂ©e en brun , que lâammoniaque ne peut faire dĂ©couvrir, mais que le ferrocya- nate de potasse prĂ©cipitĂ© en brun. Suivant le mĂȘme chimiste , le sucre de lait, lâamidon, la mĂ©lasse, le miel, la manne, etc. , partagent jusquâĂ un certain point cette propriĂ©tĂ© dĂ©composante. Ces diverses observations ne permettaient pas de concevoir comment le sucre pouvait agir comme contre-poison dans les empoi- sonnemens par les sels de cuivre, puisquâil ne dĂ©compose ni le verdet, ni le vert-de-gris, Ă la tempĂ©rature de lâestomac. M. Orfila, aprĂšs une nouvelle sĂ©rie dâexperiences sur les animaux, conclut â 105 que le sucre nâexerce aucune action chimique sur le vert-de-gris qui a Ă©tĂ© introduit dans lâestomac ; quâil ne lâempĂȘche pas dâagir comme caustique, et , par consĂ©quent, quâil nâest pas contrepoison, mais quâil est utile pour calmer lâirritation dĂ©veloppĂ©e par ce poison, lorsque celui-ci a Ă©tĂ© prĂ©alablement expulsĂ© par le vomissement ; puis, de concert avec M. Bertrand, il proposa lâalbumine comme moyen efficace dâarrĂȘter les ravages de ce poison, se fondant sur la propriĂ©tĂ© quâelle possĂšde de prĂ©cipiter le cuivre de sa dissolution Ă lâĂ©tat dâoxide, de se combiner avec ce dernier en donnant naissance Ă un composĂ© insoluble, et, par consĂ©quent, sans action sur lâĂ©conomie animale. Les choses en Ă©taient Ă ce point, lorsque M. Postel, nommĂ©, en i83o, prĂ©parateur du cours de mĂ©decine lĂ©gale professĂ© par M. Blanche, Ă lâEcole secondaire de Rouen, fut chargĂ©, par cet habile mĂ©decin, de renouveler les expĂ©riences ayant pour but de dĂ©terminer quel Ă©tait le spĂ©cifique le plus certain contre les prĂ©parations cuivreuses. Le sucre et lâalbumine furent tourâĂ âtour essayĂ©s; les autres moyens furent nĂ©gligĂ©s, soit parce que leur emploi uâest pas toujours facile, soit parce que, dans beaucoup de cas , il serait impossible de se les procurer, tandis que ces derniers se trouvent lâun et lâautre dans toutes les localitĂ©s. ExpĂ©riences. Deux chiens, de taille et de force Ă -peu-prĂšs Ă©gales, furent choisis Ă cet effet. On porta dans lâestomac de lâun dâeux, au moyen de la sonde Ćsophagienne, un gros de vert-de- gris dĂ©layĂ© dans quatre onces dâeau. La mĂȘme dose de vert-de- gris et dâeau fut injectĂ©e dans lâestomac de lâautre, et par le meme moyen. Quelques instans aprĂšs lâinjection du poison, ces deux animaux se plaignirent, et eurent un vomissement et une selle lĂ©gĂšrement colorĂ©e en bleu. On introduisit alors dans 1 estomac de ces animaux , toujours au moyen de la sonde et Ă diverses reprises, chez lâun une grande quantitĂ© dâalbumine, chez 1 autre nne grande quantitĂ© dâeau saturĂ©e de cassonade. AprĂšs quelques vomissemens et quelques selles, ces animaux parurent assez Iranâ â 106 â quilles ils burent de lâeau mise Ă leur disposition ; on les abandonna. Celui auquel lâalbumine avait Ă©tĂ© administrĂ©e, succomba dans la nuit. A lâouverture du cadavre, le canal digestif et particuliĂšrement lâestornac furent trouvĂ©s fortement enflammĂ©s ; lâestomac prĂ©sentait quelques lĂ©gĂšres ulcĂ©rations. â Lâautre animal se rĂ©tablit en peu de jours. Cette expĂ©rience, renouvelĂ©e quelques jours aprĂšs, donna le mĂȘme rĂ©sultat. TentĂ©e une troisiĂšme fois, on obtint un effet opposĂ©. Ce fut lâanimal auquel le sucre avait Ă©tĂ© administrĂ© qui succomba, et chez lequel on remarqua Ă âpeuâprĂšs les mĂȘmes altĂ©rations que chez les deux prĂ©cĂ©dens. Il rĂ©sulte des expĂ©riences ci-dessus et de quelques autres qui prĂ©sentĂšrent les mĂȘmes circonstances, que si on laisse aux animaux empoisonnĂ©s par les prĂ©parations cuivreuses la facilitĂ© de vomir , et quâon leur administre du sucre ou de lâalbumine, le terme moyen de la mortalitĂ©, pour ceux auxquels on administre le sucre, est dâun tiers, et pour ceux auxquels on donne lâalbumine, de deux tiers. Frappe de ce rĂ©sultat, tout oppose Ă celui que les expĂ©riences de M. Orfila avaient dĂ» faire espĂ©rer, M. Postel chercha quelle pouvait en ĂȘtre la cause, et si le sucre nâavait rĂ©ellement dâaction chimique sur le vert-de-gris quâĂ la tempĂ©rature de lâĂ©bullition, ainsi que lâannonçaient MM. Yogel et Orfila. Il fit plusieurs mĂ©langes de vert-deâgris , de sucre ou de cassonade, quâil exposa Ă une tempĂ©rature de 3o° Ă 36° centigr. A peine les deux substances Ă©taient-elles en contact Ă cette tempĂ©rature, quâil remarqua une altĂ©ration sensible de couleur ; et, quelques instans aprĂšs, plusieurs points dâun jaune rougeĂątre. BientĂŽt le mĂ©lange prit cette teinte presque uniforme, et on trouva, au fond des capsules, une poudre de mĂȘme couleur. Cette expĂ©rience, rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois de suite, sous les yeux de M. Blanche, a constamment donnĂ© les mĂȘmes rĂ©sultats. Les expĂ©riences suivantes corroborent les faits prĂ©cĂ©dens l" expĂ©rience. Si lâon expose clans un bain de sable , dont la tempĂ©rature est portĂ©e Ă 36° centigr., un mĂ©lange de vert-de- gris , de sucre ou de cassonade , les phĂ©nomĂšnes annoncĂ©s ci- dessus ont constamment lieu ; si, au lieu de vert-deâgris, on se sert de verdet cristallisĂ©, les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes sâobservent encore ; cependant, le prĂ©cipitĂ© est dâune couleur rouge beaucoup plus foncĂ©e. 2 ° expĂ©rience. Si lâon met du vert-de-gris en contact avec le sucre ou la cassonade, Ă la tempĂ©rature ordinaire, les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes sâobservent, mais avec beaucoup moins de rapiditĂ©, et le rĂ©sultat se fait attendre plus longâtems. 3* expĂ©rience. Si lâon prend une dissolution de verdet dans lâeau distillĂ©e , et que lâon y ajoute une certaine quantitĂ© de sirop de sucre bien clarifiĂ©, on remarque, en agissant toujours Ă la tempĂ©rature ordinaire, que la liqueur perd sa couleur bleue, et quâelle passe au vert. Quelques instans aprĂšs, elle se trouble, et lâon aperçoit un prĂ©cipitĂ© peu abondant, floconneux, qui, bientĂŽt, augmente et vient se dĂ©poser au fond de la fiole. Ce prĂ©cipitĂ© est dâun rouge loncĂ©. â En ajoutant de nouvelles quantitĂ©s de sirop , on finit par dĂ©colorer presque entiĂšrement la solution employĂ©e, et il est assez probable quâavec une suffisante quantitĂ© de matiĂšre sucrĂ©e, on arriverait Ă une dĂ©coloration complĂšte. Il restait Ă dĂ©terminer si le prĂ©cipitĂ© qui se formait dans ces deux cas Ă©tait semblable Ă celui que MM. Vogel et Orfila ont obtenu. M. Girardin, professeur de chimie Ă Rouen, sâest chargĂ© d analyser les divers prĂ©cipitĂ©s obtenus par M. Postel, et il les a trouvĂ©s formĂ©s de protoxide de cuivre. Il a communiquĂ©, en outre, a ce mĂ©decin une observation trĂšs-curieuse, que nous rapportons lc i textuellement " Un de mes Ă©lĂšves , chargĂ© par moi dâextraire le sucre de dia- * betes de lâurine dâun malade, traitĂ© Ă lâHĂŽtelâDieu de Rouen, â en i83a , pour cette maladie, laissa sĂ©journer, faute dâattention, pendant prĂšs dâun mois, dans une bassine en cuivre jaune, le â 108 » sirop trĂšs-Ă©pais quâil avait obtenu. Au bout de ce tems, le sirop » Ă©tait devenu dâun brun sombre , il avait acquis une saveur dĂ©s- » agrĂ©able, et perdu la propriĂ©tĂ© de cristalliser. Ne pouvant en » isoler du sucre cristallisĂ©, nous le convertĂźmes en alcool. La » bassine dans laquelle ce sirop avait Ă©tĂ© conservĂ© Ă©tait couverte » de vert-de-gris. En enlevant le sirop, qui avait acquis, par son » long sĂ©jour Ă lâair, la consistance dâune mĂ©lasse trĂšs-Ă©paisse, » nous remarquĂąmes une quantitĂ© notable dâune poudre rougeĂątre » câĂ©tait du protoxide de cuivre ; et, en traitant cette mĂ©lasse par » lâalcool bouillant, dans lâespoir de la purifier, nous vĂźmes se » dĂ©poser, au fond du ballon en verre, dans lequel se faisait lâcx- » pĂ©rience, une proportion trĂšs-sensible de cuivre mĂ©tallique. » Il rĂ©sulte de cette observation que le sucre de diabĂštes rĂ©agit » Ă la tempĂ©rature ordinaire sur le vert-de-gris, dâune maniĂšre » trĂšs-marquĂ©e ; mais au bout dâun tems plus ou moins long, puis- » quâil en prĂ©cipite du protoxide de cuivre, et quâĂ la chaleur de » lâĂ©bullition cette action devient Ă©nergique, puisque lâon isole » du cuivre mĂ©tallique. Cette observation a Ă©tĂ© faite dans mon > laboratoire, au mois de mars de cette annĂ©e. â Depuis, jâai re- » connu quâĂ la tempĂ©rature ordinaire, le vert-de-gris et le verdet » cristallisĂ©, dĂ©layĂ©s ou dissous dans lâeau Ă laquelle on ajoute du » sucre de canne, Ă©taient dĂ©composĂ©s par ce dernier. Au bout de » dix Ă douze heures de contact, la rĂ©action commence la disso- » lotion perd un peu de sa couleur, et laisse dĂ©poser tantĂŽt une âąâą poudre jaune , tantĂŽt une poudre rouge, dont la quantitĂ© va » sans cesse en augmentant. La dĂ©composition des sels cuivreux » nâest complĂšte quâau bout de plusieurs semaines la poudre » dĂ©composĂ©e est du protoxide de cuivre plus ou moins divisĂ©. » Je vais continuer ces essais, qui me paraissent assez curieux ? » envisagĂ©s surtout sous le point de vue de la mĂ©decine lĂ©gale. â M. Orfila a constamment remarquĂ© que lorsque la dose de ver' det cristallisĂ©, introduit dans lâestomac , Ă©tait plus forte que 12 Ă 1 grains , les animaux pĂ©rissaient en moins de trois quarts dâheure ; que rarement ils pouvaient rĂ©sister pendant une heure Ă lâaction violente du poison. Les rĂ©sultats obtenus par lâemploi du sucre sur les animaux auxquels on laisse la facilitĂ© de vomir, lâaction de ce dernier sur les prĂ©parations cuivreuses, engagĂšrent M. Postel Ă administrer ce poison, en liant lâĆsophage et en empĂȘchant le vomissement. i re expĂ©rience. Il injecta dans lâestomac dâune chienne de taille et de force moyennes 3o grains de verdet cristallisĂ©, dissous dans 2 onces dâeau ; peu de tems aprĂšs, 4 onces de cassonade dĂ©layĂ©es dans 4 onces dâeau ; lâĆsophage fut liĂ©. Lâanimal resta vingt minutes sans manifester rien dâinsolite ; il fit ensuite de violens efforts pour vomir; il eut deux selles faiblement colorĂ©es en bleu ; il ne poussa aucun cri, aucune plainte. Deux heures aprĂšs lâinjection du poison, lâanimal paraissait abattu, et ne faisait aucun effort pour vomir. Il succomba trois heures aprĂšs lâopĂ©ration. Lâautopsie , faite quinze heures aprĂšs la mort, offre les altĂ©rations suivantes La rigiditĂ© cadavĂ©rique est trĂšs-prononcĂ©e lâĆsophage, jusquâĂ une certaine distance de la ligature, prĂ©sente les symptĂŽmes de lâinflammation la plus violente, sans aucune autre altĂ©ration. Lâestomac renferme une assez grande quantitĂ© de liquide ayant une teinte verte trĂšs-prononcĂ©e, et ne prĂ©sente que quelques lĂ©gĂšres traces dâinflammation prĂšs lâorifice cardiaque. Vers son grand cul- de-sac, il y a des marbrures grisĂątres. La muqueuse, un peu Ă©paissie , sâenlĂšve avec assez de facilitĂ© le reste du canal digestif nâoffre aucune altĂ©ration ; il est Ă lâĂ©tat normal. La trachĂ©e-artĂšre et les bronches ne prĂ©sentent rien de particulier. Les poumons sont engouĂ©s , le cĆur plein de sang caillĂ©. La matrice , renfermant le Iruit de la conception , prĂ©sente un liquide fortement colore en bleu ; les placentas se dĂ©chirent avec facilite et offrent la mĂȘme c °uleur. â 110 â 2 â expĂ©rience. Peu aprĂšs, M. Postel injecta dans lâestomac dâun chien de meme taille et de mĂȘme force, une dose Ă©gale de verdet dissous dans la mĂȘme quantitĂ© dâeau , et 4 blancs dâĆufs dĂ©layĂ©s dans 3 onces dâeau. LâĆsophage fut liĂ©. Lâanimal eut aussi de frĂ©quentes envies de vomir et quelques selles moins colorĂ©es en bleu que dans lâobservation prĂ©cĂ©dente. La mort se fit attendre plus de tems que dans lâobservation prĂ©citĂ©e. Il ne succomba que cinq jours aprĂšs lâinjection du poison. Lâautopsie, pratiquĂ©e douze heures aprĂšs la mort, prĂ©sente les altĂ©rations suivantes Ćsophage rouge et enflammĂ©, estomac renfermant des substances alimentaires teintes en vert, grand cul-de-sac offrant une rougeur considĂ©rable, muqueuse Ă©paissie et sâenlevant avec facilitĂ© ; lâautre portion de lâestomac nâoffrant aucune altĂ©ration notable ; intestins Ă lâetat normal, thorax contenant dans sa cavitĂ© un liquide aqueux assez abondant ; sĂ©reuse recouverte dâune couche albumineuse , analogue aux pseudo-membranes ; poumons fortement enflammĂ©s, gorgĂ©s de sang et se dĂ©chirant avec facilitĂ© ; cĆur renfermant des caillots de sang trĂšs-remarquables par leur consistance ferme. Toutefois , dit M. Postel, je dois mentionner que je remarquai que les substances liquides ou solides contenues dans lâestomac de ces animaux dĂ©celĂšrent Ă lâanalyse la prĂ©sence, facile Ă reconnaĂźtre , des sels cuivreux, ainsi que je mâen assurai au moyen de lâammoniaque , du phosphore et de lâhydrocyanate de potasse. â Je dĂ©couvris encore, par les mĂȘmes moyens , que les eaux de lâamnios de la chienne Ă laquelle jâavais administrĂ© du sucre, contenaient Ă©galement du cuivre, mais en trĂšs-petite quantitĂ©. De ces faits, il rĂ©sulte I e Que le sucre dĂ©composĂ© le verdet et le vert-de-gris, non seulement Ă la tempĂ©rature de lâĂ©bullition, comme on lâa annoncĂ©, mais encore Ă la tempĂ©rature ordinaire ; que cette dĂ©composition est plus ou moins rapide, selon la concentration des liquides, et que, dans lâun ou lâautre cas, les sels sont rĂ©duits Ă lâĂ©tat de protoxide decuivre ; 2 ° Quâil exerce une action analogue dans lâestomac, puisque les animaux auxquels on lâadministre rĂ©sistent un laps detems beaucoup plus considĂ©rable que dans les cas contraires, et que les altĂ©rations observĂ©es aprĂšs la mort sont loin dâĂȘtre en rapport avec celles que lâon trouve ordinairement aprĂšs les empoisonnemens causĂ©s par les prĂ©parations cuivreuses ; 3° Que les altĂ©rations observĂ©es aprĂšs son action et celle de lâalbumine sont Ă peu prĂšs les mĂȘmes ; 4° Quâen consĂ©quence, on doit le ranger parmi les antidotes du vert-de-gris et du verdet, puisquâil les dĂ©compose, non seulement a la tempĂ©rature habituelle de lâestomac , mais mĂȘme Ă la tempĂ©rature ordinaire; que, dâautre part, il compte un plus grand nombre de succĂšs. 96000909$0060000QOOa09Ă9U90009OQOOOO009000e0090e069009 RAPPORT SUR LA CULTURE DE LA BETTERAVE A SUCRE âą DANS LES ENVIRONS DE FĂCAMP, bt nt LA FABRIQUE DE SUCRE INDIGĂNE QUI "VIENT D*Y ETRE ĂTABUB , PAR MM. DUBUC ET GIRARDIN, RAPPORTEUR ; PrĂ©sentĂ© Ă la SociĂ©tĂ© centrale dâAgriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure » le 18 octobre 1852 *. Messieurs , ' Dans le courant de cette annĂ©e, une commission , composĂ©e de MM. Justin, Leprevost, vĂ©tĂ©rinaire, Leroy et Girardin, chargĂ©s par vous de visiter les belles exploitations de plusieurs de nos correspondans du pays de Caux , se rendit en dernier lieu Ă FĂ©camp pour examiner la culture de la betterave que M. Dargent a introduite dans cette localitĂ©, ainsi que la nouvelle fabrique de sucre indigĂšne elevĂ©e , au commencement de i83i , 1 InsĂ©rĂ© dans P Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale dâagriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure t t. 7 , cahier de la sĂ©ance publique, p. 50, annĂ©e 1832. â 115 â j>ar M. Collos , habile rafTineur. Lors du passage de la commission , ce dernier Ă©tablissement Ă©tait inactif, par suite du manque de matiĂšres premiĂšres, la saison nâĂ©tant point encore assez avancĂ©e. Les propriĂ©taires de la fabrique engagĂšrent vivement vos commissaires Ă assister aux 'travaux qui devaient reprendre dans les premiers jours du mois dâoctobre. Vous nous avez invites , Messieurs , Ă remplir les engagemens pris par votre premiĂšre commission. En consĂ©quence, nous nous sommes transportĂ©s le 8 de ce mois Ă FĂ©camp ; nous avons examinĂ© avec soin les manipulations suivies par MM. Collos fils, et, aprĂšs nous ĂȘtre formĂ© une idĂ©e avantageuse de la bontĂ© des procĂ©dĂ©s adoptes , nous avons pu rĂ©diger le rapport que nous venons vous offrir aujourdâhui. Par la mĂȘme occasion , nous avons visitĂ© la belle ferme de M. Dargent, vu avec intĂ©rĂȘt ses nombreux champs de betteraves, et nous nous empressons de tĂ©moigner ici Ă cet honorable confrĂšre, ainsi quâĂ M.â Germain , notre correspondant, qui a bien voulu nous guider dans nos observations, les tĂ©moignages de notre reconnaissance pour les soins quâils ont pris de nous faire connaĂźtre les richesses agricoles et industrielles du pays quâils habitent. Lorsquâeu 1747, Messieurs , le cĂ©lĂšbre Margraff, chimiste de Berlin , eut dĂ©couvert lâexistence , dans la racine de betterave, dâun sucre cristallisable , identiquement semblable Ă celui de la canne amĂ©ricaine, on Ă©tait loin de sâattendre Ă voir ce fait curieux recevoir une application aussi Ă©tendue que celle quâil a obtenue de nos jours. NĂ©gligĂ© pendant quarante ans , il dut aux soins dâAchard, autre chimiste de Berlin , de fixer de nouveau lâattention des savans, et particuliĂšrement des chimistes de France, qui, les premiers, sâempressĂšrent de rĂ©pĂ©ter eux- mĂȘmes les expĂ©riences si intĂ©ressantes dâAchard et de son illustre prĂ©dĂ©cesseur , en opĂ©rant, de 1786 Ă 1787 , sous le ministĂšre de M. le baron de Breteuil, sur des betteraves ordinaires rĂ©coltĂ©es dans les environs de Paris; Lâhomme de gĂ©nie 8 â 114 â qui , quelques annĂ©es aprĂšs, vint sâasseoir sur les dĂ©bris du trĂŽne de Louis XYI, et sut si rapidement tirer le pays de lâĂ©tat de marasme dans lequel lâavaient plongĂ© des intrigans et des gens sans moyens, entrevit dâun seul coup-dâĆil les avantages que pouvaient offrir Ă la France la culture de la betterave et son exploitation comme matiĂšre saccharifĂšre, et, dĂšs ce moment, faisant usage de son autoritĂ© et de lâinfluence quâil avait acquise sur ses concitoyens , il donna tous ses soins Ă lâĂ©tablissement de sucreries indigĂšnes, qui, bientĂŽt sâĂ©levĂšrent de toutes parts et travaillĂšrent avec un succĂšs vraiment prodigieux. Câest Ă partir de 1812 que ce grand mouvement industriel se manifesta, soutenu par les circonstances politiques, câest-Ă -dire le blocus continental, qui privait la France de la jouissance des sucres de ses colonies. â Alors lâAngleterre, se reposant sur les immenses avantages de sa position, tournait en dĂ©rision nos efforts , et sâabaissait jusquâau point de poursuivre de ses ineptes plaisanteries les hommes de cĆur qui, souffrĂąnt des privations de leurs concitoyens, sâefforcaient de les adoucir en crĂ©ant une industrie qui devait fournir Ă leurs besoins une denrĂ©e devenue , par suite de lâhabitude, un aliment de premiĂšre nĂ©cessitĂ©. Elle ne pouvait prĂ©voir, cette orgueilleuse rivale , que, malgrĂ© tant dâobstacles Ă renverser, tant de prĂ©jugĂ©s Ă dĂ©truire , cette industrie, encore dans lâenfance, deviendrait, dans une tems si rapprochĂ©, un sujet de crainte et de jalousie pour elle, un sujet dâadmiration et de reconnaissance pour nous. En effet, les Ă©vĂ©nemens dĂ©sastreux de 1814 et de i 8 i 5 , qui semblaient devoir anĂ©antir les fabriques de sucre indigĂšne, ne firent que suspendre momentanĂ©ment lâĂ©lan quâelles avaient reçu ; et bientĂŽt, au milieu de lâencombrement des sucres Ă©trangers tombĂ©s Ă vil prix, on ne vit pas sans Ă©tonnement la vie reparaĂźtre dans ces fabriques , et leurs produits augmenter chaque jour en quantitĂ© et en beautĂ©. Câest quâil y a, dans lâindustrie dont nous parlons, un autre avantage cjue la production du sucre ; â 115 â câest que ce genre de fabrication prĂ©sente , pour notre agriculture, des ressources nouvelles si fĂ©condes en grands rĂ©sultats, quâil est intimement liĂ© actuellement Ă ses progrĂšs, et est devenu une annexe indispensable des exploitations rurales sagement conduites. Et il faut bien quâil en soit ainsi, car comment expliquer autrement le rapide essor de cette industrie qui date Ă peine de quelques annĂ©es ? En moins de dix ans, plus de deux cents fabriques ont Ă©tĂ© mises en activitĂ©. En 1828 , celles existantes livraient dĂ©jĂ Ă la consommation trois millions de kilogrammes de sucre; en i83o , elles en ont fourni dix millions. Les prĂ©visions de gens bien au fait de la matiĂšre font entrevoir que si cette fabrication suit la marche progressive quâelle a dĂ©jĂ parcourue ; si les circonstances favorables qui protĂšgent aujourdâhui les producteurs se maintiennent, et si rien ne vient alarmer la confiance des capitalistes disposĂ©s Ă se livrer Ă ce genre dâentreprise, le terme de cinq annĂ©es suffira pour que la production du sucre indigĂšne Ă©quivale Ă la consommation annuelle de toute la France. Vous voyez, Messieurs, que les fabriques de sucre de betteraves ont devant elles un long avenir de prospĂ©ritĂ© , et que rien ne saurait plus maintenant faire rĂ©trograder cette industrie, si favorable au pays, non seulement parce quâelle occupe des milliers de bras qui, sans elle, resteraient inactifs, mais parce quâelle ouvre un nouveau dĂ©bouchĂ© aux productions de notre sol. La culture de la betterave prĂ©sente, pour lâagriculture, des avantages immenses que nous ne ferons quâindiquer, parce que dĂ©jĂ ds sont devenus manifestes pour la plupart des cultivateurs habiles. Comme plante pivotante et sarclĂ©e, elle entre parfaitement en assolement avec les plantes annuelles et avec toutes celles qui sont considĂ©rĂ©es comme Ă©puisantes ; par consĂ©quent, elle doit concourir puissamment Ă lâabolition des jachĂšres, encore jugĂ©es utiles cependant par quelques agriculteurs. Sa culture est trĂšs-facile ; elle nâĂ©prouve que peu dâinconvĂ©niens des vicissitudes des saiâ 116 â sons ; elle nâeffrite pas le sol qui la nourrit ; elle le rend, au contraire ^ trĂšs-meuble, propre Ă recevoir le blĂ© avant lâhiver, en nâemployant quâun seul labour aprĂšs sa rĂ©colte , et quelques hersages avant les semailles. Les feuilles abondantes et de grande taille , conviennent parfaitement aux bestiaux, et offrent un excellent fourrage vert, qui concourt puissamment Ă leur engraissement. La racine elle-mĂȘme, trĂšs-recherchĂ©e par les animaux, devient dâun grand secours dans les momens de lâannĂ©e oĂč les autres fourrages manquent, et elle jouit de propriĂ©tĂ©s nutritives bien plus prononcĂ©es que la plupart des autres substances alimentaires ordinairement employĂ©es. Sa pulpe, dĂ©pouillĂ©e par la presse du suc quâelle renferme, et qui sert Ă lâextraction du sucre, es 1 Ă©galement trĂšsâpropre Ă lâengraissement des bestiaux, en leur fournissant une nourriture qui est tout Ă la fois saine et abondante ; aussi sa vente , dans les environs des fabriques , se fait- elle avec avantage. La multiplication du bĂ©tail est donc nĂ©cesâ » sairement une consĂ©quence de lâextension donnĂ©e Ă une racine » dont lâexploitation et la consommation se font pendant tout » lâhiver, et peuvent se prolonger jusquâaux Ă©poques les plusdif- » ficiles du printems ; et comme les rĂ©sultats agissent les uns sur » les autres, il doit sâensuivre que lĂ oĂč les bestiaux peuvent ĂȘtre » multipliĂ©s, la culture gĂ©nĂ©rale doit nĂ©cessairement ĂȘtre amĂ©- » liorĂ©e par suite de la production dâune beaucoup plus grande >âą quantitĂ© dâengrais ». » Les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes ont Ă©tĂ© justement apprĂ©ciĂ©es de tout tems par vous, Messieurs ; aussi avez-vous fait tous vos efforts pour acclimater la culture de la betterave dans notre dĂ©partement. Vos archives renferment une foule de mĂ©moires sur cette intĂ©ressante question , et vin prix, que vous allez dĂ©cerner cette annĂ©e Ă un correspondant qui a dignement rĂ©pondu Ă votre appel, 4 Programme d'un prix pour rĂ©tablissement de sucreries de betteraves sur des exploitations rurales, proposĂ© par la SociĂ©tĂ© dâencouragement pour lâindustrie nationale, pour lâannĂ©e 1S3S. est lĂ pour confirmer nos assertions. Ce nâest donc pas sans un vif interet que vous avez vu un honorable industriel, secondĂ© par un habile cultivateur, le mĂȘme que vous allez rĂ©compenser, M. Dar- gent enfin , Ă©leverune fabrique desucreindigĂšne Ă FĂ©camp. Yous vous ĂȘtes empressĂ©s dâentrer en correspondance avec M. Collos , qui, le premier, a rĂ©alisĂ© dans notre dĂ©partement les espĂ©rances que vous aviez conçues depuis long-tems. Dans le courant de cet Ă©tĂ© , ce fabricant vous a envoyĂ©, par lâentremise de M. Germain, qui vous a si puissamment secondĂ©, un Ă©chantillon de ses produits , et vous avez pu vous convaincre de son habiletĂ© dans le genre de fabrication quâil a Ă©tabli. La visite que nous avons faite rĂ©cemment chez lui nous a confirmĂ©s dans la bonne opinion que nous nous Ă©tions formĂ©e de son talent. Malheureusement ce nâest plus lui que nous avons trouvĂ© Ă la tĂȘte de lâĂ©tablissement naissant . Une mort prĂ©maturĂ©e, occasionnĂ©e par les effets de la cruelle maladie qui a promenĂ© sa faulx sur nos tĂȘtes, il y a quelques mois, lâa enlevĂ© au moment oĂč sa prĂ©sence Ă©tait si utile Ă la rĂ©ussite de ses projets. Mais il a laissĂ© deux fils pourvus dâune bonne et solide instruction industrielle, et ces jeunes gens estimables , imbus des idĂ©es saines de leur pĂšre , pĂ©nĂ©trĂ©s des mĂȘmes intentions, se sont livrĂ©s avec toute lâardeur de leur Ăąge aux travaux pĂ©nibles de la fabrication, quâils continuent avec un zĂšle et une sagacitĂ© qui doivent leur attirer la considĂ©ration et lâintĂ©rĂȘt de tous les amis de lâagriculture et de lâindustrie. Ce sont donc MM". Collos fils qui nous ont fait les honneurs de leur Ă©tablissement avec toute la franchise et lâempressement que nous aurions pu attendre de leur respectable pĂšre. Nous espĂ©rons que les dĂ©tails dans lesquels nous allons entrer sur leur exploitation vous feront partager les sentiâ mens dâestime quâils nous ont insiprĂ©s], et vous dĂ©termineront Ă leur accorder des marques de votre satisfaction. Ce nâest que depuis quelques annĂ©es seulement que la culture de la betterave a Ă©tĂ© entreprise sur une grande echelle aux environs Ăźle FĂ©camp, par M. Dargent, noire correspondant*. Aucun autre cultivateur, jusquâen 1 83 1 , ne lâavait imite ; mais depuis quâon a vu le parti avantageux quâil retirait de cette culture, soit pour la nourriture des bestiaux, soit en vendant Ă MM. Collos, pour ĂȘtre exploitĂ©es, les racines obtenues, les fermiers voisins ont enfin renoncĂ© Ă leurs prĂ©ventions contre elle, ou surmontĂ© leur insouciance , et leurs champs se couvrent actuellement de cette plante prĂ©cieuse. M. Collos, en fondant son Ă©tablissement, se reposait sur M. Dargent pour avoir des racines, car lui ne cultive pas la betterave, ou du moins nâen cultive que fort peu. LâannĂ©e derniĂšre , les rĂ©coltes de M. Dargent ont seules entretenu sa fabrique ; cette annĂ©e, dâautres fermiers concourent Ă son approvisionnement, mais dans un rapport bien moins grand que notre correspondant. Dâautres propriĂ©taires entreront bientĂŽt dans la liqe , en sorte que tout fait prĂ©sumer que, dâici Ă peu, la production des racines dĂ©passera la proportion que MM. Collos pourront exploiter dans la saison favorable. On peut donc dire que si la culture de la betterave se popularise dans cette partie du dĂ©partement, ce rĂ©sultat sera entiĂšrement dĂ» Ă lâexemple de M. Dargent et Ă lâexistence de la sucrerie de MM. Collos. Sous ce rapport, comme vous le voyez, Messieurs, cet Ă©tablissement aura rendu un immense service Ă lâagriculture de notre pays. Nous devons aller au-devant dâune rĂ©flexion qui se prĂ©sente peut-ĂȘtre en ce moment Ă lâesprit de quelques personnes. MM. Collos Ă©tant tributaires des fermiers qui les entourent pour la fourniture des betteraves, on pourrait craindre que, du moment oĂč ces derniers renonceraient, par quelque motif que ce soit, Ă la culture de cette plante, la fabrication de sucre se trouvĂąt * Câest en 1820 qoe M. Dargent commença Ă cultiver la betterave en lignes il fut si satisfait de son produit, que, depuis cette Ă©poque, il en a constamment cultivĂ© chaque annĂ©e nn Ă deux hectares. En 1829, il en lit une plus grande quantitĂ©, et depuis, stimulĂ© par le prix proposĂ© par la SociĂ©tĂ© , en 1830, il a donnĂ© de plus grands dĂ©veloppemens encore Ă cette importante culture, comme nous allons le dire plut bas. â 119 â arrĂȘtĂ©e. Une fabrique placĂ©e dans de telles conditions peut-elle ĂȘtre assurĂ©e dâun long avenir? Sans doute , ce cas supposĂ© pourrait se prĂ©senter, si les fermiers nâavaient pas autant dâintĂ©rĂȘt quâils en ont Ă cultiver et Ă vendre leurs racines. Que ceux dâentrâeux qui nâont point encore adoptĂ© ce genre de culture restent dans leur insouciance Ă cet Ă©gard, cela peut ĂȘtre ; mais que ceux qui, dĂ©jĂ , en ont retirĂ© de grands bĂ©nĂ©fices , les abandonnent de gaĂźtĂ© de cĆur lorsque rien ne les y pousse, câest ce qui ne saurait ĂȘtre , câest ce qui nâaura pas lieu aussi les craintes que vous pourriez avoir sur lâavenir de la fabrique de MM. Collos doivent se dissiper devant les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Avant de vous parler, Messieurs , des moyens que nous avons vu employer pour extraire de la betterave le sucre quâelle contient , il est convenable de vous donner quelques renseignemens sur cette plante elle-mĂȘme, sur la maniĂšre dont on la cultive et dont on la rĂ©colte, afin de vous faire part de quelques observations que nous avons Ă©tĂ© Ă mĂȘme de faire Ă ce sujet en visitant la ferme de M. Dargent. La variĂ©tĂ© de betterave cultivĂ©e par notre confrĂšre , le principal fournisseur, comme nous lâavons dit, de la fabrique de MM. Collos, est la betterave blanche de SilĂ©sie, qui est alongĂ©e , fusiforme, Ă pĂ©tiole blanc, chair blanche et collet vert. Câest celle que lâon prĂ©fĂšre gĂ©nĂ©ralement pour lâextraction du sucre , parce quâelle est plus riche que toute autre en principe sucrĂ©, et quâelle est aussi dâun travail et dâune conservation plus faciles. Câest du t er au 20 avril que M. Dargent la sĂšme. Il a donnĂ© la prĂ©fĂ©rence a la mĂ©thode des semailles en lignes, avec Ă©claircissemens et repiquages intercalĂ©s. Son exploitation se compose, outre trois hectares quâil cultive en luzerne, et environ seize hectares de pĂąturages , dont la plus grande partie est en coteaux, de trente- trois hectares de terres labourables quâil cultive en trois soles, de la maniĂšre suivante 1-20 â I ro Soie 2â Soie 3° Sole . . BlĂ© 11 hectares. I Avoine avec trĂšfle ... 5 hect. 50 I » Seigle. 70 >11 Carottes ....... .. i 20 Pommes de terre-, . . . >* 58, TrĂšfle. . . 5 50 j ! 11 Betteraves. . . 5 50 hectares. hectares. Comme on le voit, cet habile cultivateur a supprimĂ© entiĂšrement les jachĂšres, et il a mĂȘme un hectare de betterave repiquĂ©e aprĂšs trĂšfle incarnat, ce qui donne, pour cette partie du terrain, deux rĂ©coltes dans la mĂȘme annĂ©e. DâaprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, M. Dargent a donc ensemencĂ© en betteraves huit hectares cinquante ares. Yoici le compte de culture quâil a adressĂ© tout rĂ©cemment Ă votre commission des prix. Compte rendu Ă la SociĂ©tĂ© d y agriculture du dĂ©partement de la Seine-InfĂ©rieure par M. Dargent , cultivateur-propriĂ©taire » demeurant en la commune de Saint-lĂ©onard, canton de FĂšcamp , membre correspondant de ladite SociĂ©tĂ© , sur les frais de culture, d'exploitation , et les bĂ©nĂ©fices obtenus de huit hectares cinquante ares de terre quâil a ensemencĂ©e en betteraves en lignes , en 1831, DEPENSE OU DĂBIT DU COMPTE. Loyers et impositions Ă S0 francs l'hectare par Fr. c. annĂ©e.... 680 » Frais gĂ©nĂ©raux. 300 47 Labours et menues cul- tures prĂ©paratoires.... 40S 1,190 Frais de cemaillc et vepi- 72 25 Achat de la graine. M Binages avec la boue a 13S 10 Sarclage , 289 journĂ©es de femme. 2S9 » Frais de dĂ©plantage, dĂ©- collelage et chargement des voitures . G93 * Transport Ă la fabrique Ă une lirĂče de distance . 1,5S3 92 S,227 74 PRODUIT OU CRĂDIT DU COMPTE. 460,000 kilogrammes de betteraves dĂ©colletĂ©es et Fr. C. lavĂ©es, vendues et livrĂ©es k M. Collos, fabricant de sucre, an prix de 32 francs les 1,000 kilogrammes. 14,720 2*000 kilogrammes de betteraves conservĂ©es pour porter graine, portĂ©es au mĂȘme prix.. 64 A dĂ©duire les dĂ©penses. . 14,784 5,227 74 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice... 9,556 26 â 121 En rĂ©duisant Ă lâhectare les dĂ©penses et les produits , nous trouverons les rĂ©sultats suivons DĂBIT. CRĂDIT. Fr. C. Fr. C. Loyers et impositions. . . 80 * 54, ÂŁ]de Fras gĂ©nĂ©raux. 33 53 betteraves, Ă 32ÂŁfrancs Labours et menues cul- les 1 jOOOjjkilogrammes. 1,739 32 titres prĂ©paratoires.... 43 * AdĂ©duire la dĂ©pense. .,. 615 03 Frais de repiquage et se- maille. S SO Achat de la graine. 6 âą Binages avec la houe a cheval.. 13 60 Sarclages , 34 journĂ©es de femme. 34 Frais de dĂ©plantage, dĂ©- colletage et chargement des voitures.. 81 53 Transport a la fabrique. . 165 05 615 03 Observations. i° Les frais gĂ©nĂ©raux se composent l° de lâintĂ©rĂȘt du capital employĂ© Ă lâexploitation ; 2 ° des frais dâadministration ; 3° des dĂ©penses de mĂ©nage ; 4° le lâentretien du mobilier de la ferme , 5° enfin de lâentretien des chemins ; 2 ° M. Dargent ne fait figurer ici, pour la dĂ©pense dâengrais , que la partie qui est prĂ©sumĂ©e avoir Ă©tĂ© consommĂ©e par la rĂ©coltĂ©, câest-Ă -dire la moitiĂ© de la valeur totale, lâautre moitiĂ© Ă©tant supportĂ©e, partie par la rĂ©colte qui a prĂ©cĂ©dĂ©, et partie par la rĂ©colte qui a suivi ; 3° Pour faire connaĂźtre tout le produit des huit hectares cinquante ares de terres ensemencĂ©es en betteraves en lignes, en l83l , M. Dargent dit que, dans deux hectares cinquante ares du susdit terrain ensemencĂ© en betteraves , il avait aussi seme 4 kilogrammes graines de carottes, qui ont produit 63,ooo kilogrammes de carottes, quâil a employĂ©s Ă la nourriture de ses bestiaux, et portĂ©s .Ă leur compte, Ă raison de 32 francs les i,ooo kilogrammes. 2,016 fr. » â 122 â DĂPENSE OU DĂBIT DU COMPTE. Achat de la graine. 31 fr. 24 c. Frais de scmaille. 6 » Frais de dĂ©plantage, dĂ©colletage , chargement des voitures et transport au magasin. . 120 » 157 24 PRODUIT OU CREDIT DU COMPTE. 63,000 kilogrammes de carottes, Ă 32 francs les 1000 kilogrammes... 2,016 fr. » c. A dĂ©duire, la dĂ©pense comme ci-dessus. 157 24 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice. 1,858 76 Nota. La dĂ©pense ou dĂ©bit du compte des carottes ne comprend que les frais dâachat de graine et de rĂ©colte ; tous les autres frais ayant Ă©tĂ© portĂ©s au compte des betteraves, comme Ă©tant la culture principale. Ajoutant ces 63,000 kilogrammes carottes aux 460,000 kilogrammes betteraves, cela donne, pour les 8 hectares 50 ares de terres ensemencĂ©es, tant en betteraves quâen carottes, un produit total de 523,000 kilogrammes Ă 32 francs les 1000 kilogrammes. 16,800 fr. >» c. A dĂ©duire, les dĂ©penses, comme dâautre part, Pour les betteraves. 5,227 fr. 74 c. ^ ^34 Pour les carottes. 157 24 J * DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice . . . Ou par hectare, DĂBIT. . . . 11,415 02 Frais, comme dâautre part . 59 CRĂDIT. 61,765 kilogrammes de betteraves et carottes, Ă 32 francs les 1000 kilogrammes. 1,976 48 A dĂ©duire, les dĂ©penses , comme ci-dessus. 633 59 DiffĂ©rence ou bĂ©nĂ©fice.. 1,342 89 2e Nota. Les six hectares de terres ensemencĂ©es en betteraves seules ont produit. . 366,000 kil. Ou par hectare... 61,000 â 123 â Les Jeux hectares cinquante ares Je terres ensemencees en betteraves et carottes ont produit En betteraves. . . En carottes . , . . Ou par hectare, En betteraves. . . En carottes. . . . 63,2â! ,M '° 00 1,L 3B,m bi. j 63>600 ki , Comme on le voit, les betteraves et les carottes ensemble ont produit 2,600 kilogrammes de plus par hectare que les betteraves seules. Il rĂ©sulte de ce compte de revient, quâun hectare a produit 54,358 kilogrammes de betteraves , pour le prix de 6i5 francs o3 centimes , ce qui porte le prix des 5oo kilogrammes Ă 5 francs 65 centimes. Or, comme jusquâici la quantitĂ© la plus forte de racines quâon ait obtenue dâun hectare est de 3j,5oo kilogrammes , et que la dĂ©pense la plus faible pour cette culture sâest Ă©levĂ©e Ă 6 francs 25 centimes r , vous voyez , Messieurs, que M. Dar- gent a dĂ©passĂ© de beaucoup les plus beaux rĂ©sultats connus. Lâhectare de terre cultivĂ© en betteraves, par la mĂ©thode des semailles en lignes, lui a donc rapportĂ© un bĂ©nĂ©fice de 1,124 francs 2g centimes. Ce qui frappe dâabord, câest lâĂ©norme diffĂ©rence de produits en racines qui existe entre la culture de M. Dargent et celle des autres producteurs. Cela tient-il Ă la localitĂ©, Ă lâexcellence des terres ou atix soins apportĂ©s dans le mode de culture ? Nous pensons que câest plutĂŽt Ă cette derniĂšre circonstance quâil faut attribuer la fertilitĂ© du sol, dans le cas dont il sâagit, car les terres consacrĂ©es, par M. Dargent, Ă la betterave, ne sont nullement supĂ©rieures Ă celles des autres dĂ©partemens adonnĂ©s Ă ce genre dâexploitation. Ses terres sont gĂ©nĂ©ralement argilo-siliceuses et peu profondes quelques parties , placĂ©es sur des pentes, sont * Voir, comme objet de comparaison, le Tableau des comptes de culture de betteraves de dixproprĂ©taireSf Ă©tablis pour un hectare de terre f insĂ©rĂ© dans lâouvrage de M. Dubrunfaut, Sup Ăź > ^/- de fabriquer le sucre de betteraves . â i vol. ui-8°. â PĂ vis, 1S25, â 124 â fort maigres toutes, situĂ©es sur la falaise qui est Ă lâest du port de FĂ©camp , sont Ă chaque instant bouleversĂ©es par de violens orages, qui font varier continuellement lâĂ©paisseur de la terre vĂ©gĂ©tale '. M. Dargent croit que les beaux produits quâil obtient depuis quelques annĂ©es , sont entiĂšrement dus Ă lâemploi dâinstrumens perfectionnĂ©s, notamment de la houe Ă cheval, quâil a singuliĂšrement amĂ©liorĂ©e. Lâusage de cette houe a rĂ©duit les frais de sarclage aux trois quarts de ce quâils Ă©taient auparavant, et il lui procure lâimmense avantage de dĂ©truire complĂštement , quant on lâemploie dans la saison favorable, le chiendent et la gernette qui infectent ses champs. La rĂ©colte des racines commence habituellement dans les derniers jours dâoctobre. Cette annĂ©e, pour complaire Ă MM. Collos, qui dĂ©siraient ouvrir leur campagne dĂšs les premiers jours de ce mois , M. Dargent a devancĂ© lâĂ©poque ordinaire ; aussi ses betteraves Ă©taient-elles moins grosses que celles de lâannĂ©e derniĂšre ; moins mures, elles devaient ĂȘtre aussi moins chargĂ©es de sucre , % car la plus grande proportion de ce principe ne paraĂźt quâau moment mĂȘme de la parfaite maturitĂ©, comme on en acquiert la preuve en pesant, Ă lâaide de lâarĂ©omĂštre, le jus quâelles fournissent ; il est dâautant plus dense que la vĂ©gĂ©tation est plus avancĂ©e. II y a donc perte pour le cultivateur et le fabricant, toutes les fois quâon fait trop promptement la rĂ©colte des betteraves ; pour le * Voici les rĂ©sultats de lâanalyse des terres Ă betteraves de M. Dargent, faite par M. Dubuc » lâun de nous. 1000 grammes sont composes de ; Sable calcaire micacĂ©, trĂšs-tĂ©nu.. , . . Alumine, encore un peu colorĂ©e en jaune. Oxide de fer brun. Chlorure de calcium. Humus ou matiĂšre organique. Eau interposĂ©e... Chlorure de traces. Gr. 800,00 64,00 2,00 1,00 0,65 152,00 699,65 On y trouve, parfois , des petits grains de carbonate calcaire , mais on doit les considĂ©rer comme accessoires Ă la composition du sol, et nullement comme parties essentielles. â 125 â premier, parce que les racines sont moins pesantes ; pour le second , parce quâelles ont une moins grande richesse saccharine. Une croyance adoptĂ©e en principe par tous les fabricans de sucre, câest que, toutes choses Ă©gales dâailleurs, les moyennes racines , Ă quelque variĂ©tĂ© quâelles appartiennent, arrivĂ©es Ă maturitĂ© parfaite , sont toujours prĂ©fĂ©rables aux grosses i° parce quâelles sont constamment plus riches en principe sucrĂ©; 2 ° quâelles sont, par consĂ©quent, moins aqueuses; 3° quâelles sont plus faciles Ă conserver; et 4° quâenfin elles prĂ©sentent toujours moins de difficultĂ©s dans le travail. LâintĂ©rĂȘt du fabricant, par ces raisons, est en opposition avec lâintĂ©rĂȘt du cultivateur , qui doit chercher Ă obtenir de son fonds le plus de produit possible, ce qui a lieu en favorisant une forte vĂ©gĂ©tation. MM. Collos ont tenu jusquâici Ă ce que M. Dargent ne leur livrĂąt que des racines du poids de trois Ă quatre livres seulement. Sans cette circonstance, M. Dargent eĂ»t obtenu encore un plus beau produit des huit hectares cinquante ares ensemencĂ©s en betteraves. â Il ne nous est pas encore bien dĂ©montrĂ©, malgrĂ© lâopinion si gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue, que les moyennes racines soient plus riches en sucre que les grosses, et nous avons par devers nous un fait qui nous autorise, en quelque sorte, Ă rester dans nos doutes jusquâĂ de nouveaux essais. Voici ce fait lâannĂ©e derniĂšre, M. Dargent engagea M. Collos pĂšre Ă traiter sĂ©parĂ©ment deux parties Ă©gales de betteraves, lâune composĂ©e de petites racines, lâautre de racines assez grosses. M. Collos retira de ces deux lots des quantitĂ©s Ă©gales de sucre. Nous dĂ©sirons que cette expĂ©rience soit repĂ©tĂ©e un certain nombre de fois , pour que cette question fort ^portante soit enfin rĂ©solue '. 1 M. Pelouze , jeune chimiste fort instruit, rĂ©pĂ©titeur Ă lâEcole polytechnique , a publiĂ© tout rĂ©cemment des Recherches chimiques sur la betterave , qui oĂ»rent un grand IntĂ©rĂȘt sous tous les rapports. Il a reconnu que les petites betteraves sont toujours plus sucrĂ©es que les grosses , mais il pense que les quantitĂ©s de sucre quâelles contiennent sont loin de compenser ce quâelles ont de moins en poids. Il applique ces observations a toute espece de betteraves. Celles qui atteignent un poids de douie a quinxe livres et sonl i suivant M. Pelouse, celles qui renferment, Ă poids Ă©gaux , le moins de sucre. Il en a â 126 â Il paraĂźt constant que les semailles en lignes, avec Ă©claircis- semens et repiquages intercalĂ©s, donnent un produit gĂ©nĂ©ralement plus avantageux, soit en poids , soit en richesse saccharine, que les semailles Ă la volĂ©e, dont le plus grand nombre des cultivateurs fait usage. Nous avons Ă©tĂ© Ă mĂȘme dâobserver que les betteraves repiquĂ©es sont constamment moins volumineuses, plus arrondies, plus chargĂ©es de radicules que les betteraves non soumises au repiquage, et que, jamais, elles ne sortent de terre comme celle -ci. Les premiĂšres sont presque toujours napiformes, les autres fusiformes. Le dĂ©plantage des racines sâopĂšre , chez M. Dargent, avec une fourche que lâouvrier enfonce presque verticalement dans le sol, et avec laquelle il soulĂšve la terre qui enveloppe la racine et la dĂ©tache. Il la saisit ensuite par les pĂ©tioles , la secoue pour en faire tomber la terre adhĂ©rente, et la couche sur place dans une direction horizontale au sillon. Le dĂ©plantage du champ Ă©tant terminĂ©, chaque ouvrier, muni dâun large couteau, passe dans chaque ligne et enlĂšve dâun seul coup le collet avec les pĂ©tioles. M. Dargent prĂ©fĂšre ce mode de dĂ©colletage Ă celui qui est suivi dans beaucoup dâendroits, et qui consiste dans lâemploi dâune bĂȘche tranchante que les ouvriers enfoncent dans la tĂȘte de la racine. Lorsque les betteraves ont subi cette opĂ©ration , elles sont portĂ©es Ă la fabrique, et, pendant ce tems, on laisse entrer dans le champ les moutons et les vaches, qui mangent avec aviditĂ© le collet et les feuilles demeurĂ©s sur place 1 . Quand la fabrique est alimentĂ©e de racines pour un certain tems , ou quâil veut en conserver pour la nourriture de ses bestiaux pendant lâhiver, M. Dargent les emmagasine dans examinĂ© plusieurs , dont une pesant environ 8 kilog,, contenait G,8 pour OjO de sucre, câest- Ă -dire plus dâune livre. Ann. de chim. et de physiq., t. 47, p. 409, aoĂ»t 1832. â E* Agriculteur manufacturier , t. 3, p. 294. 1 Ces parties vertes, abandonnĂ©es sur le sol, comme engrais , sont considĂ©rĂ©es gĂ©nĂ©ralement comme remplaçant une bonne demi-fumure. â 127 â une fosse creusĂ©e dans un terrain Ă©levĂ©, plus sableux quâargileux, situĂ© dans la cour de sa ferme, Ă peu de distance des Ă©tables et Ă©curies. Cette fosse ou espĂšce de silo , dont les murs ne sont revĂȘtus dâaucune maçonnerie , et qui reprĂ©sente un carrĂ© parfait, est recouverte , Ă partir du sol, dâun toit en chaume fort Ă©pais, et ne prĂ©sente^ que trois ouvertures , la porte et deux petites croisĂ©es placĂ©es en regard presque Ă la base du toit, une au nord et lâautre au sud, et quâon bouche avec des paillassons pendant lâhiver. Cette fosse, qui est toujours parfaitement sĂšche, sert Ă conserver toutes les racines fouragĂšres , betteraves, pommes de terre, carottes, etc. ; elle remplit parfaitement son but, et il nous semble que les agriculteurs devraient en faire usage , de prĂ©fĂ©rence Ă toute autre construction. Nous la recommandons Ă leur attention. Des champs de M. Dargent, transportons-nous maintenant Ă la fabrique de MM. Collos , pour voir ce que vont devenir les betteraves qui y ont Ă©tĂ© portĂ©es. Cette fabrique est situĂ©e Ă une lieue de distance environ de la ferme que nous quittons , sur la foute de FĂ©camp Ă Rouen. Cet Ă©loignement est une circonstance fĂącheuse, parce que le transport des racines devient assez coĂ»teux, mais il a Ă©tĂ© commandĂ© par la force des choses ; lĂ existe une chute dâeau fort belle, qui sert de moteur Ă la rĂąpe , et cet avantage nâeĂ»t pu se rencontrer dans aucune autre partie de la V lle , au moins au rapport de MM. Collos. La fabrique est Ă©tablie dans un vaste bĂątiment Ă deux Ă©tages , comprenant t° Au rez-de-chaussĂ©e, lâatelier de la rĂąpe et des presses, et le local oĂč se trouve la machine Ă vapeur ; 2° Au premier Ă©tage, ou plutĂŽt Ă lâentresol, lâatelier de dĂ©fĂ©cation , de concentration et de cuite ; 3° Au deuxiĂšme , lâempli des formes et la purgerie ; 4° Dans une cave peu profonde , bien claire et aeree, 1 atelier des filtres et des rĂ©servoirs Ă jus et sirops. â 128 â A mesure que les betteraves arrivent des champs , des femmes les empilent les unes sur les autres dans une partie de lâatelier aux presses. RĂ©coltĂ©es par un temps sec, elles nâont que peu de terre adhĂ©rente Ă leur surface; nĂ©anmoins, avant que dâen extraire le jus, un ouvrier les lave dans un grand baquet Ă moitiĂ© rempli dâeau, en les frottant avec un balai. â On ne fait point ici, comme dans beaucoup dâautres fabriques, prĂ©cĂ©der le lavage de lâopĂ©ration dĂ©signĂ©e sous le nom de nettoyage, et qui consiste Ă sĂ©parer de la racine les parties vertes du collet qui pourraient encore y rester, les radicules et le chevelu , les parties malsaines, et enfin la terre et les pierres qui y sont attachĂ©es. Il nous semble que cette opĂ©ration est avantageuse, sous ce rapport que les radicules dont sont assez abondamment pourvues les betteraves, Ă©tant une fois enlevĂ©es, ne fatiguent point inutilement la rĂąpe , comme nous avons cru le remarquer. â Le mode de lavage suivi chez MM. Collos est, suivant nous, assez imparfait, et il y aurait, Ă cet Ă©gard, quelques amĂ©liorations Ă introduire dans leur Ă©tablissement. Nous avons engagĂ© ces messieurs Ă adopter lâemploi dâun appareil Ă laver, analogue Ă celui quâon met en usage dans les fĂ©culeries pour nettoyer les pommes de terre. â A mesure que le laveur a traitĂ© un certain nombre de racines, il les jette dans des paniers, oĂč des enfans viennent les prendre pour les donner Ă lâouvrier chargĂ© de les prĂ©senter devant la rĂąpe, qui les rĂ©duit en pulpe. La rĂąpe Ă©tant placĂ©e tout Ă cĂŽtĂ© du lavoir, le travail sâenchaĂźne bien sans perte de tems. La rĂąpe adoptĂ©e est celle de M. Thierry ; elle est mise en mouvement par une roue hydraulique de la force de quatre chevaux. Elle rĂ©duit en pulpe quinze cents kilogrammes de betteraves par heure, en exigeant pour son service deux enfans et un homme. â Le travail de cette rĂąpe est loin dâĂȘtre parfait; la pulpe, assez bien divisĂ©e , prĂ©sente cependant un assez grand nombre de portions intactes de racines, qui sont ainsi perdues au dĂ©triment â 129 â de la fabrication. Nous avons fortement engagĂ© MM. Collos Ă prendre un autre systĂšme de rĂąpe , soit celle de M. Molard soit plutĂŽt encore celle de M. Odobbel, qui fonctionne avec une force de cjuatre chevaux câest celle dont MM. Collos peuvent disposer et deux ouvriers, et expĂ©die quatre mille kilogrammes de betteraves dans une heure. Nous avons appelĂ© dâautant plus sĂ©rieusement leur attention sur ce point, que la perfection du rĂąpage est de la plus haute importance , puisque de la mĂȘme quantitĂ© de racines on peut souvent extraire, Ă lâaide dâune bonne rĂąpe, un dixiĂšme plus de jus quâen faisant usage dâun instrument moins parfait. La pulpe obtenue est soumise Ă la presse, dans des sacs de toile, entre lesquels on intercalle des claies en osier. Les sacs passent dâabord sous une presse Ă vis, puis sous une presse hydraulique dâun effet de cent cinquante mille kilogrammes. Le jus est conduit par une rigole en bois dans un vaste rĂ©servoir placĂ© dans la cave. Au sortir de la presse, soit au commencement , soit Ă la fin de lâextraction, il marque sept degrĂ©s Ă lâarĂ©omĂštre. Nous devons avertir ici que la densitĂ© du jus varie beaucoup suivant une foule de circonstances. Les presses expriment deux mille de pulpe Ă lâheure, et celle-ci fournit de soixante- quinze Ă quatre-vingt pour cent de jus ; câest beaucoup plus que ce quâon retire habituellement dans la plupart des fabriques. La betterave, comme toutes les racines, renferme un assez grand nombre de principes immĂ©diats, et câest leur prĂ©sence qui rend lâextraction de son sucre si laborieuse. DâaprĂšs les Analyses qui en ont Ă©tĂ© faites par ATM. Payen et Dubrunfaut, elle admet dans sa composition, outre la matiĂšre ligneuse et une grande quantitĂ© dâeau, jusquâĂ vingt-deux substances de nature orga- n *que et inorganique. Nous rapporterons ici, pour les personnes qui ne connaĂźtraient P ! >s les analyses faites par MAJ. Payen et Duhriinlant, les rĂ©sultats °btenus par ces deux chimistes. y â 130 â COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BETTERAVE. DâAPRES M. PAYEN. 1° Eau, de 85 environ Ă 90 centiĂšmes . 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes de 11 Ă 6 . 3° Sucre incristallisable. Il est probable que ce sucre ne prĂ©existe pas dans la racine, mais quâil est le rĂ©sultat dâune altĂ©ration du sucre cristallisable. 4° Albumine. 5° Acide pectique . 6° Ligneux de 1 centiĂšme Ă 15 centiĂšme 1 /2 . 7 Substance azotĂ©e, analogue Ă lâos- mazome. 8° MatiĂšres colorantes rouge, jaune et brune. Cette derniĂšre rĂ©sulte dâune modification par lâair dâune substance trĂšs-altĂ©rable. 9° Substance aromatique, offrant une odeur analogue Ă celle de la vanille. 10° MatiĂšres grasses, lâune fluide Ă 10°, lâautre consistante Ă cette tempĂ©rature. 11° Malates acides dĂ©potasse, d y ammoniaque et de chaux. 12° Chlorure de potassium. 13° Nitrates de potasse et de chaux. 14 Oxalate de chaux. 15° Phosphate de chaux . DâAPRES M. DUBRUNFAUT. I ° Eau. 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes. 3° Sucre liquide ou incristallisable. 4 Albumine vĂ©gĂ©tale colorĂ©e. 5° GelĂ©e ou acide pectique. 6° Parenchyme ligneux. 7 MatiĂšre azotĂ©e noire, dĂ©terminant la dĂ©composition du sucre en glaireux. 8° Un ou deux principes colorons , jaune et rouge. 9° RĂ©sine verte amĂšre. 10° MatiĂšre grasse solide Ă la tempĂ©rature ordinaire. 11° Huile fixe. 12 MatiĂšre gommeuse. 13° Acide libre dont la nature nâa pas Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e. Il se dĂ©velopp e dans les conserves et prĂ©serve la racine coupĂ©e de lâaltĂ©ration q UI se manifeste dans la racine fraĂźche» par une couleur noire. 14° Oxalate dâammoniaque. 15° Oxalate de potasse. 16* Chlorophylle, ou matiĂšre colorante verte. 17° Huile essentielle 9 principe de lâodeur vireusc des betteraves. 18° Sulfate de chaux, silice , soufre . I-a betterave renferme donc environ 14 centiĂšmes de substance sĂšche et 86 d'eau. Sur ces 14 centiĂšmes, il y en a trois Ă quatre de ligneux; le reste comprend tous les autres matĂ©riaux ci-dessus inuiquĂ©s. Bulletin de la SociĂ©tĂ© philomatique efjBullctin de la SociĂ©tĂ© dâencouragement , pour 1825, numĂ©ro d'aoĂ»t. 16° Oxalate de chaux . 1/° Huile essentielle. 18° Hydrochlorate d*ammoniaque. 19â Sulfate et phosphate de chaux. 20â Silice. 21° Alumine. 22° Traces d'oxides de fer et de manganĂšse. 23° Traces de soufre. Ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© faites sur des betteraves qui avaient six mois de garde. Dans des racines non mĂ»res, M. Du- brunfaut nâa plus trouvĂ© dâoxalates âą solubles. Tissai d'analyse de la betterave , etc., insĂ©rĂ© dans V Art de fabriquer le sucre de betteraves, par M. Du- brunfaut, p. 535. M. Pelouze, dans ses Recherches chimiques sur la betterave, infirme les rĂ©sultats obtenus par MM. Payen et Dubrunfaut. Pelouze a constatĂ© quâil nây a pas le sucre incristallisable ou liquide dans la betterave , et que, consĂ©quemment, ce sucre, dont ia prĂ©sence est si prĂ©judiciable au fabricant, est toujours produit Pendant lâaltĂ©ration de cette racine Ă lâair , et pendant le travail trĂšs-long auquel on la soumet. A lâaide dâun moyen fort exact P°ur dĂ©terminer la richesse saccharine des betteraves, moyen 'lui consiste Ă transformer le sucre quâelles renferment en alcool, ct Ă dĂ©terminer la force de ce dernier corps au moyen de lâalcoo- UiĂštre centĂ©simal , M. Pelouze a aussi reconnu que les diffĂ©rentes v ariĂ©tĂ©s de betteraves, ainsi que les mĂȘmes variĂ©tĂ©s provenant *^ e P a ys lifTĂ©rens , contiennent, Ă peu de chose prĂšs, la meme 'luantitĂ© de sucre, câest-Ă -dire environ dix pour cent de leur P°ids. Annales de chimie et de physique, t. 4-7â P - 4°9 - â Agriculteur manufacturier, t. 3, p. ag4- â 132 â M. Germain, habile pharmacien de FĂ©camp , a reconnu, Ă la suite dâexpĂ©riences analytiques faites sur des betteraves cultivĂ©es dans les environs de cette ville, Ă plus ou moins de distance du bord de la mer i° Que ces racines rĂ©cemment rĂ©coltĂ©es contiennent les dix onziĂšmes de leur poids dâeau de vĂ©gĂ©tation ; 2 ° Que le suc fourni par le collet paraĂźt ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement moins dense, quoique quelquefois plus colorĂ© que celui produit par la partie infĂ©rieure ; âą 3° Que, comme dans la canne Ă sucre , le sommet des racines est moins riche en sucre que la partie infĂ©rieure ; 4° Que les betteraves, non loin des bords de la mer, renferment du sel marin chlorure de sodium en quantitĂ© notable, principalement dans le collet. Nous avons constatĂ© tout rĂ©cemment que les feuilles de betteraves rĂ©coltĂ©es chez M. Dargent contiennent aussi une proportion trĂšs-sensible de sel marin, accompagnĂ© dâalbumine et dâune matiĂšre mucoso-sucrce , ce qui explique pourquoi elles sont mangĂ©es avec tant dâaviditĂ© par les bestiaux. La proportion de matiĂšre ligneuse qui sert de soutien aux dif- fĂ©rens matĂ©riaux constitutifs dont il vient dâĂȘtre question, ne dĂ©passe pas trois Ă quatre centiĂšmes de la racine, dâaprĂšs M. Payen *. Toutes les autres racines et fruits charnus sont dans le mĂȘme cas. 11 suit de lĂ que la pulpe exprimĂ©e , et qui ne donne plus de jus , renferme encore une assez grande quantitĂ© de matiĂšre organique utile. GĂ©nĂ©ralement, dans les fabriques, cent parties de pulpe ne rendent que soixante-dix parties de suc. Il y a donc trente pour cent de rĂ©sidu, dans lequel se trouvent encore l r j,5 de suc, et 2,7 de sucre pur, qui sont ainsi perdus pour la fabrication. MM. Collos retirent de cent kilogrammes de 1 M. ClĂ©ment, dâaprĂšs des expĂ©riences qui datent de 1816 , nâadmet que 1 Ă 1,5 tiĂšme de matiĂšre ligneuse dans la betterave. Annales de chimie et de physique, t* l » J. 173. â 133 â betteraves soixante-quinze Ă quatre-vingts parties de jus la- pulpe rejetĂ©e contient donc encore de vingt-deux Ă dixâsept pour cent de matiĂšre liquide organique; câest ce qui explique comment elle sert avec tant dâavantages Ă la nourriture des bestiaux. Si donc nous possĂ©dions des moyens Ă©conomiques assez parfaits , nous pourrions retirer des betteraves, comme des pommes , une bien plus grande proportion de jus que celle quâon extrait habituellement, et nâavoir pour rĂ©sidu quâune quantitĂ© excessivement petite de marc. Mais il est malheureusement des bornes Ă la division mĂ©canique ; et, quoique la pratique et la thĂ©orie indiquent quâil y ait encore de grands perfectionnemens Ă apporter aux rĂąpes et aux presses, cependant il ne laut pas prĂ©tendre Ă dĂ©passer certaines limites, car alors la force quâil faudrait dĂ©ployer pour obtenir un supplĂ©ment de jus coĂ»terait plus que la valeur mĂȘme de ce supplĂ©ment. Des donnĂ©es prĂ©cĂ©dentes on peut conclure que, dans les fabriques, on perd journellement le quart des betteraves que lâon travaille, indĂ©pendamment du sucre incristallisable qui se produit pendant le courant de la fabrication. Câest vers les moyens de rĂ©duire de plus en plus cette perte enorme que tous les efforts des industriels doivent ĂȘtre dirigĂ©s. MM. De Dombasle, Demesmay, Harpignies et Blanquet, etc., ont, dans ces derniers tems, imaginĂ© de nouveaux procĂ©dĂ©s pour lâextraction du jus de betteraves, qui permettent, Ă ce quâil paraĂźt, dâobtenir jusquâĂ quatre-vingt-dix pour cent de suc r . En raison de la composition compliquĂ©e du jus de betteraves , *1 est impossible de songer Ă retirer le sucre de ce liquide , sans employer des moyens propres Ă isoler, autant que possible, les substances qui empĂȘcheraient sa cristallisation. Câest lĂ le but de premiĂšre opĂ©ration quâon lui fait subir, et qui est, sanscontre- l f ^facturier, t. 3 , p. i43, 171 , SG7 ; â t. 4 , p. l - 20 . â Dictionnaire technolo- t- 20, p. I7 4. â 134 â tion dĂ©pend le succĂšs des opĂ©rations ultĂ©rieures. Cette opĂ©ration principale porte le nom de dĂ©fĂ©cation, dans les ateliers. Elle consiste Ă introduire dans le jus une matiĂšre capable de prĂ©cipiter, aussi parfaitement'que possible, sous forme solide, les substances Ă©trangĂšres au sucre. On lâexĂ©cute de trois maniĂšres diffĂ©rentes, qui ont reçu chacune une dĂ©nomination particuliĂšre. Lâune consiste Ă traiter le jus parla chaux seulement, comme cela se pratique aux colonies pour le suc de la canne aussi est- elle connue sous le nom de procĂ©dĂ© des colonies. Ce procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© par Hermstaedt il est encore employĂ© dans plusieurs fabriques , malgrĂ© ses inconvĂ©niens. Une autre consiste Ă verser dans le jus, aussitĂŽt aprĂšs son extraction , une certaine quantitĂ© dâacide sulfurique ; puis Ă neutraliser cet acide par la chaux, lorsque son effet utile a ete rempli. Câest lĂ le procĂ©dĂ© d'Achard, que trĂšs-peu de fabricans emploient de nos jours. Enfin, une troisiĂšme mĂ©thode , inverse de la seconde, consiste Ă dĂ©fĂ©quer dâabord le suc au moyen de la chaux en excĂšs, et Ă saturer ensuite celle-ci par lâacide sulfurique. Ce procĂ©dĂ©, imaginĂ© en France, et recommandĂ© par MM. Chaptal, Mathieu de Doni- basle, etc., est connu sous le nom de procĂ©dĂ© français. Câest celui qui est gĂ©nĂ©ralement suivi ; câest aussi celui que MM. Collos ont adoptĂ©. La dĂ©fĂ©cation , chez ces fabricans, sâopĂšre dans une chaudiĂšre en cuivre, et sur quatre hectolitres de suc Ă la fois. Celui-ci est amenĂ© dans cette chaudiĂšre par une pompe on le chauffe Ă lâaide de la vapeur dâeau, jusquâĂ ce quâon ne puisse plus j tenir la main ; puis on y introduit de la chaux, prĂ©alablement Ă©teinte et rĂ©duite en bouillie trĂšsâclaire aprĂšs quâil a jetĂ© quelques bouillons, on laisse reposer pendant quelque teins, et on le tait Ă©couler sur les filtres. La quantitĂ© de chaux varie singu- liĂšrement, suivant la nature du jus, depuis trois cents jusqu- 1 â 135 â six cents grammes et plus par chaque hectolitre. Peu de teins aprĂšs lâaddition de la chaux, ou voit se former, Ă la surface du liquide, des Ă©cumes trĂšsâĂ©paisses, qui sont produites par la coagulation de lâalbumine, laquelle entraĂźne la plupart des matiĂšres qui troublaient la transparence du jus. Dans ces Ă©cumes se trouvent encore bon nombre des autres matĂ©riaux de la betterave, que lâaction de la chaux a rendus insolubles. Avant de les jeter, on les soumet Ă lâaction dâune presse .Ă levier et poids successifs, dans des sacs de toilef-pour en extraire tout le jus quâelles retiennent entre leurs molĂ©cules. Les filtres employĂ©s chez MM. Collos , pour sĂ©parer le liquide dĂ©fĂ©quĂ© de ces Ă©cumes , sont fort simples et bien plus commodes que ceux que nous avions vu employer jusquâici dans les fabriques. Ils consistent dans de grandes caisses rectangulaires en bois, dans lesquelles on dispose, perpendiculairement Ă leurs parois , et les unes Ă cĂŽtĂ© des autres, cinq Ă six claies, recouvertes dâune toile qui serpente autour dâelles ; ces claies multiplient, par consĂ©quent, la surface de celle-ci ; aussi Ă peine le jus arrive-t-il de la chaudiĂšre de dĂ©fĂ©cation , quâil passe aussitĂŽt Ă travers les mailles de la toile, en laissant sur elle toutes les ecumes. Il se rĂ©unit ensuite dans un rĂ©servoir en cuivre, dâoĂč une pompe lâamĂšne dans les chaudiĂšres de concentration. Ces chaudiĂšres, placĂ©es dans le mĂȘme atelier que la chaudiĂšre Ă dĂ©fĂ©cation, sont Ă©chauffĂ©es Ă la vapeur, comme celle dâailleurs oĂč se termine la cuite. La machine Ă vapeur, qui fournit ainsi au service de tout lâatelier, est de la force de six chevaux. Les chaudiĂšres de concentration sont des cuves rectangulaires en cuivre, au fond desquelles se trouve un certain nombre de petits conduits cylindriques de mĂȘme nature, dans lesquels arrive la vapeur dâeau qui sert Ă lâĂ©chaulfement du jus clarifie. Ces conduits peuvent ĂȘtre fermĂ©s Ă volontĂ©, en sorte qu on peut cessej- a lâinstant mĂȘme lâĂ©vaporation. Câest dans ces chaudiĂšres quâa lieu lâaddition de lâacide sulfu- â 136 â rique, et de le cuire jusquâau point oĂč il peut cristalliser , de le dĂ©barrasser des alcalis sans cela ils rĂ©agissent sur le sucre, lâaltĂšrent en partie et le rendent incrislallisable. Câest pour obvier Ă ccs incon- vĂ©niens quâon y ajoute lâacide sulfurique Ă©tendu. .Mais si on met cet acide, soit peu de teins aprĂšs lâaddition de la chaux, ainsi que le pratique M. Dubrunfaut, soit immĂ©diatement aprĂšs la filtration du jus, comme le recommandent MAI. De Dombasle et Chaptal, il est bien Ă©vident quâil faudra employer une plus grande proportion de cet acide , que si on ne lâintroduit que lorsque le suc a dĂ©jĂ subi une certaine concentration , parce quâalors lâammoniaque libre aura ele chassĂ©e par la chaleur. On Ă©vite encore par-lĂ la formation dâun sulfate dâammoniaque, qui, restant dans le jus, se transforme, pendant lâĂ©vaporation, en sulfate acide , qui est toujours nuisible au sirop , en modifiant la nature du sucre cristallisable ; lâexpĂ©rience a , en elfet, dĂ©montrĂ© que les acides ont la singuliĂšre propriĂ©tĂ© de changer le sucre cristal- lisable de la canne ou de la betterave, en un sucre analogue Ă celui du raisin , câest-Ă -dire en sucre qui ne peut cristalliser quâen petits grains. DâaprĂšs ces considĂ©rations, MM. Collos ont donc bien fait de suivre la mĂ©thode de M. ClĂ©mandot. Mais, tout en y restant lidĂšle, il ne faut pas quâon pense que la proportion dâacide Ă ajouter dans le suc concentrĂ© Ă douze degrĂ©s soit toujours la mĂȘme. Elle varie beaucoup dâune campagne Ă une autre , et souvent dans le courant dâune mĂȘme campagne, parce que les betteraves ne renferment pas constamment la mĂȘme quantitĂ© de sels alcalins. Ainsi, les betteraves excrues dans des terres fortement fumĂ©es, contiennent beaucoup plus de sels de potasse et de sels ammoniacaux que celles qui croissent dans des terrains anciennement fumĂ©s. Câest donc au fabricant Ă tenir note de ces circonstances. Cette annĂ©e, les betteraves exploitĂ©es par MM. Collos Ă©taient trĂšs-riclies en sels de potasse ; aussi ont-ils Ă©tĂ© obligĂ©s dâemployer plus dâacide que lâannĂ©e derniĂšre , pour saturer leur jus dĂ©fĂ©quĂ©. Le sulfate de chaux, formĂ© par la neutralisation du jus, se dĂ©pose , pendant son Ă©vaporation , sur les conduits cylindriques Ă vapeur ; mais, Ă chaque concentration, MM. Collos ont soin de faire nettoyer parfaitement leur chaudiĂšre. Lorsque le jus a Ă©tĂ© concentrĂ© jusquâĂ vingt-huit degrĂ©s du pĂšse-sirops de BaumĂ©, >1 prend le nom de sirop , et on le fait alors Ă©couler dans la chaudiĂšre de clarification. La clarification a pour but dâenlever au sirop les matiĂšres qui troublent sa limpiditĂ© ou qui le colorent. Cette opĂ©ration sâexĂ©cute lâaide de substances ou dâagens quâon appelle agens clarifians, e t qui sont le sang, le lait, les blancs dâoeufs et le noir animal, dont ^ rflet principal est la dĂ©coloration des liquides. Chez MM. Col - ^ 0s , la clarification sâopĂšre dans une chaudiĂšre a feu nu, au m°y en j u no ; r animal et du sang de bĆuf, employĂ©s dans les Proportions de cinq kilogrammes de noir et dâun litre de sang par rliaque hectolitre de sirop. Celui-ci, Ă©tant bien clair, est filtrĂ© â 138 â de la mĂȘme maniĂšre que le jus dĂ©fĂ©quĂ©, puis conduit dans un rĂ©servoir en cuivre, nommĂ© avale-tout, qui est assez grand pour contenir tout le sirop prĂ©parĂ© chaque jour. Dans cet Ă©tat, ce sirop nâesf point assez concentrĂ© pour fournir des cristaux il faut en chasser lâeau surabondante ; câest pourquoi on le soumet Ă lâopĂ©ration de la cuite, qui se pratique dans une chaudiĂšre chauffĂ©e par la vapeur, et tout-Ă -fait semblable Ă celles oĂč lâon opĂšre la concentration. La cuite est terminĂ©e, câest-Ă -dire que le sirop est bon Ă mettre dans les formes, quand il marque quatre-vingt-dix degrĂ©s au thermomĂštre de RĂ©aumur. Les ouvriers reconnaissent ce terme Ă lâaide de signes particuliers quâil est inutile de dĂ©crire ici. De la chaudiĂšre de cuite, le sirop est portĂ© dans un vase en cuivre, placĂ© dans lâatelier dĂ©signĂ© sous le nom d 'Empli des formes, et quand, aprĂšs un certain teins de refroidissement, on aperçoit un commencement de cristallisation sur les parois et au fond du chaudron, on le coule dans des formes tout-Ă -fait analogues Ă celles qui servent dans les raffineries. A partir de ce moment, toutes les opĂ©rations que 1 on fait subir au sucre de betteraves sont identiquement semblables Ă celles que lâon pratique pour les sucres de cannes; aussi nous dispenserons-nous de les indiquer. Si nous sommes entrĂ©s dans de si grands dĂ©tails sur les travaux que nous avons vu exĂ©cuter dans les ateliers de MM. Collos , câest que nous avons pensĂ© que peu de personnes avaient eu lâoccasion de visiter des sucreries de betteraves, et quâalors il leur serait agrĂ©able dâavoir une idĂ©e prĂ©cise des opĂ©rations nombreuses auxquelles ou est oblige de recourir pour obtenir le sucre , celte substance que presque tout le monde mange sans savoir ce quâe lie a coĂ»tĂ© de tems et de peine pour ĂȘtre amenĂ©e Ă lâĂ©tat de puretĂ© sous lequel on la vend. Nous nâavons fait, au reste, quâeffleurer le sujet ; mais nous avons dĂ» restreindre les considĂ©rations quâil pouvait nous offrir, dans la crainte de fatiguer votre attention- Nous vous ferons remarquer, Messieurs, que lâadoption , p iU 139 â MM. Collos, du systĂšme de chauffage Ă la vapeur, leur prĂ©sente de trĂšs-grands avantages pour la cĂ©lĂ©ritĂ© et la rĂ©ussite des opĂ©rations juâils exĂ©cutent. Dans la plupart des autres fabriques, tout se fait Ă feu nu , dĂ©fĂ©cation , concentration, cuite ; tantĂŽt dans des chaudiĂšres Ă demeure dans les fourneaux ; tantĂŽt, et câest le cas le plus ordinaire , dans des vases mobiles quâon appelle chaudiĂšres Ă bascules. Quelques soins que lâon apporte Ă bien conduire le travail , dans ces sortes de chaudiĂšres, il est difficile dâĂ©viter certains inconvĂ©niens forts graves, et entre autres, la caramĂ©lisation des sirops. Ils ne se prĂ©sentent jamais dans celles qui sont chauffĂ©es au moyen de la vapeur dâeau. Nous ne croyons pas devoir rendre publics les comptes de fabrication qui nous ont Ă©tĂ© donnĂ©s par MM. Collos. Cette rĂ©serve nous est commandĂ©e par un sentiment que vous saurez apprĂ©cier. Mais nous dirons que les rĂ©sultats quâils obtiennent sont trĂšs-satisfaiâ sans, et, Ă peu de chose prĂšs, les mĂȘmes que ceux rĂ©alisĂ©s par les meilleures fabriques en activitĂ© depuis longues annĂ©es i. Ces Messieurs travaillent journellement trente mille livres de betteraves, et ils comptent traiter, dans une campagne de cent jours, trois millions de livres de ces racines. Nous ajouterons quâexploitant depuis long-tems une radinerie de sucre de cannes, qui marche concurremment avec leur fabrique de sucre indigĂšne, ces industriels sont dans des conditions plus favorables que la plupart des autres fabricans qui ne prĂ©parent que le sucre brut. Les bĂ©nĂ©fices que font MM. Collos, dans leur nouvelle entreprise, sont susceptibles de sâaccroĂźtre dâune maniĂšre notable , lorsquâils pourront tirer un parti plus avantageux des pulpes et des rĂ©sidus de mĂ©lasse. A cet Ă©gard, nous vous demanderons la permission dâentrer dans quelques dĂ©veloppemens. La pulpe de betteraves, qui, au sortir des presses, contient ^ CO La betterave contient depuis Ă peu prĂšs 6 jusquâĂ H pour 0/0 de sucre crĂźstallisable. fabrique, on nâen obtient guĂšre plus de 2 l/2 a 5 pour 0/U. 11 est facile de voir par lĂ *1 ,, 1 industrie prĂ©sente encore beaucoup de marge et quâelle commande de nouveaux cU'oils. â 140 â encore une portion de principes nutritifs qui nâest pas Ă dĂ©daigner, est, comme nous lâavons dit, une trĂšs-bonne nourriture pour le gros bĂ©tail. Vingt-cinq kilogrammes suffisent Ă la consommation journaliĂšre dâun bĆuf, et cinq kilogrammes Ă celle dâun mouton. Dans les environs de toutes les fabriques, les fermiers lâachĂštent habituellement au prix de quinze francs les mille kilogrammes. A FĂ©camp, lâusage nâen Ă©tant pas encore gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandu , lâĂ©coulement de cette pulpe nâest pas aussi facile ; mais, lorsque ses bons effets auront Ă©tĂ© reconnus par tous les cultivateurs, le dĂ©bit en sera beaucoup plus lucratif Afin dâĂ©viter la perte de celle quâils ne peuvent vendre, nous pensons que ces Messieurs devraient suivre lâexemple deMM. Blanquet et Hamoir, fabricans, Ă Famars, prĂšs Valenciennes, qui font dessĂ©cher la pulpe sur la plate-forme dâune touraille semblable Ă celle dont se servent les brasseurs pour dessĂ©cher les grains germes. Dans cet Ă©tat de siceitĂ©, elle se conserve indĂ©finiment. Ce mode est prĂ©fĂ©rable Ă celui qui a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© par M. Mathieu De Dombasle, et qui consiste Ă lâenfouir dans des silos creusĂ©s dans un sol argileux et compacte, parce quâelle nâĂ©prouve pas, comme dans cette derniĂšre circonstance, une fermentation acide qui dĂ©truit une partie de ses principes nutritifs. Cette dessiccation a, dâailleurs, un autre avantage, câest de faire perdre Ă la pulpe une matiĂšre Ăącre , volatile , contenue primitivement dans la betterave, et qui paraĂźt exercer une action purgative sur les animaux qui sâen nourrissent Ă lâĂ©tat frais. Nous croyons devoir conseiller ici aux cultivateurs, qui donnent cette pulpe aux bestiaux, de lui faire subir une demi-cuisson, qui aura pour rĂ©sultat de la rendre plus savoureuse et plus facilement assimilable. Cette cuisson pourrait se faire dâune maniĂšre trĂšs-Ă©conomique , en plaçant la pulpe dans un tonneau fermĂ© oĂč lâon ferait arriver de la vapeur dâeau. Avec soixante-quinze centimes ou un franc tout au plus, il serait possible de cuire au moins mille kilogrammes de pulpe fraĂźche. â 141 â Les mĂ©lasses de betteraves qui ont fourni tout le sucre cristal- lisable quâelles pouvaient donner par la recuite, sont assez embarrassantes pour le fabricant. Elles ont une odeur et une saveur dĂ©sagrĂ©ables, quâon ne trouve pas dans celles de cannes. Jusquâici, MM. Collos nâont pu en tirerquâun parti trĂšs-mĂ©diocre. Nous pensons quâil pourrait ĂȘtre avantageux, pour ces Messieurs, de les convertir en eau-dcâvie, surtout sâils joignaient cette opĂ©ration Ă lâextraction de la potasse, que ces mĂ©lasses fournissent en quantitĂ© notable, comme le dĂ©montrent les expĂ©riences de M. Dubrun- faut . Il rĂ©sulte, en effet, de ces expĂ©riences , que cent kilogrammes de mĂ©lasse de betteraves donnent dix kilogrammes de cendres , qui ont un titre alcalimĂ©trique de 8o°les potasses les plus riches du commerce ne portent gĂ©nĂ©ralement que 63°, ce qui reprĂ©sente Ă peu prĂšs sept kilogrammes septeents grammes de potasse pure, ou Ă peu prĂšs seize kilogrammes de sels vĂ©gĂ©taux. DâaprĂšs cela, les mĂȘlasses Ă©tant soumises Ă la fermention, le sucre quâelles contiennent produirait de lâalcool, etle rĂ©sidu de la distillation des vinasses Ă©tant incinĂ©rĂ©, donnerait de la potasse. VoilĂ donc deux nouveaux produits dont le placement serait toujours assurĂ©, au moins dansle plus grandnombre des circonstances. Dans le cas contraire, il y aurait encore un parti plus avantageux Ă retirer des mĂ©lasses, que celui quâon en retire actuellement. Ce serait, Ă lâimitation de M. Bernard, fabricant Ă Sussy Scine-etâMarne, de les vendre aux cultivateurs pour ĂȘtre employĂ©es Ă la nourriture des bestiaux, en les mĂ©langeant , ainsi quâon le fait aux colonies, avec de la paille hachĂ©e. Cette nourriture est bonne, non seulement pour les gros bestiaux , mais encore pour les chevaux ; ils la mangent avec aviditĂ© , et prĂ©fĂšrent mĂȘme ce mĂ©lange aux meilleurs foins. Les mĂ©lasses sont rĂ©duites et Ă©tendues jusqu'Ă vingt degrĂ©s, soit avec de lâeau pure, soit avec de lâeau grasse ; on y ajoute autant *lĂȘ paille hachĂ©e que cela est possible, et, pour que celle-ci soit -dg'icujleur manufacturier > t. 3, p. 61» et S6. â 142 â moins dure, on la laisse tremper, pendant vingt-quatre heures, dans ce liquide, avant de donner le mĂ©lange aux bestiaux. Les chevaux nourris ainsi peuvent ĂȘtre facilement rĂ©duits Ă la demi- ration dâavoine i. Dâune maniĂšre ou dâune autre, vous voyez, Messieurs, que MM. Collos, en mĂ©ditant nos conseils, pourront, sans nul doute, utiliser plus avantageusement pour eux les mĂ©lasses qui encombrent leurs magasins. Au reste, nous leur ayons offert nos services pour chercher les moyens les plus simples et les moins dispendieux pour opĂ©rer la distillation des mĂ©lasses et lâextraction de la potasse quâelles renferment. Avant de terminer ce rapport, dont lâĂ©tendue a, peut-ĂȘtre, fatiguĂ© votre bienveillante attention , nous mettons sous vos yeux i° Un Ă©chantillon des betteraves cultivĂ©es par M. Dargent, et qui servent Ă lâextraction du sucre ; 2 ° Un peu de pulpe de betteraves, telle quâelle sort des sacs, et dans lâĂ©tat oĂč on la donne aux bestiaux ; 3° Une certaine quantitĂ© de sucre brut, et un pain de sucre raffinĂ© de betteraves , provenant de la fabrique de MM. Collos. En rĂ©sumĂ©, lâinspection de cette fabrique nous a dĂ©montrĂ© que ces industriels Ă©taient trĂšs au courant des procĂ©dĂ©s dâextraction du sucre indigĂšne , et nous nous faisons un devoir de dĂ©clarer ici que lâensemble des travaux exĂ©cutĂ©s devant nous, la bonne disposition des opĂ©rations, lâadoption des meilleurs systĂšmes dâappareils, prouvent chez ces Messieurs une parfaite intelligence des exploitations industrielles , gage assurĂ© de succĂšs pour lâavenir. PĂ©nĂ©trĂ©s des immenses services que leur Ă©tablissement rendra Ă lâagriculture, dans le canton de FĂ©camp, nous sommes dâavis que la SociĂ©tĂ© doit leur tĂ©moigner toute la satisfaction quâelle Ă©prouve de voir une nouvelle branche dâindustrie agricole introduite par leurs soins dans notre dĂ©partement, et nous proposons, en consĂ©quence , quâil leur soit dĂ©cernĂ© , dans la sĂ©ance publique de cette annĂ©e, une mĂ©daille dâor de la valeur de trois cents francs. I Agriculteur manufacturier t U I , p. ISO* ©âąÂ©Â©Â©Â©Â©âąÂ©Â©âąÂ©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©Â©o©©9 RAPPORT . SUR L'EMPLOI DE LA GĂLATINE DES OS DANS LE RĂGIME ALIMENTAIRE DES PAUVRES ET DES OUVRIERS, PRĂSENTĂ A LA SOCIĂTĂ LIBRE DâĂMULATION DE ROUEN, LE 23 AVRIL 1831 Messieurs, A une Ă©poque oĂč les esprits sont si fortement prĂ©occupĂ©s des intĂ©rĂȘts qui sâagitent entre les nations de notre vieille Europe , oĂč les principes politiques les plus opposĂ©s sont aux prises et engagĂ©s dans une lutte qui absorbe lâattention des hommes de tout Ăąge, de toute condition , Ă une Ă©poque enfin oĂč , par suite de lâinstabilitĂ© des affaires commerciales , lâesprit dâĂ©goĂŻsme , si n aturel Ă lâhomme, se montre plus Ă dĂ©couvert, un fait digne des MĂ©ditations du philosophe et du moraliste chrĂ©tien domine , pour ainsi dire, tous les autres, et tend chaque jour, par son influence, a rapprocher les deux classes entre lesquelles se partage la sociĂ©tĂ© Moderne , ceux qui possĂšdent et ceux qui nâont rien. Je veux par- ^ er de cette tendance , toujours croissante, qui porte les premiers InsĂ©rĂ© dans le cahier de la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre dâEmulation de Rouen, TannĂ©e 1851 , p. 107. â 144 â Ă amĂ©liorer le sort des seconds , tant sous le rapport moral que sous le rapport physique. On ne saurait en disconvenir, une vive sympathie entraĂźne les hommes riches et Ă©clairĂ©s de toutes les sectes , de toutes les opinions , vers cette niasse dâindividus quâon est convenu dâappeler le peuple ; et, pour peu quâon veuille observer , on la verra , cette sympathie , se manifester sous toutes les formes. Nâest-ce pas elle, en effet, qui dirige les efforts de ces philanthropes qui cherchent Ă rĂ©pandre lâinstruction dans le sein de nos villes comme au milieu des campagnes , et qui est lâorigine de ces associations diverses qui, sous les noms de SociĂ©tĂ©s des MĂ©thodes, de la Morale chrĂ©tienne , de lâInstruction Ă©lĂ©mentaire, SociĂ©tĂ©s pour lâEnseignement mutuel, pour VInstruction primaire, concourent toutes Ă ce but avec le plus grand dĂ©sintĂ©ressement et la persĂ©vĂ©rance la plus soutenue ? Nâcst-ce pas elle encore qui a fait naĂźtre ces SociĂ©tĂ©s philanthropiques, ce s Dispensaires, ces SociĂ©tĂ©s maternelles, qui, sâattachant spĂ©cialement Ă lâhomme physique , cherchent Ă le dĂ©rober Ă lâinfluence funeste des infirmitĂ©s et des maladies qui lâassiĂšgent? Et ces ComitĂ©s de charitĂ© cl de bienfaisance, ces Institutions pour le placement des orphelins et des en/ans trouvĂ©s, ces Maisons de refuge, ces SociĂ©tĂ©s pour lâextinction de la mendicitĂ©, ces SociĂ©tĂ©s pour les prisons , qui les a créés ? qui les entretient dans leur zĂšle? qui les anime ? Si lâattention des gouvernemens sâest portĂ©e sur quelques uns de ces vices qui dĂ©ciment les populations et les dĂ©moralisent, sur ces institutions perverses, ces loteries, ces maisons de jeux, sur la traite des noirs, etc., triste hĂ©ritage des siĂšcles passĂ©s, nâest-ce pas encore par suite des Ă©crits, des discours, des sollicitations dâhommes isolĂ©s aussi bien que des rĂ©unions savantes, mus par cessentimens de philanthropie, de bienveillance et de charitĂ© qui se glissent dans tous les cĆurs ? Reconnaissons-le donc, Messieurs, Ă la gloire de notre siĂšcle, que tant dâobscurs dĂ©tracteurs attaquent avec la plus insigne mauvaise foi, un esprit de commune bienveillance et de gĂ©nĂ©reuse sollicitude pour le pauvre sâest rĂ©pandu dans tous les rangs de la haute sociĂ©tĂ©, ou , comme on le dit habituellement, de la classe Ă©clairĂ©e. Lâhomme qui possĂšde et qui sait, veut faire possĂ©der et apprendre Ă celui qui, dĂ©laissĂ© par le sort, est privĂ© de ce bonheur physique et de ce bonheur moral auxquels tous les ĂȘtres Ă©chappĂ©s des mains du CrĂ©ateur ont droit indistinctement. Mais, ce qui caractĂ©rise surtout notre Ă©poque , câest quâon ne veut pas seulement faire le bien , on veut encore le faire avec discernement , et de la maniĂšre la plus propre Ă atteindre le but humain quâon sâest proposĂ©. On a senti que, pour obtenir des rĂ©sultats durables, il ne suffisait pas de porter remĂšde aux souffrances du moment, mais quâil fallait encore les prĂ©venir et empĂȘcher leur retour. En un mot, on a Ă©rigĂ© la bienfaisance, celte vertu cpii semble un rayon Ă©manĂ© de la Toute-Puissance, en une science qui a ses lois, ses prĂ©ceptes et ses moyens dâaction variant avec les circonstances. De lĂ celte foule dâassociations dâhommes gene- feux et Ă©clairĂ©s qui, pĂ©nĂ©trĂ©s de cette vĂ©ritĂ© , quâi7 faut que le cĆur donne, mais que la raison distribue, se sont placĂ©s comme mtermĂ©diaires entre les riches auxquels ils demandent, et les pauvres auxquels ils font part, avec sagacitĂ© et prĂ©voyance , des Secours quâils ont obtenus. Câest surtout dans le sein des citĂ©s populeuses que de pareilles * n stitutions doivent produire de grands et heureux rĂ©sultats. LĂ , ,!l1 effet, les classes malheureuses sont assiĂ©gĂ©es de plus de maux, besoins plus impĂ©rieux, et sous lâinfluence dâhabitudes vineuses plus prononcĂ©es quâau milieu des campagnes, oĂč la vie est active et plus innocente. Aussi, câest principalement dans ces villes quâon voit le gĂ©nie 1 humanitĂ© et de la bienfaisance sâexercer avec plus de deve- 1 1 °Ppement, et sous mille formes variĂ©es. Sous ce rapport , Paris pour ne parler que de notre pays a dĂ», nĂ©cessairement, donner * e xemple, et, depuis ces derniĂšres annĂ©es, cette immense citĂ© PossĂ©dĂ© un trĂšsâgrand nombre de sociĂ©tĂ©s philanthropiques qui, toutes, travaillent Ă Ă©clairer lâadministration sur les besoins sans cesse renaissans de la population malheureuse , et sâefforcent Ă amĂ©liorer son sort et Ă hĂąter son instruction. Dâimportans rĂ©sultats ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© obtenus par ces sociĂ©tĂ©s , et lâon peut prĂ©voir dâavance tous ceux quâelles produiront par la suite. Vous, Messieurs, qui ĂȘtes placĂ©s au centre dâune population ouvriĂšre si nombreuse, et qui, jusquâici, nâaviez pour mission que de favoriser lâessor de lâesprit et de contribuer aux progrĂšs des connaissances utiles , vous avez voidu aussi, en prĂ©sence de tant dâinfortunes nĂ©es des circonstances prĂ©sentes , vous associer aux efforts de ces philanthropes qui ont en vue lâhomme malheureux et souffrant, persuadĂ©s qu'avant dâĂ©clairer les masses, il faut pourvoir Ă leurs premiers besoins physiques, et les dĂ©rober au joug de la misĂšre, qui Ă©nerve et abrutit lâesprit en mĂȘme tems quâelle Ă©mousse les sentimens gĂ©nĂ©reux. DĂ©jĂ vous avez donnĂ© des preuves manifestes de votre dĂ©sir dâĂȘtre utiles Ă la classe ouvriĂšre de cette ville, en prĂ©sentant au Conseil municipal des mesures sages et facilement exĂ©cutables pour lâextinction de la mendicitĂ©. Dans une de vos derniĂšres sĂ©ances , vous avez entendu un mĂ©moire fort intĂ©ressant dâun de nos honorables confrĂšres, sur lâĂ©tat actuel des prisons de cette ville, et sur les moyens de rĂ©former le systĂšme adoptĂ© jusquâici dans nos maisons de rĂ©pression et de punition , systĂšme malheureux qui, au lieu de relever lâhomme criminel ou seulement Ă©garĂ©, contribue Ă lâentretenir dans ses funestes penchans , ou dĂ©veloppe chez lui le germe de vices quâil ignorait encore. Enfin , vous avez dĂ©cidĂ© quâune proposition faite par notre confrĂšre M. DestignV» pour aviser aux moyens dâĂ©tablir Ă Rouen des appareils pour lâextraction de la gĂ©latine des os, dans le but de prĂ©parer des soupes Ă©conomiques pour les indigens , serait ren voyĂ©e Ă une commission spĂ©ciale, afin quâelle fĂ»t examinĂ©e avec maturitĂ©, prise en considĂ©ration dans le cas oĂč elle obtiendrait lâassent 1 " ment de vos commissaires. â 147 â Câest au nom de cette commission, composĂ©e de MM. A. Barbet, Bouteiller fils et moi, que je viens vous soumettre quelques idĂ©es sur la question Ă©minemment philanthropique que notre estimable confrĂšre M. Le Marchand a soulevĂ©e le premier, dans cette assemblĂ©e, et queM. Destigny a reproduite. Mais, avant de vous faire connaĂźtre les conclusions du travail de votre commission, permettez-moi, Messieurs, de vous reproduire quelques unes des paroles que je prononçais , le 5 dĂ©cembre 182g, Ă lâouverture de mon cours de chimie ; ces paroles ayant immĂ©diatement trait au sujet qui nous occupe Une question, qui intĂ©resse au plus haut point lâĂ©conomie politique , est celle qui a trait Ă la nourriture de la classe la moins fortunĂ©e de la sociĂ©tĂ©. Fournir les moyens dâamĂ©liorer le rĂ©gime alimentaire du pauvre, sans augmenter les charges de lâĂ©tat, tel est le problĂšme Ă la solution duquel bien des Ă©conomistes ont travaillĂ©. Il Ă©tait rĂ©servĂ© Ă un chimiste dont le nom est bien connu par de nombreuses recherches toujours dirigĂ©es dans le but dâĂȘtre utile Ă lâindustrie, et que la postĂ©ritĂ© placera au rang des bienfaiteurs de lâhumanitĂ©, de trouver les moyens de remplir complĂštement toutes les conditions voulues pour un tel projet. M. DâArcet, car câest de lui que je veux parler, avait dĂ©jĂ proposĂ© , en 1810, dâutiliser les os de boucherie que lâon rejette, Ă la prĂ©paration dâune gĂ©latine propre Ă faire du bouillon 1 . Son procĂ©dĂ©, qui donna les rĂ©sultats les plus avantageux , fut suivi pendant quelque tems ; mais bientĂŽt on lâabandonna , ou au moins on cessa de faire usage de la gĂ©latine dans le bouillon ; cette matiĂšre alimentaire Ă©tait alors prĂ©parĂ©e avec la plus grande nĂ©gligence par les possesseurs du brevet de M. DâArcet. Le renchĂ©rissement des 1 Voyez Rapport fait en 1814, sur un travail de M . D'Arcet, ayant pour objet lâextraction de la gĂ©latine des os , et son application aux diffĂ©rents usages Ă©conomiques âą par MM. Leroux, Dubois , Pellctan , DumĂ©ril et Vauquclin. Ce rapport a Ă©tĂ© imprimĂ© par ordre de la FacultĂ© de MĂ©decine, dans le tom. 31, pag. 352 du Journal de MĂ©decine , Chirurgie s Pharmacie, etc. On le trouve aussi dans les Annales de Chimie > tom. 92 , P a g. 300, et dans d'autres recueils. â 148 â os 1 , qui arriva en mĂȘme tems , rĂ©duisit aussi de beaucoup les bĂ©nĂ©fices que promettait ce genre de fabrication, en sorte que les fabriques qui sâĂ©levĂšrent depuis furent forcĂ©es de convertir en colle-forte la plus grande partie de la substance nutritive des os. Le procĂ©dĂ© employĂ© a cette Ă©poqife , pour extraire la gĂ©latine, consistait dans 1 emploi de lâacide muriatique mis Ă digĂ©rer sur les os jusquâĂ ce quâils fussent devenus tout-Ă -fait mous et dĂ©pouillĂ©s des matiĂšres terreuses qui accompagnent la gĂ©latine a . » M. DâArcet, que ne dĂ©couragea pas la mauvaise rĂ©ussite de son entreprise philanthropique, continua ses travaux sur cet objet, et, au commencement de cette annĂ©e 182g, il a de nouveau attirĂ© lâattention publique sur lâemploi de la gĂ©latine des os, en faisant connaĂźtre un nouveau moyen dâobtenir cette matiĂšre si precieuse. Les travaux longs et difficiles que nous avons entreâ » pris dans ce but, depuis 1812, dit-il au commencement de son » premier mĂ©moire, nous ont mis Ă portĂ©e de traiter Ă fond cette » question Ă©conomique, et nous portent Ă croire que, avant peu » dâannĂ©es, les os, cette source si riche de matiĂšre nutritive, » prendront enfin le rang qui leur est dĂ» parmi les substances » animales employĂ©es pour la nourriture de lâhomme. Nous sou- » mettons ce travail au jugement des personnes Ă©clairĂ©es qui sc » consacrent au soulagement de la classe indigente et Ă lâaugmen- » tation de son bien-ĂȘtre et de son bonheur. Nous dĂ©sirons quâelles » approuvent le rĂ©sultat de nos travaux, et nous espĂ©rons quâelles » voudront bien nous aider de leur appui pour nous faire atteindre le but utile que nous nous sommes proposĂ© 3 . » * Le renchĂ©rissement des os nâa pas en dâinfluence, dâaprĂšs M. DâĂrcet, sur le procĂ©dĂ© dont il sâagit ; car il est devenu aujourdâhui la base de lâart du fabricant de colle} lâincapacitĂ© du sieur Robert, possesseur du brevet , a ete la seule cause de la lenteur du dĂ©veloppement de cette industrie. * L'art dâextraire la gĂ©latine par le moyen de lâacide hydrocbloviquc est acqn is Ă lâindustrie ; il y a un assez grand nombre de fabriques ou lâon exĂ©cute ce procĂ©dĂ©, Ă Paris et dan* la province. * MĂ©moire sur les os provenant de la viande de boucherie , dans lequel on traite de la conservation de ces os > de Pextraction de leur gĂ©latine par le moyen de la vapeur, *- â 149 » Les os que M. DâAreet emploie comme substance alimentaire, sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie, et spĂ©cialement les tĂštes spongieuses des gros os et les extrĂ©mitĂ©s des os plats. Ces os sĂ©chĂ©s renferment environ , par quintal Substances terreuses. 60 GĂ©latine. 30 Graisse. 10 100 » Les tĂȘtes des gros os contiennent jusquâĂ 5 o pour ioo de graisse. » Câest sur ces proportions que M. DâArcet a Ă©tabli ses calculs. Voici lâĂ©noncĂ© de quelques uns » ioo kilogrammes dâos contenant 3 o kilogrammes de gĂ©latine, et io grammes de gĂ©latine suffisant pour animaliser un demi-litre dâeau, au moins autant que lâest le meilleur bouillon de mĂ©nage , il est Ă©vident que ioo kilogrammes dâos peuvent fournir assez de dissolution gĂ©latineuse pour prĂ©parer 3 ,ooo rations de bouillon. I kilogramme dâos doit donc servir Ă prĂ©parer 3o bouillons dâun demi-litre chacun ; mais i kilogramme de viande ne peut fournir que 4 bouillons, dâoĂč il suit quâĂ poids Ă©gal, les os abandonnent Ă lâeau fois et demie autant de matiĂšre animale que la viande. » ioo kilogrammes de viande de boucherie contiennent environ 20 kilogrammes dâos ; cette quantitĂ© de viande pouvant donner 4oo bouillons, et les 20 kilogrammes dâos pouvant servir Ă en prĂ©parer 600 , on voit quâen extrayant toute la gĂ©latine des os provenant dâune quantitĂ© donnĂ©e de viande, on peut laire 3 bouillons avec les os, quand la viande et l âs os rĂ©unis nâen donnent actuellement que 2, et quâon pourrait, par consĂ©quent, prĂ©parer des usages alimentaires de la dissolution gĂ©latineuse qu'on en obtient , par M. DâArcet, Membre de l'acadĂ©mie royale des sciences et du conseil de salubritĂ©. Brochure in-8o de 56 p *6. avec S planches. Voyez aussi Annales de l'industrie française et Ă©trangĂšre , tom* 3 > Pag. g-. â 150 â 5 bouillons avec la mĂȘme quantitĂ© Ăźle viande non dĂ©sossĂ©e, qu. nâen fournit ordinairement que 2 » Vous sentirez toute lâimportance de ces considĂ©rations , Messieurs, quand vous saurez que la viande de boucherie consommĂ©e dans le seul dĂ©partement de la Seine peut fournir Ă peu prĂšs 10,000,000 de kilogrammes dâos par an, et que cette quantitĂ© dâos pourrait suffire Ă la prĂ©paration de plus de 800,000 rations de bouillon par jour. » Le procĂ©dĂ© que suit M. DâArcet pour extraire toute la partie nutritive des os, est dâune exĂ©cution trĂšs-facile. Il consiste Ă exposer les os Ă lâaction de la vapeur ayant une faible tension, et il doit le succĂšs quâil procure Ă ce que la vapeur, en se condensant jusque dans les pores des os, commence Ă en expulser la graisse, et en dissout ensuite, successivement, toute la gĂ©latine. Câest la mise en pratique dâun ancien procĂ©dĂ© pharmaceutique oubliĂ©, mais qui se trouve citĂ© dans lâouvrage de BaumĂ© ElĂ©mens de pharmacie, Ă©dition de 1790, page 108. » Lâadministration des hĂŽpitaux civils de Paris , sentant toute lâimportance des considĂ©rations prĂ©sentĂ©es parM. DâArcet, a engagĂ© ce savant dĂ©sintĂ©ressĂ© Ă Ă©tablir dans les hĂŽpitaux les appareils nĂ©cessaires pour prĂ©parer des bouillons Ă©conomiques. DĂ©jĂ la CharitĂ© , lâHĂŽtel-Dieu, Saint-Louis, possĂšdent ou vont avoir bientĂŽt les moyens de prĂ©parer , Ă peu de frais, plusieurs milliers de rations gĂ©latineuses par jour. LâhĂŽpital militaire du Val-de- GrĂące suit le mĂȘme exemple. Dans la Maison centrale de Refuge, Ă©tablie tout rĂ©cemment dans la capitale, par les soins de M. de Belleyme, on ne fera pas un seul bouilli toute la viande sera rĂŽtie, et les bouillons gras seront entiĂšrement prĂ©parĂ©s avec la gĂ©latine des os. Je tiens ces dĂ©tails intĂ©ressans de M DâArcet lui- mĂȘme. Il est Ă dĂ©sirer que les efforts de ce laborieux philanthrope soient soutenus dâune maniĂšre active par le gouvernement. La * La viande des hĂŽpitaux donne de 20 a 23 p. % dâos ; celle que mange le peuple en donne l5 p. */⹠» celle qui se vend aux Rfns rirbe» uVn fournit que 10 p. "/*âą â 151 classe peu aisĂ©e profitera de toutes ces conceptions heureuses, enfantĂ©es par le seul dĂ©sir de faire le bien les os lui seront, parla suite, aussi utiles que les pommes de terre, et, avec ces deux substances alimentaires, on peut braver impunĂ©ment la disette des cĂ©rĂ©ales. Honneur donc Ă Parmentier , qui a rĂ©pandu dans notre pays la culture de cette prĂ©cieuse solanĂ©e, et Ă M. DâArcet, qui vient de crĂ©er une nouvelle source de prospĂ©ritĂ© publique ! » Il est Ă dĂ©sirer que, dans les villes populeuses, oĂč les classes pauvres ont tant Ă souffrir dans les saisons rigoureuses, on sâempresse dâorganiser des appareils semblables Ă ceux qui sâĂ©lĂšvent de tous cĂŽtĂ©s dans la capitale. Lâadministration de cette ville, si portĂ©e Ă soulager les maux quâil nâest pas en son pouvoir de prĂ©venir, sâempressera, sans aucun doute, une fois que le succĂšs aura couronnĂ© les premiers essais entrepris , dâadopter une mesure qui doit produire des rĂ©sultats aussi satisfaisans que ceux dâallĂ©ger la misĂšre du peuple. Il suffit de signaler Ă son attention une mesure utile, pour ĂȘtre sĂ»r quâelle sera mĂ©ditĂ©e et exĂ©cutee, si les circonstances le permettent. » Telles Ă©taient , Messieurs, les paroles que je faisais entendre Ă la fin de 182g, dans l'amphithéùtre de chimie , en prĂ©sence dâun auditoire nombreux et de MM. les membres de la municipalitĂ© de cette ville 1 . Depuis cette Ă©poque, les appareils de M. DâArcet se sont rĂ©pandus, et, en octobre i83o, six grands appareils Ă©taient Ă©tablis Ă Paris. Plusieurs ont Ă©tĂ© commandĂ©s pour le compte de diffĂ©rentes villes de France; trois appareils moyens ont Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă Milan , sur la demande du chevalier Aldini, un autre Ă Berlin, etc. Lâappareil qui est Ă©tabli Ă lâhĂŽpital SaintâLouis, et au moyen duquel on extrait la gĂ©latine des os de la viande de boucherie consommĂ©e dans cet Ă©tablissement, a fourni, du g octobre 182g * Le discours dont j'ai extrait le passage qui prceĂšdc , sc trouve insĂ©iĂ© dans le 1er vol. ? *ââą partie, de la Revue Normande septembre 1 S 50 , pag. journal scientifique et littĂ©raire, Hui paraĂźt Ă Caen , tous la direction de M. De Canmont . â 152 â au 8 octobre i 83 o, câest-Ă -dire en un an de travail continu et rĂ©gulier, 293,556 rations de dissolution gĂ©latineuse, aussi riche en substance animale que le meilleur bouillon de mĂ©nage. Cet appareil , dans lequel on traite journellement 28 kilogrammes dâos , donne goo rations de dissolution gĂ©latineuse, et 1 kilogramme 85 o de graisse par 24 heures. Lâappareil de lâHĂŽtel-Dieu a produit 248,368 rations de cette mĂȘme dissolution en 276 jours de travail ; on y traite, chaque jour, environ 3 o kilogrammes dâos; il fournit, par 24 heures, g 5 o rations de dissolution de gĂ©latine; mais les os employĂ©s, ayant dĂ©jĂ bouilli deux fois dans la marmite, ne rendent alors que 4 pour ioo de graisse environ. Lâappareil Ă©tabli Ă la Maison de Refuge a fourni 102,180 rations de cette meme dissolution. Leproduitdecestroisappareilsa donc Ă©tĂ©, jusquâici, de 644 » â °4 rations de dissolution ; or, pour obtenir autant de bouillon par le procĂ©dĂ© ordinaire , il aurait fallu employer 161,026 kilogrammes de viande de boucherie, ou toute la viande provenant de 536 bĆufs '. On estime quâun bĆuf ordinaire donne 3 oo kilogrammes 421 de viande. Vous pouvez juger, Messieurs, par les rĂ©sultats fournis par trois appareils seulement, quels avantages le procĂ©dĂ© de M. DâAr- cet peut procurer Ă la sociĂ©tĂ© , tant sous le rapport de lâĂ©conomie que sous celui dcl amĂ©lioration du rĂ©gime alimentaire des pauvres. Mais, pour faire ressortir ces avantages avec plus de force, nous allons envisager maintenant plus au long la fabrication de la gĂ©latine sous ces deux points de vue. Avant dâentamer ce sujet, toutefois , il est nĂ©cessaire de vous faire connaĂźtre les usages variĂ©s auxquels peut sâappliquer cette matiĂšre nutritive extraite des os par les procĂ©dĂ©s de M. DâArcet. * RĂ©sumĂ© concernant lâemploi alimentaire de la gĂ©latine des os de la viande de bon - cherie ; par M. DâArcet. Bulletin delĂ SociĂ©tĂ© d'Encouragement pour lâindustrie natio- nale y no ctcxvi > octobre I8"0 . pajr. ?83. â 153 â Les os le boucherie tels juâon les emploie Ă ce genre de fabrication , et en gĂ©nĂ©ral tous les os des animaux, sont formĂ©s dâun tissu cellulaire Ă©pais, dans les arĂ©oles duquel sont dĂ©posĂ©s plusieurs sels en proportions assez considĂ©rables beaucoup de sous- phosphate de chaux, beaucoup moins de carbonate de chaux, trĂšs-peu de phosphate de magnĂ©sie, et des traces dâoxide de fer, dâalumine et de silice ; au centre de ce tissu , et Ă sa surface externe , se trouve une certaine quantitĂ© de matiĂšre grasse. Dans cet Ă©tat, ils ne renferment donc pas, Ă proprement parler, de gĂ©latine; mais, par lâaction de lâeau bouillante, le tissu cellulaire jouit de la propriĂ©tĂ© de se transformer en cette substance. Lorsque les os concassĂ©s et placĂ©s dans les cylindres de lâappareil de M. DâArcel sont soumis Ă lâaction de la vapeur aqueuse, celle-ci fait entrer en fusion la graisse quâils contiennent, facilite sa sortie de lâintĂ©rieur de chacun des os, puis, en agissant sur le tissu cellulaire, le transforme en gĂ©latine qui se dissout dans la vapeur condensĂ©e ; et, aprĂšs que toute la matiĂšre animale a ete ainsi isolĂ©e des matiĂšres terreuses , il ne reste plus quâun squelette friable, poreux , formĂ©, presque en totalitĂ©, par les substances salines Ă©numĂ©rĂ©es plus haut; car il sây trouve Ă peine 8 pour 100 de matiĂšre organique. La dissolution gĂ©latineuse qui se produit au moyen de la condensation de la vapeur dans les cylindres, en sort, aprĂšs quâon a dâabord fait Ă©couler la graisse, parfaitement claire, lorsquâon prend toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires. Câest cette dissolution tpii porte le nom de bouillon dâos. Elle nâa aucune saveur. ConcentrĂ©e au point de contenir 5 Ă 6 centiĂšmes de gĂ©latine sĂšche, on Peut, en la sucrant et en lâaromatisant convenablement, lâemployer Ă la confection de gelĂ©es alimentaires Ă lâorange, au citron , a u rhum, etc. EvaporĂ©e au point de ne renfermer que 2 centiĂšmes de gĂ©latine, elle constitue un liquide aussi chargĂ© de matiĂšre ani- "ude que lâest le meilleur bouillon de mĂ©nage, et peut servir soit pour animaliser tous les alimens de nature vĂ©gĂ©tale, soit pour 154 â remplacer le bouillon Ă la viande, ce que lâon fait facilement en salant, colorant et aromatisant convenablement cette dissolution gĂ©latineuse. RĂ©duite au point de se prendre en gelĂ©e par le refroidissement , elle sert Ă prĂ©parei des tablettes de gĂ©latine sĂšche , et on en obtient des tablettes de bouillon en la concentrant au mĂȘme degrĂ©, aprĂšs lâavoir prĂ©alablement mĂȘlĂ©e Ă une certaine quantitĂ© de jus de viande et de racines potagĂšres. 1 En Ă©paississant suffisamment cette mĂȘme dissolution , on peut encore la faire entrer dans la prĂ©paration des farines de lĂ©gumes cuits et sĂ©chĂ©s, comme le pratique M. Duvergier; dans la fabrication du lcr-ouen et des autres substances alimentaires extraites de la pomme de terre, comme lâhonorable M. Ternaux lâa fait pratiquer dans sa fabrique de Saint- Ouen ; dans la confection des biscuits Ă lâusage des marins, ainsi queM. DâArcet a eulâheureuseidĂȘede le faire ; enfin on peut encore sâen servir pour fabriquer, avec les farines avariĂ©es ou avec les pommes de terre et le sucre de fĂ©cule, un pain Ă meilleur marche et aussi nutritif que le pain fait avec le meilleur froment. Câest encore Ă lâingĂ©nieux chimiste dont je viens de citer le nom quâon doit cette derniĂšre application. Quant Ă la graisse extraite des os en mĂȘme tems que la gĂ©latine, elle peut, en raison de son bon goĂ»t et de sa bonne qualitĂ©, ĂȘtre employĂ©e aux mĂȘmes usages que le beurre ou la graisse ordinaire dans la prĂ©paration des mets habituels. Vous voyez, Messieurs, sous combien de formes cette prĂ©cieuse substance alimentaire des os la gĂ©latine peut servir Ă nos usages culinaires ; mais ce quâil faut actuellement vous dĂ©montrer, câest lâĂ©conomie considĂ©rable qui rĂ©sulte de son emploi journalier dans les grands Ă©tablissements, tels quâhĂŽpitaux, maisons de refuge» dĂ©pĂŽts de mendicitĂ©, etc., oĂč lâon consomme habituellement beaucoup de viande de boucherie. 1 La dissolution gĂ©latineuse, obtenue dans l'appareil indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, est trop iaible pour qu'on puisse l'Ă©vaporer avec avantage ; si lâon voulait faire des tablettes, 1 fo 11 â drait se servir dâun autre appareil 1838 . â 155 â \oici un compte Ă©tabli parM. DâArcet pour une consommation de 5 oo kilogrammes de viande de boucherie par jour. 5 oo kilogrammes de viande de boucherie donnent au moins 5 o kilogrammes dâos, qui, traitĂ©s dans lâappareil de M. DâArcet f peuvent fournir i, 5 oo rations ou "j 5 o litres de dissolution gĂ©latineuse. En extrayant cette gĂ©latine des os qui la contiennent, on pourrait sâen servir pour la prĂ©paration du bouillon, en opĂ©rant comme il suit. On prendrait 200 kilogrammes de viande de boucherie ; 7 5 o litres de dissolution gĂ©latineuse ; 260 Ă 270 litres dâeau. On y ajouterait la quantitĂ© convenable de sel, dâaromates et de lĂ©gumes, et on conduirait lâopĂ©ration comme on le fait ordinairement , mais en mĂ©nageant bien le feu On aurait2,ooorationsde bon bouillon, et io 4 kilogrammes de bouilli il resterait alors 3 oo kilogrammes de viande de boucherie Ă mettre en rĂŽti ou en ragoĂ»t. Si lâon avait employĂ© ces 3 oo kilogrammes de viande pour la prĂ©paration du bouillon, on nâaurait obtenu que 1 56 kilogrammes de bouilli, tandis quâen faisant rĂŽtir cette viande , on obtiendrait au moins 192 kilogrammes de viande rĂŽtie. On voit donc quâen suivant cette marche, on aurait autant de bon bouillon que de coutume, et quâon aurait en outre 192 kilogrammes de viande rĂŽtie, au lieu de 1 56 kilogrammes de bouilli ; il y aurait, par consĂ©quent, amĂ©lioration et augmentation dans la substance alimentaire lâamĂ©lioration est Ă©vidente; car on sait que le bouilli est une nourriture qui ne restaure pas beaucoup , parce que la viande a perdu, dans lâĂ©bullition , une partie des sucs animali- sables, tandis que le rĂŽti, qui a conservĂ© tous ses sucs, est Ă -laâ fois plus nutritif et plus agrĂ©able au goĂ»t. Il est constant que le bĆuf bouilli a perdu plus de la moitiĂ© de son poids, tandis que, â 156 â rĂŽti ou autrement prĂ©parĂ© , il ne perd que le tiers, tout au plus- Quant Ă lâaugmentation , voie! comment on peut lâĂ©valuer en argent 25 kilogrammes de viande de boucherie donnant, dans les hĂŽpitaux, 16 kilogrammes de viande rĂŽtie, les 36 kilogrammes de viande rĂŽtie que lâon obtient en excĂ©dant, doivent provenir de 56 kilogrammes de viande de boucherie, qui valent 56 francs en ajoutant Ă celte somme les frais de cuisson, on trouvera quâelle doit ĂȘtre portĂ©e Ă environ 58 francs en dĂ©duisant maintenant de cette somme celle de 21 francs quâil faudra dĂ©penser pour extraire la gĂ©latine des 5o kilogrammes dâos, on aura la somme de 37 francs par jour, qui sera disponible , et que lâon pourra Ă©conomiser si lâon veut. On pourra donc, en adoptant le rĂ©gime alimentaire dont il vient dâĂȘtre question , obtenir une vĂ©ritable Ă©conomie de 37 francs par jour, tout en ayant le grand avantage de donner Ă la population de lâhĂŽpital beaucoup de viande rĂŽtie au lieu de mauvais bouilli . Voici un second calcul que jâemprunte encore Ă M. DâArcet Lâadministration des hĂŽpitaux de Paris fait vendre annuellement 85,200 kilogrammes dâos. Ces 85, 200 kilogrammes dâos pourraient fournir, Ă©tant traitĂ©s dans lâappareil , 25,56o kilogrammes de gĂ©latine sĂšche , ou 2 , 556,000 rations de dissolution gĂ©latineuse aussi riche eu substance animale que lâest le meilleur bouillon prĂ©parĂ© avec lu viande J . En supposant que lâadministration des hospices ne vendĂźt pa» ces os, et quâelle en fĂźt extraire la gĂ©latine dans les hĂŽpitaux , elle 1 TroisiĂšme note de M. D'Arcet sur l'amĂ©lioration et sur lâĂ©conomie que l'introduction de la gĂ©latine des os de lu viande de boucherie peut apporter dans le rĂ©gime dU' mentaire des hĂŽpitaux et des grandes rĂ©unions d'hommes. Recueil industriel . manu- facturier , etc. , de J\I. De MolĂ©on , a 34 , octobre 1S29 , tom. J 2 , pag. lf>. * II faudrait employer f>i>9,000 kilogrammes de viande de boucherie pour avoir en dis* 0 * lution autant de substance animale quâil s'en trouverait dans ces 2,?>5G,000 rĂąlions de dis* 0 ** lution gĂ©latineuse DâArcet. â 157 â }' aurait ces a, 556 ,ooo rations, en dĂ©pensant au plus la somme de 25,56o francs la ration de dissolution gĂ©latineuse ne reviendrait, dans ce cas , quâĂ i centime. Si lâadministration tenait Ă compter les os comme Ă©tant vendus a raison de 12 francs les 100 kilogrammes, la dĂ©pense devrait e tre portĂ©e Ă 3 ^,784 francs. Dans ce cas, les os Ă©tant payĂ©s, la r ation de dissolution gĂ©latineuse reviendrait, au plus, Ă 1 centime 4 dixiĂšmes. Ce calcul prouve tout lâavantage quâil y aurait Ă employer les °s dont il sâagit pour aniinaliser la nourriture des pauvres ; il serait, n effet, impossible de faire de toute autre maniĂšre autant de bien n dĂ©pensant si peu 1 . M. Desportes , membre de la commission administrative des hĂŽpitaux civils de Paris, dans un rapport prĂ©sentĂ© au conseil- gĂ©nĂ©ral des hospices sur lâemploi de la gĂ©latine Ă lâJIĂŽtel-Dieu , Ă©tablit le compte de revient pour lâextraction de la gĂ©latine pour Une journĂ©e, et il cherche Ă dĂ©montrer que, tout en procurant de grandes et importantes amĂ©liorations dans le rĂ©gime alimentaire des malades, amĂ©liorations que les mĂ©decins voient avec une vive Satisfaction, et dont les malades se montrent trĂšs-satisfaits, le procĂ©dĂ© de M. DâArcet ne prĂ©sente aucune Ă©conomie notable, et d ne croit pas que, dans lâavenir, il puisse en produire qui soit h>rt sensible. Les donnĂ©es quâil prĂ©sente sont la moyenne propor- ' Lonnelle de deux mois de service environ ». Dâun autre cĂŽtĂ©, M. Jourdan, membre de la mĂȘme commission , dans un rapport semblable sur lâemploi de la gĂ©latine Ă ^hĂŽpital Saint-Louis de Paris, prĂ©tend que, dans les hĂŽpitaux °rdinaires, câest-Ă -dire ceux oĂč lâon traite toute sorte de maladies 1 QuatriĂšme note de M. D'Arcet sur la vente des os provenant de la viande de bou- c ^ri e consommĂ©e dans les hĂŽpitaux de la ville de Paris. Recueil industriel, manu- ^cturier , etc. , de M. De MolĂ©on , n° 34 ? octobre 1829 , tom. 12 , png* ***âą Rapport fait le 20 janvier 1850 au conseil-gĂ©nĂ©ral des hospices , sur l emploi de la Platine Ă VHĂŽtel-Dieu de Paris } par M. B. Desportes , membre de la commission admi- J* tr ativc. Recueil industriel, manufacturier, etc., de M. De MolĂ©on, n° 43 , juil- *830 , tom. 15 , pag. 5. â 158 â et oĂč, par consĂ©quent, la viande nĂ©cessaire pour la confection du bouillon excĂšde gĂ©nĂ©ralement les besoins des malades dont une grande partie est Ă la diĂšte , ou ne reçoit pas du moins la portion entiĂšre, lâemploi de la gĂ©latine des os permet dâobtenir desĂ©co- nomies sur la dĂ©pense, sans que le bien du service en souffre- Suivant cet administrateur, le rĂ©gime ordinaire des hĂŽpitaux prescrit de mettre dans la marmite i kilogramme de viande pour 3 litres 4° centilitres dâeau ; lâemploi de la gĂ©latine donne le moyen de rĂ©duire la viande de deux cinquiĂšmes et dâobtenir cependant dâexcellent bouillon. Câest dans cette proportion que lâon opĂšre lâhĂŽpital SaintâLouis. Il sâensuit que, sur ioo kilogrammes de viande qui entraient dans la marmite pour le repas de l'aprĂšs- midi, avant lâusage de la gĂ©latine, on en prĂ©lĂšve actuellement 4o kilogrammes qui sont accommodĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres » avec grand avantage pour les malades. On gagne donc la diffe' rence qui existe entre la dĂ©perdition du bouilli et celle du rĂŽti sur ces 4o kilogrammes qui nâentrent plus dans la marmite, et lâon peut ensuite donner aux malades un aliment bien plus nourrissant et plus agrĂ©able que ne lâĂ©tait le bouilli. On peut, en outre, arran' ger, avec la gĂ©latine, les lĂ©gumes qui Ă©taient cuits Ă lâeau prĂ©cĂ©demment , et ils sont infiniment meilleurs aujourdâhui 1 . M. Jourdan est donc en opposition manifeste avec M. Des- 1 portes, son confrĂšre, sur le point de vue Ă©conomique de la question 2 . M. DâArcet a fortifiĂ© lâopinion du premier en dĂ©montrant» par un nouveau compte de revient, lâexistence de lâĂ©conomie q 11 ^ avait annoncĂ©e. On voit clairement, par ce compte , quâon p eut 1 Rapport fait le 20 janvier 1830 au co nseil gĂ©nĂ©ral des hospices 3 sur V emploi de ^ gĂ©latine des os Ă lâhĂŽpital Saint-Louis t Ă Paris} par M. Jourdan, membre de la eo 1 * 1 mission administrative. Recueil industriel , etc., no 44- * aoĂ»t 1850 , tom. 15, pag» Il 6* 1 Depuis la lecture de mon mĂ©moire Ă la SociĂ©tĂ© , M. Desportes a publiĂ© trois autres ra P ports , adressĂ©s au conseil gĂ©nĂ©ral des hospices , sur le service de l'appareil Ă©tabli Ă l'f*° Dieu. Ces trois rapports ont Ă©tĂ© faits les 27 octobre 1830 , 19 janvier et 27 fĂ©vrier Dans son quatriĂšme rapport, M. Desportes annonce qu'il est parvenu Ă obtenir, non » eU ^ ment une grande amĂ©lioration dans le rĂ©gime alimentaire de l'HĂŽtel-Dieu , mais encor Ă©conomie notable en argent sur cette partie du service. â 159 â amĂ©liorer le rĂ©gime des hĂŽpitaux sans y occasionner aucune dĂ©pense, quâon peut mĂȘme trouver une trĂšs-grande Ă©conomie dans lâapplication de son procĂ©dĂ©, en nĂ©gligeant dâamĂ©liorer ce rĂ©gime ; quâil suffit de balancer les choses pour obtenir Ă la fois, dans cette affaire, une Ă©conomie notable et une grande amĂ©lioration, et, quâen un mol, on peut y trouver, comme on le voudra , ou une grande Ă©conomie, ou une trĂšs-grande amĂ©lioration, ou ces deux avantages rĂ©unis et dans des proportions notables r . Je nâai, jusquâĂ prĂ©sent, parlĂ© que des grands Ă©tablissemens oĂč lâon a introduit lâemploi de la gĂ©latine comme matiĂšre alimentaire ; mais les services que peut rendre ce nouveau genre de nourriture ne sont pas circonscrits dans les seuls hĂŽpitaux ; on peut encore lâappliquer aux bureaux de charitĂ© , aux ateliers de bienfaisance, aux fabriques, aux prisons, aux corps militaires sĂ©dentaires, aux garnisons des villes, aux Ă©quipages de vaisseaux, en un mot, Ă toutes les rĂ©unions dâhommes peu fortunes, qui sont rĂ©duits Ă observer la plus stricte Ă©conomie dans leur rĂ©gime habituel, ou pour lesquels le gouvernement ou les administrations locales ne peuvent faire de grands sacrifices sous ce rapport. Que dâavantages la population malheureuse dâune ville ne trouverait-elle pas dans lâusage des prĂ©parations si substantielles et pourtant si Ă©conomiques de M. DâArcet ! Tout le monde sait combien la nourriture de lâouvrier est, en gĂ©nĂ©ral, mauvaise et dĂ©fectueuse ; le plus habituellement, il vit de lĂ©gumes mal cuits, mal prĂ©parĂ©s, de poisson de basse qualitĂ©, de fromage -, de fruits secs, de viandes de charcuterie toujours fortement Ă©pines, afin de dĂ©guiser leur anciennetĂ© ou leur mauvaise conservation ; rarement il mange des viandes de boucherie ; plus rarement encore il fait usage de potages gras bien faits. GĂ©nĂ©ralement, le rĂ©gime alimentaire du peuple et mĂȘme celui des hĂŽpitaux est trĂšs-pauvre 1 SixiĂšme note de M . D'Arcet sur lâĂ©conomie que peut procurer Viniroduction de la gĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des hĂŽpitaux. Reeueil industriel , etc., no 34 , octobre 1829 , tom. 12 , pag. 25. â 160 en substance animalisĂ©e ou azotĂ©e , base de toute bonne alimentation . LâexpĂ©rience a dĂ©montrĂ© que lâhomme a besoin , pour bien se porter, de se nourrir avec un mĂ©lange de deux parties de substance animale contre sept de substance vĂ©gĂ©tale ; le rĂ©gime alimentaire de nos troupes est Ă©tabli sur ce principe. Les recherches de Lagrange ont fait connaĂźtre quâen 178g, le Français ne mangeait, terme moyen, que deux de matiĂšre animale contre quinze Ă seize de vĂ©gĂ©taux, câest-Ă -dire que la moitiĂ© de la quantitĂ© de viande accordĂ©e au soldai, et par consĂ©quent de ce quâil faudrait pour ĂȘtre maintenu en bonne santĂ© 1 , et des calculs statistiques rĂ©cens ont dĂ©montrĂ© quâil en Ă©tait encore ainsi aujourdâhui ; et cependant nâest-ce pas lâhomme qui supporte les travaux les plus rudes, lâouvrier des derniĂšres conditions, le manĆuvre, qui aurait besoin dâune nourriture plus forte, plus substantielle? Aussi, voyez combien la population de nos fabriques, de nos grandes villes est faible et chĂ©tive ! Les convalescens qui sortent des hĂŽpitaux ont Ă peine la force, au bout de plusieurs jours, de se livrer Ă leurs occupations habituelles ; nĂ©anmoins , poussĂ©s parla nĂ©cessitĂ© de soutenir leur famille, ils se remettent Ă leurs travaux ; mais, vains efforts, la nature bientĂŽt refuse ses secours; ils retombent Ă©puisĂ©s, et sont contraints de rentrer dans les hospices, pour y retremper, par le repos, une santĂ© quâun bon rĂ©gime aurait conservĂ©e ! Le seul moyen dâobvier Ă tous les inconvĂ©niens quâentraĂźne lâabus dâun rĂ©gime trop vĂ©gĂ©tal se trouve dans lâemploi de la gĂ©latine des os , puisquâil est impossible , vu lâĂ©norme dĂ©pense que cela occasionnerait, de songer Ă y remĂ©dier au moyen de la viande de boucherie. La gĂ©latine, comme matiĂšre azotĂ©e, offre, en effet, toutes les conditions que lâon peut dĂ©sirer nourriture saine , nâoccasionnant aucune rĂ©pugnance , dâune prĂ©paration facile en mĂȘme teins quâĂ©conomique; vodĂ , certes, de grands avantages 1 Essai d'arithmĂ©tique politique, pag. 65 et 61». â 161 â quâil serait difficile de rencontrer dans aucune autre matiĂšre animale ; i o grammes de gĂ©latine sĂšche suffisent pour donner Ă un demi-litre dâeau autant de substance animale nutritive quâil sâen trouve dans le meilleur bouillon de mĂ©nage. On voit que, pour animaliser les alimens nĂ©cessaires Ă un individu, dans lâespace de vingt-quatre heures, il faudrait bien peu de gĂ©latine. Dans un Ă©tablissement qui possĂ©derait un appareil capable de fournir huit Ă neuf cents rations de dissolution gĂ©latineuse par jour, tel que celui qui existe Ă lâhĂŽpital Saint-Louis de Paris , on pourrait, sans beaucoup de frais, obtenir une trĂšs-grande amĂ©lioration dans le rĂ©gime de toutes les personnes nourries dans cet Ă©tablissement, puisquâau rapport de M. Jourdan, la dĂ©pense journaliĂšre de lâappareil, pendant le mois de dĂ©cembre 182g, sâest Ă©levĂ©e Ă 13 francs 20 centimes, ce qui fait 366 francs par mois, ou 4,392 francs par an, et ce qui augmente les frais de chaque lit de malade de 6 franc spar an , et ceux de chaque journĂ©e de malade de 5 centimes 3 o millimes. * Avec une si faible dĂ©pense pour chaque individu , on trouverait le moyen de faire du bouillon faible avec la viande seule , comme cela se pratique habituellement ; du bouillon plus fort et aussi riche en gĂ©latine quâon le dĂ©sirerait; des soupes grasses ou maigres bien plus nourrissantes que celles dont on fait usage ; des gelĂ©es Ă la viande, Ă lâorange, au citron , etc. ; du rĂŽti, du bĆuf Ă la mode, ou au moins du bouilli bien plus savoureux que celui quâon obtient dans nos mĂ©nages ou dans les hĂŽpitaux ; des lĂ©gumes aussi riches en matiĂšres animales que sâils Ă©taient cuits dans du bouillon ordinaire, etc. Enfin , lâemploi de la gĂ©latine, dans tous ces cas , donnerait les moyens de consommer moins de viande et dâacheter du poisson , de la volaille , des fruits , ou dâautres alimens que leur chertĂ© proscrit des grands Ă©tablissemens de secours. Si, dans lâĂ©tablissement dont nous parlons, on voulait prĂ©parer 11 4 Raoport dĂ©jĂ citĂ©. â 162 â une plus grande quantitĂ© de dissolution gĂ©latineuse que celle nĂ©cessaire Ă la consommation journaliĂšre des habitans , on trouverait facilement le placement de lâexcĂ©dant au dehors , soit en nature, soit en lâintroduisant dans des soupes Ă©conomiques, dans des lĂ©gumes ou ragoĂ»ts vĂ©gĂ©taux quâon vendrait au prix coĂ»tant, câest- Ă -dire Ă moins de 6 centimes la ration , aux habitants du quartier, aux bureaux de charitĂ© ou aux sociĂ©tĂ©s philanthropiques qui font des distributions de pain ou dâautres alimensde premiĂšre nĂ©cessitĂ© dans les tems de calamitĂ© publique. Dâailleurs, on pourrait , Ă lâimitation de M. De Puymaurin , Ă©lever, dans les fabriques, de petits appareils dâun produit en rapport avec la population de ces ctablissemens, et organiser les ouvriers en ordinaire, comme cela se pratique pour les soldats, de maniĂšre Ă leur faire prendre, dans lâintĂ©rieur de leurs ateliers, une nourriture saine, succulente et dâun prix trĂšs-modique; rien nâempĂȘcherait que les ouvriers emportassent au dehors les aliâ mens prĂ©parĂ©s dans lâintĂ©rieur, et les fissent servira la nourriture de leur famille. Cette mesure aurait tout a la fois lâavantage de rĂ©duire la dĂ©pense de chaque ouvrier pour son entretien personnel , et de lui permettre de faire des Ă©conomies qui lâaideraient Ă Ă©lever plus facilement sa famille. M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des mĂ©dailles de Paris, a adoptĂ© le systĂšme dont je parle, dans cet Ă©tablissement, et en a obtenu des rĂ©sultats trĂšs- heureux 1 . 1 Lâappareil Ă©tabli Ă la Monnaie a cessĂ© Je fonctionner depuis un certain tems, mais par de* causes lout-Ă -f* 1 Irangeres > et non parce que les alltnens prĂ©parĂ©s avec la gĂ©latine qu'il fournissait Ă©taient de mauvaise nature , comme se sont empressĂ©s de le rĂ©pandre tou* ces gcus qui ne voient qu'a regret les innovations mĂȘme les plus utiles et les plus heureuses» Voici ce qui a occasionnĂ© la suspension des ordinaires Ă l'hĂŽtel de* MĂ©dailles. Le local de cet Ă©tablissement est resserrĂ© ; les ouvrier* ne pouvaient y prendre l'air pendant leur repas. Satisfaits de la nourriture abondante qu'il* recevaient et de l'Ă©conomie qu'ils trouvaient dans son usage , ils ne purent surmonter l'ennui d'une clĂŽture continuelle , et surtout celui des visites habituelles et des questions multipliĂ©es des curieux qui visitaient l'appareil. Ou fut donc obligĂ© d'interrompre son emploi. Quoi qu'il eu soit, l'Ă©tablissement de M. D c Puymaurin a rendu de trĂšs-grands services en dĂ©montrant toute l'utilitĂ© des procĂ©dĂ©s Ă©conomiques de M. DâĂrcet, et ce qu'on peut en attendre toutes les fois qu'ils seront dirigĂ©* p* r des hommes habiles et Ă©clai-Ă©s. Les alimens prĂ©parĂ©s Ă la gĂ©latine, dans cette maison, ne reviennent quâĂ quelques centimes la ration ; ils consistent en soupes aux lĂ©gumes, en ragoĂ»ts de pommes de terre, de haricots, de choux, de lentilles, seuls ou mĂȘlĂ©s convenablement ensemble, en macaroni ou vermicelle, en riz. Le prix moyen dâune ration de soupe et de ragoĂ»t ne sâĂ©lĂšve, pour chaque ouvrier, quâĂ io centimes 35 millimes. Pour vous montrer, Messieurs , quelles Ă©conomies les ouvriers peuvent faire en suivant un pareil rĂ©gime, il convient de connaĂźtre les dĂ©penses journaliĂšres quâils font dans lâĂ©tat ordinaire des choses. Jâemprunte les dĂ©tails suivans Ă M. De Puymaurin at M. Fournier Charbon de terre par vingt-quatre heures , 1 hectolitre. 4 » frais gĂ©nĂ©raux par jour , Ă©values au dixiĂšme de la dĂ©pense. 1 586 La dĂ©pense totale sera donc , par jour , de. 17 447 Mais on obtiendra au moins Ăą kilogrammes 1 /Ăą de Epaisse par vingt-quatre heures. Cette graisse pouvant remplacer le beurre dans la confection des alimens, ces 2 kiloâ gammes 1 2 auront une valeur de 2 francs 50 centimes âpPil faut retrancher de la dĂ©pense totale, ce qui rĂ©duira lleiaent et non comme elles pourraient ĂȘtre. On ne m'accusera pas , je l'espĂšre, de l0lp grossir mes rĂ©sultats au-delĂ de la rĂ©alitĂ©. ., ^ Paupert, directeur des travaux de lâhĂŽpital Saint-Louis de Paris, m'Ă©crivait der- ^*ent quâun appareil produisant 1,000 rations par jour, reviendrait a 2,000 francs. On 1 8 Ue jâai exagĂ©rĂ© le prix du nĂŽtre. Jq force encore ici les prix, puisque les 100 kilogrammes d'os ne sont vendus que 8 franc* c * n tiniâŹi, au plus , aux fabricam de colle de Rouen. â 174 On aura donc, dâaprĂšs cela , 1,680 rations gĂ©latineuses pour la somme de i5 francs, dâoĂč lâon voit que chaque ration ne reviendra pas Ă 2 centimes, tous frais compris 1 ; et, comme ces frais seront supportĂ©s parles cinq grands Ă©tablissemens de la ville, il en rĂ©sulte quâen supposant leur population Ă©gale et les i,68o rations rĂ©parties Ă©galement sur eux, chacun dâeux ne dĂ©pensera que 3 francs par jour pour avoir 336 rations, en supposant quâon ne fasse aucune Ă©conomie sur la viande journellement consommĂ©e 3 * * - Mais si, comme dans certains hĂŽpitaux de Paris, on veut rĂ©duire la consommation de la viande de boucherie , on pourra supprimer la moitiĂ© de celle quâon met habituellement dans la marmite. Le tableau prĂ©cĂ©dent nous a fait connaĂźtre que la quantitĂ© nĂ©cessaire au service des cinq Ă©tablissemens sâĂ©lĂšve Ă i8o,58 o kilogrammes par an , qui, Ă raison de 77 centimes le kilogramme ; prix moyen, occasionnent une dĂ©pense annuelle de 13g, o46 francs 60 centimes, ou de 38o francs g5 centimes par jour. Or, en retranchant la moitiĂ© de la viande, il y aura une Ă©conomie de 69,523 francs 3o centimes par an, ou de igo francs 47^ millimes par jour, les frais de lâappareil compris. DâaprĂšs cela , chaque Ă©tablissement Ă©conomisera journellement 38 francs g5 mil- limes, tout en nourrissant le mĂȘme nombre dâindividus ; et si lâofl emploie ces 38 francs g5 millimes Ă lâachat de viande qui serai* convertie en rĂŽtis ou ragoĂ»ts, de volaille, de poissons, de fruits, il sâen suivra quâon apportera une grande amĂ©lioration dans le rĂ©gim e alimentaire de ces maisons, sans y occasionner aucune dĂ©pense- Les rĂ©sultats que je vous prĂ©sente, Messieurs , sont certaine" 1 K Saint-Louis, 1» ration gĂ©latineuse revient-Ă 2 centimes. 2 Je nâai pas fait entrer en dĂ©duction de compte la somme qui proviendrait de 1» vc* 1 * âądu rĂ©sidu des os Ă©puisĂ©s dans les cylindres. A Paris , ce rĂ©sidu qui paraissait dâabord valeur, est achetĂ© maintenant par les fabricans de noir animal Ă raison de 4 francs ^ centimes les 100 kilogrammes. On trouverait sans doute Ă©galement Ă Rouen le dĂ©bit de ce rĂ©sidu ; ainsi lâargent quâil produirait couvrirait une partie des dĂ©penses de lâappareil» et rĂ©duirait, par consĂ©quent , de beaucoup le prix des rations gĂ©latineuses. Jâaurais donc p 1 â ' Ă la rigueur, en tenir compte dans mes calculs j mais jâai prĂ©fĂ©rĂ© le nĂ©gliger pour Ă©vi* 6 * âąquâon ne mâaccuse de faire paraĂźtre lâĂ©conomie plus grande quâelle ne lâest rĂ©ellement. â 175 nient au-dessous de ce quâils pourraient ĂȘtre, puisque jâai toujours exagĂ©rĂ© les frais ; ils font assez connaĂźtre quels services rĂ©els rendraient les appareils Ă la DâArcet dans nos hĂŽpitaux et nos prisons. Jâai parlĂ©, en premier lieu, de ces sortes dâĂ©tablissemens , parce que je pense que câest par eux quâil faut commencer relativement Ă lâintroduction des alimens gĂ©latines ; mais le but principal auquel doivent tendre tous nos efforts , câest lâamĂ©lioration du rĂ©gime alimentaire du pauvre et de lâouvrier. Jâai dĂ©jĂ signalĂ© tous les avantages que trouveraient les ouvriers Ă faire usage de pareils mets; jâai montrĂ©, avec M. De Puymaurin, quâils pourraient Ă©lever leurs familles avec plus de facilitĂ©, et mĂȘme, tout en se nourrissant mieux, faire de petites Ă©conomies, qui, placĂ©es dans une caisse de prĂ©voyance, sâaccumuleraient insensiblement et serviraient Ă les soutenir dans leurs vieux jours ; jâai insistĂ© assez longuement sur les moyens Ă mettre en usage dans ce cas, pour ne pas y revenir ici. Mais je rappellerai votre attention, Messieurs, sur les bureaux e t ateliers de charitĂ©, les dĂ©pĂŽts de mendicitĂ©, enfin sur cette population malheureuse de toutes les grandes villes , dont la situation est s! prĂ©caire. A Rouen , le nombre des indigens est immense , et leur sort a dĂ©jĂ fixĂ© votre sollicitude dâune maniĂšre toute particuliĂšre ; vous avez proposĂ©, dans un projet prĂ©sentĂ© re cemmĂ©nt Ă lâautoritĂ© municipale pour lâextinction de la mendi- Cl tĂ©, dâĂ©lever un vaste local pour recevoir les deux sexes en pen- Sl °n, et rĂ©clamĂ© une addition aux butimens de lâHospice-gĂ©nĂ©ral pour recevoir les septuagĂ©naires et les infirmes incapables de se livrer Ă aucun genre de travail. Il y a tout lieu de croire que votre v °ix sera Ă©coutĂ©e. Admettons que ces maisons de refuge soient e tablies la premiĂšre chose dont il faudra sâoccuper sera le rĂ©gime ; 0r > pour le rendre aussi bon que possible, tout en observant la plus stricte Ă©conomie, il nây aura certainement pas d autre moyen tjue celui qui se prĂ©sente naturellement Ă votre esprit en ce mo- n>en t, câest-Ă -dire lâemploi de la gĂ©latine des os. Il faudra prendre â 176 â exemple sur ce quâa fait le respectable M. De Belleyme pour la Maison de Refuge de Paris 1 . En vous prĂ©sentant un compte de revient pour un appareil de rations, semblable Ă celui que M. DâArcet a fait construire dans cette maison , je vais vous dĂ©montrer facilement quâavec une somme trĂšs-modique la commune pourra suffire Ă la nourriture dâun bien grand nombre dâindividus. Un appareil pouvant fournir, par vingt-quatre heures, 2,4oo rations de dissolution gĂ©latineuse, par le traitement de 80 kilogrammes dâos, reviendrait tout au plus, aujourd'hui, Ă 4,000 fr., tout prĂȘt Ă fonctionner. Supposons quâil coĂ»te 6,000 francs , comme celui de la Maison de Refuge ». LâintĂ©rĂȘt de cette somme Ă 10 p. 100 Serait, par jour, de 1 fr. 65 e. 80 kilogrammes dâos par jour, Ă 10 francs les 100 kilogrammes . .. 8 » Quatre ouvriers par vingt-quatre heures, a 2 francs 50 centimes chaque. 10 » 120 kilogrammes de charbon de terre par vingt-quatre heures. 5 » Frais gĂ©nĂ©raux par jour, Ă©valuĂ©s au dixiĂšme de la dĂ©pense. 2 46 La dĂ©pense totale serait donc, par jour, de. 27 11 Mais , en dĂ©duisant 4 francs pour la valeur de 4 kilogrammes de graisse obtenue journellement, la dĂ©pense totale se trouverait rĂ©duite Ă . . . ..23 11 Mettons 24 francs. On aurait donc alors 2,4oo rations gĂ©latineuses pour cette somme. Evidemment la ration ne reviendrait, dans lâĂ©tablissement, quâĂ 1 centime. * La Maison de Refuge » a la crĂ©ation de laquelle les Parisiens concoururent avec ta* 1 * dâempressement, devait rendre les services les plus signalĂ©s aux pauvres de la capitale, et avoir une longue existence J mais les tracasseries sans nombre , lâopposition sourde et soute" nue de quelques hauts fonctionnaires de cette Ă©poque , qui prirent a tĂąche de ruiner toute* les espĂ©rances des vertueux fondateurs de cet asile de la misĂšre , parvinrent Ă faire ioml ,eĂŻ â cet Ă©tablissement I On se demande avec amertume ce qui peut empĂȘcher, depuis une annĂ©e, le rĂ©tablissement de cette maison, qui serait si utile, maintenant surtout que le nomb* 6 des malheureux a augmentĂ© dans une proportion vĂ©ritablement effrayante I * Voir la Note rĂ©digĂ©e sur la demande de MM. les administrateurs de la Maison & 9 Refuge i par M. DâArcet. Recueil industriel , etc. â 177 â Voici comment on emploĂźrait ces 2,4oo rations dans le rĂ©gime alimentaire de lâĂ©tablissement. En colorant cette dissolution avec le caramel ou lâoignon brĂ»lĂ©, la salant convenablement, y ajoutant un peu de graisse et la quantitĂ© nĂ©cessaire dâoseille cuite ou autres lĂ©gumes pour lâaromatiser, on en ferait de la soupe au pain ; en remplaçant le pain par des lĂ©gumes cuits Ă la vapeur dans un des cylindres de lâappareil, on aurait des soupes Ă©conomiques y la dissolution servirait encore, au lieu dâeau , Ă faire cuire et animaliser tous les lĂ©gumes, 1 Voici la recette que lâon peut suivre pour prĂ©parer du bouillon propre Ă remplacer le bouillon Ă la viande de nos mĂ©nages La dissolution , contenant environ 20 grammes de gĂ©latine sĂšclie par litre , doit ĂȘtre salĂ©e convenablement avec un mĂ©lange salin , composĂ© de 50 parties de mtiriate de potasse et » Celle de riz animalisĂ©, Ă . 8 jS Chaque ration des divers ragoĂ»ts revient donc, terme moyen , Ă 6 centimes 85 millimes. Une soupe et une ration de ragoĂ»t pouvant suffire, par jour, Ă la nourriture dâun individu, il sâensuit que, pour 10 centimes 43 millimes, pain non compris, on pourvoira Ă son entretien. Si donc nous supposons que notre Ă©tablissement de charitĂ© contienne 1,200 individus, et que les 2 , 4 oo rations gĂ©latineuses soient converties moitiĂ© en soupes, moitiĂ© en ragoĂ»ts, nous aurons Ă Ă©tablir la dĂ©pense ainsi quâil suit â 183 â Frais pour convertir 1,200 rations gĂ©latineuses en soupes. 42 fr, 96 c. Frais pour convertir 1,200 rations en ragoĂ»ts aux le'gumes. 82 20 Total. 125 16 Ainsi, pour fournir de la nourriture Ă i ,200 individus, pain non compris , on ne dĂ©penserait que 1 15 francs 16 centimes par jour, ou io centimes 43 millimes par tĂȘte. Il est impossible dâobtenir des rĂ©sultats aussi satisfaisans par tout autre mode alimentaire. Une rĂ©flexion doit naturellement sc prĂ©senter Ă vos esprits , et dĂ©jĂ elle mâa Ă©tĂ© soumise par plusieurs de nos honorables confrĂšres. OĂč trouvera-t-on les os nĂ©cessaires Ă la fabrication des rations gĂ©latineuses qui seraient consommĂ©es dans lâĂ©tablissement dont je parle, en supposant que les hĂŽpitaux et les prisons de la ville emploient leurs os aux mĂȘmes usages ? Voici ma rĂ©ponse Ă cette question. Les bouchers pourraient en fournir une certaine quantitĂ© , car il leur en reste toujours dont ils ne peuvent se dĂ©faire ; mais comme cette quantitĂ© serait sans doute insuffisante, il v aurait un moyen trĂšs-simple de sâen procurer en abondance , mĂȘme sans frais pour lâĂ©tablissement ce serait dâengager tous les particuliers aisĂ©s Ă mettre de cĂŽtĂ© les os provenant de leurs cuisines et Ă les fvrer aux personnes chargĂ©es par lâadministration de rĂ©tablissement dâen faire journellement la rĂ©colte ; tout le monde s'empresserait de se rendre Ă cette invitation , puisque , dans tous les me- n ages, on ne tire aucun parti des os, quâon jette Ă la rue ou quâon lĂ»'Ă»le ; et, pour stimulerla bonne volontĂ© des cuisiniĂšres, il suffirait de leur accorder une petite prime , en raison de la quantitĂ© i os quâelles donneraient aux collecteurs, et en raison aussi des s °ins quâelles apporteraient Ă leur bonne conservation. Chaque Oâatin les collecteurs feraient leur tournĂ©e dans les maisons particuliĂšres, et les os rapportĂ©s Ă lâĂ©tablissement seraient immĂ©diatement traitĂ©s dans lâappareil. â 184 â AssurĂ©ment la mesure que jâindique serait trĂšs-praticable et pourrait alimenter facilement lâappareil de notre Ă©tablissement philanthropique ; je suis mĂȘme persuadĂ© quâen excitant le zĂšle et la charitĂ© de tous les habitons de la ville , on pourrait se procurer une bien plus grande quantitĂ© dâos que le service journalier de lâappareil ne lâexigerait. Dans ce cas , lâexcĂ©dant, loin dâĂȘtre perdu, pourrait ĂȘtre conservĂ© prĂ©cieusement, en cas de disette dâos , Ă lâaide du procĂ©dĂ© extrĂȘmement simple indiquĂ© par M. DâArcet, dans le chapitre 3 de son MĂ©moire sur les os, et qui consiste Ă envelopper les os dâune couche de gĂ©latine et Ă les dessĂ©cher. Cette couche gĂ©latineuse les garantit de toute influence extĂ©rieure et permet de les conserver pendant un teins indĂ©fini, si on a soin toutefois de les renfermer dans des sacs ou dans des tonneaux placĂ©s dans un endroit sec. Une autre rĂ©flexion, aussi grave en apparence que la premiĂšre, doit ici, Messieurs , vous ĂȘtre soumise. On pourra mâobjecter , dans le dessein de combattre la mesure que je propose pour procurer des os nĂ©cessaires au service des appareils , que ceux provenant des cuisines particuliĂšres ayant dĂ©jĂ subi lâaction de lâeau, ne seront plus aussi propres Ă lâextraction de la gĂ©latine alimentaire que les os frais de boucherie. On pense gĂ©nĂ©ralement, en effet, que les os de la viande qui sert Ă faire le bouilli ont cĂ©dĂ© une grande quantitĂ© de leurs principes nutritifs Ă lâeau, et lâon explique ainsi la bontĂ© du bouillon provenant du bĆuf non dĂ©sossĂ©. Yoici des faits qui vont vous dĂ©montrer, Messieurs, que cette opinion est trĂšs-peu fondĂ©e. De 1791 Ă 1810, plusieurs personnes, telles que Grenet, DâArcet pĂšre , Proust, Cadet de Vaux, etc., essayĂšrent dâextraire la gĂ©latine des os en les rĂąpant, les rĂ©duisant en copeaux ou les broyant, puis les traitant, dans des vases ouverts, p ar lâeau bouillante, sous la seule pression atmosphĂ©rique. Ces tentatives 11âeurent aucune application suivie , Ă cause de la dĂ©pense excessive en combustible et en main-dâĆuvre quâentraĂźne ce â 185 â procĂ©dĂ©, et parce quâil ne procure que trĂšs-peu de gĂ©latine. Cadet de Vaux avait organisĂ©, en 1817, pour le bureau de bienfaisance du premier arrondissement de Paris , un Ă©tablissement de charitĂ© dans lequel on faisait des bouillons dâos Ă lâaide du procĂ©dĂ© imparfait que je viens dâindiquer. On sâest assurĂ© que des os qui avaient subi quatre fois de suite lâaction de lâeau bouillante contenaient encore, aprĂšs avoir Ă©tĂ© lavĂ©s et sĂ©chĂ©s, 37pour 100 de matiĂšre combustible, et donnaient, lorsquâon les traitait par lâacide hydrochlorique , 27 de gĂ©latine pure et sĂšche par quintal. Vous voyez, Messieurs, que câest, Ă trĂšs-peu de chose prĂšs, ce que lâon aurait pu obtenir de ces os avant leur traitement dans la marmite. Il faut donc conclure que les os de bĆuf qui ont servi Ă faire le bouillon dans nos mĂ©nages nâont presque rien cĂ©dĂ© Ă lâeau, et quâil donneront Ă peu prĂšs autant de gĂ©latine que les os frais. Quant aux os de mouton , de veau ou de bĆuf qui proviennent de la viande rĂŽtie, ils perdent encore moins de leurs principes nutritifs, seulement ils donnent souvent de la graisse rance ou sentant le suif, mais leur gĂ©latine nâest nullement altĂ©rĂ©e ; dans ce cas , ou pourra les mettre Ă part pour les traiter sĂ©parĂ©ment, et la graisse quâils fourniront sera conservĂ©e pour dâautres usages que ceux de la cuisine. Il nây aura donc vĂ©ritablement aucune diffĂ©rence sensible dans lâemploi des os cuits et celui des os frais pour lâextraction de la gĂ©latine alimentaire. Jâai avancĂ© plus haut quâon pourrait trĂšs-aisĂ©ment recueillir, chez les particuliers, plus dâos quâil nâen faudrait pour le service de notre appareil ; je vais prouver cette assertion par des faits, car il est essentiel de dĂ©montrer Ă lâautoritĂ© que tous nos calculs , toutes nos prĂ©visions sâappuient sur des donnĂ©es exactes. Notre confrĂšre, M. lâabbĂ© Paumier, a eu lâextrĂȘme obligeance de me fournir des renseignemens positifs sur le nombre de bestiaux qui sont abattus annuellement dans les diverses tueries de la ville et qui servent Ă la consommation de ses habitans ; il mâa â 186 â fait Ă©galement connaĂźtre la quantitĂ© dâos queiproduit chaque tĂȘte de bĂ©tail. Jâai rĂ©uni ces doemnens dans le tableau suivant DĂSIGNATION DES DIVERSES ESPECES DE BĂTAIL TUĂES A ROL'EN. N]V TĂTES T ABA1 DANS LE PAR SEMAINE. inrjĂź E E BĂTAIL TUES TUERIES 1*A R AN. POIDS DES OS FOURNIS PAR CHAQUE TETE DE BĂTAIL. TOTAL DES OS FOURNIS PAR CHAQUE ESPECE DE BĂTAIL DANS UNE ANNĂE. BĆufs. 110 5,720 $0 kilog. 457,600 kitog- Moutons. 200 10,400 5 52,000 Veaux. 140 7,280 15 109,200 Porcs. 60 3,120 35 109,200 Ce tableau nous apprend pie la quantitĂ© dâos fournis annuellement par les diverses espĂšces de bĂ©tail tuĂ©es Ă .Rouen sâĂ©lĂšve Ă 728,000 kilogrammes. Cette quantitĂ© paraĂźtra peut-ĂȘtre bien considĂ©rable, rnaisM. lâabbĂ© Paumier mâassure quâil nâa pris que le terme moyen des chiffres, et que lâon peut compter sur lâexactitude de ces renseignemens. Nous ne devons tenir compte que des os fournis par la viande de boucherie , câest-Ă -dire par les bĆufs, les veaux et les moutons ; la quantitĂ© sâen Ă©lĂšve Ă 618,800 kilogrammes par an ; mais nous savons que tous les os ne sont pas Ă©galement bons pour lâextraction de la gĂ©latine , quâil faut exclure ceux qui sont compacts , plats ou cylindriques, qui ne contiennent que peu de graisse, et que les tourneurs, tabletiers, Ă©ventaillistes et fabri- cans de boutons achĂštent fort cher ; il faut encore admettre quâune grande partie de ces os seront perdus dans les maisons particuliĂšres , ou achetĂ©s par les fabricans de charbon animal et de colle-forte. Pour 11e pas nous Ă©loigner beaucoup de la vĂ©ritĂ©, supposons que, sur ces 618,800 kilogrammes, un tiers 187 â seulement pĂ»t ĂȘtre recueilli'et employĂ© dans notre appareil Ă la DâArcet, eâeslâĂ âdire 206,266 kilogrammes. Il est Ă©vident que, puisque 1 kilogramme dâos donne 3o rations de dissolution gĂ©latineuse , 206,266 kilogrammes produiront i6,g53 rations par jour. On peut donc espĂ©rer quâen adoptant les mesures que jâai proposĂ©es pour rĂ©colter tous les os propres Ă la confection de la gĂ©latine, les appareils qui pourront ĂȘtre construits dans cette ville ne manqueront jamais de matiĂšres premiĂšres et seront susceptibles de fournir une masse considĂ©rable de prĂ©parations alimentaires Ă tous les indigcns de notre populeuse citĂ©. DâaprĂšs tout ce qui prĂ©cĂ©derons comprenez bien maintenant, Messieurs, toute lâimportance de lâappareil Ă la DâArcet que lâon devrait construire dans le vaste local dont vous avez demandĂ© lâĂ©rection. A ous devez prĂ©voir encore quâune association qui Ă©tablirait des appareils semblables pourrait dĂ©livrer aux pauvres de chacjue quartier des alimens gĂ©latines, secours bien prĂ©fĂ©rables, sous tou les rapports, aux distributions dâargent. Pourquoi les Rouen- Oais nâimiteraientâils pas lâexemple des Parisiens qui, Ă lâaide dâune souscription volontaire, ont fourni Ă M. De Belleyme les Moyens de crĂ©er et dâentretenir annuellement la Maison de refuge du faubourg Saint-Marceau. Une sociĂ©tĂ© philanthropique, pour v isiter les pauvres , sera sans doute bientĂŽt constituĂ©e, sur votre Ovitation, par les soins de lâautoritĂ© municipale ; cette sociĂ©tĂ© pourrait devenir le centre dâune vaste association entre tous les habitans aisĂ©s de cette ville ; toute personne qui voudrait en faire partie souscrirait lâobligation de dĂ©poser annuellement une s omme dĂ©terminĂ©e dans la caisse de la sociĂ©tĂ© ; en Ă©change, elle ''oeuvrait un certain nombre de bons de soupes et de ragoĂ»ts pour o' 11 faire lâusage quâelle jugerait convenable. La SociĂ©tĂ© philanthropique serait chargĂ©e spĂ©cialement de faire fonctionner les appaâ 1 ods, prĂ©parer les alimens , et de prĂ©sider Ă leur distribution louinaliĂšre ; une cotisation annuelle de 10 Iranes par chaque 188 â membre de lâassociation produirait un capital plus que suffisant pour subvenir , par lâemploi des procĂ©dĂ©s de M. DâArcet, Ă la nourriture de tous les indigens de la ville. Et ne croyez pas, Messieurs, que la crĂ©ation dâune semblable association soit chose difficile ; on peut le dire Ă lâhonneur des Rouennais, la charitĂ© est inĂ©puisable chez eux, comme lâattestent assez tous les dons qui ont lieu, chaque annĂ©e, en faveur des pauvres- AssurĂ©ment, chaque habitant aisĂ© dĂ©pense plus de io francs par an en aumĂŽnes manuelles ; il ne sâagit donc , comme vous voyez, que de rĂ©gulariser , si je puis mâexprimer ainsi, la bienfaisance de nos concitoyens, de maniĂšre Ă lui faire produire le plus de fruits possible 1 . Les considĂ©rations prĂ©cĂ©dentes doivent vous avoir convaincus, Messieurs, que lâemploi de la gĂ©latine des os peut devenir une ressource prĂ©cieuse pour la classe malheureuse de notre ville, et quâil est urgent, en prĂ©sence de tant dâinfortunes, de provoquer, par tous les moyens possibles , lâĂ©tablissement des appareils Ă la DâArcet, non seulement dans les hĂŽpitaux, les prisons et les dĂ©pĂŽts de mendicitĂ© ou ateliers de charitĂ© , mais encore dans les grandes fabriques et dans les faubourgs de la ville. En adressant Ă lâautoritĂ© municipale les propositions suivantes que je vais soumettre Ă votre sanction, vous complĂ©terez, Messieurs, le systĂšme des amĂ©liorations que vous avez conçu en faveur de la population malheureuse de cette citĂ©, systĂšme que * Tout le monde sait que le cĂ©lĂšbre Papin imagiua, en 168t , pendant son Ă©migration en Angleterre, tiu appareil , connu depuis sous le nom de marmite de Papin , pont ramollir les os et eu extraire , a l'aide de Peau portĂ©e Ă une tempĂ©rature trĂšs-Ă©levĂ©c , la matiĂ© re animale et nutritive qu'ils renferment. Mais ce qui est moins connu, câest l'application q ,,e Papin fit de ee procĂ©dĂ© Ă l'alimentation des pauvres. Un respectable cbanoine de la cathĂ©drale de Rouen , dont le nom est malheureusement perdu , s'empressa de suivre lâexempl e Papin , et beaucoup de malheureux furent nourris Ă scs frais, avec des alirnens accommode* avec la dissolution gĂ©latineuse extraite des es. La touchante philanthropie du bon p r t,e rouennais fut sans doute vivement applaudie de ses contemporains , mais nullement imitĂ©e p*' 11 â eux; car sa mort mit fin Ă lâemploi des mets gĂ©latines dans cette ville. Pourquoi donc» nous, que les circonstances favorisent bien autrement que le chanoine du xvu siĂšcle , qâ possĂ©dons des procĂ©dĂ©s plus commodes et plus avantageux, ne tenterions-nous pas de fa"* e qu'il a exĂ©cutĂ© avec bonheur dans notre cite? â 189 vous avez commencĂ© Ă dĂ©velopper , en soulevant les questions relatives Ă Y extinction de la mendicitĂ© et Ă la rĂ©gĂ©nĂ©ration morale des prisonniers. La question du rĂ©gime alimentaire des pauvres tl des ouvriers est intimement liĂ©e aux deux prĂ©cĂ©dentes, et mĂȘme doit ĂȘtre regardĂ©e comme leur complĂ©ment indispensable. Cette pensĂ©e mâa encouragĂ© dans le travail dont je viens de vous donner lecture, et me fait espĂ©rer que vous lâaccueillerez, sinon avec faveur, au moins avec indulgence. PROPOSITIONS. I. Engager lâautoritĂ© compĂ©tente Ă faire construire, dans un des hĂŽpitaux de Rouen , un appareil Ă la DâArcet, pour la confection de dissolutions gĂ©latineuses qui seraient employĂ©es Ă la prĂ©paration dâalimens distribuĂ©s aux malades et aux gens de service de ces Ă©tablissemens. Cet appareil devrait pouvoir fournir au moins i ,600 rations par jour, qui seraient rĂ©parties entre lâHĂŽtel-Dieu, lâHospiceâ GĂ©nĂ©ral , lâAsile des aliĂ©nĂ©s et les deux prisons , en raison des os que chacune de ces maisons enverrait Ă lâappareil. Cet appareil serait placĂ© sous la surveillance du pharmacien en c hef de lâHĂŽtelâDieu. II. Inviter lâautoritĂ© municipale Ă chercher les moyens dâapâ pĂŒquer ce genre de nourriture Ă lâalimentation des pauvres inscrits dans les bureaux de charitĂ©, et des ouvriers inscrits dans les ateliers de charitĂ© ; les soupes et antres mets Ă©conomiques animalisĂ©s, fourn is Ă ces derniers, seraient prĂ©levĂ©s sur les secours en argent q*'e chacun dâeux reçoit de la ville. III. Encourager, par tous les moyens possibles, les citoyens ^cbes ou aisĂ©s Ă former une association philanthropique a lâinstar de la SociĂ©tĂ© philanthropique de Paris , pour dĂ©livrer aux malheu- r eux non inscrits dans les bureaux ou ateliers de charitĂ©, des âlimens Ă©conomiques prĂ©parĂ©s avec la dissolution gĂ©latineuse. â 190 Ces alimens pourraient ĂȘtre vendus, au prix coĂ»tant, aux ouvriers et aux autres personnes qui, par leur position , nâauraient pas besoin de recourir Ă la charitĂ© publique. IY. Exciter les chefs des grands Ă©tablissemens industriels Ă suivre lâexemple de M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des mĂ©dailles, câest-Ă -dire Ă Ă©lever des appareils Ă la DâArcet, et Ă organiser leurs ouvriers en ordinaires, de maniĂšre Ă leur faire prendre , dans lâintĂ©rieur de leurs ateliers, une nourriture saine, abondante et dâun prix trĂšs-modique. Cette mesure aurait infailliblement pour rĂ©sultats de faire naĂźtre et dâentretenir, dans la classe ouvriĂšre, des principes dâordre, dâĂ©conomie et de sobriĂ©tĂ©. N. B. Je nâai pas cru devoir insĂ©rer dans ce mĂ©moire la description des appareils de M. DâArcet, parce quâils se trouvent dans tous les recueils scientifiques et industriels. Si lâadministration municipale ou une association philanthropique se dĂ©cide Ă en faire construire Ă Rouen, il sera prĂ©fĂ©rable, sous tous les rapports , de sâadresser Ă lâune des personnes qui sâoccupent exclusif vement de ce genre de construction. Voici le nom de ces personnes ! M. Grouvelle , ingĂ©nieur civil, rue les Beaux-Arts, n° -âą M. Callet, rue Saint-Antoine , n° 205 ; M. Talabot , rue Blanche , n° 4â bis ; M. Saulnicr, Ă la Monnaie ; M. Paupert, Ă lâhĂŽpital Saint-Louis. A Arras Pas-de-Calais, M. Hallette. A Metz Moselle , M. Jauncz. Au Creusot SaĂŽne-et-Loire, M. Wilson. 0©ft RAPPORT fait a la sociiItĂ© libre dâiĂźmolation de lâappareil Ă©tabli a lâhospice-gĂ©nĂ©ral DE ROUEN pour lâextraction GĂLATINE DES OS *. Messieurs, Lorsquâen 68! , un ingĂ©nieur français, dont le nom sera religieusement transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, puisque câest Ă lui quâon est redevable de lâinvention des machines et des bateaux Ă vapeur, ces deux puissnns auxiliaires de lâindustrie et du commerce; lorsquâen 1681, dis-je, le cĂ©lĂšbre ĂŻhjpin imagina un appareil pour ramollir les substances les plus dures, les os des animaux, au moyen de lâaction de lâeau elevee Ă une haute tempĂ©rature , son premier soin fut de chercher Ă *>rer parti , en faveur de lâhumanitĂ©, dâune dĂ©couverte qui , un 1 Lu Ă la SociĂ©tĂ© libre dâĂmnlation'de Rouen , le 1S avril , el Ă la BĂ©ance publique du i Jtâin 1833, InsĂ©rĂ© dans le volume de la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre dâEmulation de Rouen l J °nr lâannĂ©e 1833, et dans le Recueil industriel, manufacturier , agricole et commer- ria l, deM. DeMolĂ©on, n° 78, juin lS53,p 210 86* vol.; n» 79 , juillet 1833 P- 15 2âo vol. ; no 80, aoĂ»t 1833 , p. 11 7 27* vol. âą â 192 â siĂšcle plus tard, devait jouer un rĂŽle si important dans lâĂ©conomie domestique. Papin , que des connaissances profondes dans les sciences physiques Ă©levaient si fort au-dessus de ses contemporains , avait reconnu que les os des animaux renferment en abondance une matiĂšre nutritive, et ce fut pour utiliser au profit des pauvres cet aliment si riche et si peu coĂ»teux, quâil abandonna , pour un moment, de brillantes conceptions, et se livra Ă lâextraction de la gĂ©latine , dont il avait constatĂ© le pouvoir nutritif. Mais ses heureux essais ne trouvĂšrent que peu dâimitateurs ; en effet, Ă lâexception dâun chanoine de la cathĂ©drale de Rouen et de la SociĂ©tĂ© acadĂ©mique de Clermont-Ferrand , qui surent apprĂ©cier les avantages qui devaient rĂ©sulter de lâintroduction de la matiĂšre animale des os dans le rĂ©gime alimentaire, personne ne songea ou ne daigna sâoccuper de cette haute question dâutilitĂ© publique aussi lâemploi des mets gĂ©latinĂ©s fut-il bientĂŽt oubliĂ©. J 1 ne devait pas lâĂȘtre long-tems, toutefois , car il est de ces objets dont lâimportance rĂ©elle est si manifeste, que, malgrĂ© lâinsouciance habituelle des hommes , malgrĂ© les oppositions les plus vives de ceux qui ne peuvent souffrir le moindre progrĂšs, ils ne tardent pas Ă ĂȘtre ramenĂ©s sur le terrain de lâexpĂ©rience et de la discussion. Câest ce qui arriva en effet Ă l'Ă©gard de la gĂ©latine ou de cette substance alimentaire des os. A peine un demi-siĂšcle Ă©taitâil Ă©coulĂ© depuis les tentatives de Papin, que plusieurs savans philanthropes sâemparĂšrent de ses idĂ©es et firent tous leurs efforts pour les appliquer, avec plus de succĂšs quâil nâen avait eu, Ă la nourriture de lâhomme. LâabbĂ© Cliangeux , en 1775, lâAcadĂ©mie de SuĂšde, Wurmser, Van-Marum, DâArcetpĂšre, Grenet, puis, un peu plus tard, Proust, Cadet de Vaux , reconnurent tous et dĂ©montrĂšrent les immenses services que la gĂ©latine pouvait rendre aux populations malheureuses , et sâils nâapportĂšrent que de bi en lĂ©gers perfectionnemens au premier procĂ©dĂ© employĂ© pour lâextraire, au moins ils contribuĂšrent Ă tenir Ă©veillĂ©e, sur cette â 193 â intĂ©ressante application, lâattention des gouvernemens et des amis des innovations utiles. Il fallait, pour que lâheureuse dĂ©couverte de Papin reçût toute lâextension dont elle Ă©tait susceptible, et quâelle produisĂźt tous les rĂ©sultats que cet homme de gĂ©nie avait entrevus, quâelle tombĂąt dans les mains dâun de ces savans persĂ©vĂ©rans et inven tifs qui fĂ©condent tout de leurs lumiĂšres. Ce nâĂ©tait pas assez dâisoler avec soin la gĂ©latine des os, il fallait encore lâobtenir en assez grande quantitĂ© et avec assez de facilitĂ© pour quâon pĂ»t la faire servir Ă soulager tous les besoins , et entrer, comme matiĂšre de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, dans lâalimentation des grandes rĂ©unions dâhommes. Celui qui devait remplir toutes ces conditions est un chimiste dont le nom justement rĂ©vĂ©rĂ© rappelle Ă lâindustriel, Ă lâĂ©conomiste, au savant, les services les plus nombreux et les plus signalĂ©s. M. DâArcet, qui, dĂšs i8i3, a consacrĂ© ses loisirs Ă Ă©clairer une question dont il avait senti toute la portĂ©e, est parvenu, aprĂšs bien des peines, Ă simplifier tellement lâextraction de la gĂ©latine et sa transformation en mets aussi salubres que nourrissans, quâil nâest plus possible de croire que de nouveaux obstacles sâopposeront Ă lâadoption de lâappareil quâil a fait construire pour cet objet. Câest un dicton populaire bien ancien, que les os font le bon bouillon ; mais il a fallu bien des siĂšcles cependant pour quâon ait songĂ© Ă rechercher en vertu de quel principe ces substances cou tribuent Ă augmenter les qualitĂ©s de lâun de nos mets les plus sains et les plus substantiels. La densitĂ© des os est si grande quâon est en droit de se demander si, dans cette circonstance, le bons sens populaire nâest pas en dĂ©faut. On pense gĂ©nĂ©ralement que les os de la viande qui sert Ă faire le bouilli ont cĂ©dĂ© ne grande quantitĂ© de leurs principes nutritifs Ă lâeau. Mais cette °pinion est trĂšs-peu fondĂ©e, car, pour remplir sa destination nourriciĂšre, lâos exige une prĂ©paration ; en effet, Ă un peu de i3 â 194 â graisse et trĂšs-peu de gĂ©latine prĂšs , quâil abandonne , câest un caillou dans lâeau, lâexpĂ©rience le dĂ©montre. Quâon le soumette Ă lâaction de la vapeur dâeau ayant une faible tension, dans un appareil fermĂ©, et dans lâinstant, lui si dur, si peu attaquable par nos moyens habituels, va fournir jusquâĂ 4° pour 100 de matiĂšres utiles et nourrissantes. Quelle mine prĂ©cieuse Ă exploiter ! Quelle est la substance, parmi celles qui servent habituellement Ă la nourriture de lâhomme, qui offre autant de produits substantiels sous un si petit volume. Cadet de Vaux avait donc jusquâĂ un certain point raison de dire, dans son langage naĂŻf, quâun os est une tablette de bouillon formĂ©e par la nature. Les os que lâon peut employer comme substance alimentaire t sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie , et spĂ©cialement les tĂštes spongieuses des gros os et les extrĂ©mitĂ©s des os plats. SĂ©chĂ©s, ils renferment par quintal 60 parties de matiĂšres salines , 30 » de gĂ©latine , 10 » de graisse. La viande de boucherie contient par quintal 24 parties de viande sĂšche , 61 a dâeau, 15 » dâos. Il suit de lĂ que i5 parties dâos peuvent fournir 6 parties de substance alimentaire sĂšche, et quâen se servant des os, on peut obtenir de la viande de boucherie un quart en plus de la substance nutritive, quâon nâen retire journellement. Utiliser les os , câest donc , en dĂ©finitive , faire cinq bĆufs avec quatre. ioo kilogrammes dâos donnent 3,ooo bouillons de demi-litre chacun, ou peuvent servir Ă animaliser 3,ooo rations de soupe Ă©conomique ou de lĂ©gumes. roo kilogrammes de viande ne donnent que 4o bouillons de â 195 â demi-litre chaque, ou de quoi animaliser 4oo rations, câest-Ă - dire quâĂ poids Ă©gal les os fournissent sept fois et demie autant de matiĂšre nutritive en dissolution f que la viande. Certes voilĂ un rĂ©sultat dĂ©montrĂ© par lâexpĂ©rience, qui fait sentir lâimportance quâon doit attacher Ă utiliser des substances aussi avantageuses que les os , et aprĂšs lâavoir compris , on ne doit pas ĂȘtre Ă©tonnĂ© que de toutes parts des hommes gĂ©nĂ©reux , animĂ©s du dĂ©sir de faire jouir leurs concitoyens dâune ressource aussi prĂ©cieuse quâĂ©conomique, aient rivalisĂ© de zĂšle avec pour multiplier les appareils Ă lâaide desquels on se procure la dissolution de la gĂ©latine , qui sert ensuite Ă faire des bouillons , Ă augmenter la force des mets vĂ©gĂ©taux, etc. PĂ©nĂ©trĂ©s de cette idĂ©e, quâune question qui intĂ©resse Ă un si haut degrĂ© lâĂ©conomie politique, puisquâelle a trait Ă la nourriture de la classe la moins fortunĂ©e de la sociĂ©tĂ© et quâelle permet de rĂ©soudre ce problĂšme Ă la solution duquel tant dâĂ©conomistes ont travaillĂ©, d'amĂ©liorer le rĂ©gime alimentaire du pauvre sans augmenter les charges de l'Ă©tat, rentrait tout naturellement dans le cercle de vos travaux, qui sont spĂ©cialement dirigĂ©s vers le perfectionnement de lâindustrie , et par consĂ©quent vers le bien- ĂȘtre de la classe ouvriĂšre de notre dĂ©partement, vous avez Ă©tudiĂ©, Messieurs, avec un soin tout particulier, les procĂ©dĂ©s de M. DâArcet ; examinĂ© sous toutes ses faces le systĂšme au moyen duquel il oifre aux gens riches lâoccasion de faire du bien en dĂ©pensant si peu. En l83i , par les soins dâune commission dont jâai eu lâhonneur dâĂȘtre lâorgane, vous avez publiĂ© un rapport circonstanciĂ© sur les avantages que pourrait procurer lâĂ©tablissement dâun appareil Ă la IJâArcet, Ă lâadministration municipale, qui, chaque annĂ©e, dĂ©pense beaucoup dâargent pour soutenir les pauvres et les ouvriers sans travail Vous Rapport sur l'emploi de la GĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des pauvres des ouvriers, lu Ă la SociĂ©tĂ© libre dâĂmulation de Rouen, le 23 avril 1831 , par 196 â savez que cette administration, qui met tant, dâempressement Ă accueillir les innovations utiles, et qui sait les faire tourner Ă lâavantage du plus grand nombre, adopta, dans le courant de lâannĂ©e derniĂšre, une partie des propositions qui terminent votre rapport , et fit construire Ă lâhospice-gĂ©nĂ©ral , par les soins de M. Grouvelle, neveu de M. DâAreet, un appareil propre Ă fournir 2,4°° rations de demi-litre de dissolution gĂ©latineuse par jour. Cet appareil, placĂ© non loin des cuisines de lâhospice, a Ă©tĂ© achevĂ© il y a deux mois environ , et sâil nâa pas encore travaillĂ© dâune maniĂšre rĂ©guliĂšre , cela tient Ă des circonstances quâil est inutile de mentionner ici. Sur la proposition qui vous en fut faite dans votre sĂ©ance du I er mars , par M. Girardin, vous avez chargĂ© une commission composĂ©e de MM. Lebret, LĂ©guillon et Girardin , de suivre les expĂ©riences qui devaient avoir lieu sous les yeux de M. Grouâ velle, pour constater la qualitĂ© des produits en dissolution gĂ©latineuse et en graisse fournis par cet appareil. Je viens aujourdâhui, Messieurs, au nom de cette commission, qui a bien voulu ine choisir pour son organe, vous faire connaĂźtre les rĂ©sultats des essais entrepris. Et dâahord, il ne sera pas inutile de vous prĂ©senter succinctement un aperçu des amĂ©liorations que lâon pourra introduire dans le rĂ©gime quotidien des nombreux hahitans de lâhospice- gĂ©nĂ©ral, en utilisant les produits de lâappareil qui y est construit. Cet appareil peut donner, comme je lâai dĂ©jĂ dit, 1,200 litres environ de dissolution gĂ©latineuse par 24 heures, par le traitement de 80 kilogrammes dâos. Le service de lâhospice rĂ©clame journellement Ă peu prĂšs goo litres de bouillon , repartis comme il suit M. J. Girardin. Broch. in-S de 67 pages. Rouen , F. Baudry, imprimeur du Roi. loiĂ©rc dans le Recueil annuel de la SociĂ©tĂ© d'Ămulation , p. 107* et dans ce volume r p. 145. â 197 VIANDE. BOUILLON. 81 EmployĂ©s, Ă 1 livre de viande, cinq fois par livres. litres. semaine. 104 Pensionnaires, Ă 1 livre de viande, cinq fois 81 81 par semaine. 45 Militaires terme moycnj, Ă 1 livre de viande, 104 104 sept fois par^semaine. 389 Travailleurs et filles de [service , Ă 6 onces de âŠviande et 1 -2 litre de^bouillon, trois fois par 45 45 semaine. 32 Malades civils Ă 1 livre de viande, sept fois 145 195 par semaine. 1222 Habitans commun , Ă 4 [onces de viande et 1 3 de litre de^bouillon ou prĂšs de 1 2 32 32 litre , trois fois par semaine. 20 Secours alimentaires au dehors , Ă 1 ^2 litre de 306 405 bouillon, trois fois par semaine ....... 32 60 Totaux. 745 922 Les femmes ne consommant pas toute la quantitĂ© de viande qui leur est affectĂ©e, on ne doit guĂšre compter que sur 600 ou 65o livres de viandepar jour. Le premier emploi de la gĂ©latine, jusquâĂ ce quâon connaisse parfaitement la maniĂšre de lâutiliser, doit ĂȘtre dâamĂ©liorer les soupes infĂ©rieures du commun, des travailleurs et des secours alimentaires. Pour le commun, en substituant la dissolution gĂ©latineuse a lâeau dans la confection des bouillons distribuĂ©s trois fois par semaine, on pourra, tout en augmentant la force du bouillon, supprimer Ă chaque fois 35 livres de viande, ce qui fera io5 livres de viande en tout ; et ces 1 o 5 livres , partagĂ©es en deux, serviront Ă aromatiser la soupe aux lĂ©gumes des lundis et mercredis , dans laquelle on mettra de la gĂ©latine au lieu dâeau. Les v ieillards auront ainsi de la soupe au bouillon cinq fois par semaine , au lieu de trois. La mĂȘme mĂ©thode sera appliquĂ©e aux secours alimentaires â 198 â ou bien avec la mĂȘme quantitĂ© de viande on fera le double de de bouillon, et on le distribuera Ă un nombre double de vieillards. Quant aux travailleurs, on pourra diminuer , seulement sur la quantitĂ© de viande employĂ©e Ă leur bouillon , 4 o livres par jour , qui serviront Ă convertir en bouillon, au moyen de lĂ©gumes, suivant la formule donnĂ©e par M. Grouvelle 1 , les 200 ou 25 o litres de dissolution gĂ©latineuse excedant chaque jour les besoins de lâhospice. Ces 200 litres pourront ĂȘtre mis Ă disposition de lâadministration municipale, pour ĂȘtre employĂ©s soit dans les prisons , soit dans les bureaux de charitĂ© ; et en ne les comptant quâĂ 1 o centimes le litre a , il 11âen rĂ©sultera pas moins que, sans rien changer au service de lâhospice, la ville sera couverte des frais dâĂ©tablissement de son appareil, dans un an Ă peu prĂšs. Quant au reste du service des bouillons de lâhospice, lorsquâon aura amĂ©liorĂ© ainsi, par lâemploi de la gĂ©latine, le bouillon, aujourdâhui trĂšs-infĂ©rieur, 011 sâen servira dans la prĂ©paration de toutes les soupes, en supprimant moitiĂ© de la viande. Sur cette moitiĂ©, qui sâĂ©lĂšvera Ă l 5 o livres au moins , et qui donne actuellement ij 5 livres de bouilli, on pourra mettre en rĂŽti ou en bĆuf- Ă -la-mode Ii 5 livres environ, qui donneront encore j 5 livres de viande cuite, et on retranchera du service 35 livres de viande. Ces 35 livres, du prix de 4 o centimes, font 1 4 francs, Ă ajouter Ă 10 ou 12 livres de graisse dâos qui se vend Ă Paris prĂšs de 1 franc, pour accommoder les lĂ©gumes, et que lâon peut compter Ă 5 o centimes Ja livre ou Ă 6 francs ; ce qui en tout donnera 20 francs, somme qui couvrira les frais de combustible soit 2 hectolitres de houille Ă 4 francs lâhectolitre et de main- dâĆuvre. 1 Voye* lâInstruction sur la conduite de lâappareil a extraire la GĂ©latine} Recueil indus* triel , mamtfacturier et des beaux-arts, publiĂ© par M. Pe MolĂ©on , n'* 65 , mars 1852, 5. 201. 199 Nous avons admis que lâhospice a besoin de toute la quantitĂ© de viande cuite quâil obtient aujourdâhui ; mais, par la distribution de cinq soupes au bouillon , au lieu de trois, au commun, on verra nĂ©cessairement diminuer la quantitĂ© de viande que les femmes surtout consomment, et dans les autres parties du service on trouvera aussi la possibilitĂ© de rĂ©duire cette consommation , surtout pour les militaires, toutes les fois quâils seront nombreux. Ainsi, au moyen de lâappareil, on aura , sans aucune augmentation de dĂ©penses, i° DonnĂ© cinq soupes au bouillon, bien plus animalisĂ©es, au lieu de trois, aux 1,200 vieillards de lâhospice ; 2° DoublĂ© la distribution des secours alimentaires ; 3 ° DistribuĂ© une portion de rĂŽti, de bĆuf-Ă -la-mode et de gelĂ©e aux employĂ©s , aux malades ; 4 ° LivrĂ© Ă lâadministration municipale 200 litres de bouillon par jour. Je nâai pas besoin dâinsister, aprĂšs les dĂ©tails prĂ©cedens, sur les avantages que produira, tant pour lâhospice que pour lâadministration , lâadoption des appareils de M. DâArcet. Maintenant il faut dĂ©montrer, Messieurs, que les bouillons prĂ©parĂ©s, ainsi quâil a Ă©tĂ© dit, avec la dissolution gĂ©latineuse au lieu dâeau, sont tout aussi bons que les meilleurs bouillons confectionnĂ©s avec quatre fois plus de viande par les procĂ©dĂ©s ordinaires. Je ne puis mieux faire que de vous donner connaissance du procĂšs-verbal qui a Ă©tĂ© dressĂ©, le 1 o avril, des expĂ©riences faites Ă lâhospice devant les autoritĂ©s et un certain nombre de personnes attirĂ©es par la curiositĂ©. La lecture de cette piĂšce intĂ©ressante suffira, je pense , pour dĂ©truire les prĂ©ventions que beaucoup de personnes pourraient avoir encore contre les prĂ©parations Ă la gĂ©latine , bien pie ces prĂ©ventions ni; reposent sur aucun fait concluant. 200 â PROCĂS-YEIIBAL. Copie du proces-verbal de ta prĂ©paration des bouillons et soupes Ă la gĂ©latine , faits Ă lâHospice-gĂ©nĂ©ral de Rouen, le 10 avril 1833 , en prĂ©sence de !f. le prĂ©fet de la Seine - lnfĂ©rinire . de MM. les adjoins Ă la mairie , de lâadministrateur de lâhospice, de lâadministration des prisons, de la commission de la SociĂ©tĂ© dâEmulalion , du pharmacien en chef de lâHĂŽtel- Dieu, des deux mĂ©decins des prisons , et de plusieurs manufacturiers. On remarquera dâabord que M. Grouvelle, nâayant pu avoir des os en quantitĂ© suffisante pour remplir un cylindre, avant mardi matin, et nâayant pu en remplir deux que le mercredi i o avril, il a Ă©tĂ© impossible de mettre lâappareil entier en activitĂ©, et par consĂ©quent dâavoir une dissolution gĂ©latineuse de force constante. Il rĂ©sulte de lĂ que lâon ne peut savoir si cette dissolution est exactement au degrĂ© de force nĂ©cessaire pour que le bouillon soit bon, et que cependant la viande ne rougisse pas ; car on sait que la viande rougit, sans cependant rien perdre de sa qualitĂ© , dĂšs que la dissolution est trop forte {b. On a donc procĂ©dĂ©, avec la gĂ©latine obtenue dâun seul cylindre, et qui Ă©tait limpide et douce, aux prĂ©parations suivantes. N» I. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gĂ©latineuse, avec 5 livres de viande de boucherie quâon a fait Ă©cumer, et quâon a salĂ©s avec 5 onces de sel -, puis on a ajoutĂ© 2 livres 3/4 de lĂ©gumes, carottes, navets, cĂ©leri, poireaux, oignons, etc., fait le bouillon comme Ă lâordinaire pendant cinq heures sur le feu, un peu de caramel pour colorer, nâayant pas dâoignons sĂ©chĂ©s au tour, ce qui est prĂ©fĂ©rable. N° II. On a prĂ©parĂ© du bouillon pour les militaires, avec i livre de viande par litre dâeau, Ă©cumĂ© et salĂ© avec 5 onces de sel, et ajoutĂ© des lĂ©gumes, fait bouillir pendant cinq heures, colorĂ© avec du caramel. N° III. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gĂ©latineuse, avec 4 livres de viande, Ă©cumĂ©, salĂ© avec 5 onces de sel, 2 livres de lĂ©gumes , au feu pendant cinq heures, et mis un peu de caramel. N° IV. On a mis dans une marmite 20 litres dâeau, on a ajoutĂ© 5 livres de viande, prise au mĂȘme morceau du bouillon n° III, Ă©cumĂ©, salĂ© avec 5 onces de sel, 2 livres de lĂ©gumes, au feu pendant cinq heures, et colorĂ© avec du caramel. N° V. On a mis dans une marmite i5 litres de dissolution gĂ©latineuse, 4 livres de lĂ©gumes , tels que pommes de terre, carottes, poiâ r eaux, cĂ©leri, oignons et navets, au leu pendant trois heures, et colorĂ© avec un peu de caramel, ajoutĂ© 2 onces de graisse dâos. La graisse extraite des os, dans le cylindre, et purifiĂ©e, a ete trouvĂ©e trĂšs-belle et trĂšs-bonne. N° VI. On a fait crever une livre de riz Ă lâeau, sale, cl ajoute enâ v, ron un litre de bouillon Ă la gĂ©latine nâ 1. 202 â Le riz et la julienne ont Ă©tĂ© trouvĂ©s trĂšs-bons par tout le monde. On remarquera que dans le bouillon n° III, on a mis, au lieu de 20 litres de dissolution_ gĂ©latineuse, 1 5 litres seulement, et 3 litres dâeau, dans la crainte que la dissolution ne fĂ»t trop forte. Circonstance qui explique la diffĂ©rence trĂšs-grande que lâon a trouvĂ©e dans les bouillons n os I et III. Les bouillons n os I et II ont Ă©tĂ© jugĂ©s aussi bons que le meilleur bouillon de mĂ©nage, par toutes les personnes prĂ©sentes Ă ces expĂ©riences. Ont votĂ© pour le n° I , MM. le prĂ©fet ; Jeulin , rĂ©gisseur des prisons ; Gambu-Delarue , administrateur des prisons ; Martin, manufacturier; Bonnet, secrĂ©taireâgĂ©nĂ©ral de la prĂ©fecture ; Desbois, cliirurgien-adjoint des prisons ; Lebouvier, administrateur des prisons. Ont votĂ© pour le n° II, MM. Girardin, membre de la commission de la SociĂ©tĂ© dâEmu- lation pour cause de lâarĂŽme seulement ; Lepicard , administrateur surveillant lâHospiceâgĂ©nĂ©ral a trouvĂ© le n° I presque aussi fort ; Lebret, pharmacien, membre de la commission de la SociĂ©tĂ© dâEinulation âą Lelong, adjoint Ă la mairie ; Vinglrinier , chirurgien en chef des prisons ; MoĂčtier , secrĂ©taire particulier du prĂ©fet. Ont mis les n os I et II sur le mĂȘme rang , O 7 MM. Blanche, chirurgien en chef de lâHospice-gĂ©nĂ©ral ; Leroy, pharmacien en chef des hospices ; Mm. LĂ©guillon , pharmacien , membre de la commission de la SociĂ©tĂ© dâEmulation. Ont mis le n° III au second rang , MM. Jeulin , Lebouvier , Moutier. Les personnes dont les noms sont citĂ©s plus haut, plus M. Des- hgny, adjoint, ont signĂ© le procĂšs-verbal. M. Destigny sâest abstenuâde voter , parce quâil avait eu dâa- Vance connaissance des numĂ©ros qui indiquaient la qualitĂ© des bouillons. Toutes ces espĂšces de bouillons ont Ă©tĂ© mises dans des tasses numĂ©rotĂ©es , sans dĂ©signation de lâespĂšce du bouillon , et dĂ©gustĂ©es ainsi avec toute libertĂ© de jugement. Pour copie conforme TimbrĂ© du timbrr /.ze personnes reconnaissent unanimement la supĂ©rioritĂ© dâun bouillon fait avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre de dissolution gĂ©latineuse n° III, sur un autre prĂ©parĂ© avec un 'l'tart de livre de viande par litre dâeau. Jâajouterai, pour complĂ©ter le document prĂ©cĂ©dent, que les bouillons n os I et II, confectionnĂ©s par les soins des dames religieuses de lâhospice, qui ont mis le plus grand empressement Ă âą'ider M. Grouvelle dans ses expĂ©riences c , ont Ă©tĂ© juges aussi bons que le meilleur bouillon de mĂ©nage, et que les bouillons Ă la gĂ©latine avaient lâapparence la plus flatteuse a lâĆil, câest-Ă -dire â 204 â la couleur et la limpiditĂ© quâon recherche dans ces sortes de prĂ©â parations. Le n° III avait peut-ĂȘtre une teinte trop foncĂ©e, due Ă un excĂšs de caramel employĂ© Ă sa coloration. Le vendredi 12 avril, M. Le FĂȘvre, adjoint au maire, et lâun des administrateurs de lâhospice, qui nâavait pu assister aux expĂ©riences du mercredi, en fit faire de semblables, qui eurent les mĂȘmes rĂ©sultats. Le bouillon Ă la gĂ©latine fait avec un quart de viande seulement fut trouvĂ© aussi agrĂ©able, aussi fort et aussi beau que le bouillon prĂ©parĂ© avec trois fois plus de viande, par toutes les personnes prĂ©sentes, savoir MM. Le FĂȘvre et Destigny, adjoints; Lepicard, administrateur de lâhospice; Gcrvais, directeur de lâhospice, et les dames religieuses de la maison. Ainsi se trouve confirmĂ© par des expĂ©riences authentiques, dirigĂ©es avec autant de soins que de bonne foi, ce que M. DâArcet et les personnes qui partagent ses convictions nâont cessĂ© de soutenir, que la gĂ©latine, prĂ©parĂ©e convenablement et associĂ©e Ă une petite quantitĂ© de viande ou Ă des lĂ©gumes , peut fournir des mets aussi substantiels et aussi agrĂ©ables que ceux quâon prĂ©pare habituellement avec une bien plus forte proportion de viande ; ou des mets bien supĂ©rieurs Ă ceux dans lesquels il nâentre que des substances vĂ©gĂ©tales. Il y a long-tems que la question des avantages de lâintroduction de la gĂ©latine dans le rĂ©gime alimentaire, est rĂ©solue affirmativement par toutes les personnes qui ont voulu lâĂ©tudier avec conscience, et qui ne se sont pas placĂ©es sous lâinfluence de prĂ©ventions irrĂ©flĂ©chies. Si une opposition , qui dâabord paraissait assez vive, sâest Ă©levĂ©e, dans ces derniers tems, contre lâempl 01 de la substance nutritive des os, on ne doit pas sâen Ă©tonner > lorsquâon se rappelle les difficultĂ©s quâont Ă©prouvĂ©es les honUU eS honorables qui ont essayĂ©, les premiers, dâintroduire dans notrep a J s lâusage de la pomme de terre et du sucre de betteraves. Que dâef' forts, que de luttes nâont-ils pas eu Ă soutenir pour convainc c les esprits des bonnes qualitĂ©s du premier de ces alimens, cl â 205 â lâidentitĂ© du second avec le sucre de canne. Louis XYI et Parmentier, NapolĂ©on et Chaptal nâontâils pas Ă©tĂ© bien des Cois sur le point de succomber dans leurs louables tentatives pour rĂ©pandre lâemploi de ces deux substances, qui, maintenant, rendent tant de services Ă lâĂ©conomie domestique , aux arts et Ă lâagriculture? Ce qui sâest passĂ© il y a une quarantaine dâannĂ©es, Ă lâĂ©gard de ces auxiliaires puissans de notre alimentation , se reproduit aujourdâhui, Messieurs, par rapport Ă la gĂ©latine, et se reproduira Ă dâautres Ă©poques, quand il sâagira de faire adopter un nouvel Usage ; car il existe et il existera toujours des hommes opposĂ©s Ă toute amĂ©lioration, ou qui se laisseront guider par des vues systĂ©matiques. Quelle valeur, au reste, accorder aux raisonnemens des adversaires de lâemploi de la gĂ©latine ? Sâils Ă©taient basĂ©s sur des expĂ©riences concluantes, ou au moins sur des inductions thĂ©oriques de quelque poids, on pourrait y accorder quelque attention, les mĂ©diter et en profiter pour amĂ©liorer le systĂšme dâalimentation proposĂ© par M. DâArcet. Mais non ; jusquâĂ prĂ©sent les opposans nâont avancĂ©, Ă lâappui de leurs opinions, que des considĂ©rations spĂ©culatives assez vagues, nâont pu produire le moindre fait e xempt de critique, et se sont bornĂ©s Ă des dĂ©nĂ©gations. Or, ce n est pas ainsi quâon peut, dans notre siĂšcle tout positif, combattre , avec avantage, une doctrine, une assertion, une pratique. On sâest beaucoup autorisĂ©, toutefois, de lâabandon des appareils 'le M. DâArcet dans un ou deux hĂŽpitaux de Paris, oĂč ils avaient l°nctionnĂ© pendant quelque tems , pour soutenir la lutte commencĂ©e contre la gĂ©latine ; mais cet abandon nâa pas lâimportance 'I u âon veut bien y attacher. Qui ne sait que les meilleurs procĂšdes, mal exĂ©cutĂ©s volontairement ou par nĂ©gligence, ne donnent f Iâm de mauvais rĂ©sultats ? Pourquoi, dans dâautres hĂŽpitaux de !' at 'is et dans dâautres villes des dĂ©parlemens Reims , Remire- lĂŻl °nt, Lille , Metz d , etc. ces mĂȘmes appareils donnent-ils â 206 â dâexcellens produits quâon sait utiliser avec profit ? Il y a donc eu des causes particuliĂšres qui ont amenĂ© lâabandon de ces appareils Ă la CharitĂ© et Ă lâIIĂŽtel-Dieu. Quelles sont-elles ? Nous les connaissons ; mais nous les- tairons , en nous bornant Ă affirmer quâelles sont loin de porter atteinte Ă la bontĂ© du systĂšme dâalimentation que nous dĂ©fendons. Les rĂ©sultats de plusieurs annĂ©es dâexpĂ©riences, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac , les lumiĂšres de la chimie, tout tend Ă dĂ©montrer que la gĂ©latine est une substance nutritive dont on doit chercher Ă tirer parti pour amĂ©liorer le rĂ©gime des pauvres et des ouvriers. Et remarquez encore lâinconsĂ©quence de ceux qui nient trop lĂ©gĂšrement cette vĂ©ritĂ© incontestable. Ils ne peuvent se refuser Ă admettre ce qui a Ă©tĂ© reconnu de tout tems, que les substances vĂ©gĂ©tales sont moins nourrissantes que les substances animales, et que, parmi ces derniĂšres, celles qui contiennent le moins dâazote sont aussi moins propres Ă soutenir les forces de lâhomme, que celles dans lesquelles ce principe abonde et cependant ils repoussent la gĂ©latine, qui est, parmi les matiĂšres organiques, une de celles qui renferment le plus dâazote. Je viens de citer, il nây a quâun moment, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac ; comme ces recherches sont de la plus haute importance pour la question qui nous occupe et quâelles ne sont pas encore trĂšs-connues, je vous demande 1 permission de vous en indiquer les principaux rĂ©sultats. Vous vous rappelez tous, sans doute, Messieurs, que M. Donne f jeune chimiste de Paris, avantageusement connu dans les science* a prĂ©sentĂ© Ă lâInstitut, dans la sĂ©ance du 6 juin i83l , un me" moire sur lâemploi de la gĂ©latine, dans lequel il a Ă©levĂ© des doute sur les propriĂ©tĂ©s nutritives de cette substance , en sâappuyant sur quelques expĂ©riences dont les rĂ©sultats semblaient opposĂ©s Ă ceux des essais antĂ©rieurs. En examinant et discutant attentivement ces expĂ©riences , il nâa pas Ă©tĂ© difficile de dĂ©montrer quâelles n ont â 207 â aucune valeur et il paraĂźt que M. DonnĂ© en a Ă©tĂ© convaincu , car, depuis son premier mĂ©moire, il nâa pris aucune part Ă la lutte quâil avait si lĂ©gĂšrement soulevĂ©e contre la gĂ©latine. Quelque tems aprĂšs, M. Edwards , membre de lâInstitut, et lâun de nos plus habiles physiologistes , aidĂ© de M. Balzac, docteur en mĂ©decine, entreprit, dans le silence du laboratoire, une sĂ©rie de recherches expĂ©rimentales pour reconnaĂźtre, par lui-mĂȘme, jusquâĂ quel point la gĂ©latine possĂšde la facultĂ© nutritive. Les essais eurent lieu sur des chiens, dont lâalimentation se rapproche le plus de celle de lâhomme, et qui, depuis leur domesticitĂ© , ont toujours partagĂ© la nourriture de ce dernier Ă toutes les Ă©poques de la sociĂ©tĂ© ; la gĂ©latine infĂ©rieure et la gĂ©latine alimentaire furent donnĂ©es Ă ces animaux , toujours associĂ©es Ă un autre aliment, le pain , par suite de cette considĂ©ration qui est dâune importance extrĂȘme, que la substance la plus nutritive, employĂ©e seule, cesse bientĂŽt de remplir le but quâon en attend, comme lâattestent assez les expĂ©riences de M. Magendie, et une foule dâautres qui ont Ă©tĂ© faites depuis. Les rĂ©sultats des nombreux essais de MM. Edwards et fialzac sont les suivons i° Le rĂ©gime de pain et de gĂ©latine est nutritif, mais insuffisant ; 2 ° La gĂ©latine associĂ©e au pain a une part effective dans les QualitĂ©s nutritives de ce rĂ©gime; 3° Le rĂ©gime de pain et de bouillon de viande, remplaçant solution de gĂ©latine , est susceptible dâopĂ©rer une nutrition c °mplĂšte, câest-Ă -dire dâentretenir la santĂ© et de dĂ©velopper le c °rps; 4° Lâaddition de bouillon, en petite proportion, au rĂ©gime pain et de gĂ©latine alimentaire, le rend susceptible de fournir ' 1,le nourriture complĂšte , câest-Ă -dire dâentretenir la santĂ© et de 1 / ev elopperle corps. ^ ^oir Ă ccl cpard la rĂ©ponse de M, DâArcet au mĂ©moire de M. DonnĂ© t insĂ©rĂ©e dans le Cc â-ieil industriel de M. De MolĂ©on , annĂ©e 1851 . â 208 â Des quatre propositions qui composent nos conclusions, disent » MM. Edwards et Balzac, en terminant leur mĂ©moire, il y en a » trois qui sont Ă©tablies sur des rĂ©sultats absolus, et qui fournissent » directement les donnĂ©es requises pour lâapplication pratique. Je » ne citerai que la derniĂšre, parce que câĂ©tait le but dĂ©finitif de » toutes nos recherches sur cette question. » On a proposĂ© comme aliment salutaire et Ă bon compte un » bouillon fait avec la gĂ©latine extraite des os, et un quart de la » quantitĂ© de viande employĂ©e pour le bouillon ordinaire. Nous » avons obtenu , avec une solution de gĂ©latine extraite des os et » une bien moindre proportion de bouillon de viande que celle qui » est recommandĂ©e et usitĂ©e, des effets nutritifs tellement Ă©ner- » giques, que nous nâavons pas vu de diffĂ©rence entre les deux » espĂšces de bouillon. » AssurĂ©ment, les partisans de lâemploi des mets gĂ©latinisĂ©s ne pouvaient dĂ©sirer des rĂ©sultats plus concluons que ceux obtenus par MM. Edwards et Balzac dans des recherches physiologiques exĂ©cutĂ©es avec autant de sagacitĂ© que de conscience. Ces donnĂ©es de la science sâaccordent trop bien avec ce que la pratique a dĂ©montrĂ© pour quâil reste encore le moindre doute dans lâesprit des personnes mĂȘme les plus prĂ©venues. Ce nâest donc pas sans une bien vive satisfaction que nous avons vu les idĂ©es de M. DâArcet, que nous avons embrassĂ©es un des premiers, et sou- tenues par nos discours et nos Ă©crits, corroborĂ©es par des faits dâune aussi haute portĂ©e. Je me hĂąte de terminer ce rapport en mettant sous vos yeux le s comptes de revient des diffĂ©rens mets qui ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s devant vos commissaires, lors des expĂ©riences dont je vous ai fait con" naĂźtre les rĂ©sultats. i° La dissolution gĂ©latineuse pure ne revient quâĂ un centime le litre, comme on va le voir par le compte ci-aprĂšs â 209 â Prix de revient de la dissolution gĂ©latineuse pour par 24 heures. 1,200 litres Os, 80 kilogrammes, Ă 8 francs les 100 kilogrammes. . "Charbon de terre, 2 hectolitres Ă 3 francs 50 centimes. . 2 journĂ©es , Ă 1 franc 20 centimes. Menus frais... A dĂ©duire, graisse dâos de premiĂšre qualitĂ©, 5 kiloâ \ grammes Ă 1 franc.. 5 » RĂ©sidu dâos, 60 kilogrammes, Ă 2 francs 50 centimes les 100 kilogrammes. 1 50 Prix net des 1,200 litres de dissolution. ou moins dâun centime le litre. 6 fr. 40 c. 7 » 2 40 1 » 16 80 6 50 10 30 2°Le litre de bouillon Ă la gĂ©latine avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre , ne revient quâĂ 6 centimes un cinquiĂšme. Prix de revient du bouillon avec un cinquiĂšme de livre de viande par litre. 1,000 litres de dissolution gĂ©latineuse.. 10 fr. » c. 100 kilogrammes de viande de boucherie, Ă 70 centimes. 70 » LĂ©gumes, 40 kilogrammes au maximum. 11 » Gros sel blanc, 5 kilogrammes 3^4 , Ă 50 francs. .... 2 90 Oignons brĂ»lĂ©s ,1/2 livre, Ă 80 centimes. » 40 Charbon du bain-marie , 3 4 dâhectolitre. 3 50 Main-dâĆuvre, une journĂ©e. 1 20 A dĂ©duire, viande cuite, 35 kilogrammes ^ 1 franc. 35 Os, 20 kilogrammes.. 1 Revient des 1,000 litres de bouillon. , ° u 6 centimes 1/5 le litre. 3 ° Le litre de bouillon de viande revient Ă 17 centimes et demi. Prix de revient du bouillon de viande, Ă une Ivre de viande P a r litre. S00 kilogrammes de viande Ă 70 centimes.* 350 fr. » c. LĂ©gumes..... .. 11 » Se *. 2 90 A reporter .... 363 90 4 60 98 36 60 Kl AO 210 â lieport 363 fr. 90 c. Oignons brĂ»lĂ©s. » Charbon Main-dâĆuvre , 40 50 20 A dĂ©duire, 185 kilogrammes de viande cuite. 185 100 kilogrammes dâos. 8 Revient des 1,000 litres de bouillon Ă la viande ou 17 centimes 1 J 2 le litre. le litre. Prix de revient de la julienne Ă la gĂ©latine. Sel Charbon. . . . Main-dâĆuvre 368 193 » » . 175 » entimes et demi . 10 fr. » C. . 25 » 2 90 4 > 2 50 1 20 45 60 ou 4 centimes 1 /2 le litre. 5° Le litre de soupe au riz ne revient quâĂ 6 centimes un quart le litre. Prix de revient de la soupe au riz, au bouillon, pour i,ooo litres. 150 livres de riz, Ă 24 francs le cent. 36 fr. » c. LĂ©gumes. 7 50 Viande pour le bouillon, 14 kilogrammes h 70 centimes trĂšs-grasse . 9 80 Sel, 25 livres, Ă 26 centimes. 6 75 Charbon, 66 kilogrammes. 2 75 62 80 ou 6 centimes 1 /4 le litre. Ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© obtenus Ă Lille, sur une fabrication d e 3o,ooo litres. â 211 A la suite de ces comptes, nous placerons, pour vous donner une idĂ©e de la force et de la nature des soupes maigres que lâon lait Ă lâhospice pour le commun, le compte de revient qui nous a Ă©tĂ© communiquĂ© par un des administrateurs de cette maison. Prix de revient de la soupe maigre, pour 5 oo litres ou 1,000 rations. Beurre , 7 livres, Ă 80 centimes. 5 fr. 60 c. Sel, 8 livres. 60 Pommes de terre, 40 livres. 1 50 Charbon. » 50 9 20 ou 1 centime par ration , sans le pain. Il est Ă©vident quâune soupe pareille nâest, pour ainsi dire, que de lâeau dans laquelle trempe du pain, et quâelle ne peut servir quâĂ tromper la faim et non Ă la satisfaire. Or, on la distribue quatre jours par semaine aux vieillards de lâhospice. Nous croyons quâils sauront apprĂ©cier trĂšs-aisĂ©ment la diffĂ©rence qui existe entre celte soupe et celle Ă la gĂ©latine, quâon ne tardera pas, sans doute, Ă leur donner e. Nous ne terminerons pas, Messieurs, ce rapport, sans nous fĂ©liciter avec vous de lâheureux rĂ©sultat de votre persĂ©vĂ©rance Ă faire adopter dans cette ville les appareils de M. DâArcet. Le procĂšs-verbal du 10 avril, dont je vous ai donnĂ© connaissance, et qui est dĂ©posĂ© Ă la mairie, est lĂ pour attester que vos prĂ©vis sions sur la bontĂ© des prĂ©parations Ă la gĂ©latine nâĂ©taient point erronĂ©es , et quâen conseillant Ă notre administration de suivre lâexemple de plusieurs autres villes , vous nâavez pas mis trop de prĂ©cipitation dans le jugement que vous aviez porte sur les avantages de toute nature quâon peut retirer du systĂšme alimentaire dont nous venons de parler. Vous devez ĂȘtre satisfaits dâavoir pris lâinitiative relativement Ă cette question philanthropique , mais â 212 â vous le serez plus encore, si, comme nous lâespĂ©rons, rien ne vient dĂ©sormais arrĂȘter lâessor dâune mesure qui peut procurer tant de bien avec de si faibles moyens. SignĂ© i . Gourdin , rapporteur ; Lebret, pharmacien; LĂ©guillon, pharmacien. Pour copie conforme Le prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© libre d'Ămulation de Rouen , Langlois. â 213 â NOTES. a 11 revient, Ă qualitĂ© Ă©gale, Ă 17 centimes le litre, ou, Ă qualitĂ© trĂšs-infĂ©rieure, Ă 12 centimes. 5 Il est certain que la dissolution employĂ©e nâĂ©tait pas trop forte , car la viande nâa pas rougi. c Je ne puis laisser Ă©chapper cette occasion de dire ici combien les soins extrĂȘmes de madame la supĂ©rieure, et en particulier de madame B., qui est spĂ©cialement chargĂ©e du service de la cuisine, ont Ă©tĂ© utiles, et pour prĂ©venir tout prĂ©jugĂ© et tout dĂ©goĂ»t contre la gĂ©latine des os, et pour donner aux produits toute la qualitĂ© qu'on leur a trouvĂ©e. Il est impossible dâapporter , dans dâaussi importantes Ă©preuves , plus de conscience, de loyautĂ© et de zĂšle que ces dames ne lâont fait. d Dans le cours du dernier hiver, Ă lâhospice des vieillards de la ville. de Metz , oĂč est employĂ© un appareil Ă la gĂ©latine, on avait suspendu le travail de cet appareil pendant quelques jours, pour cause de rĂ©parations. Celte suspension occasionna un commencement dâinsurrection parmi les vieillards , que lâon remettait momentanĂ©ment Ă leur ancien rĂ©gime, si peu agrĂ©able et si peu substantiel ; il fallut se hĂąter de reprendre le rĂ©gime Ă la gĂ©latine et cependant le bouillon quâon leur donne est prĂ©parĂ© sans viande de bĆuf, mais seulement avec la dissolution gĂ©latineuse, quelques lĂ©gumes que lâon place dans les cylindres mĂȘmes, et une petite quantitĂ© de viande de porc. Je tiens ces faits de M. E. Bouchotte, ancien maire de Metz, qui mâa confirmĂ© de nouveau une diminution remarquable dans la mortalitĂ© et le nombre des maladies parmi les vieillards, depuis lâemploi de la gĂ©latine. c Pour complĂ©ter ce que M. le rapporteur dit des soupes maigres de lâhĂŽpital de Rouen, nous ajouterons ici la composition de la soupe maigre avec laquelle on nourrit pendant toute lâannĂ©e, exceptĂ© deux ou trois jours de fĂȘte, les condamnĂ©s renfermĂ©s dans la plupart des maisons de dĂ©tention de la France. On observera que cette soupe , que nous avons goĂ»tĂ©e Ă Rouen, Ă©tait faite, sous la surveillance active des administrateurs , avec beaucoup de soins et aussi bonne que peut lâĂȘtre une soupe entiĂšrement vĂ©gĂ©tale ; mais elle ne peut suffire Ă la nourriture dâhommes faits, ni de jeunes gens qui se dĂ©veloppent. Aussi avons-nous remarquĂ© que , pour rendre cette soupe plus nourrissante , les jeunes dĂ©tenus, mĂȘmes ceux de 8 Ă 10 ans , Ă©taient obligĂ©s dây mettre une quanr tuĂ© Ă©norme de pain. 214 â Soupe maigre pour \ 00 dĂ©tenus. Sel, Ă 34 fr. I kil., 50. LĂ©gumes frais, choux, poireaux. LĂ©gumes secs. 7 1 /2 dĂ©cal. de pommes de terre Ă 3 fr. lâhect. . . Ou 10 litres lĂšves, pois, Ă 2 fr.. âą 2 f. 20 c. Ou 5 kil. riz, Ă 60 » 1 Pain blanc pour la soupe, Ă 5 dĂ©cag, par individu, Ă 30 cent, le kil. Chauffage, 2 1,2 dĂ©cal. charbon et un petit cotret. . . Ensemble, les 100 litres pour 100 dĂ©tenus. ou 8 cent, le litre par dĂ©tenu . fr. 50 c. 1 2 25 1 50 1 25 7 50 On a vu quâen ajoutant 100 litres de dissolution gĂ©latineuse , qui ne coĂ»te que 1 centime ou 1 franc pour les 100 dĂ©tenus , on leur donnerait une soupe excellente , parfaitement substantielle et saine ; et si la dĂ©pense ne pouvait pas ĂȘtre augmentĂ©e de 1 centime par individu , il vaudrait encore mieux diminuer 1,8 sur la quantitĂ© de soupe quâon leur donne, pour payer lâaddition de dissolution gĂ©latineuse. Quant aux malades et aux travailleurs, on leur donne un bouillon fait avec Viande de bĆuf, 12 1/2 kil , Ă 12 12 dĂ©cag. par individu, 5 60 centimes le kil. 8 Ir. » Sel, 1 kil. 1/2. »> 410 Poivre , 16 grammes. » 064 1 /2 botte de poireaux. » 200 1 /2 botte de carottes. >, 200 5 kil. pain blanc , Ă 5 dĂ©cag. par individu. 1 500 Bois pour la cuisson. » 660 11 034 ou 12 centimes le litre. On a vu que le litre de bouillon Ă la gĂ©latine , premiĂšre qualitĂ©, avec 1/4 de livre de viande, ne revient quâĂ 6 cent. 1/2; il serait donc trĂšs- facile , en employant la gĂ©latine dans le rĂ©gime de la prison, dâĂ©conomiser sur le bouillon des malades, tout en le faisant beaucoup meilleur quâil nâest aujourdâhui, câest-Ă -dire aussi bon que du bouillon de mĂ©nage, en supposant que sur 300 dĂ©tenus nourris Ă la soupe maigre , il y en ait seulement 50 nourris au bouillon, et il y en a plus , dâĂ©conomiser, dis-jc, 3 fr. pour animaliser Ă la gĂ©latine la soupe maigre de ces 300 prisonniers. Ces diverses notes sont de 31. Grouvelle. Sâadresser, pour la construction des appareils Ă extraire la gĂ©latine des os, et des bains-marie pour fabriquer le bouillon , Ă M. Ph. Grouvelle , IngĂ©nieur civil , rue des Beaux-Arts , n° 2, Ă Paris , qui en a dĂ©jĂ construit un grand nombre. ©©©©©© 9 ©©©©© 3 ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© 0 ©© OBSERVATIONS sun LE POIRIER SAUCIER ET SUR SON PRODUIT, SUIVIES DE QUELQUES CONSIDĂRATIONS GĂNĂRALES $ V H. LA FABRICATION DES CIDRES Parmi les liqueurs fermentĂ©es qui remplacent le vin dans une infinitĂ© de localitĂ©s dont le climat ne permet pas la culture de la Vigne, le cidre et le poirĂ© tiennent, sans contredit, le premier rang. La connaissance de ces boissons remonte aune assez haute antiquitĂ© 3 , quoique, cependant, celle de la biĂšre soit encore plus ancienne, puisquâelle se perd dans lâhistoire fabuleuse de LĂ©rĂšs etdâOsiris, comme l'indique son nom latin cerevisia. Si câest Ă tort que quelques Ă©crivains ont attribuĂ© aux Maures 1 introduction du pommier et du poirier en Espagne, puisquâil ParaĂźtbien dĂ©montrĂ© que ces arbres sont indigĂšnes dans toute lâEuâ r °pe mĂ©ridionale, il est Ă -peuâprĂšs certain , du moins, que ce s °nt eux qui ont fait connaĂźtre, dans la Navarre et la Biscaye , 1 art dâextraire de leurs fruits des boissons salutaires, et que ce Lues dans la sĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© centrale dâAgriculture de la Seine-InfĂ©rieure, nue 7 mai 1854 , et insĂ©rĂ©es dans le cabicr de cette sĂ©ance publique , p. 3G. j Les anciens connaissaient le cidre poirĂ© , comme on le voit par le passage suivant ^ĂŒne le naturaliste lib. xiv, cap. 19 Vinum Jit, et e siliquĂą -syriaeĂą, et e piris , 0r umqne omnibus generibus . â Le mot cidre, quâon Ă©crivait dâabord sidre, dĂ©rive du 01 latin sicera, qui servait Ă dĂ©signer toutes les liqueurs fermentĂ©es, autres que le vin. â 216 â sont les Dieppols, ces antiques navigateurs , qui ont rapportĂ© de ces derniers pays les meilleures variĂ©tĂ©s de ces arbres qui devaient un jour couvrir le sol de la Normandie et contribuer Ă sa prospĂ©ritĂ©. LâĂ©poque prĂ©cise de cette prĂ©cieuse importation est ignorĂ©e ; on peut, toutefois, la placer au sixiĂšme siĂšcle , puisque , dĂšs 587, le poirĂ© piracium Ă©tait une liqueur dĂ©jĂ assez connue, pour que sainte Radegonde, reine de France, en bĂ»t journellement. Ce nâest cependant quâa partir du quatorziĂšme siĂšcle que lâusage du cidre est devenu gĂ©nĂ©ral dans notre province, oĂč la biĂšre, alors connue sous le nom de ccrvoise , Ă©tait la boisson populaire. De la Normandie, lâemploi du cidre et du poirĂ© se rĂ©pandit dans quelques autres parties de la France, dâoĂč il fu l transportĂ©, plus tard, en Angleterre , en Allemagne , en Russie et en AmĂ©rique. Câest cependant encore dans quelques mes de notre terre normande quâon prĂ©pare les boissons de ce genre les plus renommĂ©es. Depuis quelques siĂšcles, la fabrication du cidre a pris une trĂšs-grande extension dans les parties septentrionales de la France ; mais celle du poirĂ© est loin dâavoir reçu le mĂȘme dĂ©veloppement 1 . La prĂ©fĂ©rence accordĂ©e Ă la premiĂšre de ces liqueurs * D'aprĂšs des relĂšves statistiques qui paraissent mĂ©riter quelque confiance , la quantitĂ© de cidre et de poirĂ© fabriquĂ©e dans les cinq depavtemcns de lâancienne riormandie, s'Ă©lĂšve aux chifFics suivons ; NOMS DES DĂPARTEMENS. CIDRE. POIRĂ. hectolitres. hectolitres. 1,621,921 » 901,251 118,449 564,293 92,378 562,668 2S1,332 472,534 375,666 Total. 4,22,447 867,825 Sur ces quantitĂ©s ,on convertit en eau-de-vie Ă 20° ou 22°, Dans le Calvados , plus de 50,000 hect. de cidre ou de poirĂ© pur; L'Eure, 00,000 de poirĂ©; La Manche, Ă peu prĂšs la mĂȘme quantitĂ©; JfcâOrnr 06 ,.3 70 de poirĂ©. â 217 â dĂ©pend de ce quâelle possĂšde un goĂ»t plus agrĂ©able, des propriĂ©tĂ©s plus salubres ,et quâelle peut se conserver plus long-tems et plus facilement. On attribue gĂ©nĂ©ralement au poirĂ© une action fĂącheuse sur tout le systĂšme nerveux ; il est moins nourrissant, plus irritant que le cidre, trĂšs-capiteux lorsquâil est vieux, et il enivre promptement ceux qui nâen font pas un usage habituel. Ce liquide a, nĂ©anmoins, dâexcellentes qualitĂ©s. Sans vouloir lui attribuer des vertus merveilleuses, comme celles, par exemple, dâaugmenter le lait des nourrices, de diminuer lâembonpoint des personnes obĂšses, de prĂ©venir lâhydropisie , etc., on doit reconnaĂźtre que câest une boisson lĂ©gĂšre, diurĂ©tique, fort agrĂ©able lorsque sa fermentation est achevĂ©e. Plus alcoolique que le cidre , le poirĂ© de premiĂšre qualitĂ© ressemble beaucoup aux petits vins blancs de lâAnjou, de la Sologne. Mis en bouteilles, aprĂšs une bonne prĂ©paration, il devient complĂštement vieux, et peut ĂȘtre alors confondu, par les palais peu exercĂ©s, avec les vins que nous venons de citer. Mousseux , il prend souvent le masque des vins lĂ©gers de la Champagne_ Il est trĂšs- propre Ă couper les vins blancs de mĂ©diocre qualitĂ©, quâil rend plus forts et mĂȘme meilleurs ; câest ce que savent fort bien les marchands de vin de Paris, qui font entrer dans leurs caves une grande partie des poirĂ©s de la Normandie, et notamment du Bocage. Souvent mĂȘme, Ă Paris comme Ă Rouen , les dĂ©taillans vendent le poirĂ© pur comme vin blanc ; câest ce dont nous Sous sommes assurĂ©s, en examinant, en 1832, sur lâinvitation de M. II. Barbet, maire de Rouen, les vins des petits marchands des faubourgs 1 . Malheureusement tous les poirĂ©s ne possĂšdent pas les bonnes 4 u »litĂ©s dont nous venons de parler. La plupart, faits avec des poires dâune ĂąpretĂ© extrĂȘme, conservent un goĂ»t Ă©galement Ăąpre. vins nous ont donnĂ©, par une Ă©vaporation mĂ©nagĂ©e, un rĂ©sidu abondant, gĂ©latini- 0rme > sucre, d'une saveur agrĂ©able de poire , ne renfermant point de tartre , mais coute- **1> au contraire , beaucoup d'acide nialirjne , de sucre, de mucilage et de sels de cbauv , >n *tiĂšros qui constituent essentiellement les poires et les cidres. â 218 â Aussi sont-ils dâordinaire la boisson des journaliers et des pauvres, dâautant plus que leur prix est toujours fort infĂ©rieur Ă celui du cidre. Il est Ă regretter quâon apporte si peu de soins Ă la prĂ©paration dâune liqueur qui pourrait ĂȘtre la source dâun assez grand revenu pour les fermiers. En effet, en raison de la plus grande abondance du sucre dans les poires que dans les pommes , le jus fermentĂ© des premiĂšres produit gĂ©nĂ©ralement beaucoup plus dâesprit que celui des secondes, et de bien meilleur qualitĂ©. Terme moyen , le poirĂ© donne le dixiĂšme de son volume dâeau- de-vie Ă 20 ou 22°, eau-de-vie qui peut convenir Ă presque tous les emplois de celle quâon obtient du vin. Le poirĂ© produit, en outre, un vinaigre bien supĂ©rieur Ă celui du cidre.... Les poires fournissant presque moitiĂ© plus de jus que les pommes, il faut, consĂ©quemment, moins de poires pour avoir la mĂȘme quantitĂ© de liqueur. En choisissant les meilleures variĂ©tĂ©s de poiriers Ă poirĂ© pour la culture, brassant leurs fruits avec intelligence, sans ajouter dâeau , les fermiers trouveraient donc , dans le placement de leur poirĂ© , soit chez les marchands de vin des grandes villes, soit chez les distillateurs, soit enfin chez les vinaigriers, des bĂ©nĂ©fices avantageux. Ce qui doit encore encourager nos cultivateurs Ă donner plus dâattention quâils ne lâont fait jusquâĂ ce jour Ă la multiplication des poiriers, câest que cette espĂšce dâarbre, moins difficile sur la qualitĂ© du terrain que le pommier, prospĂšre aussi bien dans les terres lĂ©gĂšres peu fertiles , que dans les terres fortes et humides , qui ne sont pas favorables Ă la culture du pommier, et quâelle rapporte ordinairement plus de fruits que ce dernier. Dâautres avantages sont encore attachĂ©s Ă la culture du poirier Ă poirĂ©. AcquĂ©rant de plus grandes dimensions que le pommier S 1 Le pommier, comme on sait, ne sâĂ©lĂšve guere qu'Ă 20 ou 2o pieds } tandis que le p ce qui le rend trĂšs-propre aux travaux des menuisiers, Moeurs et Ă©bĂ©nistes, qui en font grand cas. Il prend supĂ©- .'^renient h» couleur noire, et peut alors imiter lâĂ©bĂšne. AprĂšs °>s de cormier, câest le meilleur dont on puisse faire usage I>Ou r i v . Ja gravure sur bois. Les graveurs pour papiers peints, pour s d' tnntS â ^ ' em P^° ent de prĂ©fĂ©rence Ă tout autre , et cette conâ 0 ;-ti°n n â es t certainement pas sans importance dans un pays 8 j â C0I Dme le nĂŽtre , les fabriques de toiles peintes ont acquis un S^and dĂ©veloppement 3 . evra_t-on conclure de ce qui prĂ©cĂšde quâil faut, dĂ©sormais, teff ^ Cll ^ ure ^ es P omm ers pour sâattacher exclusivement Ă 6 des poiriers ? Telle nâest pas notre pensĂ©e. Nos champs, nos ^ S er s, doivent garder leur plus prĂ©cieux ornement; les pom- ^ Son t et seront toujours la richesse de la Normandie ; leur 'PEeation devrait mĂȘme recevoir plus dâaccroissement, puis- es t certain que notre sol ne produit pas assez de cidre pour ^U C0U p,; un poirier Ă Erford en Angleterre , qui avait dix-huit pieds de tour Ăź ^ ai * ann ucHement 7 muids de poirĂ©. * fnS Pltt P^°y a ient le bois du poirier pour sculpter des statues. Pausanias non» Plus qUG ^ plu * ancien »e statue de Jnnon en Ă©tait faite. Cet arbre est, en effet , r,m f *S p rs ,]i^.* enncuicn *' cu ^trves. HomĂšre !e fait dĂ©jĂ figurer sons le nom dâOyj^yja dans le» Cln ° lls Pt fin vieux Laerte Ottyss., vu , ISO. â 220 â satisfaire Ă la consommation de ses habitans et aux besoins de f departemens limitrophes ; mais nous voudrions que les poiriers , dont la culture ne peut nuire en aucune maniĂšre Ă celle dâ pommiers , entrassent pour une plus grande part dans nos plan" tĂątions rurales. La SociĂ©tĂ© dâAgriculture, dont les idĂ©es, Ă cet Ă©gard, son 1 conformes aux nĂŽtres, a cherchĂ©, Ă diffĂ©rentes Ă©poques, Ă pr°' pager cet arbre dans nos campagnes. Peu de tems aprĂšs so rĂ©tablissement, elle sâest occupĂ©e de cette question important dâĂ©conomie rurale, et a tentĂ© lâintroduction de quelques variĂ©t 5 prĂ©cieuses, inconnues Ă notre dĂ©partement; malheureusementâ ses essais nâont pu ĂȘtre poursuivis, par suite de circonstanc 1 â particuliĂšres. Tout rĂ©cemment, lâun de ses membres les p' 5 distinguĂ©s , M, Justin, a reportĂ© lâattention de la compagnie s 1 ce sujet si intĂ©ressant, en lui prĂ©sentant des fruits du poin er " saugier, quâil cultive depuis plusieurs annĂ©es dans sa propri' e de FresneâleâPlan. EngagĂ© par mes confrĂšres Ă examiner nature du poirĂ© que ces fruits pourraient fournir , jâai fait I e â essais suivans sur les deux bouteilles de mont provenant de l 1 ^ brassage. Le moĂ»t des poires de sauge Ă©tait fort sucrĂ©, assez de» s â lĂ©gĂšrement teint en fauve ; il a fermentĂ© trĂšs-lentement. Essaye Ă une certaine Ă©poque de sa fermentation , il a fourni ' liquide alcoolique qui marquait 24° Ă lâalcoomĂštre centĂ©simalâ ; la tempĂ©rature de -f- i 5 ° centigrades, ce qui indique que le p°â r renfermait alors 8,oo pour too dâalcool anhydre ou chimique 16 pur - _ .rit AprĂšs une fermentation plus avancĂ©e, il a produit uu e5 P , marquant 25 ° Ă lâalcoomĂštre, Ă -f- i 5 ° il contenait donâ cette Ă©poque, 8,33 pour loo dâalcool anhydre. Enfin , aprĂšs plusieurs mois de bouteille, et lorsque sa ferin e tation a Ă©tĂ© complĂštement achevĂ©e, il a donnĂ© un esprit m a quant 26° au mĂȘme instrument, Ă + i5°, ce qui montre dâaprĂšs M. PiĂ©rard, qui sâest beaucoup occupĂ© de cet arbre, ^ croĂźt trĂšs-facilement Ă toutes les expositions, dans les vallons e * sur les coteaux, dans les terrains sablonneux et glaiseux. II e5 * trĂšs-fertile et porte presque tous les ans, parce que ses fleur 5 â qui paraissent plus tard que celles des autres poiriers, ne sof 1 point sujettes Ă la coulure. Les vents qui, dans certains pays et Ă diverses Ă©poques de lâannĂ©e, diminuent beaucoup la rĂ©colte & ei arbres fruitiers , sont moins dangereux pour le saugier, Ă rais 0 " de ce que ses fruits adhĂšrent plus fortement aux branche 5 ' Dans le GĂątinais, chaque arbre rapporte annuellement de 36 francs. Les poires de sauge ont une chair trĂšs-succulente, parfu" 1 6 et dâun goĂ»t relevĂ© ; elles exhalent une odeur qui a beauco u P dâanalogie avec celle du coing. Cuites, elles sont trĂšs-savoureus eS â dessĂ©chĂ©es , elles peuvent servir et servent, en effet, dans I e5 pays oĂč on les rĂ©colte, Ă prĂ©parer des boissons Ă©conomiq ueS â salubres et agrĂ©ables. Enfin, un dernier avantage du poirrft' saugier, câest quâil croĂźt bien plus vĂźte que le poirier franc. On distingue cinq variĂ©tĂ©s de poirierâsaugier, quâon desig 0 par les noms de sauge blanc, gros sauge, petit sauge, saug e â 223 rouge ou gris, et sauge Ă jleurs tardives. Celte derniĂšre est la plus recherchĂ©e, Ă cause de son produit, et parce que ses fleurs sâĂ©panouissant plus tard que celles des autres sortes de saugier, ne sont pas atteintes par les gelĂ©es tardives. Pendant lâhiver de 1821 Ă 1822, des greffes dâune de ces variĂ©tĂ©s furent demandĂ©es , au nom de la SociĂ©tĂ©, par M. Du- breuil, reçues et distribuĂ©es Ă MM. Dubreuil, PrĂ©vost, pĂ©piniĂ©riste, Le Carpentier, Justin et Lebret. Le i 5 avril 1822, M. PrĂ©vost en greffa treize sujets dont il conserve encore quelques uns. Cette variĂ©tĂ©, venue sans dĂ©signation spĂ©ciale, sâest trouvĂ©e ĂȘtre le gros sauge, la mĂȘme que celle qui a produit, en i 833 , chez M. Justin. Il y a cinq ans, que lâun de ces arbres , greffĂ© sur cognassier, chez M. PrĂ©vost, a donnĂ© ses premiers fruits , gros, bien colorĂ©s et fort agrĂ©ables Ă©tant cuits. Pendant lâhiver de 1822 Ă 1823, feu M. Amelot, alors trĂ©sorier de la SociĂ©tĂ© , fit venir et distribua des greffes de quatre variĂ©tĂ©s du saugier , savoir le gros sauge , le petit sauge, le sauge gris et le sauge blanc. M. PrĂ©vost conserve, dans son Ă©cole , un arbre de chacune de ces variĂ©tĂ©s. Deux dâentre elles seulement ont fructifiĂ© le gros sauge, il y a cinq ans, et le petit sauge, lâan dernier, pour la premiĂšre fois. Ces variĂ©tĂ©s se distinguent de nos poiriers Ă cidre par plus de ligueur, un port plus Ă©levĂ© , la couleur de lâĂ©corce qui est un peu plus blanchĂątre, lâĂ©paisseur du feuillage, et par des feuilles plus Ă©troites et plus cotonneuses. M. PrĂ©vost a remarquĂ©, et il n e sait si cela tient au plus ou moins dâanalogie entre la greffe et sujet, que le petit et le gros sauges sont, chez lui, plus vigou- reu X et poussent plus verticalement que les deux autres variĂ©tĂ©s fl" il cultivĂ© Ă©galement. Le petit sauge Ă©tait, lâautomne dernier, c °uvert de fruits jaunes , succulens et trĂšs-odorans , de forme turbinĂ©e globuleuse , ayant douze Ă quinze lignes de diamĂštre et a pĂ©doncule court. Ces fruits, gardĂ©s trop long-tems, ont n °irci ; ils ne paraissent pas devoir se conserver aussi bien â 224 â que ceux du gros sauge. Dans toutes les variĂ©tĂ©s, le suc est sucrĂ©, agrĂ©able, et nâa rien de commun avec la saveur acerbe de nos poires Ă cidre. Par toutes les considĂ©rations qui prĂ©cĂšdent, nous joindrons notre voix Ă celle de M. Justin pour appeler votre attention, Messieurs, sur lâarbre dont il vient dâĂȘtre question dans cette notice, et nous rĂ©pĂ©terons ici ce que M. Dubreuil vous disait en 1824, quâil serait trĂšs-intĂ©ressant et extrĂȘmement utile dâintroduire la culture du saugiev dans notre dĂ©partement. Nous insistons pour que les essais commences, il y a neuf ans, soient repris , et que la Compagnie donne tous ses soins Ă la culture dâun arbre qui pourra peut-ĂȘtre un jour consoler nos fermiers de la destruction de leurs pommiers, envahis par un ennemi lepuceron lanigĂšre dâautant plus redoutable, quâil est plus frĂȘle, et quâil se multiplie avec une effrayante rapiditĂ©. Nous avons donnĂ© Ă entendre , dans le cours de cette notice, que la fabrication du cidre et du poirĂ© , dans nos campagnes, ne se fait pas avec tous les soins nĂ©cessaires. Cela nâest que trop vrai ; la plupart du tems on nĂ©glige une foule de prĂ©cautions dont 1 oubli influe dâune maniĂšre fĂącheuse sur la qualitĂ© de ces liqueurs ; souvent mĂȘme, soit par ignorance, soit par suite de prĂ©juges transmis dâĂąge en Ăąge, on emploie des pratiques que la saine thĂ©orie rĂ©prouve. Ne voulant ni ne pouvant rappeler ici toutes les fautes que lâon commet, nous nous bornerons Ă en signaler deux qui sont capitales, et contre lesquelles nous ne saurions trop nous Ă©lever La premiĂšre est dans lâemploi dâeaux de mares pourries. Dan s la plupart de nos fermes, les mares qui servent aux besoins jour*" naliers sont dans lâĂ©tat le plus dĂ©plorable. Trop rapprochĂ©es de* bĂątimens, elles reçoivent presque toujours les Ă©goĂ»ts de la fosse aux fumiers, qui en est aussi Ă proximitĂ© , et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent dans le voisinage a â 225 â la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrĂ©mens ; les feuilles des arbres, des dĂ©tritus de tout genre, y tombent et y pourrissent ; aussi, les eaux de ces fosses, qui sont trĂšsârarement curĂ©es , ne sontâelles, Ă proprement parler, que des lessives chargĂ©es de matiĂšres solubles , vĂ©gĂ©tales et animales, dâoĂč il rĂ©sulte quâelles sont constamment louches , colorĂ©es , odorantes et sapides. TrĂšs-souvent elles se couvrent de vĂ©gĂ©tations Ă leur surface, et elles reposent, dâailleurs, sur une vase plus ou moins Ă©paisse, qui y entretient un foyer de corruption. Presque tous les cultivateurs sont fermement convaincus que ces sortes dâeaux sont plus propres que les eaux limpides et pures Ă la macĂ©ration des marcs, Ă la fermentation des jus, et quâil en faut moins pour faire sortir le suc des cloisons du fruit. Sans doute, les eaux de mares bien entretenues, frĂ©quemment curĂ©es, et qui sont Ă lâabri des causes dâinfection dont nous venons de parler, sont prĂ©fĂ©rables, pour la fabrication du cidre, aux eaux de puits, parce quâelles contiennent moins de sels calcaires ; mais câest une erreur funeste dâattribuer les mĂȘmes qualitĂ©s Ă celles des mares pourries. Il est aisĂ© de concevoir que les matiĂšres e trangĂšres organiques, qui se corrompent dans leur sein, doivent changer la saveur du cidre, et lui communiquer un goĂ»t dĂ©testable ; car, la plupart du tems, ces matiĂšres ne sont pas volatiles, 1,1 susceptibles de disparaĂźtre par la fermentation que subit le s >tcre contenu dans le jus des pommes ; et si les habitans des Pays Ă cidre ne reconnaissent pas le mauvais goĂ»t de leur bois- s °n, il faut lâattribuer Ă lâhabitude quâils en ont. â Câest aux gens instruits, aux propriĂ©taires qui rĂ©sident dans leurs terres , a rĂ©unir leurs efforts pour dĂ©raciner un prĂ©jugĂ© qui nâa de crĂ©dit *l Ue par son anciennetĂ©, en rĂ©pĂ©tant sans cesse autour dâeux que ^ es eaux les plus propres Ă la fabrication du bon cidre sont celle s 1 U s °nt claires , insipides et sans odeur. ^a seconde faute, non moins frĂ©quemment commise par nos i5 fermiers, câest le peu de soins quâils apportent dans le choix de leurs fruits Ă piler ; et cependant, câest, sans contredit, le point le plus important de toute lâoperation. On sait combien la nature des pommes et des poires influe sur la qualitĂ© de leur jus fermentĂ©. LâexpĂ©rience ayant dĂ©montrĂ© quâon ne peut obtenir gĂ©nĂ©ralement de bon cidre avec les fruits dâun mĂȘme solage , câest-Ă -dire dâune seule espĂšce, on doit mĂ©langer les espĂšces de maniĂšre Ă neutraliser les mauvaises qualitĂ©s des unes par les bonnes qualitĂ©s des autres ; mais, pour faire ces mĂ©langes, il y a des principes dont on ne saurait, sans de graves inconvĂ©niens , nĂ©gliger lâobservation. Le plus essentiel, câest dâassortir les espĂšces qui arrivent en mĂȘme tems Ă leur point de maturitĂ©, et de ne pas rĂ©unir, comme on le fait trop souvent, des fruits verts avec des fruits mfirs, et souvent encore avec des fruits arrivĂ©s au dernier terme du blessissement ; car il est un fait quâon devrait toujours avoir prĂ©sent Ă la pensĂ©e, câest que la force et la bontĂ© des cidres et des poirĂ©s dĂ©pendent entiĂšrement de lâĂ©tat de maturation des fruits, ou, en dâautres termes, de la proportion de sucre quâils contiennent. Avant leur ternie de maturitĂ©, les pommes et les poires ne renferment quâune trĂšs-petite partie du sucre que la maturation y dĂ©veloppe aux dĂ©pens de la gomme e* du ligneux. AprĂšs la maturitĂ©, lorsquâelles sont blettes, et, Ă plus forte raison, quâelles sont dĂ©jĂ brunes et de consistance pulpeuse, la majeure portion du sucre a disparu, par suite dâun commencement de fermentation vineuse, qui le transforme eu alcool et en acide carbonique qui se dissipent dans lâair. Les recherches de MM. Couverchel et BĂ©rard, sur la composition chimique des fruits, Ă leurs diffĂ©rentes Ă©poques de maturitĂ© sont extrĂȘmement curieuses sous ce rapport, et mettent hors de doute les assertions que nous venons dâĂ©mettre 1 . On va en jug er 1 MĂ©moire sur la maturation des fruits , par llĂ©rard. Annales de chimie et dephysiQ 11 *â t. 16, p. 152 et 225. MĂ©moire sur la maturation des fruits, par Couverchel. pharmacie et des sciences accessoires, t. jl 249. 227 par le tableau suivant, qui prĂ©sente les rĂ©sultats de trois analyses de poires, de lâespĂšce appelĂ©e cuisse-madame, faites par M. BĂ©rard. PRINCIPES CONSTITUANS. POIRES VERTES. POIRES MURES. POIRES ENTIĂRRMEKT BLETTES. MatiĂšre colorante verte. 0,08 0,01 0,04 Albumine vĂ©gĂ©tale. 0,08 0,21 0,23 Ligneux ou fibre vĂ©gĂ©tale.... 3,80 2,19 1,85 Gomme. 3,17 2,07 2,62 Acide malique. 0,11 0,08 0,61 Chaux. 0,03 0,04 traces. Eau. 86,28 83,88 62,73 Sucre. 6,45 11,52 8,77 Total. 100,00 100,00 76,85 ' La perte Ă©norme de 23,15 sur ioo, que prĂ©sente lâanalyse des poires blettes, doit ĂȘtre attribuĂ©e, en trĂšs-grande partie, Ă lâeau quâelles laissent Ă©vaporer Ă leur surface, et Ă lâacide carbonique qui rĂ©sulte de la dĂ©composition spontanĂ©e du sucre ; lâexpĂ©rience dĂ©montre que les fruits qui blessissent dĂ©gagent du gaz acide carbonique en abondance. La disparition dâune partie du sucre, dans ces fruits, est la cause du goĂ»t fade quâils prĂ©sentent alors. Il ne faut donc brasser les fruits que lorsquâils sont parvenus Ă leur maturitĂ© parfaite ; et si les circonstances exigent quâon en fasse la cueillette un peu avant cette Ă©poque, il est indispensable de les conserver pendant quelque tems, Ă lâabri de la pluie, 1 On ne voit pas figurer dans ces analyses la pectine ou principe gĂ©latineux, le malate potasse, et le tannin ou lâacide gallique, qui entrent cependant dans la composition de t°ns les fruits charnus. La prĂ©sence de ce dernier principe se manifeste assez souvent quand 00 coupe des poires ou des pommes , parla couleur noire que prend le couteau. La diffĂ©- lf, Ă»ce de saveur de ces fruits tient , dâune part, aux diffĂ©rentes proportions dâacide, de sucre de gomme, et, dâune autre part, Ă une substance aromatique particuliĂšre, peut-ĂȘtre 'olatile, dont lâexistence nâa pas encore Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par lâanalyse, Bej-zelivs .} â 228 â dans des celliers , magasins ou hangars, jusquâĂ ce que la maturation, qui continue mĂȘme aprĂšs leur dĂ©tachement des arbres, soit suffisamment avancĂ©e pour quâils aient acquis la plus grande proportion de matiĂšre sucrĂ©e. Passe ce terme, ils ne pourraient que perdre Ă ĂȘtre conservĂ©s. En general, on garde trop longâ tems les pommes avant de les piler, et surtout on a grand tort dâen former des tas considĂ©rables, car une fermentation sâĂ©tablit bientĂŽt dans le centre de ces masses, une chaleur trĂšs-forte sây dĂ©veloppe ; aussi, les fruits places dans ces conditions dĂ©favorables ne tardent pas Ă pourrir. Ce qui prĂ©cĂšde doit faire sentir combien est contraire Ă la saine thĂ©orie lâusage, malheureusement trop suivi dans les campagnes , de laisser les fruits pourris dans le pressurage, usage Ă©tabli sur ce prĂ©jugĂ© , que les pommes pourries amĂ©liorent la qualitĂ© du cidre j et ce ne sont pas seulement les simples cultivateurs qui sont imbus de cette croyance ; des hommes instruits et rĂ©flĂ©chis la partagent ; nous voyons, en effet, dans les mĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale dâagriculture et de commerce de Caen, un savant naturaliste soutenir que , pour faire du bon cidre , il faut au moins un dixiĂšme de pommes pourries i. Puisque, comme nous venons de le faire remarquer, la proportion du sucre diminue dans les poires, Ă mesure que leur blessissement avance, on conçoit quâil nâen doit plus rester que des traces lorsque cette espĂšce de fermentation alcoolique a fait plus de progrĂšs, et que le fruit est entiĂšrement pourri. Le jus retirĂ© de pareils fruits nâa plus, en effet, quâune saveur fade et dĂ©testable, qui donne au jus des bons fruits un goĂ»t de pourri, qui ne peut disparaĂźtre ni par la lermentation , ni par le remaniage , ni par le tems ; il empĂȘche, en outre, le cidre de sâĂ©claircir, et agissant comme un levain acide, il en accĂ©lĂšre lâacidification. Tout prouve que lâinfĂ©rioritĂ© de beaucoup de cidres des environs de 1 MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© royale dâagriculture et de Commerce de Caen, t. 1, p* 1 â Obsetyations sur les commĂźtes Ă cidre, par M. Pe Brcbisson, de Falaise. â 229 Rouen , du pays dâAuge, et dâautres localitĂ©s, est due en grande partie Ă lâemploi de fruits gĂątĂ©s ou pourris. â Ce que nous venons de dire Ă lâĂ©gard de ces derniers , il faut Ă©galement lâappliquer Ă ceux quâon ramasse au pied des arbres, avant la rĂ©colte, et dont la chute prĂ©maturĂ©e est provoquĂ©e par plusieurs causes, comme de grands vents, la piqĂ»re dâinsectes , la surabondance des fruits sur les branches. Ces pommes ou poires tombĂ©es doivent ĂȘtre brassĂ©es Ă part, car elles donnent un jus de mauvaise qualitĂ©, qui tourne trĂšs-promptement Ă lâaigre. On ne saurait donc apporter trop de soins Ă sĂ©parer des bons fruits ceux qui sont pourris, piquĂ©s, ou qui sont tombĂ©s avant leur maturitĂ©. Nous nous bornerons Ă ces considĂ©rations , que le teins nous empĂȘche de complĂ©ter, pour faire sentir combien la fabrication des cidres et poirĂ©s aurait besoin dâĂȘtre amĂ©liorĂ©e dans nos pays, oĂč son antiquitĂ©, cependant, aurait dĂ» la dĂ©gager depuis long-tems des langes de la routine et de lâignorance. Plus tard, dans un travail dâune Ă©tendue proportionnĂ©e Ă lâimportance du sujet, nous examinerons cette industrie dâune maniĂšre plus large, et nous chercherons Ă dĂ©montrer les vices dâune foule de pratiques grossiĂšres auxquelles se livrent les habitons des paysdiffĂ©â ĂŻens oĂč lâon sâoccupe du brassage des fruits. DISCOURS PRONONCĂ IjV. 3 JUIN 1834 , A LâOUVERTURK DU COURS DâAPPLICATION, fait a lâĂ©cole de chimie de rouen. Messieurs, Examiner , sous le triple rapport de lâhistoire naturelle, de la chimie et du commerce, les nombreuses matiĂšres premiĂšres, tirĂ©es des trois rĂšgnes, qui servent aux travaux du blanchiment, de la teinture et de lâimpression des toiles, tel est lâobjet du cours dâapplication que nous allons faire succĂ©der au cours de chimie gĂ©nĂ©rale , terminĂ© il y a peu de temps. Il nâest pas inutile dâentrer dans quelques dĂ©veloppemens, pour vous faire sentir lâimportance des leçons que nous devons consacrer Ă un sujet si propre Ă captiver lâattention de tous ceux qui se livrent Ă lâun ou lâautre des arts qui occupent le premier rang dans lâindustrie de notre dĂ©partement. Les diffĂ©rens tissus, sur lesquels la patience de lâhomme sâexerce pour les approprier Ă ses besoins , ne peuvent ĂȘtre dĂ©pouillĂ©s de leur couleur foncĂ©e naturelle , câest-Ă -dire rendus parfaitement blancs, chargĂ©s ensuite de riches couleurs, et revĂȘtus de brilla 113 dessins, que le caprice de la mode modifie de mille maniĂšres, q uc par lâemploi de procĂ©dĂ©s purement chimiques. Mais ceux-ci ne peuvent ĂȘtre exĂ©cutĂ©s sans le secours dâagens variĂ©s, de substance» â 23 i minĂ©rales et organiques, dont le choix est nĂ©cessairement subordonnĂ© Ă lâeffet quâil sâagit de produire. La connaissance parfaite de la nature et des propriĂ©tĂ©s de ces agens et de ces substances est donc une des premiĂšres conditions Ă remplir par celui qui veut en faire usage. On regarderait » comme un ignorant, disait Home, en 17 56 1 , le mĂ©decin qui » ne connaĂźtrait pas la composition des remĂšdes quâil ordonnerait. » Pourquoi nâaurait-on pas la mĂȘme idĂ©e de lâindustriel qui em- » ploie des agens dont il ignore la nature ? » NĂ©anmoins, bien que le simple bon sens indique aux manufacturiers la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tudier avec soin les matiĂšres quâils mettent en Ćuvre, câest gĂ©nĂ©ralement sur ce point quâils ont le plus besoin dâĂȘtre Ă©clairĂ©s. Sâil est trĂšs-vrai que , depuis une trentaine dâannĂ©es , les sciences , en pĂ©nĂ©trant davantage dans les ateliers, aient communiquĂ© une heureuse et nouvelle direction aux diverses branches de lâindustrie, et affaibli considĂ©rablement lâempire que la routine exerçait sur les ouvriers, aussi bien que sur les maĂźtres, il faut reconnaĂźtre , toutefois , que nos fabriques , ou au moins le plus grand nombre dâentre elles, nâont pas profitĂ©, autant quâil Ă©tait permis de lâespĂ©rer, des enseignemens de la thĂ©orie. La cause en est dans le petit nombre dâindustriels vĂ©ritablement instruits , et capables de saisir la portĂ©e des conseils que les gens de science leur adressent si gĂ©nĂ©reusement. La plupart, en effet, de ceux qui se vouent Ă la pratique des arts chimiques, nâĂ©tudient nullement la science, qui seule peut leur faire entrevoir les amĂ©liorations utiles, et les mettre en garde contre les accidens qui, trop souvent, surviennent dans les opĂ©rations en grand. Câest un trĂšs-grand mal que ce dĂ©faut de connaissances chiâ Cliques chez des hommes appelĂ©s chaque jour Ă les appliquer ; car, ou ils consomment leur activitĂ© en tĂątonnemens stĂ©riles , en essais presque toujours ruineux , ou ils nâosent sortir du sentier tracĂ© par la routine, de crainte de sâĂ©garer, et, dĂšsâlors, il nây a Experiments on Bleaching, by Francis Home, l";>0 , j>. 9». â 232 â plus, pour eux, ni perfectionnemeus, ni progrĂšs possibles. Aussi, comme, en industrie aussi bien que dans les sciences, celui qui nâavance pas recule nĂ©cessairement, il rĂ©sulte que bientĂŽt ils restent au-dessous de leurs rivaux, qui les Ă©crasent en sâenrichissant. Ce qui manque surtout aux praticiens qui, comme les blanchisseurs , les teinturiers et les indienneurs, ont recours Ă lâemploi dâune foule dâingrĂ©diens de toute nature , câest, ainsi que nous le disions tout Ă lâheure, une connaissance exacte des matiĂšres premiĂšres avec lesquelles ils opĂšrent. Certes, nous ne craindrons pas dâĂȘtre dĂ©mentis en avançant quâil y en a bien peu qui puissent, Ă la premiĂšre vue, distinguer nettement les divers produits chimiques si nĂ©cessaires Ă leurs travaux ; et, Ă plus forte raison , sâapercevoir de leur bonne ou mauvaise qualitĂ© ; et cependant, nâest-ce pas un point capital pour eux de savoir constater lâidentitĂ© des mĂȘmes corps, qui, souvent, en raison de lĂ©gĂšres diffĂ©rences dans leurs caractĂšres extĂ©rieurs, portent des noms diffĂ©rens dans le commerce; apprĂ©cier leur valeur reelle, et dĂ©couvrir leurs altĂ©rations, soit quâelles viennent du hasard, soit quâelles rĂ©sultent de coupables pratiques ! Si, comme tout praticien le reconnaĂźt , la purete et la bonne prĂ©paration des drogues influent, dâune maniĂšre si prononcĂ©e, sur les rĂ©sultats quâelles doivent produire dans les opĂ©rations auxquelles on les applique, pourquoi ne pas sâattacher avec plus de soin Ă lâĂ©tude de ces matiĂšres, et ne pas chercher Ă possĂ©der les moyens simples et fidĂšles qui permettent de sâassurer de leur nature? Cependant, a chaque instant, lâindustriel, en employant des substances quâil a achetĂ©es de confiance, Ă©prouve des pertes de tems et dâargent souvent considĂ©rables. Comptant sur un effet dĂ©terminĂ© , il opĂšre ses mĂ©langes, manipule avec sĂ©curitĂ© ; et , lorsquâaprĂšs plusieurs jours de travaux dispendieux , il attend I e rĂ©sultat si dĂ©sirĂ©, il nâenregistre quâun insuccĂšs ! Parfois , 11 c soupçonnant pas la cause de ce revers, il recommence ses operations Ă diverses reprises, mais sans plus de bonheur, et ce n est â 233 â souvent que lorsquâil a Ă©puisĂ© toutes les ressources de son esprit pour dĂ©couvrir ce qui jette tant de perturbation dans ses essais, quâil porte son attention sur les ingrĂ©diens dont il sâest servi , et reconnaĂźt alors, non par loi-mĂȘme cependant, mais par lâentremise dâun chimiste, quâils Ă©taient de mauvaise qualitĂ© ou mĂ©langĂ©s de matiĂšres nuisibles. Le voilĂ donc instruit ; mais au prix de quels sacrifices !... Un examen de quelques minutes , Ă lâentrĂ©e des drogues dans ses magasins, lui eĂ»t pourtant Ă©vitĂ© tant de pertes et de dĂ©sagrĂ©mens ! ObligĂ© de sâen rapporter Ă la bonne foi de ses fournisseurs , le manufacturier, privĂ© des lumiĂšres de la chimie, est ainsi exposĂ© journellement Ă des mĂ©comptes, car il est bien peu de produits qui ne soient dĂ©naturĂ©s par lâaddition de matiĂšres Ă©trangĂšres de moindre valeur. Câest particuliĂšrement depuis lâĂ©poque du blocus continental, et le dĂ©veloppement considĂ©rable de nos arts chimiques , que lâart de falsifier a pris plus dâextension. â De tout tems, il est vrai, il a existĂ© des hommes dĂ©pourvus de tout sentiment gĂ©nĂ©reux, qui ont sacrifiĂ© Ă leurs intĂ©rĂȘts la fortune et mĂȘme jusquâĂ la vie de leurs semblables ; car , il est Ă observer que les drogues mĂ©dicinales, les matiĂšres alimentaires les plus communes ont Ă©tĂ© et sont encore lâobjet dâun honteux tripotage ; mais câest surtout de nos jours, et ce nâest pas sans douleur quâon est forcĂ© de reconnaĂźtre ce fait, peu honorable pour notre siĂšcle, que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variĂ©es. Une concurrence illimitĂ©e, en avilissant le prix des marchandises, a singuliĂšrement diminuĂ© les bĂ©nĂ©fices des nĂ©gocians; 1 exigence des consommateurs nâa fait quâaugmenter les embarras P de ces derniers ; et ceux dâentre eux qui nâavaient, pour rĂ©sister aux sĂ©ductions de lâor, aucuns principes solides de religion et de Morale, nâont pas hĂ©sitĂ© Ă faire usage de moyens coupables pour se crĂ©er des chances plus favorables de fortune, enhardis encore dans 'urs criminelles pratiques par lâespĂ©rance de lâimpunitĂ©, en empruntant aux connaissances chimiques des procĂ©dĂ©s plus sĂ»rs, des 234 â fraudes plus difficiles Ă dĂ©voiler que celles de leurs prĂ©dĂ©cesseurs. Mais si la science a fourni aux fripons des armes quâils ont tournĂ©es contre la sociĂ©tĂ© , elle a donnĂ© en mĂȘme tems de nouveaux moyens de dĂ©jouer manĆuvres , et ici, comme dans toutes les circonstances de la vie, le mal est contrebalancĂ© par le bien. En raison de lâhabiletĂ© que dĂ©ploient ceux qui, par des motifs dâun sordide intĂ©rĂȘt, dĂ©naturent, Ă dessein , les substances qui servent journellement aux travaux des ateliers, les procĂ©dĂ©s de vĂ©rification et les essais analytiques ont dĂ» recevoir plus de prĂ©cision ; mais , par cela mĂȘme, leur emploi nĂ©cessite plus dâinstruction chez ceux qui ont besoin dây recourir. Les caractĂšres fournis par les sens sont insuffisans, dans le plus grand nombre des cas, pour dĂ©celer la fraude. Comment, en effet, sans faire usage des procĂ©dĂ©s que la chimie enseigne, reconnaĂźtre que les oxides de manganĂšse en poudre contiennent souvent plus de moitiĂ© de leur poids de substances minĂ©rales Ă©trangĂšres ? Que les jus de citron sont renforcĂ©s avec des acides sulfurique, hydrochlorique, acĂ©tique ou tartrique ? Que les chromĂątes de potasse renferment plus ou moins de sulfate de potasse ou de chlorure de potassium ? Que les garances sont mĂ©langĂ©es de sable, de sciure de bois , de poudre dâacajou, dâĂ©corce de pin , etc. ? Que lâacide oxalique contient du sulfate de magnĂ©sie ? Que le sel dâoseille bi-oxalate de potasse est falsifiĂ© avec 1» crĂšme de tartre bi-tartrate de potasse ? Que lâacide citrique est mĂ©langĂ© dâacide tartrique ? Que , sous le nom de potasse d.'AmĂ©rique, on donne des mĂ©langĂ©s de sel de soude et sel marin, ou de soude de varech, color eS par le cuivre ? Que les fĂ©cules sont additionnĂ©es de plĂątre , de craie, ou d ai- gile blanche ? Que le rocou contient souvent plus dâun quart de son poids de brique pilĂ©e ? Que lâindigo , surtout celui qui est en pousse, est alongĂ© avec du sable , de la terre, de lâardoise pilĂ©e , et autres substances semblables ? Que les chromĂątes de plomb, en pĂąte et en pains , renferment ordinairement du sulfate de plomb, du sulfate de chaux , parfois meme de lâamidon ? Enfin, pour 11e pas trop Ă©tendre cette Ă©numĂ©ration de supercheries commerciales, que les cendres gravelĂ©es , qui, autrefois , constituaient lâalcali le plus pur, sont, aujourdâhui, le plus mauvais , par la grande quantitĂ© de sable et de brique meme quâon introduit dans les lies de vin avant leur calcination !... Ce nâest donc quâen empruntant Ă lâhistoire naturelle et Ă la chimie des indications prĂ©cises , que lâindustriel peut se mettre Ă lâabri de la cupiditĂ© des marchands qui spĂ©culent sur son ignorance , et Ă©viter ainsi de contracter des marchĂ©s ruineux, qui, plus tard, lâentraĂźnent encore dans des procĂšs interminables , dont lâissue ne lui est pas toujours favorable bien que le bon droit soit de son cĂŽtĂ©. Le commerce a, en effet, des rĂšgles , des usages qui sont gĂ©nĂ©ralement Ă lâavantage du nĂ©gociant, et dont celui-ci sait merveilleusement se servir au dĂ©triment du consommateur, qui, la plupart du tems , les ignore. Que de procĂšs 11âavons-nous pas v us perdus devant les tribunaux de commerce, par des fabricans qui avaient Ă©tĂ© indignement trompĂ©s sur la qualitĂ© des drogues quâils avaient acceptĂ©es de confiance, par la seule raison quâils avaient reçu livraison conforme aux Ă©chantillons , sans elever de re clamations dans le tems prescrit par les lois qui rĂ©gissent la matiĂšre ! Que dâautres ont eu le mĂȘme sort, parce que les drogues, quoique reconnues de mauvaise qualitĂ©, ne pouvaient ĂȘtre rĂ©putĂ©es falsifiĂ©es Ă dessein ! Beaucoup de produits , par suite dâun vice de fabrication , ont souvent, en effet, une valeur trĂšs-mĂ©diocre, sans quâon puisse â 236 â constater quâil y ait eu falsification, câest-Ă -dire addition de matiĂšres Ă©trangĂšres. Ainsi, les alcalis, les acides, le chlorure de chaux, la garance, lâindigo, etc., nâont pas toujours la mĂȘme richesse rĂ©elle, et, par consĂ©quent, la mĂȘme valeur vĂ©nale, sans quâils aient passĂ©, pour cela, dans les mains des fraudeurs. Le marchand les livre de bonne foi, rassurĂ© par le nom de celui qui les a fabriquĂ©s ; le teinturier ou le blanchisseur les achĂšte Ă©galement avec sĂ©curitĂ© ; mais bientĂŽt celui-ci reconnaĂźt , Ă lâemploi , leur infĂ©rioritĂ©. Il nâest plus tems alors dâĂ©lever des plaintes les marchĂ©s ont Ă©tĂ© consommĂ©s ; tout sâest passĂ© dans les rĂšgles ; il nây a pas sophistication ; tout recours est dĂ©sormais impossible ; il faut que lâacheteur subisse la peine de son inexpĂ©rience. Câest alors quâil reconnaĂźt lâimportance de ces Ă©tudes quâil a nĂ©gligĂ©es ; quâil Ă©prouve le besoin dâapprendre ces moyens dâessai que les chimistes ont créés, et dont ils font usage dans les expertises auxquelles ils sont si souvent appelĂ©s. Il se promet de demander aux livres, aux cours publics, les connaissances qui lui manquent ; mais, entraĂźnĂ© par les soins de son Ă©tablissement, absorbĂ© par les affaires commerciales, il ne peut rĂ©aliser ses dĂ©sirs , et il continue ses operations au milieu des craintes continuelles que lui inspire la mauvaise foi dont il a Ă©tĂ© si souvent la victime !... Il nâen serait pas ainsi cependant, si, mieux dirigĂ© au dĂ©but de sa carriĂšre, il avait frĂ©quentĂ© les laboratoires de chimie , consacre quelques annĂ©es Ă lâĂ©tude dâune science qui ne plaĂźt pas moins Ă lâesprit, par ses nombreuses applications, que par l'exact'' lude quâelle introduit dans lâexĂ©cution des procĂ©dĂ©s quâelle Ă©claire, ou dont elle suggĂšre lâidĂ©e. Quelle diffĂ©rence nâexisteâtâil pas , en effet , entre un jeune homme qui entre dans un atelier , muni de toutes les ressources de la chimie, et celui qui nâen possĂšde aucune notion ! Le premier saisit, en un instant, tous les dĂ©tails des opĂ©rations, q ue ^ second peut Ă peine entrevoir en plusieurs mois ; lâun , sâappuya" â 237 tics donnĂ©es de la thĂ©orie , rectifie , amĂ©liore ce qui lui parait vicieux , mĂ©dite sans cesse sur ces opĂ©rations, quâil avait si habilement saisies, les rend plus Ă©conomiques et moins compliquĂ©es ; il imprime enfin une heureuse direction Ă tous les travaux , et Ă©vite ces essais longs et dispendieux que nĂ©cessite la dĂ©couverte de nouveaux procĂ©dĂ©s commandĂ©s par de nouveaux besoins ; lâautre, au contraire, obligĂ© de se renfermer toujours dans le cercle tracĂ© autour de lui par la routine , et semblable Ă un aveugle qui , connaissant bien un chemin , le parcourt avec lâassurance dâun homme clairvoyant, sans pouvoir cependant Ă©viter les obstacles fortuits , et abrĂ©ger sa roule, ne parvient Ă donner de lâaccroissement Ă la fabrication quâil conduit, quâĂ la suite de tĂąton- nemens continuels et dâune dĂ©courageante alternative de succĂšs et de revers. Mais, diraâtâon , les connaissances chimiques que vous prĂ©conisez tant, ne sont pas cependant dâune nĂ©cessitĂ© si absolue, pour diriger habilement une blanchisserie, une teinturerie, une fabrique dâindiennes , puisque nous voyons de nombreux Ă©tablissemens de ce genre sâĂ©lever de tous cĂŽtĂ©s et prospĂ©rer, bien que leurs chefs nâaicnl jamais travaillĂ© dans un laboratoire de chimie , ou suivi les cours, mĂȘme en qualitĂ© de simples curieux. Il est bon de rappeler Ă ceux, trop nombreux encore, qui elĂšvent de pareilles objections, et sâappuient sur ces idĂ©es pour lle g'liger de donner Ă leurs enfans une instruction solide, que les 'adustriels qui ont changĂ© la marche de nos ateliers, dĂ©terminĂ© la dĂ©volution qui sâest opĂ©rĂ©e depuis une vingtaine dâannĂ©es dans nos dablissemens, et portĂ© Ă un si haut degrĂ© de perfection certaines lâdanches dâindustrie , que ces industriels, disons-nous, Ă©taient t°us des chimistesâpraticiens forts distinguĂ©s. Certes, on ne contestera pas les immenses services rendus par Home, Berthollet, Captai, Tennant, BĂ©rard , Haussman , Hermbstaedt, Roard , ancroff, Oberkampf, Widmer, Welter, Dinglcr, Descroizilles, benjamin Pavie, Vitalis , De LabillardiĂšre , Esslinger, et tant â 238 â dâautres, quâil serait trop long de citer. Quâon regarde par qui sont dirigĂ©es les fabriques actuelles les plus renommĂ©es par la supĂ©rioritĂ© de leurs produits, ne reconnaĂźtra-t-on pas, dans leurs chefs ou dans leurs employĂ©s secondaires, des hommes trĂšs-versĂ©s dans les sciences exactes? Qui a portĂ© si haut le renom de la fabrique de Jouy ? Qui niera la science de lâanglais Thomson, de Manchester, qui possĂšde un des plus beaux Ă©tablissemens de la Grande-Bretagne ? Qui contestera aux indienneurs et teinturiers de lâAlsace, de profondes connaissances chimiques, eux qui ont fondĂ©, dans ces derniĂšres annĂ©es , une sociĂ©tĂ© scientifique dont les publications sont si remarquables sous le double rapport de la thĂ©orie et de la pratique ?... Non, il nây a que lâignorance ou la mauvaise foi qui puisse encore soutenir cette thĂšse que , sans chimie, on peut produire avec autant dâĂ©conomie, de cĂ©lĂ©ritĂ© et de perfection. Le blanchiment , la teinture, et lâart de peindre les toiles , ne sont que des applications de la chimie. Il est de toute Ă©vidence que, pour les exercer avec succĂšs, il faut possĂ©der les principes dont ces applications ne sont que la consĂ©quence ; et que , plus on aura de connaissances dans la science qui les a produites, plus on aura de chances de lâemporter sur ses rivaux. Sâil Ă©tait nĂ©cessaire de soutenir ces propositions par de nouveaux argumens, nous nâaurions quâĂ consulter lâhistoire des arts dont il vient dâĂȘtre question. Nous verrions que , dâabord rĂ©duits Ă un petit nombre de pratiques grossiĂšres, exĂ©cutĂ©es par des main* inhabiles, ils nâont commencĂ© Ă recevoir de dĂ©veloppemens im" portans que chimie est venue leur prĂȘter le secours de son flambeau, et que leurs progrĂšs ont Ă©tĂ© continuellement sub' ordonnĂ©s Ă ceux de cette branche importante des connaissance 9 humaines. Quâon observe , en effet, la lenteur avec laquelle ces arts, aujourdâhui soumis Ă des rĂšgles certaines, ont marchĂ©, tan* que la science nâa Ă©tĂ© guidĂ©e que par un empirisme aveugle- Q ue de teins nâa-t-il pas fallu pour arriver Ă lâapplication des lessives dans le blanchiment des tissus, pour la fixation des couleurs au moyen dâagens convenables ! Mais , aprĂšs des siĂšcles passĂ©s Ă construire lâĂ©difice de la chimie, une Ăšre nouvelle sâouvre pour elle. Des hommes de gĂ©nie, renonçant aux discussions scholastiques , pour se livrer exclusivement Ă lâobservation , rĂ©unissent en corps de doctrine les faits nombreux recueillis par eux et leurs devanciers. Dans la direction quâils impriment Ă lâesprit humain , les decouvertes se succĂšdent sans interruption ; des principes fĂ©conds en jaillissent, et, dĂšs ce moment, la pratique des arts sâamĂ©liore, le progrĂšs sâintroduit dans les ateliers, oĂč le hasard Ă©tait, jusquâalors, la cause unique des perfectionnemens ; des merveilles , enfin , sâaccomplissent, sans que leur succession paraisse devoir se ralentir jamais. Il fallait des annĂ©es pour modifier un procĂ©dĂ© ; il ne faut plus que quelques jours pour changer complĂštement un genre tout entier de fabrication. Des mois sâĂ©coulaient avant quâune piĂšce dâĂ©tolfe pĂ»t acquĂ©rir un certain degrĂ© de blancheur ; en peu dâheures, aujourdâhui, on lui fait subir toutes les opĂ©rations necessaires pour donner Ă ses fils un degrĂ© de blanc jusquâalors inconnu. Quelques semaines suffisaient Ă peine, il y a encore peu dâannĂ©es , pour revĂȘtir le coton de diverses couleurs disposĂ©es symĂ©triquement; maintenant, lâimprimeur, sâappuyant sur des Principes rigoureux, demande tout au plus la durĂ©e dâun jour pour varier Ă lâinfini les nuances de ses tissus , et les dĂ©corer de dessins aussi dĂ©licats quâĂ©clatans ; il les dĂ©truit Ă volontĂ© , sur les hssus mĂȘme, et les remplace par dâautres, avec autant de facilite tpiâon pourrait le faire dans des expĂ©riences de laboratoire. Reconnaissons-le donc ; si lâindustrie a fait, dans ces derniers teins surtout, des pas aussi grands dans la voie des progrĂšs, c est Ă la chimie , dont le goĂ»t devient plus vif chaque jour, dans toutes les classes de la sociĂ©tĂ© , quâil faut en imputer la part la plus glorieuse. Mais il est encore, il faut en convenir, bien des perfectionne- 240 â mens Ă apporter aux opĂ©rations de nos ateliers, bien des dĂ©couvertes Ă faire, bien des essais Ă entreprendre , pour surmonter les difficultĂ©s qui surgissent Ă chaque instant dans lâapplication de toutes les idĂ©es thĂ©oriques que cette science fait naĂźtre. Le champ de lâinconnu est plus vaste que celui du connu. Câest une vĂ©ritĂ© qui, loin dâaffaiblir le courage de ceux qui cultivent les sciences et les arts, doit exciter chez eux de nouveaux efforts. Il faut quâils multiplient les expĂ©riences, quâils recueillent avec soin les rĂ©sultats quâelles fournissent, quâils les comparent avec ceux obtenus par des procĂ©dĂ©s diffĂ©rens, et quâils soient assez sages pour ne tirer, de toutes les observations, dâautres consĂ©quences que celles qui paraissent dâaccord avec lâĂ©vidence et la raison. Cette marche lente, mais sĂ»re, les conduira Ă soulever, de plus en plus , le voile immense sous lequel la nature aime Ă cacher ses secrets. Nous qui, par notre position , avons, pour ainsi dire, mission dâĂ©clairer la route quâil sâagit de frayer pour arriver Ă de nouvelles conquĂȘtes ; qui, sentinelle avancĂ©e, devons signaler les Ă©cueils, indiquer les obstacles Ă renverser, et faire rentrer dans la bonne voie ceux qui paraissent sâen Ă©carter, nous pensons quâune des causes qui retardent le plus le dĂ©veloppement de notre industrie rouennaise, source principale de la prospĂ©ritĂ© et de la richesse du pays, câest lâignorance des praticiens Ă lâĂ©gard des nombreuses matiĂšres qui servent journellement Ă leurs travaux. Pour contribuer, autant quâil est en notre pouvoir, Ă faire cesseĂŻ un Ă©tat de choses si fĂącheux, nous avons cru quâil ne suffisait pas dâappeler leur attention sur ce point, mais quâil fallait leur procurer tous les renseignemens qui leur manquent, et, dans de 5 leçons publiques , leur prĂ©senter lâhistoire complĂšte de chaque substance , en lâenvisageant tout Ă la fois comme naturaliste . chimiste et commerçant. Nous aurons donc, dans le cours que nous ouvrons aujourdâhui , non seulement Ă considĂ©rer les matiĂšres premiĂšres et le produits secondaires sur lesquels les fabricans exercent leur industrie, mais encore Ă dĂ©crire les procĂ©dĂ©s au moyen descjuels on les rend propres aux usages variĂ©s auxquels ils sont destinĂ©s. Ces matiĂšres sont de trois sortes les agens chimiques, les madĂšres tinctoriales et les tissus. I. Les agens chimiques sont les substances Ă lâaide desquelles on produit des rĂ©actions dĂ©terminĂ©es, soit sur les tissus, dans lâintention de les blanchir ou de les disposer aux diverses opĂ©rations de la teinture; soit sur les matiĂšres tinctoriales, afin dâen isoler les parties colorantes, ou de modifier celles-ci ; soit enfin sur les tissus teints, afin de produire des changemens particuliers dan s leur nuance uniforme , et de crĂ©er alors des dessins de teintes variables. Ces agens chimiques sont, tantĂŽt des corps simples, des acides, des alcalis, des sels, tantĂŽt des matiĂšres provenant des vĂ©gĂ©taux ou des animaux, comme les gommes, les fĂ©cules, lâalcool, les huiles, lâurine, la bouse de vache , etc. La connaissance de leurs propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques, de leur composition , est indispensable pour quâon puisse bien comprendre la maniĂšre dont ils rĂ©agissent sur les couleurs et les tissus, et prĂ©voir la sĂ©rie des phĂ©nomĂšnes quâils font naĂźtre dans leur contact mutuel. Sans de pareilles notions, lâindustriel se verrait, Ă chaque distant, arrĂȘtĂ© dans ses opĂ©rations. Incertain du vĂ©ritable rĂŽle de ces agens , qui varie suivant les circonstances dans lesquelles °n les emploie, suivant aussi les matiĂšres avec lesquelles on les ^ĂȘle, il ne saurait, sans de longs et ennuyeux tĂątonnemens^ choisir ceux qui offrent le plus dâavantages, tant sous le rapport de lâĂ©conomie, que sous celui de la perfection, ni les doser convenablement. Et si, dans leur emploi, il survenait quelques uns de ces accidens inopinĂ©s, si frĂ©quens dans la pratique, ces notions u i fourniraient encore les moyens de les faire cesser, dâen prĂ©venir le retour, en lui apprenant les causes du mal. Il ne sera pas sans utilitĂ© de citer un fait entre mille, Ă lâappui 16 â 242 â le ces assertions. Nous lâemprunterons Ă lâhistoire de lâindienne et de la teinture. Haussman , Ă rjui ces arts sont redevables de si notables perfec- tionnemens, avait, en 1773, Ă Rouen, dans le faubourg Saint- Hilaire et sur la petite riviĂšre de Robec , un Ă©tablissement oĂč il prĂ©parait de trĂšs-beaux rouges dâAndrinople , et confectionnait des indiennes, dont les couleurs vives et brillantes rivalisaient avec celles de Schule, dâAugsbourg, dont les produits en ce genre Ă©taient les plus renommĂ©s Ă cette Ă©poque. Ayant, quelques annĂ©es aprĂšs, transportĂ© son industrie au Logelbach, prĂšs de Colmar, il Ă©prouva les plus grandes difficultĂ©s pour teindre les mĂȘmes rouges, quoiquâil employĂąt toujours les mĂȘmes mordans. PossĂ©dant de profondes connaissances chimiques, Haussman ne tarda pas Ă trouver la cause de celte singularitĂ©. Il reconnut que la nature des eaux du Logelbach diffĂšre beaucoup de celle des eaux de Rouen, en ce que ces derniĂšres contiennent en dissolution du carbonate de chaux, dont les premiĂšres sont dĂ©pourvues. Partant de cetle idĂ©e, que la garance renferme un acide particulier qui sâoppose Ă la fixation intime de ses parties colorantes sur les tissus chargĂ©s dâalumine et d'oxide de 1er, il pensa que le carbonate de chaux des eaux de Rouen a pour effet utile de saturer cet acide , sans nuire Ă la matiĂšre colorante de la racine, et, par une consĂ©quence toute naturelle, il songea Ă restituer aux eaux du Logelbach le sel qui leur manque, en introduisant dans les chaudiĂšres de teinture une certaine proportion de craie. Le succĂšs confirma ces prĂ©visions thĂ©oriques, et, dĂšs-lors, il obtint des couleurs garan- cĂ©es aussi belles et aussi solides que celles quâil avait prĂ©parĂ©es a Rouen. Cette particularitĂ© fut bientĂŽt connue des autres indien- ncurs, qui profitĂšrent de la dĂ©couverte de Haussman , et lâaddition de craie aux bains de teinture a Ă©tĂ© continuĂ©e tant quâon a fait usage des garances de lâAlsace 1 . * Lettre de J. *31. tlauasmair Ă Bcrtliollet, 23 juin 1701. Attestes de chi& lC > '243 â Que fut-il arrivĂ©, cependant, si Ilaussman , dĂ©pourvu dâinstruction chimique, nâeut pu dĂ©couvrir la vĂ©ritable cause de la mauvaise rĂ©ussite de ses opĂ©rations au Logclbach ? Lne branche importante dâindustrie eĂ»t Ă©tĂ© sans doute perdue pour les fabriques de lâAlsace, ou au moins eut Ă©tĂ© pour long-tems arrĂȘtĂ©e dans sou dĂ©veloppement. Nous pourrions multiplier les citations de ce genre ; mais ce qui prĂ©cĂšde suffira, je pense, pour corroborer les propositions qui ont Ă©tĂ© Ă©mises antĂ©rieurement sur la nĂ©cessitĂ© de connaĂźtre exactement la nature et les propriĂ©tĂ©s des agens auxquels on a recours pour les travaux du blanchiment, de la teinture et de lâindienne. II. Les matiĂšres tinctoriales sont les substances qui renferment; les principes colorans quâon fixe sur les tissus. Les unes, en polit nombre, appartiennent au rĂšgne minĂ©ral; les autres sont des organes de vĂ©gĂ©taux, ou des parties qui en proviennent ; quelques unes sont fournies par le rĂšgne animal. Les principes colorans, renfermĂ©s dans ces substances organiques, y sont presque toujours accompagnĂ©s dâautres matĂ©riaux immĂ©diats, qui rendent leur extraction plus ou moins difficile. Ce nâest que par une suite dâopĂ©rations, souvent assez compliquĂ©es, quâon parvient Ă les obtenir dans leur Ă©tat de puretĂ©. Lâeau pure ou additionnĂ©e dâacide °u dâalcali, lâalcool, plus rarement lâhuile, sont les'dissolvans dont on fait usage dans ce but. TJne fois isolĂ©s des organes ou des matiĂšres qui les renfermaient, res principes peuvent servir Ă la coloration des tissus, soit par teinture, soit par application. Ces deux mĂ©thodes constituent deux arts distincts, qui sâexercent dans des ateliers differens. Par la premiĂšre, la masse entiĂšre de lâĂ©toffe est coloree dâune teinte uniforme , par les principes colorans que 1 on a dissous PrĂ©alablement dans un vĂ©hicule approprie, au moyen de procĂ©dĂ©s convenables , et que lâon fixe, si cela est necessaire , dâune â 244 â maniĂšre permanente, sur les fibres du tissu, Ă lâaide dâagensparticuliers qui prennent le nom de mordans. Par la seconde mĂ©thode, on prĂ©parĂ© les Ă©toffes par des applications de mordans appropriĂ©s , sur des points dĂ©terminĂ©s de la surface, et sur les mĂȘmes points , on porte les couleurs convenablement Ă©paissies , qui sây fixent ; ou bien on empĂȘche ces couleurs de se fixer sur certaines parties du tissu, au moyen de substances qui les repoussent, et que, pour cette raison , on dĂ©sigue sous le nom de rĂ©serves ; ou, enfin, aprĂšs avoir teint une Ă©toffe dâune nuance uniforme, on dĂ©truit la couleur, sur des points dĂ©terminĂ©s, par le secours dâagens chimiques qui sont, en raison de leur action spĂ©ciale , appelĂ©s rongeans. III. Les tissus que le teinturier et lâindienneur recouvrent de si brillans ornemens, sont ces fibres textiles que lâesprit inventif de lâhomme a su extraire du fruit du cotonnier, des tiges flexibles du chanvre et du lin , de la toison des animaux, de la coque du ver Ă soie, et quâil est ensuite parvenu Ă rĂ©unir les unes aux autres par des moyens mĂ©caniques assez simples, de maniĂšre Ă en faire des fils dâune longueur indĂ©finie, et, par suite, des toiles de toutes dimensions. Mais, dans lâĂ©tat oĂč ces fibres sont dâabord obtenues , elles se trouvent naturellement imprĂ©gnĂ©es ou recouvertes de matiĂšres qui sont absolument Ă©trangĂšres Ă leur contexture fibreuse, et qui nuisent aux qualitĂ©s prĂ©cieuses qui en font rechercher lâemploi. Câest ainsi, par exemple, que le coton qui, dans son Ă©tat de puretĂ© absolu, est parfaitement blanc , est enduit, dans son Ă©tat brut, dâune matiĂšre resinoĂŻde qui empĂȘche son imbibition , et dâune matiĂšre colorante jaune ; que la filasse du lin et du chanvre, Ă©galement blanche aprĂšs sa purification, est unie sur la plante mĂȘme Ă une rĂ©sine, Ă une gomme et Ă une substance colorante verte, matiĂšre qui nesont dĂ©truites quâen partie par le rouissage > â 245 â et qui donnent aux tissus tette teinte quelquefois grise, dâautres fois rougeĂątre, qui les colore. La laine, telle quâon lâobtient par la tonte des animaux , est souillĂ©e dâordures et pourvue dâun enduit particulier de nature grasse , onctueuse, trĂšs-odorant, quâon appelle suint. La soie brute, câest-Ă -dire telle quâelle est aprĂšs que le liquide visqueux excrĂ©tĂ© du bombix du mĂ»rier sâest solidifiĂ© dans lâair, est recouverte dâune matiĂšre Ă laquelle elle doit sa raideur, son Ă©lasticitĂ© et sa couleur. Cet enduit, appelĂ© si improprement gomme ou 'vernis, consiste en un principe azotĂ©, soluble dans lâeau, qui fait le quart du poids de la soie Ă©crue, et en quelques autres matiĂšres huileuse, grasse et colorante , dont la proportion est dâailleurs trĂšs-faible. Ces diffĂ©rentes substances, qui imprĂšgnent ainsi les filainens du coton, du lin , du chanvre , de la laine et de la soie, altĂšrent singuliĂšrement leur souplesse, sans rien ajouter Ă leur force ; elles masquent leur blancheur, et les rendent impropres aux diverses opĂ©rations de la teinture ou de lâapplication des couleurs, en sâinterposant entre les principes colorans et les fibres, qui alors ne peuvent contracter cette union intime, si nĂ©cessaire pour que les tissus teints rĂ©sistent Ă lâaction destructive des agens extĂ©rieurs. Et si lâon ajoute Ă ces substances Ă©trangĂšres naturelles celles quâon y a introduites Ă dessein , soit pour les filer, soit pour les tisser, ou, enfin, celles qui sây sont accidentellement fixĂ©es, telles que graisse ou huile, colle des tisserands, crasse des mains, savon calcaire, oxides mĂ©talliques, matiĂšres terreuses, on sentira toute lâimportance des diverses opĂ©rations dont lâensemble porte le nom de blanchiment, et qui varient nĂ©cessairement avec la nature du hssu quâon y soumet. Les tissus ne diffĂšrent pas moins les uns des autres, par leur constitution chimique et leurs propriĂ©tĂ©s physiques, que par la ManiĂšre dont ils se comportent avec les matiĂšres colorantes. Ainsi -, tandis que la laine et la soie manifestent une assez grande affinitĂ© 2 4 & â pour ccs matiĂšres, le coton, et surtout le chanvre et Ăźe lin, ne montrent que trĂšs-peu de tendance Ă sây unir. Quelques uns , en effet, des principes colorons qui teignent solidement les deux premiers tissus, sans aucun apprĂȘt particulier, tachent Ă peine les Ids des trois derniers. Les manipulations que lâon doit faire subir aux uns et aux autres, pour les charger de couleurs solides, les agens chimiques quâil faut employer pour dĂ©terminer leur union avec les matiĂšres colorantes, varient donc encore pour chaque espĂšce de tissu. Ces considĂ©rations dĂ©montrent suffisamment, je pense , la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tudier avec autant de soin les tissus, que les agens chimiques et les matiĂšres tinctoriales dont nous avons parlĂ© prĂ©cĂ©demment. Les objets qui doivent composer le cours dâapplication de cette annĂ©e sont donc nombreux et de la plus haute importance pour vous , Messieurs, qui, placĂ©s au milieu de 1 industrie la plus active , devez un jour y prendre part et lâeclairer par vos dĂ©couvertes . Afin de rendre plus profitables les notions que nous croirons devoir donner sur chaque matiĂšre en particulier, nous avons formĂ©, dans notre Ă©eole, une collection dâĂ©chantillons prĂ©levĂ©s sur toutes les marchandises qui arrivent sur la place de Rouen, et que nous avons Ă©tiquetĂ©es des noms en usage dans le commerce. Cette collection, pie nous mettrons tous nos soins Ă complĂ©ter, sera, pour ainsi dire, le noyau dâun MusĂ©e industriel, dont la crĂ©ation nous prĂ©occupait depuis long-tems , et qui se formera bientĂŽt, nous lâesperons, sous les auspices dâune sociĂ©tĂ© dont 1 e but est lâavancement de lâindustrie rouennaise la SociĂ©tĂ© M> re dâEmulation de Rouen Dans nos leçons, que nous rendrons aussi Ă©lĂ©mentaires q llC possible , pour que le plus grand nombre en profite, nous serons sobres dâĂ©rudition, et nous sacrifierons souvent les brilla' 1105 conceptions de la science aux dĂ©tails de la pratique. Nous insude- â 247 â rons sur les caractĂšres distinctifs de chaque substance , sur les procĂ©dĂ©s Ă suivre pour constater sa bonne qualitĂ©, et afin de mieux graver dans vos esprits les signes auxquels on peut reconnaĂźtre cette derniĂšre, lorsquâil sâagit surtout d'une matiĂšre vĂ©gĂ©tale ou animale , nous prĂ©senterons comme terme de comparaison un Ă©chantillon de qualitĂ© infĂ©rieure, en faisant ressortir les inconvĂ©- niens quâil y aurait Ă en faire usage. Lâordre que nous suivrons est extrĂȘmement simple. On en jugera par le tableau suivant, dont lâinspection nous dispensera de tout dĂ©veloppement. Etude des substances employĂ©es dans les ateliers de blanchiment, de teinture et d'impression , envisagĂ©es sous le triple rapport dt la chimie, de Vhistoire naturelle et du commerce. I er . SUBSTANCES TIREES DU REGNE INORGANIQUE. Eau. Corps simples non mĂ©talliques. Soufre. Chlore. Iode. Alcalis. Potasse. â Soude. Chaux. â Aunnomatjue. carbonates. Essais alcalimctriques. Lessives. Acides. Sulfurique. â Sulfureux. x Hydrochlorique. â Nitrique, Eau rĂ©gale. Essais acidimĂ©triqucs. Chlorures dâoxides. De chaux. â De jiolassc. De somle. â De magn&ie. Clilorometric. â 2U â MĂ©taux et leurs composĂ©s. A. Sels terreux et alcalins. Nitrate, chromĂątes , arsĂ©niales , oxalale , tar- trate, ferrocyanate , etc., de potasse. Sel marin, borax, nitrate de soude. Sel ammoniac, carbonate d'ammoniaque. Aluns, acĂ©tate, nitrate, hydrochorate d'alumine. B. Oxides de manganĂšse. Leurs essais. Hydrochlorate, sulfate de manganĂšse. C. Fer. Sulfates couperoses, nitrates, acĂ©tates, bleu de Prusse. D. Zinc. Sulfate, nitrate, hydrochloralc. E. Ătain. Chlorures, sulfates. F. Arsenic. Acide arsĂ©nieux, sulfures. G. Cuivre. Sulfates, acĂ©tates, nitrate, arsĂ©nUe. H. Plomb. Oxides, nitrate, acĂ©tates, chromĂątes. I. Mercure. Nitrates, chlorures, iodurcs. J. Azur. Bleu-Guimet. Terre de pipe. 2. SUBSTANCES TIREES ©U REGNE ORGANIQUE. A. Agens chimiques. Acides acĂ©tique, oxalique , tarlrique, citrique. Jus de citron. Gommes. â FĂ©cules. Alcool. â Huiles et graisses. Savons. â GĂ©latine. Urine. >â Bouse de vache. â Fiel de boeuf. Son. Suie. B. MatiĂšres tinctoriales. Fournissant des couleurs bleues Tournesol. â Indigos. â Pastel. _YouĂšdc. â 249 â Fournissant des couleurs rouges Garances. Ratanhia. â Orcanettc. Bols de BrĂ©sil. â CampĂšche. Santal. â Safranum. Laque. â Lac-dye. â Lac-lake. OrseĂźlle. â Cochenille. â. KermĂšs. Fournissant des couleurs jaunes Curcuma. â Fustet. Quercitron. â Bois jaune, Gaude. â Sarrctte. â GenĂȘt. Camomille. â Rocou. â Fenugrcc. Graines de Perse et dâAvignon. Fournissant des couleurs brunes ou noires Noix de galle.â Sumacs. Brou de noix. â Bablah. Cachou. â Ecorce dâaunc. C. Substances composant les fils et tissus Coton. Lin. Chanvre. Laine. Soie. RAPPORT â SUR UN CAFĂ AVARIĂ PAR LâEAU DE MER, ET LIVRĂ A LA CONSOMMATION, ADRESSĂ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROI'EN , LE i J AOUT lSVi Le 7 aoĂ»t, AI. Henry Barbet, maire de Rouen , mâadressa la lettre suivante Monsieur, >âą Jâai lâhonneur de vous adresser un Ă©chantillon de cale que » je vous prie de vouloir bien analyser. On suppose que ce cafĂ©, avariĂ© dans le fond dâun batiment doublĂ© en cuivre , est » imprĂ©gnĂ© de vert-de-gris, et pourrait ĂȘtre funeste aux pcr- » sonnes qui en feraient usage. Je vous serai infiniment obligĂ© » de me faire connaĂźtre , le plus tĂŽt possible , le rĂ©sultat de votre » analyse, afin quâon prenne les mesures convenables pour » empĂȘcher la vente de cette denrĂ©e. » AgrĂ©ez, je vous prie, Monsieur, lâassurance de ma consi" » dĂ©ration trĂšs-distinguee. » Le maire de Rouen, ». Hy BARBET. »> 1 InsĂ©rĂ© dans la calnrr de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d'Ărnulatio» âą r*» 11 » 1 83 J , p. l 7 1 , cl dans les Annales dâJ/rgiĂšnc publique et de mĂ©decine lĂ©gale 1 1 ' 11 J 1 ' * * ' annĂ©e 1S31. Ă â 251 â Voici le rapport que je lis parvenir, quelques jours aprĂšs, a cet honnorakle magistrat Monsieur le Maire , Par une lettre en date du 7 aoĂ»t, vous mâavez chargĂ© dâexaminer un Ă©chantillon de cafĂ© avariĂ©, quâon suppose ĂȘtre imprĂ©gnĂ© de vert-de-gris , par son sĂ©jour dans le fond dâun batiment doublĂ© en cuivre. Un Ă©chantillon de pareil cafĂ© mâavait ete remis quelques jours avant la rĂ©ception de votre lettre, parM. le docteur Avenel, secrĂ©taire du Conseil de SalubritĂ©, et jâen avais dĂ©jĂ commencĂ© lâexamen. Je vais avoir lâhonneur de vous communiquer les rĂ©sultats des recherches que jâavais entreprises dans lâintention de vous en faire part. Le cafĂ© dont il est ici question est en grains de grosseur variable, parmi lesquels il sâen trouve beaucoup qui son aplatis ou Ă moitiĂ© dĂ©chirĂ©s. Ces grains offrent Ă lâextĂ©rieur une couleur dâun brun noirĂątre, et Ă lâintĂ©rieur une couleur verdĂątre. Ils exhalent une odeur de moisi ; leur saveur est comme savonneuse et ne rappelle que trĂšs-difficilement celle du bon cafĂ©. GrillĂ© Ă la maniĂšre ordinaire, il ne rĂ©pand point cette odeur balsamique connue de tout le monde, et qui est propre au cafĂ© bien conservĂ©. Ses grains, loin de devenir huileux et brillans par la torrĂ©faction, restent secs et ternes ; refroidis, leur odeur s e rapproche beaucoup Ăźle celle du jus de rĂ©glisse, dont ils ont dâailleurs la couleur. Non grillĂ©, il communique Ă lâeau bouillante une teinte brunĂątre. La dĂ©coction, qui est trĂšs-louche et qui fdtre difficilement, n âa point de saveur amĂšre, ni dâodeur sensible quand on en l-dsse un peu dans la bouche pendant quelques instans, il semble *[u on goĂ»te une lĂ©gĂšre dissolution de savon. La couleur de cette dĂ©coction 11e change pas au bout de quelques jours. kc bon cafĂ©, au contraire, donne une dĂ©coction dâun beau â 252 jaune dorĂ©, possĂ©dant une saveur faiblement amĂšre et herbacĂ©e , et une odeur lĂ©gĂšrement aromatique. Au bout de douze heures, la couleur de celte dĂ©coction devient verte et reste parfaitement claire. Le cafĂ© avariĂ©, grillĂ© convenablement et mis Ă infuser, colore lâeau en brun clair. Cette liqueur nâa ni le parfum, ni la saveur du bon cafĂ© quâon sert sur nos tables. Câest Ă peine si lâon peut y retrouver quelque chose qui rappelle le goĂ»t de ce breuvage si estimĂ©. La dĂ©coction de ce cale a cte soumise, comparativement avec celle du cafĂ© vert de la Martinique, Ă lâaction dâun assez grand nombre de rĂ©actifs. Je ne mentionnerai ici que les rĂ©actifs qui ont produit des rĂ©sultats tranchĂ©s. Jâobserverai que câest avec le cafĂ© non grillĂ© que jâai expĂ©rimentĂ©. Action de quelques rĂ©actifs sur les dĂ©coctions Du cafĂ© Martinique * Du cafĂ© avariĂ©. Potasse caustique. La liqueur prend une couleur orange ou de gomme gutte , puisse trouble sensiblement. La liqueur nâĂ©prouve pas de changement sensible ; elle prĂ©cipite seulement, Ă la longue, quelques lĂ©gers flocons. Eau de chaux. Elle prend une couleur jaune intense. Rien. AcĂ©tate de plomb. w PrĂ©cipitĂ© floconneux, abondant, dâun beau jaune. PrĂ©cipitĂ© floconneux, abofl" dant, dâun blanc grisĂątre* Sulfate de protoxide de fer. La liqueur prend une couleur verte trĂšs -intense, mais ne se trouble pas. Trouble dâun brun verdĂątre» un peu opalescent. Perchlorure de fer. Elle prend une couleur dâun vert foncĂ© tirant sur Je noir et qui se fonce de plus en plus, PrĂ©cipitĂ© floconneux, bru-* nĂątre f qui ne tarde p as a sc rassembler au tond de la liqueur dĂ©colorĂ©e. â 253 â Sulfate de cuivre . Protochlorure dâĂ©tain. Protonitrate de mercure . GĂ©latine. Nitrate d'argent. Chlorure de barium. Acide oxalique. HydrogĂšne sulfurĂ©. Elle prend une belle couleur verte qui se fonce par l'addition du rĂ©actif, sans se troubler. En ajoutant ensuite de lâammoniaque, il se fait un prĂ©cipitĂ© de couleur pistache. PrĂ©cipitĂ© blanc jaunĂątre , floconneux. PrĂ©cipitĂ© jaune, floconneux. Rien. Trouble lĂ©ger qui peu-Ă â peu augmente et donne lien Ă un faible prĂ©cipitĂ© soluble dans lâammoniaque. LĂ©ger trouble. PrĂ©cipitĂ© blanc, trĂšs-lĂ©ger au bout dâun certain tems. DĂ©coloration de la liqueur. PrĂ©cipitĂ© vert-brun, floconneux, abondant. Par lâaddition de lâammoniaque , le prĂ©cipitĂ© augmente et acquiert une teinte verdĂątre. PrĂ©cipitĂ© grisĂątre, floconneux , abondant. PrĂ©cipitĂ© blanc, floconneux. Trouble lĂ©ger. PrĂ©cipitĂ© blanc, floconneux abondant, soluble dans lâammoniaque. LĂ©ger trouble. PrĂ©cipitĂ© blanc , beaucoup plus abondant au bout de quelque tems. DĂ©coloration de la liqueur sans aucun trouble. Cyano-ferrure Rien. Rien. de potassium. Les essais prĂ©cĂ©dons mâindiquaient que le cafĂ© avariĂ© avait Ă©prouvĂ© une assez forte altĂ©ration dans sa constitution chimique. Dans lâintention de constater jusquâĂ quel degrĂ© cette altĂ©ration Ă©tait parvenue , jâen ai traitĂ© une assez grande quantitĂ© par lâeau bouillante Ă diverses reprises , afin de lâĂ©puiser de toutes les matiĂšres solubles. 11 nâa perdu, par ce traitement, que 12 pour 100 de son poids. Les liqueurs rĂ©unies et concentrĂ©es ont Ă©tĂ© zĂ©lĂ©es avec un lĂ©ger excĂšs dâacĂ©tate neutre de plomb , qui Ăźl produit un abondant prĂ©cipitĂ© brun. AprĂšs la filtration, jâai h â 234 â fait passer dans la liqueur un courant dâhydrogĂšne sulfurĂ© ; puis, aprĂšs lâavoir filtrĂ©e de nouveau , je lâai fait Ă©vaporer Ă une douce chaleur, jusquâĂ consistance presque sirupeuse, et lâai abandonnĂ©e pendant deux jpurs. Il ne sâest point dĂ©posĂ© de cristaux de cafĂ©ine, et, quelque soin que jâaie mis Ă rĂ©pĂ©ter et varier les divers procĂ©dĂ©s qui ont Ă©tĂ© indiquĂ©s pour la sĂ©paration de ce principe immĂ©diat, je nâai pu en dĂ©couvrir aucune trace. Lâabsence totale de celte substance dans le cafĂ© avariĂ© qui fait le sujet de ce rapport, est un fait assez curieux qui dĂ©montre lâintensitĂ© de lâaltĂ©ration quâil a subie par lâaction prolongĂ©e de lâeau de mer. Voulant mâassurer si la coloration verte de ce cafĂ© Ă©tait due, comme vous le supposiez, Monsieur le Maire, Ă la prĂ©sence dâun sel de cuivre , jâen ai incinĂ©rĂ© 100 grammes dans un creuset de platine ; cette quantitĂ© de cafĂ© mâa donnĂ© 9 grammes ig5 milligrammes de cendres peu alcalines, auxquelles lâeau a enlevĂ© une proportion assez notable de chlorure de sodium sel marin , de sulfate de potasse et de chlorure de calcium. Le rĂ©sidu , insoluble dans lâeau, a Ă©tĂ© soumis Ă lâaction de lâacide nitrique, qui lâa dissout presque en totalitĂ© avec effervescence , en se colorant fortement en jaune. Cette dissolution, neutralisĂ©e par lâammoniaque , produisit un prĂ©cipitĂ© bleu trĂšs-abondant par le cyanoâferrure de potassiun prussiatede potasse ferrugineux. Une portion sursaturĂ©e par lâammoniaque a donnĂ© un prĂ©cipitĂ© floconneux, abondant, consistant principalement en phosphate de chaux et oxide de fer. La liqueur surnageant le prĂ©cipitĂ© Ă©tait incolore. Elle ne prĂ©cipitait ni par lâarsĂ©nite de potasse, la potasse caustique , ni par le cyanoâferrure de potassium et les sulfures alcalins ; elle ne dĂ©posait rien sur une lame de fer et un cydindre de phosphore, mĂȘme au bout de quarante-huit heures. Ces rĂ©sultats nĂ©gatifs indiquent bien lâabsence du cuivre dans ces cendres, et par suite dans le c a * e avariĂ©. Je ne quitterai point ce sujet sans faire observer que ce cafĂ© avariĂ© donne beaucoup plus de cendres que les diverses espĂšces de cafĂ© du commerce. Celles-ci ne mâont fourni, terme moyen, que 5 Ă 6 pour ioo de cendres trĂšs-alcalines. Jâajouterai quâil est peu de matiĂšres vĂ©gĂ©tales qui donnent des cendres aussi riches en fer que le cafĂ©. Jâai retirĂ© jusquâĂ un centiĂšme dâoxide de fer de ses cendres. Cadet, dans son mĂ©moire sur le cafĂ© {Annales de Chimie, t. 58, p. 266 , a signalĂ©, le premier, lâexistence du fer dans celte semence ; mais il nâa pas remarquĂ© la proportion assez considĂ©rable dans laquelle il sây trouve. De tout ce qui prĂ©cĂšde , on peut donc conclure, Monsieur le Maire, que le cafĂ© avariĂ© par lâeau de mer i° Est profondĂ©ment altĂ©rĂ© dans sa constitution chimique, puisque plusieurs des principes immĂ©diats contenus dans la semence du cafĂ© ne sây trouvent plus, et que les autres ont Ă©prouvĂ© des modifications telles quâils ne prĂ©sentent plus, avec les rĂ©actifs, les caractĂšres qui leur sont propres 1 ; 1 11 ne sera peut-ĂȘtre pas sans interet le faire connaĂźtre ici la composition chimique du afĂ©. Celte semence a clĂ© lâobjet de beaucoup dâexpĂ©riences. Un grand nombre de chimistes °nt contribuĂ© Ă nous Ă©clairer sur sa vĂ©ritable nature. Je citerai surtout Botirdclin , Neu- ^tann, GeoftVoy, Dufour, Kruger, "'S^estfcld, Ryliiner Journ* dephysiq., anl778; Scbrader, Chrnevix {Ann. de chim., t. 43, p 326; Herman {Ann. de Crell., l800,t. 3, P* 108 ; Gmelin , Cadet Ann. chim., t. 58 , p. 286 ; PayssĂ© ibid., t. 59 , p. 106- af 3 ; Grindel {ibid*, t. 78, p. 205 , et JUblioth. mĂ©dic., t. 30 , p. 411 ; Seguin Ann* c him., t. 92, p. 5 ; Brugnatelli ibid., t. 95, p. 299 ; Rcuss Journal depharm., t. i, P* 5i 1 ; Runge , llobiquet Dictionn* technolog t. 4 , p. 30 ; Pelletier et Caventou Diction, de mĂ©decine, en 18 vol., cbex BĂ©chet, article CafĂ©; Pelletier {Journ. de pharm., *âą 12, p. 229, et Journal de chim. mĂ©dic., t. 2 , p. 294 j Garot {ibid., t. i 2 , p. 234 j Pfaff c itĂ© par BerzĂ©lius , TraitĂ© de chimie, t. 6 , p. 308 ; Sarzeau {Journ. de pharm., *âą 16, p. 510, etc. On peut conclure de leurs travaux, entrepris sous des points de vue souvent tres-diffé» , que le cafĂ© vert, câesl-Ă -dire non torrĂ©fiĂ©, contient On principe amer soluble dans l'eau , Oc la gomme, en assez grande proportion, Oe la rĂ©sine, Ou tannin, en petite quantitĂ©, ^-ne matiĂšre colorante verte, Oe lâapothĂšme, O* l'albumine vĂ©gĂ©tale , T n principe aromatique soluble dans Tenu, â 250 2° Quâil ne renferme aucun sel de cuivre, ni aucun autre composĂ© mĂ©tallique vĂ©nĂ©neux. La couleur verdĂątre quâil prĂ©sente dans lâintĂ©rieur de ses grains ne peut ĂȘtre attribuĂ©e, dâaprĂšs cela, Ă la prĂ©sence dâun sel de cuivre, comme on pouvait le croire au premier abord, en sâappuyant surtout de cette idĂ©e que ce cafĂ© avait sĂ©journĂ© pendant plus ou moins de tems dans la cale dâun navire doublĂ© en cuivre. Cette couleur me paraĂźt due Ă une moisissure analogue Ă celle qui se manifeste dans un grand nombre dâautres matiĂšres De l'huile volatile, en petite quantitĂ©, Une huile incolore, legerement Ăącre et d'une saveur bien prononcĂ©e de cafĂ© vert v Une matiĂšre grasse concrĂšte, De la cafĂ©ine, Du sucre, en petite proportion , De l'acide cafcique, Des cafĂ©ates de chaux, de magnĂ©sie, d'alumine et de fer. Des phosphates de chaux, de magnĂ©sie, de fer et de manganĂšse, Du sulfate de potasse et du chlorure de potassium, Du cuivre, dans un ctat inconnu, les huit millioniĂšmes du poids, De la libre vĂ©gĂ©tale. Parmi ces substances , la plus curieuse , sans contredit, est celle qui a reçu le nom dn cafĂ©ine. C'est un principe neutre, cristallisable en jolies petites aiguilles soyeuses et incolores , sans odeur, d'une saveur trĂšs-faible, lĂ©gĂšrement amĂšre et dĂ©sagrĂ©able, soluble dan» lâeau. Elle renferme 20,$ pour 100 dâazote; câest donc parmi les principes immĂ©diats orga - niques un des plus azotes, et cependant sa dissolution n'est nullement putrescible. La cafĂ©ine ne parait contribuer que pour une bien faible part aux propriĂ©tĂ©s Ă©conomiques et mĂ©dici*â âĄaies du cafĂ©. Quant Ă l'acide cafĂ©ique, dĂ©couvert par Pfaff, il parait que câest lui qui, lorsqu'il e** en partie altĂ©rĂ© par la chaleur, communique au cafĂ© grillĂ© lâodeur et la saveur caractĂ©ristique* que les gourmets cherchent avec tant de soin Ă y dĂ©velopper. Dans lâĂ©numeration des principes du cafĂ©, nous avons indiquĂ© le cuivre. Ce mĂ©tal y es* en si faible proportion, que ce nâest quâen agissant sur une forte quantitĂ© de semences quâon peut en constater la presence. Câest Ă JVI. Sarzeau qu'on doit la connaissance de ce fait curieu** entrevu dâabord par Meissncr. Le cafĂ© nâest pas d'ailleurs la seule matiĂšre qui renferme d l cuivre j ce mĂ©tal parait etre un des Ă©lĂ©mens ordinaires des vĂ©gĂ©taux et des animaux; semble y ĂȘtre Ă lâĂ©tat de phosphate, accompagnant les phosphates de fer et de mangane* 15 qui se retrouvent dans les cendres de presque toutes les matiĂšres organiques. M. Sarz** tt s'est assurĂ© que le marc de cafĂ© contient la mĂȘme quantitĂ© de cuivre que le cafĂ© entier» ce qui dĂ©montre que la boisson servie sur nos tables ne renferme aucune trace de ce mĂ©tal» ** prĂ©sence, au reste, dans cette boisson, ne devrait Ă©veiller aucune crainte, en rais* 1 ^ e l'inapprĂ©ciable proportion qui pourrait s'y trouver. Dans nos essais sur le cafĂ© avariĂ©, nous nâavons point constatĂ© la prĂ©sence du cuivre dan* les cendres, en raison de la petite quantitĂ© de graines sur laquelle nous avons opĂšre. Cett quantitĂ©, toutefois , Ă©tait suffisante pour que nous pussions retrouver le cuivre q l piovenu dâun sel cuivreux introduit accidentellement dans ce cafĂ© comme on 1* *nPP° dâaprĂšs sa couleur verdĂątre. â 257 â organiques altĂ©rĂ©es spontanĂ©ment, le pain entre autres, ou plutĂŽt Ă cette modification particuliĂšre quâĂ©prouve, sous lâinfluence simultanĂ©e de lâĂ Ăźr et de lâhumiditĂ©, la w matiĂšre extractive jaune du cafĂ© , qui acquiert si facilement une teinte verte. Puisque ce cafĂ© avariĂ© ne contient aucune substance mĂ©tallique vĂ©nĂ©neuse , il semble que son usage ne peut porter prĂ©judice Ă la santĂ© de ceux qui en font usage. Sans doute, lâemploi de cette substance ne saurait dĂ©velopper dans lâĂ©conomie les dĂ©sordres qui constituent essentiellement lâempoisonnement ; mais ne pourrait-il pas, cependant, faire naĂźtre quelques troubles, des indispositions mal caractĂ©risĂ©es, par cela seul que cette substance a subi une modification si notable dans sa composition ? Il nâest pas nĂ©cessaire que des alimens contiennent des matiĂšres vĂ©nĂ©neuses proprement dites pour quâils produisent des accidens fĂącheux par leur usage continuel. Le pain moisi , les farines avariĂ©es , les sucres ou cassonades dĂ©tĂ©riorĂ©s, les viandes corrompues, etc., ne sont certainement pas des poisons, et cependant on en dĂ©fend lâusage depuis que lâexpĂ©rience a dĂ©montrĂ© leur fĂącheuse influence sur la santĂ© de ceux qui sâen nourrissent *. Dâailleurs, en admettant pour un instant que le cafĂ© avariĂ© ne renferme aucune matiĂšre capable de nuire Ă lâĂ©conomie animale, on peut demander si des marchands ne sont pas rĂ©prĂ©hensibles de mettre en vente, quoiquâĂ des prix trĂšs-bas, une substance altĂ©rĂ©e qui nâa plus de rapport avec celle dont elle porte le nom ? La question acquiert une plus grande gravitĂ©, quand on apprend que des Ă©piciers qui achĂštent ce c afĂ© avariĂ© Ă vil prix , le mĂȘlent en proportions assez fortes avec le bon cafĂ©, quâils vendent, tout grillĂ© et moulu, au prix- courant de cette marchandise. Je tiens dâun Ă©picier que les individus de sa profession qui ne se piquent pas de loyautĂ©, 1 Oq peut voir dans les ouvrages de mĂ©decine beaucoup de faits p. 122 , 1831 , etc. '* â 258 â Introduisent habituellement une partie de ce cafĂ© sur cinq Ă six de cafĂ© ordinaire dans leur brĂ»lĂ©e câest le nom quâon donne , dans le commerce de lâĂ©picerie, Ă chaque opĂ©ration de torrĂ©faction du cafĂ©. 11 y a donc Ă©videmment dol, falsification dâun produit de consommation journaliĂšre. Quand on songe , Monsieur le Maire, quâil nây a peut-ĂȘtre aucune des substances servant Ă lâalimentation de lâhomme, qui ne soit ainsi plus ou moins altĂ©rĂ©e , depuis celles exclusivement rĂ©servĂ©es Ă la table des riches jusquâĂ celles qui nâont pour consommateurs que les pauvres, on nâest plus aussi surpris et de ces fortunes rapides de certains commerçans, et de la frĂ©quence de ces indispositions, de ces maladies mĂȘme qui se dĂ©veloppent spontanĂ©ment, sans causes apparentes, sur un grand nombre dâindividus de toutes classes 1 . Si, dans les circonstances ordinaires, on doit veiller sĂ©vĂšrement Ă la bonne qualitĂ© des alimens vendus au peuple , il faut, dans les tems de grande calamitĂ©, et lorsquâune Ă©pidĂ©mie meurtriĂšre a laissĂ© des traces nombreuses de son passage, redoubler de rigueur envers les marchands assez criminels pour sacrifier la santĂ© de leurs concitoyens Ă leurs avides spĂ©culations. Sâil mâest permis, Monsieur le Maire , de tirer une conclusion des considĂ©rations que je viens dâavoir lâhonneur de vous soumettre , je crois quâil est urgent de faire saisir les cafĂ©s avariĂ©s qui se trouvent en abondance chez tous les petits Ă©piciers de la ville et des faubourgs, par suite dâune vente considĂ©rable qui en a Ă©tĂ© faite derniĂšrement au Havre , et de poursuivie devant les tribunaux les nĂ©gocians qui se livrent Ă ce honteux trafic. Recevez, Monsieur le Maire, etc. J. GIRARDIN. * U n'y a aucune exagĂ©ration danj ce que nous disons ici relativement aux fraudes quâo fait sabir nul matiĂšres alimentaires. Les vins , les cidres , les vinaigres , les eaux-dc-v' > les huiles, le lait, les sucres, le beurre, le chocolat, les diverses sucreries , les farines, 'âą fĂ©cules , le pain , etc., tout est dĂ©naturĂ© avec une effronterie inconcevable. Les autoritĂ©s n sauraient veiller avec trop de soin Ă cette partie si importante de la salubritĂ© publique. RAPPORT SUR UNE POUDRE DESTINĂE A REMPLACER LE CAFĂ, ADRESSĂ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROUEN, LE 7 MAI 1835 *. -â»C M Le 22 avril, M. le maire de Rouen mâadressa la lettre suivante Monsieur, » Un sieur Semelagne, rue Bourgerue, n° 6 , prĂ©tend avoir » trouvĂ© le moyen de faire, avec des graines indigĂšnes, une » poudre qui peut remplacer le cafĂ©. » Jâai lâhonneur de vous en transmettre un Ă©chantillon , en » vous priant de vouloir bien en faire lâanalyse, et me faire » connaĂźtre sâil nây aurait point dâinconvĂ©nient Ă en permettre la » vente. » AgrĂ©ez, etc. >> Le Maire de Rouen , » JOURDAIN, adjoint. » 1 lustre dans le caliier de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre d'Emulation Rouen l»t>ur 1834 ; et dans 1rs Annales d' HygiĂšne publique et de mĂ©decine lĂ©gale âą t. âą } i >âą ? janvier 1834, p. 260 â Voici le rapport pie je transmis Ă ce magistrat, le 7 mai suivant Monsieur le maire. Jâai soumis Ă lâanalyse la poudre que vous mâavez envoyĂ©e, et qui est destinĂ©e Ă remplacer le cafĂ©. Voici lâexposĂ© du travail que jâai entrepris pour en connaĂźtre la nature. Cette poudre offre la couleur et le grain du cafĂ© ordinaire moulu ; mais son odeur et sa saveur sont loin de rappeler cette substance. Lâodeur en est trĂšsâfaible et analogue Ă celle des matiĂšres vĂ©gĂ©tales grillĂ©es sa saveur est lĂ©gĂšrement amĂšre ; en se dĂ©layant dans la salive , cette poudre la rend Ă©paisse et comme pĂąteuse. PressĂ©e entre du papier brouillard , elle nây forme aucune tache huileuse ; elle est trĂšs-sĂšche au toucher. Sur les charbons ardens, elle brĂ»le en rĂ©pandant une fumĂ©e nullement aromatique. Mise en infusion dans lâeau bouillante, elle communique Ă celle-ci une couleur rouge-brun trĂšs-foncĂ©, une saveur amĂšre non dĂ©sagrĂ©able, mais sans aucun bouquet. Cette liqueur ne pourrait remplacer le cafĂ© pour les personnes habituĂ©es Ă lâusage de cette boisson , car câest tout au plus si elle se rapproche dâune dĂ©coction de marc de cafĂ© bien Ă©puisĂ©. Une partie de lâinfusion rapprochĂ©e en consistance dâextrait, a donnĂ© une substance solide, noirĂątre, insoluble dans lâalcool, consistant, pour la plus grande partie, en gomme et en matiĂšre extractive colorĂ©e , auxquelles Ă©tait uni un peu dâacide quâon a regardĂ© comme de lâacide acĂ©tique. Une autre portion de lâinfusion , soumise Ă lâaction de quelques rĂ©actifs, sâest comportĂ©e de la maniĂšre suivante AcĂ©tate neutre de plomb - Rien. Sous-acĂ©tate de plomb .PrĂ©cipitĂ© floconneux, blanc grisĂątre, abondant ; la liqueur reste colorc'c malg re lâcxccs du rĂ©actif. â 261 â Gclatinc . La liqueur ne se trouble quâau bout de quelques heures, et donne alors un lĂ©ger prĂ©cipitĂ© grisĂątre. Pcrchlorure de mercure .Trouble loger au bout de plusieurs heures. Potasse caustique . Rien. ' Acide sulfurique concentrĂ©.. Rien. Sulfate de protoxide de fer.. Rien. Pcrchlorure de fer . Rien. Alcool rectifiĂ©. . ... La liqueur devient lactescente et laisse dĂ©poser lentement une matiĂšre brune en se dĂ©colorant. Cette matiĂšre, examinĂ©e Ă part, offre les caractĂšres dâune gomme, associĂ©e Ă une substance extractive altĂ©rĂ©e qui paraĂźt se rapprocher de ce que Fourcroy nommait extractif oxide, et que Berze- lius appelle apothĂšme. Lâalcool surnageant le prĂ©cipitĂ© , Ă©tant rapprochĂ© , prĂ©sente des indices dâune matiĂšre sucrĂ©e. La poudre de cafĂ© indigĂšne que nous examinons , mise en digestion dans lâalcool Ă 36°, colore celui-ci en rougeâbrun ; cette teinture devient lactescente par lâaddition dâeau, et donne, par lâĂ©vaporation , une matiĂšre rĂ©sineuse qui cĂšde Ă lâeau bouillante une certaine quantitĂ© d 'apothĂšme. La poudre, Ă©puisĂ©e par lâalcool, a Ă©tĂ© traitĂ©e par lâeau bouillante aiguisĂ©e dâune petite quantitĂ© dâacide nitrique. La liqueur colorĂ©e en jaune-brun prĂ©cipitait en blanc sale , par lâalcool rec- tiliĂ© et lâammoniaque. DĂ©colorĂ©e par le moyen du charbon , et rapprochĂ©e Ă la moitiĂ© de son volume, elle prit une couleur bleue assez foncĂ©e, par lâaddition de quelques gouttes de solution dâiode. ChauffĂ©e fortement dans un tube Ă calcination , dans le haut duquel on avait placĂ© un papier de tournesol bleu, et un autre teint en rouge par les acides , cette poudre, en se dĂ©composant, donna des vapeurs qui ramenĂšrent sensiblement au bleu le tournesol rougi. IncinĂ©rĂ©e dans un creuset de platine, elle laissa une cendre â 262 â grise lĂ©gĂšrement alcaline , dans laquelle on reconnut la prĂ©sence de carbonate de potasse, de phosphates de chaux et de magnĂ©sie, de silice et dâune trace de fer. Les essais les plus minutieux ne purent y faire dĂ©couvrir aucuife substance mĂ©tallique nuisible. Il rĂ©sulte des recherches prĂ©cĂ©dentes que la poudre du sieur Scmclagne est celle dâune substance vĂ©gĂ©tale lĂ©gĂšrement azotĂ©e ; Que cette substance, qui renferme de lâamidon, de la gomme, une rĂ©sine, des phosphates, doit ĂȘtre la semence dâune plante cĂ©rĂ©ale ; Que cette poudre ne contient dâailleurs aucune matiĂšre qui puisse nuire Ă la santĂ©. En raison de la nature de cette poudre, je crois, Monsieur le Maire, que vous pouvez, sans aucun inconvĂ©nient, en permettre la vente , sous le nom de cafĂ© indigĂšne, en astreignant toutefois le fabricant Ă cette condition, de ne rien ajouter Ă sa composition et de ne la modifier, de quelque maniĂšre que ce soit , sans vous en avoir prĂ©venu, faute de quoi son autorisation lui serait retirĂ©e. Pour etre assure que le s eur Semelagne se conformera Ă celte clause, je pense quâil sera convenable de faire prendre chez lui, de tems Ă autre, des Ă©chantillons de son cafĂ© , pour quâon puisse sâassurer sâil le prĂ©pare toujours de la mĂȘme maniĂšre. Vous aurez ainsi la garantie que cette personne nâabusera point de votre autorisation pour mettre en circulation des produits nuisibles ou insalubres. DĂ©sirant connaĂźtre quelle Ă©tait la semence cĂ©rĂ©ale employĂ©e par le sieur Semelagne pour la confection de son cafĂ© , jâai pousse mes essais plus loin que cela nâĂ©tait nĂ©cessaire pour Ă©clairer votre religion. Je vais vous faire connaĂźtre les rĂ©sultats de ces nouvelles recherches. A lâĂ©poque du blocus continental, la privation des produits de nos colonies engagea beaucoup de savons et de spĂ©culateur» â 263 â Ă rechercher dans les produits de notre sol des succĂ©danĂ©es aux matiĂšres alimentaires que lâhabitude rendait indispensables Ă la majeure partie de la population. Le sucre et le cafĂ© occupaient le premier rang sous ce rapport ; aussi le gouvernement ne nĂ©gli- gea-t-il rien pour seconder les tentatives qui, de tous cĂŽtĂ©s, furent entreprises pour dĂ©couvrir les moyens de remĂ©dier Ă la disette de ces deux substances alibiles. Le miel, le sucre et le sirop de raisins , le sirop de pommes et de poires, le sucre de betteraves , ne tardĂšrent pas Ă remplacer, sinon Ă faire oublier, le sucre des colonies, et cette substitution devint, pour beaucoup de dĂ©partemens, et notamment pour ceux du nord et du midi de la France , lâoccasion dâun dĂ©veloppement industriel qui porta par la suite dâheureux fruits. On ne fut pas aussi heureux pour le remplacement du cafĂ©, car si lâon parvint facilement Ă donner Ă beaucoup de substances vĂ©gĂ©tales brĂ»lĂ©es lâaspect de cette poudre si recherchĂ©e, on ne put jamais trouver une matiĂšre qui rĂ©unĂźt Ă ses caractĂšres extĂ©rieurs lâarĂŽme et la saveur dĂ©licieuse qui font de la fĂšve dâArabie un breuvage de prĂ©dilection pour toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Bien des semences et dâautres organes de vĂ©gĂ©taux ont Ă©tĂ© tour-Ă -tour essayĂ©s pour cet usage. Je citerai entrâautres , Parmi les graines , Celles du glaĂŻeul, vulgairement iris des marais, flambe bĂątarde irispseudo-acorus, L. ; du pois chiche cicer arietinum, L. ; de lâastragale dâAndalousie aslragalus bĆhcas, L. ; du gombo ou gombeau hibiscus csculentus, L. ; du petit houx ou fragon piquant ruscus L.; du genĂȘt dâEspagne sparliitm scoparutin, L. ; du houx ilex aquifolium, L. ; de lâavoine avenu ninla, saliva, oricnlalis, L.; de lâorge hordeuni salivnm, L. ; do seigle sccalc cercalc, L. ; du froment triticum hybernum, L. ; du maĂŻs ou blĂ© de Turquie zea mais, L. ; du haricot phaseolusjvulgaris, L. ; du pois pisum salivum, L. ; du petit lupin lupinus angastifolia , L. ; de la fĂ©verole ou gourgane faba satina, L. ; v du grand soleil helianlhus annuus, L. ; les glands de chĂȘne {quercus pedunculata , Ćsculus, su- ber, etc., L. ; les chĂątaignes fagus castanea, L. ; les pĂ©pins de groseilles ribes rubritm, L. ; âą de raisins vitis vinifera, L.; de lâĂ©glantier, surtout de la grande espĂšce velue rosa viilosa, L. ; les capsules du buis buxus sempervirens, L.* Parmi les racines, Celles de la chicorĂ©e sauvage cicfioriuminlybus, L. - r delĂ carotte dauciis carota, L.; de la betterave {bĂȘla vulgaris, L. ; du souchet comestible , vulgairement amande de terre cyperus csculentus, L. ; de lâarachide ou pistache de terre arachis liypogea, L.; du gaillet accrochant ou gratteron {gallium aparine,L.; de la fougĂšre {polypodium filix mas , L.; du petit houx ruscus aculealus 1 . 1 On peut voir, pour tout ce qui regarde les succcdancea du cafĂ©, les ouvrages suivanj ĂŻ Annales de l'agriculture française , t. 34. Annales de chimie , t. 78 , p. 95 , et t. p. 330. Bulletin de pharmacie, t. l, p. 57 1 ; t. 2, p. 92 ; t. 3 , p, ĂźiOt j t. 5, p. 218-330. Journal de pharmacie, t. 6 , p. 393 , et t. 10 , p. 4PG. Agriculteur manufacturier, t. I, p. 45, â 265 â Parmi toutes ces substances , câest la racine de chicorĂ©e torrĂ©fiĂ©e qui a joui de la plus grande vogue , et câest la seule qui soit encore employĂ©e par le peuple, eu Hollande, en Belgique et dans la plus grande partie de la France, non pour remplacer entiĂšrement le cafĂ©, mais pour diminuer la proportion nĂ©cessaire Ă la confection du breuvage dont le besoin est maintenant tout aussi impĂ©rieux que celui de manger du pain 1 . Dans le nombre des substances que je viens de signaler comme ayant Ă©tĂ© employĂ©es Ă la prĂ©paration du cafĂ© , vous avez vu figurer , Monsieur le Maire, plusieurs semences de cĂ©rĂ©ales , telles que lâorge , le seigle , lâavoine, le froment, le maĂŻs. Jâai recherchĂ© quelle Ă©tait celle de ces semences qui pouvait offrir le plus de rapports avec la poudre du sieur Semelagne. En consĂ©quence, jâai torrĂ©fiĂ© une certaine quantitĂ© des unes et des autres, et jâai prĂ©parĂ© avec leurs poudres des infusions que jâai comparĂ©es Ă celle que fournit la poudre dont le nom mâĂ©tait inconnu. Celle qui mâa paru sâen rapprocher davantage a Ă©tĂ© la poudre du seigle grillĂ© , aussi je nâhĂ©sitai plus Ă considĂ©rer le cafĂ© du sieur Semelagne comme Ă©tant prĂ©parĂ© avec cette poudre. Lâusage du seigle , comme succĂ©danĂ©e du cafĂ© arabique , nâa pas Ă©tĂ© abandonnĂ© dans tous les pays, puisque le recueil des brevets dâinvention dĂ©livres aux Etats-Unis nous apprend quâun n ornmc Knit exploite une patente pour la confection dâun cafĂ© 0 Oo doit Ă M. PayssĂ© des dĂ©tails trĂšs-ctend»» sur la prĂ©paration du cafĂ©-chicorĂ©e en Hol- ^ an de et en Belgique. Ils font suite Ă son curieux mĂ©moire sur le cafĂ©. Voir Annales de , t. 59, p. 505. La racine de betterave est aussi employĂ©e de nos jours , Ă Pinstar de la chicorĂ©e 9 dans une r a rtie du dĂ©partement du Nord, oĂč , comme on sait, la culture de cette prĂ©cieuse racine » ac l WĂźt ' 1 f â 268 que je mâen assurai en employant un procĂ©dĂ© tout-Ă -fait semblable Ă celui que M. TrĂ©vet a indiquĂ©. Jâignore si ce sel de cuivre se trouvait accidentellement dans la liqueur mise en vente, ou sâil y avait Ă©tĂ© introduit pour rehausser sa teinte , les renseignemens que je pris Ă cet Ă©gard ne mâayant fourni aucune notion certaine. De lâabsinthe, prise chez dâautres liquoristes de Rouen , ne me prĂ©senta aucune trace de cuivre. Jâexaminai aussi, Ă la mĂȘme Ă©poque, les prunes Ă lâeau-de-vie et les cornichons mis en vente chez les liquoristes et les Ă©piciers ; mais je nây trouvai pas de traces apprĂ©ciables de cuivre. La plupart du tems, cependant, ces prĂ©parations en contiennent, par suite de la mauvaise habitude contractĂ©e par ceux qui les confectionnent, de faire usage de tamis mĂ©talliques et de bassines de cuivre. LâautoritĂ© devrait exiger lâabandon de ces pratiques dangereuses . AgrĂ©ez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , septembre 1 834* â 2 G 9 â A MONSIEUR CHEVALIER, UK DES RĂDACTEURS DU JOURNAL DE CHIMIE MĂDICALE Monsieur et cher confrĂšre , Je viens de lire, dans le dernier numĂ©ro du Journal de Chimie mĂ©dicale , page 317, une note de M. Leroy, pharmacien Ă Bruxelles , sur la forme cristalline de lâiode, dans laquelle se trouve une assertion que je dois combattre, dans lâintĂ©rĂȘt de la vĂ©ritĂ© Je » nâai pu parvenir, dit ce pharmacien , Ă me procurer un travail » qui me donnĂąt la description cristalline de lâiode. La derniĂšre » Ă©dition des ElĂ©mcns de chimie de M. ThĂ©nard, câest-Ă -dire » celle quâil publie en ce moment, nous dit que lâiode se prĂ©sente » sous forme lamelleuse ; lâabsence de toute dĂ©termination de » forme cristalline me fait croire que, jusquâici, elle nâa pas Ă©tĂ© " observĂ©e. » Câest, contre cette phrase que je crois devoir rĂ©clamer, non pour moi, mais pour un chimiste que la mort a moissonnĂ© au dĂ©but dâune carriĂšre qui promettait dâĂȘtre fĂ©conde en utiles tra- v aux. Plisson, dont je mâhonorerai toujours dâavoir Ă©tĂ© lâami, a dĂ©crit, dĂšs 1828, la forme cristalline de lâiode dans ses recherches sur Yiodure dâarsenic. Voici comment il termine le mĂ©moire quâil a insĂ©rĂ© sur ce sujet dans les Annales de chimie et de physique , *âą 4o , p. 265 , annĂ©e 1828. CRISTALLISATION DE LâiODE. Pendant le cours des recherches prĂ©cĂ©dentes , j ai eul occa- â sion de constater que lâiode cristallisait en octaĂšdres aigus ou en 1 Journal de chimie mĂ©dicale, de pharmacie et de toxicologie, t. 1, 2e sĂ©rie, p, 416, a »nce I85ĂŒ. 270 â » rhomboĂšdres, et quâon lâobtenait sous ces deux formes en aban- » donnant Ă lâair de lâacide hydriodique iodurĂ©. Jâai aussi remar- » que que lâiode se rĂ©unissait, sous forme de rhomboĂšdres, Ă la » partie supĂ©rieure des flacons oĂč lâon conserve de lâiodure iodure >> dâarsenic. » La mĂȘme indication se trouve dans le Journal de Pharmacie, t. 4, p. i63 , annĂ©e 1828. Jâai en ma possession, depuis cette Ă©poque, un Ă©chantillon dâiode parfaitement cristallisĂ© en octaĂšdres aigus, que je dois Ă lâamitiĂ© de Plisson , et chaque annĂ©e , dans mon cours de chimie gĂ©nĂ©rale, Ă lâĂ©cole municipale de Rouen , je cite lâobservation de Plisson , que jâai eu plusieurs fois dĂ©jĂ lâoccasion de vĂ©rifier 1 . AgrĂ©ez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , juillet i835. 1 Wollaston, long - teins avant Plisson, a indiquĂ© la forme cristalline de Piode. L chimiste anglais sâest assurĂ© que la forme primitive est un octaĂšdre , se rapprochant un pet* de la forme primitive du soufre. Les axes de cet octaĂšdre sont cntvâeux , autant quâil a Ă©tĂ© possible de le dĂ©terminer, Ă -peu-pres comme les nombres 2,3 et 4. Annals of philo - sophy. V. 237, et SystĂšme de chimie, par Thomson , t. 1, p. 226. A MESSIEURS LES RĂDACTEURS DU JOURNAL VE PHARMACIE ET VES SCIENCES ACCESSOIRES >. Messieurs, Mon confrĂšre M. Lassaigne, professeur de chimie Ă lâĂ©cole royale vĂ©tĂ©rinaire dâAlfort, vient dâadopter, dans la nouvelle Ă©dition de son AbrĂ©gĂ© Ă©lĂ©mentaire de chimie, une mĂ©thode graphique pour lâexposition des thĂ©ories chimiques, dont je fais usage dans mon cours public Ă Rouen, depuis 1828. Jâai donc le droit de mâen considĂ©rer comme lâinventeur, dâautant plus quâavant cette Ă©poque, personne nâavait songĂ© Ă employer de semblables figures pour rendre plus claire et plus facile aux Ă©lĂšves lâintelligence des rĂ©actions chimiques. Devant bientĂŽt publier mes leçons de chimie gĂ©nĂ©rale et appliquĂ©e, dont la publication a Ă©tĂ© retardĂ©e depuis deux ans par des circonstances 'ndĂ©pendantes de ma volontĂ© , jâai intĂ©rĂȘt Ă ce que le public sache ^ue je ne serai point un copiste ou un plagiaire , en faisant usage de la mĂȘme mĂ©thode que M. Lassaigne a fait imprimer avant *uoi. Il est loin de ma pensĂ©e de laisser entendre que mon estimable confrĂšre me doive cette idĂ©e ; puisque je lâai eue, il a pu la trouver aussi de son cĂŽtĂ©, sans avoir eu connaissance de mes tableaux. Ma rĂ©clamation nâa donc rien qui puisse porter atteinte a la franchise de caractĂšre dâun confrĂšre pour lequel je professe 1Jlle haute estime ; elle a seulement pour but de me conserver la prioritĂ© dâune invention qui nâest pas sans quelque importance P°ur lâenseignement Ă©lĂ©mentaire. En insĂ©rant cette lettre dans le prochain cahier de votre jour- n al> Vous mâobligerez infiniment. AgrĂ©ez, etc. J. GOURDIN. Rouen, novembre i 835 . Journal de pharmacie et des sciences accessoires; t> ĂJ, p, C90 ; annte J 835* âŹÂ©S , ©©3i'2 © i ©©'» , S>©©©'ÂŁ>ÂŁS $ , ©©©S ©SSi5©©©S>'3''$'S}©©©3 EXTRAIT D UN MĂMOIRE DE M. THOMAS sur LA FABRICATION DES TOILES A VOILES EN FRANGE, l DEPUIS LE DIX-SEPTIĂME SIĂCLE, ET NOTAMMENT SUR LES TOILES A VOILES EN COTON DITES TISSUS NAUTIQUES, DE LA FABRIQUE DE MM. AD. NEVEU ET LAROCHE-BARRE , DE ROUEN 1 . Le chanvre, cannabis sativa, est une plante annuelle, origi" naire le lâAsie, et rĂ©pandue presque gĂ©nĂ©ralement en Europeâą Sa lige est haute, velue, creuse, quadrangulaire, dure au tou" cher et sans Ă©lasticitĂ©..., autour de lâĂ©corce sont une quantitĂ© d petits filamens qui, aprĂšs le rouissage, lorsque la partie ligneuse est sĂ©parĂ©e de la partie fibreuse, forment la filasse. Toute rupture lui est pernicieuse. Ces dĂ©tails sont connus dans les arsenaux maritimes. * InsĂ©rĂ© dans le cahier de la SĂ©ance publique de la SociĂ©tĂ© libre > passe au jaune et mĂȘme au brun, et qui, par sa composition , » participe des matiĂšres grasses ; » 2 ° Une matiĂšre rĂ©sineuse ; » 3° Une matiĂšre mucilagincuse trĂšs-Ă©paisse ; » 4° Un principe extractif, en apparence cristallisable ; » 5° Un suc glutineux qui paraĂźt ĂȘtre la substance qui agglu- » line entre elles les fibres textiles sous lâĂ©piderme. » Le coton brut est recouvert dâune substance rĂ©sinoĂŻde qui âą> empĂȘche son imbibition, et dâune matiĂšre colorante jaune, en > assez petite quantitĂ©, et mĂȘme si peu abondante en certaines * espĂšces, quâil serait inutile de les blanchir, si, par les mani- » pulations auxquelles on les soumet, on nây ajoutait pas plu- â sieurs autres substances plus ou moins nuisibles, quâil est essen- â tiel de faire disparaĂźtre. » Les substances chimiques ou plutĂŽt les principes immĂ©diats " 'I ĂŒ accompagnent la fibre ligneuse dans le chanvre et le coton , 18 â 274 â » doivent plutĂŽt diminuer lâĂ©lasticitĂ© des fibres textiles quây con- » tribucr. Câest certainement Ă une tout autre cause, qui nâest » pas bien apprĂ©ciĂ©e jusquâici, quâil faut attribuer la tĂ©nacitĂ© » constitutive du chanvre et lâĂ©lasticitĂ© constitutive du coton, » lorsquâils sont ĆuvrĂ©s , soit en cordages , soit en tissus. » Les fibrilles des tissus de chanvre sont des tubes creux, ou- » verts par les deux bouts, et que le rouissage a vidĂ©s de tous les » sucs qui Ă©taient susceptibles de les obstruer. » Les fibrilles du coton sont, au contraire, des poils, ou tubes » creux, fermĂ©s par les deux bouts et remplis dâune substance » organisatrice quâaucun rouissage ou lavage ne peut leur enle- » ver. Ce sont des poils analogues Ă ceux des vĂ©gĂ©taux, mais » beaucoup plus longs. Ils sâaplatissent par la dessiccation et » prĂ©sentent alors la forme dâun ruban Ă bords mousses et relevĂ©s >âą par un bourrelet. » DâaprĂšs cette diffĂ©rence dâorganisation , il est Ă©vident » a Que les rubans des tissus de coton sont mille fois plus » flexibles que les tubes des toiles de chanvre et de lin ; » b Que les tubes de ces dernieres sont beaucoup plus propres » que les poils du coton Ă absorber lâhumiditĂ© atmosphĂ©rique ; » quâils ont un pouvoir hygromĂ©trique plus considĂ©rable, et » doivent se dĂ©pouiller moins facilement de lâeau dâimbibition , » soit par lâexposition aux rayons solaires , soit par leur exposiâ » lion Ă lâair libre. » Le chanvre doit perdre beaucoup plus de son Ă©lasticitĂ© et de » sa tĂ©nacitĂ© primitives que le coton , par lâaction des agens cbi" » iniques, et notamment des lessives, usitĂ©s dans le blanchissage* » 11 est indubitable que le rouissage, en dĂ©truisant les matiĂšres » Ă©trangĂšres qui se trouvent entre les fibres textiles du chanvre, » doit altĂ©rer plus ou moins profondĂ©ment la force et lâĂ©lasticit >* de ces fibres ; car il est rare que cette opĂ©ration soit bien con- » duitc. â 275 â » Le chanvre Ă©tant plus chargĂ© de matiĂšres colorantes et rĂ©si- » neuses que le coton, et ces substances Ă©tant plus difficiles à » dĂ©truire que celles qui se trouvent sur ce dernier, on est obligĂ© » de lui faire subir un plus grand nombre de fois lâaction du » mĂȘme agent dĂ©colorant, notamment celle des lessives causti- » ques. Or, il est Ă©vident que cet agent nâest pas sans produire » quelque altĂ©ration sur la fibre textile , altĂ©ration qui sera » dâautant plus prononcĂ©e que lâaction sera plus frĂ©quemment » rĂ©pĂ©tĂ©e. » Ainsi, le coton ne subissant point de rouissage, Ă©tant blanchi » plus facilement et plus promptement que le chanvre, doit peu » souffrir dans les opĂ©rations auxquelles on le soumet pour lâaâ » mener Ă lâĂ©tat de toile blanche, tandis que le chanvre doit » Ă©prouver des modifications notables dans sa force et son Ă©lasâ » ticitĂ©, par suite des opĂ©rations quâil subit pour ĂȘtre amenĂ© » au mĂȘme point de blancheur. Il est toutefois trĂšs-difficile, » pour ne pas dire impossible, dâestimer exactement lâinfluence » quâexercent ces opĂ©rations sur la force des fils de chanvre. » Ă«>©>©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© RECHERCHES CHIMICO- JUDICIAIRES SUR DES TACHES OBSERVĂES SUR LA CHEMISE DâUN SOLDAT TUĂ RUE DU FIGUIER , A ROUEN J PAR MM. J. GIRARDIN ET MORIN ; LUES a lâacadĂ©mie royale DES SCIENCES DE ROUEN Ces recherches ont Ă©tĂ© entreprises sur la rĂ©quisition de M. De Stabenrath , juge dâinstruction, dans le but de dĂ©terminer la nature de ces taches, afin dâĂ©tablir si lâhomme trouvĂ© mort, rue du Figuier , avait procĂ©dĂ© Ă lâacte de la copulation dans la maison oĂč le crime avait Ă©tĂ© commis. Lâordonnance qui nous confiait ce travail nous prescrivait encore dâexaminer diffĂ©rentes taches rougeĂątres qui existaient sur dâautres objets. Mais, comme leur examen ne prĂ©senterait rien dâintĂ©ressant pour lâAcadĂ©mie , nous ne nous en occuperons point ici. Avant dâindiquer les expĂ©riences auxquelles nous nous somme* livrĂ©s pour rĂ©pondre aux questions deM. le juge dâinstruction, 1 InsĂ©rĂ©es dans le PrĂ©cis analytique des travaux de VAcadĂ©mie royale des sciences * belles-lettres et arts de Rouen , pour lS5i. p. 77 ; et dans le Journal de chimie vtĂ©di cale t de pharmacie et de toxicologie ; t. 1 er , seconde sĂ©rie. 1S33. p. 293. â 277 â nous croyons devoir reproduire ici lâexpose des fails qui ont donne lieu Ă notre travail, exposĂ© prĂ©sentĂ© Ă lâAcadĂ©mie par M. De Sta. benrath lui-mĂȘme. Nous laisserons parler cet honorable magistrat. Le 26 janvier de cette annĂ©e 1 834, vers huit heures du soir, une foule immense assiĂ©geait la porte dâune maison garnie de la rue du Figuier le bruit circulait, dans la foule, quâun homme avait Ă©tĂ© jetĂ© du second Ă©tage de cette maison, dans la cour, et quâil sâĂ©tait horriblement mutilĂ© en tombant. BientĂŽt, effectivement , un jeune homme, la tĂȘte penchĂ©e sur son Ă©paide, poussant quelques rares gĂ©missemens, fut transportĂ© de la maison de la rue du Figuier chez sa tante. LĂ , il expira. » Plusieurs commissaires de police se rendirent sur les lieux , entendirent les propriĂ©taires de la maison oĂč lâĂ©vĂ©nement Ă©tait arrivĂ© ; un mĂ©decin fut appelĂ©; et lâon pensa que le jeune homme Ă©tait mort par suite dâune chute accidentelle faite dans lâescalier, dont les marches, mauvaises et trĂšs-dĂ©gradĂ©es, offraient encore la trace dâun pied qui aurait glissĂ©. » Le lendemain, je me transportai moiâmĂȘme sur les lieux , et je lis faire lâauptosie du cadavre en ma prĂ©sence , par trois mĂ©decins. Ils constatĂšrent que les os du coude du bras gauche de la victime Ă©taient comme broyĂ©s, que la mĂąchoire Ă©tait fracassĂ©e, quâil existait une blessure sur lâarcade de lâoeil gauche ; enfin, que le foie, lacĂ©rĂ© en deux , offrait une Ă©norme ouverture. Ils en conclurent que la cause de la mort provenait dâune chute faite dâun lieu Ă©levĂ© , et quâelle nâĂ©tait pas le rĂ©sultat de la chute dans lâescalier. » Il fallait, en prĂ©sence de cette opinion, motivĂ©e sur 1 examen du cadavre, et de celle que les commissaires de police avaient conçue , rechercher de quel cĂŽtĂ© pouvait se trouver la vĂ©ritĂ© ; remonter aux sources, voir comment lâinfortunĂ© qui Ă©tait mort "'ait pu ĂȘtre conduit dans une maison qui Ă©tait signalĂ©e comme le refuge de ce que la sociĂ©tĂ© renferme de plus vil et de plus abject. » Voici ce que lâon apprit. >> Le jeune homme avait rencontrĂ©, vers six heures du soir, une fille dans un Ă©tat complet dâivresse, lui avait demandĂ© oĂč elle couchait, et lâavait, par"humanitĂ© , reconduite Ă son logement ; câest la cause de sa prĂ©sence dans la maison dont je viens de parler. Un moment aprĂšs quâil y fut entrĂ© , on entendit des gĂ©missemens dans la cour ; on sortit, et on lâaperçut par terre , rendant en quelque sorte les derniers soupirs et baignĂ© dans son sang. Pour la fille quâil avait reconduite, elle dormait profondĂ©ment. » Comme vous le voyez, les renseignemens quâon a obtenus nâĂ©taient pas satisfaisans ; nĂ©anmoins, on examina avec attention les diverses parties de la maison, les chambres, les escaliers, et, aprĂšs dâassez longues recherches , lâopinion des mĂ©decins se trouva corroborĂ©e par la dĂ©couverte que lâon fit au second Ă©tage. En effet, le carrĂ© de cet Ă©tage est disposĂ© de maniĂšre que lâon peut, dans une lutte, au sein de lâobscuritĂ©, jeter un homme par une fenĂȘtre qui donne sur la cour , cette fenĂȘtre offrant une baie toujours ouverte et sans vitrage ; puis , sur une porte voisine, on voyait une grande quantitĂ© de taches rondes et rougeĂątres, affectant la forme de gouttes, paraissant rĂ©centes et ayant lâaspect du sang. Sur un auvent donnant immĂ©diatement au-dessous de la fenĂȘtre, on remarquait aussi des taches Ă -peu-prĂšs semblables Ă cellesrci ; enfin , on ee souvint que la main droite du jeune homme mort portait la trace de huit coups dâongles ; que sa chemise offrait des taches dâun aspect Ă©quivoque ; et je pensai quâa- prĂšs ĂȘtre entrĂ© dans une maison de prostitution , nâayant rien p u obtenir dâune fille ivre-morte, il avait rencontrĂ© quelques unes de ses compagnes, qui, le voyant sans argent, nâauront pas voulu condescendre Ă sa demande; quâune lutte se sera engagĂ©e entre elles et lui, et quâun tiers, survenant, lâaura prĂ©cipitĂ© par 1 fenĂȘtre. » Pour vĂ©rifier ces faits, qui se prĂ©sentaient naturellement âą* 279 â lâesprit, il fallait dĂ©terminer la nature des taehes dont jâai parlĂ©. YoilĂ les causes de lâexpertise de MM. Girardin et Morin, et des questions que je leur ai adressĂ©es. Vous allez juger du mĂ©rite de leur travail. Quâil me suffise de vous dire maintenant que, par suite de rĂ©vĂ©lations faites par des tĂ©moins, un homme et deux femmes sont renvoyĂ©s devant la cour dâassises , comme inculpĂ©s de meurtre. » La chemise que nous avions Ă examiner prĂ©sentait plusieurs taehes grisĂątres. Lâune dâelles, enlevĂ©e avec le morceau de toile qui la supportait, Ă©tait rude au toucher ; elle offrait la rĂ©sistance du linge empesĂ©, tandis que les parties de la chemise qui nâĂ©taient point tachĂ©es conservaient leur mollesse. La surface opposĂ©e Ă la tache Ă©tait cotonneuse et nâavait rien de rude. On la partagea en deux parties; lâune fut chauffĂ©e, et elle nâexhala point lâodeur delĂ graisse. Nous remarquĂąmes aussi que la tache nâavait pas traversĂ© la partie du linge qui la supportait, ce qui aurait eu lieu si elle eĂ»t Ă©tĂ© produite par un corps gras. Une autre portion de la tache , chauffĂ©e avec prĂ©caution , devint jaunĂątre, comme cela arrive avec la tache de sperme , et rĂ©pandit lâodeur caractĂ©ristique de ce liquide animal. La partie de la tache qui nâavait point servi aux expĂ©riences ci-dessus fut mise en macĂ©ration, pendant quelques heures, dans lâeau distillĂ©e froide , et on lâagita avec un tube de verre ; bientĂŽt elle exhala une odeur spermatique, et le linge se dĂ©sempesa ; alors le liquide devint un peu visqueux. Nous observĂąmes sur le linge une petite quantitĂ© dâune matiĂšre glutineusc qui, enlevee avec prĂ©caution et soumise Ă lâaclion immĂ©diate du calorique , dĂ©gagea une odeur de matiĂšre animale brĂ»lĂ©e. La dissolution de la matiĂšre de la tache ayant ele fdtrĂ©e , pour sĂ©parer les fibrilles qui sâĂ©taient dĂ©tachĂ©es du linge, fut divisĂ©e en deux parties. Lâune fut Ă©vaporĂ©e Ă une trĂšs-douce chaleur et prit une consistance visqueuse sans se coaguler, caractĂšre propre 28» â au sperme dans cet Ă©tat, elle ramenait au bleu le papier de tournesol rougi par un acide en conduisant lâĂ©vaporation jusquâĂ sa fin, on obtint un rĂ©sidu demi-transparent, semblable au mucilage dessĂ©chĂ© , luisant , de coĂŒlĂ©ur Ă peine fauve , dĂ©composable, comme toutes les matiĂšres animales, Ă une tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e, et qui, par lâagitation dans lâeau distillĂ©e froide , se partagea en deux parties lâune glutineuse, dâun gris jaunĂątre , adhĂ©rente aux doigts, Ă la maniĂšre delĂ glu, Ă©tait insoluble dans lâeau ; lâautre , au contraire , sây dissolvait. Lâautre partie de la dissolution donnait, avec le chlore, lâalcool , lâacĂ©tate et le sous-acĂ©tate de plomb , un prĂ©cipitĂ© blanc floconneux ; le deuto-chlorure de mercure y produisit un trouble blanchĂątre lâacide nitrique ne la troubla pas , tandis que le contraire a constamment lieu avec lâĂ©coulement blennorrhagique. La teinture de noix de galles y forma un prĂ©cipitĂ© blanc sale, qui disparut par lâaction de la chaleur, pour reparaĂźtre ensuite par le refroidissement. Nous considĂ©rons la matiĂšre de la tache comme du sperme dessĂ©che. Afin de prĂ©venir une objection qui aurait pu naĂźtre de lâĂ©tat de salete de la chemise, nous avons pris une certaine quantitĂ© de ce linge , non tachĂ© , pour le soumettre aux expĂ©riences ci-dessus dĂ©crites, et les rĂ©sultats que nous avons obtenus ont Ă©tĂ© entiĂšrement nĂ©gatifs. Lâaspect jaunĂątre que prenait la tache lorsquâon la chauffait dâune maniĂšre convenable, lâodeur spermatique quâelle exhalait dans ces circonstances, et la maniĂšre dont elle se comportait avec lâeau, ne permettent pas de douter que la chemise soumise Ă notre examen ne fĂ»t tachĂ©e par du sperme. Un seul liquide, celui de la gonorrhĂ©e, pourrait avoir quelque ressemblance avec lui ; mais il sâen distingue, en ce quâil ne devient point jaunĂątre lorsquâon lâapproche du feu , et nâexhale pas lâodeur spermatique. Mis dans lâeau, il sây dissout, et la liqueur qui en rĂ©sulte, exposĂ©e Ă une douce chaleur, donne lieu Ă un coagulum albumineux. ©©©© CONSIDĂRATIONS SUR LA NECESSITE DES ĂTUDES SCIENTIFIQUES Rien nâest plus propre Ă donner une haute idĂ©e de lâintelligence humaine, que la vue des prodiges enfantĂ©s par la science et Iâindustrie dans une pĂ©riode de tems aussi courte que celle qui nous sĂ©pare de la lin du xviii siĂšcle, Ă©poque oĂč les arts industriels ont reçu une impulsion si remarquable. MaĂźtre absolu, pour ainsi dire , des Ă©lĂ©mens et des forces de la nature, que son gĂ©nie persĂ©vĂ©rant lui a fait dĂ©couvrir, lâhomme , cette noble crĂ©ature sortie la derniĂšre des mains delĂ toute-puissance, nâest plus aujourdâhui un ĂȘtre faible , inhabile et craintif ; fds de Dieu, câest aussi un dieu qui fait Ă©clore, Ă chaque instant, des merveilles, dignes de celles qui ont prĂ©cĂ©dĂ© et accompagnĂ© sa naissance. Lâest Ă la science quâil doit ce dĂ©veloppement prodigieux de sa puissance; câest, elle qui, par une heureuse rĂ©action, a perfectionnĂ© lâintelligence dont elle Ă©tait nĂ©e et lui a fourni les moyens dâagrandir incessamment son empire. Le rĂŽle de la science , dans lâĂ©tat actuel de la civilisation , est 'niinense ; on ne saurait mĂ©connaĂźtre lâutilitĂ© dâen penelrer les sc crets et de se familiariser avec son langage. Lâindustrie, qui 11 est, Ă proprement parler, que lâapplication des forces de * homme et de celles de la nature au travail et Ă la production InsĂ©rĂ©es dans la Repue de Rouen 3 numĂ©ro tic janvier ISùßijt, j, p, Vt. â 282 â des choses utiles, ne vit et ne marche que par elle. Alors mĂȘme que lâhomme ne serait pas sans cesse excitĂ© Ă se livrer Ă son etude, par les jouissances si vives et si variĂ©es quâelle procure, un motif plus impĂ©rieux que tout autre lâobligerait a lui demander son secours la nĂ©cessitĂ©, le besoin de sa conservation. Mais un heureux changement, sous ce rapport, sâest opĂ©rĂ© dans les esprits en moins dâun demi-siĂšcle ; Ă une indiffĂ©rence presque dĂ©daigneuse pour les arts utiles, a succĂ©dĂ© chez beaucoup un vif dĂ©sir dâapprendre et dâappliquer les connaissances acquises. Pour amĂ©liorer la condition de lâhomme , on a interrogĂ© la science ; et, une fois engagĂ©e dans cette voie, la sociĂ©tĂ© nâa pu sâen Ă©carter , entraĂźnĂ©e par ce mouvement irrĂ©sistible qui pousse continuellement lâesprit Ă reculer les bornes de lâinconnu. Quâon se reporte par la pensĂ©e Ă lâĂ©tat de lâindustrie en gĂ©nĂ©' rai, il y a une soixantaine dâannĂ©es seulement, quâon le compare Ă celui dans lequel elle se trouve de nos jours, et on sera frappĂ© des rapides et Ă©tonnans progrĂšs quâelle a Ă©prouvĂ©s dans un espace de tems aussi limitĂ©. Tandis que , autrefois, les inventions sortaient du fond des ateliers et passais 1 * 1 des mains de gens aussi routiniers quâignorans dans celles de s thĂ©oriciens , elles Ă©closent, actuellement, dans les cabinets de ceux-ci, pour se rĂ©pandre dans les fabriques , oĂč on les expl°d c aussitĂŽt, et presque constamment avec bonheur. A qui doit-on , en edet, la connaissance delĂ labrication du fer-blanc, qui, jusquâau xml" siĂšcle , fut la possession exclus»' 0 les habitons de la Saxe? A qui doit-on celle de la porcelaine, des Ă©maux , la dorure sur mĂ©taux, lâĂ©clairage au gaz ? Nâest-ce pas Ă des hommes entiĂšrement adonnĂ©s Ă lâĂ©tude des sciences? Qui a perfectionnĂ©, avec tant de succĂšs , diverses branches dâindustrie restĂ©es pendant de longs siĂšcles dans lâenfance , telles que l'art du tannage, celui du brasseur, la fabrication des esprits, la peinture sur verre, sur porcelaine , sur Ă©mail, sur mĂ©taux, la prĂ©paration du papier de coton , etc. ? Ce sont des gens de science, et non des praticiens ignares. Ne sont-ce pas aussi des savans qui ont su dĂ©couvrir dans la betterave un sucre analogue Ă celui de la canne, et qui ont trouvĂ© les moyens de lâen extraire avec assez dâĂ©conomie pour quâon puisse exploiter avantageusement cette racine dans nos climats ? Ne sont-ce pas eux aussi qui, par des manipulations aussi simples quâingĂ©nieuses , ont opĂ©rĂ© la conversion de lâamidon en gomme et en sucre; retirĂ© des os une matiĂšre la gĂ©latine qui a reçu tant dâapplications diverses ; qui ont créé la fabrication du sel ammoniac, Ă lâaide des chiffons et des rĂ©sidus de matiĂšres animales ; le blanchiment des tissus, au moyen dâagens aussi faciles Ă employer que le chlore et les chlorites ; la prĂ©paration du blanc de Clichy, du bleu de cobalt, de lâoutremer factice , et de tant dâautres couleurs minĂ©rales que les peintres emploient maintenant avec tant dâavantages pour animer la toile et reproduire les hommes et les choses dâune autre Ă©poque ? Qui a retrouvĂ© la composition de ces mortiers et cimens qui durcissent sous les eaux , que les Romains employaient exclusivement dans leurs constructions, et qui ont durĂ© plus que leur empire ? Qui a dĂ©couvert les propriĂ©tĂ©s antiputrides et dĂ©colorantes du eharbon, et en a fait lâapplication Ă la dĂ©puration des eaux , Ă la dĂ©sinfection des matiĂšres vĂ©gĂ©tales et animales en partie corrompues , Ă la conservation des substances alimentaires, Ă la dĂ©coâ Wallon des sirops , des huiles et autres liquides ? â 284 â Qui a inventĂ© ces machines merveilleuses dont la puissance permet Ă lâhomme de centupler ses efforts et dâobtenir des rĂ©sultats si gigantesques, ces machines Ă vapeur, en un mot, qui ont amenĂ© une rĂ©volulionâsi heureuse dans notre industrie moderne ? Qui a imaginĂ© de substituer la vapeur Ă lâair et Ă lâeau, pour le chauffage des habitations , des ateliers, des sĂ©choirs ? Qui a rendu moins pĂ©nible et plus prompt», lâexploitation des mines, créé les moyens dâentretenir sans cesse un air pur et salubre dans les lieux de grands rassemblemens et jusque dans les profondeurs de la terre, oĂč sâaccumulent des populations entiĂšres ? Qui a trouvĂ© les procĂ©dĂ©s les plus propres Ă enlever lâodeur infecte aux endroits oĂč sont entassĂ©es des matiĂšres organiques en proie Ă la putrĂ©faction ; Ă soustraire les ouvriers doreurs et autres aux funestes effets des gaz dĂ©lĂ©tĂšres qui abrĂ©geaient leurs jours ? Qui a dotĂ© les ateliers de teinture et dâimpression sur Ă©toffes de couleurs si riches et si solides ? Qui a enseignĂ© lâart de varier les nuances Ă lâinfini, de les dĂ©truire Ă volontĂ© sur les tissus mĂȘme, et de les remplacer par dâautres, avec une facilitĂ© qui tient du prodige? Tous ces travaux importans, toutes ces dĂ©couvertes rĂ©centes» ne sont-ils pas le fruit des mĂ©ditations de la science ? Ces quelques exemples, pris sans choix, nous rĂ©vĂšlent assez ce que la science peut faire pour lâhomme, quand il sait lâinterroger et la connaĂźtre. Câest une mine inĂ©puisable qui verse chaque jour de nouvelles richesses en Ă©change du travail et de lâĂ©lude. Ces vĂ©ritĂ©s, long-tems mĂ©connues, commencent enfiu Ă se faire jour et ne tarderont pas Ă devenir vulgaires. Notre Ă©poque , en effet, est remarquable par la simultanĂ©itĂ© des effort 5 que lâon observe dans quelques classes de la sociĂ©tĂ© pour amĂ©liorer toutes les branches de la prospĂ©ritĂ© publique , en apph â 285 quant Ă cette Ćuvre les ressources le la science. LâactivitĂ© de lâhomme ne sâest jamais, il faut lâavouer, dĂ©ployĂ©e avec autant dâĂ©nergie dĂšs quâune dĂ©couverte est connue, des milliers de bras sâempressent aussitĂŽt de lâexploiter , et aucune idĂ©e thĂ©orique nâest jetĂ©e dans le monde, sans que de nombreux essais nâen viennent promptement constater lâĂ©tendue et les avantages. Lâesprit dâassociation est favorable Ă ce besoin gĂ©nĂ©ral dâentreprises. Câest Ă lui que nous devons la plupart de nos rapides progrĂšs dans les arts. Lâhomme isolĂ© nâexpose quâen tremblant ses capitaux ; il se dĂ©fie de lâentraĂźnement qui accompagne toujours une idĂ©e neuve et hardie, et cette timiditĂ© est souvent la cause du peu de succĂšs de ses tentatives. Les associations, au contraire , que nâarrĂȘtent point de telles considĂ©rations, spĂ©culent avec hardiesse et opĂšrent presque toujours avec bonheur. Ce quâun seul, dâailleurs, ne pourrait faire, elles lâexĂ©cutent avec promptitude et Ă©conomie. Câest lĂ tout le secret de ce prodigieux accroissement de la fortune publique en Angleterre, pays Ă©minemment novateur et dĂ©barrassĂ©, depuis longues annĂ©es, des entraves de la routine. La France commence Ă prendre une part active Ă ce dĂ©veloppement de lâindustrie. DĂ©jĂ , de nombreux succĂšs en tous genres signalent ses premiers pas dans la voie des amĂ©liorations. EspĂ©rons que lâessor donnĂ© Ă nos manufactures ne se ralentira pas , et que le gouvernement sâempressera dâĂ©tendre de tout son pouvoir notre commerce au dehors ; c est la seule ressource que nous ayons actuellement pour Ă©couler les produits qui encombrent' nos places , et soutenir une eoncurrence qui doit encore multiplier nos efforts. Une mesure qui a singuliĂšrement contribuĂ© Ă communiquer Ă 1 industrie française lâimpulsion remarquable dont nous sommes tĂ©moins depuis une vingtaine dâannĂ©es, câest la crĂ©ation de ces e *positions quinquennales, dont la premiĂšre idee , due Ă Fran- S * Ă partir du fer niai 1S34. Le gouvernement a dĂ©fĂ©rĂ© a ce vĆu, en dĂ©cidant, par rordo» rttinfC royale du 4 octobre 1853, le maintien de nos expositions industrielles et leur rĂ©pĂ©til* 011 des intervalles de cinq annĂ©es. Presque tous les peuples Ă©trangers ont suivi lâexemple de la France, en ^ pareilles fĂȘtes nationales. Il y a eu des expositions de produits d'industrie Ă Turin , ^*1' la Haye, Munich, Saint-PĂ©tersbourg, aux Ătats-Unis, etc.; et il sâen prĂ©pare de»* n ° vclles Ă Bruxelles et Ă Madrid. Chez nous, ces expositions ne sc sont point bornĂ©es Ă la capitale. Plusieurs viMes »» ^ *riellcs en ont Ă©tabli de locales, et quelques unes les ont renouvelĂ©es Ă des Ă©poq ,u * r r â 287 â excitant dâabord la curiositĂ©, ont attirĂ© l'attention du _ ââ cct des industriels sur les ressources du pays , et Ă©veillĂ© chez les uns lâintĂ©rĂȘt, chez les autres le dĂ©sir dâobtenir quelque distinction honorable. Les rĂ©compenses dĂ©cernĂ©es avec solennitĂ© par le chef de lâĂ©tat, sur les propositions dâun jury composĂ© dâhommes pris en majeure partie dans les rangs de cet Institut que toutes les nations nous envient, ont fait naĂźtre lâĂ©mulation dans tous les ateliers, et lâobservateur a pu remarquer avec satisfaction les heureux rĂ©sultats dâune institution aussi Ă©minemment nationale. La louable ambition de partager ces rĂ©compenses a imposĂ© la nĂ©cessitĂ© de mieux faire, et par consĂ©quent dâapprendre. Le seeours de la science a Ă©tĂ© implorĂ© par tous, et il ne sâest pas fait attendre. Les hommes adonnĂ©s Ă lâĂ©tude des thĂ©ories scientifiques ont, dĂšs-lors , Ă©tabli dâutiles et frĂ©quentes communications avec les praticiens proprement dits, et nâont plus dĂ©daignĂ©, comme par le passĂ©, de parcourir les ateliers. Pour se faire entendre du plus grand nombre, ils ont dĂ©barrasse la Science de tous les obstacles qui sâopposaient Ă sa propagation, notamment en rĂ©pudiant une nomenclature barbare et sujette ^ dâĂ©ternelles variations , qui semblait nâavoir Ă©tĂ© inventĂ©e que pour dĂ©rober les fruits de leurs recherches aux regards de la multitude. Ile toutes parts ont surgi de nombreux ouvrages Ă©lĂ©mentaires , qui ont fait circuler rapidement les principes et les laits de lâexpĂ©rience; des journaux spĂ©cialement consacrĂ©s Ă leres Lille, Douai, Caen, Mulbauscn, Strasbourg, Ăvrcux, Rouen, etc., sont de cc n °ml> re . Tous ces faits attestent assez lâimportance et lâutilitĂ© de ces institutions, et lâinfluence ^l 11 elles exercent sur le dĂ©veloppement de lâindustrie et du commerce, par lâĂ©mulation il sâest habituĂ© Ă ne voir en elles que des accessoires, nâayan* dâailleurs dâimportance quâautant quâelles paraissent devoir con- duire Ă un but positif. Lâindustriel ^de son cĂŽtĂ© , a perdu insensiblement ses prĂ©jugĂ©s, ses vieilles traditions presque toujours erronĂ©es, et a enfin reconnu la supĂ©rioritĂ© rĂ©elle de lâinstruction sur la morgue de lâignorance. Rien ne saurait plus dĂ©sormais arrĂȘter cette heureuse dirccti 011 des esprits. Les applications et les donnĂ©es expĂ©rimentales d c ^ science absorbent aujourdâhui lâattention , et quiconque veut atW cher Ă son nom un souvenir durable, sâempresse de consacrer ses travaux Ă lâĂ©claircissement de quelque point encore obscur d une â 289 industrie spĂ©ciale. Les peuples , nâĂ©tant plus divisĂ©s par ces prĂ©ventions malheureuses qui les isolaient les uns des autres, mettent en commun les fruits de leur expĂ©rience j ils font un Ă©change mutuel de leurs dĂ©couvertes , et adoptent sans difficultĂ© les pratiques quâils voient rĂ©ussir chez leurs voisins. Ă©goĂŻsme national, toujours si exclusif et si bornĂ©, sâuse peu Ă peu par ces rapports frĂ©quens, quâaugmentent tous les jours les facilitĂ©s de communication et le goĂ»t dominant des voyages ; avec lui sâĂ©teignent ces haines de nation Ă nation , et la civilisation, ainsi favorisĂ©e , sâaccroĂźt sans pĂ©ril pour les peuples, sans dommage pour les individus. Commerce! industrie! voilĂ les Ă©lĂ©mens les plus certains delĂ force et de la prospĂ©ritĂ© du pays ! â DĂ©sormais , il faut tourner de ce cĂŽtĂ© et lâattention des gouvernemens et les efforts des hommes dĂ©vouĂ©s au bien gĂ©nĂ©ral, car le monde industriel envahit une place immense dans la sociĂ©tĂ©, quâil a dâailleurs si profondĂ©ment modifiĂ©e. Il faut quâon sâempresse dâencourager les Ă©tudes scientifiques, et de faire pĂ©nĂ©trer les notions essentielles au centre mĂȘme des ateliers. Leur enseignement, du reste, ne doit pas ĂȘtre limitĂ© aux seuls hommes de lâart, imx producteurs proprement dits. Toutes les classes qui sont placĂ©es en dehors de lâexploitation directe des arts, ne jouissent pas moins des bienfaits de lâindustrie ; elles en ressentent les variations suivant que les produits fabriquĂ©s augmentent ou diminuent dans leur prix ou leur quantitĂ©, et elles ont, ainsi, le plus grave intĂ©rĂȘt Ă connaĂźtre les causes qui prĂ©sident au dĂ©veloppement journalier de la richesse publique. Si quelque chose doit Ă©tonner, au milieu de ce mouvement gĂ©nĂ©ral qui donne une vie nouvelle Ă nos manufactures, câest de tâoir chez le plus grand nombre une ignorance aussi complĂšte des sciences exactes, et surtout des pratiques les plus simples de 19 290 â cette industrie qui fournit Ă tous les besoins. Hommes du monde , magistrats, poĂštes, guerriers, artistes, commerçans, tous doivent Ă la Technologie les jouissances du luxe et les commoditĂ©s de la vie; mais combien peu, parmi eux, peuvent se rendre compte des moyens que lâartisan emploie pour les satisfaire? Combien peu, parmi eux, savent comment se font la toile et le drap qui les protĂšgent contre les intempĂ©ries des saisons ; le pain et le vin, qui rĂ©parent leurs forces affaiblies ; comment on moud le blĂ© , on blanchit le linge; ce quâest une machine, et comment on sâen sert, etc.? Demandez leur les moindres renseignemens sur ces belles inventions qui excitent, Ă leur origine, tant dâĂ©tonnement et dâadmiration parmi les masses, comme la cloche du plongeur, le ballon de lâaĂ©ronaute, les chemins de fer, les bateaux et les voitures Ă vapeur, les puits artĂ©siens, la lampe du mineur, les procĂ©dĂ©s lithographiques, les presses mĂ©caniques , les mĂ©tiers Ă la Jacquart, etc., etc. â Ils seront dans la triste impuissance de contenter votre curiositĂ©. AssurĂ©ment, un pareil Ă©tat de choses est incomprĂ©hensible, Ă une Ă©poque oĂč lâintelligence humaine paraĂźt si vivement fermenter. Quelle peut en ĂȘtre la cause? Elle existe, selon nous, dans lâĂ©tat stationnaire de nos Ă©lablisseinens dâinstruction universitaire et dans lâindiffĂ©rence quâon y apporte Ă lâenseignement des sciences exactes. Les principales Ă©ludes de la jeunesse se rĂ©duisent encore a la connaissance des langues mortes, et il nây a quâun trĂšs-petit nombre dâĂ©lĂšves qui acquiĂšrent des notions suffisantes des sciences mathĂ©matiques et physiques ; la technologie reste Ă©trangĂšre h une foule de jeunes gens qui, une fois sortis Je» classes, fatiguĂ©s de travaux mal dirigĂ©s, nâont ni le teins ni 1 e vouloir peut-ĂȘtre de se livrer Ă de nouvelles Ă©tudes dont lâiitil'* e ne leur a point Ă©tĂ© assez dĂ©montrĂ©e. Câest ainsi que se perpetue lâignorance des choses les plus communes dans les classes Ă©levĂ©es de la sociĂ©tĂ© ; et, tandis que ^ eS arts se perfectionnent, que de nouvelles branches dindustim â 291 â sâĂ©lĂšvent chaque jour, que les sciences font Ăźles progrĂšs incalculables , que, chaque jour aussi, et en raison mĂȘme de ce dĂ©veloppement scientifique et industriel, lâaisance et la richesse su rĂ©pandent de plus en plus , la plupart de ceux qui profitent davantage des heureux rĂ©sultats de cette activitĂ© industrielle et physique, sont justement ceux qui y sont le plus Ă©trangers ; ils en reçoivent les bienfaisans effets, comme ils profitent de la lumiĂšre du jour , sans sâoccuper de la source dâoĂč elle Ă©mane ! Que de jouissances, cependant, ils perdent! que dâagrĂ©ables distractions ils nĂ©gligent ! Presque tous les faits, que lâhabitude nous fait voir avec indiffĂ©rence, sont des phĂ©nomĂšnes intĂ©ressons aux yeux de ceux qui peuvent les comprendre. Le mĂ©canisme ingĂ©nieux qui donne la vie Ă toutes ces machines dont lâhomme a su tirer un parti si merveilleux, ces rĂ©actions curieuses que produisent les corps dans leur contact, ces mĂ©tamorphoses quâils subissent par lâaction de certains agens employĂ©s avec discernement , ces effets de destruction et de recomposition qui se passent Ă chaque instant autour de nous, cette production de corps nouveaux que le chimiste sait obtenir avec une admirable facilitĂ© , tout nâest-il pas un sujet dâĂ©tudes attrayantes et une source dâimpressions toujours neuves et piquantes ! En prĂ©sence dâun fait dont lâĂ©vidence est manifeste aux yeux de tous, le dĂ©faut des notions les plus Ă©lĂ©mentaires de la science et de lâindustrie dans les classes Ă©levĂ©es de la sociĂ©tĂ©, il appartient h ceux qui, par position ou par goĂ»t , ont pĂ©nĂ©trĂ© les mystĂšres de lâune et de lâautre, de travailler Ă faire cesser un Ă©tat de choses aussi dĂ©plorable. Ils y parviendront sĂ»rement en profitant habilement des moyens que la presse leur prĂ©sente. DĂ©barrassant la science de ce quâelle a de trop sĂ©vĂšre pour des. hommes inaccoutumĂ©s Ă son langage, montrant des applications directes et continuelles des vĂ©ritĂ©s quâelle enseigne , ils ne tarderont pas a piquer la curiositĂ© des esprits les plus lĂ©gers , et Ă faire naĂźtre chez eux le dĂ©sir de pĂ©nĂ©trer plus avant dans le vaste champ des â 292 â Ă©tudes positives. Ainsi se rĂ©pandront peu Ă peu les connaissances utiles ; ainsi la culture des sciences, devenant plus gĂ©nĂ©rale, contribuera Ă adoucir les mĆurs, Ă affaiblir ces haines de parti qui divisent les cĆurs les plus gĂ©nĂ©reux, et Ă rapprocher les hommes qui, pour sâaimer et sâestimer , nâont besoin que de se voir et de sâentendre. VoilĂ , certes, un beau rĂŽle Ă remplir ! A dĂ©faut des sociĂ©tĂ©s savantes , qui mĂ©connaissent presque toutes le vĂ©ritable but de leur institution , câest aux recueils pĂ©riodiques, câest aux journaux Ă sâen emparer. La Revue nous a offert quelques unes de ses pages pour y dĂ©poser nos pensĂ©es scientifiques et faire connaĂźtre Ă nos concitoyens les nombreux et importons rĂ©sultats quâobtient chaque jour lâindustrie humaine , celte fille du besoin et de lâintelligence. Nous avons acceptĂ© avec empressement une part active Ă la collaboration dâun recueil qui, dans des mains habiles, peut devenir une puissante cause dâamĂ©lioration et de perfectionnement dans notre pays. LâhospitalitĂ© que la littĂ©rature veut bien donner Ă la science , dans cette circonstance , est une manifestation Ă©vidente de ce besoin , ressenti gĂ©nĂ©ralement, de rĂ©unir en un seul faisceau toutes les inspirations et les dĂ©couvertes utiles, quel que soit lâordre dâidĂ©es auquel les unes et les autres se rattachent. La littĂ©rature et la science ont une commune origine, comme elles ont un mĂȘme but, lâamĂ©lioration du sort de lâhomme ; elles doivent donc dĂ©sormais marcher sous la mĂȘme banniĂšre , et se soutenir pour mieux atteindre ce noble rĂ©sultat. Ă©©e©©©©*©©3©©©s©©e©©e>©©©©©» LA PERROTINE, NOUVELLE MACHINE POUR LâIMPRESSION DES INDIENNES. I er ARTICLE ' . Tout ce tjui a pour objet le perfectionnement le la fabrication des indiennes, tout ce qui tend Ă communiquer Ă cette branche dâindustrie une nouvelle impulsion, ne peut manquer dâavoir du retentissement et dâexciter lâintĂ©rĂȘt dans notre pays. Le sujet de cet article nous paraĂźt donc, plus que tout autre, de nature Ă commander lâattention. Empruntant toutâĂ âlaâfois les secours de la chimie et de la mĂ©canique, lâindienneur est, de tous les industriels, celui qui fait les applications les plus frĂ©quentes des principes et des dĂ©couvertes de ces deux sciences. Le dĂ©veloppement de son art est intimement liĂ© Ă la marche progressive de ces connaissances ; et, comme ce sont, de toutes les Ă©tudes positives, celles qui, sans contredit, sont le plus cultivĂ©es de nos jours, en raison de leur utilitĂ© pratique, lâart de peindre les Ă©toffes est aussi celui qui fait les progrĂšs les plus rapides et les plus extraordinaires. Long-tems rĂ©duit Ă lâemploi de moyens assez grossiers pour charger la toile de dessins diversement coloriĂ©s, le fabricant 1 Elirait de la Revue de Rouen. FĂ©vrier 1&3S ; l. o , p. jpo. I â 294 â dâindiennes doit, au perfectionnement de la gravure et des procĂ©dĂ©s mĂ©caniques, une supĂ©rioritĂ© marquĂ©e sur les Indiens, ses premiers maĂźtres dans cette partie, sous le rapport du bon goĂ»t et de lâĂ©lĂ©gance des dessins, la nettetĂ© et la rapiditĂ© de lâexĂ©cution. Jusque vers la fin du xvm siĂšcle, lâimpression des couleurs se fit uniquement, soit avec des planches en bois , portant en relief les dessins destinĂ©s Ă couvrir les tissus, et quâon manĆuvrait Ă la main, soit avec des planches de cuivre rouge gravĂ©es au moyen du poinçon ou Ă la maniĂšre usitĂ©e pour lâimpression en taille- douce , quâon faisait agir Ă lâaide de machines Ă mouvement de rotation continu. Mais, vers 1801, le cĂ©lĂšbre Oberkampf, de Jouy, essaya, dans sa belle manufacture long-tems sans rivales, dâimprimer avec des cylindres de cuivre gravĂ©s. Ce nouveau mode dâopĂ©rer, que les fahricans de Manchester ne tardĂšrent pas Ă perfectionner et Ă rendre aussi simple quâexpĂ©ditif, causa une rĂ©volution dont les effets sur la prospĂ©ritĂ© de lâart furent incalculables. Ces cylindres ou rouleaux permirent, non seulement de fabriquer en fort peu de tems et avec une grande Ă©conomie des masses de toiles peintes, mais ils apportĂšrent dans la fabrication une prĂ©cision et une correction jusquâalors inconnues. Lâimpression dâune seule couleur sur calicot, qui nĂ©cessitait le travail dâun homme et dâun enfant pendant trois heures au moins, celle de deux couleurs, qui en exigeait au moins six, se firent dĂšs-lors en quelques minutes et avec une perfection quâil nâĂ©tait pas possible dâatteindre pur le moyeu des planches & la main. Depuis lâintroduction , dans les ateliers, des machines Ă imprimer, on nâa cessĂ© dây apporter des modifications , dans le but de rendre ce procĂ©dĂ© mĂ©canique aussi productif que possible. De là » lâinvention de machines Ă deux et Ă trois cylindres, qui donnent la facilitĂ© dâimprimer, Ă la fois, sur le mĂȘme tissu, deux et trois couleurs diffĂ©rentes. Câest Adam Parkinson, de Manchester, q lU est lâauteur de ces derniers perfectionnemens. Ou entrevoit facilement quelles Ă©conomies il est possible de rĂ©aliser par 1 einpl 01 â 295 â de ces appareils. Toutefois, les rouleaux ne dispensent pas de faire usage des planches Ă la main , car les couleurs supplĂ©mentaires ne peuvent ĂȘtre donnĂ©es Ă la toile quâau moyen de planches dites Tcntrures , qui sont en rapport avec les dessins gravĂ©s sur les cylindres ; et, dâailleurs, il est une foule dâarticles qui ne peuvent ĂȘtre confectionnĂ©s quâĂ la main. Il faut dire aussi que les machines Ă imprimer au rouleau, et les rouleaux en cuivre qui en dĂ©pendent , nĂ©cessitent une premiĂšre mise de fonds trĂšs-considĂ©rable, et que celles Ă deux et surtout Ă trois couleurs prĂ©sentent dâassez graves difficultĂ©s dans leur construction et leur maniement ce nâest, en effet, quâavec une peine extrĂȘme quâon parvient Ă obtenir constamment de la rĂ©gularitĂ© dans le service de ces machines. Lâimpression Ă la main , ne fĂ»tâce qne par lâĂ©conomie sur la mise-dehors, a donc persistĂ© dans la plupart des fabriques, bien que lâusage du rouleau soit devenu chaque jour plus commun. Mais voici quâun ingĂ©nieur civil de Rouen , quâun mĂ©canicien dĂ©jĂ cĂ©lĂšbre, M. Perrot, vient dâimaginer une machine propre Ă remplacer avantageusement le travail Ă la main, toujours si lent et si coĂ»teux. Ti ois planches en bois, gravĂ©es en relief, Ă la maniĂšre des planches ordinaires, longues de trente-deux pouces et larges de deux Ă quatre pouces environ , se trouvent, comme par enchantement, chargĂ©es de couleur, puis pressĂ©es successivement contre la piĂšce quâil sâagit dâimprimer, et qui passe dâelle-mĂȘme, comme dans les machines Ă rouleaux, devant chacune de ces planches. Deux hommes, lâun qui veille au service de la machine, lâautre qui fait mouvoir tout le systĂšme, et trois enfans qui font office de tireurs, suffisent pour imprimer en trois couleurs vingt- quatre piĂšces environ de calicot par jour. Il font donc, Ă eux cinq, le travail de vingt-quatre imprimeurs et de vingt-quatre tireurs , le travail dâun imprimeur, aidĂ© de lâenfant nommĂ© tireur dans les fabriques, ne dĂ©passant guĂšre , terme moyeu, une piĂšce Ă trois couleurs ou Ă trois mains. â 296 â Si lâon compare cette impression mĂ©canique Ă la planche , Ă lâimpression Ă la main, tant sous le rapport de lâĂ©conomie que sous celui de la perfection du travail, on sera frappĂ© de lâimmense supĂ©rioritĂ© de la premiĂšre en effet, la machine de M. Perrot rĂ©alise au moins 3o fr. dâĂ©conomie par chaque couleur, câest-Ă -dire go fr. par jour, sans compter quâelle ne dĂ©pense que la moitiĂ©, terme moyen, des couleurs quâil faut employer dans le travail Ă la main ; et on comprendra facilement quâil doit en ĂȘtre ainsi, en rĂ©flĂ©chissant quâau lieu de vingt-quatre chĂąssis garnis, nĂ©cessaires pour la confection de vingt-quatre piĂšces, trois seulement suffisent. Les planches que la machine fait mouvoir ne nĂ©cessitent pas les soins que sont forcĂ©s de prendre les imprimeurs pour redresser et dĂ©gauchir les planches ordinaires aussi durent-elles trois fois plus que celles-ci. Toujours prĂȘte a marcher, nâexigeant, pour sa manĆuvre, quâun trĂšs-petit espace, le service de cette machine peut ĂȘtre continuĂ© nuit et jour ; le tems nĂ©cessaire au changement de dessin et de couleur nâexcĂšde pas une demi-heure. Sous le rapport de lâexĂ©cution, on conçoit quâelle doit nĂ©cessairement fonctionner avec plus de rĂ©gularitĂ© et de prĂ©cision que la main, quâelle doit faire des raccords plus parfaits. Nous avons vu de nombreux dessins imprimĂ©s par cet appareil, et nous en avons admirĂ© la nettetĂ© et la correction ; beaucoup dâentrâeuX nâauraient pu certainement ĂȘtre exĂ©cutĂ©s Ă la main. Les mordans, rongeans, rĂ©serves et couleurs dâapplication sont imprimĂ©s, p ar cette machine , avec une incroyable facilitĂ©, pourvu que ces cou- leurs soient de nature Ă ĂȘtre appliquĂ©es immĂ©diatement. Chacune des trois couleurs peut ĂȘtre fournie plus ou moins, et on obtient le degrĂ© convenable de pression des planches sur la toile, 1,u moyen dâun mĂ©canisme trĂšs-simple, qui permet dâaugmenter ou de diminuer la pression Ă volontĂ©. A tous ces avantages matĂ©riels, il faut joindre celui non moins prĂ©cieux pour les chefs dâ dâĂȘtre , dĂ©sormais, a â 297 â lâabri >vec la fabrication des indiennes, quâon donne, dans les fabri- de ta Revue de Rouen. Avril I85G ; t. ", p. 251». â 300 â ques, le nom de tireurs aux enfuns chargĂ©s dâĂ©tendre sur les chĂąssis les couleurs que les ouvriers imprimeurs doivent appliquer sur les toiles avec leurs planches gravĂ©es. Avant dâindiquer en quoi consiste le perfectionnement ajoute Ă la Perrotine, il est essentiel de donner connaissance des faits qui lâont provoquĂ©. La Perrotine a Ă©tĂ©, comme toutes les inventions nouvelles en butte aux attaques les plus vives et les plus opposĂ©es ; et, pour que rien ne manquĂąt au triomphe de son auteur, elle a Ă©tĂ© lâoccasion dâune coalition entre les ouvriers imprimeurs , et, par suite, dâun procĂšs jugĂ© Ă Rouen dans les derniers jours de i835- Les faits que nous allons rapporter mĂ©ritent de recevoir de l a publicitĂ©, car il en ressortira une grande leçon pour les ouvriers qui ne sont pas encore assez convaincus que la loi protĂšge les inventeurs contre leur mauvais vouloir, et qui regardent comme un flĂ©au pour eux les perfectionnemens qui diminuent, ça et lĂ > quelque peu de main-dâĆuvre dans les manufactures. Depuis deux ans, la Perrotine fonctionnait parfaitement bien dans les ateliers de M. Stackler, fabricant dâindiennes Ă Saint- Aubin-la-RiviĂšre, lorsque, toutâĂ -coup, au commencement du mois de septembre de lâannĂ©e derniĂšre, de graves dĂ©fauts se firent apercevoir dans les piĂšces imprimĂ©es par cette machine- Jleaucoup de ces piĂšces prĂ©sentaient, dâespace en espace , des parties sur lesquelles la couleur nâĂ©tait point appliquĂ©e ; elle 5 furent donc entiĂšrement perdues. En gĂ©nĂ©ral, dans les machines, le3 vices se produisent dâun e maniĂšre constante et uniforme ; mais ici les dĂ©fectuositĂ©s arn' voient trĂšs-irrĂ©guliĂšrement. Des piĂšces entiĂšres Ă©taient lfa " primĂ©es avec une grande perfection ; puis, instantanĂ©ment plusieurs offraient les dĂ©fauts que nous venons dâindiquer. Cette bizarrerie dĂ©jouait lâattention de lâouvrier chargĂ© de conduire la Perrotine ; elle dĂ©routait complĂštement le contremaĂźtre que M. Perrot avait envoyĂ© chez M. Stackler, P° ur _ 301 dĂ©couvrir les causes dâun mal aussi grand. Toutes les parties de la machine fonctionnaient rĂ©guliĂšrement. On ne savait comment expliquer la production de ces dĂ©fauts , qui se renouvelaient sans cesse, et on cherchait vainement un moyen de les faire cesser. M. Perrot, qui dĂ©jĂ avait Ă©tĂ© plusieurs lois victime de la mĂ©chancetĂ© des ouvriers, entrevoyait lĂ un nouveau tour de leur façon , dâautant plus que lâun dâeux avait dit, un jour, en ricanant M. Perrot lui-mĂȘme viendrait quâil nây verrait goutte.» Enfin, par suite du demi-aveu dâun imprimeur, ami du conducteur de la Perrotinc, on surveilla plus attentivement les deux tireurs, et on les surprit au moment oĂč, aprĂšs avoir Ă©tendu la couleur sur les chĂąssis, ils passaient rapidement la main sur les planches. Ils enlevaient, par cette manĆuvre, la couleur dont elles Ă©taient chargĂ©es, ce qui faisait manquer nĂ©cessairement lâimpression de la partie essuyĂ©e. Les tireurs, pris en flagrant dĂ©lit, furent remplaces par dâautres, qui employĂšrent le mĂȘme manĂšge. Trois dâentr eux, intimidĂ©s par les menaces qui leur furent faites , avouĂšrent quâils agissaient ainsi Ă lâinstigation dâun nommĂ© Marchand, tireur comme eux, qui leur avait enjoint de faire manquer les piĂšces. Le plus ĂągĂ© de ces conspirateurs avait Ă peine seize ans ! Evidemment , ils Ă©taient les instrumens aveugles des imprimeurs Ă la main, que la Pcrrotine avait remplacĂ©s dans les ateliers de M. Stackler, car eux seuls Ă©taient intĂ©ressĂ©s Ă la dĂ©prĂ©ciation et Ăą lâabandon de cette machine, qui leur avait causĂ© un notable prĂ©judice. Il fallait un exemple, un chĂątiment public , pour empĂȘcher le retour de semblables manoeuvres, et apprendre aux ouvriers quâil ne leur est pas permis de porter impunĂ©ment atteinte au droit sacrĂ© de la propriĂ©tĂ©. Il fallait leur faire sentir que leur rĂ©sistance Ă se soumettre tranquillement Ă la nĂ©cessitĂ© Ă©tait vaine ; leur montrer que leur intĂ©rĂȘt particulier devait flĂ©chir devant 1 intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral des consommateurs, et les aveitii qu au lieu de â 302 â s'armer lu marteau les briseurs de machines, il leur serait plus profitable de chercher, dans les autres parties de la fabrication de lâindienne, une occupation quâun mode plus Ă©conomique de travail devait nĂ©cessairement leur enlever sans retour. Ces motifs dĂ©cidĂšrent M. Perrot Ă porter plainte au procureur du roi, et bientĂŽt une ordonnance de traduction en police correctionnelle fut rendue contre les tireurs Marchand, Beuzevestre, Rasse et Boucher, prĂ©venus de sâĂȘtre coalisĂ©s et dâavoir gravement compromis, en gĂątant sciemment des marchandises, les intĂ©rĂȘts de MM. Stacklcr et Perrot, Le io novembre i835, le tribunal, faisant application dc 9 art. 443» 69 , 4^3 et 62 du code pĂ©nal , dĂ©clara les quatre tireurs coupables dâavoir, comme ouvriers, volontairement gĂątĂ© les piĂšces en fabrication chez M. Stacklcr, et les condamna, savoir Marchand, Ă un an dâemprisonnement ; Beuzevestre, Ă six mois ; Rasse, Ă un mois ; Boucher, Ă quinze jours de la mĂȘme peine ; et tous, en outre, aux frais du procĂšs, solidairement et par corps. Beuzevestre, Rasse et Boucher firent appel de ce jugement- Le 4 dĂ©cembre 1 835, la cour royale de Rouen rendit lâarrĂȘt suivant 1 Art. dis. Quiconque , Ă l'aide d'une liqneur corrosive ou par tout autre moyen, a ,,r * âąvolontairement pĂątĂ© tics marchandises o;i matrices servant Ă la fabrication, sera puni d 11 ' 11 emprisonnement d'ut» mots Ă deux ans , et d'une amende qui ne pourra excĂ©der le piart dommages-interets, ni ĂȘtre moindre de seize francs* * Si le dĂ©lit a Ă©tĂ© commis par un ouvrier de la fabrique ou par un commis de la de commerce, l'emprisonnement sera de deux Ă cinq ans , sans prĂ©judice de l'amende, s* 11 * -qu'il vient d'ĂȘtre dit. âą a Aut. G9. Si le coupable n'a encouru qu'une peine correctionnelle , il pourra ĂȘtre ronda 1 * 1 * 1 Ă telle peine correctionnelle qui sera jugĂ©e convenable, pourvu qu'elle soit au-dessou* ^ moitiĂ© de celle qu'il aurait subie s'il avait eu seize ans. » o Art. 403. Dans tous les ras ou la peine d'emprisonnement est portĂ©e par le -code, si le prĂ©judice causĂ© nâexcĂšde pas 23 fr., et si les circonstances paraissent aUĂ©m»a nirS â les tribunaux sont autorisĂ©s Ă rĂ©duire l'emprisonnement mĂȘme au-dessous de six j**" ,-s â l'amende mĂȘme au-dessous de 16 fr. Ils pourront aussi prononcer sĂ©parĂ©ment l'une ou 1 aU de-ers peines, sans qn'en aucun cas elle puisse ĂȘtre au-dessous des peines de sinipb* Art. 32. L'exĂ©cution des condamnations Ă l'amende, aux restitutions, aux do* u,,,a ° c intĂ©rĂȘts et aux frais, pourra ĂȘtre poursuivie par la contrainte par corps. » â 303 â . n Attendu que le dĂ©lit imputĂ© aux prĂ©venus est constant , et quâils sâen reconnaissent coupables ; » Mais attendu que Bcuzevestre est le soutien de sa famille ; que Rasse nâest ĂągĂ© que de 1 3 ans ; que Bouclier a agi sans discernement il nâavait que 11 ans , et quâĂŻl est rĂ©clamĂ© par sa mĂšre » La cour, statuant sur lâappel, rĂ©duit Ă un mois, quant Ă Bcuzevestre, et Ă quinze jours, quant Ă Rasse, la peine dâemprisonnement contre eux prononcĂ©e ; acquitte Boucher de la condamnation Ă quinze jours de prison , et ordonne quâil sera remis Ă sa mĂšre ; condamne Bcuzevestre et Rasse aux dĂ©pens , solidairement et par corps. » Comme on le voit, la cour a su allier Ă une indulgence paternelle envers de jeunes enfans Ă©garĂ©s, une sĂ©vĂ©ritĂ© nĂ©cessaire en dâaussi graves conjonctures. Ce procĂšs a eu, en grande partie, lâeffet moral quâon en attendait, car le nombre des tentatives criminelles pour dĂ©ranger le travail des Perrotines diminue chaque jour. Un autre bien est encore rĂ©sultĂ© des essais infructueux des imprimeurs de M. Stackler M. Perrot, pour ne plus Ă©prouver de nouveaux dĂ©sagrĂ©mens, a cherchĂ© le moyen de se rendre indĂ©pendant du bon et du mauvais vouloir des tireurs, et il y a l'Ă©ussi, comme en tout ce quâil entreprend. Aujourdâhui, grĂące Ă une addition aussi simple quâingĂ©nieuse, la Perrotine marche sans le secours des tireurs. Cette addition consiste en deux cylindres qui ont pour fonction de distribuer la couleur sur les chĂąssis de la machine. Ils remplissent donc lâoffice des tireurs ; aussi M. Perrot appelle-t-il cet a Pparcil tireur mĂ©canique. Ces cylindres, placĂ©s dans une petite auge oĂč lâon met la couleur Ă Ă©tendre, tournent lâun sur lâautre, a 1 aide d un mĂ©canisme trĂšs-simple, se chargent de cette couleur, et lâun â 304 â dâeux , le supĂ©rieur, lu dĂ©pose sur le chĂąssis auprĂšs duquel il se trouve. Une fois la Perrotine en mouvement, toutes les parties fonctionnent avec une prĂ©cision admirable. Le tireur mĂ©canique communique au chĂąssis, et dans toute son Ă©tendue, une couche uniforme de couleur ; le chĂąssis, Ă son tour, la cĂšde Ă la planche gravĂ©e sur laquelle il vient sâappuyer ; puis la planche va lâimprimer sur la toile qui passe devant elle. Ces effets se succĂšdent dâune maniĂšre continue et rĂ©guliĂšre , autant de tems que le dĂ©sire le conducteur de la machine. De tems en tems, il alimente de nouvelle couleur lâauge du tireur mĂ©canique. Cet appareil a cela dâavantageux que la couleur la plus Ă©paisse est parfaitement broyĂ©e ; rĂ©sultat quâil est impossible dâobtenir dans le procĂ©dĂ© ordinaire, oĂč le tireur lâĂ©tend Ă lâaide dâune petite brosse sur le chĂąssis le frottement de la brosse ne peut suffire, on le conçoit, pour Ă©craser tous les grumeaux qui sc trouvent ordinairement dans une matiĂšre plus ou moins consistante. Un second avantage du tireur mĂ©canique consiste dans lâĂ©galitĂ© et lâuniformitĂ© avec lesquelles cette couleur se trouve Ă©tendue sur le chĂąssis. Enfin , ce qui est encore trĂšs-prĂ©cieux et ce que le tireur ne peut faire, quoique dextĂ©ritĂ© quâil ait, câest que lâappareil de M. Perrot apporte sur le chĂąssis, Ă chaque coup de planche» une quantitĂ© de couleur qui, une fois rĂ©glĂ©e, est toujours l a meme, quel que soit le tems pendant lequel cet appareil fonC" lionne. Nous avons vu des Perrotines, munies du tireur mĂ©caniqu e â en activitĂ© chez plusieurs indienneurs du dĂ©partement, et nous avons Ă©tĂ© charmĂ©s de la simplicitĂ© du mĂ©canisme et de la rĂ©gul a ' ritĂ© avec laquelle toutes les parties de ce vaste systĂšme marchent et produisent. Les fabricans louaient sans restriction lâimpor tant perfectionnement dont nous venons de parler. Lâun dâeux, dont â 305 â le jugement en pareille matiĂšre loitlaire naĂźtre la conviction dans tous les esprits, M. Henry Barbet, nous disait que le tireur mĂ©canique est une des plus heureuses inventions fournies par la mĂ©canique Ă lâindustrie des toiles peintes. M. Perrot trouve maintenant la rĂ©compense de ses longs et pĂ©nibles travaux , dans le succĂšs vraiment miraculeux quâobtiennent partout ses admirables conceptions. Nous constations, dans notre premier article, quâen moins de deux annĂ©es, 45 Perroâ tines Ă©taient sorties des ateliers de notre savant ingĂ©nieur. Cinq mois aprĂšs, le rapporteur de la SociĂ©tĂ© libre dâEmulation annonçait quâil y avait 62 de ces instrumens en activitĂ©. Aujourdâhui, nous savons quâil y a g2 Perrotines livrĂ©es Ă lâindustrie, et que, sur ce nombre, 61 existent dans les fabriques du dĂ©partement. Voila , certes, une propagation bien rapide , et nous ne trouvons dans les annales historiques de lâindustrie lâexemple dâaucune machine dont lâadmission dans les ateliers ait Ă©tĂ© aussi prompte. Les machines Ă rouleaux, qui, Ă leur dĂ©but, causĂšrent une si vive sensation dans le monde industriel, qui rendent des services si importans et si bien reconnus, et qui sont bien plus simples dans leur mĂ©canisme que la machine de M. Perrot, ne se sont rĂ©pandues que fort lentement. Ce qui prouve, mieux que tous les raisonnemens , lâutilitĂ© et la bontĂ© de la Perrotine, câest que , dans lâespace de trois ans , notre dĂ©partement a acquis plus de ces machines quâil ne sây trouve de machines Ă rouleaux , depuis les trente annĂ©es quâon les connaĂźt. Nous nous sommes assurĂ©, en effet, quâil y a tout au plus 45 machines Ă rouleaux dans nos fabriques, et nous savons que, depuis lâemploi des Perrotines , le nombre des premiĂšres sâest Ă peine augmente de c *nq ou six. VoilĂ des faits qui valent les meilleures dĂ©monstration scientifiques. Depuis le I er novembre i835 jusquâĂ ce jour avril i838, " J tireurs mĂ©caniques ont Ă©tĂ© fabriques et vendus par M. lâcirot. % 20 â 306 Cela prouve encore que nos industriels ont reconnu bien vite les grands avantages de cette nouvelle invention. Nous ajouterons cjue, dans les environs de Paris, la Perrotine commence Ă ĂȘtre employĂ©e-Ă lâimpression des tissus de laine. Depuis que les premiers essais de ce genre ont Ă©tĂ© couronnĂ©s de succĂšs, les commandes de ces machines se sont multipliĂ©es. Au moment oĂč nous Ă©crivons ces lignes , on nous communique une lettre dâun fabricant de tissus de laine imprimĂ©s, Ă Puteaux, prĂšs de Paris, qui supplie M. Perrot de lui envoyer la premiĂšre machine qui pourra sortir de ses ateliers, attendu quâil a renvoyĂ© tous ses ouvriers imprimeurs, qui lui avaient intimĂ© lâordre de dĂ©monter sa Perrotine. Chez un autre fabricant de la mĂȘme localitĂ© , les ouvriers se sont Ă©galement soulevĂ©s, et ont mis leur chef dans lâalternative , ou de dĂ©truire ses Perroâ tines , ou de les voir se retirer tous au mĂȘme instant. Il a choisi ce dernier parti, en ne les renvoyant toutefois que successivement, six par six, comme le rĂ©glement de sa fabrique lui en donnait le droit. Nous dirons, en terminant cet article que nous avons Ă©tĂ© heureux de pouvoir mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue Honneur Ă lâhomme de science qui sait doter notre industrie dâin- strumens aussi habilement conçus et aussi productifs que la Perrotine! Honneur aux industriels qui ont su les premiers apprĂ©cier dignement le mĂ©rite des conceptions de lâhomme de science, et lui venir en aide en adoptant ses prĂ©cieuses inventions ! Heureux enfin le pays ou se trouvent et de tels hommes de science et de tels praticiens ! â 307 â DE LA PERROTim III e ARTICLE. ' Pour complĂ©ter et pour confirmer ce que jâai dit dans les deux articles prĂ©cĂ©dens sur la Perrotine, je crois devoir emprunter au Journal de Rouen les documens suivans dont lâexactitude mâest connue La presse de la localitĂ© a plusieurs fois rendu hommage Ă lâingĂ©nieuse invention de la machine Ă imprimer lâindienne, dite Perrotine, soit en expliquant lâhabiletĂ© et la simplicitĂ© de son mĂ©canisme, soit en faisant lâĂ©loge de ses produits , soit en constatant le nombre de machines sorties des ateliers de lâinventeur, comparativement Ă celui des machines Ă rouleaux vendues pendant le mĂȘme espace de tems. Il nous a paru intĂ©ressant de rechercher comment, malgrĂ© lâesprit de routine et les prĂ©jugĂ©s qui sâopposent gĂ©nĂ©ralement Ă lâadoption des machines nouvelles, et qui nâont pas fait grĂące h M. Perrot, sa machine Ă imprimer lâindienne sâest Ă©tablie si promptement dans nos fabriques. Effectivement la machine Ă rouleaux, introduite en France depuis 1801 , sây est propagĂ©e avec une lenteur telle, que notre departement nâen compte pas 5o, tandis que la Perrotine, inventĂ©e il y a Quatre ans environ, sâest si rapidement rĂ©pandue, que plus de 1 15 machines de ce systĂšme ont Ă©tĂ© livrĂ©es par lâinventeur. Extrait du Journal de Rouen du 7 mai 1S37. â 308 â » Les causes de ce rĂ©sultat sont complexes ; maĂŻs nous croyons ĂȘtre parvenus Ă en dĂ©duire la principale , de la comparaison entre le capital dâĂ©tablissement pour lâimpression aux rouleaux, et le capital proportionnellement beaucoup plus modique que nĂ©cessite lâemploi de la perrotine. » Voici, Ă cet Ă©gard, quelques donnĂ©es prĂ©cieuses qui sont le fruit dâinformations nombreuses , et sur lâexactitude desquelles nous nâavons pas Ă craindre de contestations. Dans les calculs pii suivent, il va sans dire que nous ne considĂ©rons que la dĂ©pense relative Ă la partie mĂ©canique, et que nous offrons les moyennes des rĂ©sultats. Le terme de comparaison est la fabrication de 20,000 piĂšces par an. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR UNE COULEUR. 60 rouleaux Ă 500 fr. 30,000 fr. La machine. 6,000 Capital. 36,000 IntĂ©rĂȘts du capital, 10 p. 0/0... 3,600 60 gravures Ă 100 fr. 6,000 Force motrice dâun cheval. 600 Ouvriers pour le service de la machine. . 3,000 Frais dâimpression. . 13,200 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR UNB COULEUR. 3 Pcrrolincs. seul capital . 7,500 fr. 750 3,000 300 2,000 Frais dâimpression. 6,050 » En rapprochant les rĂ©sultats ci-dessus, nous trouvons qâ c fabricant dâindiennes qui se propose, en sâĂ©tablissant, de fa»e IntĂ©rĂȘts du capital. 60 gravures Ă 50 fr. Force motrice dâun 1 /2 cheval Ouvriers. â 309 â 20,000 piĂšces en une couleur, dans une annĂ©e, devra consacrer Ă la partie mĂ©canique de rimpression un capital de 36,ooo fr. sâil veut imprimer ces piĂšces aux rouleaux, et de ^,5oofr. seulement sâil fait choix de la Perrotine ; et, en outre, que chaque piĂšce imprimĂ©e au rouleau coĂ»tera 68 centimes, taudis que, par la Perrotine, elle ne reviendra pas Ă 3i centimes. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR DEUX COULEURS. 100 rouleaux Ă 500 fr. 50,000 fr La machine. 7,000 Capital. 57,000 IntĂ©rĂȘts du capital. 5,700 60 dessins ou 120 gravures * 100 fr. 12,000 Force motrice de 2 chevaux. 1,200 Ouvriers. 4,500 Frais dâimpression. 23,400 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR DEUX COULEURS. 3 Pcrrotines seul capital . 13,000 fr. IntĂ©rĂȘts du capital. 1,300 60 dessins ou I20 planches h 30 fr. 3,600 Force motrice dâun 1 /2 cheval. 300 I ouvrier cl 2 aides. 3,000 Frais dâimpression 8,200 » Le capital engagĂ© ici pour lâimpression aux rouleaux est donc plus que quadruple de celui que rĂ©clame la Perrotine, et le prix des ind icnnes fabriquĂ©es Ă la Perrotine est trĂšs-peu supĂ©rieur au fiers Ăźle celui Ăźles indiennes obtenues au moyeu des rouleaux. Ensuivant le mĂȘme systĂšme de rapprochemens, dont nous abrĂ©gerons les termes, noos trouvons que, pour lâimpression Ă trois couleurs, la machine Ă rouleaux entraĂźne une dĂ©pensĂ© en c pital de 100,000 fr., en frais annuels de 34,3oo fr., tandis â 310 â que la Perrotine Ă trois couleurs ne rĂ©clame quâune dĂ©pense de l5,ooo fr. en capital, et de 9,3oo fr. en frais annuels. » Ici se manifestent de plus en plus les avantages que prĂ©sente lâemploi de la Perrotine sur celui de la machine Ă rouleaux. » Nous arrivons Ă un point oĂč il ne nous est plus possible dâĂ©tablir de comparaison entre les rĂ©sultats Ă©conomiques de la machine Ă rouleaux et ceux des Perrotines. Il sâagit de lâimpression Ă quatre couleurs, et il nâexiste pas en activitĂ© en France, que nous sachions, de machine h rouleaux susceptible dâĂȘtre appliquĂ©e Ă lâimpression Ă quatre couleurs comme la Perrotine. Cependant, si nous voulions anticiper sur les progrĂšs futurs de la machine Ă rouleaux , nous trouverions que, pour lâimpression Ă quatre couleurs, celle-ci entraĂźnerait une dĂ©pense en capital de i32,ooo francs, et en frais annuels de 45,600 fr., tandis que la mĂȘme impression est aujourdâhui rĂ©alisĂ©e par la Perrotine au moyen dâun capital de 24,000 fr. et de frais annuels qui ne sâĂ©lĂšvent pas Ă plus de i3,5oo fr. » Dans les calculs qui prĂ©cĂšdent nous avons supposĂ© que la Perrotine ne peut imprimer que vingt-deux piĂšces par jour. Cependant chez M. Girard, fabricant Ă DĂ©ville, son gendre, qui exĂ©cute avec ses trois Perrotines des dessins dâune finesse et dâune prĂ©cision admirables , en retire de quatre-vingt-dix Ă cent piĂšces par jour ; et nous savons que, dans quelques fabriques de Bolbec, on obtient en nombre des rĂ©sultats analogues. » Autre avantage en faveur de la Perrotine, relativement .Ă la quotitĂ© de la dĂ©pense Au bout de quinze annĂ©es, dans lâimpression au rouleau , tous les rouleaux de cuivre, ayant supportĂ© chacun quinze gravures, seront Ă -peu-prĂȘs usĂ©s, sans que le nombre de dessins puisse jamais dĂ©passer soixante ; dans lâemploi de la Perrotine, au contraire , le nombre des dessins, augmentant de soixante par annee, sâĂ©lĂšvera Ă neuf cents au bout de quinze ans. On sâest meme occupĂ© des moyens de rendre encore moins coĂ»teuses les gravures pour Perrotines ; et des â 311 â essais heureux donnent lieu dâespĂ©rer que bientĂŽt cet art subira aussi sa rĂ©volution. » Nous avions annoncĂ© et nous venons de dĂ©montrer quâune des causes les plus actives du succĂšs de la Perrotine rĂ©side dans lâĂ©norme disproportion de ses prix dâĂ©tablissement et dâentretien avec ceux de la machine Ă rouleaux. Nous sommes disposĂ©s Ă accueillir toutes rĂ©clamations qui pourraient ĂȘtre Ă©levĂ©es contre les chiffres que nous avons posĂ©s ; mais, encore une fois, nous ne les redoutons pas, car dans nos Ă©valuations nous nous sommes tenus plutĂŽt en-deçà quâau-delĂ de la rĂ©alitĂ© favorable Ă la Perrotine. » Mais ce nâa pas Ă©tĂ© lĂ le seul Ă©lĂ©ment de sa rĂ©ussite. Les qualitĂ©s saillantes de lâindienne faite au rouleau sont la finesse et la puretĂ© du dessin ; mais le mĂ©rite distinctif de lâimpression Ă la planche de la Perrotine est dans la vivacitĂ© et lâĂ©clat des couleurs. » Pour obtenir, avec le rouleau, la mĂȘme nuance quâavec la planche, il faut employer des mordans beaucoup plus forts ; câest ainsi quâil y a peu de tems encore, on nâobtenait par les rouleaux que des noirs ternes et infiniment moins beaux que ceux que lâon peut se procurer, soit Ă la planche, soit Ă la Perrotine. » Dans lâimpression au rouleau Ă plusieurs couleurs , les premiĂšres couleurs imprimĂ©es perdent beaucoup de leur Ă©clat, par lâĂ©crasement quâelles Ă©prouvent en passant sous les rouleaux qui succĂšdent au premier. » Il est encore une autre cause de dĂ©tĂ©rioration pour lesindiennes °btenucs au rouleau ; câest que la surface du rouleau, essuyĂ©e avec une lame dâacier, ne lâest jamais quâimparfaitement. Il rĂ©sulte de lĂ que chaque couleur dĂ©pose sur le fond non imprimĂ© du tissu une lĂ©gĂšre couche de couleur ou de mordant. Lors donc que, par lâimpression de plusieurs couleurs, le fond se trouve chargĂ© de teintes superposĂ©es, on ne peut le ramener Ă Uue blancheur convenable quâen soumettant lâindienne Ă des ageus â 312 ,â qui, en dĂ©truisant ces teintes, dĂ©gradent nĂ©cessairement les couleurs du dessin. Aussi, jusquâici, a-t-on fait trĂšs-peu dâindiennes Ă trois couleurs au rouleau. » On pourrait objecter quâil y a quelques fabricans qui sont loin de rĂ©aliser par la Perrotine tous les avantages que nous venons de lui attribuer. Mais pour en tirer une consĂ©quence dĂ©favorable Ă la Perrotine, il faudrait ignorer ou avoir oubliĂ© que la machine Ă rouleaux a une couleur, si simple dans sa construction et par consĂ©quent plus facile Ă conduire , sous certains rapports, que la Perrotine, ne marchait pas dans toutes les fabriques oĂč elle avait Ă©tĂ© placĂ©e, il nây a pas quinze ans de cela , câest-Ă -dire vingt ans aprĂšs son introduction en France. Pour ne citer quâun fait, nous rappellerons quâune des machines Ă rouleaux de M. Girard avait appartenu Ă plusieurs fabricans, sans quâaucun en pĂ»t tirer parti avant cet habile manufacturier. Il faudrait encore ne pas se rappeler que des ouvriers ont Ă©tĂ© -condamnĂ©s Ă la prison pour avoir empĂȘchĂ© des Perrotines de fonctionner en en altĂ©rant les rouages ou le mĂ©canisme, et ne pas savoir que ce genre de dĂ©lit est bien plus commun que ne lâa Ă©tĂ© et que ne pouvait lâĂȘtre la rĂ©pression. » Mais, Ă part ces causes tout exceptionnelles de non rĂ©ussite , il est Ă©vident que le succĂšs de la Perrotine va sâagrandissant chaque jour, et quâelle tend Ă se gĂ©nĂ©raliser, non seulement dans son emploi, mais encore dans ses applications. On sait quâelle a Ă©tĂ© adaptĂ©e Ă lâimpression du papier de tenture et des lainages, au moyen de trĂšs-lcgĂšres modifications. Les Ă lâimpression des tissus de laine y ont rendu dâimmenses services. Une seule fabrique, celle de MM. Piot et Jourdan , de Cambrai > possĂšde six Perrotines. » Nous le rĂ©pĂ©tons, le succĂšs Ă©tait acquisjdepuis long-tems Ă cette machine, que lâon a justement considĂ©rĂ©e comme lâune des pl uS habiles et des plus utiles inventions de la mĂ©canique moderne , mais il restait Ă analyser et Ă prĂ©ciser les causes de ce succĂšs , ct nous sommes heureux dâavoir Ă©tĂ© en position de le faire, p° ur â 313 â lâauteur de la Perroline, qui, contre lâordinaire de ce qui se passe dans le monde, a rencontrĂ© dans son invention une source bien lĂ©gitime de gloire et de fortune, comme pour notre dĂ©partement, dont lâindustrie a reçu de lui un si puissant concours , un levier de production si Ă©nergique et si fĂ©cond. » Ăź QUELQUES CONSEILS AUX CULTIVATEURS, A PROPOS DE LA SĂCHERESSE QUI REGNE DEPUIS DEUX ANS DANS LE DĂPARTEMENT DE LA SEINE-INFERIEDRE. INSTRUCTION RĂDIGER, AU NOM DâUNE COMMISSION, PAR M. J. GIRARDIN Le dĂ©partement de la SeineâInfĂ©rieure, placĂ© Ă plusieurs degrĂ©s au nord de la latitude moyenne de la France, entourĂ©, dâun cĂŽtĂ© par la Manche, et, de lâautre par le lit dâun grand fleuve, est, en raison mĂȘme de sa position topographique, ordi' nairement exposĂ© Ă des pluies abondantes et souvent soutenues- Mais, depuis deux ans, une sĂ©cheresse insolite y exerce ses funestes effets, et cause de notables prĂ©judices aux habitans de n° s campagnes ; non que cette secheresse ait nui aux rĂ©coltes des â InsĂ©rĂ©e dans l 'Extrait des travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du deoart e ment de la Seine-InfĂ©rieure , t. 8, p. 502 » trimestre dâavril 1855. â 315 eĂ©rĂ©ales et les fourrages elle leur a Ă©tĂ©, au contraire, trĂšs- favorable , parce quâelle ne sâest fait sentir, cette annĂ©e, quâaprĂšs leur parfait dĂ©veloppement, mais parce quâelle a dessĂ©chĂ© de bonne heure les mares et les rĂ©servoirs, et a contraint les cultivateurs Ă aller chercher au loin et Ă grands frais lâeau nĂ©cessaire aux besoins de leurs mĂ©nages et de leurs bestiaux. Ce flĂ©au destructeur, que la prudence humaine ne saurait ni prĂ©voir, ni arrĂȘter, sĂ©vit actuellement dâune maniĂšre redoutable ; les sources ont disparu, les puits sont h sec, les riviĂšres mĂȘmes sont rĂ©duites au tiers de leur volume ; les moulins Ă blĂ© sont en chĂŽmage; de lĂ , le renchĂ©rissement excessif de la plupart des denrĂ©es de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, notamment de la farine, et par suite du pain, seule nourriture de lâindigent. En prĂ©sence dâune aussi grande calamitĂ©, dont souffrent et les hommes et les animaux employĂ©s Ă leurs besoins domestiques, la SociĂ©tĂ© centrale dâAgriculture sâest empressĂ©e de chercher les moyens, non dâen faire cesser la cause, car Ă Dieu seul en appartient le pouvoir, mais dâen arrĂȘter ou dâen diminuer les tristes effets. Toutefois, elle ne sâest pas dissimulĂ© que ses avertissemeus n e pourraient avoir dâefficacitĂ© que pour lâavenir, et, jugeant que le mal actuellement fait Ă©tait irrĂ©parable, elle a tournĂ© toute sa s °Uicitude vers les moyens Ă mettre en usage pour prĂ©server les ffabitans des villages et des hameaux du retour des souffrances S u âamĂšne nĂ©cessairement le manque dâeau, cet agent dont le rĂŽle, lâharmonie de la nature, est si important, quâon pourrait *l re , avec raison, que sans lui la vie sâĂ©teindrait bientĂŽt Ă la sur- lce du globe. C est pour satisfaire au dĂ©sir de la SociĂ©tĂ© centrale dâAgricul- ture quâune commission, composĂ©e de MM. Lafosse, architecte, Hubt'euil, directeur du jardin botanique, et J. Girardin, profes-. Seur de chimie, sâest occupĂ©e de rĂ©diger lâinstruction suivante. U sse-t-elle atteindre le but que la compagnie sâest proposĂ©! !â* plus grande incommoditĂ© que puisse Ă©prouver un Ă©tablisseâ â 316 â ment rural, est de manquer dâeau. Dans les teins ordinaires de sĂ©cheresse, on voit souvent les mares se dessĂ©cher; mais, alors, on a recours aux puits et aux sources voisines pour les besoins domestiques ; on envoie ab'reuver les bestiaux dans les ruisseaux environnans, et souvent Ă des distances assez grandes dans les chaleurs du mois dâaoĂ»t, ces animaux en reviennent presquâaussi altĂ©rĂ©s quâils Ă©taient partis. Quâun incendie se manifeste alors, rien ne peut en arrĂȘter les progrĂšs, Ă moins quâon ne sacrifie la boisson de lâannĂ©e, ainsi quâon lâa vu faire, en 1 834, sur plusieurs points du pays, oĂč le cidre a servi Ă faire marcher les pompes !. âą Aujourdâhui, le secours des puits et des sources nâexiste plus; tout est tari, et les riviĂšres seules peuvent satisfaire aux besoins journaliers des fermes. DĂšs-lors, quelles dĂ©penses, quelle perte de teins pour le cultivateur, qui a besoin de son attelage et de tous les bras de la ferme pour lâexploitation de ses produits, surtout dans cette partie de lâannĂ©e oĂč les travaux sont si multipliĂ©s ! Jusquâici, malgrĂ© les leçons de lâexpĂ©rience , les propriĂ©taires ruraux nâont rien tentĂ© pour remĂ©dier Ă cette disette dâeau dans nos campagnes. Trop confians sur la constitution mĂ©tĂ©orologique du pays, ils se sont gĂ©nĂ©ralement bornĂ©s Ă creuser des mares, comptant sur les pluies de lâhiver et du printemps pour les rem" plir ; peu dâentre eux ont eu recours aux deux moyens connu» depuis long-tems pour procurer de lâeau aux localitĂ©s qui en manquent , les puits et les citernes; aussi ces rĂ©servoirs artificiels sont- ils assez rares dans les fermes normandes. Les difficultĂ©s , l ci incertitudes dĂ©courageantes, sous les rapports de la dĂ©pense et du succĂšs, dans la construction des puits, les frais Ă©levĂ©s quâentraĂźne toujours celle des citernes, et souvent lâimpossibilitĂ© de sC procurer des ouvriers assez adroits pour Ă©tablir celles-ci, s0Ilt certainement aussi des causes du peu dâempressement dâun grand nombre de propriĂ©taires Ă sc livrer Ă ces travaux dâamĂ©liorat' 011 ' Et , cependant , lâeau est dâune nĂ©cessitĂ© si absolue dans h» â 317 â besoins de la vie et de lâagriculture, quâon 11e saurait rechercher avec trop de soin et payer par trop de sacrifices , les procĂ©dĂ©s que lâart indique pour sâen procurer, ou, au moins, pour mieux Ă©conomiser celle que la nature donne quelquefois avec trop de prodigalitĂ©. Occupons-nous, dâabord, des moyens Ă mettre en pratique pour arriver Ă ce dernier rĂ©sultat ; nous verrons ensuite comment on peut demander, avec succĂšs, Ă la terre un peu de cette immense quantitĂ© dâeau quâelle renferme dans son sein. Le premier soin Ă prendre, câest de multiplier les mares dans nos campagnes, car presque partout elles sont en trop petit nombre. Mais on objectera quâelles seront bientĂŽt mises Ă sec, par suite de lâĂ©vaporation et par dĂ©faut de capacitĂ©. Il y a, suivant nous, un moyen de remĂ©dier Ă ces inconvĂ©niens. Dans les communes rurales , Ă©loignĂ©es des sources et des riviĂšres, lâadministration locale pourrait acquĂ©rir un ou plusieurs terrains situĂ©s dans des positions favorables Ă la recette des eaux pluviales, pour lâĂ©tablissement de mares dont lâĂ©tendue et la profondeur seraient calculĂ©es sur les besoins de la population, ^es mares seraient entourĂ©es, pour retarder lâĂ©vaporation des eaux, de haies vives, dâarbres Ă Ă©pais feuillage, comme, par exemple, le peuplier du Canada, qui sâaccommode si bien des terres argileuses, et on pourrait y faire croĂźtre certaines plantes a quatiques, comme le typha massette , le poa aqualica pa- turin aquatique, le butĂŽme jonc fleuri, non comine objets d agrĂ©ment, mais comme moyen dâassainissement pour lâeau. ^ expĂ©rience a dĂ©montrĂ© , en effet, que des eaux stagnantes, qui eroupissent et se putrĂ©fient habituellement pendant les chaleurs, et a tel point mĂȘme que les bestiaux refusent dâen faire usage , peuvent devenir trĂšs-salubres, si, par une cause quelconque , des plantes viennent Ă sây dĂ©velopper. D ailleurs, pour que cet immense rĂ©servoir fournĂźt toujours de 1 eau claire, voici ce quâon pourrait exĂ©cuter 318 â A cĂŽtĂ©, et Ă cinq Ă six mĂštres le distance, on creuserait un bassin de douze Ă quinze mĂštres carrĂ©s fig. I, a , dont le fond et les cĂŽtĂ©s seraient revĂȘtus en briques trĂšs-cuites rĂ©unies par un ciment ; le fond serait plus Ă©levĂ© dâun mĂštre environ que celui de la mare , afin que la vase de celle-ci ne pĂ»t sây introduire. Lâeau de la mare b parviendrait dans ce bassin, au moyen dâun aqueduc c en briques et ciment, de cinq Ă six mĂštres de longueur et de cinquante centimĂštres carrĂ©s. Cet aqueduc serait traversĂ©, dans sa longueur, par de petites vannes mobiles d,d,d, percĂ©es de trous et distantes lâune de lâautre dâenviron cinquante centimĂštres. Elles formeraient ainsi des cases, dont les premiĂšres seraient remplies de gros galets, ou, Ă dĂ©faut, de silex concassĂ©s, de cinq Ă six centimĂštres de grosseur, les autres de gros sable ou de silex broyĂ©s ou concassĂ©s, et les derniĂšres de sable fin lassĂ© et bien lavĂ©. Deux cases, celles du milieu, contiendraient du poussier de charbon bien tassĂ© et lavĂ©. Le tout serait recouvert de briques, puis de gazon On obtiendrait, de cette maniĂšre, un grand filtre, capable de donner de lâeau, non seulement claire et limpide, mais dĂ©pouillĂ©e encore de toute mauvaise odeur et de mauvais goĂ»t. Le charbon que nous avons recommandĂ© de placer dans deux des cases produirait infailliblement ces derniers rĂ©sultats, alors mĂȘme que lâeau de la mare serait corrompue, car lâexpĂ©rience a dĂ©montrĂ© depuis long-tems, dans le charbon une propriĂ©tĂ© dĂ©sinfectante portĂ©e au plus haut degrĂ©. Ce que nous venons de dire dâune grande mare communale» peut sâappliquer aux mares des cours de nos fermes, qui, comme on ne le sait que trop, sont entretenues dans lâĂ©tat le plus dĂ©plorable âą Trop rapprochĂ©s des bĂątimens, elles reçoivent presque toujours les Ă©goĂ»ts de la fosse aux fumiers , qui en est aussi Ă proximitĂ©, et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent * Voir pour le devis de la dĂ©pense de cette construction , la note premiĂšre , Ă la suite de -ce mĂ©moire. erait un fond et par un le celui oduire. en dâun ngueur iversĂ©, d, d, quan te s pre- e silex res de res de , conâ e tout ipable is dĂ©- it. Le x des nĂȘme ontrĂ© tante Ăźale, mine aille- jours litĂ©, isent itc d e ; i â 319 â dans le voisinage Ă la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrĂ©mcns ; les feuilles des arbres, des dĂ©tritus de tout genre y tombent et sây pourrissent ; aussi les eaux de ces fosses qui ne sont que trĂšs-rarement curĂ©es, ne sont-elles, Ă proprement parler, que des lessives chargĂ©es de matiĂšres solubles vĂ©gĂ©tales et animales, dâoĂč il rĂ©sulte quâelles sont constamment louches, colorĂ©es, odorantes et sapides. TrĂšs-souvent elles se couvrent de vĂ©gĂ©tations Ă leur surface, et elles reposent, dâailleurs, sur une vase plus ou moins Ă©paisse, qui y entretient un foyer de corruption 1 . B Je voudrais voir, dit Bosc , quâon aime toujours Ă citer, une ttiare bien faite , bien entretenue, auprĂšs de chaque cabane. Je fondrais apprendre Ă la faire Ă peu de frais, dans les pays oĂč le sol ne permet pas de conserver lâeau Ă volontĂ©. âąâą Je voudrais que chaque cultivateur profitĂąt de la pente des terrains, delâĂ©goĂ»t des toits, des ruisseaux naturels que forme la pluie prĂšs de sa demeure, pour rassembler ces eaux dans un rĂ©servoir ou mare par lui prĂ©parĂ© , soit en creusant simplement le terrain , si le sol relient lâeau, soit en y portant une forte couche *1 argile, sâil sâen trouve Ă sa proximitĂ©. » Mais je mets une condition Ă lâusage dâavoir une mare faute 'le meilleur moyen , câest que cette mare sera disposĂ©e de ma* "'ere Ă pouvoir ĂȘtre bien entretenue, bien aĂ©rĂ©e et nettoyĂ©e, quel' T"-fois assĂ©chĂ©e pour en enlever les dĂ©tritus de plantes et dâani- tfiaux, q u ; von t fĂ©conder les champs voisins, au lieu dâempester 1rs hommes et les animaux. â Pour rendre cette opĂ©ration facile, il faut profiter dâun terrain e 8Ăšrement inclinĂ©, ou lui donner cette direction par de simples * 'Soles, qui, de divers points , se rendent dans la mare, car jâcn t j a ^ ^' ll0 * r, le IM. J. Girardin , sur le poirier saugier et tajiilirieation du cidre , ^ Extrait des travaux de la. SociĂ©tĂ© centrale d'Agriculture du departement de la fnfĂ©ritwre . calticr de In sĂ©ance [mldit/uc de 1 S.»4 , j>. â 320 â veux deux ; lâune supĂ©rieure et plus grande, destinĂ©e Ă lâusage de la maison, la seconde infĂ©rieure, qui peut nâĂȘtre quâun fossĂ© conduisant Ă quelques bas-fonds. Une simple vanne en bois sera construite dans la rigole qui conduit de la mare supĂ©rieure Ă lâin- l'Ă©x'ieure. Survient-il un orage, une forte pluie, la vanne est ouverte, lâeau court dâune mare Ă lâautre; elle est ainsi rafraĂźchie , renouvelĂ©e. Au printemps, Ă la saison des pluies, la mare supĂ©rieure est mise Ă sec et curĂ©e ; la mare infĂ©rieure abreuve le bĂ©tail, jusquâau moment oĂč la premiĂšre lui fournit des eaux vives , fraĂźches et abondantes. » Je ne retrace ici que ce que jâai vu pratiquer dans une ferme... Ce travail est simple, facile, sans dĂ©penses de constructions et dâentretien. Les avantages en sont certains. Peut-ĂȘtre devraient- ils devenir lâobjet dâun rĂ©glement dâadministration publique. En attendant, conseillons aux cultivateurs intelligens une pratique aussi simple que facile et avantageuse, et, loin de dĂ©truire les mares, fĂ©licitons-les dâhabiter un pays oĂč il est possible de sâen procurer de salubres 1 . » Lâeau de ces mares peut ĂȘtre aussi appropriĂ©e Ă la boisson des gens de la ferme, prĂšs avoir Ă©tĂ© filtrĂ©e Ă travers le charbon. Cette opĂ©ration peut se faire sans frais, comme sans embarras, Ă lâaide dâun muid ou dâun tonneau disposĂ© de la maniĂšre suivante On prend un tonneau charbonnĂ© Ă lâintĂ©rieur fig. II , dĂ©fonce par le haut, et dont le fond est percĂ© dâune multitude de petits trous, comme une Ă©cumoire. On pose sur celui-ci un tissu de laine a, et par-dessus une couche de grĂšs pilĂ©, ou du sable f' n de riviĂšre, dâenviron deux pouces dâĂ©paisseur b. On forme ensuite une autre couche de quatre Ă cinq pouces, avec un mĂ©lange de poudre grossiĂšre de charbon de bois et de grĂšs pilĂ© trĂšs-fin et bien lavĂ©c. On comprime fortement cette couche, afin que lâeau qui doit la traverser reste long-tems en contact avec le charbon. 1 Article Mares, du Nouveau Cours complet q ue ' Paris , DĂ©lcrville , 1809. â 321 â On la recouvre dâune troisiĂšme couche de sable ou de grĂšs, Ă peu prĂšs de deux pouces dâĂ©paisseur d , et on assujettit fortement le tout avec un plateau circulaire en bois e , entrant avec effort dans le tonneau, et percĂ© de trous; ce plateau doit ĂȘtre ensuite lulĂ© avec de la glaise contre les parois intĂ©rieures du tonneau. Enfin , on cloue sur le plateau un drap de laine, pour quâaucune parcelle de sable ou de charbon ne puisse ĂȘtre entraĂźnĂ©e dans lâintĂ©rieur du tonneau, qui sert de rĂ©servoir pour lâeau filtrĂ©e. Lâappareil dĂ©puratoire, ainsi disposĂ©, sera placĂ© au milieu de la mare f , de maniĂšre Ă ce quâil plonge dans lâeau, presque jusquâĂ son ouverture supĂ©rieure. On le fera reposer sur quelques grosses pierresou sur un trĂ©pied en bois. On comprend facilement que lâeau de la mare , passant par les trous du fond , traversera bientĂŽt les couches de sable et de charbon, pour sâĂ©lever dans lâIntĂ©rieur du vase jusquâĂ son niveau extĂ©rieur, et quâelle laissera dans le filtre toutes les impuretĂ©s et le mauvais goĂ»t qui la rendaient impropre Ă la boisson. On pourra donc puiser en tout temps de lâeau parfaitement pure dans lâintĂ©rieur du tonneau, alors mĂȘme que celle delĂ mare serait infecte et bourbeuse. Que si le niveau de la mare vient Ă baisser par suite de lâĂ©vaporation , on descendra le tonneau de maniĂšre Ă ce quâil soit toujours plongĂ© aussi profondĂ©ment que possible dans lâeau. Pour pouvoir le manĆuvrer avec facilitĂ©, on Ă©tablira un systĂšme de suspension trĂšs-simple, en usage dans une foule de localitĂ©s pour brer lâeau des puits. On attachera donc le tonneau , Ă lâaide de c °rdes, Ă lâextrĂ©mitĂ© dâune longue et forte perche c , basculant s,1r un poteau n, Ă la maniĂšre dâun flĂ©au de balance ; Ă lâautre extrĂ©mitĂ© de ce levier, on placera un contreâpoidsi pouvant faire Ă©quilibre au tonneau. Il sera donc trĂšs-aisĂ© de relever c elniâfl hors de lâeau, ou de lây faire plonger, suivant le besoin. Les tonneauxâfiltres peuvent rester ainsi pendant plus de six ni!3 fl - â c ' â 335 Report . 2 mĂštres 16 centimĂštres de planches n chĂȘne de 8 centimĂštres dâe'paisseur, pour les vannes, lesquelles seront per- cc'cs de trous. 3 mĂštres 60, centimĂštres de planches brutes, pour couvrir lâaqueduc , Ă 4 fr. le mĂštre carrĂ©, sur 8 centimĂštres dâĂ©paisseur . Main-dâĆuvre pour remplir les cases de galets, sable, charbon, etc. Dans la voĂ»te serait rĂ©servĂ© un vide pour lâĂ©tablissement dâune margelle, dâune potence en bois, dâun seau, dâune chaĂźne et dâune poulie, le tout estimĂ© Ă Total de la dĂ©pense. 985 fr. 80 c. 10,615 fr. » c. 19 44 14 40 20 120 1,159 fr. 64 c. 1,159 64 11,774 fr. 64 c. Si cette dĂ©pense est supportĂ©e par trois communes , la part de chacune sera de 3 ,924 fr. 88 c. NOTE II. De M. VabbĂ© Paramclle et de sa thĂ©orie pour la dĂ©couverte des sources. Il nâest bruit., depuis quelque teins, que des heureux rĂ©sultats obtenus dans le dĂ©partement du Lot, pour la recherche des sources , par M. lâabbĂ© Parainelle, de SaintâCĂ©rĂ©. Sur soixante- quinze creusemens opĂ©rĂ©s dâaprĂšs les indications de cet ecclĂ©â S astique, soixante-neuf ont procurĂ© des sources salubres et abondantes. Les divers rapports des SociĂ©tĂ©s dâAgriculture du dĂ©partement du Lot, patrie de M. lâabbĂ© Paramelle, et de celles des âlcpartcmens voisins ; les nombreux procĂšs-verbaux de dĂ©couplĂ©s de sources, envoyĂ©s aux prĂ©fectures de ces mĂȘmes dĂ©parte- ^us ; une rente annuelle de 2,000 fr. qui lui a Ă©tĂ© allouĂ©e par le conseil gĂ©nĂ©ral du Lot, en reconnaissance des immenses ser- 336 â \Ăźces rendus par lui Ă ce dĂ©partement, les lettres Ă©crites Ă ce sujet par plusieurs prĂ©fets , soit au ministĂšre, soit Ă leurs collĂšgues, notamment celle adressĂ©e Ă M. le comte de Lezay-Mar- nesia, et insĂ©rĂ©e dans un rapport de la SociĂ©tĂ© dâAgricnlture de Loir-et-Cher, attestent assez que M. Paramelle possĂšde quelque moyen nouveau dâexplorer les terrains pour y dĂ©couvrir les sources quâils recĂšlent dans leur sein , ou quâil fait, sous ce rapport, un emploi plus judicieux des connaissances gĂ©ologiques, quâon ne lâavait fait avant lui. Lâannonce du succĂšs de M. lâabbĂ© Paramelle a trouvĂ© bien des incrĂ©dules. On sâest rappelĂ© les prestiges de la baguette divinatoire , les merveilleux effets des sensations surnaturelles du fameux Bleton, les ridicules prĂ©ceptes recommandĂ©s par Palla- dius , dans son traitĂ© De re ruslicĂą titre 8 du neuviĂšme livre ; et bien des esprits sceptiques nâont vu, dans lâhonorable ecclĂ©siastique du Lot, quâun de ces charlatans qui, dans tous les tems , out voulu abuser de la crĂ©dulitĂ© publique , en sâattribuant la facultĂ© de dĂ©couvrir les sources Ă lâaide de moyens surnaturels. Nous ne venons pas ici nous poser comme les champions de M. lâabbĂ© Paramelle, dont nous nâavons pu Ă©tudier les procĂ©dĂ©s ; mais , convaincus que la science gĂ©ologique peut fournir Ă des esprits observateurs des donnĂ©es prĂ©cieuses sur le gisement des eaux dans le sein de la terre, et quâil est possible, par suite dâobservations nombreuses, dâarriver Ă la dĂ©couverte de quelques principes jusquâici ignorĂ©s et que la physique gĂ©nĂ©rale ne dĂ©savouerait pas , nous nous trouvons disposĂ©s Ă combattre lâincrĂ©dulitĂ© , qui naĂźt souvent de lâignorance , et nous nous plaisons Ă croire que lâabbe Paramelle obtient effectivement les merveilleux succĂšs signalĂ©s par les journaux, en procĂ©dant dâaprĂšs une thĂ©orie quâil applique dâaprĂšs lâinspection gĂ©ologique des lieux sur lesquels il est appelĂ©. Le qui contribue encore Ă nous affermir dans cette opinion , eâest le dĂ©sintĂ©ressement dont il f ;,lt preuve, puisquâil se contente, pour tout honoraire , du rem- â 337 â boursement des frais quâoccasionnent ses opĂ©rations, les indications non suivies de succĂšs ne coĂ»tant rien, et les autres Ă©tant payĂ©es Ă raison de 1 5 Ă 4$ fr. par chaque source indiquĂ©e , suivant les dĂ©partemens. Nous dĂ©sirons donc vivement voir M. Pa- ramelle opĂ©rer dans notre pays, pour lequel sa dĂ©couverte aurait tant dâimportance. Plusieurs prĂ©fets, entrâautres celui dâEure- et-Loir et celui de la Seine-InfĂ©rieure, M. Bourdon, maire dâYvetot, se sont mis en relation avec M. Paramelle , qui, dans un intĂ©rĂȘt de bien public, se rend dâabord dans les localitĂ©s oĂč les demandes sont les plus nombreuses. Nous savons que dĂ©jĂ beaucoup de proprietaires du dĂ©partement ont souscrit pour les expĂ©riences de M. lâabbĂ© Paramelle; la SociĂ©tĂ© centrale dâAgricul- ture sâest empressĂ©e de prendre une action de 5o fr. , dans lâintention dâengager les cultivateurs Ă imiter son exemple. Pour mettre les intĂ©ressĂ©s plus en Ă©tat dâapprĂ©cier la valeur des principes dâaprĂšs lesquels lâabbĂ© Paramelle se dirige dans ses expĂ©riences , nous croyons devoir reproduire ici un article publiĂ© dans le journal de Loir-et-Cher, du 3 avril 1 834, dont le rĂ©dac- h'ur a entre les mains un mĂ©moire manuscrit de M. Paramelle. AprĂšs avoir indiquĂ© les diverses formations gĂ©ologiques qui composent le territoire du dĂ©partement du Lot, considĂ©rĂ©es dans leurs rapports avec les sources, M. Paramelle en Ă©carte la plus grande partie de son plan dâexploration , soit parce que *es sources y sont abondantes, soit parce que la formation des te *rains ne promettrait aucune rĂ©ussite. Ses observations se dirigent particuliĂšrement vers les terrains calcaires, oĂč sa thĂ©orie lui paraĂźt le plus susceptible dâĂȘtre appliquĂ©e avec succĂšs, terâ rains qui composent, dans le dĂ©partement du Lot, des plaines considĂ©rables, sans Ă©minences ni vallĂ©es remarquables, oĂč les e Ux sont trĂšs-rares, et qui semblent prĂ©senter, en. un mot, une 8 r ande analogie avec les plaines de notre Beauce blĂ©soise. " Hd- Paramelle , sâappuyant de la thĂ©orie connue de la formation des sources par les eaux du ciel , qui , aprĂšs avoir 2a 338 â dĂ©trempĂ© les terres qui les retiennent quelque tems, sâinfiltrent lentement et descendent vers les vallĂ©es oĂč elles trouvent des issues , et vont former les riviĂšres, pense que le cours des eaux souterraines suit les mĂȘmes lois que celui des eaux qui circulent Ă ciel ouvert. Cette proposition est la base de tout son systĂšme. » Ainsi , procĂ©dant constamment par analogie, il pose dâabord en principe que les eaux, aprĂšs avoir pĂ©nĂ©trĂ© la superficie des terres, forment des veines, puis des rigoles, cherchent les pentes des terrains, et descendent dans les vallons en suivant des conduits souterrains dont les pentes sont rĂ©guliĂšres. Ces courons en reçoivent dâautres, et serpentent dans lâobscuritĂ©, de la mĂȘme maniĂšre que les ruisseaux dĂ©couverts , jusqu'Ă ce quâils se montrent au bord des riviĂšres dans lesquelles ils se jettent. Or, quelque plane que paraisse la surface dâun pays, il nâest pas dâĂ©tendue de terrain, si petite quâelle soit, dont la dĂ©clivitĂ© ne soit sensible, et les grandes plaines, si Ă©tendues quâelles soient, nâen sont pas moins entrecoupĂ©es de collines et de vallons. LĂ , comme ailleurs, la pluie qui tombe sur les hauteurs, descend et se rĂ©unit au fond des vallons, qui tous ont une pente assez inarquĂ©e pour quâon puisse reconnaĂźtre la marche que doivent suivre les eaux depuis les points les plus Ă©levĂ©s des plateaux jusquâau bord des riviĂšres. Câest par lâobservation de ces bassins qui se communiquent les uns aux autres , et qui offrent la plus grande similitude avec les vallĂ©es dans lesquelles coulent les ruisseaux qui alimentent les riviĂšres, que M. Paramelle arrive Ă la dĂ©couverte des sources. » M. lâabbĂ© Paramelle, aprĂšs avoir dĂ©montrĂ©, Ă lâaide de diverses observations ingĂ©nieuses, que les eaux souterraines> dans les terrains calcaires, suivent les diverses pentes des vall° nS sans eau apparente qui sillonnent les plaines, et appliquant toujours Ă ces courans souterrains la thĂ©orie des ruisseaux dĂ©couverts , indique lâendroit du vallon oĂč il faut faire la fouille pour les rencontrer, dâaprĂšs lâinspection des pentes qui I e ^ or â 339 â ment. Si elles ont la mĂȘme Ă©lĂ©vation , on est certain de trouver les eaux au milieu de la vallĂ©e ; si les pentes sont inĂ©gales, le courant doit passer prĂšs du coteau le plus rapide ; si, du cĂŽtĂ© de lâune des pentes on aperçoit quelque roche trĂšs-escarpĂ©e ou faisant saillie , les eaux ne manquent jamais de venir en battre le pied. Tous ces faits sont analogues Ă ceux que lâon remarque en observant le cours des riviĂšres ou des fleuves, et il nâest personne de nos lecteurs qui, sâil veut en faire lâapplication aux cours dâeau qui sillonnent Ă dĂ©couvert notre pays, ne reconnaisse la justesse de lâobservation de M. Paramelle. Que lâon se rappelle , par exemple, les nombreux mĂ©andres que dĂ©crit la Cisse, et il se prĂ©sentera sur-le-champ Ă la mĂ©moire une foule de vallĂ©es que la riviĂšre partage Ă©galement, ou dont elle quitte et va chercher tour-Ă -tour lâun ou lâautre coteau , selon les diffĂ©rences que prĂ©sente la rapiditĂ© de leurs pentes, pour venir ensuite battre le pied de la roche abrupte dâoĂč sort la fontaine dâOrchaise. Câest ainsi que les eaux du fleuve de la Loire, aprĂšs avoir baignĂ© les coteaux rapides des GroĂŒess, les abandonnent pour se prĂ©cipiter vers les roches escarpĂ©es que domine lĂ© chĂąteau de Chaumont. » On comprend quâil ne faut pas aller chercher les courans Ă la naissance des vallons, oĂč il nâa pu sâen former ; que ce nâest quâĂ une certaine distance , et aprĂšs lâĂ©panouissement de plusieurs vallons secondaires Ă un vallon principal, que lâon peut espĂ©rer de les rencontrer. Un fait qui dĂ©coule encore de cette thĂ©orie, câest que lâendroit le plus favorable pour la dĂ©couverte des eaux abondantes, Ă pende profondeur, nâest pas non plus dans le voisinage des riviĂšres , puisque câest dâordinaire auprĂšs des t'allĂ©es quâelles parcourent, que viennent se dĂ©verser les courans souterrains qui sây trouvent, par consĂ©quent, Ă leur plus grande profondeur. Les chances, au contraire, serqnt dâautant plus favorables que lâon sâĂ©loignera davantage de ces vallĂ©es , et que 1 on sâapprochera des parties de la plaine qui sont prĂ©cisĂ©ment les plus dĂ©pourvues dâeau. â 340 â > Il rĂ©sulte des faits qui prĂ©cĂšdent, que câest dans les bas- fonds quâil faut creuser les puits ou pratiquer des escaliers quand la source est prĂšs de la surface du sol ; j et câest ce qui explique inutilitĂ© des sondages profonds qui ont Ă©tĂ© faits sans succĂšs sur hli vers points des plaines de la Beauce, dans le voisinage des maisons, selon lâusage, oĂč se prĂ©sente prĂ©cisĂ©ment le moins de chances pour trouver des sources, Ă cause du soin que lâon prend, dâordinaire, de bĂątir sur les hauteurs. » Ce qui donne une grande importance Ă la dĂ©couverte de M. Paramelle, ce qui la rend un vĂ©ritable bienfait, câest dâĂȘtre parvenu Ă dĂ©couvrir, dâune maniĂšre presque toujours certaine, Ă quelle profondeur se trouvent les eaux cachĂ©es sous la croĂ»te des vallons , puisque lâon Ă©vite par lĂ tout essai inutile ou coĂ»teux. Voici de quelle maniĂšre M. Paramelle est arrivĂ© Ă obtenir cet heureux rĂ©sultat. » ProcĂ©dant toujours dâaprĂšs lâanalogie quâil a reconnue entre le cours des riviĂšres et celui des eaux cachĂ©es qui circulent dans les terrains calcaires, il en conclut que, dans un trĂšs-grand nombre de cas, la pente des eaux dĂ©couvertes est la mĂȘme que celle de leur cours souterrain. Ainsi, la pente dâun ruisseau dĂ©couvert Ă©tant connue, lâĂ©paisseur de la voĂ»te qui le recouvre pendant son cours souterrain pourra ĂȘtre dĂ©terminĂ©e en raison de la distance du point oĂč il commence Ă couler Ă dĂ©couvert ; le ruisseau sera dâautant plus rapprochĂ© de la surface du sol, que lâon sera Ă©loignĂ© de la vallĂ©e oĂč il surgit. La direction quâil faut suivre dans les terres est trĂšs-facile Ă reconnaĂźtre dans le cas dont il sâagit. » Mais , toutes les circonstances ne sont pas Ă©galement favorables pour apprĂ©cier la pente des ruisseaux souterrains et le chemin quâil faut suivre pour remonter leur cours cachĂ©. Ici se prĂ©sentent plusieurs objections que M. Paramelle repousse p ar des raisonnemens dâautant plus ingĂ©nieux, quâils sont pins simples. Par exemple, on sait que tous les courans souterrains â 341 â ne forment pas de ruisseaux Ă leur issue, qui se trouvent souvent sur le bord mĂȘme des riviĂšres. Dans ce cas, on doit conclure que si le courant fournit peu dâeau , il se jette presque Ă angle droit dans la riviĂšre, et que, sâil en fournit beaucoup, sa direction doit ĂȘtre oblique, parce que, dans les ruisseaux dĂ©couverts, lâobservation dĂ©montre que, plus ils sont grands, et plus lâangle quâils forment Ă leur confluent est aigu. Cette remarque faite, on commencera Ă marcher, selon lâindication obtenue, dans une direction oblique ou perpendiculaire au cours dâeau dans lequel se jette la source que lâon vient dâobserver, et le premier vallon qui sâoffrira Ă la vue sera celui qui recĂšle le ruisseau cachĂ©. En continuant de marcher dans les terres, les embranchemens de vallons que lâon rencontrera seront autant de conducteurs de petits ruisseaux venant se jeter dans le bassin principal, et se multipliant Ă mesure que lâon sâavance , au point de faire perdre la trace du principal courant. Mais, toutes ces ramifications, loin de nuire aux dĂ©couvertes, fourniront des chances plus nombreuses pour en faire, et offriront, presque sur tous les points, des ruisseaux ou des rigoles Ă sonder. Si le volume dâeau quâils fournissent est trop faible, ou si lâĂ©paisseur de la voĂ»te est trop considĂ©rable , on aura obtenu, nĂ©anmoins un renseignement prĂ©cieux , parce quâen tenant compte de la distance parcourue , on pourra dĂ©terminer Ă peu prĂšs exactement la pente des courans. En examinant avec attention les vallons que lâon parcourt , on 'encontre assez souvent de ces trous, peu larges et peu profonds en apparence, qui absorbent les eaux qui roulent sur la terre a prĂšs les pluies ; M. Paramelle leur a conservĂ© le nom consacrĂ© de bĂ©toires , et les paysans du BlĂ©sois leur donnent celui de Souffres. Ces cavitĂ©s, correspondant toujours Ă des courans cachĂ©s , fourniront des moyens sĂ»rs dâapprĂ©cier leur pente, et, dans tous les cas , elles indiqueront toujours dâune maniĂšre certaine la prĂ©sence dâun ruisseau souterrain. â* Il y a encore dâautres inductions dâaprĂšs lesquelles on peut â 342 â connaĂźtre Ă peu prĂšs la profondeur Ă laquelle coule un ruisseau souterrain dont lâissue se trouve sur le bord dâune riviĂšre. Si lâeau, aprĂšs ĂȘtre sortie de dessous le rocher , serpente quelque tems avant de se jeter dans la riviĂšre, on peut prendre sa pente sur cet espace de terrain oĂč il est visible et lui supposer la mĂȘme sous terre, en observant nĂ©anmoins que, plus on approche des sources dâun ruisseau , plus il est rapide, et plus il est prĂšs de la surface de la plaine. Si le ruisseau sorti de dessous le rocher tombe immĂ©diatement dans la riviĂšre, et ne laisse , par consĂ©quent, aucun espace pour apprĂ©cier sa pente, on peut prendre celle du ruisseau dĂ©couvert le plus voisin , pourvu quâil soit du mĂȘme cĂŽtĂ© de la riviĂšre, et alors, comparant ces deux ruisseaux, si le volume des eaux quâils roulent est Ă peu prĂšs Ă©gal, leur pente doit ĂȘtre la mĂȘme ; sâil est inĂ©gal, le plus grand sera le moins rapide. Ces observations, du reste, nâont besoin dâĂȘtre faites que lorsquâil sâagit de sonder le ruisseau pour la premiĂšre fois, car, dĂšs quâil aura Ă©tĂ© une fois ouvert dans lâintĂ©rieur des terres, sa hauteur , en cet endroit, comparĂ©e Ă celle de son dĂ©gorgement , suffira , pour faire connaĂźtre quelle est sa profondeur dans tout son cours. » Les bornes de cette feuille ne nous permettent pas de donner une analyse complĂšte des diffĂ©rentes discussions auxquelles se livre M. lâabbĂ© Paramelle, pour rĂ©soudre toutes les difficultĂ©s que peut prĂ©senter lâapplication de sa thĂ©orie, discussions dans lesquelles il montre toute la sagacitĂ© et lâesprit dâobservation quâont dĂ» faire suffisamment apprĂ©cier les faits que nous avons extraits de son volumineux mĂ©moire. Il indique, en outre, plusieurs moyens ingĂ©nieux Ă lâaide desquels on peut se passer des instrumens en usage pour opĂ©rer les nivellemens quâexige 1* pratique de son systĂšme. Mais cette pratique mĂȘme fait acquĂ©rir une telle habitude dâobservation, que leur emploi devient bientĂŽt inutile ; et M. Paramelle, depuis la rĂ©daction de son mĂ©moire, faite en 1827 pour le conseil gĂ©nĂ©ral du Lot, a acquis 343 â une telle expĂ©rience et une si grande justesse de coup-d'Ćil, quâil lui suffit maintenant de la simple inspection du terrain pour indiquer lâendroit oĂč il faut creuser et la profondeur Ă laquelle doit se trouver lâeau. » Il nous semble rĂ©sulter de la lecture attentive que nous avons faite de son curieux mĂ©moire, que sa science ne pourrait ĂȘtre employĂ©e utilement, dans notre dĂ©partement, que dans les plaines de la Beauce ; la plus grande partie de la Sologne ayant plutĂŽt besoin dâun bon systĂšme pour lâĂ©coulement des eaux qui restent Ă la surface du sol, et la partie de son territoire oĂč lâeau est rare nous paraissant, en gĂ©nĂ©ral, rentrer dans les conditions gĂ©ologiques les plus dĂ©favorables Ă lâapplication du systĂšme de M. Paramelle. » Nous terminerons ces rĂ©flexions sur la thĂ©orie de M. Paraâ nielle, en indiquant, dâaprĂšs la SociĂ©tĂ© royale dâAgriculture de Seine-etâOise mĂ©moire pour i835, que deux habitans de Versailles, propriĂ©taires dans un des dĂ©partements explorĂ©s par cet ecclĂ©siastique, ont reconnu que câĂ©tait Ă ses soins quâils devaient de possĂ©der, sur leurs propriĂ©tĂ©s, de trĂšs-bonnes sources dont ils Ă©taient privĂ©s avant son indication. » M . le prĂ©fet de la Seine-InfĂ©rieure, dans un avis insĂ©rĂ© dans le neuviĂšme cahier du Recueil des si et es de la PrĂ©fecture, juin *835, a fait connaĂźtre Ă MM. les maires que le prix, par chaque S >urce indiquĂ©e dans le dĂ©partement, Ă©tait fixĂ©, par M. Paraâ melle, Ă 45 fr. Il engage ceux de ces fonctionnaires dont les communes souffriraient du manque dâeau , Ă lui faire parvenir lâĂ©tat l ;s demandes qui leur seraient adressĂ©es, afin quâil puisse en prĂ©venir M. lâabbĂ© Paramelle. RĂPONSE A DES QUESTIONS CHIMICO-JUDICIAIRES, PAR MM. J. GIRARDIN^ET MORIN >. M. De Stabenrath, lâun des juges dâinstruction prĂšs le tribunal civil de Rouen, nous confia la solution des questions suivantes i° DĂ©terminer si la mort dâune femme L*** est le rĂ©sultat dâun empoisonnement; 2° Ă©tablir, sâil est possible, lâexistence de lâai-* cool dans lâestomac et dans les intestins de cette femme. En consĂ©quence , ce magistrat nous remit un liquide provenant de lâhypo- condre gauche, et une portion de lâintestin grĂȘle et de lâestomac. Avant de mettre sous les yeux de lâAcadĂ©mie les expĂ©riences que nous avons faites, nous devons dire que ces matiĂšres ont Ă©tĂ© ex-' traites du cadavre, aprĂšs douze jours dâinhumation. Nous l eS avons examinĂ©es ainsi quâil suit MatiĂšre de lâhypocondre gauche. La matiĂšre de lâhypocondre gauche Ă©tait jaunĂątre et homogĂšne, examinĂ©e avec soin, elle nâa prĂ©sentĂ© aucuns grains brillans. On la dĂ©laya dans lâeau distillĂ©e pour la filtrer; il resta sur le fil tre * InsĂ©rĂ©e dans le PrĂ©cis des travaux de VAcadĂ©mie royale des sciences > belle 5 lettres. et arts de Rouen 3 pendant l*annĂ©e 1836 , p. 35. â 345 â une matiĂšre jaunĂątre , pultacĂ©e, trĂšs-fĂ©tide. Le liquide, auquel le filtre avait donnĂ© passage, Ă©tait colorĂ© en jaune. On y versa du chlore pour le dĂ©colorer, afin de pouvoir apprĂ©cier lâaction des rĂ©actifs. La potasse pure nây produisit aucun trouble. Lâacide hydçosulfurique nây forma point de prĂ©cipitĂ© , par lâaddition de lâacide hydrochlorique.. Le sulfate de cuivre ammoniacal ne le troubla pas ; lâoxalate dâammoniaque y forma un prĂ©cipitĂ© blanc ; lâeau de chaux donna lieu Ă un trouble qui disparaissait par lâacide nitrique. Le nitrate dâargent produisit un prĂ©cipitĂ© blanc caillebottĂ©, insoluble dans lâeau et dans lâacide nitrique , mais trĂšs-soluble dans lâammoniaque lâacide sulfurique pur et les sulfates nây produisirent aucun changement. Lâexamen, par les rĂ©actifs, dĂ©montre quâil nâexiste , dans cette liqueur, aucun poison minĂ©ral ; mais nous ne bornĂąmes point lĂ nos expĂ©riences. En consĂ©quence , aprĂšs avoir additionnĂ© la liqueur dâune petite quantitĂ© de potasse pure, nous la fĂźmes Ă©vaporer Ă siccite ; le rĂ©sidu de lâopĂ©ration fut ensuite mĂȘlĂ© avec du charbon en poudre, et introduit dans un tube de verre fermĂ© Ă lâune de ses extrĂ©mitĂ©s, et lâautre fut ensuite effilĂ©e Ă la lampe ; puis on chauffa graduellement jusquâau rouge. La partie supĂ©rieure du tube nâoffrit aucune sublimation mĂ©tallique , et, en brisant le tube, on ne trouva aucun mĂ©tal Ă lâĂ©tat dâisolement. Gette expĂ©rience nĂ©gative met hors de doute la conclusion que nous avons tirĂ©e de lâexamen par les rĂ©actifs. Les poisons minĂ©raux nâĂ©tant point les seuls quâune main coupable puisse employer pour donner la mort, nous dirigeĂąmes nos recherches vers lâexistence des poisons vĂ©gĂ©taux. Nous fĂźmes alors bouillir, avec la magnĂ©sie , une portion de la liqueur provenant de lâhypocondre gauche. AprĂšs quelques instans dâĂ©bullition, on jeta le mĂ©lange sur un filtre, et on le lava Ă graiĂŻde eau. La matiĂšre restĂ©e sur le filtre fut mise Ă bouillir avec de lâalcool trĂšs- dĂ©flegmĂ© ; par cette Ă©bullition, lâalcool ne contracta point la propriĂ©tĂ© de ramener au bleu le papier de tournesol lĂ©gĂšrement rougi. â 346 â On Ă©vapora le liquide Ă siceitĂ© , et le rĂ©sultat de lâĂ©vaporation fut seulement une matiĂšre verte, quâon dĂ©signait autrefois sous le nom de rĂ©sine verte de la bile. Cette matiĂšre ne rougissait nullement par le contact de lâacide nitrique. Cette expĂ©rience prouve Ă©videmment que la liqueur de lâhypocondre gauche ne renferme aucun poison vĂ©gĂ©tal. Liquide de lâestomac et des intestins. Deux questions se prĂ©sentaient relativement Ă ces viscĂšres i° Indiquer si quelque poison y existait ; i° si lâalcool s'y rencontrait. Pour rĂ©soudre la premiĂšre question, nous avons appliquĂ© aux liquides contenus dans lâestomac et les intestins les expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes, dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© nĂ©gatifs ; mais, comme il arrive quelquefois que le poison a Ă©tĂ© absorbĂ© par les viscĂšres eux-mĂȘmes, de maniĂšre Ă former une combinaison intime, nous avons coupĂ© une portion de chacun dâeux et les avons introduits dans un matras, avec de lâeau distillĂ©e, pour les dĂ©composer par lâacide nitrique pur ; Ă lâaide de la chaleur et de cette expĂ©rience, nous nâavons obtenu que les produits qui rĂ©sultent des matiĂšres animales placĂ©es dans les mĂȘmes circonstances. Quant Ă rĂ©soudre la question relative Ă lâingestion de lâalcool, nous conservĂąmes peu dâespoir, puisque lâestomac et les intestins avaient Ă©tĂ© extraits du cadavre aprĂšs douze jours dâinhumation ; malgrĂ© cela, nous tentĂąmes les expĂ©riences suivantes pour la solution de cette question, toutâĂ -fait neuve pour nous. On introduisit dans une cornue de verre une portion du liquide contenu dans ces viscĂšres ; on adapta Ă son col une alonge qui communiquait Ă un rĂ©cipient contenant de lâeau acidulĂ©e par lâacide sulfurique pur. Lâappareil Ă©tant ainsi disposĂ©, on chauffa, et la distillation eut lieu. Lâaddition de lâacide sulfurique avait pour but de saturer lâammoniaque que renfermait le liquide de lâestomac. Lorsque nous eĂ»mes obtenu les trois quarts du liquide employĂ©, â 347 nous versĂąmes le produit dans une autre cornue , pour procĂ©der Ă une nouvelle distillation, dans le but de sĂ©parer lâalcool du sulfate dâammoniaque formĂ© ; mais, au lieu dâobtenir ce liquide , nous nâavons obtenu que de lâeau ayant une forte odeur de zomi- dine. Pour nous prĂ©munir contre toute espĂšce dâobjections, nous avons cru devoir distiller ce nouveau liquide sur du chlorure de calcium, qui, par sa grande affinitĂ© pour lâeau , devait la retenir ; et, cette fois, comme la prĂ©cĂ©dente, il y eut absence dâalcool. Il rĂ©sulte de notre travail, 1 0 que la mort de la femme L*** nâest point le rĂ©sultat dâun empoisonnement ; 2° quâaprĂšs douze jours dâinhumation, il est impossible dâaccuser la prĂ©sence de lâalcool, dans un cadavre. MĂMOIRE SUR UES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE LâACIDE SULFUREUX DANS LâACIDE HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE ; PRĂSENTĂ A LA SOCIĂTĂ LIBRE DâĂMULATION DE ROUEN , LE 15 JANVIER 1835 , ET COMMUNIQUĂ A. LĂ SOCIĂTĂ INDUSTRIELLE DE MULHAUSEN* LE 28 JANVIEE 1S3S Lâacide hydrochlorique que les fabriques de soude artificielle produisent en si grande quantitĂ©, et qui est livrĂ© immĂ©diatement au commerce, est loin dâĂȘtre pur, non quâon y ajoute Ă dessein des matiĂšres Ă©trangĂšres, comme cela se pratique pour plusieurs autres acides, mais par suite du mode de prĂ©paration et de lâim - puretĂ© des substances premiĂšres qui servent Ă son extraction. Il est toujours colorĂ© en jaune par du perchlorure de fer, lâacide hyponitrique, lâacide sulfurique et les sels, est insuffisante et impraticable dans les fabriques pour en expulser lâacide sulfureux. â 351 â Câest surtout lorsquâon applique lâacide hydrochlorique Ă la fabrication du chlore et des chlorites, du sel dâĂ©tain, de lâacide hydrosulfurique, que les inconveniens attachĂ©s Ă la prĂ©sence de lâacide sulfureux se font sentir. Il est donc extrĂȘmement important dâavoir des procĂ©dĂ©s prompts et commodes de reconnaĂźtre les plus petites traces de cet acide. Lorsquâil est en proportion assez considĂ©rable , et tel est le cas de certains acides hydrochloriques de Rouen et de quelques autres qui arrivent par la voie de Paris, il est aisĂ©ment reconnaissable pour ceux qui ont lâhabitude de manier ces produits il la couleur brune, Ă lâaspect trouble , Ă lâodeur piquante et dĂ©sagrĂ©able quâil communique Ă ces acides. Mais lorsquâil est en petite quantitĂ©, sa prĂ©sence ne saurait ĂȘtre constatĂ©e par ces caractĂšres empiriques. Il faut, de toute nĂ©cessitĂ©, recourir Ă des procĂ©dĂ©s chimiques. Ceux qui ont Ă©tĂ© indiquĂ©s jusquâici, pour cette dĂ©termination , ne sont malheureusement ni commodes ni certains. Lâun dâeux, citĂ© par MM. Bussy et Boutron-Charlard, dans leur TraitĂ© des moyens de reconnaĂźtre les jalsijications des drogues simples et composĂ©es page 17 , consiste Ă saturer lâacide hydrochlorique par lâeau de baryte, aprĂšs lâavoir Ă©tendu de trois Ă quatre fois son poids dâeau distillĂ©e. 11 se fait un prĂ©cipitĂ© blanc de sulfate et de sulfite de baryte, qui, lavĂ© Ă plusieurs reprises pour en sĂ©parer le chlorure de barium, et arrosĂ© ensuite dâacide sulfurique concentrĂ©, exhale lâodeur dâacide sulfureux. IndĂ©pendamment du tems et des manipulations que nĂ©cessite ce procĂ©dĂ©, et qui sufliraient seuls pour lâĂ©loigner des ateliers, il a encore lâinconvĂ©- uient dâexiger , pour reconnaĂźtre des quantitĂ©s dâacide sulfureux aussi petites que celles sur lesquelles on agit, une assez grande dĂ©licatesse dâodorat, et ce sens est assez souvent Ă©moussĂ© chez ^ es chimistes manufacturiers. â 352 â Un autre procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© proposĂ© par M. Chcvreul, dans ses leçons de Chimie appliquĂ©e Ă la teinture xi' leçon , page 1 5 . Ce savant chimiste, en faisant lâĂ©tude du sulfite de cuivre, a reconnu, dĂšs 1812 Annales de chimie, tome 83 , page 181, quâen versant du sulfite de potasse dans un sel de deutoxide de cuivre, il se produit un prĂ©cipitĂ© jaune formĂ© par du sulfite double de potasse et de protoxide de cuivre, et que ce prĂ©cipitĂ©, chauffĂ© au sein de lâeau , se dĂ©compose en sulfite de potasse , qui se dissout , et en sulfite de protoxide de cuivre, qui est insoluble, et qui apparaĂźt alors avec une couleur rouge. Partant de ce fait, M. Chevreul en a conclu que lorsquâun acide hydrochlorique du commerce renfermerait une quantitĂ© notable dâacide sulfureux, il suffirait, pour le reconnaĂźtre, de saturer le premier par la potasse, et de le mĂȘler ensuite avec du sulfate de cuivre dissous, parce quâalors il se produirait un prĂ©cipitĂ© jaune qui deviendrait subitement rouge par lâĂ©bullition. Mais ces prĂ©visions thĂ©oriques ne sont nullement confirmĂ©es par la pratique. En effet, le procĂ©dĂ© de M. Chevreul, excellent pour distinguer lâacide sulfureux libre ou combinĂ© aux bases , devient impuissant quand il est question dâacide sulfureux mĂȘlĂ© Ă lâacide hydrochlorique. Nous avons bien des fois appliquĂ© ce procĂ©dĂ© Ă des acides hydrochloriques surchargĂ©s dâacide sulfureux, et jamais nous nâavons pu obtenir la rĂ©action annoncĂ©e par M. Chevreul. Lâaddition du sulfate ou de tout autre sel de cuivre dans ces acides neutralisĂ©s par la potasse, ne donne lieu Ă aucun prĂ©cipitĂ©, ou, lorsque les liqueurs sont concentrĂ©es, en produit un lĂ©ger, bleuĂątre, dont la couleur ne change pas par lâĂ©bullition. M. Gay-Lussac a recommandĂ© le premier, en i8i3 Annales de chimie, tome 85 , page 206, le sulfate rouge de manganĂšse comme le meilleur rĂ©actif que lâon puisse employer pour reconnaĂźtre quand un corps est susceptible de sâoxider. Ce sel, que les uns regardent comme un sulfate de sesqui-oxide de manganĂšse sulfate manganique, dâautres comme un sulfate de bi-oxidc, et quelques uns comme uu sulfate de protoxide mĂȘlĂ© dâacide hypermanganique sâobtient, comme on sait, en faisant digĂ©rer pendant plusieurs jours du peroxide de manganĂšse rĂ©duit en poudre impalpable, dans de lâacide sulfurique concentrĂ© il en rĂ©sulte une liqueur dâun beau rouge, trĂšs-acide, qui est le sel en question. Tous les corps combustibles avides dâoxigĂšne , les matiĂšres organiques , les acides peu oxigĂ©nĂ©s, tels que les acides sulfureux, phosphoreux, hyponitrique, etc., lui font perdre sa belle couleur en le ramenant Ă lâĂ©tat de sel de protoxide. On pourrait donc lâemployer pour rechercher la prĂ©sence delâacide sulfureux dans lâacide hydrochlorique du commerce, puisque quelques gouttes de cette liqueur rouge, versĂ©es dans celui-ci, sont dĂ©colorĂ©es subitement, pour peu quâil y ait des traces du premier de ces acides. Mais lâemploi de ce rĂ©actif, dans ce cas, nâoffre pas tous les avantages quâau premier abord il semblerait prĂ©senter. Dâabord, ce sel, comme tous les sels rouges de manganĂšse , nâest pas trĂšs-stable ; il se dĂ©colore Ă la longue au contact de lâair, et subitement par lâaddition de lâeau ; mais, en outre, il a lâinconvĂ©nient dâĂȘtre dĂ©truit par lâacide hyponitrique comme par lâacide sulfureux , dâoĂč il suit quâun acide hydrochlorique contenant de lâacide hyponitrique ce qui arrive assez souvent, comme nous lâavons dĂ©jĂ dit prĂ©cĂ©demment, agirait sur ce rĂ©actif comme sâil renfermait de lâacide sulfureux, ce qui entraĂźnerait dans des mĂ©prises les personnes peu au fait des manipulations chimiques. ConsultĂ© Ă chaque instant par les industriels de notre ville , sur k* puretĂ© des acides hydrochloriques des fabriques, en consommant nous-mĂȘmes une grande quantitĂ© pour la fabrication des eaux minĂ©rales gazeuses, que nous avons Ă©tablie en grand un des premiers Ă Rouen, nous avons du chercher un procĂšde simple, prompt m infaillible pour dĂ©couvrir les plus petites traces dâacide sulfu- feux dans ces acides. Celui que nous allons indiquer reunit toutes tas conditions pour devenir usuel dans les mains es personnes 23 â 354 â les moins habiles ; il parle aux yeux et est de lâexĂ©cution la plus facile. Depuis deux ans nous lâenseignons dans nos cours , et il nâa jamais train nos espĂ©rances. Ce procĂ©dĂ© est fondĂ© sur lâaction quâexerce le protochlorure dâĂ©tain sel dâĂ©tain du commerce sur lâacide sulfureux. Pelletier pĂšre nous a appris, il y a fort long-tems Annales de chimie, tome 12 , page â i 702 , que, mis en contact avec ce dernier, il le dĂ©soxigĂšne et donne lieu Ă un prĂ©cipitĂ© dâun beau jaune, consistant en soufre et en peroxidc dâĂ©tain. Voici comment on opĂšre On met dans un verre une demi-once 16 grammes environ de lâacide hydrochlorique dont on veut faire lâessai ; on y ajoute 2 Ă 3 gros 8 Ă 12 grammes de sel dâĂ©tain bien blanc et non altĂ©rĂ© par lâair , on remue avec un tube, et lâon verse sur le tout deux ou trois fois autant dâeau distillĂ©e , en agitant. Lorsque lâacide hydrochlorique 11c contient pas dâacide sulfureux , il ne se prĂ©sente aucun phĂ©nomĂšne remarquable aprĂšs lâaddition du sel et de lâeau ; le premier se dissout, et la liqueur devient seulement un peu trouble par suite de lâaction de lâair sur le sel. Mais pour peu pie cet acide renferme dâacide sulfureux , on voit, immĂ©diatement aprĂšs lâaddition du sel dâĂ©tain, lâacide sc troubler, devenir jaune, et dĂšs quâon a ajoutĂ© lâeau distillĂ©e, on sent trĂšsâmanifestement lâodeur de lâhydrogĂšne sulfurĂ©, et la liqueur prend une teinte brune en dĂ©posant une poudre de mĂȘme couleur. Ces phĂ©nomĂšnes sont tellement appareils, quâ011 ne peut hĂ©siter un instant sur la prĂ©sence ou lâabsence de lâacide sulfureux. Quelquefois la couleur brune ne sc dĂ©veloppe quâau bout de quelques minutes ; elle est dâautant plus foncĂ©e que la proportion 355 â dâacide sulfureux est plus forte. Le dĂ©gagement dâhydrogĂšne sulfurĂ© nâa lieu quâau moment oĂč lâon etend lâacide dâeau. En laissant reposer la liqueur colorĂ©e, il se dĂ©pose une poudre dâun jaune brun ; câest un mĂ©lange de sulfure dâetain et de peroxide dâĂ©tain, comme nous nous en sommes assurĂ©. Il est facile dâexpliquer cette rĂ©action curieuse. Une portion du sel dâĂ©tain se transforme en perchlorure, aux dĂ©pens de la seconde portion de ce composĂ©, taudis que lâĂ©tain, devenu libre, rĂ©agit sur lâacide sulfureux de maniĂšre Ă produire tout Ă la fois du peroxide et du protosulfure dâĂ©tain. Quant Ă la petite quantitĂ© dâhydrogĂšne sulfurĂ© qui prend naissance aussitĂŽt aprĂšs lâaddition de lâeau, elle provient de la dissolution dâun peu de sulfure dâĂ©tain formĂ© dans lâacide hydroclilorique qui est en prĂ©sence. Il est essentiel, pour obtenir les phĂ©nomĂšnes que nous avons indiquĂ©s, de mettre le sel dâĂ©tain en contact avec lâacide hydro- chlorique avant dây ajouter lâeau, car si lâon commençait par Ă©tendre lâacide, lâaddition du sel ne produirait aucune coloration- Le procĂ©dĂ© analytique dont nous venons de parler se recommande, comme on voit, par la simplicitĂ© et la promptitude de son exĂ©cution. En une minute, on peut ĂȘtre fixĂ© sur la puretĂ© dâun acide hydroclilorique, sans embarras comme sans dĂ©penses. Il est dâune telle fidĂ©litĂ© , quâun centiĂšme dâacide sulfureux ne peut Ă©chappera lâobservation, ainsique nous nous en sommes con- v aincu Ă diffĂ©rentes reprises. Tous ces avantages doivent en faire a dopier lâemploi aussi bien dans les laboratoires que dans les ate- liers. DĂ©jĂ nos Ă©lĂšves en ont rĂ©pandu lâusage dans la plupart des briques de Rouen. SOCIĂTĂ industrielle de muliiausen. RAPPORT DU COMITĂ DE CHIMIE, PAR M. ACHILLE PENOT, , SUR LE MĂMOIRE DE M. J. GIRARDIN, TRAITANT DES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE DE LâACIDE SULFUREUX DANS lâacide HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE. SĂ©ance du 25 fĂ©vrier IS55. Messieurs, vous avez renvoyĂ© Ă votre comitĂ© de chimie un mĂ©moire de M. Girardin, professeur de chimie Ă Rouen, sur les moyens de reconnaĂźtre lâexistence de lâacide sulfureux dans lâacide hydrochlorique du commerce. Votre comitĂ© mâa chargĂ© de vous faire connaĂźtre son opinion sur ce mĂ©moire. Toutes les personnes qui font usage dâacide hydrochloriq 116 savent que ce produit, provenant des fabriques de soude actif*' cielle, est rarement pur, et quâil contient souvent en quantitĂ©s variables des matiĂšres Ă©trangĂšres provenant plutĂŽt du procĂ©dĂ© de fabrication que dâune fraude que le bas prix de cet acide doit pe» â 357 â engager Ă commettre. M. Girardin admet, ce qui du reste Ă©tait dĂ©jĂ gĂ©nĂ©ralement connu, que les matiĂšres Ă©trangĂšres qui accompagnent lâacide hydrochlorique sont le plus ordinairement du perclilorure de fer, du chlore, de 1 acide hyponitrique, de lâacide sulfurique, des sulfates de soude et de chaux, de lâacide sulfureux. AprĂšs avoir passĂ© successivement en revue les diverses causes qui peuvent introduire ces diffĂ©rens produits dans lâacide hydrochlorique du commerce, M. Girardin sâoccupe de la maniĂšre de reconnaĂźtre la prĂ©sence de lâacide sulfureux, qui offre de graves inconvĂ©niens dans plusieurs circonstances. M. Girardin rappelle dâabord les diverses mĂ©thodes proposĂ©es pour ce genre dâanalyse, et il fait voir le peu de commoditĂ© quâelles prĂ©sentent. Ă ces mĂ©thodes, on peut ajouter celle indiquĂ©e par M. Persoz, qui consiste Ă verser dans lâacide liydrochlo- rique un lĂ©ger excĂšs de chlorure de barium, pour prĂ©cipiter tout lâacide sulfurique qui pourrait se trouver dans lâacide essayĂ©. On filtre ; on ajoute Ă la liqueur filtrĂ©e du chromate ou du chlorure de potasse, et lâon y verse de nouveau du chlorure de barium. Un nouveau prĂ©cipitĂ© annonce la prĂ©sence de lâacide sulfureux, que le chromate de potasse a dâabord fait passer Ă lâĂ©tat dâacide sulfurique. Mais aucune de ces mĂ©thodes nâest comparable, pour la simplicitĂ© , Ă celle de M. Girardin, qui est dâailleurs aussi dâune grande exactitude, comme nous nous en sommes assurĂ©. Votre comitĂ© de chimie pense quâil ne peut quâĂȘtre avantageux Ă lâindustrie de la faire connaĂźtre , en publiant dans un de vos bulletins le mĂ©moire de M. Girardin , avec le prĂ©sent rapport. Pour copie conforme Le PrĂ©sident de la SociĂ©tĂ© industrielle de Mulhauscn y Emile DOLLFUS. Le SĂ©crĂ©toire, Albert SCHLUMBERGER MEMOIRE SUR LES FALSIFICATIONS QUâON FAIT SUBIR AU ROCOU, LU A IA SOCSĂTĂ LIBRE DâĂMULATION DE ROUEN, LE 5 DĂCEMBRE I&S5 Le Rocou , Pigmentum urucu des anciennes pharmacies, est, comme on sait, une matiĂšre colorante qui, sous la forme dâune pulpe gluante dâun rouge de vermillon, entoure les graines du Rocouyer, Bixa orellana, de LinnĂ©e, arbrisseau de la famille des TiliacĂ©es, qui croĂźt dans les contrĂ©es mĂ©ridionales de lâAmĂ©rique. Cette matiĂšre arrive en Europe, du Mexique, du BrĂ©sil, des Antilles, et surtout de Cayenne, sous la forme dâune pĂąte ordinairement façonnĂ©e en pains ou gĂąteaux de 5 Ă 8 kilogrammes, enveloppĂ©s de feuilles de balisier, de bananier ou de roseau. Elle vient aussi en masses plus volumineuses dĂ©pouillĂ©es de feuilles, et dans des fĂ»ts dâorigine ou dans des barriques Ă vin de Bor- 1 InsĂ©rĂ© dans le Recueil des travaux de la SociĂ©tĂ© libre d*Emulation de Rouen >. annĂ©e 4SS6 ; et dans le Journal de pharmacie et des Sciences accessoires, t. 22 , cahier de mars 1836. 359 â ileaux ou de la Rochelle, les uns et les autres du poids de 200 Ă kilogrammes; les pains sont entassĂ©s et fortement comprimĂ©s dans ces fĂ»ts dont ils occupent tout le diamĂštre. La consommation de cette matiĂšre colorante est gĂ©nĂ©ralement assez restreinte, en raison de son peu de soliditĂ©. Elle sert pour la teinture des soies en aurore et en orangĂ©, plus rarement pour celle du lin et du coton ; les chamois petit teint sur coton sâoblicn - neut avec elle. Comme les couleurs fournies par le rocou sont trĂšs-brillantes, on en fait souvent usage pour modifier et aviver certaines nuances de grand ou de petit teint; câest ainsi quâon lâemploie pour rehausser le ton des chamois, les jaunes par la gaude, pour donner un pied Ă la soie, au coton et au lin teints en ponceau , cerise, nacarat, etc., avec le carthame ou la cochenille. Dans les fabriques dâimpression, on lâutilise quelquefois, spĂ©cialement pour les genres vapeur ; ainsi il sert pour obtenir des orangĂ©s sur coton , sur soie, sur laine et soie les chfdys . Le prix du rocou dans le commerce est, terme moyen , de Go a 75 cent, le 1 /2 kilogramme ; mais en dĂ©falquant de cette somme le droit dâentrĂ©e, le prix du fret et le bĂ©nĂ©fice du marchand , il r este environ i 5 Ă 20 cent, pour le coĂ»t de cette substance Ă lâendroit de production. Ce prix , qui ne pouvait payer suffisamment les cultivateurs de Cayenne de tous les soins quâils sont obligĂ©s 1 apporter Ă la culture de lâarbre qui cesse dâĂȘtre exploitĂ© aprĂšs sa C'nquiĂšme annĂ©e, et de tous les frais de fabrication de la matiĂšre colorante, sâest tout dâun coup relevĂ© et est parvenu, depuis un an > Ă celui de 2 fr. 80 Ă 2 fr. 90 cent, le 1 J7. kilogramme. La Ca use de cette subite augmentation dĂ©pend de ce que les planteurs 'âyant renoncĂ© Ă la culture du rocouyer pour se livrer Ă celle plus productive du caleyer, les magasins se sont trouvĂ©s peu Ă peu dĂ©garnis de cette substance tinctoriale ; les demandes ayant Ă©tĂ© essez nombreuses dans le cours de cette annĂ©e, les dĂ©tenteurs de p a rticle ont profitĂ© de ces deux circonstances pour monter les prix Un taux inusitĂ© jusquâĂ ce jour. Il v a dix ans, pareille chertĂ© â 360 dĂ» rocou eut lieu par suite des mĂȘmes causes. Il se vendit ue 3 fr. 5o Ă 4 fr. le i /a kilogramme. Un rĂ©sultat infaillible de la raretĂ© et de la chertĂ© du rocou, câest lâadultĂ©ration quâon a fait subir Ă ce produit. Nous lâavons dit ailleurs ', il est bien peu de substances qui ne soient dĂ©naturĂ©es par lâaddition de matiĂšres Ă©trangĂšres de moindre valeur, et câest surtout de nos jours que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variĂ©es. Lorsquâon voit les matiĂšres alimentaires les plus communes, les matiĂšres premiĂšres de lâindustrie les moins chĂšres, devenir lâobjet dâun honteux tripotage, on ne doit pas ĂȘtre surpris d'apprendre que celles qui, comme le rocou, viennent Ă manquer Ă la consommation , sont altĂ©rĂ©es de toutes les maniĂšres, dans la vue dâun sordide intĂ©rĂȘt. Lâoccasion nous a Ă©tĂ© offerte, Ă diffĂ©rentes reprises, de constater que les rocous actuellement en vente sur nos places sont additionnĂ©s dâune trĂšsâgrande quantitĂ© dâocre rouge , de brique pilee, ou de colcothar. Il est important dâĂ©veiller lâattention des consommateurs sur cette fraude. Câest ce qui mâengage Ă entrer dans les dĂ©tails suivons. La forme sous laquelle la matiĂšre colorante du rocouyer est expĂ©diĂ©e de Cayenne et autres lieux, prĂȘte singuliĂšrement Ă lâintroduction de substances Ă©trangĂšres. Celles-ci, rĂ©duites en poudre fine, sâincorporent trĂšsâbien dans cette pĂąte humide, et il est difficile de dĂ©couvrir ces mĂ©langes Ă lâĆil nu. Les fraudeurs, du reste, nâont pas attendu que le prix de cette matiĂšre fĂ»t aussi Ă©levĂ© quâil lâest aujourdâhui, pour exercer sur elle leur coupabl e industrie ; car quelques ouvrages de technologie et de matiĂšre ffl c ' dicale ont indiquĂ©, depuis long-tems, des procĂ©dĂ©s pour recon' naĂźtre la puretĂ© du rocou ; mais ces procĂ©dĂ©s sont tous peu exacts- Avant de les soumettre Ă la critique, et de proposer lâeinpl°* de Discours prononcĂ© le 3 juin 1834, Ă lâouverture du cours dâapplication ait » * 04 bimiede Rouen. Brochure in-8 0 , chez N. Fcriaux â 361 ceux qui nous paraissent prĂ©fĂ©rables, Ă©tablissons les caractĂšres que doit offrir le bon rocou, tel quâil sort de presque tous les magasins de Cayenne, car ce nâest gĂ©nĂ©ralement quâĂ Paris et dans les autres places marchandes dâEurope quâil est travaillĂ©. Les caractĂšres que nous allons donner ont Ă©tĂ© pris sur de nombreux Ă©chantillons que nous avons reçus directement de Cayenue , Ă diverses Ă©poques, par lâintermĂ©diaire dâun nĂ©gociant dont la loyautĂ© est justement apprĂ©ciĂ©e. Le rocou est une pĂąte homogĂšne, dâune consistance butyreusc et dâun toucher gras, onctueux et non terreux. Sa couleur habituelle est un rouge terne, semblable Ă celui du colcothar ou de la brique cuite; cette teinte est toujours plus vive au dedans quâĂ lâextĂ©rieur des pains'. Sa saveur est Ă peine sensible; son odeur est dĂ©sagrĂ©able et rappelle celle de lâurine en putrĂ©faction. Mais nous devons dire ici que cette odeur ne lui est point propre ; elle lui est communiquĂ©e , dans les magasins, par lâurine quâon a l'habitude dây incorporer de tems en teins, dans 1 intention de lâentretenir toujours humide, dâaugmenter son poids, et de rehausser sa couleur Ă lâaide de lâammoniaque que la putrĂ©faction de lâurine dĂ©veloppe bientĂŽt dans la masse qui en est imprĂ©gnĂ©e. Le rocou auquel on nâa pas fait cette addition a une odeur peu agrĂ©able , sans doute, mais elle est trĂšs-peu dĂ©veloppĂ©e. Celui qui est frais sent la carotte. EcrasĂ© sur le papier, il y laisse une trace dâun rouge sombre ; entre les doigts , il glisse en prĂ©sentant quelques petits grains durs que la dent dĂ©truit aisĂ©ment. Il ne doit pas offrir dans sa pĂąte despoints brillans et durs souvent, cependant, il prĂ©sente, comme lâorseille, des points blancs et brillans qui sont probablement dus Ă lâefflorescence dâun sel ammoniacal provenant de lâurine avec laquelle on lâa malaxĂ©. Il ne doit pas ĂȘtre moi§i dans son inteâ * Dans un lot de cent barriques venues directement de Cayenne a Rouen , il y avait des l'ocous bruns et des rocous d'un brun rouge vif. J'ai eu occasion de savoir que des consommateurs prĂ©fĂ©raient les rocons d'un brun rouge terne , quand ils Ă©taient purs et gras, et qu'ils m obtenaient plu* de matiĂšre colorante. â 362 â rieur, et nuancĂ© inĂ©galement. Lorsquâil a Ă©prouvĂ© un commencement de moisissure, sa couleur est toujours plus pĂąle. DĂ©layĂ© dans lâeau, il reste longâtems en suspension sans laisser dĂ©poser de sable, et sans prĂ©senter, Ă u milieu de la masse, des points noirs, indice que pendant sa cuisson une portion aurait Ă©tĂ© brĂ»lĂ©e au fond des chaudiĂšres. Il donne Ă lâeau froide, aprĂšs une macĂ©ration de quekpies heures, une couleur isabelle trĂšs- claire. Il colore fortement, au contraire, lâalcool rectifiĂ© en orangĂ© foncĂ©. Il participe donc de la nature des matiĂšres rĂ©sineuses, et comme tel il cĂšde fort peu de chose Ă lâeau, tandis quâil se dissout en grande partie dans lâesprit de vin. Il se dissout facilement et en grande quantitĂ© dans les liqueurs alcalines. Ssus ces divers rapports, on voit quâil se rapproche singuliĂšrement de la matiĂšre colorante rouge du carthame. SĂ©chĂ© Ă une chaleur de ioo°, et rĂ©duit eil poudre fine, il offre une teinte un peu plus foncĂ©e, sans tirer pourtant sur le noir. La proportion dâeau quâil abandonne varie nĂ©cessairement, suivant les soins quâon a apportĂ©s Ă sa conservation en magasin ; cette proportion varie dans les limites de 5 ĂŻ Ă 70 pour 0/0; terme moyen , il perd dans cette opĂ©ration 67 pour o/o. Approche dâune bougie allumĂ©e, il prend feu, mais assez difficilement, et brĂ»le avec une flamme claire, en rĂ©pandant un peu de fumĂ©e. Il donne un charbon lĂ©ger et assez brillant. IncinĂ©rĂ© dans un creuset de platine, il laisse de8Ă i 3 p. 0/0 dâune cendre grisĂątre ou jaunĂątre, ou quelquefois tirant un peu sur le rose. Cette cendre, nullement effervescente avec les acides» est lĂ©gĂšrement alcaline ; elle colore faiblement lâacide hydrochlo- rique en jaune. Elle se compose de silice , dâalumine , de chaux , de magnĂ©sie, de potasse, dâune trace dâoxide de fer, et renferme en outre des phosphates, sulfates et du sel marin, qui proviennent Ă©videmment de lâurine qui a servi Ă humecter le rocou. ArrosĂ© dâacide sulfurique concentrĂ©, le rocou colore subitement lâacide en beau bleu dâindigo. 11 nâest pas nĂ©cessaire , pour â 363 â que cet effet se produise, quâil soit sĂ©chĂ© et rĂ©duit en poudre , comme lâindique M. Boussingault, auteur de cette observation. Dans ce dernier Ă©tat, cependant, il dĂ©veloppe une plus belle couleur bleue, et cette couleur est dâautant plus intense et brillante , que le rocou est de meilleure qualitĂ©. Si on ajoute de lâeau sur la matiĂšre devenue bleue, elle passe instantanĂ©ment au vert, puis le liquide, lĂ©gĂšrement jaune, tient en suspension le rocou, sous forme de flocons de couleur de tabac dâEspagne. Tels sont les principaux caractĂšres de la matiĂšre colorante qui nous occupe. Voyons maintenant les procĂ©dĂ©s employĂ©s jusquâici pour sâassurer de sa puretĂ©. Ces procĂ©dĂ©s Ă©taient tout-Ă -fait empiriques et nâoffraient aucune certitude. Lâun dâeux consistait, dâaprĂšs Leblond, quia publiĂ©, en lâan XI de la rĂ©publique, un mĂ©moire trĂšs-intĂ©ressant sur la culture du rocouyer et la fabrication du rocou , Ă mettre dans un linge serrĂ© une quantitĂ© dĂ©terminĂ©e de cette substance , et Ă malaxer le nouet dans lâeau jusquâĂ ce que celle-ci ne se colorĂąt plus. On pressait et on faisait sĂ©cher le rĂ©sidu, qui ne devait Pas former plus du douziĂšme de la masse employĂ©e, autrement le r ocou Ă©tait rejetĂ©. Ce procĂ©dĂ© ne donne que de fausses indications sur la nature d un rocou, et est tout-Ă -fait insuffisant pour y faire reconnaĂźtre ^ prĂ©sence de poudres minĂ©rales. Celles-ci Ă©tant toujours , en effet , mĂȘlĂ©es dans la pĂąte Ă lâĂ©tat de fine poussiĂšre, il est Ă©vident dâelles passeront Ă travers les mailles du linge. Et dâailleurs, la MatiĂšre colorante peut avoir Ă©prouvĂ© des altĂ©rations profondes, lacune fermentation pendant son transport des colonies, ou son Se l°ur dans les magasins, par une cuisson mal opĂ©rĂ©e ; elle peut âVoir Ă©tĂ© affaiblie par son contact avec lâeau de mer, sans que, pour te qualitĂ©. âąAnnales de chimie , t. 47, p. il 3. â 50 iluTinidor an XI. â 364 Un autre procĂ©dĂ© qui ne doit pas inspirer plus de confiance, est celui qui consiste Ă frotter sur lâongle un peu de rocou, Ă savonner et Ă laver ensuite la tache qui a Ă©tĂ© ainsi formĂ©e. On regardait ce produit comme infĂ©rieur et on le rejetait, si cette tache disparaissait par ces opĂ©rations. En employant ce moyen, et en basant son jugement sur ces indications, on ne trouverait aucun rocou de bonne qualitĂ©, car, avec le meilleur et le plus pur, la tache dĂ©veloppĂ©e sur lâongle est toujours enlevĂ©e par le savon et lâeau. Quelques personnes ont proposĂ© de tirer parti de la propriĂ©tĂ© que possĂšde la matiĂšre colorante du rocou de se dissoudre en trĂšs- grande proportion dans les lessives alcalines, pour apprĂ©cier la puretĂ© de la pĂąte tinctoriale du commerce. On opĂšre dans ce cas de la maniĂšre suivante On prend un poids dĂ©terminĂ© de rocou, 5 grammes, par exemple ; on le divise et on le fait bouillir quelques momens dans lâeau avec un poids Ă©gal au sien de sel de tartre. Tout doit se dissoudre. On laisse reposer, et on decante la liqueur claire qui est dâun rouge orangĂ© foncĂ©. Sâil y a un rĂ©sidu insoluble, on regarde le rocou comme altĂ©rĂ© par des mĂ©langes frauduleux. Mais ce mode dâessai nâa pas , Ă nos yeux, plus de valeur que les prĂ©cĂ©dens, par la raison que les meilleurs rocous , traitĂ©s p ar les lessives alcalines bouillantes, laissent toujours un rĂ©sidu assez considĂ©rable; ce qui provient, non de la prĂ©sence de substances Ă©trangĂšres, insolubles dans les alcalis , mais de ce que cette m-' 1 ' tiĂšre ne se dissout pas par un premier traitement. Il faut soumettre le rĂ©sidu Ă un trĂšs-grand nombre dâĂ©bullitions successives avec I e sel de tartre pour enlever toute la matiĂšre colorante, et encore nt parvient-on pas Ă dissoudre toute la pĂąte ; il reste des dĂ©bris attĂ©nuĂ©s de feuilles et de parenchyme, qui ont une couleur noirĂątre et qui peuvent tromper en faisant croire Ă la prĂ©sence de sub stances Ă©trangĂšres qui nâexistent pas. Ce procĂ©dĂ© est donc inexai et dâailleurs trop long, si lâon veut se donner la peine de repet â 3 G 5 â les Ă©bullitions, jusquâĂ ce que les liqueurs ne soient plus colorĂ©es. Vitalis dit, dans son Cours Ă©lĂ©mentaire de teinture page 423â Ă©dition de 1827, que le bon rocou se dissbut facilement dans lâeau bouillante , et que celui qui est frelatĂ© ne se dissout pas entiĂšrement. La premiĂšre assertion est fausse lâeau ne dissout le rocou quâcn trĂšs-petite quantitĂ© ; la dĂ©coction est trouble, rouge-jaunĂątre , et quand elle est Ă©claircie par le repos, elle ne garde quâune teinte dâun jaune pĂąle. On ne peut donc, Ă lâaide du moyen de Vitalis, constater la nature dâun rocou. Pour nous , qui avons fait un grand nombre dâessais de cette matiĂšre tinctoriale , nous ne connaissons que deux procĂ©dĂ©s exacts pour en reconnaĂźtre la puretĂ© et la bonne qualitĂ©. Lâun consiste dans la calcination , lâautre dans lâapprĂ©ciation de la richesse tinctoriale au moyen dâune opĂ©ration de teinture et de lâemploi du calorimĂštre de IIoutou-LabillardiĂšre. Nous allons indiquer la maniĂšre dont nous procĂ©dons Ă ces diffĂ©rens essais. 1 0 La calcination au rouge, câest-Ă -dire lâincinĂ©ration complĂšte de la matiĂšre vĂ©gĂ©tale , est le seul moyen de constater exactement lâabsence ou la proportion juste de substances minĂ©rales ajoutĂ©es, comme ocre rouge, bol dâArmĂ©nie, colcothar, brique pilĂ©e. Mais cette calcination ne doit ĂȘtre faite que sur le rocou privĂ© de son eau dâinterposition, autrement on arriverait Ă des rĂ©sultats erronĂ©s, la quantitĂ© de cette humiditĂ© variant, comme nous lâavons dĂ©jĂ dit. On dessĂšche donc Ă lâavance une certaine quantitĂ© du rocou Ă essayer, 5 o Ă 60 grammes. Cette dessiccation doit se faire Ă la tempĂ©rature de ioo 0 ; on place la pĂąte divisĂ©e dans une petite capsule de porcelaine quâon maintient au bain-marie, jusquâĂ ce que le rocou ne perde plus de son poids. La petite etuve en cuivre des laboratoires est trĂšs-commode pour cette opĂ©ration. On rĂ©duit alors le rocou en poudre et on en prend 5 grammes 'l'iâon introduit dans un crcus tde platine ou de porcelaine, tarĂ© â 366 â Ă lâavance avec beaucoup de soin. On ferme le creuset avec son couvercle, et on le place au milieu de charbons ardens. La matiĂšre ne tarde pas Ă se dĂ©composer ; elle rĂ©pand des vapeurs empyreu- matiques trĂšs-lortes et fuligineuses ; elle noircit, puis sâenflamme aussitĂŽt quâon enlĂšve le couvercle. De tems en teins, on doit diviser la masse charbonnĂ©e au moyen dâune petite tige de fer trĂšs- propre et fort longue, afin dâaccĂ©lĂ©rer lâincinĂ©ration. A mesure que celle-ci avance, on augmente le feu, et on doit enfin entretenir le creuset rouge, jusquâĂ ce quâil ne reste plus quâune cendre sans aucune trace de charbon. On reconnaĂźt trĂšs-facilement, au reste, que toute la matiĂšre vĂ©gĂ©tale est brĂ»lĂ©e , lorsque le rĂ©sidu ne prĂ©sente plus de parties rouges de feu , et quâil ne jaillit plus de petites Ă©tincelles lumineuses quand on lâagite avec la tige de fer. AprĂšs avoir bien secouĂ© celle-ci pour faire tomber la cendre qui pourrait y ĂȘtre adhĂ©rente, on retire le creuset du fourneau, on le laisse refroidir, puis on en constate le poids. Sa tare Ă©tant dĂ©falquĂ©e du poids brut, la diffĂ©rence donne la proportion de cendres obtenues. Ces cendres se composent i° Des matiĂšres minĂ©rales fixes contenues dans le rocou , par suite de la vĂ©gĂ©tation de lâarbre qui lâa fourni ; 2 ° Des substances minĂ©rales Ă©trangĂšres Ă la constitution chimique de cette matiĂšre, et qui sây trouvent accidentellement ou par addition frauduleuse. Des expĂ©riences nombreuses mâont appris que le rocou de Cayenne, bien prĂ©parĂ© et pur, donne par la calcination de 8 Ă i i3 pour o/o de cendres. DâaprĂšs cela, lorsquâun rocou soumis a lâessai donnera un poids de cendres plus Ă©levĂ© que celui de i3 pour o/o , et nous prenons ici le plus liant poids Ă dessein', lâexcĂ©dant devra ĂȘtre attribuĂ© Ă la prĂ©sence de matiĂšres Ă©trangĂšres, provenant dâune addition frauduleuse, oudâune mauvaise prĂ©paration de la pĂąte. Lorsque lâexcĂ©dant de cendres au-dessus de i3 pour ioo n est 367 â que le 2 Ă 3 centiĂšmes, on doit penser quâil provient dâun vice de prĂ©paration ; mais, lorsquâil est au-dessus de ces limites, câest quâĂ coup sĂ»r il est le rĂ©sultat dâune fraude. Dans le cours de ma pratique, jâai trouvĂ© des rocous de Cayenne, venant par Paris ou Nantes , qui donnaient par la calcination 22 , 27, 3 i , 38 , 5 o, 39,75 pour 0/0, câest-Ă -dire quâils renfermaient en substances Ă©trangĂšres ajoutĂ©es Ă dessein, 9, i/j , 18 , 25, 5 o , 26,75 pour 0/0. En ce moment jâexamine un rocou envoyĂ© Ă Rouen par une maison de Paris ; il renferme 28 pour 0/0 de matiĂšres terreuses. Nous avons dĂ©jĂ dit que les matiĂšres employĂ©es par les fraudeurs, pour augmenter le poids du rocou, Ă©taient des substances de peu de valeur, dont la couleur se rapprochait beaucoup de la sienne. Ce sont lâocre rouge, la terre bolaire , connue sous le nom de loi ArmĂ©nie, la brique cuite, le colcolliar, ou rouge dâAngleterre peroxide de fer . Les cendres du rocou contenant lâune ou lâautre de ces poudres, °nt une couleur rouge de brique, tandis que celles du bon rocou °nt une couleur grisĂątre ou jaunĂątre, ou parfois lĂ©gĂšrement rose. Les premiĂšres, traitĂ©es par lâacide muriatique acide chlorhydrique colorent fortement en jaune-rougeĂątre, en raison de la grande proportion de fer quâelles lui cĂšdent, tandis que les secondes le colorent fort peu. Quand les premiĂšres doivent leur couleur au colcothar , le rĂ©sidu , Ă©puisĂ© par lâacide muriatique , nâoffre Ă la l°Upe que trĂšs-peu de grains siliceux. lien prĂ©sente beaucoup , ai * contraire, quand câest la brique , lâocre ou le bol dâArmĂ©nie 1m ont servi Ă falsifier le rocou. Ru reste, on constate facilement, dans ce dernier cas, la prĂ©â Se 'ice, dans le rĂ©sidu , dâune grande quantitĂ© de silice et dâaluâ â u me ou dâargile, en le calcinant avec cinq Ă six lois'son poids de S -d de soude pur dans un creuset dâargent ; dissolvant dans lâeau AcidulĂ©e par lâacide muriatique; filtrant; rapprochant Ă siccitĂ© la ^1 l >cur ; reprenant le rĂ©sidu par lâeau pure , qui laisse insoluble Une poudre blanche abondante câest de la silice, et neutralisant â 368 If liquide nouveau par la potasse. Il se fait alors un prĂ©cipitĂ© blanc iloconueux trĂšs-abondant , entiĂšrement soluble dans un excĂšs dâalcali ; câest de lâalumine. Dans la pratique des ateliers, il nâest pas besoin de pousser si loin lâessai des cendres ; lâapprĂ©ciation de leur poids suffit pour le teinturier, puisquâil lui indique suffisamment ce quâil lui importe de connaĂźtre, la puretĂ© ffĂ»la falsification du rocou quâil doit acheter. Ce nâest que dans les cas dâexpertise quâil faut dĂ©terminer la nature des substances Ă©trangĂšres ajoutĂ©es. 2° Le second essai auquel il faut soumettre le rocou, et qui a pour but dâĂ©clairer sur sa richesse tinctoriale, doit se faire en teignant comparativement avec un rocou pris comme type de puretĂ©, des poids dĂ©terminĂ©s de coton ou de soie. En agissant dans les memes conditions pour les deux Ă©chantillons, on obtient des colorations sur les tissus qui indiquent si le rocou soumis Ă lâessai possĂšde un pouvoir colorant aussi dĂ©veloppĂ© que celui pris comme terme de comparaison, et si, par consĂ©quent, son prix est en rapport avec sa qualitĂ© tinctoriale. Voici comment on doit procĂ©der On monte deux bains, avec le rocou de bonne qualitĂ© et le rocou dont on ignore encore le pouvoir colorant, dans les proportions suivantes Rocou dessĂ©che Ă 100° et rĂ©duit en poudre... 5 grammes. Sel de tartre. 10 Eau pure. 400 On fait chaufFer graduellement jusquâĂ lâĂ©bullition , aprĂšs avon' plongĂ© dans chaque bain un Ă©cheveau de coton bien blanchi, poids de 12 grammes. On entretient lâĂ©bullition pendant quinze minutes; on retire du feu, et on laisse tremper lâĂ©cheveau pendant une heure, en le lissant le plus souvent possible. Au bout de ce teins, on le relĂšve, on le tord, on le lave Ă grande eau a plu sieurs reprises, pour le dĂ©barrasser du superflu du rocou, q ,u nuirait Ă lâĂ©clat de la couleur, et on le Ăše^e Ă lâombre. â 369 â Si lâon prĂ©fĂšre agir sur la soie, on opĂšre sur les proportions suivantes , pour des Ă©cheveaux pesant 2 grammes Rocou dessĂ©chĂ© Ă 100° et pulvĂ©risĂ© Sel de tartre... Eau pure.. 0 grammes 5 0 0 On prend de la soie bien blanche, et lâon procĂšde comme ci- dessus. Les cotons ou les soies Ă©tant sĂšches, on peut alors comparer la hauteur de leur nuance. Le rocou inconnu est dâautant meilleur que la teinte quâil a donnĂ©e Ă ces tissus sâĂ©loigne moins de celle fournie par le rocou employĂ© comme terme de comparaison. Afin de pouvoir mieux Ă©tablir les diffĂ©rences qui peuvent exister entre les deux rocous, il est bon de juger sur deux couleurs tranchĂ©es. Pour cela, aprĂšs avoir teint en aurore, comme prĂ©cĂ©demment , de nouveaux Ă©chantillons de coton ou de soie, on les passe dans une eau lĂ©gĂšrement acididĂ©epar le vinaigre, le jus de citron ou lâalun , qui virent la nuance aurore Ă lâorangĂ©. On les lave ensuite Ă grande eau, et lâon sĂšche. Souvent de lĂ©gĂšres diffĂ©rences, quâon nâaurait pas aperçues par le premier essai, sont rendues sensibles par le second. Si lâon veut Ă©tablir un rapport numĂ©rique exact entre les deux rocous, ou , en dâautres termes, dĂ©terminer leur valeur vĂ©nale , comme matiĂšre colorante, il faut recourir Ă un troisiĂšme essai, qui consiste dans lâemploi du colorimĂštre de M. Houtou-LabillardiĂšre. Rappelons, avant tout, pour les personnesqui ne connaĂźt raient pas lâusage de cet instrument, les principes sur lesquels il repose, et la description quâen a donnĂ©e son auteur. LâapprĂ©ciation de la qualitĂ© relative des matiĂšres tinctoriales est fondĂ©e sur ce que deux dissolutions , faites comparativement avec des quantitĂ©s Ă©gales de la mĂȘme matiĂšre colorante, dans des QuantitĂ©s Ă©gales dâeau ou de tout autre liquide, paraissent, dans des tubes eolorimĂ©triques, de la meme nuance ; et que des dis- â 370 â solutions faites avec des proportions diffĂ©rentes prĂ©sentent de» nuances dont lâintensitĂ© est proportionnelle aux quantitĂ©s de matiĂšre colorante employĂ©e ; ce quâil est possible dâapprĂ©cier si lâon introduit dans les tubes coloriinĂ©triques ioo parties de chaque dissolution, et si lâon ajoute de lâeau Ă la plus intense, jusquâĂ ce quâelle se confonde, par la nuance , avec la plus faible. Le volume de la liqueur affaiblie, indiquĂ© par la graduation des tubes, se trouve dans le mĂȘme rapport avec le volume de lâautre que les quantitĂ©s de matiĂšre colorante employĂ©e ; lâintensitĂ© de couleur dâune liqueur affaiblie par lâeau Ă©tant proportionnelle aux volumes des liqueurs avant et aprĂšs lâaddition de lâeau , et les matiĂšres tinctoriales variables en qualitĂ©, traitĂ©es convenablement et comparativement , fournissant des liqueurs dont les nuances ont des intensitĂ©s proportionnelles Ă la qualitĂ© du principe colorant quâelles contiennent. » Le colorimĂštre se compose de deux tubes de verre bien cylindriques, de l4Ă i5 millimĂštres de diamĂštre et de 33 centimĂštres de longueur environ, bouchĂ©s Ă une extrĂ©mitĂ©, Ă©gaux en diamĂštre et en Ă©paisseur de verre , divisĂ©s dans les 5 /6 de leur longueur, Ă partir de lâextrĂ©mitĂ© bouchĂ©e, en deux parties Ă©gales en capacitĂ© , et la seconde portant une Ă©chelle ascendante divisĂ©e en i oo parties. Ces deux tubes se placent dans une petite boĂźte de bois , par deux ouvertures pratiquĂ©es lâune Ă cĂŽtĂ© de lâautre, Ă la partie supĂ©rieure et prĂšs dâune des extrĂ©mitĂ©s, Ă laquelle se trouvent deux ouvertures carrĂ©es du diamĂštre des tubes, pratiquĂ©es en regard de leur partie infĂ©rieure, et Ă lâautre extrĂ©mitĂ© un trou p* r lequel on peut voir la partie infĂ©rieure des tubes , en plaçant 1» boĂźte entre son Ćil et la lumiĂšre, et juger trĂšs-facilement, p ar cette disposition, la diffĂ©rence ou lâidentitĂ© de nuance de deux liqueurs colorĂ©es introduites dans ces tubes '. » 1 Voir, pour plus le dĂ©tails , le MĂ©moire de M. II. LabillardiĂšre , dans les JtlĂšmoirer VAcadĂ©mie royale des Sciences de Rouen , annĂ©e 1827, p. 73. Ce mĂ©moire a pour titre Description d'un ColorimĂštre , et du moyen de connaĂźtre la qualitĂ© relative des indig os â 371 â Ceci Ă©tant bien conçu, voici comment il faut procĂ©der Ă lâessai des rocous. La matiĂšre colorante du rocou Ă©tant, comme nous lâavons dit, extrĂȘmement peu soluble dans lâeau, il faut recourir Ă lâemploi de lâalcool pour obtenir les dissolutions qui doivent ĂȘtre essayĂ©es dans le calorimĂštre. On prend de chaque rocou dessĂ©chĂ© Ă too° et pulvĂ©risĂ© , 5 dĂ©cigrammes, et on les met en digestion dans 5o grammes dâalcool Ă 32°, pendant douze heures. On dĂ©cante la liqueur fortement colorĂ©e, et on la remplace par une quantitĂ© semblable dâalcool. On Ă©puise ainsi les rocous de toute la matiĂšre colorante , en employant pour chaque Ă©chantillon les mĂȘmes quantitĂ©s dâalcool quâon laisse en contact avec eux pendant le mĂȘme tems. LâexpĂ©rience mâa appris quâil faut 35o grammes dâalcool fractionnĂ©s en sept parties, pour enlever aux 5 dĂ©cigrammes dâun bon rocou toute sa matiĂšre colorante. La derniĂšre digestion alcoolique est Ă peine colorĂ©e en jaune. Les liqueurs alcooliques de chaque Ă©chantillon Ă©tant mĂȘlĂ©es, on a ainsi deux dissolutions qui reprĂ©sentent exactement leur richesse tinctoriale. Pour lâestimer, on introduit de ces dissolutions dans les tubes colorimĂ©triques, jusquâau zĂ©ro de lâĂ©chelle, ce qui Ă©quivaut Ă ioo parties de lâĂ©chelle supĂ©rieure ; on place ces tubes dans la boĂźte, et on compare la nuance des liquides quâils renferment, e n regardant les deux tubes par le trou servant dâoculaire, la boĂźte e tant placĂ©e de maniĂšre que la lumiĂšre arrive rĂ©guliĂšrement sur 1 extrĂ©mitĂ© oĂč se trouvent les tubes. Si lâon remarque une diffĂ©- fence de ton entre les deux liqueurs, on ajoute de lâalcool pur Ă l a plus foncĂ©e qui est toujours celle provenant du rocou pris Ct >n\me type , jusquâĂ ce que les tubes paraissent ĂȘtre de mĂȘme Nuance r . On lit ensuite sur le tube dans lequel on a ajoutĂ© lâalcool, nombre de parties de liqueur quâil contient ; ce nombre, comparĂ© au volume de la liqueur contenue dans lâautre tube, volume ^ Oest Je l'alcool et non de lâeau qu'il faut ajouter Ă la liqueur plus foncĂ©e , car ce dernier luidc trouble la dissolution, ce qui ne permet pas dĂšs-lors de continuer l'essai. â 372 â qui nâa pas changĂ© et qui est Ă©gal Ă ioo, indique le rapport entre lu pouvoir colorant ou la qualitĂ© relative des deux rocous. Et si, par exemple, il faut ajouter Ă la liqueur du bon rocou 85 parties dâalcool pour lâamener Ă la mĂȘme nuance que lâautre, le rapport en volume des liquides contenus dans les tubes sera, dans ce cas, comme 1 85 est Ă ioo, et la qualitĂ© relative des rocous sera reprĂ©sentĂ©e par le mĂȘme rapport, puisque la qualitĂ© des deux Ă©chantillons essayĂ©s est proportionnelle Ă leur pouvoir colorant. Les chiffres que je viens dâindiquer, pour bien faire concevoir ja maniĂšre dont on estime la valeur vĂ©nale des matiĂšres tinctoriales au moyen du eolorimetre, ne sont point arbitraires ; ce sont ceux que jâai obtenus dans un dernier essai que je viens de faire dâun rocou de Paris. Lâusage du eolorimetre pour lâestimation des matiĂšres tinctoriales nâest pas assez rĂ©pandu. On a prĂ©tendu quâil nâĂ©tait pas exempt dâerreurs, et quâil nĂ©cessitait dâailleurs une longue pratique avant que lâĆil fĂ»t assez exercĂ© pour bien saisir lâidentitĂ© de nuance de deux liqueurs colorĂ©es, sur laquelle repose ce moyen mĂ©trique. On a exagĂ©rĂ©, suivant nous, dans le jugement quâon a portĂ© du eolorimetre. Les chances dâerreurs quâil prĂ©sente ne sont pas aussi nombreuses que celles qui existent dans lâemploi de ValcalimctreetAvichloromĂšlre, dont lâusage est devenu si gĂ©nĂ©ral et il ne faut pas plus de tems pour acquĂ©rir lâhabitude de bien manier lâinstrument de LabillardiĂšre, que pour se servir couramment des instruments de Lcscroizilles et de Gay-Lussac. Quelques essais suffisent pour donner Ă lâĆil lâhabiletĂ© nĂ©cessaire pour appr e " cier les plus petites diffĂ©rences de ton entre des liqueurs colorĂ©es- Depuis long-tems nous faisons un frĂ©quent usage du eolorimetre pour lâessai dâun grand nombre de substances tinctoriales ; nous avons Ă©tĂ© Ă mĂȘme de reconnaĂźtre lâexactitude des renseignemens quâil fournit sur la valeur rĂ©elle de ces substances, aussi engageons- nous vivement les industriels Ă se familiariser avec son cmpl 01. â 37a Les essais que nous regardons comme essentiels pour acquĂ©rir, des notions exactes sur la nature dâun rocou, paraĂźtront, peut- ĂȘtre , un peu longs aux praticiens ; mais, quâon y prenne garde, il vaut mieux consacrer trois jours Ă examiner une substance, que de lâacheter telle quelle, et de lâemployer dans ses ateliers, au risque de compromettre la rĂ©ussite dâopĂ©rations importantes ; car alors il en coĂ»te toujours beaucoup plus de tems et dâargent que la substance ne vaut. Câest ce qui nâarrive malheureusement que trop dans nos fabriques ; et je pourrais citer une foulĂ© dâexemples de pertes considĂ©rables ou de procĂšs ruineux occasionnĂ©s par lâindiffĂ©rence des industriels Ă bien choisir et Ă essayer avec soin les matiĂšres premiĂšres quâils mettent en Ćuvre. Remarquez bien, dâailleurs, que les trois Ă©preuves que je conseille sont absolument indispensables pour ne laisser aucun doute sur la valeur dâun rocou. LâincinĂ©ration donne le poids des matiĂšres minĂ©rales ajoutĂ©es au produit; lâopĂ©ration de teinture et lâĂ©preuve par le eolorimetre, qui se servent mutuellement de con trĂŽle, font connaĂźtre la maniĂšre dont la substance se comportera dans les bains, et apprennent exactement sur quelles proportions de matiĂšre colorante pure on peut compter par chaque kilogramme de pĂąte. Il ne faut jamais oublier ce principe, quâon ne peut porter un bon jugement sur la nature dâune matiĂšre tinctoriale organique , quâautant quâon a multipliĂ© les essais, et quâon lâa examinĂ©e sous tous les rapports. Autantlâessai des substances minĂ©rales est simple et prĂ©cis dans ses rĂ©sultats, autant celui des matiĂšres tirĂ©es du âą'Ăšgne vĂ©gĂ©tal ou animal est compliquĂ©, demande de sagacitĂ© dans le choix des moyens analytiques , et exige de prudence dans les conclusions quâon en peut dĂ©duire. âąTe terminerai mon mĂ©moire par cette observation , que les foeous sont souvent fraudĂ©s par lâintroduction , dans les barils qui les contiennent, dâune grande quantitĂ© de feuilles de roseau. Les â 374 â bons rocous de Cayenne ne contiennent jamais plus de 6 pour o/o de feuilles. Il faut donc exiger une rĂ©fraction du vendeur, toutes les fois que le poids des feuilles sâĂ©lĂšve au-dessus de ce chiffre. Lâusage Ă©tabli pour la tare du rocou dans le commerce, est de 20 pour o/o, savoir 16 pour o/o pour le bois, et 4 pour o/o pour les feuilles. DâaprĂšs les vĂ©rifications faites, il y a tantĂŽt 6 pour o/o de perte, tantĂŽt boni. Cela dĂ©pend des fĂ»ts et de la" quantitĂ© de feuilles. Les fĂ»ts dâorigine ne donnent jamais de perte, leur bois Ă©tant plus lĂ©ger que celui des barriques bordelaises. ©©©©©©©©©©©©© 9 © ANALYSE CHIMIQUE DBS EAUX MINĂRALES DE SAINT-ALLYRE, A CLERMONT-FERRAND PĂY-DE-DOME , ET IU TRAVERTIN QUâELLES DĂPOSENT; PAR M. J. GIRARDIN; SC1V1B DâUNE ANALYSE DES EAUX MINĂRALES DâAUX ERGNE, PAR VAUQUELIN Parmi les curiositĂ©s naturelles que la ville de Clermont-Ferâ r; ind, chef-lieu du dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, offre Ă lâattention du voyageur, il en est peu qui aient acquis autant de cĂ©lĂ©britĂ© que la source minĂ©rale situĂ©e dans le faubourg de Saint-Allyre, et qui a reçu depuis longâtems le nom de Fontaine P&rijiante. Tous ceux qui visitent celte contrĂ©e si pittoresque de 1 Auvergne ne manquent pas, aprĂšs avoir fait lâascension du Luc Ă l'AcadĂ©mie royale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen , le 15 juillet 1836 , * l insĂ©rĂ©e dans le PrĂ©cis des travaux de la mĂȘme acadĂ©mie pour Pannce 1830. Ce MĂ©moire a insĂ©rĂ© par extrait dans le Journal de pharmacie , t. 23 , p, 237, 1S3 > $ et dans le de chimie mĂ©dicale , 1 . ĂŻ, ^vic , P- 271,1 S", Puy-de-DĂŽme, illustrĂ© par les expĂ©riences de Pascal, et avoir admirĂ© les jolis sites et les belles sources de Royat et de Fon- lanat, dâaller examiner le fameux pont de pierre formĂ© par le dĂ©pĂŽt des sels terreux contenus dans lâeau de Saint-Allyre, et de faire empiĂšte des incrustations artificielles que le propriĂ©taire de la source prĂ©pare pour les Ă©trangers. Certes, pour lespersormes qui ne sont pas initiĂ©es aux secrets de la chimie, câest une chose merveilleuse quâune eau qui jaillit claire et limpide de son rĂ©servoir naturel, et qui abandonne, sur les objets quâon expose Ă son contact, une couche terreuse qui leur donne bientĂŽt lâapparence de la pierre. Et, ce qui confond encore plus lâimagination de ceux quâun pareil prodige attire, câest la production de cette muraille de 240 pieds de long , de 18 i» 20 pieds de haut, et dont une des extrĂ©mitĂ©s sâavance jusquâau-delĂ du ruisseau de Tiretaine, de maniĂšre Ă former un pont dâun admirable effet, et qui semble avoir Ă©tĂ© construit par la main de lâhomme. Ce phĂ©nomĂšne est bien fait pour appuyer dans lâesprit des gens du monde cette opinion erronĂ©e des anciens, que lâeau se change en terre, et que lâĂ©corce solide de notre planĂšte doit son origine a cette prĂ©tendue transformation de lâeau. Depuis long-tems les naturalistes ont citĂ© dans leurs ouvrages la fontaine de SaintâAllyre, et, lorsque lâanalyse chimique eut acquis quelque prĂ©cision ,les chimistes, Ă leur tour, sâoccupĂšrent de ses eaux, dont les propriĂ©tĂ©s mĂ©dicamenteuses avaient fixe lâattention des mĂ©decins. Nicolas LĂ©mery, de Rouen, est le premier qui ait entrepris lâanalyse de ces eaux. Voici ce quâon trouve, Ă cet Ă©gard, dans Y Histoire de V AcadĂ©mie des Sciences, pour lâannĂ©e 1700 , p. 58 . A Clermont en Auvergne, il y a une fontaine pĂ©trifiante, dont M. LĂ©mery examina quelques bouteilles qui lui avaient etc donnĂ©es par AI. Tournelorl. Cette eau est claire comme celle dâArcueil, et Ă©galementpesanle. Elle dĂ©pose au fond des bouteilles â 377 â un peu de sable gris el de pierre blanchĂątre qui paraĂźt sây ĂȘtre formĂ©e. Par les essais et les opĂ©rations chimiques, il paraĂźt quâelle contient un acide qui apparemment a dissous quelque substance pierreuse des lieux oĂč elle a coulĂ©. La partie la plus pesante de cette substance se prĂ©cipite au fond de lâeau, quand elle sĂ©journe ou quâelle a peu de mouvement, mais la partie la plus lĂ©gĂšre ne sâen dĂ©tache pas avec tant de facilitĂ©, et câest elle, apparemment, qui fait les pĂ©trifications. Cette eau pĂ©trifiante nâen est pas plus dangereuse Ă boire par rapport aux pierres qui peuvent se former dans les reins; on le sait, et par lâexpĂ©rience journaliĂšre des gens du pays, et par des opĂ©rations chimiques qui ont fait voir Ă M. LĂ©mcry que le sel de lâurine ne fait point dĂ©poser la substance pierreuse de celte eau. En effet, les pierres, et ce quâon appelle pierres dans le corps humain, nâont rien de commun. » En 1748, Ozy publia le rĂ©sultat de ses essais sur le sĂ©diment quâelles abandonnent dans les bassins oĂč elles sont reçues, et il en conclut que les eaux de Saint-Allyre contiennent, une substance ferrugineuse avec un sel fossile de la nature du sel marin , et, enfin, une espĂšce de marne semblable Ă de la chaux, qui en fait la partie terreuse. » Analyse clĂ©s eaux minĂ©rales de Saint- Allyre , par M. Ozy ; de lâimprimerie de Pierre Boutaudon , seul imprimeur du Roi, 1748. Enfin , en 1799, Vauquelin analysa plusieurs eaux minĂ©rales dâAuvergne, et, entre autres, celles de Saint-Allyre. Voici les rĂ©sultats quâil obtint. Un litre de cette eau renfermerait Acide carbonique libre. 1 g r * fiO Carbonate de chaux. 20 50 de magnĂ©sie .. 0 00 de soude. 13 38 Muriale de soude. 14 20 Oxide de fer. 0 50 Sulfate de soude et matiĂšre bitumineuse,. des iraces . 62 90 â 378 â Un litre de cette eau contiendrait donc 6a grains 90 de matiĂšres solides , ou 3 grammes 36 centigrammes. Le travail de Vauquelin nâa jamais Ă©tĂ© imprimĂ©. Il existe manuscrit dans la bibliothĂšque publique de Clermont-Ferrand. Jâen dois la connaissance Ă lâobligeance de M. Gonod, bibliothĂ©caire, qui mâa permis dâen prendre une copie. A lâĂ©poque oĂč Vauquelin fit cette analyse des eaux de Saint- Allyre, les procĂ©dĂ©s analytiques laissaient encore beaucoup Ă dĂ©sirer ; aussi, depuis long-tems, les naturalistes de Clermont dĂ©siraient-ils quâon soumĂźt de nouveau ces cĂ©lĂšbres eaux incrustantes Ă un examen consciencieux. Ce dĂ©sir devint plus vif, depuis surtout que M. BerzĂ©lius, ayant analysĂ© le dĂ©pĂŽt calcaire qui constitue le pont naturel de Saint-Allyre, y trouva, outre du carbonate de chaux, de la silice et de lâoxide de fer, des phosphates dâalumine, de manganĂšse, de chaux et de magnĂ©sie. Analyse de quelques substances qui se prĂ©cipitent des eaux minĂ©rales de lâAuvergne , faisant suite Ă lâexamen chimique des eaux de Carlsbad, de TĆplitz et de Konigswart Annales de chimie et de physique, t. 28 , p. 4o3 ; annĂ©e l8a5. Visitant lâAuvergne, en i834, avec mon ami M. Soubeiran , chef de la pharmacie centrale des hĂŽpitaux civils de Paris , je fus sollicitĂ© par notre ami commun M. Lecoq, professeur dâhistoire naturelle, de reprendre lâexamen de lâeau de la fontaine incrustante. Je me rendis Ă cette invitation, et, pendant le mois que nous sĂ©journĂąmes Ă Clermont, Soubeiran et moi, nous fĂźmes les essais quâon ne peut faire quâĂ la source de lâeau dont on veut connaĂźtre la constitution chimique. Ainsi nous dĂ©terminĂąmes la nature des gaz tenus en dissolution ; nous constatĂąmes lâaction des rĂ©actifs sur lâeau, au moment oĂč elle arrive au contact de lâair ; nous recueillĂźmes des observations thermomĂ©triques, et nous nous procurĂąmes , par Ă©vaporation , toutes les substances salines q ul sc trouvent en dissolution dans lâeau. Depuis mon retour Ă Rouen, jâai continuĂ© nos premiers essais ; et, aprĂšs avoir examinĂ© avec soin le rĂ©sidu salin de lâĂ©vaporation, jâai procĂ©dĂ© Ă lâanalyse du dĂ©pĂŽt rougeĂątre que lâeau abandonne, peu de tems aprĂšs son arrivĂ©e Ă la surface du sol, dans les canaux oĂč elle sâĂ©coule , ainsi que de lâancien dĂ©pĂŽt qui constitue la vieille muraille dont la production remonte Ă une Ă©poque si reculĂ©e. JâespĂšre que les faits que je vais signaler intĂ©resseront les naturalistes et les chimistes, et que jâaurai rempli les intentions de mon savant ami M. Lecoq. I. Gisement et propriĂ©tĂ©s physiques de l'eau de Saint-Allyre. Le sol sur lequel est bĂątie la ville de Clermont est un tuf ou pĂ©perite grossier, forme de Iraginens de basalte plus ou moins altĂ©rĂ©, de petits cailloux siliceux, et dâune maniĂšre terreuse qui admet du carbonate de chaux dans sa composition. Ce tuf, quoique dâorigine volcanique, a Ă©videmment Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par les eaux, puisquâil alterne en stratification rĂ©guliĂšre avec des argiles et des couches de tuf dont le grain est beaucoup plus fin, et quelquefois mĂȘme avec des couches sableuses que lâon peut comparer aux pouzzolanes des volcans modernes. » Le sol de Clermont donne issue Ă plusieurs sources dâeaux minĂ©rales, dont la tempĂ©rature est gĂ©nĂ©ralement peu Ă©levĂ©e. Ces eaux sortent de diffĂ©rons points du monticule ; mais il est probable quâelles paraissent au jour aux points de jonction du tuf volcanique avec les couches calcaires câest principalement Ă Saint-Allyre que cette jonction a lieu , par le prolongement de 'a formation calcaire des Cotes et de Chanturgue. Un fait digne de remarque est la prĂ©sence de grosses masses de grĂšs et de quelques autres blocs de roches, placĂ©s Ă la surface du sol, trĂšs-prĂšs de la source incrustante selon toutes les apparences, elles font Partie dâun tuf analogue Ă celui que l'on peut observer au Puy- dc-Montaudou. â 380 â » Câest dans cette localitĂ©, et Ă -peu-prĂšs en face du monticule calcaire que lâon connaĂźt sous le nom de Montjuzct, que sortent les eaux minĂ©rales de Saint-Allyre. » Lecoq, Observations sur la source incrustante de Sainl-Ălyre, dans un desfaubourgs de Clermond-Ferrant ; broch. in-8°, i83o. Getle source est assez abondante, puisque , dâaprĂšs le jaugeage que je rĂ©pĂ©tai Ă plusieurs reprises dans le mois de septembre i834-i elle donne 24 litres par minute ; dâoĂč il rĂ©sulte que la quantitĂ© lournie par heure est de 1 ,44° litres, et par 24 heures de 34>56o litres. LâĂ©tat de lâatmosphĂšre ne paraĂźt pas inlluer sensiblement sur cette source , puisque la quantitĂ© dâeau quâelle fournit ne varie pas dans les tems secs ou pluvieux. On a cru remarquer seulement quâĂ lâapproche des vents un peu forts, son Ă©coulement est un peu plus rapide , et quâavant les orages, elle dĂ©gage beaucoup de gaz acide carbonique. Cette remarque a Ă©tĂ© Ă©galement faite aux eaux thermales de Vichy et du Mont-Dore. Sa tempĂ©rature est constante, ainsi quâil rĂ©sulte dâun assez grand nombre dâobservations faites, tant par moi que par M. Bouillet, aprĂšs mon dĂ©part de Clermont. Le tableau suivant contient les rĂ©sultats de nos observations. A partir du 1 5 octobre, les donnĂ©es de ce tableau mâont Ă©tĂ© fournies par M. Bouillet. 381 EAUX MINĂRALES DE SA1NT-ALLYRE. Tableau des observations faites du 28 aoĂ»t au 30 dĂ©cembre 1834. DATES DBS OBSERVATIONS HEURES DU JOUR. TEMPES DBS EAUX. ATURE DE LâAIR AMBIANT. VENTS RĂCNANS. ĂTAT DD CIEL. 2SaoĂ»t 1834 midi 2 4 cent. 19â Il un peu couvert* 3 septembre 7 h. du s. 24° 21 beau. 5 idem midi 24 27 idem. 9 idem 7 m. 24° 19 idem. 12 idem 15 octobre 10 b. du m. 7 b. dti m. 24° 24 24 13 idem. en partie couvert de gros nuages. âą midi SI» 19 O. idem. trĂšs-couvert, un 6 b. du a. 24 14â âą/, peu de pluie, beaucoup de 30 octobre 7 h. du m. 24â 5â /. O. brouillards. âą midi 24° 9 0. trcs-bcau. * 6 b. du a. 84 sâ y, O. idem, brumeux, 15 novembre 7 b. du m. 24 â '/a N. un peu de neige dans la nuit. » midi 24" 2 » y, N. beau. » 6 b. du s. 24 i» y, N- couvert» 30 novembre 7 b. du m. 24 11 idem. » midi 24â 10â idem. . 6 b. du s. 24 S O. trĂšs-fort trĂšs-beau» 13 dĂ©cembre 7 b. du m. Si _4 y, N. idem. B midi 24 1° N. idem. » 6 b. du s. 24â â *h N. idem. °0 dĂ©cembre 7 b. du m. 24 6° y, s. un peu couvert. » midi 24 10 S. trĂšs-beau. » 6 b. du s. 24 idemA Les eaux, au sortir de terre, sont parfaitement limpides. Elles ° n t une trĂšs-faible odeur bitumineuse, non dĂ©sagrĂ©able, et une saveur aigrelette , un peu atramentaire et bitumineitse. Elles lais- S ' n t dĂ©gager de tems en teins des bulles plus ou moins grosses, âR'i consistent en acide carbonique. Ces bulles deviennent trĂšs- nombreuses par lâagitation. â 382 â Ces eaux tombent dans un petit rĂ©servoir en pierre qui est tout tapissĂ© dâun dĂ©pĂŽt ocreux. Peu de tems aprĂšs leur exposition Ă lâair, elles sc recouvrent dâune pellicule trĂšs-fine, nacrĂ©e, dâun blanc rougeĂątre, et bientĂŽt aprĂšs elles se troublent. Elles laissent dĂ©poser, dans les conduits en bois qui les conduisent du rĂ©servoir dans des chambres dâincrustations, une poudre fine de couleur dâocre jaune, dont la quantitĂ© est assez considĂ©rable. Au milieu decedĂ©pĂŽtsĂ©dimenteux , on voit presque toujours des fi- lamens rougeĂątres , imitant, par leurs formes et leur disposition , ces conferves qui flottent au milieu des eaux de mares. Quand le tems est pluvieux, le sĂ©diment a une couleur plus foncĂ©e et paraĂźt plus chargĂ© dâoxide de fer. Voici comment lâeau de cette source se comporte avec les rĂ©actifs Teinture de tournesol ... . Rougit trĂšs-sensiblement. Ammoniaque .PrĂ©cipitĂ© blanc floconneux trĂšs-manifeste, immĂ©diatement. Eau de chaĂŒx .PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-abondant, se formant aussitĂŽt. Carbonate tP ammoniaque . PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-abondant, se redissolvant dans un excĂšs. Nitrate de baryte ».PrĂ©cipitĂ© blanc assez fort, dont une partie rĂ©siste Ă lâaction de lâacide nitrique. Teinture de galle ...... Prend de suite une couleur brune. Nitrate d!argent .PrĂ©cipitĂ© blanc caillebottĂ©, considĂ©rable, qui brunit un peu, et qui se redissout en grande partie dans lâammoniaque. 11 reste des flo - " cons grisĂątres. Phosphate de soude .PrĂ©cipitĂ© blanc floconneux assez considĂ©rable- Oxalate d?ammoniaque. . . PrĂ©cipitĂ© blanc trĂšs-considĂ©rable. Sous-acĂ©tate de plomb . . . PrĂ©cipitĂ© blanc Ă©norme, se redissolvant, pour la plus grande partie, dans lâacide nitrique* Cyanureferroso-potassique. Teinte dâun vert bleuĂątre; trouble lĂ©ger. Cyanure-ferrieo potassique . Rien. Suljhydrate d!ammoniaque» PrĂ©cipitĂ© verdĂątre considĂ©rable. Les flocons se rĂ©unissent bientĂŽt, et ressemblent alors au prĂ©cipitĂ© formĂ© par les alcalis dans 1 S protoscls de fer. Ricfl. Chlorure d*or â 383 â Les lames et feuilles dâargent, maintenues long-tems en contact avec lâeau, ne prennent aucune couleur brune. Soumise Ă lâaction de la chaleur, cette eau laisse dĂ©gager une grande quantitĂ© dâacide carbonique, puis se trouble, et abandonne une poudre de couleur rougeĂątre. Elle se comporte donc absolument, dans ce cas, comme les eaux ferrugineuses acidulĂ©s. La densitĂ© de cette eau est de j,oo 4 . 25 . Comme nous lâavons dit plus haut, lâeau de Saint-Allyre laisse Ă©chapper des bulles de gaz au moment oĂč elle arrive au jour. Afin de connaĂźtre la nature de ces gaz, nous avons cherchĂ© Ă en recueillir une certaine quantitĂ© ; mais, comme cette opĂ©ration eĂ»t demandĂ© un teins considĂ©rable , et prĂ©sentĂ© beaucoup de difficultĂ©s en essayant de recueillir les bulles qui sâĂ©chappent de la source principale, nous avons opĂ©rĂ© sur une branche de cette source, qui se trouve Ă peu de distance de la premiĂšre, et qui est au fond dâun puits de six Ă sept pieds de profondeur seulement. Il se fait dans ce puits un dĂ©gagement continuel de gaz ; aussi, cette cavitĂ© en estâelle constamment remplie. Les ouvriers ne peuvent y rester plus de quelques minutes ; un chien , qui y Ă©tait tombĂ©, a Ă©tĂ© promptement asphyxiĂ©. LĂ , il nous a Ă©tĂ© facile de recueillir une certaine quantitĂ© du gaz, au moyen dâun flacon Ă large ouverture, et entiĂšrement rempli dâeau, que nous fĂźmes descendre et que nous retournĂąmes au sein du liquide. Le gaz recueilli avait une odeur piquante ; il rougissait la teinture de tournesol, troublait lâeau de chaux en blanc, et Ă©teignait les corps en combustion. AnalysĂ© au moyen de la potasse caustique et du phosphore, il °tait formĂ©, sur ioo parties en volume, de Gaz acide carbonique. 68, Gaz azote. 25,59 Gaz oxigĂšne. 100,00 â 384 â II. Examen chimique de lâeau de Saint-Allyre. Nous avons procĂ©dĂ© Ă lâexamen chimique de lâeau de Saint- Allyre, en suivant les procĂ©dĂ©s les plus exacts que la science possĂšde aujourdâhui. Nous ne croyons pas nĂ©cessaire de les dĂ©crire ici, attendu quâils sont assez connus des chimistes. Nous nous bornerons Ă faire connaĂźtre les rĂ©sultats que nous avons obtenus. Un litre dâeau Ă©vaporĂ©e avec beaucoup de soin donne un rĂ©sidu de substance saline , dont le poids sâĂ©lĂšve Ă 4 grammes 64 centigrammes. Voici la composition dâun kilogramme de cette eau Acide carbonique libre. .. I r-» O ! v* I 1,4070 Carbonate de chaux.. 1,6342\ de magnĂ©sie. 0,3856 J de soude. 0,4886 1 de fer. 0,14101 Sulfate de soude. 0,28951 1,2519 [" 4,6400 Chlorure de sodium. Silice. 0,3900 MatiĂšre organique non azotĂ©e. Phosphate de manganĂšse .... \ 0,0130 1 Carbonate de potasse. CrĂ©nate et apocre'nate de fer. 0,0462 / Eau. 993,9530.... 993,9530 1000,0000 Lâeau de Saint-Allyre est donc une eau ferrugineuse-acidule » analogue aux eaux de Spa, dePyrmont, de Provins, de Vichy, etc-? mais avec cette diffĂ©rence quâelle renferme une trĂšs-grande quantitĂ© de carbonate de chaux. Ce sel, ainsi que les carbonates de magnĂ©sie et de fer, tenu sen dissolution dans lâeau Ă la faveur Ă e lâacide carbonique , ne tardent pas Ă se dĂ©poser, dĂšs que lâe» u a le contact de lâair ; et câest lĂ ce qui produit ce sĂ©diment dâun jaune rougeĂątre qui se forme dans le rĂ©servoir et les conduit» dans lesquels lâeau sâĂ©coule. â 385 â Lorsque cette source coulait librement sur le sol, Ă une Ă©poque dĂ©jĂ fort reculĂ©e, elle abandonna peu Ă peu, le long de son trajet, ces carbonates terreux et mĂ©talliques, et forma ainsi cette masse de travertin qui constitue le pont de pierre. Ce dĂ©pĂŽt commence Ă fleur de terre vers lâextrĂ©mitĂ© qui Ă©tait la plus rapprochĂ©e de la source, et il augmente rapidement en hauteur et en Ă©paisseur, Ă mesux-e que lâon avance vers son autre extrĂ©mitĂ©. Sa surface supĂ©rieure, dâabord trĂšs-Ă©troite, sâĂ©largit graduellement, et lâon remarque encore une espĂšce de sillon qui servait, sans doute , Ă conduire les eaux qui Ă©levĂšrent elles-mĂȘmes cet aqueduc. Quelques personnes prĂ©tendent que les bĂ©nĂ©dictins de Saint- Allyre, dans lâenclos desquels sâĂ©panchait cette fontaine, craignant que son dĂ©pĂŽt ne vĂźnt Ă envahir le sol fertile de leur abbaye, dirigĂšrent dâabord ses eaux de maniĂšre Ă les conduire dans le ruisseau de Tiretaine, qui traversait leur propriĂ©tĂ©. Quoi quâil en soit, lâeau incrusta bientĂŽt le canal qui lui avait Ă©tĂ© tracĂ© ; elle finit par le combler, et, suivant cependant la mĂȘme route que lui traçait dâailleurs la pente du terrain , elle coula sur son dĂ©pĂŽt ; elle lâaugmenta tous les jours, et, comme la matiĂšre calcaire se dĂ©posait plus facilement sur les bords que dans le milieu, elle laissa dans cette partie le sillon peu profond qui lui servait de conduit. Les eaux , arrivĂ©es Ă lâextrĂ©mitĂ© de la muraille, se rĂ©pandaient dans le ruisseau qui mettait un terme Ă leur dĂ©pĂŽt ; bientĂŽt cependant la muraille sâĂ©leva sur le bord , et, dĂšs quâil y eut une chute , il y eut bientĂŽt aussi un prolongement de matiĂšre calcaire qui avança au-dessus de lâeau. Des plantes aquatiques ne tardĂšrent pas Ă sây dĂ©velopper , et leur Ve gĂ©tation, activĂ©e par les matiĂšres salines contenues dans les e »ux minĂ©rales , couvrit de touffes de verdure le rocher fln venait de se former. Mais ici la nature Ă©tait encore dans t *ute son activitĂ© ; un dĂ©pĂŽt de carbonate de chaux et de fer hy- droxidĂ© couvrait en peu de tems les vĂ©gĂ©taux vigoureux qui avaient pris possession de ce sol encore vierge ; les mousses et les 25 386 - coquillages qui venaient y chercher la fraĂźcheur Ă©taient saisis en mĂȘme tems, et tous ces matĂ©riaux accumulĂ©s ne servaient quâĂ exhausser le terrain, Ă multiplier les surfaces, Ă augmenter les points de contact, et favorisaient puissamment la formation dâune arcade dont la nature seule avait formĂ© le plan. Quâarriva- tâil enfin au bout dâun grand nombre dâannĂ©es ? Câest quâune arche toute entiĂšre parut'sut le ruisseau, dont le cours eut Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, si ses eaux nâavaient pas enlevĂ©, au fur et Ă mesure de sa prĂ©cipitation, la matiĂšre calcaire apportĂ©e par les eaux qui venaient croiser les siennes. » Le ruisseau de Tiretaine ne fut plus dĂšs-lors un obstacle au cours des eaux de Saint-Allyre ; elles lâavaient traversĂ© et se disposaient dĂ©jĂ Ă franchir un autre bras de ce ruisseau, en formant une nouvelle arche. Celle-ci se voit encore Ă demi-formĂ©e , avançant au-dessus du ruisseau, et restant suspendue sans soutien. Une cause qui nous est inconnue changea le point de sortie des eaux minĂ©rales, et lâaqueduc fut Ă sec. Tout porte Ă croire que le dĂ©pĂŽt Ă©tait plus abondant autrefois quâĂ prĂ©sent ; cependant, la nouvelle source a encore dĂ©posĂ© des masses de travertin assez considĂ©rables. » Le propriĂ©taire a eu lâidĂ©e de diriger une partie de ses eauX sur un des points du ruisseau de Tiretaine, et, depuis un certain nombre dâannĂ©es, elles ont commencĂ© un nouveau pont dont on suit annuellement les progrĂšs. LĂ , on peut voir avec dĂ©tail* comment sâest formĂ© le grand pont de pierre. Le mĂȘme phĂ©nomĂšne se reproduit en petit ; les mĂȘmes eaux y concourent, 1 e5 mĂȘmes plantes se dĂ©veloppent sur la pierre qui se forme ; d eS mousses verdoyantes cachent les dĂ©pĂŽts ferrugineux qui recou- - vrent toutes les surfaces ; mais bientĂŽt lâhiver vient mettre un terme Ă la vĂ©gĂ©tation , et lâeau achĂšve ce quâelle avait commence ; elle empĂąte tout ce qui se trouve autour dâelle, et forme de* stalactites calcaires qui ont un brin dâherbe pourpoint dâapp' 11, â Lecoq, loco cilato. â 387 â M. ClĂ©mentel-Doucet, propriĂ©taire actuel le la source de Saint-Allyre, a profitĂ© de la propriĂ©tĂ© incrustante de ses eaux pour faire de jolies incrustations, ou, comme on dit trĂšs-improprement, des pĂ©trifications, quâil vend aux Ă©trangers qui viennent en foule visiter cette fontaine singuliĂšre. Yoici comment ces incrustations sâobtiennent. Nous entrons dans ces dĂ©tails, parce que la plupart des auteurs qui ont Ă©crit sur les eaux minĂ©rales ont donnĂ© une trĂšs-fausse idĂ©e de la maniĂšre dont se forment les incrustations terreuses. Lâeau, au sortir de la source, est dirigĂ©e, par une rigole en bois de quatre pouces de large environ, et qui, de distance en distance , prĂ©sente une largeur et une profondeur plus grandes , dans une espĂšce de cuve assez profonde, dâoĂč elle se rĂ©pand, sous forme de filet, sur la plate-forme de deux petites chambres en bois, de huit Ă neuf pieds de hauteur et de dix Ă onze pieds de largeur. Ces plates-formes sont percĂ©es de cinq Ă six trous, qui permettent Ă lâeau de sâĂ©couler dans lâintĂ©rieur des chambres. Des supports en bois, disposĂ©s contre les parois des chambres, reçoivent les objets quâon veut pĂ©trifier. Lâeau , en tombant sur des pierres, jaillit de tous cĂŽtĂ©s, sous forme de pluie fine, sur tous les corps environnans. Par suite du choc, et de la grande surface quâelle prĂ©sente Ă lâair, elle se dĂ©pouille promptement de son excĂšs dâacide carbonique, et, dĂšs-lors, les carbonates, insolubles par eux-mĂȘmes, se dĂ©posent sur les objets qui sont fouillĂ©s par lâeau. Ces objets sont des grappes de raisin, des if uits de chĂątaignier, des chardons, des feuilles de figuier, des nids ^ oiseaux, des artichauts, des corbeilles de fleurs, des petits i *uimaux, des singes et des chiens empaillĂ©s, etc. Il faut envi- r °u un mois de sĂ©jour dans les chambres, pour que les petits tbjets soient recouverts dâune croĂ»te assez Ă©paisse'pour quâelle n e se brise pas par le transport. Plus les corps sont volumineux, plus il faut de tems pour les incruster convenablement. Un chien 'lo moyenne taille exige au moins trois mois. â 388 â On cherche , surtout, Ă ce que le dĂ©pĂŽt soit le plus blanc possible. M. ClĂ©mentel ayant observĂ© que lâocre, câest-Ă -dire lâoxide de fer hydratĂ©, se dĂ©pose en premier lieu, a cherchĂ© Ă favoriser autant que possible , son dĂ©pĂŽt ; et, pour cela, il a multipliĂ©, sur le trajet de lâeau, les petits rĂ©servoirs creux et larges dont jâai parle plus haut. En effet, câest principalement dans ces creux que lâocre se dĂ©pose ; toutefois, lâeau en retient toujours assez pour que les incrustations des chambres en contiennent encore de maniĂšre Ă colorer sensiblement les objets. Câest surtout sur ceux placĂ©s dans la partie supĂ©rieure des chambres que lâocre se dĂ©pose en plus grande quantitĂ© aussi, quand on veut terminer lâincrustation dâune matiĂšre quelconque , et la blanchir, on la place sur les derniers supports , et sur le sol mĂȘme des chambres 1 . M. ClĂ©mentel a observĂ© que, pendant les pluies, les incrustations sont plus chargĂ©es de fer, et par consĂ©quent plus colorĂ©es que pendant les beaux jours. Lorsquâon veut nettoyer les chambres, ou y faire quelques chan- gemens, on cesse de faire arriver lâeau sur les plates-formes, et on la dirige dans de grands cuviers en bois. Nous avons vu des masses de dĂ©pĂŽts qui sâĂ©taient formĂ©es dans ces cuviers. Elles prĂ©sentent, dans leur intĂ©rieur, des couches horizontales, alternativement ocreuses et blanches ; des zones bigarrĂ©es ; ce qui dĂ©montre bien que le dĂ©pĂŽt de lâhydrate de fer et du carbonate de chaux ne se fait pas simultanĂ©ment, et quâil y a des momens oĂč celui de lâoxide de 1er est plus considĂ©rable que celui du carbonate de chaux, et vice versa 2 . On voit aussi, dans ces dĂ©pĂŽts , des p° r " 1 Au moment oĂč lâon imprime ce, lignes, mon ami Lccoq m'apprend que depuis quels 11 * tems 1rs deux cliambre* pour les incrustations ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par nne petite maison boil, oĂč Ton incruste une beaucoup plus grande quantitĂ© d'objets. On a dĂ©couvert, dep* 1 * anon voyage, une nouvelle source qui dĂ©posĂ© un travertin cristallin , et on lâutilise avec *n cce Les objets incrustes par lâancienne source sont actuellement exposĂ©s pendant 24 beurc* contact de la nouvelle , qui les recouvre de nombreux et jolis cristaux Ă©tincelans. L* fabr ,c lion de ces incrustations a Ă©tĂ© beaucoup amĂ©liorĂ©e par M. Clcmentel, qui fait aussi naut une prodigieuse quantitĂ© de mĂ©dailles sur des empreintes en soufre. La vent* e objets est considĂ©rable. .j a M. BrrxĂ©lius, dont on dqit ton jours consulter les Ă©crit lorsquâon se livre * quelqo** trav* 1 389 â lions qui offrent un aspect de concrĂ©tions ou de lilamens, dĂš petites baguettes prismĂ©es, disposĂ©es de maniĂšre Ă simuler une vĂ©gĂ©tation. Il Ă©tait curieux autant quâinstructif de connaĂźtre la vĂ©ritable composition de ce dĂ©pĂŽt terreux si abondant, fourni par lâeau de Saint-Allyre. CâĂ©tait complĂ©ter lâanalyse de lâeau elle-mĂȘme. III. Examen du travertin moderne de Saint-Allyre. Le depot que je soumis Ă lâanalyse Ă©tait dâun jaune brun clair, avec des zones dâune couleur ocreuse plus foncĂ©e ; il Ă©tait trĂšs- friable . En suivant les procĂ©dĂ©s mis en usage par M. BerzĂ©lius pour lâanalyse des travertins de Carlsbad, jâarrivai Ă la dĂ©termination exacte des principes constituons du travertin que jâexaminais. Je ne rĂ©pĂ©terai point ici lâindication de ces procĂ©dĂ©s ; je dirai seulement comment jâai reconnu la prĂ©sence du carbonate de stron- tiane et des acides crĂ©nique et apocrĂ©nique. M. BerzĂ©lius ayant soupçonnĂ© lâexistence du carbonate de strontiane , sans pouvoir la mettre en Ă©vidence, je pris cinq grammes du dĂ©pĂŽt, rĂ©duit en poudre line, et je les traitai par lâacide chlorhydrique , qui dissolvit le tout avec une vive effervescence. Par lâammoniaque, je me dĂ©barrassai de presque toutes les bases. Je filtrai et Ă©vaporai la liqueur jusquâĂ siccitĂ©. Lâacide nitrique , *1'*» a du rapport avec ceux dont ce lavant sâest occupĂ©, a fait la mĂȘme remarque a lâĂ©gaĂ©d travertins dĂ©potĂ©s par les eaux de Carlsbad. Ces travertins sont, ou bruns, on blancs, ° u rubanĂ©s de brun et de blanc. La variĂ©tĂ© brune contient une quantitĂ© beaucoup plus Grande d'oxide de fer que la blanche, qui en est quelquefois tout-Ă -fait exempte. Cette circonstance mĂšne Ă supposer, ou quâil y a des diilcrenccs accidentelles dans la quantitĂ© de fer lue lâeau contient Ă diverses Ă©poques , ou que lâatmosphĂšre a parfois un accĂšs plus grand et plu * libre vers le liquide, et qu'une plus grande quantitĂ© de protoxide de fer trouve alors ° Cca *ion de se saturer dâoxigĂšne et de se sĂ©parer. » Examen chimique des eaux de Carlsbad , âŹlc â ; -Annales de Chimie et de Physique, t. SS , p. 37 2. Brthicr, qui a fait lâanalyse des eaux de Saint-Nectaire, dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, 1 connu Ă©galement que ces eaux dĂ©posent d'abord de l'oxide de fer, { de chimist. el de physique , t. p. 122. 390 â en agissant sur le rĂ©sidu, convertit la chaux et la slrontianc en nitrates. Les deux sels furent alors traitĂ©s par lâalcool pur. Le nitrate de chaux seul fut dissous. Il resta une poudre blanche dont la quantitĂ© Ă©tait trĂšs-faible ce devait ĂȘtre le nitrate de strontiane. Dissous dans lâeau distillĂ©e, ce sel fut transformĂ© en oxalale de strontiane, puis, enfin, en chlorure de strontium soluble; mais la quantitĂ© de ce dernier Ă©tait si minime, que je ne pus lâobtenir en cristaux. Jâen reconnus cependant trĂšsâbien la nature en le dissolvant dans lâalcool, et enflammant celui-ci; la flamme prit, surtout vers la fin de la combustion , une couleur rouge trĂšs- manifeste. Lâessai, rĂ©pĂ©tĂ© deux fois, donna les mĂȘmes rĂ©sultats, en sorte que la prĂ©sence du carbonate de strontiane, daus le travertin de Saint-Allyre, nâest plus douteuse. Les eaux de Saint-Allyre, enfermĂ©es dans des bouteilles, laissent dĂ©poser, au bout dâun certain tems, une poudre dâune couleur ocreuse. Câest principalement sur cette poudre que jâagis pour rechercher les acides crĂ©niquc et apocrcniquc. On sait que M. BerzĂ©lius a donnĂ© ces noms Ă deux acides organiques azotĂ©s, quâil rencontra dans L'eau minĂ©rale de Porla, en l834, et quâil regarde comme constituant ce quâon a appelĂ© jusquâici le principe extractif des eaux minĂ©rales. Annales de Chimie et de Physique, t. liv. , p. 21 g. En examinant le dĂ©pĂŽt ocreux trouvĂ© dans les bouteilles, je fus bientĂŽt convaincu que câĂ©tait du crcnatc et de lâ apocrĂ©nate de fer. Voici comment jâen fis lâanalyse Je fis bouillir la poudre avec de la potasse caustique, jusquâĂ ce que le fer fĂ»t sĂ©pare Ă lâĂ©tat dâhydrate de peroxide, sous forme de flocons bruns. Je filtrai et sursaturai la liqueur par de lâacide acĂ©tique. LâacĂ©tate de cuivre y fit naĂźtre un prĂ©cipitĂ© brun d âap 0 " crcnate de cuivre. La liqueur lut filtrĂ©e, saturĂ©e par le carbonate dâammoniaque, additionnĂ©e une seconde fois dâacĂ©tate de cuivre» et maintenue pendant quelque tems Ă une tempĂ©rature de 6° a â 391 â 8o degrĂ©s. Il se lit un prĂ©cipitĂ© dâun brun verdĂątre câĂ©tait du crĂ©nate de cuivre. En faisant passer un courant dâhydrogĂšne sulfurĂ© dans de lâeau tenant en suspension les deux sels de cuivre, je parvins Ă obtenir les acides crĂ©niqite et apocrinique, dans un assez grand Ă©tat de puretĂ© je constatai alors facilement les principaux caractĂšres assignĂ©s Ă ces acides parM. BerzĂ©lius. Jâai dĂ©terminĂ© les proportions de crĂ©nate et dâapocrĂ©nate de fer existant dans le travertin de Saint-Allyre. En traitant ce travertin par de lâalcool chaud, celui-ci se colora en brun, et laissa , par son Ă©vaporation dans le vide de la machine pneumatique, une matiĂšre organique brune, non acide et nullement azotĂ©e, bien diffĂ©rente, par consĂ©quent, des acides crĂ©nique et apocrĂ©nique dont je viens de parler. Tous mes essais pour constater, dans ce travertin, lâexistence de lâacide fluorique, ou plutĂŽt des fluorures, furent infructueux. M. BerzĂ©lius nâavait pas Ă©tĂ© plus heureux. En rĂ©sumĂ©, voici la composition du travertin ocreux de Saint- Allyre Eau. 1,40 Carbonate de chaux .. 84,40 de magnĂ©sie. 28,80 de stronliane. 0,20 Peroxide de fer . 18,40 Sulfate de chaux... 8,20 Sous-phosphate dâalumine. 6,12 Phosphate manganeux. 0>80 CrĂ©nate et apocrĂ©nate de fer. 5,00 MatiĂšre organique non azotĂ©e. 0,40 Silice...... s,20 Perte. 1,08 . 100,00 En comparant la composition de lâeau de Saint-Allyre avec celle travertin quâelle dĂ©pose, on sâaperçoit aisĂ©ment que les propor- â 392 â ti-ons respectives des substances qui leur sont communes offrent une assez grande diffĂ©rence. Le mĂȘme fait sâest dĂ©jĂ prĂ©sentĂ© Ă propos des eaux de Carlsbad et de Saint-Nectaire, qui, comme celles de Saint-Allyre, dĂ©posent des concrĂ©tions calcaires sur le sol quâelles parcourent. Voir, Ă cet Ă©gard, les MĂ©moires de M. BerzĂ©lius et de M. Berthier Annales de Chimie cl de Physique, t. 28 , p. 225 et 366, et t. ig, p. 122 . Aussi, nous dirons, comme M. Guibourt, que si lâanalyse des tufs produits par les » eaux minĂ©rales peut indiquer les principes peu solubles qui sây >> trouvent en quantitĂ© minime, elle peut difficilement servir à » en indiquer les proportions. » Histoire abrĂ©gĂ©e des Drogues simples, 3 e Ă©dit., t. 1 , p. 3go. IV. Examen de lâancien travertin de Saint-Allyrc. Il Ă©tait intĂ©ressant de rechercher si lâancien dĂ©pĂŽt formĂ© par la fontaine de Saint-Allyre, Ă lâĂ©poque oĂč elle possĂ©dait une puissance crĂ©atrice si considĂ©rable, avait la mĂȘme composition chimique que le travertin actuellement abandonnĂ© par elle. Le rĂ©sultat de cette recherche pouvait seul nous apprendre si cette eau nâavait point varie dans sa constitution , comme tant dâautres eaux minĂ©rales en ont offert dâexemples. Les caractĂšres physiques du travertin de lâancien pont de Saint- Allyre semblent indiquer dĂ©jĂ , avant toute expĂ©rience, que sa nature chimique est diffĂ©rente. En effet, il est dâun blanc jaunĂątre, ou trĂšs-lĂ©gĂšrement rougeĂątre, câest-Ă -dire dâune couleur bien moins foncĂ©e que le dĂ©pĂŽt moderne. On nây distingue pas sensiblement de zones ferrugineuses. Sa densitĂ© est plus considĂ©rable > il est beaucoup plus dur, trĂšs-compacte , et offre gĂ©nĂ©ralement la texture de certaines pierres meuliĂšres. Un fragment, pris Ă lâorigine du pont, et par consĂ©quent lies- ancicn, nous a prĂ©sentĂ© la composition suivante â 393 â 0,800 40,224 26,860 0,043 6,200 5,382 4,096 0,400 5,000 1,200 9,780 0,015 100,000 Un fragment, pris Ă lâextrĂ©mitĂ© la plus nouvelle du pont, nous a offert des diffĂ©rences notables dans les proportions respectives de ses composans, puisque nous nây avons trouvĂ© que des traces de carbonate de strontiane, 32 pour o/o de carbonate de chaux, tuais g p. o/o de sulfate de chaux. Comme on le voit, lâancien dĂ©pĂŽt des eaux de Saint-Allyre diffĂšre notablement, par les quantitĂ©s de quelques uns de ses principes constituons, du travertin moderne, puisque, dans le premier, il y a une bien plus grande proportion de silice et de carbonate calcaire, et beaucoup moins de peroxide de fer. Nous devons en conclure que la composition des eaux de cette fontaine nâa pas toujours Ă©tĂ© la mĂȘme ; quâĂ lâĂ©poque oĂč elles avaient une propriĂ©tĂ© incrustante si prononcĂ©e, elles Ă©taient beaucoup plus riches en sels calcaires et en silice, et quâĂ mesure que cette propriĂ©tĂ© sâest affaiblie, elles ont perdu peu Ă peu de ces principes, en mĂȘme tems quâelles sâenrichissaient en peroxide de fer. Beaucoup de sources thermales, surtout en Auvergne, ont, comme celle de SaintâAllyre, Ă©prouvĂ© des changemens notables dans la constitution chimique de leurs eaux, et subi une diminuâ Bon dans la proportion de leurs principes minĂ©raux. Ainsi, les eaux de Saint-Nectaire, de Vichy, du Mont-Dore, nâont plus la ÂŁau. Carbonate de cbaux. de magnĂ©sie. de strontiane. Peroxide de fer. Sulfate de chaux. Sous-phosphate dâalumine .. âą Phosphate manganeux.. âą Crcnate et apocrĂ©natc de fer .. MatiĂšre organique non azote'e Silice. Perte. mĂȘme richesse en substances minĂ©rales quâautrefois, et leur composition nâest plus la mĂȘme quâĂ lâĂ©poque oĂč elles formaient ces immenses dĂ©pĂŽts siliceux et arragonitifĂšres quâon trouve aux environs des lieux ou elles sourdent. Le filet dâeau qui constitue actuellement la source des CĂ©lestins a Ă©videmment produit le grand rocher dur et compacte, sur lequel est construit le couvent, ainsi quâune partie des anciens remparts de Vichy. Les eaux du Mont- Dore dĂ©posĂšrent jadis des masses assez considĂ©rables de silice ; câest Ă peine si elles en abandonnent aujourdâhui. Les eaux de Saint- Nectaire ont dĂ©posĂ© de lâarragonite, puis de la silice, puis des amas dâocre trĂšs-friable, puis des travertins; aujourdâhui, câest uniquement du carbonate de chaux un peu ferrugineux quâelles laissent Ă©chapper. Ce nâest pas un des phĂ©nomĂšnes les moins curieux que cet appauvrissement successif en principes salins, et surtout en silice, de la plupart des eaux minĂ©rales. Sa constance indique assez quâil est liĂ© Ă quelque grande cause dont lâaction a Ă©tĂ© progressivement modifiĂ©e et affaiblie. Or, cette cause est trĂšs-probablement la chaleur, car il est bien constant, au moins pour la majeure partie des sources de lâAuvergne, que leur tempĂ©rature a sensiblement diminue. On conçoit parlaitement que le volume et la tempĂ©rature de ces fontaines sâaffaiblissant graduellement, leur richesse en substances minĂ©rales, surtout en substances peu solubles, a dĂ» suivre la mĂȘme progression descendante. Les notables diflĂ©rences qui existent entre les rĂ©sultats de mon analyse et ceux de lâanalyse faite par Yauquelin , en 1799 , proviennent , non de ce que la nature chimique de lâeau a change depuis cette Ă©poque si rapprochĂ©e, nous 11e pouvons adopter cette idĂ©e, mais de ce que le cĂ©lĂšbre chimiste normand nâavait point alors Ă sa disposition les moyens analytiques si variĂ©s et si prĂ©cis que la science possĂšde aujourdâhui. Toutefois , il y a un fait qne nous 11e savons comment expliquer, câest la diffĂ©rence assez coĂŻt- â 395 â sidĂ©rable qui existe dans les quantitĂ©s de rĂ©sidu terreux obtenu par lâĂ©vaporation dâun litre dâeau, par Vauquelin et par moi. Vau- quelin nâa pu se tromper sous ce rapport ; mais la moindre proportion de substances solides quâil a obtenue ne viendrait-elle pas de ce quâil aurait agi sur de lâeau puisĂ©e depuis quelque teins, et qui aurait abandonnĂ© une partie des sels terreux quâelle tient en dissolution ? Le dĂ©pĂŽt que cette eau forme dans les vases oĂč on la conserve, ou lorsquâelle est exposĂ©e Ă lâair pendant quelques momens, est si prompt Ă sâopĂ©rer, quâil se pourrait bien que ce fĂ»t lĂ la vĂ©ritable cause de la diffĂ©rence que nous signalons. Au reste, ceci nâest quâune prĂ©somption, mais elle nous paraĂźt plus probable que celle qui consisterait Ă admettre , ou que Vauquelin a commis une erreur, ou que lâeau actuelle de Saint-Allyre est moins riche en substances salines quâil y a trente-cinq ans. Ce nâest pas dans un espace de tems aussi court quâil survient des changemens aussi marquĂ©s dans la constitution chimique des eaux minĂ©rales. Comme le travail de Vauquelin, sur les eaux minĂ©rales de lâAuvergne, nâa jamais Ă©tĂ© imprimĂ©, et que tout ce qui a Ă©tĂ© fait par ce savant chimiste mĂ©rite dâĂ©tre connu, nous publierons son mĂ©moire Ă la suite du nĂŽtre, comme un hommage rendu Ă sa cendre. Les eaux minĂ©rales du dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, soit celles qui sortent immĂ©diatement du terrain primitif, soit celles qui sourdent du calcaire lacustre, offrent, Ă peu de chose prĂšs, la mĂȘme constitution chimique. Elles contiennent Ă -la-fois beaucoup dâacide carbonique et beaucoup de carbonate de chaux, avec une proportion notable dâoxide de fer aussi, presque toutes donnent- e lles lieu Ă des incrustations plus ou moins abondantes. La plupart de ces eaux offrent encore, en petit, comme lâobserve M. Lecoq, le phĂ©nomĂšne qui a eu lieu, en gra^d, Ă lâĂ©poque de la formation des calcaires tubulaires et Ă phryganes , qui couvrent plusieurs points du mĂȘme dĂ©partement. *âą On serait tentĂ© de croire, dit ce savant gĂ©ologue, en examinant ces dĂ©pĂŽts , que les eaux qui leur â 396 â donnent naissance les dissolvent dans les terrains tertiaires ; mais il nâen est pas ainsi il paraĂźt que les sources sortent du terrain primitif avec ces propriĂ©tĂ©s. On ne peut mĂȘme pas admettre que, imprĂ©gnĂ©es dâacide carbonique, elles dissolvent ensuite le calcaire , en traversant les terrains qui en sont formĂ©s ; car on a plusieurs exemples de sources minĂ©rales Saint-Nectaire, Chalusset, prĂšs Pontgibaud, qui sortent immĂ©diatement du terrain primitif, et dĂ©posent de suite un travertin semblable Ă celui de Saint-Allyre. Lâeau de cette derniĂšre source offre presque toujours degrĂ©s de chaleur, ce qui indique quâelle vient de lâintĂ©rieur de la terre, et quâelle est probablement beaucoup plus chaude en sortant du granit sur lequel repose le calcaire. Ces diffĂ©rens faits font prĂ©sumer que lâacide carbonique, si abondant dans toute la Limagne, ne fait que traverser les couches calcaires qui la composent, mais quâil ne sây forme pas. Tout porte Ă croire quâil sâĂ©chappe des fissures du bassin primitif sur lequel elles reposent, comme il sort visiblement avec des eaux minĂ©rales sur plusieurs points du dĂ©partement. » Observations sur le gisement de lâacide carbonique et des bitumes, dans le dĂ©partement du Puy-de-DĂŽme, par M. Lecoq Annales scientijiques de VAuvergne, t. i, p. 217. Quoi quâil en soit, les eaux de Saint- Allyre sont, de toutes celles du mĂȘme dĂ©partement, les plus riches en carbonates de chaux et de fer. Les eaux de SainteâClaire, qui coulent Ă peu de distance des premiĂšres, dans Clermont mĂȘme, et Ă lâentrĂ©e du faubourg de Saint-Allyre, ne renieraient pas autant de matiĂšres en dissolution, et sont sensiblement diffĂ©rentes. Celles de Saint-Allyre sont plus riches en fer et en carbonate de magnĂ©sie; mais, dans les deux sources, il y a, Ă peu de chose prĂšs, les mĂȘmes proportions de sel marin et de carbonate de chaux '. * L'eau des puits du faubourg de Saint-Allyre a une composition assex remarquable et 9° 3° Carbonate de magnĂ©sie. . 3,5o 4° Carbonate de soude .. . 12 ,Go 5 Muriate de soude. . 10,73 6 ° Oxide de fer. . o,33 7 0 Sulfate de soude , quantitĂ© in - commensurable, sur la quantitĂ© dâeau employĂ©e. Total pour chaque livre , 38 ,06 Yo/rt. La tempĂ©rature de cette eau est de degrĂ©s. â 408 â JAUDE. i° Acide carbonique , en volume, 6 pouces cubiques environ; en poids....... 3,90 grains. 2 0 Carbonate de chaux... 6,00 3° Carbonate de magnĂ©sie. 2,83 4° Carbonate de soude.... 6,66 5° Muriate de soude. 5,67 6° Oxide de fer... 0,16 Sulfate de soude, quantitĂ© incommensurable. Total pour chaque livre dâeau, 25,22 ©fi©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© DESCRIPTION PROCĂDĂ DE M. CAPPLET, DâELBEUF, POUR LA RĂGĂNĂRATION DBS VIEUX BAINS DE CUVE LUE A LA SOCIĂTĂ LIBRE DâĂMULATION DE ROUEN ÂŁ1 15 DĂCEMBRE 1356 Pour pouvoir fixer la matiĂšre colorante de lâindigo, ou VincUâ gotine, sur les tissus, il faut, dâinsoluble quâelle est dans lâĂ©tat oĂč le commerce nous la prĂ©sente, la rendre soluble. Or, pour obtenir ce rĂ©sultat, on met lâindigo en contact avec des proportions convenables de substances dĂ©soxigĂ©nantes et dâalcalis. Câest c e quâon appelle monter une cuve, en termes dâatelier. Pour la teinture des laines, on se sert de prĂ©fĂ©rence de cuves a la potasse, trĂšs-improprement nommĂ©es cuves Ă lâanglaise, Puisque ce ne sont point les Anglais qui les ont inventĂ©es, et quâon 116 les connaĂźt presque pas en Angleterre. A Elbeuf, on n en Extrait du Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre d > Eniultttion de Rouen , i» r trimestre 1857. Ce MĂ©moire a Ă©tĂ© insĂ©rĂ© par extrait dans le t. l° r du RĂ©pertoire de chimie , de physique e* ^ a Pphcation aux arts, septembre 1837, et dans le Journal de chimie mĂ©dicale, 4 . ' * * 9 f 2e sĂ©rie, janvier 1S38 , p. 9. 410 â emploie plus d'autres Ă prĂ©sent. On les monte avec des proportions particuliĂšres dâindigo, de potasse du commerce, de garance et de son. La garance et le son sont les ingrĂ©diens qui dĂ©soxigĂšnent lâindigo ; la potasse est lĂ pour retenir en dissolution, dans le bain, lâindigo dĂ©soxigĂ©nĂ©. GĂ©nĂ©ralement, aprĂšs vingt-cinq jours dâactivitĂ©, et aprĂšs quâon a introduit dans la cuve de nouvelles quantitĂ©s dâalcali et dâindigo, pour faire ce quâon nomme des regreffes , on est obligĂ© de remonter complĂštement et Ă neuf cette sorte de cuve, par lâimpossibilitĂ© de continuer un travail avantageux. Cela provient de ce que la potasse est, pour ainsi dire, saturĂ©e parla matiĂšre grasse qui existait dans les tubes de la laine, et par celle qui provient de sa dĂ©composition. Il en rĂ©sulte une espĂšce de savon qui rend la potasse inhabile Ă dissoudre de nouvel indigo dĂ©soxigĂ©nĂ©. Force est donc de rejeter le bain, et de le remplacer par un autre. Ce rejet dâun bain , dans lequel existe encore presque toute la quantitĂ© de potasse employĂ©e, câest-Ă -dire kilogrammes pour ioo kilogrammes dâindigo, aprĂšs le court, espace de trois semaines, cause une dĂ©perdition Ă©norme de potasse. Et si lâon songe au nombre de cuves en activitĂ© dans toutes les villes oĂč lâon sâoccupe de la teinture des laines, on sera effrayĂ©, avec raison, de la perte journaliĂšre que lâindustrie Ă©prouve par lâĂ©coulement Ă la rue des vieux bains de cuve. Câest pour Ă©viter cette perte de potasse, que M. Capplet, ancien fabricant Ă Elbeuf, et notre confrĂšre, sâest livrĂ© Ă de nombreuses recherches qui lâont conduit Ă ce rĂ©sultat quâil est possible dâenlever Ă la potasse des vieux bains la majeure partie des matiĂšres qui neutralisent son action et de la faire servir de nouveau Ă la dissolution de lâindigo. Il y a bientĂŽt treize ans que M. Capplet a imaginĂ© son procĂšde, et, dĂšs 1825, un atelier quâil avait montĂ© Ă Elbeuf, de concei t avec M. SĂšbe, avait, dans lâespace de quinze mois, Ă©conomise r 5 ,g 5 o kilogrammes de potasse. Câest ce qui fut constatĂ©, Ă cette Ă©poque , par les membres de la commission des mĂ©dailles de la SociĂ©tĂ© libre dâEniulatfon de Rouen, qui, dans sa sĂ©ance publique du 6 juin 1825, dĂ©cerna une mĂ©daille dâargent Ă MM. Capplet et SĂšbe. Depuis, M. Capplet continua Ă pratiquer la rĂ©gĂ©nĂ©ration des vieux bains de cuve, et plusieurs teinturiers dâElbeuf, qui firent usage de ses bains rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, attestĂšrent obtenir, par leur emploi, une Ă©conomie de moitiĂ© sur la consommation ordinaire de la potasse. Nous avons sous les yeux des certificats de plusieurs industriels dâElbeuf, un rapport fait par M. Lefort-Henry actuellement maire dâElbeuf Ă la Chambre de Commerce, un certificat de JJM. les membres de la Chambre consultative des manufactures de cette ville, qui tous sâaccordent Ă dire que le procĂ©dĂ© de M. Capplet procure une Ă©conomie importante de potasse, et quâil est employĂ© avec succĂšs dans plusieurs teintureries de cette ville 1826-1827 . En 1 83 x , M. Capplet soumit son procĂ©dĂ© Ă lâexamen de la SociĂ©tĂ© dâEncouragement, qui, par lâorgane de M. Robiquet, lui accorda son approbation. P^oir le rapport insĂ©rĂ© dans le bulletin de la SociĂ©tĂ©, pour le mois de juin i83i . Jusquâici, cet honorable industriel a tenu secret le procĂ©dĂ© quâil a dĂ©couvert, dĂ©sirant jouir du bĂ©nĂ©fice que lui accorde un brevet dâinvention. Mais plus prĂ©occupĂ© de la pensĂ©e de laire dopter son moyen dans les fabriques , que de gagner quelque argent, M. Capplet, aprĂšs mâavoir fait voir en dĂ©tail lâappareil dont il se sert, et avoir exĂ©cutĂ© ses opĂ©rations devant moi, mâa autorisĂ© Ă publier ce que jâai vu. Câest ce que jâai acceptĂ© avec empressement. M. Capplet, considĂ©rant le vieux bain de cuve eomme une solution de potasse rendue impure par des matiĂšres grasses et des matiĂšres extractives et colorantes, a pensĂ© quâen le mettant suc- ''''ssivfincnl en contact avec de la chaux caustique , des cendres â 412 de bols, du charbon et du sable, il parviendrait Ă Ă©liminer presque complĂštement toutes les substances Ă©trangĂšres , autres que lâalcali, et que le bain retient soit en dissolution, soit en suspension. Ses prĂ©visions ont Ă©tĂ© justifiĂ©es, puisque chaque seau de son bain regĂ©nĂ©rĂ© agit dans une nouvelle cuve, comme une dissolution de 2 kilogrammes de potasse du commerce. La thĂ©orie et lâexpĂ©rience ont appris, depuis long-tems i° Que la chaux enlĂšve aux vieilles lessives presque toutes les matiĂšres colorantes quâelles tiennent en dissolution , en formant avec elles un composĂ© insoluble ; 2 ° Quâelle dĂ©compose de mĂȘme les combinaisons dâalcalis et de matiĂšres grasses, en formant, avec ces derniĂšres, qui sont acides, des savons insolubles ; 3° Que le charbon enlĂšve facilement aux liquides les substances qui les colorent. Si donc on combine rationnellement lâaction de ces deux agens, en employant en mĂȘme tems les cendres qui agissent et par la chaux et par les sels alcalins quâelles renferment, et quâon lâapplique convenablement Ă la purification des vieux bains de cuve, il est Ă©vident quâon devra obtenir lâĂ©limination des matiĂšres qui les salissent ou les empĂątent, et dâautant mieux quâon rĂ©itĂ©rera sur eux lâaction de ces trois substances. Eh bien ! câest ce que faitM. Capplet dans le procĂ©dĂ© suivant. La figure que nous joignons ici donne une idĂ©e parfaite de son appareil, et aidera Ă lâintelligence du procĂ©dĂ©. On dĂ©pose le vieux bain dans plusieurs cuves en bois B B, et on y ajoute un lĂ©ger excĂšs de chaux vive, en agitant. On laisse reposer, pour que le composĂ© calcaire insoluble qui se forme sc prĂ©cipite au fond des cuves; puis on tire Ă clair le liquide Ă©clairci, au moyen de robinets placĂ©s Ă une certaine distance du fond. Ec liquide tombe dans une grande cuve en maçonnerie A , ou il i^s/^/ /rfss^ ^s^S rrĂ© rs'S''' ande n° 3, oĂč il achĂšve de se dĂ©pouiller des matiĂšres Ă©trangĂšres. Ua se terminent les filtrations. A lâaide d un conduit placĂ© au â 414 â niveau du sol, le liquide rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© passe du troisiĂšme caisson dans la recette gĂ©nĂ©rale G, placĂ©e au centre de lâatelier. Le bain, ainsi traitĂ©, nâa plus lâodeur putride quâil exhalait dâabord. Son odeur rappelle celle dâune bonne lessive. Il est clair et ne conserve plus quâune lĂ©gĂšre teinte rougeĂątre, due Ă ce quâil retient encore un peu de matiĂšre colorante de la garance. Mais la prĂ©sence de cette matiĂšre colorante est insignifiante, car elle ne peut agir dĂ©favorablement dans les nouvelles cuves oĂč lâon fait entrer le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. Chaque filtre fonctionne pendant trois semaines ou un mois. Lorsque lâatelier est en plaine activitĂ©, tandis quâon renouvelle les filtres de la bande n° i , on commence Ă passer le liquide sur la bande n° 2 , puis sur la bande n° 3 , et lâon revient sur la bande n° 1, qui fournit de la mĂȘme maniĂšre Ă la recette gĂ©" nĂ©rale. On voit que ce procĂ©dĂ© de filtrage est calquĂ© sur le procĂšde suivi dans les salpĂȘlreries pour le lessivage des matĂ©riaux sal-" pĂȘtrĂ©s. Le sable quâon retire des filtres et des auges nâest pas perdu- On le rend propre Ă de nouvelles opĂ©rations, en le lavant Ă plu' sieurs reprises dans une caisse en bois. Quant au charbon, on pourrait aussi le faire servir de nouveau, aprĂšs lâavoir calcinĂ© au rouge daus une chaudiĂšre ou un cylindre de fonte. Câest ainsi quâ011 agit dans les raffineries de sucre, pouf revivifier le charbon. 11 rĂ©sulte, tant des expĂ©riences de M. Capplet que de la pra' tique des teinturiers qui ont fait usage de ses bains rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s» que chaque seau de ce bain reprĂ©sente 2 kilogrammes de p°" tasse, et que, dans la composition de la cuve ordinaire , on p eĂŒt supprimer la moitiĂ© de la dose de la potasse, et la remplacer p ;,r une quantitĂ© proportionnelle de bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© , en regarda ' 11 toujours chaque seau comme lâĂ©quivalent de 2 kilogrammes ^ c â 415 potasse. Ce quâil y a de certain, câest que, dans la pratique, les cuves regreffĂ©es avec le bain de M. Capplet donnent dâaussi bons rĂ©sultats que celles pour lesquelles on fait usage de potasse du commerce. Jâai sous les yeux une carte de bourgeons teints comparativement, en 1826, chez M. QuesnĂ©, dâElbcuf, dans deux cuves, lâune toute potasse, lâautre moitiĂ© potasse et moitiĂ© bain ; et sâil y a quelque diffĂ©rence dans la nuance de ces bourgeons, ce serait plutĂŽt peut-ĂȘtre en faveur de ceux teints dans la cuve oĂč la moitiĂ© de la potasse est remplacĂ©e par le bain , , , , » recenere. Or, puisque dans uneenve oĂč lâon emploierait 100 kilogrammes dâindigo, il faudrait 286 kilogrammes dĂ©potasse du commerce, dont la moitiĂ©, câest-Ă -dire 142 kilogrammes 5 o peut ĂȘtre remplacĂ©e par trente-cinq seaux et demi de bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© , il est Ă©vident quâil y aura une Ă©conomie, si les frais de revivification ne sâĂ©lĂšvent pas trop haut. Câest lĂ ce quâil faut dĂ©montrer actuellement. En voyant le peu de substances employĂ©es Ă cette revivification , en considĂ©rant le peu de valeur de ces substances , on entrevoit dĂ©jĂ que lâopĂ©ration ne peut ĂȘtre coĂ»teuse. Pour faire 100 seaux de bain, Ă 2 kilogrammes par seau, voici ce quâil en coĂ»terait Une bariique de 18 boisseaux de cendres. Braise de boulanger. 1 fr. 20 c Toile , drap et chaux. 1 10 Sable. » 10 Paille. » 10 Six journĂ©es dâhomme , Ă 2 fr. 50 cent, chaque. Total des dĂ©bours. DâaprĂšs cette note de Irais, on voit que le traitement de 100 seaux de vieux bain de cuve 11e sâĂ©lĂšve quâa 4 -2 fr. 5 o cent. Ces seaux 100 renfermant ou plutĂŽt reprĂ©sentant, dâaprĂšs M. Capplet, 200 kilogrammes de potasse, quâon peut estimer 25 fr. » c. 2 50 15 42 fr. 50 c. â 416 â Ă ioo fr. le cent, leur valeur est donc de 200 fr. Or, en retranchant de cette somme 4 2 fr- 5o cent, pour le prix de la purification, il reste une somme de i5^ fr. 5o cent, pour bĂ©nĂ©fice , puisque , dâaprĂšs lâusage gĂ©nĂ©ralement suivi, ce vieux bain , au'sortir de la cuve, eĂ»t Ă©tĂ© jetĂ© au ruisseau. Il en rĂ©sulte , par consĂ©quent, que, par 100 kilogrammes dâindigo employĂ©s pour le montage dâune cuve, on rĂ©alisera sur la potasse 61 fr. 1 o cent, de bĂ©nĂ©fice, en usant du bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© de M. Capplet. Certes , une pareille Ă©conomie mĂ©rite quâon la prenne en considĂ©ration. On doit concevoir, disait M. Lefort-Henry, dans son rapport Ă la Chambre de Commerce dâElbeuf, combien peut devenir prĂ©cieux le rĂ©sultat de lâheureuse recherche de MM. Capplet et SĂšbe, lorsque lâon considĂšre que le travail habituel des cuves Ă la potasse consomme une immense quantitĂ© de cette production Ă©trangĂšre, et que, par sa rĂ©habilitation, inventĂ©e par ces Messieurs, lâalcali des vieux bains doit se reproduire en quantitĂ© presque Ă©gale Ă son introduction et avec une action non moins vive, si lâĂ©puration est parfaite. DĂ»t-il, au reste, exister quelquâamĂ©lioration possible au procĂ©dĂ© de MM. Capplet et SĂšbe, il en ressort toujours cette vĂ©ritĂ© digne de lâattention la plus sĂ©rieuse, câest que lâimmense quantitĂ© de potasse rejetĂ©e jusquâĂ prĂ©sent en pure perte par les vieux bains peut se rĂ©gĂ©nĂ©rer tout entiĂšre, et que le moyen de rĂ©habilitation employĂ© par MM. Capplet et SĂšbe est dirigĂ© avec une telle Ă©conomie de main-dâĆuvre et dâingrĂ©diens , quâil est impossible quâil nâen rĂ©sulte pas un avantage trĂšs-prononcĂ©. » Nous avons transcrit ce passage, parce que câest lĂ lâopinion dâun homme bien compĂ©tent sur une pareille matiĂšre. Voici une autre piĂšce non moins importante que la prĂ©cĂ©dente , puisquâelle Ă©mane de manufacturiers rĂ©unis en Chambre consultative. Les membres de la Chambre consultative, apres avoir entendu le rapport de ses commissaires, touchant le proceâdĂ© dĂ©couvert par MM. Cappl ct et SĂšbe, pour diminuer lâemploi de la potasse dans la teinture des laines c â 417 â Ă©toffes, et aprĂšs avoir pris tous les renscignemens dont ils ont jugĂ© convenable de s'Ă©clairer, certifient que le procĂ©dĂ© dont il sâagit procure une Ă©conomie importante de potasse, et quâil est employĂ© avec succĂšs dans plusieurs teintureries de cette ville. » Elbeuf, le 17 juin 1826. » Signe Constant LEROY, P. TĂŒRGlS, Hyp. JoiN-Lamrert, » Louis-EugĂšne SEVAĂŻSTRE, Louis-Robert Fl-AYIG NY. » Jâai rĂ©pĂ©tĂ© les fnoyens que M. Capplet a proposĂ©s pour revivifier le vieux bain de cuve , et jâai obtenu les rĂ©sultats quâil avait annonces depuis si long-tems. Les expĂ©riences que jâai faites, comparativement sur le vieux bain et sur le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, mâont appris que ce dernier renferme une proportion un peu plus grande de potasse, et que cette potasse est plus caustique que celle qui existe dans le vieux bain. Il est facile de se rendre compte de ces deux circonstances, en se rappelant que, dans la composition de ses filtres , M. Capplet fait entrer une certaine quantitĂ© de cendres qui abandonnent, dâune part, lâalcali quâelles contiennent au liquide qui filtre sur elles, et qui, dâun autre cĂŽtĂ©, par la cliaux quâelles renferment, caustifient une partie du carbonate de potasse contenu dans le bain. En raison de cette double action, on conçoit que le bain rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© doit ĂȘtre plus riche en alcali caustique que celui qui sort des cuves. Convaincu des avantages que prĂ©sente le procĂ©dĂ© de M. Capplet, et dĂ©sireux de contribuer, pour ma part, Ă le faire mieux apprĂ©cier des industriels, jâai profitĂ© du bon vouloir de notre estimable confrĂšre pour vous le faire connaĂźtre dans tous ses dĂ©tails. JâespĂšre que la SociĂ©tĂ© qui, en i8a5, a donnĂ© publiquement Ă ce zĂ©lĂ© fabricant un tĂ©moignage de sa satisfaction , voudra lui continuer sa bienveillance et lâaider dans ses efforts gĂ©nĂ©reux, en donnant de la publicitĂ© Ă ce rapport. Rouen, i5 dĂ©cembre i83G. ©©©©Î9 SĂ©©©Ă-9S'0©â© ©Q£©0fiOΩO©©9©©9©ĂfiO NOTE SUR UN SAV0N DE SILEX PRĂPARĂ EN ANGLETERRE Au commencement de lâannĂ©e derniĂšre , un de mes anciens Ă©lĂšves, M. Claudius Arnaudtizon, qui dirigeait, Ă cette Ă©poque, une des plus importantes fabriques dâindienne des environs de Glasgow, mâenvoya, comme objet de curiositĂ©, et avec invitation de lâexaminer, un Ă©chantillon de savon quâon commençait Ă vendre en Angleterre et en Ecosse, et dans la composition duquel il avait entendu dire quâon faisait entrer de la silice ou du mica. Des occupations multipliĂ©es mâavaient fait oublier la recommandation de mon jeune ami, lorsque je lus lâarticle suivant, dans le n° 66 du Journal des travaux de lâacadĂ©mie de lâIndustrie fan - çaise\ ol. 6, juin i836 DâaprĂšs AI. Sheridan , qui a pris, en Angleterre , une patente, il serait possible de faire entrer, dâune maniĂšre utile, le silex dans la composition du savon. Pour opĂ©rer, lâauteur prend des sile* pyromaques noirs ordinaires pierres Ă briquet, il les calcine et les rĂ©duit en poudre, en les humectant pendant le broyage ; p nlS il mĂȘle cette poudre avec de la soude ou de la potasse caustique > i Luc Ă la SociĂ©tĂ© libve d'Ămulation de Rouen , et insĂ©rĂ©e dans son Bulletin» tri mestre annĂ©e 1837 ; insĂ©rĂ©e aussi dans le Journal de pharmacie , janvier 183S , p. * » " * t dans le Journal de chimie mĂ©dicale , janvier 1S34 , p. U , t. 4 , 2e sĂ©rie. I â 419 â et il fait bouillir le mĂ©lange jusquâĂ ce quâil soit arrivĂ© Ă une vĂ©ritable saponification. Le mĂ©lange, ainsi obtenu, est ajoutĂ© Ă la pĂąte ordinaire du savon, lorsque celle-ci, aprĂšs avoir bouilli, est Ă lâĂ©tat de savon, et prĂȘte Ă mettre en formes. Ce mĂ©lange, qui possĂšde la grande qualitĂ© de nettoyer les matiĂšres saponifiantes, demande Ă ĂȘtre fortement remuĂ© dans la pĂąte. Lorsque ce mĂ©lange a eu lieu, il en rĂ©sulte un savon dâune excellente qualitĂ© et fort Ă©conomique ; car cette addition, dans la pĂąte du savon, peut ĂȘtre portĂ©e jusquâĂ 4o ou 5o parties pour 5o de pĂąte de savon, et cela au moyen du silex commun que lâon obtient Ă un trĂšs-bas prix, tandis que la matiĂšre grasse, dont il prend une partie de la place, coĂ»te fort cher. Cette invention, qui promet dâĂȘtre gĂ©nĂ©ralement employĂ©e, aura lâavantage de diminuer la consommation de lâhuile ou de la graisse, et de rendre la fabrication du savon plus stable et tout-Ă -fait indĂ©pendante du grand autocrate de lâempire de Russie, dit toujoursM. Sheridan. Cependant, il nous parait fort douteux que ce procĂ©dĂ© puisse possĂ©der dâautres avantages que celui de donner au savon une augmentation de poids nĂ©cessairement prĂ©judiciable aux intĂ©rĂȘts des consommateurs. » Cet article me remit en mĂ©moire lâenvoi de M. Claudius Arnaudtizon, et je mâempressai dâanalyser le morceau de savon que jâavais reçu de lui. Ce savon ressemble beaucoup, pour lâaspect, au savon de rĂ©sine qui est si commun en Angleterre, et quâon prĂ©pare, depuis plusieurs annĂ©es, en France, notamment Ă Rouen et Ă Elbeuf. R a une odeur aromatique trĂšs-prononcĂ©e et une couleur dâun brun-fauve. Il se dissout bien dans lâeau, et sa solution mousse fortement par lâagitation. Il laisse au fond des vases une poudre l'ianche, fine, qui sâattache fortement Ă leurs parois. Cette poudre, insipide, insoluble dans tous les vĂ©hicules, est de la silice. Pour connaĂźtre la proportion de cette substance dans le savon an giais, jâai calcinĂ© au rouge, dans un creuset de platine , cinq â 420 â grammes de ce savon. Le rĂ©sidu salin et dâun blanc verdĂątre qĂŒe âąjâai obtenu, a Ă©tĂ© traitĂ© par lâacide hydrochlorique. Une partie sâest dissoute avec effervescence. Jâai Ă©vaporĂ© le tout Ă siccitĂ©, et jâai lavĂ© le nouveau rĂ©sidu avec de lâeau, Ă plusieurs reprises. Par ce moyen, jâai obtenu la silice Ă lâĂ©tat de puretĂ©; son poids Ă©tait de o gr. 95. Par consĂ©quent, il y a, dans cet Ă©chantillon de savon, 19 pour 100 de silice. Câest, du reste, un savon Ă base de soude, avec une petite quantitĂ© de rĂ©sine. Visitant lâAngleterre, quelques mois aprĂšs ces essais, je vis Ă Londres, dans Piccadilly, un depot de ce savon de silice, qu on vend par petits paquets renfermant trois ou un plus grand nombre de morceaux, sur lesquels se trouvent imprimĂ©s ces mots She- ridanâs patent silica soap soid at 38 Regent circus, Piccaddly. Ce savon est dâun blanc jaunĂątre. Trois petites tablettes, pesant chacune cinquante-deux grammes, me lurent vendues un schel- ling 1 fr. 25 c. . En 1827, un autre Anglais prit une patente pour un savon de toilette perfectionnĂ© et sans causticitĂ©' Il le prĂ©parait en ajoutant Ă du savon ordinaire 7 pour 100 de marne fine et trĂšs-pure, et 2 pour 100 de potasse. Si câest dans lâintention de faire dissoudre le silex, que M. She- ridan le fait bouillir avec une liqueur alcaline, il se trompe Ă©trangement, puisque ce nâest quâĂ la chaleur rouge que la silice peut se combiner, en certaines proportions, aux alcalis et former des composĂ©s solubles dans lâeau. Il dit que son mĂ©lange de sdex et dâalcali arrive Ă une vĂ©ritable saponification. Il y a lĂ encore une lourde erreur, puisquâil nây a de saponification quâentre des matiĂšres grasses et des alcalis. Son mĂ©lange devient pĂąteux par lâĂ©vaporation de lâeau, et câest lĂ ce quâil appelle une vĂ©ritable saponification ! Il ferait tout aussi bien , alors, dâintroduire sa poudre de silex dans la pĂąte du savon cuit, en se dispensant de la faire bouillir â 421 prĂ©alablement avec lâalcali, qui nâa presque aucun effet sur elle. Mieux vaudrait encore prendre la silice Ă lâĂ©tat de gelĂ©e ; il serait â plus facile de lâincorporer au savon, et elle y serait dans un plus grand Ă©tat de division. La prĂ©tention du sieur Sheridan, dâaugmenter les qualitĂ©s du savon , par lâaddition du silex, et la maniĂšre dont il opĂšre, dĂ©montrent quâil est dĂ©pourvu des plus simples connaissances chimiques. Mon savon , dit-il, est plus Ă©conomique, parce quâune partie de la matiĂšre grasse, qui coule fort cher, est remplacĂ©e par une substance de nulle valeur. Câest absolument comme celui qui introduirait 20 pour ioo de sable, en place de farine, dans la pĂąte du pain , et qui vous dirait Mangezâen, il coĂ»te moins cher.» Belle Ă©conomie, vraiment, qui obligerait Ă manger sept Ă huit livres de pain, au lieu de quatre ! Cette idĂ©e dâintroduire dans le savon une matiĂšre aussi inerte , dans le blanchiment, que la silice, et qui doit avoir, dâailleurs, des effets pernicieux , en agissant mĂ©caniquement pour user les fibres des tissus entre lesquelles elle sâinterpose, nâest quâune invention malheureuse, conçue dans un esprit de vile spĂ©culation. Dâun hou produit, M. Sheridan en fait un mauvais. Les charlatans sont comme les harpies, ils gĂątent tout ce quâils, touchent. ©e©©©©©©©©©;©.©©©©©©^!©©©© NOTE SUR-UNE NOUVELLE SORTE SAVON BLANC DE MARSEILLE Il y a Ă peine deux mois que je vous parlais, Messieurs, dâun savon de silex prĂ©parĂ© en Angleterre. Je vais, aujourdâhui, vous faire connaĂźtre une nouvelle espĂšce de savon blanc qui a Ă©tĂ© envoyĂ©e tout rĂ©cemment de Marseille Ă un nĂ©gociant de Rouen. Ce savon est destinĂ© Ă remplacer le savon en table , si employĂ© dans nos ateliers de rouge des Indes. Il est en briques, semblables Ă celles du savon marbrĂ©. Il offre une grande blancheur, a la coupe douce, fine et homogĂšne, mais il est un peu moins dur que le savon blanc ordinaire. Chaque brique porte sur deux de ses faces, le cachet suivant Huile dâOIives. Savon chlorurĂ©. Marseille. 1 Luc Ă la SociĂ©tĂ© libre d'Entnlalion de. Rouen, et insĂ©rĂ©e dans son Bulletin, 2* trimestre , annĂ©e 1837 ; insĂ©rĂ©e aussi dans \e Journal de pharmacie, janvier 1 83S, p. 3 , t. 24 > et d*. os le Journal de chimie mĂ©dicale , janvier 1R3R , p. i f , t, 4 , 2 par Robert, alors pharmacien en chef de Motel-Dieu de Rouen Annales de Chimie, t. g2 , p. 172, vous verrez, Monsieur le prĂ©fet, quelles sont les diffĂ©rences qui existent entre elles ; nous joignons ici les rĂ©sultats obtenus par Robert, des trois sources de Forges. Nous avons ramenĂ©, par le calcul, ces rĂ©sultats au litre. t Tableau, comparatif de la composition des anciennes sources annĂ©e 4835. â 445 â plĂątre qui sert dans ce cas est obtenu dans un trĂšs-grand Ă©tat de division, par la prĂ©cipitation dumuriate de chaux par un sulfate soluble. Lâintroduction de ces filigranes dans la pĂąte du papier a pour objet, comme on le pense bien , dâajouter une nouvelle garantie Ă lâemploi du papier de sĂ»retĂ©, car celui-ci Ă©tant dĂ©jĂ trĂšs-sensible Ă lâaction des agents capables dâenlever lâĂ©criture, il prend une couleur distincte au contact de ceux-ci, et lorsquâon veut faire disparaĂźtre cette couleur Ă©trangĂšre, le filigrane se dĂ©colore et disparaĂźt , ou bien change de nuance , ce qui rend la fraude bien plus facilement apprĂ©ciable. Nous avons soumis, sur votre invitation , ces nouveaux papiers de M. Mozard Ă une foule dâessais, afin de constater leur degrĂ© de sensibilitĂ©. Voici ce que nous avons reconnu Les rĂ©actifs employĂ©s dans un certain Ă©tat de concentration colorent fortement le papier et font disparaĂźtre le filigrane. Plus diluĂ©s , ils agissent encore sur le papier , mais nâattaquent plus le filigrane, qui se montre intact au-dessous de la tache dĂ©veloppĂ©e par les rĂ©actifs. Il nous a paru que les dessins filigranĂ©s, en raison de leur persistance , due sans aucun doute Ă leur position dans le corps mĂȘme du papier, nâoffraient pas Ă un assez haut degrĂ© cette sensibilitĂ© qui est propre au papier mĂȘme, pour que leur emploi fĂ»t indispensable. Pour nous, le papier de sĂ»retĂ© ordinaire Ă teinte azurĂ©e nous semble suffisant, dans la plupart des cas ; car, nous lâavons dĂ©jĂ dit, les falsifications quelle que soit lâadresse de celui qui les exĂ©cute , sont toujours reconnaissables. En rĂ©sumĂ©, nous croyons que , dans lâĂ©tat actuel des choses, le papier de sĂ»retĂ© filigranĂ© nâoffre pas une sensibilitĂ© de beaucoup supĂ©rieure Ă celle du papier de sĂ»retĂ© ordinaire ; cependant son emploi pourrait ĂȘtre avantageux dans les administrations ou lâon fait ordinairement usage du papier Ă filigrane. Câest donc un motif suffisant pour en recommander lâadoption. â 446 â ' Les efforts constants de JVI. Mozard, pour amĂ©liorer son papier de sĂ»retĂ© et lâappliquer Ă tous les usages, les essais quâil poursuit encore avec une persĂ©vĂ©rance digne des plus grands Ă©loges, pour rendre ses produits aussi parfaits quâĂ©conomiques , sont des titres Ă la protection du gouvernement et Ă lâestime de tous les commerçants et industriels. Nous vous proposons, en consĂ©quence , pour lui donner une marque de votre satisfaction et du vif intĂ©rĂȘt que vous prenez Ă la rĂ©ussite de ses travaux, de faire imprimer dans vos actes les deux rapports qui vous ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s sur ses papiers de sĂ»retĂ©. J. GIRARDIN, rapporteur. Ch. DE STABENRATH. Prosper PIMONT. TROISIĂME RAPPORT \ Messieurs, La commission que vous avez chargĂ©e, lâannĂ©e derniĂšre, dâexaminer le papier de sĂ»retĂ© de AI. Mozard, et qui vous fit connaĂźtre son opinion par deux rapports consĂ©cutifs , dont vous avez adoptĂ© les conclusions et ordonnĂ© lâimpression dsps votre recueil annuel, vient encore une troisiĂšme lois vous entretenir de cette question si importante. Ce qui a nĂ©cessitĂ© les nouvelles recherches de votre commission, câest la lettre qui vous a Ă©tĂ© adressĂ©e, en date du 6 novembre i835, par M. Sellier, garde-magasin au Timbre, Ă Paris. Permettez- moi de remettre cette lettre sous vos yeux. * Ce rapport est extrait du Recueil des travaux de la SociĂ©tĂ© libre soudes, tels quâĂȘperons, etc. 20 57 20 3 DâaprĂšs M. DâArcet, dans lâalliage le plus simple fabriquĂ© en France sous le nom de maillechorl, il y a Cuivre. 50,00 Zinc. 31,25 Nickel. 18,75 100,00 M. DâArcet, en France, et M. Liebig, en Allemagne, se sont occupĂ©s de ces alliages de nickel, sous le rapport de la salubritĂ© et relativement Ă leur emploi comme ustensiles de table ou de cuisine. Voici les rĂ©sultats quâon peut dĂ©duire de leurs expĂ©riences. Quoique le maillechorl soit plus attaquable par les sauces acides et salĂ©es que lâargent au premier titre oâest-Ă -dire contenant 5o de cuivre et g5o dâargent, pourtant la diffĂ©rence devient moins sensible lorsquâon fait les expĂ©riences comparativement sur le maillechorl et lâargent au second titre câest-Ă -dire contenant 200 de cuivre et 800 dâargent . Toutes circonstances Ă©gales dâailleurs, certains rĂ©actifs semblent mĂȘme attaquer beaucoup moins le maillechorl que lâargent au second titre. â 455 â Nous sommes certainement loin, ditM. DâArcet, de regarder lâemploi culinaire du melchior comme Ă©tant sans inconvĂ©nient sous le rapport de la salubritĂ©. Mais , en comparant cet alliage Ă lâargenterie Ă 800 milliĂšmes, dont lâusage est permis par la loi et trĂšs-souvent adoptĂ©, il ne nous semblerait pas juste dâen dĂ©fendre lâemploi. » Journal de pharmacie , cahier de ma! 1837, p. 223 . Voici les rĂ©sultats auxquels, de son cĂŽtĂ©, M. Liebig est arrive L'insalubritĂ© de l'argent Ă©tant.. *.... 1/2 Celle de lâargentan maillechort sera. 1 Celle du cuivre. 7 Celle du laiton. H Ni le zinc contenu dans le maillechort, ni la prĂ©sence de lâarsenic dans le nickel employĂ© Ă sa fabrication , ne doivent ĂȘtre redoutĂ©s. Ce dernier lâarsenic ne constitue , quand toutefois il y existe, que le milliĂšme du poids du nickel. Journal de pharmacie, cahier de mai 1837, page 227. Le maillechort est fabriquĂ© trĂšs en grand Ă Paris, par MM. Charlier et C c , rue du MarchĂ©-Neuf, n° 20, qui sont les seuls brevetĂ©s pour cette fabrication. Lâalliage brut se vend en lingots ou plaques, ou laminĂ© de toute Ă©paisseur, 8 Ă 10 fr. le kilogramme. Voici le prix de quelques uns des ustensiles en maillechort \ 1 couvert ordinaire uni., .y. 6 fr. 50 c. 1 couvert ordinaire b filet. 8 12 cuillers Ă cafĂ© unies. 18 13 cuillers Ă cafĂ© Ă filet 1 couvert de dessert dorĂ©.,. 15 13 cuillers Ă cafĂ© dorĂ©es. 36 13 couteaux dorĂ©s Ă manche de nacre. . 100 1 assiette de 7 pouces 1/2. 15 1 plat rond de 10 pouces 1/2. 30 1 soupiĂšre pour douze personnes f avec son plateau. 160 thĂ©iĂšre de 6 tasses. 40 1 cafetiĂšre de 12 tasses. 70 l bol et sa soucoupe. 30 12 lunettes S 0 , rJ!naires . â uorecs. o â 456 â Le maillechort prend trĂšs-bien la dorure. Le vermeil an maillechort est beaucoup moins coĂ»teux et plus solide que le vermeil sur argent. Comme le maillechort peut ĂȘtre facilement confondu avec lâargent au 2 e titre", il est nĂ©cessaire dâindiquer la maniĂšre dâen faire la distinction. On mettra sur la piĂšce suspecte une goutte dâacide nitrique. Si câest du maillechort, lâaction se manifestera vivement par un bouillonnement colorĂ© en vert ; si, au contraire, câest de lâargent, la dissolution aura lieu plus lentement, et lâendroit prĂ©sentera une tache noire. Pour lever tous les doutes, on ajoutera une goutte dâeau salĂ©e quand lâaction de lâacide aura cessĂ© ; si la piĂšce est dâargent, il se fera un trouble blanc trĂšs- manifeste; si câest du maillechort , la couleur verte persistera avec une lĂ©gĂšre altĂ©ration , et il nâapparaĂźtra aucun trouble blanc. ©©©©©S©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© MĂMOIRE SUR LES POMMES DE TERRE GELĂES, LU A LA SOCIĂTĂ CENTRALE dâaGRICULTURE DE ROUEN '. Le froid rigoureux de cet hiver a occasionnĂ© la perte dâune grande quantitĂ© de pommes de terre, et le dommage a surtout portĂ© sur les petits cultivateurs, sur les journaliers, qui, nâayant pas h leur disposition, pour conserver ces tubercules, les fosses ou silos, les celliers ou les granges des riches feimiers, nâont pu garantir de la gelĂ©e leur provision dâhiver. MalgrĂ© les avertissements de la science, on rejette, comme dĂ©sormais sans valeur, les pommes de terre gelĂ©es ; aussi chaque annĂ©e rigoureuse amĂšne-t-elle la perte dâune Ă©norme quantitĂ© de substance alimentaire. Il est vraiment douloureux de voir avec quelle lenteur se propagent chez nous les vĂ©ritĂ©s utiles. En elfet, il y a bien long-temps][dĂ©jĂ que les hommes de science ont dit aux cultivateurs 5fe rejettez pas vos pommes de terre gelĂ©es , car elles renferment autant de fĂ©cule quâavant leur altĂ©ration par le froid ; * InsĂ©rĂ© dans le 6S e cahier, trimestre de janvier 1S5S , des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'^Agriculture , p. 9 ; dans le Journal de pharmacie , cahier de juin 1S3S , p. 501 j et daus le Recueil industriel de M. De MauĂźcon , cahier de septembre 1S38 , p. 223. â 458 extrayez-en la fĂ©cule , rĂ©iluisez-les en larine, ou faites les cuire pour en nourrir ensuite les bestiaux. >âą Soins superflus! Conseils stĂ©riles! Partout on a continuĂ© Ă mettre au fumier les tubercules gelĂ©s, par suite de cette dĂ©plorable routine, qui avait dit Les pommes de terre gelĂ©es ne valent plus rien! . Les SociĂ©tĂ©s dâAgriculture nâont pourtant pas failli Ă leur mission dans cette circonstance. Elles ont mis une louable constance Ă enseigner aux habitants des campagnes le parti quâils pourraient tirer des pommes de terre gelĂ©es. Les recommandations , les avis nâont pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s sous ce rapport, comme sous tant dâautres. Mais, que voulez-vous ? On ne veut pas lire dans nos campagnes ; on dĂ©daigne les conseils des agronomes , parce quâils habitent les villes; lâentĂȘtĂ© paysan , sâenveloppant de son ignorance comme dâun manteau impĂ©nĂ©trable, oppose une force dâinertie contre laquelle viennent se briser tous les efforts de ceux qui v oudraient amĂ©liorer son Ă©tat. Que faire donc? Faut-il 1 abandonner aux funestes effets de son aveuglement? Non ? certes. Il faut, avec persĂ©vĂ©rance, lutter contre cette dĂ©plorable disposition dâesprit des cultivateurs ; il faut continuer les enseignements utiles , et espĂ©rer que, sur la masse des ignares et des rĂ©calcitrans , il y en aura peut-ĂȘtre quelques uns Ă qui ces enseignemens profiteront. Ce sera toujours autant de gagnĂ©... Par suite de la proposition de M. NĂ©el, et du dĂ©sir manifestĂ© par la compagnie , je me suis livrĂ© Ă des expĂ©riences variĂ©es sur les pommes de terre gelĂ©es, dans la double intention de connaĂźtre le genre dâaltĂ©ration que le froid fait Ă©prouver Ă ces tubercules, et de savoir quel serait le meilleur parti Ă en tirer une fois quâils sont ainsi altĂ©rĂ©s. MM. De la PrĂ©votiĂšre et MĂ©saize ont eu lâobligeance de mettre Ă ma disposition une suffisante quantitĂ© de pommes de terre gelĂ©es et non gelĂ©es ; câĂ©tait de la patraque jaune commune. Les pommes de terre saisies par la gelĂ©e sont dures comme le â 459 â Lois. Mais, lorsque la tempĂ©rature sâĂ©lĂšve au-dessus de zĂ©ro, elles se ramollissent peu Ă peu, deviennent flasques et molles, abandonnent, par la pression , une grande quantitĂ© dâeau ; puis, au bout de quelques jours , elles moisissent Ă leur surface , exhalent une odeur particuliĂšre et dĂ©sagrĂ©able , et enfin se putrĂ©fient complĂštement. Câest lorsquâelles Ă©taient dĂ©jĂ ramollies par un commencement de dĂ©gel que jâai opĂ©rĂ© sur les pommes de terre, comparativement avec dâautres, saines, entiĂšres et non gelees. i° AprĂšs les avoir lavĂ©es et essuyĂ©es , pour les dĂ©barrasser de la terre qui les salissait, je les ai coupĂ©es par tranches minces , puis je les ai placĂ©es dans une Ă©tuve chauffĂ©e entre 25 et 3 o°, jusquâĂ ce quâelles fussent devenues sĂšches et cassantes. On en a fait ensuite de la farine. Elles ont ainsi perdu , par la dessication , 72,13 pour cent, en sorte quâelles se composaient, gelĂ©es et non gelĂ©es, de MatiĂšre sĂšche. 27,8/ Eau. 72,13 La farine provenant des tubercules gelĂ©s a toutes les propriĂ©tĂ©s de celle fournie par les tubercules non gelĂ©s. 2° Jâai extrait la fĂ©cule des unes et des autres, en rĂ©duisant les tubercules en pulpe fine , dans un mortier de marbre, lavant cette pulpe sur un tamis , jusquâĂ Ă©puisement complet du parenchyme. La fĂ©cule, recueillie et purifiĂ©e , a Ă©tĂ© sĂ©chĂ©e Ă une douce tempĂ©rature. Les pommes de terre gelĂ©es et non gelĂ©es m ont donnĂ© absolument la mĂ©mo quantitĂ© de fĂ©cule. En effet , j ai obtenu, des unes et des autres , de 1 oo parties en poids FĂ©cule. 1 6» 66 Parenchyme sec. 7,52 La proportion la plus grande, obtenue gĂ©nĂ©ralement en fabrique, de ioo parties de pommes de terre bien saines , ne dĂ©passĂ© pas 18 pour cent de fĂ©cule sĂšche. Comme vous pouvez le voir, Messieurs, parles Ă©chantillons 460 â que je mets sous vos yeux, la fĂ©cule extraite des pommes de terre gelĂ©es a toutes les qualitĂ©s de la fĂ©cule qui provient des pommes de terre non gelĂ©es. Je mets sous les yeux de la compagnie des biscuits et autres pĂątisseries, confectionnĂ©s , les uns avec de la fĂ©cule de pommes de terre gelĂ©es, et les autres avec de la fĂ©cule de pommes de terre non gelĂ©es ; il est difficile, pour ne pas dire impossible , dâĂ©tablir une diffĂ©rence entre les uns et les autres ; leur saveur est la mĂȘme. Notre respectable confrĂšre, M. lâabbĂ© Gossier, a bien voulu employer, pour sa cuisinĂ©, la fĂ©cule des pommes de terre gelĂ©es. Les aliments quâon lui a servis lui ont paru tout aussi bons , tout aussi agrĂ©ables que lorsquâils Ă©taient prĂ©parĂ©s avec la fĂ©cule des pommes de terre saines et non gelĂ©es. 3° Par des procĂ©dĂ©s analytiques plus prĂ©cis , quâil est inutile de dĂ©tailler ici, jâai obtenu, des tubercules gelĂ©s et non gelĂ©s , les mĂȘmes proportions dâeau, de fĂ©cule, de fibre ligneuse , dâalbumine, de sucre et desubstanccs salines. RĂ©pĂ©tĂ©es plusieurs fois, mes expĂ©riences mâont fourni toujours les mĂȘmes rĂ©sultats. DâaprĂšs cela , puisque la constitution chimique de la pomme de terre nâĂ©prouve aucun changement par lâeffet de la gelĂ©e, quelle est donc la modification que subit ce tubercule par le froid ? Câest un effet purement mĂ©canique, selon moi ; lâeau , en se congelant dans 1 intĂ©rieur du parenchyme, dĂ©chire et rompt les cellules qui lâemprisonnaient, sâisole des autres matĂ©riaux du tissu ; et voilĂ pourquoi, lorsqu'on presse entre les mains des tubercules qui ont degelĂ© , ils sâaffaissent comme une Ă©ponge, en abandonnant leur eau de vĂ©gĂ©tation , qui coule en abondance. Ainsi, dans les pommes de terre gelĂ©es , il nây a que lâorganisation vĂ©gĂ©tale qui soit altĂ©rĂ©e ; les principes constitutifs ne subissent aucun changement dans leur nature ; seulement ils changent de position Ă lâĂ©gard les uns des autres, et cela suffit bien pour rendre compte des diffĂ©rences de goĂ»t, de saveur , quâon trouve dans les tubercules avant et aprĂšs leur congĂ©lation. â 461 § II Puisque, dans les pommes de terre qui ont Ă©tĂ© gelĂ©es, il y a autant de substance alimentaire quâavant lâaction du froid , il serait dĂ©raisonnable de continuer Ă perdre ces tubercules et de ne pas en tirer parti. MĂȘme lorsquâaprĂšs avoir dĂ©gelĂ©, leur altĂ©ration est dĂ©jĂ trĂšs-prononcĂ©e , quâils sont presque rĂ©duits en bouillie et quâils rĂ©pandent une forte odeur, on peut encore les utiliser. 1. Lorsque les pommes de terre sont dures comme le bois, il faut les mettre tremper dans lâeau froide pendant quelques heures, pour faire naĂźtre un commencement de dĂ©gel qui facilite leur division ultĂ©rieure ; puis il faut les soumettre Ă lâaction dâune rĂąpe ou les Ă©craser dans lâauge du tour Ă piler les pommes. Lorsquâelles sont rĂ©duites en bouillie fine et homogĂšne , on lave cette pulpe par petites portions, sur un tamis placĂ© au-dessus dâun baquet. Lâeau entraĂźne avec elle la fĂ©cule ; le marc bien lavĂ© est exprimĂ© , Ă©tendu sur des claies , Ă lâair, puis dans un four, aprĂšs que le pain en a Ă©tĂ© retirĂ©. Une fois sec , on peut le conserver indĂ©finiment dans des tonneaux , et il peut servir avec avantage Ă la nourriture des porcs et des bĂȘtes Ă cornes, qui en sont trĂšs 1 - friands lorsquâil est cuit. Quant Ă la fĂ©cule , dĂ©posĂ©e au fond du baquet, on la lave bien, on la met Ă©goutter sur des toiles , puis on la dessĂšche Ă une douce chaleur. Cette fĂ©cule peut alors servir Ă lâalimentation, et remplacer, dans tous ses emplois culinaires ou industriels, la fĂ©cule ordinaire de pommes de terre. 2. Lorsque les pommes de terre sont plus ou moins dĂ©gelees, on peut les soumettre au mĂȘme traitement. Mais, si lâon veut simplement les rĂ©duire en farine, alors on les soumet, dans des sacs, au pressoir, afin dâen extraire la plus grande partie de lâeau de vĂ©gĂ©tation ; puis on dessĂšche le marc dans le four, et, quand il est sec et friable , on le rĂ©duit en farine dans un moulin ordinaire. â 462 â Cette sorte de farine peut ĂȘtre trĂšs-bien mĂ©langĂ©e, dans la proportion dâun cinquiĂšme ou dâun quart, avec la farine de froment, pour la confection du pain. â Lâeau que le pressoir a fait sortir des pommes de terre a entraĂźnĂ© un peu de fĂ©cule quâon doit recueillir. 3. M. De Lasteyrie a conseillĂ© , depuis fort long-temps {voir la DĂ©cade de lâan iv, 3 e trimestre, et le n° du Moniteur, annĂ©e ĂŻ8i 3, de faire macĂ©rer les pommes de terre gelĂ©es dans lâeau, pendant six Ă dix jours , en renouvelant lâeau de tems en tems, jusquâĂ ce que lâĂ©piderme commence Ă se rĂ©duire en bouillie , de les soumettre Ă la presse dans des sacs de grosse toile, puis de faire sĂ©cher le marc, qui donne alors une trĂšs-belle farine. 4 . Lorsquâon veut appliquer les pommes de terre gelĂ©es Ă la nourriture des bestiaux , il faut agir comme ci-dessus, câest-Ă - dire hacher ou piler les pommes de terre, et, au lieu de sĂ©cher le marc, le faire cuire tandis quâil est encore humide. Cette substance , additionnĂ©e dâun peu de sel, est mangĂ©e avec aviditĂ© par les bestiaux. On peut Ă©viter la cuisson du marc et lâintroduire dans un grand tonneau , par couches alternatives , avec du son et un peu de sel ; au bout de vingt-quatre heures, le mĂ©lange Ă©prouve un commencement de fermentation vineuse , qui plaĂźt beaucoup aux animaux. VoilĂ , comme vous le voyez, Messieurs, des moyens trĂšs- simples , peu coĂ»teux, pour utiliser les pommes de terre gelĂ©es. Partout, dans nos campagnes, il y a des tours Ă piler les pommes, des fours Ă cuire le pain ; ce sont lĂ les seuls instrumens, pour le travail des tubercules, qui pourront fournir Ă volontĂ© ou de la fĂ©cule ou de la farine. Dans le premier cas, on obtiendra au moins de 12 Ă i5 pour cent de fĂ©cule ; dans le second, on rĂ©alisera au moins de 22 Ă 25 pour cent de substance sĂšche. Je ne terminerai pas, Messieurs, ce mĂ©moire, sans vous apprendre quâun chimiste de Paris, M. Payen, qui a tant contribue Ă nous faire bien connaĂźtre lâamidon et toutes ses variĂ©tĂ©s , sâest â 463 â occupĂ©, en mĂȘme tems que moi, des pommes de terre gelĂ©es, et quâil est arrivĂ© prĂ©cisĂ©ment aux mĂȘmes rĂ©sultats , relativement Ă la nature chimique de ces tubercules. Ce savant chimiste a constatĂ© que les tubercules geles contiennent autant de substance sĂšche quâĂ lâĂ©tat normal ; que la proportion de matiĂšre soluble nây est pas moins abondante ; que la fĂ©cule elle-mĂȘme y est dans la mĂȘme proportion ; quâenfin, rien nâest changĂ©, sous ces rapports , dans la pomme de terre aprĂšs le dĂ©gel. Il a reconnu , en outre , que les modifications physiologiques produites par la gelĂ©e, tiennent Ă la dislocation gĂ©nĂ©rale du tissu cellulaire. Cette opinion est donc tout-Ă -fait analogue Ă celle que jâai Ă©mise en commençant. Il nây a quâun point sur lequel mes observations ne sont pas dâaccord avec celles de M. Payen. Il avance que les pommes de terre » aprĂšs le dĂ©gel , donnent Ă peine un quart de la fĂ©cule que lâon en obtient avant, et que cette lecule est dâune saveur trĂšs-dĂ©sagrĂ©able. M. Payen explique cette de- perdition en disant que les utricules isolĂ©es les unes des autres par le fait de la congĂ©lation , et dĂ©gagĂ©es alors de la pression quâelles supportaient, prennent des formes arrondies ; lorsque les dents de la rĂąpe les frappent, elles se dĂ©tachent une Ă une ou par petits groupes , mais sans offrir assez de rĂ©sistance pour ĂȘtre dĂ©chirĂ©es. Il en rĂ©sulte que le plus grand nombre de ces cellules, encore remplies de fĂ©cule , ne passent pas au travers des tamis fins , et que , restant dans la pulpe , elles diminuent dâautant la proportion du produit. Contrairement Ă lâopinion de M. Payen , je ne puis admettre un moindre produit dans la quantitĂ© de fĂ©cule que fournissent les pommes de terre dĂ©gelĂ©es , car jâai obtenu les mĂȘmes proportions de cette substance, avant et aprĂšs la congĂ©lation. J ai pile les tubercules dans un mortier , et ne les ai point soumis a la rĂąpe , car une fois quâils sont ramollis et devenus flasques , il est pour ainsi dire impossible de les dĂ©chirer convenablement par la rĂąpe. â 464 â Câest Ă ce moyen imparfait de diviser le tissu cellulaire quâil faut attribuer la perte en fĂ©cule signalĂ©e par M. Payen ; il sera donc prĂ©fĂ©rable de passer les pommes de terre dans le tour Ă piler , plutĂŽt quâĂ la rĂąpe , lorsquâon voudra en extraire la fĂ©cule. La fĂ©cule que'jâai retirĂ©e des pommes de terre dĂ©gelĂ©es nâa point de saveur dĂ©sagrĂ©able, une fois quâelle a Ă©tĂ© convenablement lavĂ©e. De tout ce qui prĂ©cĂšde, on est en droit de conclure i° Que le froid ne produit aucun changement chimique dans les pommes de terre ; quâil dĂ©truit seulement lâorganisation vĂ©gĂ©tale ; 2 ° Que les pommes de terre gelĂ©es renfermant la mĂȘme proportion de substance alimentaire quâavant leur gel, il est convenable et possible de les utiliser, soit en extrayant la fĂ©cule, soit en les rĂ©duisant en farine ; 3° Que ces opĂ©rations trĂšs-simples peuvent ĂȘtre pratiquĂ©es partout, pour ainsi dire, sans aucune dĂ©pense, et quâil est Ă dĂ©sirer que dĂ©sormais on ne rejette plus une substance qui peut rendre encore de si grands services, soit pour la nourriture des hommes, soit pour celle des bestiaux. Jâavais terminĂ© mes expĂ©riences sur les pommes de terre gelĂ©es, et jâen avais communiquĂ© les rĂ©sultats Ă la SociĂ©tĂ© dâAgriculture , lorsque mon confrĂšre, M. Pouchet, professeur dâhistoire naturelle Ă lâĂ©cole municipale, me fit part de ses observations sur le mĂȘme sujet. Ces observations sont trop intĂ©ressantes pour que je nĂ©glige de les faire connaĂźtre. Elles confirment entiĂšrement ce que jâai avancĂ© prĂ©cĂ©demment. En suivant deux routes diffĂ©rentes, nous sommes arrivĂ©s au mĂȘme rĂ©sultat. Voici lâensemble des observations que M. Pouchet a bien voulu me communiquer et me permettre de publier. â 465 â M. Pouchet sâest assurĂ© , par Ăźles expĂ©riences microscopiques, que les pommes de terre qui ont Ă©tĂ© gelĂ©es contiennent encore toute leur fĂ©cule dans la plus parfaite intĂ©gritĂ© , et que, quelquâait Ă©tĂ© le degrĂ© de leur altĂ©ration, aucun des grains de fĂ©cule nâa disparu ; les plus fins, malgrĂ© leur plus grande dĂ©licatesse dâorganisation, sây dĂ©couvrent parfaitement encore ; et mĂȘme, quand le tubercule nâa pas subi une dĂ©composition trop avancĂ©e, ils deviennent flottants et se dĂ©tachent des dĂ©bris des cellules bien plus facilement quâils ne le font dans une pomme de terre saine. Ses expĂ©riences lui ont prouvĂ© que lâaltĂ©ration qui se produit dans la pomme de terre, par lâeffet de la gelĂ©e, ne consiste point, ainsi que lâa cru M. Payen, en une altĂ©ration du tissu cellulaire qui le dilate , isole les cellules et leur contenu , et les transforme en autant de globules sphĂ©riques volumineux qui ne peuvent passer par les mailles des tamis des fabricants de fĂ©cule. M. Poucbet a reconnu Ă©videmment que la congĂ©lation offre divers Ă©tats, et quâelle a pour effet de dilacĂ©rer immĂ©diatement le tissu cellulaire, sans doute en dilatant lâeau de vĂ©gĂ©tation lors de sa solidification. Da ns le premier Ă©tat, ou celui de la plus faible congĂ©lation , les cellules sont simplement dĂ©chirĂ©es, et lâon distingue encore facilement les lambeaux de leurs parois membraneuses. La fĂ©cule est trĂšs- libre. Au second Ă©tat, le tissu cellulaire, plus profondĂ©ment dĂ©sorganisĂ©, ne sâoffre plus que sous lâaspect de filaments , reste des angles quâil prĂ©sente. Il semble que ses dĂ©bris soient transformĂ©s en substance glutineuse , dont la prĂ©sence enchaĂźne la fĂ©cule qui paraĂźt moins libre que dans le cas prĂ©cĂ©dent. Enfin , au troisiĂšme degrĂ©, le tubercule est tout-Ă -fait mou et coriace , ou rĂ©duit en une sorte de bouillie noirĂątre ; on ne voit plus alors de traces de cellules , et le rĂ©sidu de la dĂ©sorganisation de celles-ci, devenu plus glutineux, est, dans certains endroits , dâune teinte noirĂątre ; ce rĂ©sidu enchaĂźne encore davantage les 3o â 466 grains de fĂ©cule , et alors la pression ne les isole que fort difficilement, mais aucun dâeux nâest altĂ©rĂ©. Dans cet Ă©tat, on voit, dans . a substance de la pomme de terre, de nombreux globules dâacide carbonique ? , et ce sont eux qui, suivant M. Poucbet, en ont imposĂ© Ă M. Pajen. Jamais ils ne contiennent de fĂ©cule ; celle-ci est autour, et ces globules de fluide aĂ©riforme sont de diamĂštres divers quâil est impossible de confondre avec des cellules vĂ©gĂ©tales dilatĂ©es. OBSERVATIONS SUR LâESPRIT DE BOIS, PRĂSENTĂES * LA SOCIĂTĂ LIBRE 'ĂMULATION DE ROUEN *. LorsquâĂ la fin du dernier siĂšcle, lâingĂ©nieur Lebon songea Ă soumettre le bois Ă la distillation sĂšche , pour utiliser Ă lâĂ©clairage de nos maisons les gaz combustibles qui en proviennent, il Ă©tait loin de prĂ©voir, sans doute, Ă quels immenses rĂ©sultats pratiques ses expĂ©riences curieuses conduiraient un jour. Ce sont elles, en effet, qui ont fait naĂźtre lâart de lâĂ©clairage au gaz , la fabrication de lâacide pyroligneux, celle des pyrolignites, du goudron, etc. Les chimistes modernes, en Ă©tudiant avec soin toutes les circonstances de la distillation sĂšche des substances organiques, qui, dans les mains de leurs prĂ©dĂ©cesseurs , avaient Ă©tĂ© stĂ©riles, ont appris Ă crĂ©er une foule de composĂ©s quâils ont su habilement isoler les uns des autres , et dont plusieurs sont devenus ou deviendront bientĂŽt trĂšs-utiles Ă lâindustrie. Câest surtout dans ces derniers tems que les recherches sur les produits nombreux de la distillation sĂšche ont acquis une nouvelle importance , grĂące Ă lâallemand Reichenbach. Parmi tous les composĂ©s nouveaux dont 1 InsĂ©rĂ©es dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre d'Emulation de Rouen } ir trimesli>e annĂ©e 1S33, page 29. â 468 â 'ce chimiste a dotĂ© la science, il en est un dont le nom est dĂ©jĂ devenu populaire câest la crĂ©osote , principe Ă©minemment antiputride, quâon a tant prĂ©conisĂ© comme un spĂ©cifique pour les maladies des dents» Mais le produit qui, sans contredit, mĂ©rite le plus de fixer lâattention, câest celui que Philips Taylor a dĂ©couvert, dĂšs 1812 , dans les produits volatils de la distillation du hois, et qui a Ă©tĂ© nommĂ© successivement Ă©tlier pyroligneux, esprit de bois , esprit pyroxylique, alcool de bois, alcool ligneux. Jusquâen i833 , on s'Ă©tait peu occupĂ© de ce liquide remarquable ; mais, Ă cette Ă©poque , deux chimistes cĂ©lĂšbres de la capitale ont entrepris, sur cet esprit de bois, des recherches trĂšs-Ă©tendues qui composent un des plus beaux travaux qui aient jamais Ă©tĂ© faits dans la chimie vĂ©gĂ©tale. MM. Dumas et PĂ©ligot ont reconnu Ă cet esprit de bois tous les caractĂšres dâun vĂ©ritable alcool , isomorphe avec lâalcool ordinaire de vin. Lâesprit de bois existe en dissolution dans la partie aqueuse des produits de la distillation du bois. Celle-ci Ă©tant dĂ©cantĂ©e, pour la sĂ©parer du goudron non dissous, on la soumet Ă la distillation , dans les fabriques , afin dâen extraire , au moins en partie , le goudron quâelle tient en dissolution. On recueille les dix premiers litres provenant de chaque hectolitre de liqueur placĂ© dans lâalambic, et on soumet ce produit brut Ă des rectifications rĂ©pĂ©tĂ©es, comme sâd sâagissait de concentrer de lâeau-de-vie. Pour abrĂ©ger, on rectifie au bain-marie, sur de la chaux vive , jusquâĂ ce que le liquide ne se colore plus Ă lâair, se mĂȘle Ă lâeau sans la troubler, ne forme pas de prĂ©cipite noir dans le protonitrate de mercure, et soit sans action sur les papiers rĂ©actifs. Lorsquâil offre ces caractĂšres, il 11 e renferme plus quâun peu dâeau , dont la chaux le dĂ©barrasse. Il nây a guĂšre quâun centiĂšme dâesprit de bois dans les produits aqueux de la distillation du bois ; aussi nâest-ce quâen opĂ©rant sur une grande quantitĂ© de ces produits quâon peut obtenir â 469 â ne quantitĂ© notable dâesprit. On pratique actuellement en grand lâextraction de cet esprit dans les fabriques dâacide pyroligneux , etc, notamment dans celles de Choisy-lc-Roi, prĂšs Paris, de Pouilly-sur-SaĂŽne, de MM. Pascli et Cantzler , en SuĂšde , de M. Herman , Ă Schonebeck , en Prusse , etc. \oici les principaux caractĂšres de lâesprit de bois pur, tel que celui que je vous prĂ©sente. Câest un liquide trĂšs-fluide, incolore, dâune odeur Ă la fois alcoolique et empyreumatique , dâune saveur piquante et comme poivrĂ©e. Il est plus lĂ©ger que lâeau , et plus volatil que lâesprit de vin, puisquâil bout Ă 66° 1 / 2 . Il prend feu Ă lâapproche dâune bougie , et brĂ»le avec un flamme dâun blanc bleuĂątre. Il se mĂȘle Ă lâeau et Ă lâalcool en toutes proportions. Il dissout les rĂ©sines, et en gĂ©nĂ©ral tous les corps que lâalcool dissout lui-mĂȘme. DâaprĂšs ces propriĂ©tĂ©s , lâesprit de bois peut remplacer lâalcool de vin dans la plupart de ses emplois Industriels ; et, comme il est plus volatil que lui, son emploi, dans la fabrication des vernis, esttout-Ă -fait convenable. En Angleterre, 011 en consomme dĂ©jĂ beaucoup pour cette application. Dans les laboratoiies des chimistes, on lâutilise avec profit dans lâanalyse des substanees vĂ©gĂ©tales , et pour alimenter les lampes Ă lâesprit de vin. Celui qu â011 trouve actuellement chez les marchands de produits chimiques , de Paris , marque g5° Ă lâalcoomĂštre centĂ©simal ; il coĂ»te 4 frâą 5o cent, le litre. Jâavais pensĂ© que , si la consommation de lâesprit de bois prenait une certaine importance , il serait possible de lâobtenir Ă un prix trĂšs-modĂ©rĂ© , les fabricants dâacide pyroligneux donnant alors tous leurs soins Ă le recueillir , et jâespĂ©rais quâil pourrait, dans ce cas , remplacer avec avantage lâalcool ordinaire pour le flambage des Ă©toffes de coton , comme il le remplace dĂ©jĂ pour la fabrication des vernis. Pour mâĂ©clairer Ă ce sujet, jâai Ă©crit Ă M. Mollcrat, fabricant dâacide pyroligneux, a Pouilly-sur- SaĂŽne , et voici ce quâil mâa rĂ©pondu â 470 Dijon , 6 juiNet 1837. » M. J. Gnardin, Ă Rouen. » Jâaurais un grand plaisir, Monsieur, Ă faire adopter, sous vos auspices, lâesprit de bois pour flamber les Ă©toffes. Mais le prix de lâalcool est trop bas, mĂȘme avec la charge du droit, pour que lâesprit de bois puisse le remplacer. » La quantitĂ© de cette matiĂšre est un produit si faible, quâil ne peut ĂȘtre vendu quâĂ un prix un peu Ă©levĂ© pour quâil y ait de lâutilitĂ© Ă le recueillir. JusquâĂ prĂ©sent, il nây a que lâAngleterre qui puisse le payer ; encore il nây a quâun trĂšs-petit avantage Ă ramasser peu de matiĂšre , avec beaucoup de soins et beaucoup dâappareils prĂ©cieux. » Je tiens, au dĂ©pĂŽt des produits de ma manufacture de Pouilly, chez M. Jouand, rue des Vieilles-Haudriettes, n° 6, Ă Paris, de lâesprit de bois, Ă 95° de richesse , dans lâintĂ©rĂȘt de la science seulement. » Il faudrait que lâesprit de bois, moins riche que celui que jâai chez M. Jouand, mais Ă 86°, fĂ»t payĂ© 1 fr. 50 cent, le litre, pour que je puisse le vendre en France, au lieu de lâenvoyer en Angleterre. » Jâai lâbonneur dâĂȘtre, etc. » MoLLERAT. » Il faut donc abandonner, jusquâĂ nouvel ordre , 1 idee de faire employer lâesprit de bois dans nos fabriques dâindiennes , pour le flambage des tissus. Plus tard , peut-ĂȘtre f grĂące aux dĂ©couvertes de la science , nos espĂ©rances pourront ĂȘtre rĂ©alisĂ©es. Il m T a semblĂ© utile de vous faire connaĂźtre , Messieurs , un produit trĂšs-curieux par son mode de formation , et dont les propriĂ©tĂ©s remarquables ne manqueront pas de servir utilement / lâindustrie. Rouen , i2 juillet 1837. C ©©©©*©£ ©©©©©©©©©©©©© Vous ne bornez pas vos soins , Messieurs, Ă propager dans le dĂ©partement les bonnes mĂ©thodes de culture, la connaissance des plantes qui peuvent ĂȘtre profitables Ă lâindustrie ou Ă lâĂ©co- mie domestique, lâemploi des meilleurs instrumens aratoires ou dâhorticulture , lâengrais des terres attire aussi votre attention, et vous ne nĂ©gligez aucune occasion dâaugmenter la masse de nos richesses Ă cet Ă©gard. Vous pensez, avec raison, que la prospĂ©ritĂ© et le dĂ©veloppement de notre agriculture sont intimement liĂ©s Ă lâusage abondant et Ă la bonne prĂ©paration des diffĂ©rentes substances organiques qui doivent, par leur dĂ©composition spontanĂ©e, ajouter Ă la fĂ©conditĂ© du sol. Lâindispensable nĂ©cessite des engrais commence Ă ĂȘtre enfin bien apprĂ©ciĂ©e chez nous ; mais nous ne savons pas encore profiter, comme les cultivateurs flamands et anglais , de toutes les circonstances qui peuvent multiplier la somme de ceux qui nous sont utiles. Rien ne doit ĂȘtre perdu 1 Extrait du f>9 cahier des Travaux de la SociĂ©tĂ© centrale d'agriculture du dĂ©parte* nient de la Seine-InfĂ©rieure , trimestre dâavril 1858; insĂ©rĂ© dans la 2 livraison octobre 183S de la Revue agricole, page 47. â 472 â dans la nature ; câest une maxime quâon ne saurait trop rĂ©pĂ©ter aux habitans des campagnes. Ces paroles que je prononçais dans la sĂ©ance publique de 1831, lorsque jâavais lâhonneur dâĂȘtre votre secrĂ©taire de correspondance, jâai cru devoir les reproduire au dĂ©but dâune communication que jâai Ă vous faire, relativement Ă un engrais liquide qui pourrait rendre de grands services aux cultivateurs de nos environs, et qui, jusquâĂ prĂ©sent, est entiĂšrement perdu. Je veux parler des eaux sales qui proviennent des abattoirs de Rouen. Chaque jour les canaux souterrains de ce bel Ă©tablissement reçoivent jusquâĂ 36 mille litres dâeau chargĂ©e de sang et de matiĂšres animales en dissolution. Ces eaux, qui sont un embarras pour lâĂ©tablissement, Ă cause de la difficultĂ© de les faire Ă©couler promptement Ă la Seine, le terrain des abattoirs Ă©tant de niveau avec les eaux moyennes de la riviĂšre , ces eaux , dis-je, sont sanguinolentes , un peu troubles , elles exhalent une odeur de matiĂšre animale. Quand on les chauffe, elles se dĂ©colorent , parce que lâalbumine qui vient se coaguler Ă leur surface , entraĂźne avec elle toute la matiĂšre colorante du sang qui Ă©tait en dissolution. Un litre de ces eaux, Ă©vaporĂ© jusquâĂ siccitĂ© , mâa donnĂ© un rĂ©sidu pesant 3 grammes ; et, par lâanalyse , jâai reconnu que ces 3 grammes de matiĂšre solide se composent de MatiĂšres organiques, telles que graisse , albumine , matiĂšre colorante du sang, etc. 2 gram. MatiĂšres salines , telles que sulfates et chlorures alcalins, chaux, oxide de fer, etc. 1 3 gram. Par consĂ©quent, dans les 36, litres dâeaux sales quâon perd chaque jour aux abattoirs, il y a 108 kilogrammes de matiĂšres utiles savoir 72 kilog. de matiĂšres organiques , pouvant agir comme engrais r et 36 de substances salines, pouvant agir comme stimulant. â 473 â Ainsi, chaque semaine, on perd, sans aucun profil pour lâagriculture, 750 kilog. de matiĂšres solides , consistant en 500 kilog. de matiĂšres organiques , et 250 de substances salines. Depuis un an que les abattoirs sont ouverts, jugez quelle masse dâengrais et de stimulons a Ă©tĂ© se perdre dans la riviĂšre ! Vous penserez, sans doute, comme moi, Messieurs, quâil est temps dâattirer lâattention des cultivateurs de nos environs sur le parti avantageux quâils pourraient tirer de ces eaux anima- lisĂ©es , dont lâacquisition ne leur conterait que la peine de les aller chercher ; car lâĂ©tablissement des abattoirs, loin dâexiger un droit pour leur enlĂšvement, se prĂȘtera avec empressement Ă tous les moyens qui auront pour rĂ©sultat de le debarrasser, promptement et sans frais, dâune masse de liquide qui le gĂȘne. Chez nous , jusquâici, on nâa fait usage que dâengrais solides. Tous les pays, dit le cĂ©lĂšbre professeur Decandolle, dans lesquels on recueille avec soin les engrais liquides, ont reconnu leur utilitĂ©, et les voyageurs qui les parcourent sont frappĂ©s de la beautĂ© gĂ©nĂ©rale de leurs prairies et de leurs autres cultures. La Flandre a, sous ce rapport, une ancienne cĂ©lĂ©britĂ©; les parties de lâAngleterre oĂč ces procĂ©dĂ©s ont Ă©tĂ© introduits en ont reçu un accroissement notable de produits et lâĂ©tat florissant des prairies de la Suisse allemande, et en particulier des cantons de Zurich, dâArgovie et de Berne , atteste ces vĂ©ritĂ©s de la maniĂšre la plus Ă©vidente. On ne sera pas surpris des rĂ©sultats que lâexpĂ©rience donne Ă cet Ă©gard, si lâon observe, i° que les fumiers ne commencent Ă servir Ă la nourriture des plantes que lorsque , par des operations successives , ils sont en grande partie dissous dans lâeau ; 2° que les liquides animaux , tels que les urines , les goĂ»ts des Ă©curies et des lavoirs renferment une grande quantitĂ© de matiĂšres nutritives et de principes excitans. 1 > > 1 Instruction mr lâemploi tics entrai* liquides , rĂ©digĂ©e par le professeur Decandolle , an nom de la SociĂ©tĂ© des Arts de GenĂšve. â 474 â Les engrais liquides quâon emploie en Flandre et en Angleterre sont i° les Ă©eoulemens des Ă©curies ; 2 ° les urines des habitations ; 3° les eaux grasses des lavoirs et des fabriques qui emploient des matiĂšres animales ou vĂ©gĂ©tales. Ces liquides sont rĂ©pandus, par arrosement, sur 'des terrains couverts de vĂ©gĂ©taux vivans, dans le but dâen augmenter immĂ©diatement lâaccroissement ; ou bien on les emploie sur des terres vacantes, dans le but dây emmagasiner une certaine quantitĂ© de matiĂšres nutritives que les vĂ©gĂ©taux sont destinĂ©s Ă absorber dans la suite. Dans ce dernier cas, peu importent la richesse de lâengrais et lâĂ©poque Ă laquelle on le rĂ©pand sur la terre. Dans le premier, lorsquâon arrose les vĂ©gĂ©taux vivans, il est important que lâengrais liquide ne soit pas trop Ăącre ; autrement il brĂ»lerait les plantes, et il faut, en outre, quâil soit versĂ© en tems convenable , soit relativement Ă lâĂąge des plantes, soit quant Ă la saison et aux circonstances atmosphĂ©riques. Lâeau des abattoirs , en raison de sa nature chimique , rentre dans la classe des engrais quâon peut rĂ©pandre immĂ©diatement sur les vĂ©gĂ©taux vivans ; elle ne peut les brĂ»ler. Un grand tonneau fixĂ© sur une petite charrette ou sur un banneau , et quâon remplit Ă lâaide dâune pompe Ă bras, suffira pour cet usage. On adapte au robinet du tonneau une caisse peu large, longue dâun mĂštre et percĂ©e de trous dans son fond , pour rĂ©pandre le liquide dâune maniĂšre Ă©galĂ© sur le champ. Il est peu de personnes qui nâaient vu comment se fait lâarrosage des rues et promenades de nos villes ; le procĂ©dĂ© dâarrosage pour lâengrais dont nous parlons sera le meme. Si lâarrosage ne devait avoir lieu que sur une petite Ă©tendue de terrain , comme dans les jardins maraĂźchers, sur des lĂ©gumes, on pourrait encore lâeffectuer au moyen dâun tonneau placĂ© sur une brouette et dâun plateau ajustĂ© au bout dâun manche de deux mĂštres de longueur. Les cultivateurs du nord ont une dextĂ©ritĂ© Ă©tonnante pour faire manĆuvrer le plateau ajustĂ© avec le manche en forme de louehet, de maniĂšre Ă opĂ©rer la plus Ă©gale dispersion â 475 â ilu liquide , qu'ils foui retomber Ă la volĂ©e comme une pluie. Les petits cultivateurs prĂ©fĂšrent ce second procĂ©dĂ© Ă celui de traĂźner sur le banneau. Lâeau des abattoirs serait encore trĂšs-efficace pour humecter toutes les substances quâon fait entrer dans la formation des com- pĂŽts ; elle augmenterait la vertu fertilisante de chacune dâelles, et faciliterait la fermentation de celles qui ont besoin dâĂȘtre dĂ©composĂ©es pour servir Ă la nutrition des plantes. Cet engrais liquide pourra ĂȘtre rĂ©pandu dans la proportion de 700 Ă 800 hectolitres Ă lâhectare ; mais si la terre avait dĂ©jĂ reçu quelque autre engrais, il en faudrait beaucoup moins. En gĂ©nĂ©ral , le mĂ©lange des engrais est toujours prĂ©fĂ©rable ; et celui dont nous parlons sera un puissant auxilliaire de tous les autres. Mes paroles, appuyĂ©es de votre autoritĂ© , Messieurs, seront- elles assez puissantes pour convaincre les cultivateurs delĂ plaine de Sotteville , et les engager Ă tirer parti dâun liquide annualise qui devra nĂ©cessairement produire dâexcellens rĂ©sultats pour eux ? Je nâose lâespĂ©rer, en me rappelant le peu de succĂšs que vos recommandations prĂ©cĂ©dentes ont eu Ă propos dâautres engrais ou stimulans non moins actifs, non moins commodes dans leur emploi , non moins faciles Ă se procurer. Quel cultivateur du dĂ©partement a imitĂ© les fermiers bretons qui, comme nous vous lâavons appris , utilisent si heureusement le noir animal des raffineries ? Dans quelle localitĂ© du pays a-t-on , Ă lâimitation des paysans Ă©cossais , essayĂ© lâemploi des os broyĂ©s ? Qui a suivi les conseils de M. Payen , pour utiliser les animaux morts dans nos campagnes ? Quel est celui de nos fermiers qui a adopte les procĂ©dĂ©s des cultivateurs flamands pour recueillir les urines , les matiĂšres excrĂ©mentilielles des animaux et les vidanges des villes 1 .... Il faut bien lâavouer, vos recommandations , vos instructions, vos encouragemens mĂȘme ont Ă©choue devant lâindiffĂ©rence et â 476 â lâapathie de ceux Ă qui vous vous ĂȘtes adressĂ©s_Ne serait-ce pas le cas dâessayer dâun moyen qui, dans presque toutes les occasions , a merveilleusement rĂ©ussi? Je veux parler des primes en argent dont le gouvernement a su faire un si heureux emploi , pour naturaliser chez nous certaines industries qui, sans cet appĂąt, seraient encore la propriĂ©tĂ© exclusive des peuples rivaux. Si la SociĂ©tĂ© promettait une prime de 5o fr. Ă chacun des cinq premiers cultivateurs de nos environs qui auraient employĂ©, pendant une annĂ©e , lâengrais liquide des abattoirs, il est Ă croire que son appel serait entendu. Une fois lâusage adoptĂ© par quelques uns , il est trĂšs-probable que les autres ne tarderaient pas Ă les imiter , lorsque surtout les bons effets de lâengrais seraient connus de tous. Je dĂ©sire que la SociĂ©tĂ© prenne ma proposition en considĂ©ration, et quâelle veuille bien consacrer une somme de 25o fr. Ă populariser, dans nos environs, lâemploi dâun engrais liquide qui continuera Ă ĂȘtre perdu , au grand prĂ©judice de notre agriculture , si le moyen que jâindique nâest pas adoptĂ©. Rouen, le i5mai i838. Nota. La SociĂ©tĂ© dâAgriculture a adoptĂ© la proposition de JVI. Girardin , et a votĂ© les primes demandĂ©es. ÂŁ> 5 ©©©©©©©©©©©©©©©©©$©©©$©©©©©©©©© NOIE SUR DE LâOSEILLE CUITE DANS UN VASE DE CUIVRE, LUE A LA SOCIĂTĂ LIBRE DâĂMULĂTION DK ROUEN, LE Jer ElivBlEE 18ĂS *. Une dame de Rouen , Madame ***, voulant faire prĂ©parer chez elle sa provision dâoseille cuite, pour lâhiver, employa pour cette opĂ©ration une bassine de cuivre rouge. Lâoseille Ă©tait dâun trĂšs- beau vert; mais, chaque fois quâon en fit usage , elle occasionna des coliques et des purgations. LâannĂ©e suivante , la provision dâoseille fut renouvelĂ©e , mais on se servit, avec intention, pour la cuire , dâun vase de terre ; lâoseille Ă©tait dâune couleur verte moins prononcĂ©e, mais aussi elle nâĂ©tait point purgative. Cette annĂ©e , la mĂȘme personne fit cuire lâoseille dans la bassine de cuivre, en remuant constamment, pour activer lâĂ©vaporation de lâeau; lâaliment offrait une trĂšs-belle teinte verte, mais son usage dĂ©termina, chez ceux qui en mangĂšrent, des accidents assez graves. M. lâabbĂ© Gossier mâenvoya, ces jours derniers, un 1 InfĂ©rĂ©e dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© libre dâEmulation de Rouen , 5* trimestre , annĂ©e 1858 , page 196 , et dans le Journal de pharmacie , tome 24 , page 420 , annĂ©e 1$3S. â 478 â Ă©chantillon de cette oseille , en me priant de lâexaminer ; il prĂ©- voyait quâelle devait renfermer du cuivre, en raison de sa belle couleur et de sa saveur un peu mĂ©tallique. Ses prĂ©visions Ă©taient justes, comme le.* .. 28. Rapport sur l'emploi de la gĂ©latine des os dans le rĂ©gime alimentaire des pauvres et des ouvriers. 143. Rapport sur l'appareil Ă©tabli Ă lâHospicc-GĂ©nĂ©ral de Rouen pour l'extraction de la gĂ©latine des os. 191. Rapport sur un cafĂ© avariĂ© par l'eau de mer et livrĂ© Ă la consommation . 250. Rapport sur une poudre destinĂ©e Ă remplacer le cafĂ©. 259. Note sur de l'oseille cuite dans un vase de cuivre. 477. g YI. Correspondance . A Monsieur Chevallier, un des rĂ©dacteurs du Journal de chimie mĂ©dicale . 267. A Monsieur Chevallier, un des rĂ©dacteurs du Journal de chimie mĂ©dicale . 269. A Messieurs les rĂ©dacteurs du Journal de pharmacie et des sciences accessoires ...* âą 271. DE LA TABLE- DU MĂME AUTEUR. ĂlĂ©incns le MinĂ©ralogie appliquĂ©e aux Science!» chimiques ; ouvrage basĂ© sur la mĂ©thode de M. Berzelius, contenant lâhistoire naturelle et mĂ©tallurgique des substances minĂ©rales, leur application Ă la pharmacie, Ă la mĂ©decine et Ă l'Ă©conomie domestique ; suivi dâun PrĂ©cis Ă©lĂ©mentaire de gĂ©ognosie ; par MM. J. Girardin et Lecoq. â1826 -1837. â 2 vol. in-8° brochĂ©s. Prix 14 fr. â Paris. Thomine, libraire-Ă©diteur, rue Saint-Jacques, 38. Nouveau Manuel le Botanique, ou PrĂ©cis ĂLĂMENTAIRE DE PHYSIQUE VĂGĂTALE, Ă lâusage deS personnes qui suivent les cours de botanique du Jardin- du-Roi, des FacultĂ©s des Sciences et de MĂ©decine ; ouvrage contenant lâorganographie, la physiologie, la taxonomie, et la description des 193 familles naturelles connues ; ornĂ© de douze planches ; par MM. J. Girardin et Jules Juillet. â 1827. â 1 vol. in-18 de plus de 600 pages. Prix 6 fr. â Paris. CompĂšre-Crochard, rue de IâEcole-de-MĂ©decine, 13. ConsidĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur les Volcans, et examen critique des diverses thĂ©ories qui ont â 488 ĂTĂ SUCCESSIVEMENT PROPOSĂES POUR EXPLIQUER LES phĂ©nomĂšnes volcaniqĂŒes ; par J. Girardin. â Ouvrage prĂ©sentĂ© Ă lâAcadĂ©mie royale des Sciences , Belles- Lettres et Arts de Rouen, le 20 novembre 1829. â 1 vol. in-8° de 250 pages. Prix 5 fr. â Paris. Crochard, libraire, rue de lâEcole-de-MĂ©decine , 13. Leçons *le Chimie Ă©lĂ©mentaire, faites le niMANCHE , a lâĂ©cole municipale de Rouen , par J. Girardin. â DeuxiĂšme Ă©dition. 1 vol. in-8° de 800 pages, ornĂ© de tableaux, de figures et dâĂ©chantillons dâindienne. â 1839.âPrix 10 fr.âRouen. F. Baudry, Ă©diteur, rue des Carmes , 20. lotice biographique sur Edouard Adam, de Rouen. â Brochure in-8° de 32 pages , avec planches. â Rouen. Le Grand , libraire-Ă©diteur. Notice historique sur la vie et les travaux de Dambourney, de Rouen. â Brochure in-8 u de 30 pages. â 1837. â Rouen. Le Grand, libraire- Ă©diteur . Premier MĂ©moire sur les puits artĂ©siens forĂ©s dans le dĂ©partement de la Seine- InfĂ©rieure. â Brochure in-8° de 32 pages, avec planches. 1838. â Rouen. NicĂ©tas Periaux, Ă©diteur. ^aEBBgçagaiifegWf mMSUV, Z $*'+ Vfc* , 11 1 1 I Jtf* , jl ZX s* - âą' V*' v* sSJK âąĂ'-'wS b*"5ĂŻ* >'& §Ă*ï»sĂŒ $v ÂŁĂą- x v $»**ÂŁÂŁ '<$V»j v \S. * 'U&+K âąiV^ĂŻr^v-..^ ! V V. * hf SsSĂi -kĂże?.-. O-W-
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Vous faites partie des personnes anxieuses qui se demandent comment toute la population française aura accĂšs Ă des pilules de iodure de potassium en cas d'accident nuclĂ©aire grave en France ? Je ne suis d'habitude pas paranoĂŻaque, mais j'ai comme un doute sur le faite que l'on pourra fournir toute la population en pilule de iodure de potassium dans un temps record. Donc la grande question est OĂč peut-on trouver des pilules de iodure de potassium sĂ©rieuses sur Internet ? La seule URL sĂ©rieuse trouvĂ©e aprĂšs plusieurs recherches sur Internet pointe vers illicopharma, une pharmacie de Lyon qui semble commercialiser des tablettes provenant de la pharmacie centrale des armĂ©es. A priori les mĂȘmes que celles qui devraient ĂȘtre distribuĂ©es en cas d'urgence par le gouvernement. Les tablettes doivent normalement pouvoir se garder de 5 Ă 7 ans et ne doivent ĂȘtre utilisĂ©es seulement en cas d'urgence sur ordre des autoritĂ©s. Ce mĂ©dicament rĂ©duit juste le risque de radiation en cas d'absorption de iode radioactive mais ses effets nĂ©fastes sont nombreux. La notice du produit est d'ailleurs accessible depuis le site Internet. Les 10 pilules sont commercialisĂ©es au prix de 5,67âŹ, il faut prĂ©voir Ă cela 4,90⏠de frais de port ... ouch ! Ludovic PassionnĂ© par le Web, le dĂ©veloppement, la photo, les drones, la domotique et les nouvelles technologies, Geeek est un blog 100% personnel. Venez dĂ©couvrir les origines de ce blog.
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