La Section aurait probablement perdu cette rencontre la saison passée. Ce succès peut-il être fondateur selon vous ? Je me garderai bien de porter un tel jugement. Il y a eu plusieurs axes fondateurs, et celui-là en est un. On en a eu plusieurs dans la vie du groupe et dans la cohésion staff-joueurs l’investissement des garçons et leur état d’esprit durant les six semaines de préparation… Et il est vrai que la performance d’hier, dans un contexte difficile - un rouge, une grosse équipe et des grosses individualités en face, la pression du résultat - est un élément fondateur. Mais ce n’est pas l’unique. La Section avait perdu sept fois au Hameau l’an passé. Avez-vous...La Section aurait probablement perdu cette rencontre la saison passée. Ce succès peut-il être fondateur selon vous ? Je me garderai bien de porter un tel jugement. Il y a eu plusieurs axes fondateurs, et celui-là en est un. On en a eu plusieurs dans la vie du groupe et dans la cohésion staff-joueurs l’investissement des garçons et leur état d’esprit durant les six semaines de préparation… Et il est vrai que la performance d’hier, dans un contexte difficile - un rouge, une grosse équipe et des grosses individualités en face, la pression du résultat - est un élément fondateur. Mais ce n’est pas l’unique. La Section avait perdu sept fois au Hameau l’an passé. Avez-vous ressenti durant la semaine une appréhension dans l’approche des joueurs ? C’est quelque chose sur lequel on a énormément travaillé. Pas spécialement à l’approche du match, mais plutôt à l’approche de notre saison. On envisage de s’entraîner beaucoup plus souvent au Hameau que prévu, c’est-à-dire deux fois par semaine. On y fait aussi tous nos entraînements de veille de match. On a aménagé quelques espaces pour partager la semaine entre Macron Ndlr, le centre d’entraînement et le Hameau. Quelle est l’idée ? Il faut s’approprier l’endroit défendre son terrain, son territoire, son stade. L’idée est de se sentir chez soi en y étant souvent. C’est-à-dire a minima chaque veille de match, à domicile ou à l’extérieur. La deuxième raison à cette décision, c’est de mettre les joueurs dans un environnement de haute performance. C’est-à-dire sur un terrain de haute qualité, dans un vrai stade de rugby avec des écrans géants. Le point bonus à Castres n’avait-il pas validé déjà le travail entrepris durant l’intersaison ? Oui. Il avait validé un certain état d’esprit. C’était pour moi la récompense de la folle débauche d’énergie, même si elle s’est accompagnée de scories techniques et de fautes innombrables. Mais il y avait tout de même un vrai sentiment de solidarité donc c’était important de capitaliser avec un point. Tout en sachant, avec humilité, qu’on aurait très bien pu en avoir zéro la production était insuffisante, il ne fallait pas se leurrer non plus. Vous êtes arrivé en poste à la Section dès le mois de mai 2020 Ndlr, le club a évité la 13e place lors de la dernière journée. Quel diagnostic a guidé votre action cette saison ? Il faut redonner confiance aux forces vives et aux ressources fortes de ce club. Dans le mode de fonctionnement, dans l’organisation et dans tout ce qui touchait à la haute performance, il y avait des domaines où on était largement perfectibles en se comparant aux autres environnements professionnels, on est un peu à la traîne. Mais paradoxalement, le club arrive à être le 12e ou le 13e club français. N’oublions pas qu’il y a 40 clubs professionnels sur notre territoire ! Ça veut bien dire qu’il y a des ressources très fortes je pense aux joueurs, aux encadrements techniques, à plein de choses. Mon obsession était donc de bien avoir conscience que si le curseur est là à cet instant, c’est qu’il y a plein de dominantes à faire évoluer. Avez-vous également cherché à rééquilibrer votre jeu ? La Section était l’une des équipes à tenir le plus le ballon la saison dernière… Oui. Mais sans vouloir absolument l’inverser. Sur les deux premiers matchs, on n’inscrit pas de point à la main, mais on défend beaucoup mieux. Dans un système de vases communicants, l’idée est de progresser défensivement pour prendre moins de points tout en gardant de l’allant offensif pour attaquer sur toute la largeur du terrain. Mais comme toute construction, ça se fait pas à pas. Le fait que la Section soit l’une des équipes ayant le plus utilisé le jeu au pied à l’issue des deux premiers matchs n’est donc qu’un épiphénomène ? Oui. On a joué deux équipes qui avaient un énorme premier rideau. On essaie tout simplement d’attaquer des espaces libres. Et pour nous, attaquer à la main ou au pied, ça a autant de valeur. On a des joueurs avec beaucoup d’aisance dans les deux cas. Vous avez pu voir qu’on a mis des pieds droits et gauches dans notre ligne, l’idée c’est d’avoir une bonne balance entre le pied et la main. Offensivement, vous peinez à déstabiliser les défenses. Les statistiques montrent que vous ne gagnez que peu de terrain ballon en main et vous ne franchissez que peu. Où se situe votre marge de progression ? Très conséquente. Les joueurs s’entraînent plutôt bien sur cette dominante. Il faut qu’on soit plus éveillé, plus précis techniquement quand on a le ballon on le perd trop facilement. Mais je pondère ces statistiques parce que, notamment en deuxième mi-temps à Castres, on a eu très peu de lancements de jeu. Après deux matchs, vous présentez un taux de 91 % de plaquages réussis. Vous êtes également l’une des équipes les plus efficaces sur les rucks. Comment avez-vous rééquilibré ce travail défensif ? En ciblant les choses ! On a réorganisé le staff avec des prérogatives réparties entre quatre jeunes entraîneurs Thomas Choveau, Thomas Domingo, Geoffrey Lannepetit, Antoine Nicoud. On fait des semaines de travail où on a rééquilibré le travail défensif et offensif. Et on éveille nos joueurs qui ont des qualités pour très vite s’adapter. L’idée, a minima, est de se sentir attaquant quand on n’est pas porteur de balle. C’est-à-dire vouloir agresser le rideau, gagner la ligne. Vous êtes un débutant en Top 14. Aviez-vous un peu d’appréhension ? J’ai été mis dans la cage aux lions début mai sans trop m’y préparer, donc je n’ai pas l’impression de débuter même si c’est un vrai début de championnat. Je n’ai pas eu trop le temps de me poser la question. Une intersaison va à la vitesse de l’éclair. Évidemment que c’est un environnement stressant et différent de ce que j’ai pu vivre les années avant. Mais je retrouve les mêmes sensations d’adrénaline et de gestion des émotions. La différence, c’est que tu les répètes toutes les semaines ça, par contre, ça va être très différent. Sur le même sujet Top 14 La Section a mis tous les ingrédients pour battre Lyon Pourtant réduite à 14 contre 15 dès la 25e minute de jeu, la Section Paloise s’est imposée face au LOU Rugby 21-17 pour sa première sortie à domicile en Top 14 cette saison. Les vert et blanc ont fait preuve d’un état d’esprit remarquable en défense, de réalisme en attaque et de confiance pour valider une victoire qui pourrait s’avérer fondatrice.